Marcel Proust
À l′ombre des jeunes filles en fleurs -- [A la sombra de las muchachas en flor]
Edición bilingüe, francés-español, de Miguel Garci-Gomez
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Première partie

Primera parte

Ma mère, quand il fut question d′avoir pour la première fois M. de Norpois à dîner, ayant exprimé le regret que le Professeur Cottard fût en voyage et qu′elle-même eût entièrement cessé de fréquenter Swann, car l′un et l′autre eussent sans doute intéressé l′ancien Ambassadeur, mon père répondit qu′un convive éminent, un savant illustre, comme Cottard, ne pouvait jamais mal faire dans un dîner, mais que Swann, avec son ostentation, avec sa manière de crier sur les toits ses moindres relations, était un vulgaire esbrouffeur que le Marquis de Norpois eût sans doute trouvé selon son expression, «puant». Or cette réponse de mon père demande quelques mots d′explication, certaines personnes se souvenant peut-être d′un Cottard bien médiocre et d′un Swann poussant jusqu′à la plus extrême délicatesse, en matière mondaine, la modestie et la discrétion. Mais pour ce qui regarde celui-ci, il était arrivé qu′au «fils Swann» et aussi au Swann du Jockey, l′ancien ami de mes parents avait ajouté une personnalité nouvelle (et qui ne devait pas être la dernière), celle de mari d′Odette. Adaptant aux humbles ambitions de cette femme, l′instinct, le désir, l′industrie, qu′il avait toujours eus, il s′était ingénié à se bâtir, fort au-dessous de l′ancienne, une position nouvelle et appropriée à la compagne qui l′occuperait avec lui. Or il s′y montrait un autre homme. Puisque (tout en continuant à fréquenter seul ses amis personnels, à qui il ne voulait pas imposer Odette quand ils ne lui demandaient pas spontanément à la connaître) c′était une seconde vie qu′il commençait, en commun avec sa femme, au milieu d′êtres nouveaux, on eût encore compris que pour mesurer le rang de ceux-ci, et par conséquent le plaisir d′amour-propre qu′il pouvait éprouver à les recevoir, il se fût servi, comme un point de comparaison, non pas des gens les plus brillants qui formaient sa société avant son mariage, mais des relations antérieures d′Odette. Mais, même quand on savait que c′était avec d′inélégants fonctionnaires, avec des femmes tarées, parure des bals de ministères, qu′il désirait de se lier, on était étonné de l′entendre, lui qui autrefois et même encore aujourd′hui dissimulait si gracieusement une invitation de Twickenham ou de Buckingham Palace, faire sonner bien haut que la femme d′un sous-chef de cabinet était venue rendre sa visite à Madame Swann. On dira peut-être que cela tenait à ce que la simplicité du Swann élégant, n′avait été chez lui qu′une forme plus raffinée de la vanité et que, comme certains israélites, l′ancien ami de mes parents avait pu présenter tour à tour les états successifs par où avaient passé ceux de sa race, depuis le snobisme le plus naet la plus grossière goujaterie, jusqu′à la plus fine politesse. Mais la principale raison, et celle-là applicable à l′humanité en général, était que nos vertus elles-mêmes ne sont pas quelque chose de libre, de flottant, de quoi nous gardions la disponibilité permanente; elles finissent par s′associer si étroitement dans notre esprit avec les actions à l′occasion desquelles nous nous sommes fait un devoir de les exercer, que si surgit pour nous une activité d′un autre ordre, elle nous prend au dépourvu et sans que nous ayons seulement l′idée qu′elle pourrait comporter la mise en uvre de ces mêmes vertus. Swann empressé avec ces nouvelles relations et les citant avec fierté, était comme ces grands artistes modestes ou généreux qui, s′ils se mettent à la fin de leur vie à se mêler de cuisine ou de jardinage, étalent une satisfaction naîµ¥ des louanges qu′on donne à leurs plats ou à leurs plates-bandes pour lesquels ils n′admettent pas la critique qu′ils acceptent aisément s′il s′agit de leurs chefs-d′uvre; ou bien qui, donnant une de leurs toiles pour rien, ne peuvent en revanche sans mauvaise humeur perdre quarante sous aux dominos. Cuando en casa se trató de invitar a cenar por vez primera al eñor de Norpois, mi madre dijo que sentía mucho que el doctor Cottard estuviera de viaje, y que lamentaba también haber abandonado todo trato con Swann, porque sin duda habría sido grato para el ex embajador conocer a esas dos personas; a lo cual repuso mi padre que en cualquier mesa haría siempre bien un convidado eminente, un sabio ilustre, como lo era Cottard; pero que Swann, con aquella ostentación suya, con aquel modo de gritar a los cuatro vientos los nombres de sus conocidos por insignificantes que fuesen, no pasaba de ser un farolón vulgar, y le habría parecido indudablemente al marqués de Norpois “hediondo”, como él solía decir. Y la tal respuesta de mi padre exige unas cuantas palabras de explicación, porque habrá personas que se acuerden quizá de un Cottard muy mediocre y de un Swann que en materias mundanas llevaba a una extrema delicadeza la modestia y la discreción. En lo que a este último se refiere, lo ocurrido era que aquel Swann, amigo viejo de mis padres, había añadido a sus personalidades de “hijo de Swann” y de Swann socio del jockey otra nueva (que no iba a ser la última): la personalidad de marido de Odette. Y adaptando a las humildes ambiciones de aquella mujer la voluntad, el instinto y la destreza que siempre tuvo, se las ingenió para labrarse, y muy por bajo de la antigua, una posición nueva adecuada a la compañera que con él había de disfrutarla. De modo que parecía otro hombre. Como (a pesar de seguir tratándose él solo con sus amigos particulares sin querer imponerles el trato con Odette, a no ser que ellos le pidieran espontáneamente que se la presentase) había comenzado una segunda vida en común con su mujer y entre seres nuevos, habría sido explicable que para medir el rango social de estas personas, y por consiguiente el halago de amor propio que sentía en recibirlas en su casa, se hubiera servido como término de comparación, ya no de aquellas brillantísimas personas que formaban la sociedad suya antes de casarse, sino de las amistades anteriores de Odette. Pero no hasta para aquellos que sabían que le gustaba trabar amistad con empleados nada elegantes y con señoras nada reputadas, ornato de los bailes oficiales en los ministerios, era chocante oírle a él, que antes sabía disimular con tanta gracia una invitación de Twickenham o de Buckingham Palace, cómo pregonaba que la esposa de un director general había devuelto su visita ala señora de Swann Habrá quien diga que la sencillez del Swann elegante no fue en él sino una forma más refinada de la vanidad, y que, como ocurre con algunos israelitas, el antiguo amigo de mis padres había mostrado uno tras otro los sucesivos estados por que pasaron los de su raza: desde el snobismo más pueril y la más grosera granujería hasta la más refinada de las cortesías. Pero la razón principal, razón que puede aplicarse a la Humanidad en general, es que ni siquiera nuestras virtudes son cosa libre y flotante, cuya permanente disponibilidad conservamos siempre, sino que acaban por asociarse tan estrechamente en nuestro ánimo con las acciones que nos imponen el deber de ejercitar las dichas virtudes, que si surge para nosotros una actividad de distinto orden nos encuentra desprevenidos y sin que se nos ocurra siquiera que esta actividad podría traer consigo el ejercicio de esas mismas virtudes. El Swann ese, tan solícito con sus nuevos conocimientos y que con tanto orgullo los citaba, era como esos grandes artistas, modestos o generosos, que al fin de su vida se meten en labores de cocina o de jardinería y muestran una ingenua satisfacción por las alabanzas tributadas a sus guisos y a sus macizos, sin aguantar para estas cosas la crítica que aceptan sin reparo cuando se trata de las obras maestras de su arte, o de esos que regalan graciosamente un cuadro suyo y en cambio no pueden perder ocho reales al dominó sin enfurruñarse.
Quant au Professeur Cottard, on le reverra, longuement, beaucoup plus loin, chez la Patronne, au château de la Raspelière. Qu′il suffise actuellement, à son égard, de faire observer ceci: pour Swann, à la rigueur le changement peut surprendre puisqu′il était accompli et non soupçonné de moi quand je voyais le père de Gilberte aux Champs-Elysées, où d′ailleurs ne m′adressant pas la parole il ne pouvait faire étalage devant moi de ses relations politiques (il est vrai que s′il l′eût fait, je ne me fusse peut-être pas aperçu tout de suite de sa vanité car l′idée qu′on s′est faite longtemps d′une personne, bouche les yeux et les oreilles; ma mère pendant trois ans ne distingua pas plus le fard qu′une de ses nièces se mettait aux lèvres que s′il eût été invisiblement entièrement dissous dans un liquide; jusqu′au jour où une parcelle supplémentaire, ou bien quelque autre cause amena le phénomène appelé sursaturation; tout le fard non aperçu, cristallisa et ma mère devant cette débauche soudaine de couleurs déclara, comme on eût fait à Combray que c′était une honte et cessa presque toute relation avec sa nièce). Mais pour Cottard au contraire, l′époque où on l′a vu assister aux débuts de Swann chez les Verdurin était déjà assez lointaine; or les honneurs, les titres officiels viennent avec les années; deuxièmement, on peut être illettré, faire des calembours stupides, et posséder un don particulier, qu′aucune culture générale ne remplace, comme le don du grand stratège ou du grand clinicien. Ce n′est pas seulement en effet comme un praticien obscur, devenu à la longue, notoriété européenne, que ses confrères considéraient Cottard. Les plus intelligents d′entre les jeunes médecins déclarèrent, — au moins pendant quelques années, car les modes changent étant nées elles-mêmes du besoin de changement, — que si jamais ils tombaient malades, Cottard était le seul maître auquel ils confieraient leur peau. Sans doute ils préféraient le commerce de certains chefs plus lettrés, plus artistes, avec lesquels ils pouvaient parler de Nietsche, de Wagner. Quand on faisait de la musique chez Madame Cottard, aux soirées où elle recevait, avec l′espoir qu′il devint un jour doyen de la Faculté, les collègues et les élèves de son mari, celui-ci au lieu d′écouter, préférait jouer aux cartes dans un salon voisin. Mais on vantait la promptitude, la profondeur, la sûreté de son coup d′il, de son diagnostic. En troisième lieu, en ce qui concerne l′ensemble de façons que le Professeur Cottard montrait à un homme comme mon père, remarquons que la nature que nous faisons paraître dans la seconde partie de notre vie, n′est pas toujours, si elle l′est souvent, notre nature première développée ou flétrie, grossie ou atténuée; elle est quelquefois une nature inverse, un véritable vêtement retourné. Sauf chez les Verdurin qui s′étaient engoués de lui, l′air hésitant de Cottard, sa timidité, son amabilité excessives, lui avaient, dans sa jeunesse, valu de perpétuels brocards. Quel ami charitable lui conseilla l′air glacial? L′importance de sa situation lui rendit plus aisé de le prendre. Partout, sinon chez les Verdurin où il redevenait instinctivement lui-même, il se rendit froid, volontiers silencieux, péremptoire, quand il fallait parler, n′oubliant pas de dire des choses désagréables. Il put faire l′essai de cette nouvelle attitude devant des clients qui ne l′ayant pas encore vu, n′étaient pas à même de faire des comparaisons, et eussent été bien étonnés d′apprendre qu′il n′était pas un homme d′une rudesse naturelle. C′est surtout à l′impassibilité qu′il s′efforçait et même dans son service d′hôpital, quand il débitait quelques-uns de ces calembours qui faisaient rire tout le monde, du chef de clinique au plus récent externe, il le faisait toujours sans qu′un muscle bougeât dans sa figure d′ailleurs méconnaissable depuis qu′il avait rasé barbe et moustaches. En cuanto al profesor Cottard, ya le veremos más adelante, y despacio, huésped de la patrona, en el castillo de la Raspeliére. Nos bastará por lo pronto con hacer observar lo siguiente: en el caso de Swann, el cambio, en rigor, puede sorprender porque ya se había realizado sin que yo lo sospechara cuando veía al padre de Gilberta en los Campos Elíseos, aunque como allí no me dirigía la palabra no podía hacer ante mí ostentación de sus relaciones con el mundo político (cierto que si la hubiera hecho quizá yo no me habría dado cuenta inmediata de su vanidad, porque la idea que hemos tenido formada por mucho tiempo de una persona nos tapa los oídos y nos nubla la vista; así, mi madre se pasó tres años sin advertir el colorete que se ponía una sobrina suya en los labios, como si la pintura hubiera estado invisiblemente disuelta en un líquido, hasta que llegó un día en que una parcela suplementaria, u otra causa cualquiera, determinó el fenómeno llamado sobresaturación: cristalizó de pronto todo el hasta entonces inadvertido colorete, y mi madre, ante semejante orgía de colores, declaró, lo mismo que se haría en Combray, que aquello era una vergüenza, y casi dejó de tratarse con su sobrina). Pero en el caso de Cottard, por el contrario, aquella época en que le vimos asistir a los comienzos de Swann en el salón de los Verdurin estaba ya bastante distante, y los años son los que traen los honores y los títulos oficiales; además, se puede ser una persona inculta que haga chistes estúpidos y tener un don particular, irreemplazable por ninguna cultura general, como el don del gran estratego o del gran clínico. En efecto, sus compañeros profesionales no consideraban a Cottard tan sólo como un práctico poco brillante que a. la larga llegó a celebridad europea. Los más inteligentes de entre los médicos jóvenes afirmaron –por lo menos durante unos años, porque, las modas cambian, cosa muy lógica, ya que ellas nacieron de la apetencia de cambiar –que, de verse malos alguna vez, a Cottard es al único maestro a quien confiarían su pellejo. Aunque claro es que preferían el trato de otras eminencias más cultas y más artistas, con las qué se podía hablar de Nietzsche y de Wagner. Cuando había música en los salones de la señora de Cottard, las noches en que esta dama recibía a los compañeros y discípulos de su marido, cosa que hacía con la esperanza de que llegara a ser decano de la Facultad, el doctor, en vez de escuchar, prefería irse a jugar a las cartas a un salón contiguo. Pero todo el mundo ponderaba lo rápido lo sagaz y lo seguro de su ojo clínico y de sus diagnósticos. Y en último término, en lo que respecta al conjunto de modales que el profesor Cottard dejaba ver a un hombre como mi padre, conviene observar que el carácter que mostramos en la segunda mitad de nuestra vida no es siempre, aunque muchas veces así ocurra, nuestro carácter primero, desarrollado o marchito, atenuado o abultado, sino que muchas veces es un carácter inverso, un verdadero traje vuelto del revés. Excepto en casa de los Verdurin, que estaban encaprichados con él, el aspecto vacilante de Cottard, su timidez y su excesiva amabilidad le granjearon en su juventud perpetuas pullas. No se sabe qué amigo caritativo le aconsejó el aspecto glacial, que le fué mucho más fácil adoptar por la importancia de su posición. Y en todas partes, excepto en casa de los Verdurin, donde instintivamente volvía a ser el mismo de siempre, se mostró frío, con tendencia al silencio, terminante cuando había que hablar, y sin olvidarse de decir alguna cosa desagradable. Tuvo ocasión de ensayar esta nueva actitud con clientes que, como no lo habían visto nunca, no podían hacer comparaciones, y que se habrían extrañado mucho de saber que el doctor no era hombre de natural rudo. Aspiraba sobre todo a la impasibilidad, y hasta en su trabajo del hospital, cuando soltaba alguno de aquellos chistes que hacían reír a todo el mundo, desde el jefe de la sala hasta al último interno, hacíalo sin que se moviera un solo músculo de su cara, esa cara que ahora nadie reconocería por la antigua porque se afeitó barba y bigote.
Disons pour finir qui était le marquis de Norpois. Il avait été ministre plénipotentiaire avant la guerre et ambassadeur au Seize Mai, et, malgré cela, au grand étonnement de beaucoup, chargé plusieurs fois depuis, de représenter la France dans des missions extraordinaires — et même comme contrôleur de la Dette, en Égypte, où grâce à ses grandes capacités financières il avait rendu d′importants services — par des cabinets radicaux qu′un simple bourgeois réactionnaire se fût refusé à servir, et auxquels le passé de M. de Norpois, ses attaches, ses opinions eussent dû le rendre suspect. Mais ces ministres avancés semblaient se rendre compte qu′ils montraient par une telle désignation quelle largeur d′esprit était la leur dès qu′il s′agissait des intérêts supérieurs de la France, se mettaient hors de pair des hommes politiques en méritant que le Journal des Débats lui-même, les qualifiât d′hommes d′État, et bénéficiaient enfin du prestige qui s′attache à un nom aristocratique et de l′intérêt qu′éveille comme un coup de théâtre un choix inattendu. Et ils savaient aussi que ces avantages ils pouvaient, en faisant appel à M. de Norpois, les recueillir sans avoir à craindre de celui-ci un manque de loyalisme politique contre lequel la naissance du marquis devait non pas les mettre en garde, mais les garantir. Et en cela le gouvernement de la République ne se trompait pas. C′est d′abord parce qu′une certaine aristocratie, élevée dès l′enfance à considérer son nom comme un avantage intérieur que rien ne peut lui enlever (et dont ses pairs, ou ceux qui sont de naissance plus haute encore, connaissent assez exactement la valeur), sait qu′elle peut s′éviter, car ils ne lui ajouteraient rien, les efforts que sans résultat ultérieur appréciable, font tant de bourgeois, pour ne professer que des opinions bien portées et de ne fréquenter que des gens bien pensants. En revanche, soucieuse de se grandir aux yeux des familles princières ou ducales au-dessous desquelles elle est immédiatement située, cette aristocratie sait qu′elle ne le peut qu′en augmentant son nom de ce qu′il ne contenait pas, de ce qui fait qu′à nom égal, elle prévaudra: une influence politique, une réputation littéraire ou artistique, une grande fortune. Et les frais dont elle se dispense à l′égard de l′inutile hobereau recherché des bourgeois et de la stérile amitié duquel un prince ne lui saurait aucun gré, elle les prodiguera aux hommes politiques, fussent-ils francs-maçons, qui peuvent faire arriver dans les ambassades ou patronner dans les élections, aux artistes ou aux savants dont l′appui aide à «percer» dans la branche où ils priment, à tous ceux enfin qui sont en mesure de conférer une illustration nouvelle ou de faire réussir un riche mariage. Digamos, para terminar, quién era el marqués de Norpois. Había sido ministro plenipotenciario antes de la guerra y embajador cuando el 16 de mayo, y a pesar de eso, y con gran asombro de muchos, le encargaron de representar a Francia en misiones extraordinarias -y hasta como inspector de la Deuda en Egipto, donde, gracias a sus conocimientos financieros, prestó grandes servicios algunos Ministerios radicales a quienes se habría negado a servir un sencillo burgués reaccionario, y para los cuales debiera haber sido un poco sospechoso el marqués de Norpois, por su pasado, sus aficiones y su modo de pensar. Pero esos ministros avanzados parecían darse cuenta de que con tal designación mostraban cuán grande era su amplitud de ideas siempre que estaban en juego los intereses supremos de Francia, y así se distinguían del hombre político vulgar y merecían que hasta el Journal cíes Débats los calificara de hombres de Estado; además, sacaban provecho del prestigio que lleva consigo un nombre histórico y del interés que suscita un nombramiento inesperado como un golpe teatral. Y con eso, sabían que todas esas ventajas que les reportaba el designar al señor de Norpois las recogerían sin temor alguno a una falta de lealtad política por parte del marqués, cuya elevada cura, más que excitar recelos, garantizaba contra toda posible deslealtad. En eso no se equivocó el Gobierno de la República. En primer término, porque cierto linaje de aristocracia, hecha desde la infancia a considerar su nombre como una superioridad de orden interno que nadie les puede quitar (y cuyo valor distinguen con bastante exactitud sus iguales y sus superiores en nobleza), sabe que puede muy bien dispensarse, porque en nada los realzaría, esos esfuerzos que, sin apreciable resultado ulterior, hacen tantos burgueses para profesar exclusivamente opiniones de buen tono y no tratarse más que con gente de ideas como es debido. Por lo contrario, anhelosa de engrandecerse a los ojos de las familias principescas y ducales que están en rango inmediatamente superior al suyo, esta aristocracia sabe que sólo podrá lograrlo acreciendo el contenido de su nombre con algo que no tenía, y gracias a lo cual, en igualdad de títulos, ella será la que prevalezca con una influencia política, con una reputación literaria o artística, o con una gran fortuna. Y todas las atenciones de que se cree dispensada para con un hidalgüelo o para con un príncipe que en nada le agradecería su inútil amistad se las prodiga a los políticos, aunque sean masones, que pueden abrir las puertas de las embajadas o protegerle en las elecciones; a los artistas o a los sabios, que le ayudarán a “llegar” en la rama social que ellos dominan; en fin, a todo aquel que les proporcione un lustre nuevo o les facilite un matrimonio de dinero.
Mais en ce qui concernait M. de Norpois, il y avait surtout que, dans une longue pratique de la diplomatie, il s′était imbu de cet esprit négatif, routinier, conservateur, dit «esprit de gouvernement» et qui est, en effet, celui de tous les gouvernements et, en particulier, sous tous les gouvernements, l′esprit des chancelleries. Il avait puisé dans la carrière, l′aversion, la crainte et le mépris de ces procédés plus ou moins révolutionnaires, et à tout le moins incorrects, que sont les procédés des oppositions. Sauf chez quelques illettrés du peuple et du monde, pour qui la différence des genres est lettre morte, ce qui rapproche, ce n′est pas la communauté des opinions, c′est la consanguinité des esprits. Un académicien du genre de Legouvé et qui serait partisan des classiques, eût applaudi plus volontiers à l′éloge de Victor Hugo par Maxime Ducamp ou Mézières, qu′à celui de Boileau par Claudel. Un même nationalisme suffit à rapprocher Barrès de ses électeurs qui ne doivent pas faire grande différence entre lui et M. Georges Berry, mais non de ceux de ses collègues de l′Académie qui ayant ses opinions politiques mais un autre genre d′esprit, lui préfèreront même des adversaires comme MM. Ribot et Deschanel, dont à leur tour de fidèles monarchistes se sentent beaucoup plus près que de Maurras et de Léon Daudet qui souhaitent cependant aussi le retour du Roi. Avare de ses mots non seulement par pli professionnel de prudence et de réserve, mais aussi parce qu′ils ont plus de prix, offrent plus de nuances aux yeux d′hommes dont les efforts de dix années pour rapprocher deux pays se résument, se traduisent, — dans un discours, dans un protocole — par un simple adjectif, banal en apparence, mais où ils voient tout un monde. M. de Norpois passait pour très froid, à la Commission, où il siégeait à côté de mon père, et où chacun félicitait celui-ci de l′amitié que lui témoignait l′ancien ambassadeur. Elle étonnait mon père tout le premier. Car étant généralement peu aimable, il avait l′habitude de n′être pas recherché en dehors du cercle de ses intimes et l′avouait avec simplicité. Il avait conscience qu′il y avait dans les avances du diplomate, un effet de ce point de vue tout individuel où chacun se place pour décider de ses sympathies, et d′où toutes les qualités intellectuelles ou la sensibilité d′une personne ne seront pas auprès de l′un de nous qu′elle ennuie ou agace une aussi bonne recommandation que la rondeur et la gaieté d′une autre qui passerait, aux yeux de beaucoup pour vide, frivole et nulle. «De Norpois m′a invité de nouveau à dîner; c′est extraordinaire; tout le monde en est stupéfait à la Commission où il n′a de relations privées avec personne. Je suis sûr qu′il va encore me raconter des choses palpitantes sur la guerre de 70.» Mon père savait que seul peut-être, M. de Norpois avait averti l′Empereur de la puissance grandissante et des intentions belliqueuses de la Prusse, et que Bismarck avait pour son intelligence une estime particulière. Dernièrement encore, à l′Opéra, pendant le gala offert au roi Théodose, les journaux avaient remarqué l′entretien prolongé que le souverain avait accordé à M. de Norpois. «Il faudra que je sache si cette visite du Roi a vraiment de l′importance, nous dit mon père qui s′intéressait beaucoup à la politique étrangère. Je sais bien que le père Norpois est très boutonné, mais avec moi, il s′ouvre si gentiment.» Pero en lo que al señor de Norpois se refiere, lo que había ante todo es que en su larga práctica de diplomacia se había imbuido de ese espíritu negativo, rutinario, conservador, llamado “espíritu de gobierno”, y que en efecto es común en todos los Gobiernos, y en particular, y bajo cualquier régimen, espíritu propio de las cancillerías. De la carrera sacó aversión, miedo y desprecio por esos procedimientos, más o menos revolucionarios, incorrectos por lo menos, llamados procedimientos de oposición. Excepto en el caso de algunos ignorantes, del pueblo o de la buena sociedad, que consideran como letra muerta el distinguir de géneros, lo que acerca a las gentes no es la comunidad de opiniones, sino la consanguinidad del espíritu. Un académico del género de Legouvé que fuera partidario de los clásicos aplaudiría más gustoso el elogio de Víctor Hugo por Máximo Ducamp o por Meziéres que el elogio de Boileau hecho por Claudel. Un mismo nacionalismo basta para acercar a Barrés a sus electores que no distinguirán una gran diferencia entre él y M. Georges Berry; pero en cambio no le acercará a aquellos colegas suyos de Academia que aun teniendo las mismas ideas políticas sean de distinto corte espiritual, y que preferirán a adversarios como MM: Ribot y Deschanel; y a su vez, Ribot y Deschanel, sin ser monárquicos, estarán mucho más cerca para algunos realistas que Maurras y León Daudet, aunque éstos deseen la vuelta del rey. Sumamente parco de palabras, no sólo por hábito profesional de reserva y de prudencia, sino porque las palabras tienen mayor precio y riqueza de matices para hombres cuyos esfuerzos de diez años por aproximar a dos naciones se resumen y se traducen en un discurso o en un simple protocolo -por medio de un sencillo adjetivo al parecer trivial, pero que para ellos es todo un mundo-, el señor de Norpois pasaba por hombre muy frío en la Comisión de que formaba parte, al lado de mi padre, al cual felicitaban todos por la amistad de que le daba pruebas el ex embajador. Mi padre era el primer sorprendido por esa amistad. Porque, por regla general, era poco amable y no solía ser muy solicitado fuera del círculo de sus íntimos, cosa que confesaba con toda sencillez. Dábase cuenta mi padre de que las demostraciones amistosas del diplomático eran efecto de ese punto de vista, absolutamente individual, en que se pone todo hombre para decidir respecto a sus simpatías; y colocados en ese punto de vista, todas las cualidades intelectuales o toda la sensibilidad de una persona que nos cansa o nos molesta no serán tan buena recomendación como la jovialidad y la campechanería de otra persona que a los ojos de mucha gente pasaría por frívola, vacua e inútil. “Otra vez me ha invitado a cenar de Norpois. ¡Es extraordinario! En la Comisión están todos estupefactos, porque allí él no tiene amistad particular con nadie. Tengo la certeza de que me va a contar más cosas palpitantes de la guerra del setenta.” Mi padre estaba enterado de que el señor de Norpois fué casi el único que llamó la atención de Napoleón respecto al creciente poderío y a las belicosas intenciones de Prusia, y de que Bismarck lo estimaba particularmente por su inteligencia. Y aun muy recientemente los periódicos habían hecho notar que en la Opera, durante la función de gala en honor del rey Teodosio, el monarca favoreció al señor de Norpois con una prolongada conversación. “Voy a ver si averiguo si esa visita del rey ha tenido realmente importancia -nos dijo mi padre, que se interesaba mucho por la política extranjera-. Ya sé que el bueno de Norpois es muy cerrado, pero conmigo se franquea muy amablemente."
Quant à ma mère, peut-être l′Ambassadeur n′avait-il pas par lui-même le genre d′intelligence vers lequel elle se sentait le plus attirée. Et je dois dire que la conversation de M. de Norpois était un répertoire si complet des formes surannées du langage particulières à une carrière, à une classe, et à un temps — un temps qui, pour cette carrière et cette classe-là, pourrait bien ne pas être tout à fait aboli — que je regrette parfois de n′avoir pas retenu purement et simplement les propos que je lui ai entendu tenir. J′aurais ainsi obtenu un effet de démodé, à aussi bon compte et de la même façon que cet acteur du Palais-Royal à qui on demandait où il pouvait trouver ses surprenants chapeaux et qui répondait: «Je ne trouve pas mes chapeaux. Je les garde.» En un mot, je crois que ma mère jugeait M. de Norpois un peu «vieux jeu», ce qui était loin de lui sembler déplaisant au point de vue des manières, mais la charmait moins dans le domaine, sinon des idées — car celles de M. de Norpois étaient fort modernes — mais des expressions. Seulement, elle sentait que c′était flatter délicatement son mari que de lui parler avec admiration du diplomate qui lui marquait une prédilection si rare. En fortifiant dans l′esprit de mon père la bonne opinion qu′il avait de M. de Norpois, et par là en le conduisant à en prendre une bonne aussi de lui-même, elle avait conscience de remplir celui de ses devoirs qui consistait à rendre la vie agréable à son époux, comme elle faisait quand elle veillait à ce que la cuisine fut soignée et le service silencieux. Et comme elle était incapable de mentir à mon père, elle s′entraînait elle-même à admirer l′Ambassadeur pour pouvoir le louer avec sincérité. D′ailleurs, elle goûtait naturellement son air de bonté, sa politesse un peu désuète (et si cérémonieuse que quand, marchant en redressant sa haute taille, il apercevait ma mère qui passait en voiture, avant de lui envoyer un coup de chapeau, il jetait au loin un cigare à peine commencé); sa conversation si mesurée, où il parlait de lui-même le moins possible et tenait toujours compte de ce qui pouvait être agréable à l′interlocuteur, sa ponctualité tellement surprenante à répondre à une lettre que quand venant de lui en envoyer une, mon père reconnaissait l′écriture de M. de Norpois sur une enveloppe, son premier mouvement était de croire que par mauvaise chance leur correspondance s′était croisée: on eût dit qu′il existait, pour lui, à la poste, des levées supplémentaires et de luxe. Ma mère s′émerveillait qu′il fut si exact quoique si occupé, si aimable quoique si répandu, sans songer que les «quoique» sont toujours des «parce que» méconnus, et que (de même que les vieillards sont étonnants pour leur âge, les rois pleins de simplicité, et les provinciaux au courant de tout) c′était les mêmes habitudes qui permettaient à M. de Norpois de satisfaire à tant d′occupations et d′être si ordonné dans ses réponses, de plaire dans le monde et d′être aimable avec nous. De plus, l′erreur de ma mère comme celle de toutes les personnes qui ont trop de modestie, venait de ce qu′elle mettait les choses qui la concernaient au-dessous, et par conséquent en dehors des autres. La réponse qu′elle trouvait que l′ami de mon père avait eu tant de mérite à nous adresser rapidement parce qu′il écrivait par jour beaucoup de lettres, elle l′exceptait de ce grand nombre de lettres dont ce n′était que l′une; de même elle ne considérait pas qu′un dîner chez nous fût pour M. de Norpois un des actes innombrables de sa vie sociale: elle ne songeait pas que l′Ambassadeur avait été habitué autrefois dans la diplomatie à considérer les dîners en ville comme faisant partie de ses fonctions et à y déployer une grâce invétérée dont c′eût été trop lui demander de se départir par extraordinaire quand il venait chez nous. En cuanto a mi madre, el género de inteligencia peculiar del ex embajador no era quizá de los que preferentemente la atraían. Es bueno decir que la conversación del señor de Norpois era un repertorio tan completo de formas desusadas del lenguaje, características de una determinada carrera, de una determinada clase y de una determinada época -época que para esa carrera y esa clase pudiera ser muy bien que no estuviera enteramente abolida-, que muchas veces siento no haber retenido en la memoria pura y simplemente las frases que le oí. De esa manera habría yo logrado un efecto de “pasado de moda” del mismo modo y tan barato como ese actor del Palais Royal que cuando le preguntaban dónde iba a buscar aquellos sombreros sorprendentes, respondía: “Yo no voy a buscar mis sombreros a ninguna parte. Lo que hago es no tirar ninguno”. En una palabra, creo yo que mi madre juzgaba al señor de Norpois un tanto “anticuado”, cosa que distaba mucho de desagradarla en lo referente a modales, pero que ya le gustaba menos en el dominio, si no de las ideas -porque el señor de Norpois era de ideas muy modernas-, en el de las expresiones. Sólo que se daba perfecta cuenta de que era un delicado halago a su marido el hablarle con admiración del diplomático que le mostraba una predilección tan poco frecuente. Y cuando fortificaba en el ánimo de mi padre la buena opinión que tenía del señor de Norpois, y por ende le llevaba a formar buena opinión de sí propio, hacíalo con conciencia de cumplir aquel de sus deberes consistente en hacer la vida grata a su esposo, lo mismo que cuando velaba porque la cocina fuera delicada y para que el servicio se hiciera sin ruido. Y como era incapaz de decir mentiras a mi padre, resultaba que ella misma, se impulsaba a admirar al embajador con objeto de poder alabarlo con entera sinceridad. Y desde luego estimaba muchas cualidades suyas: su aspecto bondadoso; su cortesía, un poco a la antigua (y tan ceremoniosa que, si yendo él a pie, bien enderezado el cuerpo, de buena talla, veía a mi madre pasar en coche, antes de darle un sombrerazo tiraba bien lejos un cigarro puro que acababa de encender); su conversación tan mesurada, en la que hablaba de sí mismo lo menos posible y tenía siempre en cuenta lo que podía agradar al interlocutor, y su puntualidad tan sorprendente en contestar a las cartas, que cuando mi padre, que acababa de escribirle, reconocía en un sobre la letra del señor de Norpois, se imaginaba, en el primer pronto, que, por una mala suerte, se habían cruzado sus cartas: parecía como si el correo hiciera para él recogidas suplementarias y de lujo. Maravillábase mi madre de que fuera tan puntual aunque estaba tan ocupado y tan amable aunque tan solicitado; no se le ocurría que los “aunque” son siempre “porque" desconocidos, y que (así como los viejos asombran por lo viejos, los reyes por lo sencillos y los provincianos por lo bien enterados) unos mismos hábitos eran los que permitían al señor de Norpois satisfacer tantas ocupaciones, ser tan ordenado en sus respuestas, agradar en sociedad y estar amable con nosotros. Además, el error de mi madre, como el de todas las personas de excesiva modestia, arrancaba del hecho de que ella colocaba por debajo y, por consiguiente, aparte de las demás, todas las cosas que le concernían. Y esa pronta respuesta, que para ella revestía de mérito al amigo de mi padre porque nos había contestado tan pronto él, que tantas cartas tenía que escribir al cabo del día, la ponía mi madre aparte de ese gran número de cartas diarias, cuando en realidad no era más que una de ellas; asimismo, no se convencía ella de que cenar en nuestra casa era para el señor de Norpois uno de los innumerables actos de su vida social; no se le ocurría que el embajador tuvo costumbre en otros tiempos de considerar las invitaciones a cenar fuera como parte inherente a sus funciones, y de desplegar en esas comidas una gracia tan inveterada, que sería exigencia excesiva la de pedirle que la olvidara como cosa extraordinaria cuando venía a cenar a casa.
Le premier dîner que M. de Norpois fit à la maison, une année où je jouais encore aux Champs-Élysées, est resté dans ma mémoire, parce que l′après-midi de ce même jour fut celui où j′allai enfin entendre la Berma, en «matinée», dans Phèdre, et aussi parce qu′en causant avec M. de Norpois je me rendis compte tout d′un coup, et d′une façon nouvelle, combien les sentiments éveillés en moi par tout ce qui concernait Gilberte Swann et ses parents différaient de ceux que cette même famille faisait éprouver à n′importe quelle autre personne. La vez primera que estuvo invitado a cenar en casa el señor de Norpois, un año cuando yo iba todavía a jugar a los Campos Elíseos, se me ha quedado grabada en la memoria porque aquel mismo día fui por fin a oír a la Berma en función de tarde, y además porque hablando con el señor de Norpois me di cuenta, de pronto y de un modo nuevo, de cuán distintos eran los sentimientos que en mí suscitaban Gilberta Swann y sus padres de los que esa misma familia Swann inspiraba a otra persona cualquiera.
Ce fut sans doute en remarquant l′abattement où me plongeait l′approche des vacances du jour de l′an pendant lesquelles, comme elle me l′avait annoncé elle-même, je ne devais pas voir Gilberte, qu′un jour, pour me distraire, ma mère me dit: «Si tu as encore le même grand désir d′entendre la Berma, je crois que ton père permettrait peut-être que tu y ailles: ta grand′mère pourrait t′y emmener.» Mais c′était parce que M. de Norpois lui avait dit qu′il devrait me laisser entendre la Berma, que c′était, pour un jeune homme, un souvenir à garder, que mon père, jusque-là si hostile à ce que j′allasse perdre mon temps à risquer de prendre du mal pour ce qu′il appelait, au grand scandale de ma grand′mère, des inutilités, n′était plus loin de considérer cette soirée préconisée par l′ambassadeur comme faisant vaguement partie d′un ensemble de recettes précieuses pour la réussite d′une brillante carrière. Ma grand′mère qui, en renonçant pour moi au profit que, selon elle, j′aurais trouvé à entendre la Berma, avait fait un gros sacrifice à l′intérêt de ma santé, s′étonnait que celui-ci devînt négligeable sur une seule parole de M. de Norpois. Mettant ses espérances invincibles de rationaliste dans le régime de grand air et de coucher de bonne heure qui m′avait été prescrit, elle déplorait comme un désastre cette infraction que j′allais y faire et, sur un ton navré, disait: «Comme vous êtes léger» à mon père qui, furieux, répondait: « — Comment, c′est vous maintenant qui ne voulez pas qu′il y aille! c′est un peu fort, vous qui nous répétiez tout le temps que cela pouvait lui être utile.» Mi madre, indudablemente, al darse cuenta del abatimiento en que me sumía la proximidad de las vacaciones de Año Nuevo durante las cuales no podría ver a Gilberta, según me lo anunció ella misma, me dijo un día para distraerme: “Si sigues con las mismas ganas de oír a la Berma, me parece que papá te dará permiso para que vayas; puede llevarte tu abuela”. Y era que el señor de Norpois había dicho a mi padre que debía dejarme ir a ver a la Berma y que eso sería para un muchacho un recuerdo imperecedero; y papá, hasta entonces tan hostil a que yo fuese a perder el tiempo, con riesgo de coger una enfermedad, para una cosa que él llamaba, con gran escándalo de mi abuela, una inutilidad, casi llegó a considerar aquella función preconizada por el embajador como parte de un vago conjunto de recetas preciosas que tenían por objeto el triunfar en una brillante carrera. Mi abuela, que había renunciado ya al beneficio que según ella debiera causarme el oír a la Berma, haciendo con ello un gran sacrificio en aras del interés de mi salud, extrañabase de que ahora, sólo por unas palabras del señor de Norpois, mi salud no entrara ya en cuenta. Como ponía todas sus esperanzas de racionalista en el régimen de aire libre y de acostarse temprano que me habían prescrito, deploró como si fuera un desastre la infracción que ese método iba a sufrir, y decía a mi padre, con tono condolido, que era muy “ligero”, a lo cual respondía él furioso: “¿Cómo? ¿De modo que ahora usted es la que no quiere que vaya? ¡Eso ya es demasiado! ¡Usted misma, que nos estaba diciendo a todas horas que le sería muy provechoso ir!"
Mais M. de Norpois avait changé sur un point bien plus important pour moi, les intentions de mon père. Celui-ci avait toujours désiré que je fusse diplomate, et je ne pouvais supporter l′idée que même si je devais rester quelque temps attaché au ministère, je risquasse d′être envoyé un jour comme ambassadeur dans des capitales que Gilberte n′habiterait pas. J′aurais préféré revenir aux projets littéraires que j′avais autrefois formés et abandonnés au cours de mes promenades du côté de Guermantes. Mais mon père avait fait une constante opposition à ce que je me destinasse à la carrière des lettres qu′il estimait fort inférieure à la diplomatie, lui refusant même le nom de carrière, jusqu′au jour où M. de Norpois, qui n′aimait pas beaucoup les agents diplomatiques de nouvelles couches lui avait assuré qu′on pouvait, comme écrivain, s′attirer autant de considération, exercer autant d′action et garder plus d′indépendance que dans les ambassades. Pero el señor de Norpois desvió las intenciones de mi padre en un punto de mayor importancia para mí. Papá siempre quiso que yo fuera diplomático, y yo no podía hacerme a la idea de que aun cuando estuviese algún tiempo agregado al ministerio siempre corría el riesgo de que un día me mandaran de embajador a una capital en donde no viviera Gilberta. Más me hubiera gustado volver a mis proyectos literarios, aquellos que antaño formaba y abandonaba durante mis paseos por el lado de Guermantes. Pero mi padre se opuso constantemente a que me consagrara a la carrera de las letras, que él consideraba muy inferior a la diplomacia, sin querer darle siquiera el nombre de carrera, hasta el día que el señor de Norpois, no muy aficionado a los agentes diplomáticos de las nuevas hornadas, le aseguró que como escritor podía uno ganarse tanta consideración y tanta influencia como en las embajadas y ser aún más independiente.
— Hé bien! je ne l′aurais pas cru, le père Norpois n′est pas du tout opposé à l′idée que tu fasses de la littérature, m′avait dit mon père. Et comme assez influent lui-même, il croyait qu′il n′y avait rien qui ne s′arrangeât, ne trouvât sa solution favorable dans la conversation des gens importants: «Je le ramènerai dîner un de ces soirs en sortant de la Commission. Tu causeras un peu avec lui pour qu′il puisse t′apprécier. Écris quelque chose de bien que tu puisses lui montrer; il est très lié avec le directeur de la Revue des Deux-Mondes, il t′y fera entrer, il réglera cela, c′est un vieux malin; et, ma foi, il a l′air de trouver que la diplomatie, aujourd′hui! . . . » “Oye, ¿sabes que he hablado con el bueno de Norpois y que no le parece mal que te dediques a escribir? Me ha extrañado.” Y como él tenía mucha influencia y se figuraba que nada había que no pudiese arreglarse y tener solución favorable hablando con gente importante, añadió: “Lo traeré a cenar una noche de estas, al salir de la Comisión. Así hablarás con él para que pueda apreciarte. Escribe alguna cosa que esté bien para que se la puedas enseñar; es muy amigo del director de la Revue des Deux Mondes, y te meterá allí. Ya te lo arreglará, ya; es un zorro viejo. Y parece opinar que la diplomacia de hoy día..."
Le bonheur que j′aurais à ne pas être séparé de Gilberte me rendait désireux mais non capable d′écrire une belle chose qui pût être montrée à M. de Norpois. Après quelques pages préliminaires, l′ennui me faisant tomber la plume des mains, je pleurais de rage en pensant que je n′aurais jamais de talent, que je n′étais pas doué et ne pourrais même pas profiter de la chance que la prochaine venue de M. de Norpois m′offrait de rester toujours à Paris. Seule, l′idée qu′on allait me laisser entendre la Berma me distrayait de mon chagrin. Mais de même que je ne souhaitais voir des tempêtes que sur les côtes où elles étaient les plus violentes, de même je n′aurais voulu entendre la grande actrice que dans un de ces rôles classiques où Swann m′avait dit qu′elle touchait au sublime. Car quand c′est dans l′espoir d′une découverte précieuse que nous désirons recevoir certaines impressions de nature ou d′art, nous avons quelque scrupule à laisser notre âme accueillir à leur place des impressions moindres qui pourraient nous tromper sur la valeur exacte du Beau. La Berma dans Andromaque, dans Les Caprices de Marianne, dans Phèdre, c′était de ces choses fameuses que mon imagination avait tant désirées. J′aurais le même ravissement que le jour où une gondole m′emmènerait au pied du Titien des Frari ou des Carpaccio de San Giorgio dei Schiavoni, si jamais j′entendais réciter par la Berma les vers: «On dit qu′un prompt départ vous éloigne de nous, Seigneur, etc.» Je les connaissais par la simple reproduction en noir et blanc qu′en donnent les éditions imprimées; mais mon cur battait quand je pensais, comme à la réalisation d′un voyage, que je les verrais enfin baigner effectivement dans l′atmosphère et l′ensoleillement de la voix dorée. Un Carpaccio à Venise, la Berma dans Phèdre, chefs-d′uvre d′art pictural ou dramatique que le prestige qui s′attachait à eux rendait en moi si vivants, c′est-à-dire si indivisibles, que si j′avais été voir des Carpaccio dans une salle du Louvre ou la Berma dans quelque pièce dont je n′aurais jamais entendu parler, je n′aurais plus éprouvé le même étonnement délicieux d′avoir enfin les yeux ouverts devant l′objet inconcevable et unique de tant de milliers de mes rêves. Puis, attendant du jeu de la Berma, des révélations sur certains aspects de la noblesse, de la douleur, il me semblait que ce qu′il y avait de grand, de réel dans ce jeu, devait l′être davantage si l′actrice le superposait à une uvre d′une valeur véritable au lieu de broder en somme du vrai et du beau sur une trame médiocre et vulgaire. Mi felicidad por no tener que separarme de Gilberta infundíame el deseo, pero no la capacidad, de escribir alguna cosa buena que pudiera enseñar al señor de Norpois. Al cabo de unas páginas preliminares se me ‘caía la pluma de la mano, de aburrimiento, y lloraba de rabia al pensar que nunca tendría talento, que carecía de aptitudes y no podría aprovecharme siquiera de esa oportunidad de no salir de París que me iba a proporcionar la próxima visita del señor de Norpois. No tenía más distracción en mi desconsuelo que la idea de que me iban a dejar ir a ver a la Berma. Pero así como no deseaba yo ver tempestades más que en las costas donde eran más violentas, ahora era mi deseo oír a la Berma en uno de esos personajes clásicos en los que, según me dijera Swann, llegaba a lo sublime. Porque cuando ansiamos recibir determinadas impresiones de Naturaleza o de Arte con la esperanza del que va a hacer un descubrimiento precioso, sentimos mucho escrúpulo en dejar que penetren en nuestra alma, en lugar de aquéllas, otras impresiones menores, que pueden equivocarnos respecto al valor exacto de lo Bello. La Berma en Andromaque, en Les Caprices de Marianne, en Phédre, era una de las grandes cosas que mi imaginación tenía muy deseadas. Y si alguna vez oía yo recitar a la Berma esos versos de On dit qu′un prompt départ vous éloígne de nous, Seigneur . . . sentiría el mismo arrobo que el día en que una góndola me llevara hasta el pie del Ticiano de los Frari o de los Carpaccios de San Giorgio. Conocíalos yo por reproducciones en negro de las que se dan en las ediciones impresas; pero me saltaba el corazón al pensar, como en la realización de un viaje, que los vería alguna vez bañarse efectivamente en la atmósfera y en la soleada claridad de la voz áurea. Un Carpaccio en Venecia y la Berma en Phédre eran obras maestras del arte pictórico o dramático, que por el prestigio a ellas inherente estaban en mí como vivas, es decir, indivisibles, y si hubiera ido a ver Carpaccios en una sala del Louvre o a la Berma en una obra de la que no había oído hablar ya no habría experimentado el mismo delicioso asombro de tener al fin los ojos abiertos ante el inconcebible objeto de miles y miles de ensueños míos. Además, como esperaba del modo de representar de la Berma revelaciones sobre determinados aspectos de la nobleza y del dolor, me parecía que lo que tuviera de real y de grande su arte lo sería aún más si la actriz lo superponía a una obra de verdadero valor, en lugar de bordar cosas bellas y de verdad sobre una trama mediocre y vulgar.
Enfin, si j′allais entendre la Berma dans une pièce nouvelle, il ne me serait pas facile de juger de son art, de sa diction, puisque je ne pourrais pas faire le départ entre un texte que je ne connaîtrais pas d′avance et ce que lui ajouteraient des intonations et des gestes qui me sembleraient faire corps avec lui; tandis que les uvres anciennes que je savais par cur, m′apparaissaient comme de vastes espaces réservés et tout prêts où je pourrais apprécier en pleine liberté les inventions dont la Berma les couvrirait, comme à fresque, des perpétuelles trouvailles de son inspiration. Malheureusement, depuis des années qu′elle avait quitté les grandes scènes et faisait la fortune d′un théâtre de boulevard dont elle était l′étoile, elle ne jouait plus de classique, et j′avais beau consulter les affiches, elles n′annonçaient jamais que des pièces toutes récentes, fabriquées exprès pour elle par des auteurs en vogue; quand un matin, cherchant sur la colonne des théâtres les matinées de la semaine du jour de l′an, j′y vis pour la première fois — en fin de spectacle, après un lever de rideau probablement insignifiant dont le titre me sembla opaque parce qu′il contenait tout le particulier d′une action que j′ignorais — deux actes de Phèdre avec Mme Berma, et aux matinées suivantes Le Demi-Monde, les Caprices de Marianne, noms qui, comme celui de Phèdre, étaient pour moi transparents, remplis seulement de clarté, tant l′uvre m′était connue, illuminés jusqu′au fond d′un sourire d′art. Ils me parurent ajouter de la noblesse à Mme Berma elle-même quand je lus dans les journaux après le programme de ces spectacles que c′était elle qui avait résolu de se montrer de nouveau au public dans quelques-unes de ses anciennes créations. Donc, l′artiste savait que certains rôles ont un intérêt qui survit à la nouveauté de leur apparition ou au succès de leur reprise, elle les considérait, interprétés par elle, comme des chefs-d′uvre de musée qu′il pouvait être instructif de remettre sous les yeux de la génération qui l′y avait admirée, ou de celle qui ne l′y avait pas vue. En faisant afficher ainsi, au milieu de pièces qui n′étaient destinées qu′à faire passer le temps d′une soirée, Phèdre, dont le titre n′était pas plus long que les leurs et n′était pas imprimé en caractères différents, elle y ajoutait comme le sous-entendu d′une maîtresse de maison qui, en vous présentant à ses convives au moment d′aller à table, vous dit au milieu des noms d′invités qui ne sont que des invités, et sur le même ton qu′elle a cité les autres: M. Anatole France. Y por último, si iba a oír a la Berina en una obra nueva ya no me sería fácil juzgar de su arte y su dicción porque ya no podría, separar distintamente un texto que yo desconocía de lo que le añadían las entonaciones y los ademanes, que entonces se me aparecerían como formando un solo cuerpo con la letra; mientras que las obras clásicas que me sabía de memoria se me representaban como vastos espacios reservados y ya dispuestos para que yo pudiera apreciar en plena libertad las invenciones de la Berma, que los cubriría, como al fresco, con los hallazgos constantes de su inspiración. Desgraciadamente, desde que, hacía unos años, desertó de los escenarios de primera y estaba haciendo la suerte de un teatro del Boulevard, donde era la estrella, ya no representaba el repertorio clásico, y en vano consultaba yo los carteles, que no anunciaban nunca más que obras recientes escritas expresamente para ella por autores de moda; cuando una mañana, al buscar en la cartelera las funciones de por la tarde en la primera semana del año nuevo, me encontré por vez primera --como final de la función, y después de una pieza de entrada probablemente insignificante, cuyo título me pareció opaco porque contenía todo lo característico de un argumento que yo ignoraba- con dos actos de Phédre por la Berma, y en las tardes siguientes con Le Demi–Monde, Les Caprices de Marianne, nombres que, lo mismo que la Phédre, eran para mí transparentes, no contenían otra cosa que claridad, tan bien conocía yo. la obra, y estaban iluminados hasta lo hondo por la sonrisa del Arte. Y me pareció que realzaban hasta la nobleza de la misma Berma cuando leí en el periódico, después del programa de estas funciones, que ella era la que había decidido mostrarse al público en algunos de sus antiguos papeles. Así, que la artista sabía que hay papeles de un interés muy superior a la novedad de su aparición o al éxito de su reaparición, y los consideraba como obras maestras, de museo, que sería instructivo volver a poner ante los ojos de la generación que ya la había admirado en esas obras, o de la que no la había visto aún. Así, al anunciar entre otras obras que no tenían más finalidad que hacer pasar un rato de la noche esa Phédre, cuyo título no era más largo que los otros y estaba impreso en idénticos caracteres, la Berma hacía como una señora de casa que nos presenta sus invitados en el momento de ir a la mesa y nos dice entre nombres de convidados que no son más que convidados, y con el mismo tono con que citara a los otros: “Monsieur Anatole France”.
Le médecin qui me soignait — celui qui m′avait défendu tout voyage — déconseilla à mes parents de me laisser aller au théâtre; j′en reviendrais malade, pour longtemps peut-être, et j′aurais en fin de compte plus de souffrance que de plaisir. Cette crainte eût pu m′arrêter, si ce que j′avais attendu d′une telle représentation eût été seulement un plaisir qu′en somme une souffrance ultérieure peut annuler, par compensation. Mais — de même qu′au voyage à Balbec, au voyage à Venise que j′avais tant désirés — ce que je demandais à cette matinée, c′était tout autre chose qu′un plaisir: des vérités appartenant à un monde plus réel que celui où je vivais, et desquelles l′acquisition une fois faite ne pourrait pas m′être enlevée par des incidents insignifiants, fussent-ils douloureux à mon corps, de mon oiseuse existence. Tout au plus, le plaisir que j′aurais pendant le spectacle, m′apparaissait-il comme la forme peut-être nécessaire de la perception de ces vérités; et c′était assez pour que je souhaitasse que les malaises prédits ne commençassent qu′une fois la représentation finie, afin qu′il ne fût pas par eux compromis et faussé. J′implorais mes parents, qui, depuis la visite du médecin, ne voulaient plus me permettre d′aller à Phèdre. Je me récitais sans cesse la tirade: «On dit qu′un prompt départ vous éloigne de nous», cherchant toutes les intonations qu′on pouvait y mettre, afin de mieux mesurer l′inattendu de celle que la Berma trouverait. Cachée comme le Saint des Saints sous le rideau qui me la dérobait et derrière lequel je lui prêtais à chaque instant un aspect nouveau, selon ceux des mots de Bergotte — dans la plaquette retrouvée par Gilberte — qui me revenaient à l′esprit: «Noblesse plastique, cilice chrétien, pâleur janséniste, princesse de Trézène et de Clèves, drame Mycénien, symbole delphique, mythe solaire», la divine Beauté que devait me révéler le jeu de la Berma, nuit et jour, sur un autel perpétuellement allumé, trônait au fond de mon esprit, de mon esprit dont mes parents sévères et légers allaient décider s′il enfermerait ou non, et pour jamais, les perfections de la Déesse dévoilée à cette même place où se dressait sa forme invisible. Et les yeux fixés sur l′image inconcevable, je luttais du matin au soir contre les obstacles que ma famille m′opposait. Mais quand ils furent tombés, quand ma mère — bien que cette matinée eût lieu précisément le jour de la séance de la Commission après laquelle mon père devait ramener dîner M. de Norpois — m′eût dit: «Hé bien, nous ne voulons pas te chagriner, si tu crois que tu auras tant de plaisir, il faut y aller», quand cette journée de théâtre, jusque-là défendue, ne dépendit plus que de moi, alors, pour la première fois, n′ayant plus à m′occuper qu′elle cessât d′être impossible, je me demandai si elle était souhaitable, si d′autres raisons que la défense de mes parents n′auraient pas dû m′y faire renoncer. D′abord, après avoir détesté leur cruauté, leur consentement me les rendait si chers que l′idée de leur faire de la peine m′en causait à moi-même une, à travers laquelle la vie ne m′apparaissait plus comme ayant pour but la vérité, mais la tendresse, et ne me semblait plus bonne ou mauvaise que selon que mes parents seraient heureux ou malheureux. «J′aimerais mieux ne pas y aller, si cela doit vous affliger», dis-je à ma mère qui, au contraire, s′efforçait de m′ôter cette arrière-pensée qu′elle pût en être triste, laquelle, disait-elle, gâterait ce plaisir que j′aurais à Phèdre et en considération duquel elle et mon père étaient revenus sur leur défense. Mais alors cette sorte d′obligation d′avoir du plaisir me semblait bien lourde. Puis si je rentrais malade, serais-je guéri assez vite pour pouvoir aller aux Champs-Élysées, les vacances finies, aussitôt qu′y retournerait Gilberte. A toutes ces raisons, je confrontais, pour décider ce qui devait l′emporter, l′idée, invisible derrière son voile, de la perfection de la Berma. Je mettais dans un des balances du plateau, «sentir maman triste, risquer de ne pas pouvoir aller aux Champs-Élysées», dans l′autre, «pâleur janséniste, mythe solaire»; mais ces mots eux-mêmes finissaient par s′obscurcir devant mon esprit, ne me disaient plus rien, perdaient tout poids; peu à peu mes hésitations devenaient si douloureuses que si j′avais maintenant opté pour le théâtre, ce n′eût plus été que pour les faire cesser et en être délivré une fois pour toutes. C′eût été pour abréger ma souffrance et non plus dans l′espoir d′un bénéfice intellectuel et en cédant à l′attrait de la perfection, que je me serais laissé conduire non vers la Sage Déesse, mais vers l′implacable Divinité sans visage et sans nom qui lui avait été subrepticement substituée sous son voile. Mais brusquement tout fut changé, mon désir d′aller entendre la Berma reçut un coup de fouet nouveau qui me permit d′attendre dans l′impatience et dans la joie cette «matinée»: étant allé faire devant la colonne des théâtres ma station quotidienne, depuis peu si cruelle, de stylite, j′avais vu, tout humide encore, l′affiche détaillée de Phèdre qu′on venait de coller pour la première fois (et où à vrai dire le reste de la distribution ne m′apportait aucun attrait nouveau qui pût me décider). Mais elle donnait à l′un des buts entre lesquels oscillait mon indécision, une forme plus concrète et — comme l′affiche était datée non du jour où je la lisais mais de celui où la représentation aurait lieu, et de l′heure même du lever du rideau — presque imminente, déjà en voie de réalisation, si bien que je sautai de joie devant la colonne en pensant que ce jour-là, exactement à cette heure, je serais prêt à entendre la Berma, assis à ma place; et de peur que mes parents n′eussent plus le temps d′en trouver deux bonnes pour ma grand′mère et pour moi, je ne fis qu′un bond jusqu′à la maison, cinglé que j′étais par ces mots magiques qui avaient remplacé dans ma pensée «pâleur janséniste» et «mythe solaire»: «les dames ne seront pas reçues à l′orchestre en chapeau, les portes seront fermées à deux heures.» Mi médico -ése que me tenía prohibidos los viajes- disuadió a mis padres de su intención de dejarme ir al teatro: volvería a casa malo, quizá para mucho tiempo, y sacaría, en final de cuentas, más pena que alegría de aquella tarde. Temor era éste lo bastante fuerte quizá para preocuparme, si lo que yo esperaba de aquella función hubiera sido únicamente un placer, que, después de todo, un dolor ulterior podía anular, por compensación. Pero lo que yo pedía a esa tarde de teatro -como lo que pedía al viaje a Balbec y a Venecia, que tanto deseaba- era cosa distinta de un placer: eran verdades pertenecientes a un mundo más real que aquel en que yo vivía, y que una vez adquiridas ya no podrían serme arrebatadas por incidentes menudos de mi ociosa existencia, aunque fueran muy dolorosos para el cuerpo. El placer que yo habría de sentir durante la representación aparecíaseme, a lo sumo, como la forma, necesaria acaso, de la percepción de esas verdades; y eso ya bastaba para que yo desease que las enfermedades anunciadas no empezaran hasta terminada la representación, con objeto de que ese placer no se viera comprometido o adulterado por el malestar físico. Suplicaba a mis padres, los cuales, desde que viniera el médico, ya no querían dejarme ir a Phédre. Me recitaba continuamente ese trozo de On dit qu′un prompt départ vous éloigne de nous, buscando todas las entonaciones que se le podían dar, con objeto de apreciar luego mejor la novedad de la entonación que descubriría la Berma. Oculta, como el sanctasanctórum, por una cortina que me la substraía, y tras la cual la entreveía yo a cada momento con un aspecto nuevo, con arreglo a las palabras de Bergotte -en el folletito que me encontró Gilberta- que se me venían a la imaginación: “Nobleza plástica, cilicio cristiano, palidez jansenista, princesa de Trecena y de Cléves, drama Miceniano, símbolo délfico, mito solar′”, la divina Belleza que habría de revelarme el arte de la Berma reinaba día y noche en un altar constantemente encendido en el fondo de mi alma; de esa alma mía, en donde mis padres, severos y frívolos, iban a decidir si entrarían o no para siempre las perfecciones de la Diosa, revelada y descubierta por fin en ese lugar mismo en que se alzaba su forma invisible. Y con los ojos fijos en la inconcebible imagen luchaba desde por la mañana hasta por la noche contra los obstáculos que me oponía mi familia. Pero cuando esos obstáculos se rindieron y cuando mi madre -aunque el día de la función era precisamente el mismo en que papá iba a traer a cenar al señor de Norpois después de salir de la Comisión, que se reunía ese día- me dijo: “Bueno, no queremos verte apenado; de modo que si tú crees que vas a sacar tanto placer de la función, puedes ir”; cuando aquella tarde de teatro, hasta entonces vedada, dependió sólo de mí mismo, entonces, por vez primera, como ya no tenía que ocuparme en que dejara de ser imposible, me pregunté si era cosa tan deseable en realidad y si no hubiera debido renunciar a ella por otras razones que la prohibición de mis padres. En primer término, tras haberme parecido odiosa su crueldad, ahora el consentimiento me inspiraba tal cariño hacia ellos, que la idea de apenarlos me apenaba a mí también; y a través de ese sentimiento la vida ya no se me aparecía como teniendo por objeto único la verdad, sino el cariño, y se me representaba como mejor o peor tan sólo según estuvieran mis padres contentos o enfadados. “Mejor quiero no ir, si eso os tiene que disgustar”, dije a mi madre, que, por el contrario, se esforzó por quitarme ese recelo de que ella se iba a disgustar, el cual, según me decía, echaría a perder la alegría que iba a sentir en Phédre, esa alegría que decidió a mis padres a que volvieran de su acuerdo prohibitivo. Además, si volvía malo del teatro, ¿me curaría lo bastante pronto para poder ir a los Campos Elíseos en cuanto pasaran las vacaciones y Gilberta fuera por allí? Y a estas razones confrontaba, para decidir cuál es la que debía triunfar, aquella idea, invisible tras su velo, de la perfección de la Berma. Ponía en uno de los platillos de la balanza: “sentir que mamá está disgustada y arriesgarme a no ver a, Gilberta en los Campos Elíseos”; y en el otro” palidez jansenista, mito solar”; pero hasta estas palabras acababan por obscurecerse delante de mi alma; ya no me decían nada, perdían todo su peso; poco a poco mis vacilaciones se me hicieron tan dolorosas, que si hubiera optado ahora por el teatro habría sido tan sólo para acabar con esas dudas, para librarme de ellas de una vez. Y hubiese sido el deseo de aliviar mi sufrimiento, y no ya la esperanza de un beneficio intelectual y el atractivo de la perfección, lo que me habría encaminado hacia la que no era ya Diosa de la Sabiduría, sino implacable Deidad, sin nombre y sin rostro, que subrepticiamente había ocupado el lugar de la otra detrás del velo. Pero repentinamente cambió todo, y mi deseo de ver a la Berma recibió un nuevo espolazo, con el que ya pude esperar, impaciente y alegre, aquella función “de tarde”; y ocurrió cuando fui a hacer delante de la columna anunciadora de los teatros mi estación diaria, desde hacía poco dolorosa, de estilita, y vi aún húmedo el cartel detallado de Phédre, que acababan de pegar (y en el que, a decir verdad, el resto del reparto no me aportaba ningún nuevo aliciente con fuerza para decidirme). Pero el cartel, que llevaba la fecha no del día en que yo lo estaba leyendo, sino de aquel en que tendría lugar la representación, y hasta la hora de alzarse el telón, daba a uno de los extremos entre los cuales oscilaba mi indecisión una forma más concreta, casi inminente, ya en vía de realización; tanto, que me puse a saltar delante de la cartelera al pensar que ese día determinado, exactamente a esa hora indicada, estaría yo sentado en mi sitio dispuesto a oír a la Berma; y temeroso de que mis padres ya no llegaran a tiempo de encontrar dos buenas localidades para mi abuela y para mí me puse en casa de un salto espoleado por aquellas palabras mágicas que substituyeron en mi ánimo a “palidez jansenista” y “mito solar”: “en butacas las señoras deberán permanecer sin sombrero” y “las puertas de la sala se cerrarán a las dos en punto”.
Hélas! cette première matinée fut une grande déception. Mon père nous proposa de nous déposer ma grand′mère et moi au théâtre, en se rendant à sa Commission. Avant de quitter la maison, il dit à ma mère: «Tâche d′avoir un bon dîner; tu te rappelles que je dois ramener de Norpois?» Ma mère ne l′avait pas oublié. Et depuis la veille, Françoise, heureuse de s′adonner à cet art de la cuisine pour lequel elle avait certainement un don, stimulée, d′ailleurs, par l′annonce d′un convive nouveau, et sachant qu′elle aurait à composer, selon des méthodes sues d′elle seule, du buf à la gelée, vivait dans l′effervescence de la création; comme elle attachait une importance extrême à la qualité intrinsèque des matériaux qui devaient entrer dans la fabrication de son uvre, elle allait elle-même aux Halles se faire donner les plus beaux carrés de romsteck, de jarret de buf, de pied de veau, comme Michel-Ange passant huit mois dans les montagnes de Carrare à choisir les blocs de marbre les plus parfaits pour le monument de Jules II. Françoise dépensait dans ces allées et venues une telle ardeur que maman voyant sa figure enflammée craignait que notre vieille servante ne tombât malade de surmenage comme l′auteur du Tombeau des Médicis dans les carrières de Peitraganta. Et dès la veille Françoise avait envoyé cuire dans le four du boulanger, protégé de mie de pain comme du marbre rose ce qu′elle appelait du jambon de Nev′-York. Croyant la langue moins riche qu′elle n′est et ses propres oreilles peu sûres, sans doute la première fois qu′elle avait entendu parler de jambon d′York avait-elle cru — trouvant d′une prodigalité invraisemblable dans le vocabulaire qu′il pût exister à la fois York et New-York — qu′elle avait mal entendu et qu′on aurait voulu dire le nom qu′elle connaissait déjà. Aussi, depuis, le mot d′York se faisait précéder dans ses oreilles ou devant ses yeux si elle lisait une annonce de: New qu′elle prononçait Nev′. Et c′est de la meilleure foi du monde qu′elle disait à sa fille de cuisine: «Allez me chercher du jambon chez Olida. Madame m′a bien recommandé que ce soit du Nev′-York.» Ce jour-là, si Françoise avait la brûlante certitude des grands créateurs, mon lot était la cruelle inquiétude du chercheur. Sans doute, tant que je n′eus pas entendu la Berma, j′éprouvai du plaisir. J′en éprouvai dans le petit square qui précédait le théâtre et dont, deux heures plus tard, les marronniers dénudés allaient luire avec des reflets métalliques dès que les becs de gaz allumés éclaireraient le détail de leurs ramures; devant les employés du contrôle, desquels le choix, l′avancement, le sort, dépendaient de la grande artiste — qui seule détenait le pouvoir dans cette administration à la tête de laquelle des directeurs éphémères et purement nominaux se succédaient obscurément — et qui prirent nos billets sans nous regarder, agités qu′ils étaient de savoir si toutes les prescriptions de Mme Berma avaient bien été transmises au personnel nouveau, s′il était bien entendu que la claque ne devait jamais applaudir pour elle, que les fenêtres devaient être ouvertes tant qu′elle ne serait pas en scène et la moindre porte fermée après, un pot d′eau chaude dissimulé près d′elle pour faire tomber la poussière du plateau: et, en effet, dans un moment sa voiture attelée de deux chevaux à longue crinière allait s′arrêter devant le théâtre, elle en descendrait enveloppée dans des fourrures, et, répondant d′un geste maussade aux saluts, elle enverrait une de ses suivantes s′informer de l′avant-scène qu′on avait réservée pour ses amis, de la température de la salle, de la composition des loges, de la tenue des ouvreuses, théâtre et public n′étant pour elle qu′un second vêtement plus extérieur dans lequel elle entrerait et le milieu plus ou moins bon conducteur que son talent aurait à traverser. Je fus heureux aussi dans la salle même; depuis que je savais que — contrairement à ce que m′avaient si longtemps représenté mes imaginations enfantines, — il n′y avait qu′une scène pour tout le monde, je pensais qu′on devait être empêché de bien voir par les autres spectateurs comme on l′est au milieu d′une foule; or je me rendis compte qu′au contraire, grâce à une disposition qui est comme le symbole de toute perception, chacun se sent le centre du théâtre; ce qui m′explique qu′une fois qu′on avait envoyé Françoise voir un mélodrame aux troisièmes galeries, elle avait assuré en rentrant que sa place était la meilleure qu′on pût avoir et au lieu de se trouver trop loin, s′était sentie intimidée par la proximité mystérieuse et vivante du rideau. Mon plaisir s′accrut encore quand je commençai à distinguer derrière ce rideau baissé des bruits confus comme on en entend sous la coquille d′un uf quand le poussin va sortir, qui bientôt grandirent, et tout à coup, de ce monde impénétrable à notre regard, mais qui nous voyait du sien, s′adressèrent indubitablement à nous sous la forme impérieuse de trois coups aussi émouvants que des signaux venus de la planète Mars. Et, — ce rideau une fois levé, — quand sur la scène une table à écrire et une cheminée assez ordinaires, d′ailleurs, signifièrent que les personnages qui allaient entrer seraient, non pas des acteurs venus pour réciter comme j′en avais vus une fois en soirée, mais des hommes en train de vivre chez eux un jour de leur vie dans laquelle je pénétrais par effraction sans qu′ils pussent me voir — mon plaisir continua de durer; il fut interrompu par une courte inquiétude: juste comme je dressais l′oreille avant que commençât la pièce, deux hommes entrèrent sur la scène, bien en colère, puisqu′ils parlaient assez fort pour que dans cette salle où il y avait plus de mille personnes on distinguât toutes leurs paroles, tandis que dans un petit café on est obligé de demander au garçon ce que disent deux individus qui se collettent; mais dans le même instant étonné de voir que le public les entendait sans protester, submergé qu′il était par un unanime silence sur lequel vint bientôt clapoter un rire ici, un autre là, je compris que ces insolents étaient les acteurs et que la petite pièce, dite lever de rideau, venait de commencer. Elle fut suivie d′un entr′acte si long que les spectateurs revenus à leurs places s′impatientaient, tapaient des pieds. J′en étais effrayé; car de même que dans le compte rendu d′un procès; quand je lisais qu′un homme d′un noble cur allait venir au mépris de ses intérêts, témoigner en faveur d′un innocent, je craignais toujours qu′on ne fût pas assez gentil pour lui, qu′on ne lui marquât pas assez de reconnaissance, qu′on ne le récompensât pas richement, et, qu′écuré, il se mît du côté de l′injustice; de même, assimilant en cela le génie à la vertu, j′avais peur que la Berma dépitée par les mauvaises façons d′un public aussi mal élevé, — dans lequel j′aurais voulu au contraire qu′elle pût reconnaître avec satisfaction quelques célébrités au jugement de qui elle eût attaché de l′importance — ne lui exprimât son mécontentement et son dédain en jouant mal. Et je regardais d′un air suppliant ces brutes trépignantes qui allaient briser dans leur fureur l′impression fragile et précieuse que j′étais venu chercher. Enfin, les derniers moments de mon plaisir furent pendant les premières scènes de Phèdre. Le personnage de Phèdre ne paraît pas dans ce commencement du second acte; et, pourtant, dès que le rideau fut levé et qu′un second rideau, en velours rouge celui-là, se fut écarté, qui dédoublait la profondeur de la scène dans toutes les pièces où jouait l′étoile, une actrice entra par le fond, qui avait la figure et la voix qu′on m′avait dit être celles de la Berma. On avait dû changer la distribution, tout le soin que j′avais mis à étudier le rôle de la femme de Thésée devenait inutile. Mais une autre actrice donna la réplique à la première. J′avais dû me tromper en prenant celle-là pour la Berma, car la seconde lui ressemblait davantage encore et, plus que l′autre, avait sa diction. Toutes deux d′ailleurs ajoutaient à leur rôle de nobles gestes — que je distinguais clairement et dont je comprenais la relation avec le texte, tandis qu′elles soulevaient leurs beaux péplums — et aussi des intonations ingénieuses, tantôt passionnées, tantôt ironiques, qui me faisaient comprendre la signification d′un vers que j′avais lu chez moi sans apporter assez d′attention à ce qu′il voulait dire. Mais tout d′un coup, dans l′écartement du rideau rouge du sanctuaire, comme dans un cadre, une femme parut et, aussitôt à la peur que j′eus, bien plus anxieuse que pouvait être celle de la Berma, qu′on la gênât en ouvrant une fenêtre, qu′on altérât le son d′une de ses paroles en froissant un programme, qu′on l′indisposât en applaudissant ses camarades, en ne l′applaudissant pas elle, assez; — à ma façon, plus absolue encore que celle de la Berma, de ne considérer dès cet instant, salle, public, acteurs, pièce, et mon propre corps que comme un milieu acoustique n′ayant d′importance que dans la mesure où il était favorable aux inflexions de cette voix, je compris que les deux actrices que j′admirais depuis quelques minutes n′avaient aucune ressemblance avec celle que j′étais venu entendre. Mais en même temps tout mon plaisir avait cessé; j′avais beau tendre vers la Berma mes yeux, mes oreilles, mon esprit, pour ne pas laisser échapper une miette des raisons qu′elle me donnerait de l′admirer, je ne parvenais pas à en recueillir une seule. Je ne pouvais même pas, comme pour ses camarades, distinguer dans sa diction et dans son jeu des intonations intelligentes, de beaux gestes. Je l′écoutais comme j′aurais lu Phèdre, ou comme si Phèdre, elle-même avait dit en ce moment les choses que j′entendais, sans que le talent de la Berma semblât leur avoir rien ajouté. J′aurais voulu — pour pouvoir l′approfondir, pour tâcher d′y découvrir ce qu′elle avait de beau, — arrêter, immobiliser longtemps devant moi chaque intonation de l′artiste, chaque expression de sa physionomie; du moins, je tâchais, à force d′agilité morale, en ayant avant un vers mon attention tout installée et mise au point, de ne pas distraire en préparatifs une parcelle de la durée de chaque mot, de chaque geste, et, grâce à l′intensité de mon attention, d′arriver à descendre en eux aussi profondément que j′aurais fait si j′avais eu de longues heures à moi. Mais que cette durée était brève! A peine un son était-il reçu dans mon oreille qu′il était remplacé par un autre. Dans une scène où la Berma reste immobile un instant, le bras levé à la hauteur du visage baignée grâce à un artifice d′éclairage, dans une lumière verdâtre, devant le décor qui représente la mer, la salle éclata en applaudissements, mais déjà l′actrice avait changé de place et le tableau que j′aurais voulu étudier n′existait plus. Je dis à ma grand′mère que je ne voyais pas bien, elle me passa sa lorgnette. Seulement, quand on croit à la réalité des choses, user d′un moyen artificiel pour se les faire montrer n′équivaut pas tout à fait à se sentir près d′elles. Je pensais que ce n′était plus la Berma que je voyais, mais son image, dans le verre grossissant. Je reposai la lorgnette; mais peut-être l′image que recevait mon il, diminuée par l′éloignement, n′était pas plus exacte; laquelle des deux Berma était la vraie? Quant à la déclaration à Hippolyte, j′avais beaucoup compté sur ce morceau où, à en juger par la signification ingénieuse que ses camarades me découvraient à tout moment dans des parties moins belles, elle aurait certainement des intonations plus surprenantes que celles que chez moi, en lisant, j′avais tâché d′imaginer; mais elle n′atteignit même pas jusqu′à celles qu′none ou Aricie eussent trouvées, elle passa au rabot d′une mélopée uniforme, toute la tirade où se trouvèrent confondues ensemble des oppositions, pourtant si tranchées, qu′une tragédienne à peine intelligente, même des élèves de lycée, n′en eussent pas négligé l′effet; d′ailleurs, elle la débita tellement vite que ce fut seulement quand elle fut arrivée au dernier vers que mon esprit prit conscience de la monotonie voulue qu′elle avait imposée aux premiers. Pero, ¡ay!, aquella primera función fue un gran desengaño. Mi padre se brindó acompañarnos, a la abuela y a mí, hasta el teatro, de paso que él iba a la sesión de la Comisión. Antes de salir de casa dijo a mamá: “A ver si tenemos una buena cena. No se te habrá olvidado que voy a traer a de Norpois”. A mi madre no se le había olvidado. Y ya desde el día antes Francisca, contentísima por poder entregarse a ese arte de la cocina, para el que tenía indudablemente nativa aptitud, y estimulada además por el anuncio de un invitado nuevo, sabía que tendría que confeccionar, con arreglo a los métodos que nadie más que ella conocía, vaca a la gelatina, y vivía en la efervescencia de la creación; como concedía extrema importancia a la calidad intrínseca de los materiales que debían entrar en la fabricación de su obra, fue ella misma al Mercado Central para que le dieran los mejores brazuelos para romsteck y los jarretes de vaca y patas de ternera más hermosos, lo mismo que se pasaba Miguel Angel ocho meses en las montañas de Carrara para escoger los más bellos bloques de mármol con destino al monumento de julio II. Y tal ardor desplegaba Francisca en estas idas y venidas, que mamá, al verla con el rostro encendido, temía que se pusiera mala de trabajar, como le pasó al autor del sepulcro de los Médicis en las canteras de Pietraganta. Y ya la víspera mandó Francisca a cocer al horno del panadero, protegido por una capa de miga de pan, como mármol rosa, lo que ella llamaba jamón de Neu York. Sin duda por considerar el idioma menos rico de lo que es y por no fiarse mucho de sus oídos, Francisca, la primera vez que oyó hablar del jamón de York se figuró -porque le parecía prodigalidad inverosímil del vocabulario el que pudieran existir al mismo tiempo York y New Yorkque había oído mal y que querían decir ese nombre que ella conocía ya. Y desde entonces la palabra York llevaba por delante en sus oídos, o en sus ojos si leía un anuncio, un New que ella pronunciaba Neu. Con la mejor buena fe del mundo decía a la moza de cocina: “Ve por jamón a casa de Olinda. La señora me ha encargado que sea del de Neu York”. Aquel día a Francisca le tocaba la ardiente seguridad del que crea y a mí la cruel inquietud del que busca. Claro que mientras que no hube oído a la Berma disfruté. Disfruté en la placita que precedía al teatro, con sus castaños sin hojas, que dos horas después relucirían con metálico reflejo en cuanto las luces de gas iluminaran los detalles de su ramaje; disfruté al pasar por delante de los empleados que recogen los billetes, esos cuyo nombramiento, ascenso y fortuna dependían de la gran artista -que era la única que mandaba en aquella administración por la que pasaban obscuramente directores y directores puramente efímeros y nominales-, y que recibieron nuestras entradas sin mirarnos porque estaban muy preocupados pensando en si habrían sido bien dadas al personal nuevo las órdenes de la señora Berma; en si la claque había comprendido bien que nunca tenía que aplaudirla a ella; en que las ventanas debían estar abiertas mientras ella no estuviera en escena y luego cerradas todas; en si pondrían bien el cacharro de agua caliente disimulado junto a ella para que no se alzara polvo de las tablas; porque, en efecto, un momento más tarde pararía delante del teatro su coche de dos caballos con largas crines, y de él iba a bajar la artista, envuelta en pieles, contestando a los saludos con huraño gesto; y mandaría a una de sus doncellas que fuera a enterarse de cuál era el proscenio reservado para sus amigos, de la temperatura de la sala y del porte de las acomodadoras, pues público y teatro no eran para ella más que como un segundo traje más externo, en el que iba a meterse, y un medio mejor o peor conductor que su talento tenía que atravesar. También disfruté dentro de la sala; desde que sabía que -muy al contrario de lo que mis figuraciones infantiles me representaron durante mucho tiempo- no había más que un escenario para todo el mundo, me creía yo que no debían de dejarle a uno ver bien los demás espectadores, como ocurre en medio de una multitud; y vi que, muy lejos de eso, gracias a una disposición que viene a ser como símbolo de todas las percepciones, cada cual se siente centro del teatro; y así me expliqué que Francisca, una vez que la mandamos a ver un melodrama desde el último anfiteatro, volviera diciendo que su localidad era la mejor del teatro, y que en vez de creer que estaba muy lejos la hubiera azorado la misteriosa y viva proximidad del telón. Aun gocé más al empezar a percibir detrás del telón, bajado, unos ruidos confusos, como esos que se oyen bajo la cáscara de un huevo cuando va a salir el pollo, ruidos que fueron en aumento y que de pronto, desde aquel mundo que nos veía, pero que en cambio nuestras miradas no podían penetrar, se dirigieron indudablemente a nosotros en la imperiosa forma de tres golpes tan conmovedores como si llegaran del planeta Marte. Y aun siguió mi gozo cuando, alzado el telón, una. mesita de escribir y una chimenea ordinaria que había en el escenario me indicaron que los personajes que iban a entrar no serían actores que venían aquí a recitar, como yo ya había visto en una reunión una noche, sino hombres que estaban viviendo en su casa un día de su vida, en la cual penetraría yo por efracción sin que ellos pudieran verme; una corta preocupación vino a interrumpir mi goce; y fue que cuando yo tenía ya el oído alerta porque la obra iba a empezar, entraron en el escenario dos hombres que debían de estar muy encolerizados, porque hablaban muy fuerte y en una sala en donde había más de mil personas se oían todas sus palabras, mientras que en el pequeño local de un café tenemos que preguntar a un mozo qué es lo que dicen esos dos individuos que se van a agarrar; pero instantáneamente, extrañado al ver que el público los oía sin protesta y estaba sumergido en unánime silencio, en el que pronto comenzaron a saltar risas acá y allá, comprendí que aquellos insolentes eran los actores y que la piececita de entrada acababa de empezar. Después vino un entreacto tan largo, que los espectadores que ya habían vuelto a sus sitios se impacientaron y empezaron a patear. A mí eso me dió miedo; porque lo mismo que al leer en el relato de una vista que un hombre de nobles sentimientos iba a ir a declarar, con desprecio de sus intereses, en favor de un inocente, temía yo siempre que no fueran con él lo deferentes que debían, que no se lo agradecieran bastante, que no se le recompensara con la debida largueza, y que entonces él, asqueado, se pusiera de parte de la injusticia, así ahora asimilando en esto el genio a la virtud, tenía miedo de que la Berma, despechada por los malos modos de un público tan mal educado -público en el que, por el contrario, me habría a mí gustado que pudiese reconocer la Berma. a alguna celebridad cuyo juicio le interesaba-, fuera a expresarle su descontento y desdén trabajando mal. Y miraba yo con aire de súplica a esos brutos que pateaban, y que con su furia iban a quebrar la frágil y preciosa impresión que yo venía buscando. En fin, los últimos momentos en que yo disfruté fueron los de las primeras escenas de Phédre. En el principio de este segundo acto no aparece el personaje principal; y sin embargo, en cuanto se alzó el telón grande y luego otro segundo telón, de terciopelo rojo, que dividía la profundidad del escenario en todas las obras en que trabajaba la estrella, asomó por el fondo una actriz de voz y aspecto semejantes a los que, según me dijeran, tenía la Berma. Debían de haber cambiado el reparto, y todo aquel cuidado que yo puse en estudiar el papel de la mujer de Teseo iba a ser inútil. Pero salió una nueva actriz, que replicó a la otra. Indudablemente me equivoqué al tomar a aquella primera por la Berma, porque esta segunda tenía mayor parecido en figura y dicción con la Berma. Ambas realzaban su papel con nobles ademanes -que yo distinguía claramente, comprendiendo su relación con el texto, mientras ellas agitaban sus hermosos peplos y entonaciones ingeniosas, ya irónicas, ya apasionadas, que me revelaban la significación de un verso que yo leyera en casa sin conceder atención bastante a lo que quería decir. Pero de pronto, por la abertura de aquella roja cortina del santuario, apareció, lo mismo que en un marco, una mujer, e inmediatamente, por el miedo que yo sentí, mucho más ansioso que pudiera serlo el de la Berma a que la molestaran abriendo una ventana, a que al arrugar un programa alterasen el sonido de su voz. a que la enfadaran aplaudiendo a sus compañeras y no aplaudiéndola a ella lo debido, por mi manera, mucho más absoluta aún que la de la Berma, de no considerar desde aquel momento sala, público, actores y obra, y hasta mi propio cuerpo, más que como un medio acústico importante tan sólo en la medida en que era favorable a sus inflexiones de voz, por todo eso comprendí que las dos actrices que antes admiraba no se parecían en nada a aquella que yo había venido a oír. Pero al mismo tiempo mi gozo cesó por entero: inútilmente aguzaba yo ojos, oídos y alma para no perder ni una migaja de las razones de admirarla que iba a darme la Berma; no llegué a recoger una sola de estas razones. Ni siquiera lograba, como me ocurría con las otras actrices, distinguir en su dicción y en su modo de representar entonaciones inteligentes y ademanes bellos. La estaba oyendo como si leyera Phédre o como si Fedra en persona estuviera diciendo en ese momento las cosas que yo escuchaba, sin que el talento de la Berma pareciera añadirles cosa alguna. Habría yo deseado parar, inmovilizar por largo rato ante mí cada entonación de la artista, cada uno de sus gestos, con objeto de poder profundizar en ellos y ver si podía descubrir lo que tuviese de hermoso; por lo menos, procuraba, a fuerza de agilidad mental y teniendo mi atención bien despierta y a punto, antes de cada verso, no distraer en preparativos ni un segundo del tiempo que durara cada palabra y cada verso, y llegar, gracias a la intensidad de mi atención, a adentrarme tan profundamente en unas y otros como si hubiese tenido largas horas a mi disposición. Pero, ¡qué poco duraban! Apenas había llegado un sonido a mis oídos, cuando ya venía otro a reemplazarlo. En una escena en que la Berma permanece inmóvil un instante con el brazo alzado a la altura del rostro, bañado, por un artificio luminoso, en luz verdosa, delante de una decoración que representa el mar, toda la sala estalló en aplausos, pero la actriz ya había cambiado de sitio, y el cuadro que yo habría querido estudiar ya no existía. Dije a mi abuela que no veía bien, y me dejó sus lentes. Sólo cuando se cree en la realidad de las cosas, emplear un medio artificial para verlas no equivale enteramente a sentirse más cerca de ellas. A mí se me figuraba que ya no estaba viendo a la Berma, sino a su imagen en un cristal de aumento. De Deje los lentes; pero acaso la imagen que mis ojos recibían, disminuida por la distancia, no era más exacta que la otra. ¿Cuál de las dos Berma era la de verdad? Tenía yo puesta muchas esperanzas en la declaración a Hipólito, trozo que, a juzgar por la significación ingeniosa que los demás cómicos me descubrían a cada momento en partes de la obra menos hermosas, tendría de seguro entonaciones más sorprendentes que las que yo me imaginaba cuando lo leía en casa; pero ni siquiera llegó a los acentos que habrían descubierto Enone o Aricia, sino que pasó con la lisura de una melopea uniforme por todo el párrafo, en el que se confundieron en una sola masa oposiciones clarísimas, cuyo efecto no habría desdeñado no ya una actriz trágica de mediano talento, sino ni siquiera un estudiante de Instituto; además, lo dijo tan de prisa, que sólo al llegar al último verso comenzó mi mente a darse cuenta de la monotonía voluntaria que quiso imponer a los primeros.
Enfin éclata mon premier sentiment d′admiration: il fut provoqué par les applaudissements frénétiques des spectateurs. J′y mêlai les miens en tâchant de les prolonger, afin que par reconnaissance, la Berma se surpassant, je fusse certain de l′avoir entendue dans un de ses meilleurs jours. Ce qui est du reste curieux, c′est que le moment où se déchaîna cet enthousiasme du public, fut, je l′ai su depuis, celui où la Berma a une de ses plus belles trouvailles. Il semble que certaines réalités transcendantes émettent autour d′elles des rayons auxquels la foule est sensible. C′est ainsi que, par exemple, quand un événement se produit, quand à la frontière une armée est en danger, ou battue, ou victorieuse, les nouvelles assez obscures qu′on reçoit et d′où l′homme cultivé ne sait pas tirer grand chose, excitent dans la foule une émotion qui le surprend et dans laquelle, une fois que les experts l′ont mis au courant de la véritable situation militaire, il reconnaît la perception par le peuple de cette «aura» qui entoure les grands événements et qui peut être visible à des centaines de kilomètres. On apprend la victoire, ou après-coup quand la guerre est finie, ou tout de suite par la joie du concierge. On découvre un trait génial du jeu de la Berma huit jours après l′avoir entendue, par la critique, ou sur le coup par les acclamations du parterre. Mais cette connaissance immédiate de la foule étant mêlée à cent autres toutes erronées, les applaudissements tombaient le plus souvent à faux, sans compter qu′ils étaient mécaniquement soulevés par la force des applaudissements antérieurs comme dans une tempête une fois que la mer a été suffisamment remuée elle continue à grossir, même si le vent ne s′accroît plus. N′importe, au fur et à mesure que j′applaudissais, il me semblait que la Berma avait mieux joué. «Au moins, disait à côté de moi une femme assez commune, elle se dépense celle-là, elle se frappe à se faire mal, elle court, parlez-moi de ça, c′est jouer.» Et heureux de trouver ces raisons de la supériorité de la Berma, tout en me doutant qu′elles ne l′expliquaient pas plus que celle de la Joconde, ou du Persée de Benvenuto l′exclamation d′un paysan: «C′est bien fait tout de même! c′est tout en or, et du beau! quel travail!», je partageai avec ivresse le vin grossier de cet enthousiasme populaire. Je n′en sentis pas moins, le rideau tombé, un désappointement que ce plaisir que j′avais tant désiré n′eût pas été plus grand, mais en même temps le besoin de le prolonger, de ne pas quitter pour jamais, en sortant de la salle, cette vie du théâtre qui pendant quelques heures avait été la mienne, et dont je me serais arraché comme en un départ pour l′exil, en rentrant directement à la maison, si je n′avais espéré d′y apprendre beaucoup sur la Berma par son admirateur auquel je devais qu′on m′eût permis d′aller à Phèdre. M. de Norpois. Je lui fus présenté avant le dîner par mon père qui m′appela pour cela dans son cabinet. A mon entrée, l′ambassadeur se leva, me tendit la main, inclina sa haute taille et fixa attentivement sur moi ses yeux bleus. Comme les étrangers de passage qui lui étaient présentés, au temps où il représentait la France, étaient plus ou moins — jusqu′aux chanteurs connus — des personnes de marque et dont il savait alors qu′il pourrait dire plus tard quand on prononcerait leur nom à Paris ou à Pétersbourg, qu′il se rappelait parfaitement la soirée qu′il avait passée avec eux à Munich ou à Sofia, il avait pris l′habitude de leur marquer par son affabilité la satisfaction qu′il avait de les connaître: mais de plus, persuadé que dans la vie des capitales, au contact à la fois des individualités intéressantes qui les traversent et des usages du peuple qui les habite, on acquiert une connaissance approfondie, et que les livres ne donnent pas, de l′histoire, de la géographie, des moeurs des différentes nations, du mouvement intellectuel de l′Europe, il exerçait sur chaque nouveau venu ses facultés aiguës d′observateur afin de savoir de suite à quelle espèce d′homme il avait à faire. Le gouvernement ne lui avait plus depuis longtemps confié de poste à l′étranger, mais dès qu′on lui présentait quelqu′un, ses yeux, comme s′ils n′avaient pas reçu notification de sa mise en disponibilité, commençaient à observer avec fruit, cependant que par toute son attitude il cherchait à montrer que le nom de l′étranger ne lui était pas inconnu. Aussi, tout en me parlant avec bonté et de l′air d′importance d′un homme qui sait sa vaste expérience, il ne cessait de m′examiner avec une curiosité sagace et pour son profit, comme si j′eusse été quelque usage exotique, quelque monument instructif, ou quelque étoile en tournée. Et de la sorte il faisait preuve à la fois, à mon endroit, de la majestueuse amabilité du sage Mentor et de la curiosité studieuse du jeune Anacharsis. Por fin estalló mi primer sentimiento de admiración, provocado por los frenéticos aplausos de los espectadores. Uní a ellos los míos, haciendo por prolongarlos mucho, con objeto de que la Berma, reconocida, se superase a sí misma, y así poder estar yo seguro de haberla visto en uno de sus mejores días. Y es curioso que, según supe, ese momento que desencadenó el entusiasmo del público era en realidad uno de los grandes aciertos de la Berma. Parece que algunas realidades trascendentes emiten en torno rayos a los que es sensible la masa. Así, por ejemplo, cuando ocurre un acontecimiento, cuando hay en la frontera un ejército en peligro, o derrotado, o triunfante, las noticias vagas que se reciben, y de las que no sabe sacar gran cosa un hombre culto excitan en la multitud una emoción que lo sorprende, y en la que reconoce, una vez que los enterados lo han puesto al corriente de la verdadera situación militar, la percepción por el pueblo de esa “aura” que rodea los grandes acontecimientos, y que puede ser visible a centenares de kilómetros. Se entera uno de una victoria o ya fuera de tiempo, cuando se ha terminado la guerra, o enseguida, por la cara alegre del portero de casa. Y se descubre un rasgo genial del arte de la Berma ocho días después de haberla oído, por lo que dice la crítica, o inmediatamente, por las, aclamaciones del anfiteatro. Pero como ese conocimiento inmediato de la multitud está mezclado con otros cien, todos erróneos, los aplausos caían por lo general en falso; aparte de que se promovían mecánicamente, por el impulso de los aplausos anteriores, como ocurre en una tempestad cuando está el mar ya tan agitado que sigue engrosando aunque el viento no aumente. Pero eso poco importaba, y a medida que yo aplaudía me iba pareciendo que la Berma había trabajado mejor. “Por lo menos -decía junto a mí una mujer muy ordinaria-, ésta se mueve, se da unos golpes que se hace daño corre; y no me digan a mí, eso es trabajar bien.” Y yo, muy contento de encontrar esas razones de la superioridad de la Berma, aunque bien sospechaba que no bastaban para explicarla (como no explicaba la de la Gioconda o la del Perseo de Benvenuto aquella exclamación de un paleto: “¡Y qué bien hecho está! ¡Todo de oro, y bueno! ¡Vaya un trabajo!”), compartía con avidez el grosero vino de aquel entusiasmo popular. Sin embargo, cuando el telón cayó sentí cierto disgusto, porque el placer que tanto esperé no había sido más grande, y al propio tiempo sentí el deseo de que se prolongara, de no abandonar para siempre al salir de la sala esa vida del teatro que por unas horas fue también mi vida; y habríame parecido que me desgarraba de ella al volver a casa, como se desgarra uno de su patria para ir al destierro, de no haber abrigado la esperanza de que allí en casa me enteraría de muchas cosas referentes a la Berma por medio de aquel admirador suyo gracias al cual me dejaron ir a Phédre, es decir, del señor de Norpois. Mi padre me llamó antes de cenar a su despacho, expresamente para presentarme al señor de Norpois. Cuando entré, el embajador se levantó, me tendió la mano, inclinándose, y fijó en mí atentamente sus ojos azules. Como estaba acostumbrado a que los extranjeros de paso que le eran presentados cuando representaba a Francia fuesen todos, en mayor o menor grado -hasta los cantantes afamadoso, personas de nota, y sabía que más adelante, cuando se pronunciaran sus nombres en París o en Petersburgo, podría decir que se acordaba perfectamente del rato que pasó con ellos en Munich o en Sofía, tenía el hábito de indicar a todos con su afabilidad la satisfacción que experimentaba al conocerlos; y además, persuadido de que en la vida de las grandes capitales se gana poniéndose en contacto a la vez con las individualidades interesantes que por ellas cruzan y con las costumbres del pueblo que las habita, un conocimiento profundo, y que no dan los libros, de la historia, de la geografía, de los usos de cada nación y del movimiento intelectual de Europa, ejercitaba en todo recién llegado sus agudas facultades de observador para saber enseguida con qué clase de hombre se las tenía que ver. Hacía ya tiempo que el Gobierno no le había confiado ningún cargo en el extranjero; pero en cuanto le representaban a alguien, sus ojos, como si no se hubieran enterado de que estaba en situación de disponible, comenzaban un fructuoso examen, mientras que con toda su actitud quería dar a entender el señor de Norpois que el nombre no le era del todo desconocido. Así que, al mismo tiempo que me hablaba bondadosamente y con el aire, importante de un hombre consciente de su vasta experiencia, no dejaba de examinarme con sagaz curiosidad y para provecho suyo, como si yo fuera una costumbre exótica, un monumento instructivo o una artista célebre. Y de esta suerte daba pruebas hacia mi persona de la majestuosa amabilidad del sabio Mentor y de la curiosidad estudiosa del joven Anacarsis.
Il ne m′offrit absolument rien pour la Revue des Deux-Mondes, mais me posa un certain nombre de questions sur ce qu′avaient été ma vie et mes études, sur mes goûts dont j′entendis parler pour la première fois comme s′il pouvait être raisonnable de les suivre, tandis que j′avais cru jusqu′ici que c′était un devoir de les contrarier. Puisqu′ils me portaient du côté de la littérature, il ne me détourna pas d′elle; il m′en parla au contraire avec déférence comme d′une personne vénérable et charmante du cercle choisi de laquelle, à Rome ou à Dresde, on a gardé le meilleur souvenir et qu′on regrette par suite des nécessités de la vie de retrouver si rarement. Il semblait m′envier en souriant d′un air presque grivois les bons moments que, plus heureux que lui et plus libre, elle me ferait passer. Mais les termes mêmes dont il se servait me montraient la Littérature comme trop différente de l′image que je m′en étais faite à Combray et je compris que j′avais eu doublement raison de renoncer à elle. Jusqu′ici je m′étais seulement rendu compte que je n′avais pas le don d′écrire; maintenant M. de Norpois m′en ôtait même le désir. Je voulus lui exprimer ce que j′avais rêvé; tremblant d′émotion, je me serais fait un scrupule que toutes mes paroles ne fussent pas l′équivalent le plus sincère possible de ce que j′avais senti et que je n′avais jamais essayé de me formuler; c′est dire que mes paroles n′eurent aucune netteté. Peut-être par habitude professionnelle, peut-être en vertu du calme qu′acquiert tout homme important dont on sollicite le conseil et qui sachant qu′il gardera en mains la maîtrise de la conversation, laisse l′interlocuteur s′agiter, s′efforcer, peiner à son aise, peut-être aussi pour faire valoir le caractère de sa tête (selon lui grecque, malgré les grands favoris), M. de Norpois, pendant qu′on lui exposait quelque chose, gardait une immobilité de visage aussi absolue, que si vous aviez parlé devant quelque buste antique — et sourd — dans une glyptothèque. Tout à coup, tombant comme le marteau du commissaire-priseur, ou comme un oracle de Delphes, la voix de l′ambassadeur qui vous répondait vous impressionnait d′autant plus, que rien dans sa face ne vous avait laissé soupçonner le genre d′impression que vous aviez produit sur lui, ni l′avis qu′il allait émettre. No me ofreció absolutamente nada de la Revue des Deux Mondes, pero me hizo un buen número de preguntas sobre mi vida, mis estudios y mis aficiones, de las cuales oía yo ahora por vez primera hablar como de cosa que podría razonablemente atenderse, mientras que hasta aquí se me figuró que era deber el contrariarlas. Y ya que me llevaban camino a la literatura, no quiso él desviarme; al contrario, me habló de ese arte con deferencia, como de una deliciosa y venerable personalidad de cuya tertulia, en Roma o en Dresde, se conserva gratísimo recuerdo, y a la que por necesidades de la vida no podemos ver más que de tarde en tarde, cosa que lamentamos mucho. Parecía como si me envidiara, sonriendo de un modo casi picaresco, los buenos ratos que me iba a hacer pasar a mí, más libre y más dichoso que él, la literatura. Pero hasta las palabras que empleaba el señor de Norpois me mostraban la literatura como muy distinta de aquella imagen suya que yo me formé en Combray; y comprendí que había tenido dos veces razón en renunciar a ella. Hasta ahora sólo me había dado cuenta de que no tenía aptitudes para escribir; pero el señor de Norpois me quito el deseo de escribir. Quise explicarle lo que habían sido mis ilusiones, temblando de emoción, con escrupuloso temor de que cada una de mis palabras no fuera el equivalente más sincero posible de lo que yo había sentido sin formularlo nunca; esto es, que mis palabras carecieran de toda claridad. Quizá por hábito profesional, acaso por esa calma que adquiere todo hombre importante cuyo consejo se solicita, y que como sabe que tiene en sus manos el dominio de la conversación deja al interlocutor que se agite, que se esfuerce y afane a su gusto, acaso para realzar lo característico de su cabeza (Greg según él, a pesar de las grandes patillas), ello es que el señor de Norpois guardaba mientras le exponían alguna cosa una inmovilidad fisonómica tan absoluta como si uno estuviera hablando delante de un busto antiguo -y sordo- en una gliptoteca. Y de pronto, cayendo como cae el martillo del tasador en las subastas, o cual oráculo délfico, la voz del embajador, que respondía, le impresionaba a uno tanto más cuanto que en su rostro no había signo alguno que dejara sospechar cuál era la impresión en él causada ni cuál la opinión que iba a exponer.
«Précisément, me dit-il tout à coup comme si la cause était jugée et après m′avoir laissé bafouiller en face des yeux immobiles qui ne me quittaient pas un instant, j′ai le fils d′un de mes amis qui, mutatis mutandis, est comme vous (et il prit pour parler de nos dispositions communes le même ton rassurant que si elles avaient été des dispositions non pas à la littérature, mais au rhumatisme et s′il avait voulu me montrer qu′on n′en mourait pas). Aussi a-t-il préféré quitter le quai d′Orsay où la voie lui était pourtant toute tracée par son père et sans se soucier du qu′en dira-t-on, il s′est mis à produire. Il n′a certes pas lieu de s′en repentir. Il a publié il y a deux ans, — il est d′ailleurs beaucoup plus âgé que vous, naturellement, — un ouvrage relatif au sentiment de l′Infini sur la rive occidentale du lac Victoria-Nyanza et cette année un opuscule moins important, mais conduit d′une plume alerte parfois même acérée, sur le fusil à répétition dans l′armée bulgare, qui l′ont mis tout à fait hors de pair. Il a déjà fait un joli chemin, il n′est pas homme à s′arrêter en route, et je sais que, sans que l′idée d′une candidature ait été envisagée, on a laissé tomber son nom deux ou trois dans la conversation et d′une façon qui n′avait rien de défavorable, à l′Académie des Sciences morales. En somme, sans pouvoir dire encore qu′il soit au pinacle, il a conquis de haute lutte une fort jolie position et le succès qui ne va pas toujours qu′aux agités et aux brouillons, aux faiseurs d′embarras qui sont presque toujours des faiseurs, le succès a récompensé son effort.» “Precisamente -me dijo de pronto, como si la causa estuviera ya juzgada, después de haberme dejado tartajear delante de aquellos ojos inmóviles que no se apartaban de mí un instante-, el hijo de un amigo mío es, mutatis mutandis, como usted (y tomó para hablar de nuestras disposiciones comunes el mismo tono tranquilizador que si hubieran sido predisposiciones no a la literatura, sino el reumatismo y quisiera demostrarme que eso no mataba a nadie). De modo que ha optado por salirse del Quai d′Orsay, donde tenía el camino ya trazado por su padre, y sin preocuparse del qué dirán se ha dedicado a escribir Y no tiene por qué arrepentirse. Ha publicado hace dos años -claro que es de mucha más edad que usted, naturalmente- una obra relativa al sentimiento de lo Infinito en la orilla occidental del lago Victoria–Nyanza, y este año, un opúsculo, menos importante, pero de pluma muy ágil, y hasta acerada, sobre el fusil de repetición en el ejército búlgaro, que le han ganado un puesto muy distinguido en las letras. Lleva muy buen camino, y no es hombre de los que se paran a la mitad, no; me consta que, sin que se haya pensado por un momento en una candidatura, su nombre ha sonado dos o tres veces, y de modo muy favorable en alguna conversación, en la Academia de Ciencias Morales. En fin, que aunque no pueda decirse aún que está en el pináculo, se ha ganado, muy reñidamente una preciosa posición, y el éxito, que no siempre va a los vocingleros y a los emborronadores, a los presuntuosos, que no suelen ser más que intrigantes, el éxito, digo, ha recompensado su esfuerzo."
Mon père, me voyant déjà académicien dans quelques années, respirait une satisfaction que M. de Norpois porta à son comble quand, après un instant d′hésitation pendant lequel il sembla calculer les conséquences de son acte, il me dit, en me tendant sa carte: «Allez donc le voir de ma part, il pourra vous donner d′utiles conseils», me causant par ces mots une agitation aussi pénible que s′il m′avait annoncé qu′on m′embarquait le lendemain comme mousse à bord d′un voilier. Mi padre, al verme académico dentro de unos años, exhaló una satisfacción que llegó a su colmo cuando el señor de Norpois, tras un instante de vacilación, en el que pareció calcular las consecuencias de su acto, me dijo, ofreciéndome una tarjeta suya: “Vaya usted a verlo de mi parte, y podrá darle algún consejo útil”, causándome con tales palabras tan penosa inquietud cual si me hubieran anunciado que al día siguiente me iban a embarcar en un velero en calidad de grumete.
Ma tante Léonie m′avait fait héritier en même temps que de beaucoup d′objets et de meubles fort embarrassants, de presque toute sa fortune liquide — révélant ainsi après sa mort une affection pour moi que je n′avais guère soupçonnée pendant sa vie. Mon père, qui devait gérer cette fortune jusqu′à ma majorité, consulta M. de Norpois sur un certain nombre de placements. Il conseilla des titres à faible rendement qu′il jugeait particulièrement solides, notamment les Consolidés Anglais et le 4% Russe. «Avec ces valeurs de tout premier ordre, dit M. de Norpois, si le revenu n′est pas très élevé, vous êtes du moins assuré de ne jamais voir fléchir le capital.» Pour le reste, mon père lui dit en gros ce qu′il avait acheté. M. de Norpois eut un imperceptible sourire de félicitations: comme tous les capitalistes, il estimait la fortune une chose enviable, mais trouvait plus délicat de ne complimenter que par un signe d′intelligence à peine avoué, au sujet de celle qu′on possédait; d′autre part, comme il était lui-même colossalement riche, il trouvait de bon goût d′avoir l′air de juger considérables les revenus moindres d′autrui, avec pourtant un retour joyeux et confortable sur la supériorité des siens. En revanche il n′hésita pas à féliciter mon père de la «composition» de son portefeuille «d′un goût très sûr, très délicat, très fin». On aurait dit qu′il attribuait aux relations des valeurs de bourse entre elles, et même aux valeurs de bourse en elles-mêmes, quelque chose comme un mérite esthétique. D′une, assez nouvelle et ignorée, dont mon père lui parla, M. de Norpois, pareil à ces gens qui ont lu des livres que vous vous croyez seul à connaître, lui dit: «Mais si, je me suis amusé pendant quelque temps à la suivre dans la Cote, elle était intéressante», avec le sourire rétrospectivement captivé d′un abonné qui a lu le dernier roman d′une revue, par tranches, en feuilleton. «Je ne vous déconseillerais pas de souscrire à l′émission qui va être lancée prochainement. Elle est attrayante, car on vous offre les titres à des prix tentants.» Pour certaines valeurs anciennes au contraire, mon père ne se rappelant plus exactement les noms, faciles à confondre avec ceux d′actions similaires, ouvrit un tiroir et montra les titres eux-mêmes, à l′Ambassadeur. Leur vue me charma; ils étaient enjolivés de flèches de cathédrales et de figures allégoriques comme certaines vieilles publications romantiques que j′avais feuilletées autrefois. Tout ce qui est d′un même temps se ressemble; les artistes qui illustrent les poèmes d′une époque sont les mêmes que font travailler pour elles les Sociétés financières. Et rien ne fait mieux penser à certaines livraisons de Notre-Dame de Paris et d′uvres de Gérard de Nerval, telles qu′elles étaient accrochées à la devanture de l′épicerie de Combray, que, dans son encadrement rectangulaire et fleuri que supportaient des divinités fluviales, une action nominative de la Compagnie des Eaux. Mi tía Leoncia me había dejado, además de muchos objetos y muebles muy cargantes, toda su fortuna líquida, revelando así después de muerta un afecto hacia mí que yo no sospeché cuando viva. Mi padre, a quien le tocaba administrar esta fortuna hasta mi mayoría de edad, consultó al señor de Norpois respecto al modo de colocar algunos fondos, especialmente respecto a los consolidados ingleses y el 4 por 100 ruso. “Con ese papel, de primer orden -dijo el señor de Norpois--, aunque la renta no sea muy alta, por lo menos está usted seguro de que el capital no baja.” Le expuso mi padre, sin concretar, los valores que había comprado aparte de aquellos. El señor de Norpois dibujó una imperceptible sonrisa de enhorabuena; como todos los capitalistas, consideraba la riqueza cosa envidiable; pero le parecía más delicado no cumplimentar a una persona por la fortuna que poseía más que con un signo de inteligencia apenas declarado; y además, como él era inmensamente rico, creía de mejor gusto el aparentar que juzgaba considerables las rentas inferiores de los demás, aunque sin dejar de echar una ojeada de bienestar y alegría sobre la superioridad de las suyas. Pero no vaciló en felicitar a mi padre por la “composición” de su cartera de valores, que revelaba, dijo, “un gusto muy seguro, muy delicado y muy fino”. Parecía como que atribuyese a las relaciones de los valores bursátiles entre sí y hasta a los valores mismos algo como un mérito estético. Mi padre le habló de un papel nuevo e ignorado, y el señor de Norpois le contestó, como una de esas personas que también han leído esos libros que nos figurábamos que no conocía nadie más que nosotros: “Sí, ya lo creo, me he entretenido en seguirlo en las cotizaciones durante algún tiempo, y es interesante”; y lo decía con la sonrisa de retrospectiva seducción de un suscriptor que leyó a trozos, en folletón, la última novela de una revista. “No sería yo quien le quitara la intención de suscribirse a la emisión que pronto se va a lanzar. Tiene mucho atractivo porque ofrecen los títulos a precios tentadores”. En cambio, mi padre no se acordaba exactamente del nombre de otros valores antiguos, fáciles de confundir con acciones similares, y abriendo un cajón enseñó los títulos estos al embajador. Me encantó verlos; estaban adornados con agujas de catedrales y figuras alegóricas, como unas publicaciones románticas que yo había hojeado alguna vez. Todo lo de una misma época se parece; los artistas que ilustran los poemas de un determinado período son los mismos que trabajan para las sociedades financieras. Y no hay nada que recuerde más algunas entregas de Notre Dame de Paris o de las obras de Gerardo de Nerval, de esas que yo veía colgadas en el escaparate de la tienda de ultramarinos de Combray, que una acción nominativa de la Compañía de Aguas con aquella orla rectangular y florida que aguantaban divinidades fluviales.
Mon père avait pour mon genre d′intelligence un mépris suffisamment corrigé par la tendresse pour qu′au total, son sentiment sur tout ce que je faisais fut une indulgence aveugle. Aussi n′hésita-t-il pas à m′envoyer chercher un petit poème en prose que j′avais fait autrefois à Combray en revenant d′une promenade. Je l′avais écrit avec une exaltation qu′il me semblait devoir communiquer à ceux qui le liraient. Mais elle ne dut pas gagner M. de Norpois, car ce fut sans me dire une parole qu′il me le rendit. Como el género de inteligencia que yo poseía inspiraba a mi padre desprecio, grandemente corregido por el cariño, en resumen su sentimiento hacia las cosas que yo hacía era de ciega indulgencia. Y por eso no dudó en mandarme buscar un poemita en prosa que yo hice en Combray al volver de un paseo. Lo había yo escrito con una exaltación que, según yo pensaba, habría de transmitirse a los que lo leyeran. Pero indudablemente al señor de Norpois no lo conquistó porque me lo devolvió sin decirme una palabra.
Ma mère, pleine de respect pour les occupations de mon père, vint demander, timidement, si elle pouvait faire servir. Elle avait peur d′interrompre une conversation où elle n′aurait pas eu à être mêlée. Et, en effet, à tout moment mon père rappelait au marquis quelque mesure utile qu′ils avaient décidé de soutenir à la prochaine séance de Commission, et il le faisait sur le ton particulier qu′ont ensemble dans un milieu différent — pareils en cela à deux collégiens — deux collègues à qui leurs habitudes professionnelles créent des souvenirs communs où n′ont pas accès les autres et auxquels ils s′excusent de se reporter devant eux. Mamá, muy respetuosa con las ocupaciones de mi padre llegó en esto a preguntar tímidamente si podía mandar que sirvieran la cena. Tenía miedo a interrumpir una conversación en la que ella acaso no debiera entremeterse. Y, en efecto, mi padre a cada momento recordaba al marqués alguna determinación útil que habían decidido ellos defender en la sesión próxima de la Comisión, y lo hacía con el tono particular que emplean en un ambiente distinto al suyo, lo mismo que dos colegiales, dos colegas a quienes la costumbre de su profesión dio una base de recuerdos comunes donde las demás gentes no tienen acceso y que ellos se excusan de tratar en público.
Mais la parfaite indépendance des muscles du visage à laquelle M. de Norpois était arrivé, lui permettait d′écouter sans avoir l′air d′entendre. Mon père finissait par se troubler: «J′avais pensé à demander l′avis de la Commission . . . » disait-il à M. de Norpois après de longs préambules. Alors du visage de l′aristocratique virtuose qui avait gardé l′inertie d′un instrumentiste dont le moment n′est pas venu d′exécuter sa partie, sortait avec un débit égal, sur un ton aigu et comme ne faisant que finir, mais confiée cette fois à un autre timbre, la phrase commencée: «Que bien entendu vous n′hésiterez pas à réunir, d′autant plus que les membres vous sont individuellement connus et peuvent facilement se déplacer.» Ce n′était pas évidemment en elle-même une terminaison bien extraordinaire. Mais l′immobilité qui l′avait précédée la faisait se détacher avec la netteté cristalline, l′imprévu quasi malicieux de ces phrases par lesquelles le piano, silencieux jusque-là, réplique, au moment voulu, au violoncelle qu′on vient d′entendre, dans un concerto de Mozart. Pero gracias a aquella perfecta indiferencia de sus músculos faciales que había logrado, el señor de Norpois podía escuchar sin que pareciera que se enteraba de lo que le decían. Mi padre acababa de azorarse. “Había pensado en solicitar el parecer de la Comisión...”, decía al señor de Norpois tras largos preámbulos. Y entonces el rostro del aristocrático virtuoso, que había guardado la inercia de un instrumentista a quien no le llegó aún el momento de ejecutar su parte, salía la frase empezada, con perfecta prolación, en tono agudo, y como el que no hace más que rematar, pero con timbre distinto a aquel en que fue iniciada por mi padre: “...que desde luego usted no vacilará en convocar; tanto más, cuanto que conoce usted personalmente a cada uno de sus individuos y sabe que no les cuesta trabajo”. Evidentemente, no era un final en sí mismo extraordinario. Pero la inmoralidad que le precedió le hacía destacarse con la nitidez cristalina y la inesperada novedad, maliciosa casi, de esas frases con que el piano, silencioso hasta entonces, replica en el debido momento al violoncelo que se acaba de oír en un concierto de Mozart.
«Hé bien, as-tu été content de ta matinée? me dit mon père, tandis qu′on passait à table, pour me faire briller et pensant que mon enthousiasme me ferait juger par M. de Norpois. Il est allé entendre la Berma tantôt, vous vous rappelez que nous en avions parlé ensemble, dit-il en se tournant vers le diplomate du même ton d′allusion rétrospective, technique et mystérieuse que s′il se fût agi d′une séance de la Commission. ¿Qué, estás contentó de esta tarde? -me dijo mi padre cuando nos íbamos a sentar a la mesa, con objeto de que me, luciera, y así, por mi entusiasmo, me pudiera juzgar mejor el señor de Norpois-. Ha ido a ver a la Berma. Ya se acordará usted de que estuvimos hablando de eso dijo volviéndose hacia el diplomático, con el mismo tono de alusión retrospectiva técnica y misteriosa que si se hubiera tratado de una sesión de la Comisión.
«Vous avez dû être enchanté, surtout si c′était la première fois que vous l′entendiez. M. votre père s′alarmait du contre-coup que cette petite escapade pouvait avoir sur votre état de santé, car vous êtes un peu délicat, un peu frêle, je crois. Mais je l′ai rassuré. Les théâtres ne sont plus aujourd′hui ce qu′ils étaient il y a seulement vingt ans. Vous avez des sièges à peu près confortables, une atmosphère renouvelée, quoique nous ayons fort à faire encore pour rejoindre l′Allemagne et l′Angleterre, qui à cet égard comme à bien d′autres ont une formidable avance sur nous. Je n′ai pas vu Mme Berma dans Phèdre, mais j′ai entendu dire qu′elle y était admirable. Et vous avez été ravi, naturellement?» Le habrá a usted encantado, sobre todo si era la primera vez que la oía. Su señor padre se alarmaba un poco de la repercusión que esa pequeña escapatoria pudiera determinar en su salud de usted, porque tengo entendido que está usted algo delicado, un poco débil. Pero yo lo tranquilicé. Hoy los teatros no son lo que eran hace veinte años, por no ir más lejos. Tiene usted asientos bastante cómodos, una atmósfera ventilada, aunque claro es que todavía nos falta mucho para ponernos a la altura de Alemania e Inglaterra, que en esto, como en otras muchas cosas, están mucho más adelantadas que nosotros. No he visto a la Berma en Phédye, pero me han dicho que está admirable. ¿A usted le habrá gustado muchísimo?
M. de Norpois, mille fois plus intelligent que moi, devait détenir cette vérité que je n′avais pas su extraire du jeu de la Berma, il allait me la découvrir; en répondant à sa question, j′allais le prier de me dire en quoi cette vérité consistait; et il justifierait ainsi ce désir que j′avais eu de voir l′actrice. Je n′avais qu′un moment, il fallait en profiter et faire porter mon interrogatoire sur les points essentiels. Mais quels étaient-ils? Fixant mon attention tout entière sur mes impressions si confuses, et ne songeant nullement à me faire admirer de M. de Norpois, mais à obtenir de lui la vérité souhaitée, je ne cherchais pas à remplacer les mots qui me manquaient par des expressions toutes faites, je balbutiai, et finalement, pour tâcher de le provoquer à déclarer ce que la Berma avait d′admirable, je lui avouai que j′avais été déçu. El señor de Norpois, mil veces superior a mí en inteligencia, debía de poseer esa verdad que yo no supe extraer del arte de la Berma, e indudablemente me la revelaría, porque yo, para responder a su pregunta, iba a rogarle que me dijese en qué consistía esa verdad, y así justificaría ante el señor de Norpois mis vivos deseos de ver a la artista. No disponía más que de un momento, era menester aprovecharlo bien y llevar mi interrogatorio a los puntos esenciales. Pero, ¿cuáles eran? Como tenía fija la atención en mis tan confusas impresiones y no pensaba en modo alguno en ganarme la admiración del señor de Norpois, sino en sacar de él la ansiada verdad, no intenté substituir las palabras que no se me ocurrían con lugares comunes; empecé a balbucear, y por último, para tratar de obligarlo a que me dijera en qué consistía lo admirable de la Berma, le confesé que me había desilusionado.
— «Mais comment, s′écria mon père, ennuyé de l′impression fâcheuse que l′aveu de mon incompréhension pouvait produire sur M. de Norpois, comment peux-tu dire que tu n′as pas eu de plaisir, ta grand′mère nous a raconté que tu ne perdais pas un mot de ce que la Berma disait, que tu avais les yeux hors de la tête, qu′il n′y avait que toi dans la salle comme cela.» ¿Cómo es eso dijo mi padre, molesto por la impresión desagradable que pudiera hacerle al señor de Norpois la confesión de mi incomprensión-; cómo dices que no has disfrutado, si nos ha contado la abuela que no perdías una sola palabra de las que decía la Berma, que se te saltaban los ojos y que no había en todo el teatro nadie más atento que tú?
— «Mais oui, j′écoutais de mon mieux pour savoir ce qu′elle avait de si remarquable. Sans doute, elle est très bien . . . » -Sí, eso sí; escuchaba lo mejor que podía, para averiguar lo que tiene de notable.
— «Si elle est très bien, qu′est-ce qu′il te faut de plus?» Desde luego que está muy bien.
— «Une des choses qui contribuent certainement au succès de Mme Berma, dit M. de Norpois en se tournant avec application vers ma mère pour ne pas la laisser en dehors de la conversation et afin de remplir consciencieusement son devoir de politesse envers une maîtresse de maison, c′est le goût parfait qu′elle apporte dans le choix de ses rôles et qui lui vaut toujours un franc succès, et de bon aloi. Elle joue rarement des médiocrités. Voyez, elle s′est attaquée au rôle de Phèdre. D′ailleurs, ce goût elle l′apporte dans ses toilettes, dans son jeu. Bien qu′elle ait fait de fréquentes et fructueuses tournées en Angleterre et en Amérique, la vulgarité je ne dirai pas de John Bull ce qui serait injuste, au moins pour l′Angleterre de l′ère Victorienne, mais de l′oncle Sam n′a pas déteint sur elle. Jamais de couleurs trop voyantes, de cris exagérés. Et puis cette voix admirable qui la sert si bien et dont elle joue à ravir, je serais presque tenté de dire en musicienne!» -Entonces, ¿qué más quieres? -Una de las cosas que más contribuyen al éxito de la Berma dijo el señor de Norpois volviéndose marcadamente hacia mi madre, para que no se quedara fuera de la conversación y para cumplir a toda conciencia sus deberes de cortesía con la señora de la casa es el gusto perfecto con que escoge sus papeles, y que le vale siempre éxitos francos y de buena ley. Rara vez representa cosas mediocres. Ya ve usted que va a buscar el papel de Fedra. Además, ese buen gusto lo tiene también para vestirse y para representar. Aunque ha hecho muchas y muy fructuosas salidas a Inglaterra y América, la vulgaridad, no diré de John Bull, cosa que sería injusta, por lo menos para la Inglaterra de la reina Victoria, pero sí del Tío Sam, no se le ha pegado nada. Nunca colores llamativos ni gritos exagerados. Y además, esa voz admirable, que tanto la ayuda y que ella emplea de un modo seductor, casi me atrevería a decir como un músico.
Mon intérêt pour le jeu de la Berma n′avait cessé de grandir depuis que la représentation était finie parce qu′il ne subissait plus la compression et les limites de la réalité; mais j′éprouvais le besoin de lui trouver des explications; de plus, il s′était porté avec une intensité égale, pendant que la Berma jouait, sur tout ce qu′elle offrait, dans l′indivisibilité de la vie, à mes yeux, à mes oreilles; il n′avait rien séparé et distingué; aussi fut-il heureux de se découvrir une cause raisonnable dans ces éloges donnés à la simplicité, au bon goût de l′artiste, il les attirait à lui par son pouvoir d′absorption, s′emparait d′eux comme l′optimisme d′un homme ivre des actions de son voisin dans lesquelles il trouve une raison d′attendrissement. «C′est vrai, me disais-je, quelle belle voix, quelle absence de cris, quels costumes simples, quelle intelligence d′avoir été choisir Phèdre! Non, je n′ai pas été déçu!» Mi interés por el modo de representar de la Berma había ido acreciéndose incesantemente desde que terminara la función porque entonces ya no estaba dominado por la compresión y los límites de la realidad; pero sentía yo deseo de encontrarle explicaciones; además, había actuado ese interés con igual intensidad, mientras que la Berma trabajaba, sobre todo lo que la actriz ofrecía, con la indivisibilidad de la vida, a mi vista y a mis oídos; así, que se alegró mucho de encontrarse a sí mismo una causa razonable en aquellos elogios tributados a la sencillez y al buen gusto de la artista, los atrajo para sí con su poder de absorción, se apoderó de ellos como se apodera el optimismo de un borracho de las acciones de su prójimo, para encontrar en ellas un motivo para enternecerse. “Es verdad -me decía yo-: ¡qué voz tan hermosa, y sin ningún grito! ¡Qué trajes tan sencillos, y qué inteligencia la de haber ido a escoger la Phédre! No, no me ha desilusionado."
Le buf froid aux carottes fit son apparition, couché par le Michel-Ange de notre cuisine sur d′énormes cristaux de gelée pareils à des blocs de quartz transparent. Hizo su aparición el plato de vaca fiambre con zanahorias, tendido por el Miguel Ángel de nuestra cocina encima de enormes cristales de gelatina que semejaban bloques de cuarzo transparente.
« — Vous avez un chef de tout premier ordre, madame, dit M. de Norpois. Et ce n′est pas peu de chose. Moi qui ai eu à l′étranger à tenir un certain train de maison, je sais combien il est souvent difficile de trouver un parfait maître queux. Ce sont de véritables agapes auxquelles vous nous avez conviés là.» -Señora, tiene usted un maestro cocinero de primer orden dijo el señor de Norpois-- Y no es cosa de poca monta. Yo, como en el extranjero tuve que tener un cierto rango de casa, ya sé lo difícil que es muchas veces encontrar un perfecto maestro cocinero. Esto es un verdadero ágape, señora.
Et, en effet, Françoise, surexcitée par l′ambition de réussir pour un invité de marque un dîner enfin semé de difficultés dignes d′elle, s′était donné une peine qu′elle ne prenait plus quand nous étions seuls et avait retrouvé sa manière incomparable de Combray. En efecto, Francisca, espoleada por la ambición de triunfar con un convidado de nota en una comida sembrada de dificultades dignas de ella, se tomó un trabajo que ya no se tomaba cuando guisaba para nosotros solos, y volvió a dar con su incomparable estilo de Combray.
— Voilà ce qu′on ne peut obtenir au cabaret, je dis dans les meilleurs: une daube de buf où la gelée ne sente pas la colle, et où le buf ait pris parfum des carottes, c′est admirable! Permettez-moi d′y revenir, ajouta-t-il en faisant signe qu′il voulait encore de la gelée. Je serais curieux de juger votre Vatel maintenant sur un mets tout différent, je voudrais, par exemple, le trouver aux prises avec le buf Stroganof. -Esto es lo que no se puede encontrar en una casa de comidas, aunque sea de las buenas: un plato de vaca estofada con gelatina que no huela a cola y que haya cogido bien el perfume de la zanahoria. ¡Es admirable! Permítame que insista -añadió, indicando que quería más gelatina-. Tendría curiosidad en juzgar ahora a su Vatel de ustedes en un plato enteramente distinto: me gustaría, por ejemplo, ver cómo se las entendía con un guiso de vaca a lo Stroganof.
M. de Norpois pour contribuer lui aussi à l′agrément du repas nous servit diverses histoires dont il régalait fréquemment ses collègues de carrière, tantôt en citant une période ridicule dite par un homme politique coutumier du fait et qui les faisait longues et pleines d′images incohérentes, tantôt telle formule lapidaire d′un diplomate plein d′atticisme. Mais, à vrai dire, le critérium qui distinguait pour lui ces deux ordres de phrases ne ressemblait en rien à celui que j′appliquais à la littérature. Bien des nuances m′échappaient; les mots qu′il récitait en s′esclaffant ne me paraissaient pas très différents de ceux qu′il trouvait remarquables. Il appartenait au genre d′hommes qui pour les uvres que j′aimais eût dit: «Alors, vous comprenez? moi j′avoue que je ne comprends pas, je ne suis pas initié», mais j′aurais pu lui rendre la pareille, je ne saisissais pas l′esprit ou la sottise, l′éloquence ou l′enflure qu′il trouvait dans une réplique, ou dans un discours et l′absence de toute raison perceptible pourquoi ceci était mal et ceci bien, faisait que cette sorte de littérature m′était plus mystérieuse, me semblait plus obscure qu′aucune. Je démêlai seulement que répéter ce que tout le monde pensait n′était pas en politique une marque d′infériorité mais de supériorité. Quand M. de Norpois se servait de certaines expressions qui traînaient dans les journaux et les prononçait avec force, on sentait qu′elles devenaient un acte par le seul fait qu′il les avait employées et un acte qui susciterait des commentaires. El señor de Norpois, para contribuir también por su parte a los atractivos de la comida, nos brindó unos cuantos sucedidos de esos con que solía obsequiar a sus compañeros de carrera; ya citando algún período ridículo de un hombre político que las gastaba así, y que hacía frases largas y llenas de imágenes incoherentes, ya alguna fórmula lapidaria de un diplomático henchido de aticismo. Pero, a decir verdad, el criterio con que él distinguía esas dos clases de frases no se parecía en nada al que yo aplicaba a la literatura. Se me escapaban muchos matices, y las cosas que él citaba reventando de risa apenas si las diferenciaba yo de las otras que consideraba como notables. Pertenecía a esa clase de personas que me habrían dicho de las obras que me gustaban: “Claro, yo, sabe usted, no lo entiendo, confieso que no lo comprendo, soy un profano”; pero yo podía pagarle en la misma moneda porque se me escapaban la gracia o la tontería, la elocuencia o la hinchazón que él apreciaba en tal réplica o en cual discurso, y la ausencia de toda razón perceptible de por qué esto estaba bien y aquello mal prestaba para mí a esa clase de literatura más misterio y oscuridad que a otra cualquiera. Lo único que yo sacaba en claro es que el repetir lo que todo el mundo piensa no era en política un signo de inferioridad, sino de superioridad. Cuando empleaba el señor de Norpois determinadas expresiones que rodaban por los periódicos, pronunciándolas con mucha fuerza, se tenía la sensación de verlas convertidas en un acto por el solo hecho de que él las empleara, y un acto que provocaría comentarios.
Ma mère comptait beaucoup sur la salade d′ananas et de truffes. Mais l′Ambassadeur après avoir exercé un instant sur le mets la pénétration de son regard d′observateur la mangea en restant entouré de discrétion diplomatique et ne nous livra pas sa pensée. Ma mère insista pour qu′il en reprit, ce que fit M. de Norpois, mais en disant seulement au lieu du compliment qu′on espérait: «J′obéis, madame, puisque je vois que c′est là de votre part un véritable oukase.» Mi madre tenía puestas muchas esperanzas en la ensalada de piña y trufas. Pero el embajador, después de ejercitar en aquel manjar su penetrante mirada de observador, se la comió y siguió envuelto en una diplomática discreción, sin franquearnos su pensamiento. Mi madre insistió para que repitiera, cosa que hizo el señor de Norpois, pero diciendo al mismo tiempo, en lugar del esperado cumplimiento: -Señora, obedezco porque veo que es todo un ucase de usted.
— «Nous avons lu dans les «feuilles» que vous vous étiez entretenu longuement avec le roi Théodose, lui dit mon père.» -Hemos leído en los “papeles” que ha hablado usted largamente con el rey Teodosio - le dijo mi padre.
— «En effet, le roi qui a une rare mémoire des physionomies a eu la bonté de se souvenir en m′apercevant à l′orchestre que j′avais eu l′honneur de le voir pendant plusieurs jours à la cour de Bavière, quand il ne songeait pas à son trône oriental (vous savez qu′il y a été appelé par un congrès européen, et il a même fort hésité à l′accepter, jugeant cette souveraineté un peu inégale à sa race, la plus noble, héraldiquement parlant, de toute l′Europe). Un aide-de-camp est venu me dire d′aller saluer Sa Majesté, à l′ordre de qui je me suis naturellement empressé de déférer.» -Es verdad; el rey, que tiene gran memoria para las fisonomías, me vio en el patio de butacas y tuvo la bondad de acordarse de que me cupo el honor de hablar con él varias veces en la corte de Baviera cuando ni siquiera soñaba él con su trono oriental (ya saben ustedes que fue llamado a reinar por un Congreso de potencias europeas, y que dudó mucho antes de decidirse a aceptar; porque juzgaba esa soberanía no muy a la altura de su linaje, que, heráldicamente hablando, es el más noble de toda Europa Vino un edecán a decirme que fuera a saludar a Su Majestad, y yo me apresuré a obedecer sus órdenes.
— «Avez-vous été content des résultats de son séjour?» -¿Le parecen a usted satisfactorios los resultados de su visita?
— «Enchanté! Il était permis de concevoir quelque appréhension sur la façon dont un monarque encore si jeune, se tirerait de ce pas difficile, surtout dans des conjonctures aussi délicates. Pour ma part je faisais pleine confiance au sens politique du souverain. Mais j′avoue que mes espérances ont été dépassées. Le toast qu′il a prononcé à l′èlysée, et qui, d′après des renseignements qui me viennent de source tout à fait autorisée, avait été composé par lui du premier mot jusqu′au dernier, était entièrement digne de l′intérêt qu′il a excité partout. C′est tout simplement un coup de maître; un peu hardi je le veux bien, mais d′une audace qu′en somme l′événement a pleinement justifiée. Les traditions diplomatiques ont certainement du bon, mais dans l′espèce elles avaient fini par faire vivre son pays et le nôtre dans une atmosphère de renfermé qui n′était plus respirable. Eh bien! une des manières de renouveler l′air, évidemment une de celles qu′on ne peut pas recommander mais que le roi Théodose pouvait se permettre, c′est de casser les vitres. Et il l′a fait avec une belle humeur qui a ravi tout le monde et aussi une justesse dans les termes, où on a reconnu tout de suite la race de princes lettrés à laquelle il appartient par sa mère. Il est certain que quand il a parlé des «affinités» qui unissent son pays à la France, l′expression pour peu usitée qu′elle puisse être dans le vocabulaire des chancelleries, était singulièrement heureuse. Vous voyez que la littérature ne nuit pas, même dans la diplomatie, même sur un trône, ajouta-t-il en s′adressant à moi. La chose, était constatée depuis longtemps, je le veux bien, et les rapports entre les deux puissances étaient devenus excellents. Encore fallait-il qu′elle fut dite. Le mot était attendu, il a été choisi à merveille, vous avez vu comme il a porté. Pour ma part j′y applaudis des deux mains.» -Mucho. Era perfectamente lícito el abrigar algún recelo sobre el modo que tendría un monarca tan joven de salir de este paso difícil, sobre todo en una coyuntura tan delicada. Pero yo, por mi parte, tenía absoluta confianza en el sentido político del soberano. Y aun confieso que ha ido mucho más allá de mis esperanzas. El toast que pronunció en el Elíseo, y que según informes que tengo de fuente autorizadísima era obra suya desde la primera hasta la última palabra, mereció el interés que ha suscitado en todas partes. Es una jugada de maestro, quizá un poco atrevida, lo reconozco, pero su audacia ha sido plenamente justificada por las circunstancias. Las tradiciones diplomáticas tienen muchas cosas buenas, pero en este caso había llegado a vivir, tanto en su nación como en la nuestra, en una atmósfera tan cerrada que ya no era respirable. E indudablemente una de las maneras de renovar el aire, claro que una de esas que no se pueden recomendar, pero que el rey Teodosio sí podía permitirse es la de echarlo todo a rodar y romper los cristales. Y lo ha hecho con tanta gracia, que ha seducido a todo el mundo, y además con una justeza de términos donde se rastrea enseguida esa sangre de príncipes letrados que tiene por línea materna. Y cuando habló de las “afinidades” que enlazan a Francia con su nación, la expresión, por poco usada que sea en el lenguaje de las cancillerías, fue extraordinariamente acertada. Ya ve usted dijo, dirigiéndose a mí- que la literatura nunca está de sobra, ni siquiera en la diplomacia, ni en los tronos. Claro que la cosa estaba bien vista hacía mucho tiempo, es verdad, y las relaciones entre los dos países habían llegado a ser excelentes. Pero había que decirlo. Era una palabra que ya se esperaba, pero que ha sido maravillosamente escogida y que, como usted ha visto, ha dado en el blanco.
— «Votre ami, M. De Vaugoubert, qui préparait le rapprochement depuis des années, a dû être content.» - Debe de estar muy contento su amigo el señor de Vaugoubert, que se ha pasado tantos años preparando esa aproximación.
— «D′autant plus que Sa Majesté qui est assez coutumière du fait avait tenu à lui en faire la surprise. Cette surprise a été complète du reste pour tout le monde, à commencer par le Ministre des Affaires étrangères, qui, à ce qu′on m′a dit, ne l′a pas trouvée à son goût. A quelqu′un qui lui en parlait, il aurait répondu très nettement, assez haut pour être entendu des personnes voisines: «Je n′ai été ni consulté, ni prévenu», indiquant clairement par là qu′il déclinait toute responsabilité dans l′événement. Il faut avouer que celui-ci a fait un beau tapage et je n′oserais pas affirmer ajouta-t-il avec un sourire malicieux, que tels de mes collègues pour qui la loi suprême semble être celle du moindre effort, n′en ont pas été troublés dans leur quiétude. Quant à Vaugoubert, vous savez qu′il avait été fort attaqué pour sa politique de rapprochement avec la France, et il avait dû d′autant plus en souffrir, que c′est un sensible, un cur exquis. J′en puis d′autant mieux témoigner que bien qu′il soit mon cadet et de beaucoup, je l′ai fort pratiqué, nous sommes amis de longue date, et je le connais bien. D′ailleurs qui ne le connaîtrait? C′est une âme de cristal. C′est même le seul défaut qu′on pourrait lui reprocher, il n′est pas nécessaire que le cur d′un diplomate soit aussi transparent que le sien. Cela n′empêche pas qu′on parle de l′envoyer à Rome, ce qui est un bel avancement, mais un bien gros morceau. Entre nous, je crois que Vaugoubert, si dénué qu′il soit d′ambition en serait fort content et ne demande nullement qu′on éloigne de lui ce calice. Il fera peut-être merveille là-bas; il est le candidat de la Consulta, et pour ma part, je le vois très bien, lui artiste, dans le cadre du palais Farnèse et la galerie des Carraches. Il semble qu′au moins personne ne devrait pouvoir le haî°» mais il y a autour du Roi Théodose, toute une camarilla plus ou moins inféodée à la Wilhelmstrasse dont elle suit docilement les inspirations et qui a cherché de toutes façons à lui tailler des croupières. Vaugoubert n′a pas eu à faire face seulement aux intrigues de couloirs mais aux injures de folliculaires à gages qui plus tard, lâches comme l′est tout journaliste stipendié, ont été des premiers à demander l′aman, mais qui en attendant n′ont pas reculé à faire état, contre notre représentant, des ineptes accusations de gens sans aveu. Pendant plus d′un mois les ennemis de Vaugoubert ont dansé autour de lui la danse du scalp, dit M. de Norpois, en détachant avec force ce dernier mot. Mais un bon averti en vaut deux; ces injures il les a repoussées du pied, ajouta-t-il plus énergiquement encore, et avec un regard si farouche que nous cessâmes un instant de manger. Comme dit un beau proverbe arabe: «Les chiens aboient, la caravane passe.» Après avoir jeté cette citation, M. de Norpois s′arrêta pour nous regarder et juger de l′effet qu′elle avait produit sur nous. Il fut grand, le proverbe nous était connu. Il avait remplacé cette année-là chez les hommes de haute valeur cet autre: «Qui sème le vent récolte la tempête», lequel avait besoin de repos, n′étant pas infatigable et vivace comme: «Travailler pour le Roi de Prusse.» Car la culture de ces gens éminents était une culture alternée, et généralement triennale. Certes les citations de ce genre, et desquelles M. de Norpois excellait à émailler ses articles de la Revue, n′étaient point nécessaires pour que ceux-ci parussent solides et bien informés. Même dépourvus de l′ornement qu′elles apportaient, il suffisait que M. de Norpois écrivit à point nommé — ce qu′il ne manquait pas de faire —: «Le Cabinet de Saint-James ne fut pas le dernier à sentir le péril» ou bien: «l′émotion fut grande au Pont-aux-Chantres où l′on suivait d′un il inquiet la politique égoî²´e mais habile de la monarchie bicéphale», ou: «Un cri d′alarme partit de Montecitorio», ou encore «cet éternel double jeu qui est bien dans la manière du Ballplatz». A ces expressions le lecteur profane avait aussitôt reconnu et salué le diplomate de carrière. Mais ce qui avait fait dire qu′il était plus que cela, qu′il possédait une culture supérieure, cela avait été l′emploi raisonné de citations dont le modèle achevé restait alors: «Faites-moi de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances, comme avait coutume de dire le Baron Louis.» (On n′avait pas encore importé d′Orient: «La victoire est à celui des deux adversaires qui sait souffrir un quart d′heure de plus que l′autre comme disent les Japonais»). Cette réputation de grand lettré, jointe à un véritable génie d′intrigue caché sous le masque de l′indifférence avait fait entrer M. de Norpois à l′Académie des Sciences Morales. Et quelques personnes pensèrent même qu′il ne serait pas déplacé à l′Académie Française, le jour où voulant indiquer que c′est en resserrant l′alliance russe que nous pourrions arriver à une entente avec l′Angleterre, il n′hésita pas à écrire: «Qu′on le sache bien au quai d′Orsay, qu′on l′enseigne désormais dans tous les manuels de géographie qui se montrent incomplets à cet égard, qu′on refuse impitoyablement au baccalauréat tout candidat qui ne saura pas le dire: «Si tous les chemins mènent à Rome, en revanche la route qui va de Paris à Londres passe nécessairement par Pétersbourg.» -Y mucho más aún porque Su Majestad, que es muy aficionado a eso, ha querido darle la sorpresa. Sorpresa que lo ha sido totalmente para todo el mundo, empezando por el ministro de Asuntos Extranjeros; por lo que me han dicho, no le ha gustado mucho. Parece ser que a una persona que le hablaba de eso le contestó claramente, y en voz bastante alta para que pudiesen oírlo los que estaban alrededor: “A mí ni me han consultado ni me avisaron antes, dando a entender con eso que declinaba toda responsabilidad por el acontecimiento. Claro que la cosa ha metido mucho ruido, y no me atrevería yo a afirmar -añadió con sonrisa de malicia- que alguno de mis compañeros, que parecen acatar como ley suprema la del menor esfuerzo, no se hayan visto un poco sacudidos en su quietud. Y Vaugoubert ya sabe usted que fue muy atacado por la política de aproximación a Francia, y debió de dolerle mucho, porque es hombre de mucha sensibilidad, un corazón finísimo. Yo tengo motivos para decirlo porque, aunque es mucho más nuevo que yo en la carrera, lo he tratado mucho, somos amigos antiguos y lo conozco muy bien. Y además es muy fácil de conocer. Tiene un alma de cristal. Y ése es el único defecto que podría echársele en cara: no es necesario que un diplomático tenga el corazón tan transparente como el suyo; ya se habla de mandarlo a Roma, que significa un ascenso hermoso, pero que es un hueso difícil. Aquí en confianza, diré a ustedes que a Vaugoubert, por poco ambicioso que sea, le gustará mucho eso de Roma y no pedirá que le quiten ese cilicio. Quizá allí haga maravillas; es el candidato de la Consulta, y yo me lo imagino muy bien a él, que es tan artista, en el ambiente del Palacio Farnesio y la Galería de los Carraggios. Por lo menos, parece que a nadie pudiera inspirar odio; pero alrededor del rey Teodosio se mueve toda una camarilla, sometida más o menos a la Wilhelmstrasse, que sigue las aspiraciones de allí y que ha intentado echar algunas zancadillas a Vaugoubert. Y no sólo se las ha tenido que haber con intrigas de pasillo, sino también con las injurias de folicularios a sueldo, que luego, cobardes, como todo periodista pagado, han sido los primeros en pedir el aman pero que hasta llegar a eso no han dudado en alzar contra nuestro representante acusaciones estúpidas de gente sin garantía. Por espacio de más de un mes los enemigos de Vaugoubert han estado bailando a su alrededor la danza del scalp -dijo el señor de Norpois, subrayando con fuerza esta última palabra-.. Pero hombre prevenido vale por dos: ha rechazado esas injurias con la punta del pie --añadió con más energía aún y poniendo una mirada tan fiera, que por un momento fijamos de comer-. Porque, como dice un hermoso proverbio árabe: “Los perros ladran y la caravana pasa" Después de lanzada la cita, el señor de Norpois se paró para mirarnos y juzgar del efecto que en nosotros hiciera. Y que fue muy grande, porque ya la conocíamos. Era la que aquel año había venido a sustituir en boca de los hombres importantes a esa otra de tan subido valor que dice: “Quien siembra vientos, recoge tempestades”, la, cual tenía necesidad de reposo, pues no era tan viva e infatigable como “Trabajar para el rey de Prusia”. Porque la cultura de esas personas eminentes era una cultura alternativa y generalmente trienal. Cierto que aun sin citas de este género; con las que esmaltaba magistralmente sus artículos de la Revue el soñar Norpois, dichos artículos siempre seguirían pareciendo sólidos y bien informados Y aun sin el ornato de esas rases, bastaba con que el señor de Norpois escribiera en su debido tiempo --cosa que no se olvidaba de hacer-: “El Gabinete de Saint–Jarnes no fue de los últimos en darse cuenta del peligro”, o: “Muy grande fue la emoción en el Pont–aux–Chantres, desee donde observaban con inquieta mirada la política egoísta, pero hábil, de la monarquía bicéfala”, o: “Salió de Montecitorio un grito de alarma”, o bien hablara de “ese eterno doble juego, taxi plenamente característico, del Ballplatz”. Por estas expresiones el lector profano reconocía y saludaba enseguida al diplomático de carrera. Pero lo que le había ganado la reputación de alce más que un diplomático, de hombre de superior cultura, fue el razonable uso de citas cuyo perfecto modelo de por entonces era el siguiente: “Deme usted una buena política y yo le daré una buena Hacienda como solía decir el barón Louis”. (Todavía no se había importado de Oriente aquello de “La victoria será de aquel de los dos adversarios que sepa resistir un cuarto de hora más que el otro”, como dicen los japoneses.) Esa reputación de hombre muy letrado, aparte de un verdadero genio para la intriga, que se ocultaba tras la máscara de la indiferencia, abrió al señor de Norpois las puertas de la Academia de Ciencias Morales. Y hasta hubo personas que creyeron que no haría mal papel en la Academia Francesa, aquel día en que el señor de Norpois no dudó en escribir, dando a entender que afirmando aún más la alianza con Rusia podíamos llegar a una inteligencia con Inglaterra: “Hay una frase que deben aprender muy bien en el Quaid d′Orsay, que de hoy en adelante tiene que figurar en los manuales de Geografía, incompletos en esto, que ha de exigirse implacablemente en el examen de todo el que aspire a bachiller, y es ésta: Si es verdad que por todas partes se va a Roma, también lo es que para ir de París a Londres hay que pasar necesariamente por Petersburgo."
«Somme toute, continua M. de Norpois en s′adressant à mon père, Vaugoubert s′est taillé là un beau succès et qui dépasse même celui qu′il avait escompté. Il s′attendait en effet à un toast correct (ce qui après les nuages des dernières années était déjà fort beau) mais à rien de plus. Plusieurs personnes qui étaient au nombre des assistants m′ont assuré qu′on ne peut pas en lisant ce toast se rendre compte de l′effet qu′il a produit, prononcé et détaillé à merveille par le roi qui est maître en l′art de dire et qui soulignait au passage toutes les intentions, toutes les finesses. Je me suis laissé raconter à ce propos un fait assez piquant et qui met en relief une fois de plus chez le roi Théodose cette bonne grâce juvénile qui lui gagne si bien les curs. On m′a affirmé que précisément à ce mot d′«affinités» qui était en somme la grosse innovation du discours, et qui défraiera, encore longtemps vous verrez, les commentaires des chancelleries, Sa Majesté, prévoyant la joie de notre ambassadeur, qui allait trouver là le juste couronnement de ses efforts, de son rêve pourrait-on dire et, somme toute, son bâton de maréchal, se tourna à demi vers Vaugoubert et fixant sur lui ce regard si prenant des Oettingen, détacha ce mot si bien choisi d′«affinités», ce mot qui était une véritable trouvaille sur un ton qui faisait savoir à tous qu′il était employé à bon escient et en pleine connaissance de cause. Il paraît que Vaugoubert avait peine à maîtriser son émotion et dans une certaine mesure, j′avoue que je le comprends. Une personne digne de toute créance m′a même confié que le roi se serait approché de Vaugoubert après le dîner, quand Sa Majesté a tenu cercle et lui aurait dit à mi-voix: «Etes-vous content de votre élève, mon cher marquis?» -En resumen -continuó el señor de Norpois, dirigiéndose a mi padre-, que Vaugoubert se ha endosado un bonito éxito, mayor de lo que él olmo se calculaba. Él se esperaba un toast correcto (que ya era haber logrado bastante después de esos últimos años de nubarrones) y nada más. Algunas personas que estuvieron en el banquete me han dicho que no es posible darse cuenta por la mera lectura del toast del efecto que hizo, porque parece que el rey, que es un maestro del arte de decir, lo pronunció y detalló maravillosamente, subrayando todas las intenciones y sutilezas. Y a propósito de esto me han contado, sin que yo lo asegure, una cosa muy divertida que hace resaltar una vez más esa amable gracia juvenil del rey Teodosio, que le gana todas las voluntades. Pues me han dicho que al llegar a esa palabra de “afinidades” que venía a ser la gran innovación del discurso, y que verá usted cómo sigue por mucho tiempo haciendo el gasto de los comentarios en las cancillerías, Su Majestad, previendo la alegría de nuestro embajador, que iba á ver justamente coronados sus esfuerzos, sus sueños casi vamos, que iba a ganarse su bastón de mariscal, se volvió a medias hacia él y, clavándole esa mirada tan seductora de los Oettingen, hizo resaltar esa palabra de “afinidades”, tan bien escogida y que era un verdadera acierto, en tono que daba a entender a todo el mundo que la empleaba con toda conciencia y con pleno conocimiento de causa. Y según parece, a Vaugoubert le costo trabajo dominar su emoción, cosa que comprendo hasta cierto punto. Y persona que me merece entero crédito dice que el rey se acercó a Vangoubert, acabada la comida cuando Su Majestad hizo corrillo y le dijo a media voz: “Está usted satisfecho de su discípulo mi caro marqués?
«Il est certain, conclut M. de Norpois, qu′un pareil toast a plus fait que vingt ans de négociations pour resserrer les deux pays, leurs «affinités», selon la pittoresque expression de Théodose II. Ce n′est qu′un mot, si vous voulez, mais voyez, quelle fortune il a fait, comme toute la presse européenne le répète, quel intérêt il éveille, quel son nouveau il a rendu. Il est d′ailleurs bien dans la manière du souverain. Je n′irai pas jusqu′à vous dire qu′il trouve tous les jours de purs diamants comme celui-là. Mais il est bien rare que dans ses discours étudiés, mieux encore, dans le prime-saut de la conversation il ne donne pas son signalement — j′allais dire il n′appose pas sa signature — par quelque mot à l′emporte-pièce. Je suis d′autant moins suspect de partialité en la matière que je suis ennemi de toute innovation en ce genre. Dix-neuf fois sur vingt elles sont dangereuses. ” Lo cierto es -añadió, para terminar el señor de Norpois- que ese toast ha hecho más por el acercamiento, por las “afinidades”, si empleamos la pintoresca expresión de Teodosio II, que veinte años de negociaciones. Usted me dirá que no es más que una palabra, es cierto; pero observe usted cómo ha hecho fortuna, cómo la repite la prensa europea, el interés que ha despertado y cómo suena a nuevo. No es esto decir que todos los días encuentra diamantes tan limpios como ése. Pero es raro que en sus discursos preparados, y más aún en el hervor de la conversación, no revele su filiación -casi, casi su firma iba a decir- con alguna palabra mordaz. Y yo en este punto no soy sospechoso, porque en principio soy enemigo de innovaciones de ese linaje. De cada veinte veces, diecinueve son peligrosas.
— Oui, j′ai pensé que le récent télégramme de l′empereur d′Allemagne n′a pas dû être de votre goût, dit mon père. -Sí dijo mi padre-; yo me he figurado que el reciente telegrama del emperador de Alemania no ha debido de gustarle a usted.
M. de Norpois leva les yeux au ciel d′un air de dire: «Ah! celui-là! D′abord, c′est un acte d′ingratitude. C′est plus qu′un crime, c′est une faute et d′une sottise que je qualifierai de pyramidale! Au reste si personne n′y met le hola, l′homme qui a chassé Bismarck est bien capable de répudier peu à peu toute la politique bismarckienne, alors c′est le saut dans l′inconnu.» El señor de Norpois alzó los ojos al cielo, como diciendo “¡Ah, ése...!” Y respondió: -En primer término, es un acto de ingratitud. Eso es más que un crimen: es una falta tan tonta, que yo la calificaría de piramidal. Además, si no hay quien lo ataje, un hombre que ha echado a Bismarck es capaz de ir repudiando poco a poco toda la política bismarckiana, y entonces... Sería un salto en las tinieblas.
— Et mon mari m′a dit, monsieur, que vous l′entraîneriez peut-être un de ces étés en Espagne, j′en suis ravie pour lui. -Me ha dicho mi marido que quizá se lo lleve a usted uno de estos veranos a España Me alegro mucho por él.
— Mais oui, c′est un projet tout à fait attrayant et dont je me réjouis. J′aimerais beaucoup faire avec vous ce voyage, mon cher. Et vous, madame, avez-vous déjà songé à l′emploi des vacances? -Sí, es un proyecto muy atractivo y que me seduce. Me agradaría hacer ese viaje con usted, querido amigo. ¿Y usted, señora, tiene ya pensado lo que va a hacer estas vacaciones?
— J′irai peut-être avec mon fils à Balbec, je ne sais. -No lo sé; quizá vaya con mi hijo a Balbec.
— Ah! Balbec est agréable, j′ai passé par là il y a quelques années. On commence à y construire des villas fort coquettes: je crois que l′endroit vous plaira. Mais puis-je vous demander ce qui vous a fait choisir Balbec? -¡Ah! Balbec es agradable. He pasado por allí hace ya años. Ya empiezan a construir hotelitos muy monos; creo que le gustaría a usted el sitio. Pero; me permite usted que le pregunte por qué ha ido a escoger Balbec?
— Mon fils a le grand désir de voir certaines églises du pays, surtout celle de Balbec. Je craignais un peu pour sa santé les fatigues du voyage et surtout du séjour. Mais j′ai appris qu′on vient de construire un excellent hôtel qui lui permettra de vivre dans les conditions de confort requises par son état. -Mi hijo tiene mucho deseo de ver algunas iglesias de la región, sobre todo la de Balbec. Yo, como él está delicado, tenía cierto miedo, por lo cansador que pudiera resultar el viaje y luego por la estancia allí. Pero me he enterado de que acaban de hacer un hotel excelente, donde podrá estar con todas las comodidades que requiere su estado de salud.
— Ah! il faudra que je donne ce renseignement à certaine personne qui n′est pas femme à en faire fi. -¡Ah!, me alegro de saberlo: se lo diré a una persona amiga mía, que no lo echará en saco roto.
— L′église de Balbec est admirable, n′est-ce pas, monsieur, demandai-je, surmontant la tristesse d′avoir appris qu′un des attraits de Balbec résidait dans ses coquettes villas. -La iglesia de Balbec creo que es admirable, ¿no es verdad, caballero? -pregunté yo, dominando la tristeza que me produjo el saber que uno de los alicientes de Balbec era el de los hotelitos muy monos.
— Non, elle n′est pas mal, mais enfin elle ne peut soutenir la comparaison avec ces véritables bijoux ciselés que sont les cathédrales de Reims, de Chartres, et à mon goût, la perle de toutes, la Sainte-Chapelle de Paris. -Sí, no es fea; pero, vamos, no puede compararse con esas verdaderas alhajas cinceladas que se llaman catedral de Reims o de Chartres, ni con la Santa Capilla de París, que para mi gusto es la perla de todas.
— Mais l′église de Balbec est en partie romane? -Pero, ¿la iglesia de Balbec es románica en parte, no?
— En effet, elle est du style roman, qui est déjà par lui-même extrêmement froid et ne laisse en rien présager l′élégance, la fantaisie des architectes gothiques qui fouillent la pierre comme de la dentelle. L′église de Balbec mérite une visite si on est dans le pays, elle est assez curieuse; si un jour de pluie vous ne savez que faire, vous pourrez entrer là, vous verrez le tombeau de Tourville. -Sí, es de estilo románico; ese estilo tan frío de por sí y que en nada presagia la elegancia y la fantasía de los arquitectos góticos, que tallan la piedra como un encaje. La iglesia de Balbec merece una visita cuando se está en esa región; un alía de lluvia que no se sepa qué hacer se puede entrar allí, y se ve el sepulcro de Tourville.
— Est-ce que vous étiez hier au banquet des Affaires étrangères, je n′ai pas pu y aller, dit mon père. -¿Estuvo usted ayer en el banquete del Ministerio de Asuntos Extranjeros? Yo no pude ir dijo mi padre.
— Non, répondit M. de Norpois avec un sourire, j′avoue que je l′ai délaissé pour une soirée assez différente. J′ai dîné chez une femme dont vous avez peut-être entendu parler, la belle madame Swann.» Ma mère réprima un frémissement, car d′une sensibilité plus prompte que mon père, elle s′alarmait pour lui de ce qui ne devait le contrarier qu′un instant après. Les désagréments qui lui arrivaient étaient perçus d′abord par elle comme ces mauvaises nouvelles de France qui sont connues plus tôt à l′étranger que chez nous. Mais curieuse de savoir quel genre de personnes les Swann pouvaient recevoir, elle s′enquit auprès de M. de Norpois de celles qu′il y avait rencontrées. -No -respondió sonriendo el señor de Norpois–; confieso que dejé el banquete por una invitación muy distinta. Cené en casa de una mujer de la que ustedes habrán oído hablar quizá, de la hermosa señora de Swann. Mi madre tuvo que reprimir un estremecimiento, porque como era de sensibilidad más pronta que mi padre, se alarmaba de lo que a él le iba a contrariar un instante más tarde. Las contrariedades que tenía las percibía mi madre antes, como esas malas noticias de Francia que se saben en el extranjero antes que en nuestro país. Pero como tenía curiosidad por saber la clase de gente que podía ir a casa de Swann, preguntó al señor de Norpois quién estaba en la reunión.
— Mon Dieu . . . c′est une maison où il me semble que vont surtout . . . des messieurs. Il y avait quelques hommes mariés, mais leurs femmes étaient souffrantes ce soir-là et n′étaient pas venues, répondit l′ambassadeur avec une finesse voilée de bonhomie et en jetant autour de lui des regards dont la douceur et la discrétion faisaient mine de tempérer et exagéraient habilement la malice. -Pues mire usted, es una casa donde a mí me parece que van sobre todo caballeros solos. Había algunos casados; pero sus señoras estaban indispuestas esa noche y no habían ido –respondió el embajador con finura oculta tras una capa de sencillez y lanzando alrededor miradas que con su suavidad y discreción hacían como que atemperaban la malicia, y en realidad la exageraban hábilmente-.
— Je dois dire, ajouta-t-il, pour être tout à fait juste, qu′il y va cependant des femmes, mais . . . appartenant plutôt . . ., comment dirais-je, au monde républicain qu′à la société de Swann (il prononçait Svann). Qui sait? Ce sera peut-être un jour un salon politique ou littéraire. Du reste, il semble qu′ils soient contents comme cela. Je trouve que Swann le montre même un peu trop. Il nommait les gens chez qui lui et sa femme étaient invités pour la semaine suivante et de l′intimité desquels il n′y a pourtant pas lieu de s′enorgueillir, avec un manque de réserve et de goût, presque de tact, qui m′a étonné chez un homme aussi fin. Il répétait: «Nous n′avons pas un soir de libre», comme si ç‘avait été une gloire, et en véritable parvenu, qu′il n′est pas cependant. Car Swann avait beaucoup d′amis et même d′amies, et sans trop m′avancer, ni vouloir commettre d′indiscrétion, je crois pouvoir dire que non pas toutes, ni même le plus grand nombre, mais l′une au moins, et qui est une fort grande dame, ne se serait peut-être pas montrée entièrement réfractaire à l′idée d′entrer en relations avec Madame Swann, auquel cas, vraisemblablement, plus d′un mouton de Panurge aurait suivi. Mais il semble qu′il n′y ait eu de la part de Swann aucune démarche esquissée en ce sens. Comment encore un pudding à la Nasselrode! Ce ne sera pas de trop de la cure de Carlsbad pour me remettre d′un pareil festin de Lucullus. Peut-être Swann a-t-il senti qu′il y aurait trop de résistances à vaincre. Le mariage cela est certain n′a pas plu. On a parlé de la fortune de la femme, ce qui est une grosse bourde. Mais, enfin, tout cela n′a pas paru agréable. Et puis Swann a une tante excessivement riche et admirablement posée, femme d′un homme qui, financièrement parlant, est une puissance. Et non seulement elle a refusé de recevoir Mme Swann, mais elle a mené une campagne en règle pour que ses amies et connaissances en fissent autant. Je n′entends pas par là qu′aucun parisien de bonne compagnie ait manqué de respect à Madame Swann . . . Non! cent fois non! Le mari était d′ailleurs homme à relever le gant. En tous cas, il y a une chose curieuse, c′est de voir combien Swann, qui connaît tant de monde et du plus choisi, montre d′empressement auprès d′une société dont le moins qu′on puisse dire est qu′elle est fort mêlée. Moi qui l′ai connu jadis, j′avoue que j′éprouvais autant de surprise que d′amusement à voir un homme aussi bien élevé, aussi à la mode dans les coteries les plus triées, remercier avec effusion le Directeur du Cabinet du Ministre des Postes, d′être venu chez eux et lui demander si Mme Swann pourrait se permettre d′aller voir sa femme. Il doit pourtant se trouver dépaysé; évidemment ce n′est plus le même monde. Mais je ne crois pas cependant que Swann soit malheureux. Il y a eu, il est vrai, dans les années qui précédèrent le mariage d′assez vilaines manuvres de chantage de la part de la femme; elle privait Swann de sa fille chaque fois qu′il lui refusait quelque chose. Le pauvre Swann, aussi naqu′il est pourtant raffiné, croyait chaque fois que l′enlèvement de sa fille était une coî­£idence et ne voulait pas voir la réalité. Elle lui faisait d′ailleurs des scènes si continuelles qu′on pensait que le jour où elle serait arrivée à ses fins et se serait fait épouser, rien ne la retiendrait plus et que leur vie serait un enfer. Hé bien! c′est le contraire qui est arrivé. On plaisante beaucoup la manière dont Swann parle de sa femme, on en fait même des gorges chaudes. On ne demandait certes pas que plus ou moins conscient d′être . . . (vous savez le mot de Molière), il allât le proclamer urbi et orbi; n′empêche qu′on le trouve exagéré quand il dit que sa femme est une excellente épouse. Or, ce n′est pas aussi faux qu′on le croit. A sa manière qui n′est pas celle que tous les maris préféreraient, — mais enfin, entre nous, il me semble difficile que Swann qui la connaissait depuis longtemps et est loin d′être un maître-sot, ne sût pas à quoi s′en tenir, il est indéniable qu′elle semble avoir de l′affection pour lui. Je ne dis pas qu′elle ne soit pas volage et Swann lui-même ne se fait pas faute de l′être, à en croire les bonnes langues qui, vous pouvez le penser, vont leur train. Mais elle lui est reconnaissante de ce qu′il a fait pour elle, et, contrairement aux craintes éprouvées par tout le monde, elle paraît devenue d′une douceur d′ange». Ce changement n′était peut-être pas aussi extraordinaire que le trouvait M. de Norpois. Odette n′avait pas cru que Swann finirait par l′épouser; chaque fois qu′elle lui annonçait tendancieusement qu′un homme comme il faut venait de se marier avec sa maîtresse, elle lui avait vu garder un silence glacial et tout au plus, si elle l′interpellait directement en lui demandant: «Alors, tu ne trouves pas que c′est très bien, que c′est bien beau ce qu′il a fait là, pour une femme qui lui a consacré sa jeunesse?», répondre sèchement: «Mais je ne te dis pas que ce soit mal, chacun agit à sa guise.» Elle n′était même pas loin de croire que, comme il le lui disait dans des moments de colère, il l′abandonnerait tout à fait, car elle avait depuis peu entendu dire par une femme sculpteur: «On peut s′attendre à tout de la part des hommes, ils sont si mufles», et frappée par la profondeur de cette maxime pessimiste, elle se l′était appropriée, elle la répétait à tout bout de champ d′un air découragé qui semblait dire: «Après tout, il n′y aurait rien d′impossible, c′est bien ma chance.» Et, par suite, toute vertu avait été enlevée à la maxime optimiste qui avait jusque-là guidé Odette dans la vie: «On peut tout faire aux hommes qui vous aiment, ils sont idiots», et qui s′exprimait dans son visage par le même clignement d′yeux qui eût pu accompagner des mots tels que: «Ayez pas peur, il ne cassera rien.» En attendant, Odette souffrait de ce que telle de ses amies, épousée par un homme qui était resté moin longtemps avec elle, qu′elle-même avec Swann, et n′avait pas elle d′enfant, relativement considérée maintenant, invitée aux bals de l′Élysée, devait penser de la conduite de Swann. Un consultant plus profond que ne l′était M. de Norpois eût sans doute pu diagnostiquer que c′était ce sentiment d′humiliation et de honte qui avait aigri Odette, que le caractère infernal qu′elle montrait ne lui était pas essentiel, n′était pas un mal sans remède, et eût aisément prédit ce qui était arrivé, à savoir qu′un régime nouveau, le régime matrimonial, ferait cesser avec une rapidité presque magique ces accidents pénibles, quotidiens, mais nullement organiques. Presque tout le monde s′étonna de ce mariage, et cela même est étonnant. Sans doute peu de personnes comprennent le caractère purement subjectif du phénomène qu′est l′amour, et la sorte de création que c′est d′une personne supplémentaire, distincte de celle qui porte le même nom dans le monde, et dont la plupart des éléments sont tirés de nous-mêmes. Aussi y a-t-il peu de gens qui puissent trouver naturelles les proportions énormes que finit par prendre pour nous un être qui n′est pas le même que celui qu′ils voient. Pourtant il semble qu′en ce qui concerne Odette on aurait pu se rendre compte que si, certes elle n′avait jamais entièrement compris l′intelligence de Swann, du moins savait-elle les titres, tout le détail de ses travaux, au point que le nom de Ver Meer lui était aussi familier que celui de son couturier; de Swann, elle connaissait à fond ces traits du caractère, que le reste du monde ignore ou ridiculise et dont seule une maîtresse, une sur, possèdent l′image ressemblante et aimée; et nous tenons tellement à eux, même à ceux que nous voudrions le plus corriger, que c′est parce qu′une femme finit par en prendre une habitude indulgente et amicalement railleuse, pareille à l′habitude que nous en avons nous-mêmes, et qu′en ont nos parents, que les vieilles liaisons ont quelque chose de la douceur et de la force des affections de famille. Les liens qui nous unissent à un être se trouvent sanctifiés quand il se place au même point de vue que nous pour juger une de nos tares. Et parmi ces traits particuliers, il y en avait aussi qui appartenaient autant à l′intelligence de Swann qu′à son caractère, et que pourtant en raison de la racine qu′ils avaient malgré tout en celui-ci, Odette avait plus facilement discernés. Elle se plaignait que quand Swann faisait métier d′écrivain, quand il publiait des études, on ne reconnut pas ces traits-là autant que dans les lettres ou dans sa conversation où ils abondaient. Elle lui conseillait de leur faire la part la plus grande. Elle l′aurait voulu parce que c′était ceux qu′elle préférait en lui, mais comme elle les préférait parce qu′ils étaient plus à lui, elle n′avait peut-être pas tort de souhaiter qu′on les retrouvât dans ce qu′il écrivait. Peut-être aussi pensait-elle que des ouvrages plus vivants, en lui procurant enfin à lui le succès, lui eussent permis à elle de se faire, ce que chez les Verdurin elle avait appris à mettre au-dessus de tout: un salon. Es cierto añadió-, y lo digo para no incurrir en inexactitudes, que allí van señoras, pero que pertenecen más bien... ¿cómo diría yo?... al mundo republicano que al medio social de Swann (pronunciaba Svan). ¡Quién sabe! Puede que un día llegue aquél a ser un salón político o literario. Además, parece que con eso están muy satisfechos. Y yo creo que Swann lo manifiesta un poco excesivamente. Estaba enumerando las personas que los habían invitado a él y a su mujer para la semana siguiente, y cuya intimidad no es un motivo de orgullo, con tal falta de reserva y de gusto, casi de tacto, que me ha chocado mucho en hombre tan fino como él. No hacía más que repetir: "No tenemos ni una noche libre", como si fuese cosa de vanagloriarse, y en tono de advenedizo, y él no lo es. Porque Swann tenía muchos amigos y amigas, y creo poder asegurar, sin arriesgarme mucho ni cometer ninguna indiscreción, que ya que no todas esas amigas, ni siquiera la mayor parte, había una, por lo menos, que es una gran señora, que acaso no se hubiese mostrado enteramente refractaria a la idea de relacionarse con la señora de Swann; y en este caso, verosímilmente, más de un carnero de Panurgo hubiera ido detrás de ella. Pero parece que Swann no ha hecho la menor insinuación orientada en ese sentido... ¡Pero cómo! ¡Un pudding a la Nesselrode encima!. Voy a necesitar por lo menos parta temporada de Carlsbad para reponerme de semejante festín de Lúculo! ... Quizá es porque Swann se dio cuenta que habría muchas resistencias que vencer. El casamiento, claro es, no ha caído bien. Hay quien ha hablado de la fortuna de ella, pero es pura bola. Pero, en fin, ello es que eso no ha caído bien. Y Swann tiene una tía riquísima y en muy buena posición, casada con un hombre que financieramente hablando es una potencia, que no sólo no ha querido recibir a la señora de Swann, sino que ha hecho una campaña en toda regla para que hagan lo mismo sus amigos y sus conocidos. Y no es que yo quiera decir con esto que ningún parisiense de buen tono haya faltado al respeto a la señora de Swann... No, eso de ninguna manera. Porque el marido, además, es hombre que habría sabido recoger el guante. En todo caso, es curioso ver a Swann, que conoce a tanta gente y tan selecta, entusiasmado con un medio social del que lo menos que se puede decir es que es muy heterogéneo. Yo lo he conocido hace mucho, y por eso me sorprendía, a la par que me divertía, el ver cómo un hombre tan bien educado, tan a la moda en los grupos más escogidos, daba efusivamente las gracias a un director general del Ministerio de Correos por haber ido a su casa y le preguntaba si la señora de Swann podía tomarse la libertad de ir a ver a su señora. Y no cabe duda que Swann no debe de encontrarse en su ambiente; ese medio social no es el mismo. Y a pesar de eso, yo creo que no se considera desgraciado En aquellos años de antes de la boda hubo algunas maniobras feas por parte de ella: para intimidar a Swann le quitaba a su hija siempre que le negaba algo. El pobre Swann, como es muy ingenuo, a pesar de todo su refinamiento, se creía que cada vez que ella se llevaba a la chica era por pura coincidencia. Y le data escándalos tan continuamente que todo el mundo se figuraba que el día que ella lograra sus fines y lo cazara por marido, Swann ya no podría aguantar más y su vida sería un infierno. Y resulta que ha ocurrido todo lo contrario. El modo que tiene Swann de hablar de su mujer da pie a muchas bromas, hasta se ceban en él. Y claro es que nadie le exigía que siendo un... (bueno, ya saben ustedes como lo decía Molière) más o menos consciente lo fuese proclamando urbi et orbi; pero sé explica que parezca muy exagerado cuando asegura que su mujer es una esposa excelente Y no es eso tan falso como cree la gente: Claro es que a su modo, y es un modo que no preferirían todos los maridos; pero parece innegable que ella le tiene afecto; y, además, aquí entre nosotros, yo considero muy difícil que Swann, que la conocía hace mucho tiempo y que no es tonto de remate, ni mucho menos, no supiera a qué atenerse. Yo no digo que ella no sea una mujer veleidosa, y Swann, por su parte, no se abstiene tampoco de serlo, según dicen las buenas lenguas, que, como ustedes pueden figurarse se despachan a su gusto. Pero ella le está muy agradecida por lo que ha hecho y, al contrario de lo “la gente temía, parece que se ha vuelto un ángel, de cariñosa. Ese cambio acaso no era tan insólito cómo se lo figuraba el señor de Norpois. Odette nunca creyó que Swann acabaría por casarse con ella; todas las veces que le anunciaba tendenciosamente, que un hombre de buen tono se había casado con su querida, observaba Odette que Swann guarda un silencio glacial, y a lo sumo, si ella lo interpelaba directamente diciéndole: “¿Es que no te parece bien, no te parece una cosa muy hermosa eso que ha hecho por una mujer que le consagro su juventud?”, contestaba secamente: “Yo no te digo que esté mal; cada uno obra a su manera”. Y Odette casi llegaba a cree posible que Swann la abandonara algún día, como le había dicho varias veces que haría, porque oyó decir recientemente a una escultora: “De un hombre se puede esperar cualquier cosa, son todos una gentuza”, e impresionada por lo profundo de esa máxima pesimista, la iba repitiendo a cada paso con cara de desaliento, como si pensara “Después de todo, no hay nada imposible: será ésa mi suerte”. Y en consecuencia, perdió toda su fuerza aquella máxima optimista que hasta entonces guiara a Odette en la vida, la de: “A un hombre que nos quiere se le puede hacer cualquier cosa, porque todos son tontos”; máxima que se traducía en su rostro por un guiño que también habría podido significar: “No hay cuidado, no hace nada”. Y entre tanto Odette sufría pensando en lo que opinaría de la conducta de Swann alguna de sus amigas que se había casado con un hombre que fue querido suyo menos tiempo que lo que Swann lo era de ella, que además no tenía hijos de él, y que ahora gozaba de relativa consideración e iba a los bailes del Elíseo. Un consultor menos superficial que el señor de Norpois hubiera diagnosticado que lo que agrió a Odette era ese sentimiento de humillación y de vergüenza, que el carácter infernal que mostraba no era esencialmente el suyo, ni un mal incurable, y hubiese predicho lo que sucedió, esto es, que el régimen matrimonial acabaría con esos accidentes penoso, diarios, pero en ningún modo orgánicos, con rapidez casi mágica. A casi todo el mundo le extrañó el matrimonio, cosa esta de extrañar también. Indudablemente, hay muy pocas personas que comprenden el carácter profundamente subjetivo de ese fenómeno en que consiste el amor, y cómo el amor es una especie de creación de una persona suplementaria distinta de la que lleva en el mundo el mismo nombre, y que formamos con elementos sacados en su mayor parte de nuestro propio interior. Y por eso hay pocas personas a quienes les parezcan naturales las proporciones enormes que toma para nosotros un ser que no es el mismo que ellos ven. Y, sin embargo, en lo que a Odette se refiere, la gente debía haberse dado cuenta que si bien aquélla no llegó nunca a comprender por completo lo inteligente que era Swann, por lo menos sabía los títulos de sus trabajos, estaba muy al corriente de ellos y el nombre de Ver Meer le era tan familiar como el de su modista; además, conocía a fondo esos rasgos de carácter de Swann ignorados o ridiculizados por el resto de la gente, y que sólo una querida o una hermana poseen en imagen amada y exacta; y tenemos tanto apego a dichos rasgos de carácter, hasta a esos de que nos queremos corregir, que si nuestros amores de larga fecha participan en algo del cariño y de la fuerza ,de los afectos de familia es porque una mujer acabó por acostumbrarse a esas características del modo indulgente y cariñosamente burlón con que estamos hechos a mirarlos nosotros y con que los miran nuestros padres. Los lazos que nos unen a un ser se santifican cuando él se coloca en el mismo punto de vista que nosotros para juzgar alguno de nuestros defectos. Y entre estos particulares rasgos los había que tocaban tanto a la inteligencia de Swann como a su carácter, y que, sin embargo por lo mucho que habían arraigado en éste, los discernía Odette mucho más fácilmente. Se quejaba ella de que cuando escribía y publicaba sus trabajos no se apreciaran en ellos esos rasgos mientras que tanto abundaban en sus cartas y en su conversación. Y le aconsejaba que les diera más amplio espacio en sus escritos. Deseábalo ella así porque esos rasgos eran los para ella preferidos de su esposo; pero como si los prefería es porque en realidad eran lo más suyos, no iba quizá muy descaminada al querer verlos reflejados en lo que escribía. Acaso fuese también porque pensara que escribiendo obras más animadas se conquistaría él un triunfo que a ella la pondría en disposición de formarse esa cosa que aprendió a estimar por encima de todo en casa de los Verdurin: una tertulia a la moda.
Parmi les gens qui trouvaient ce genre de mariage ridicule, gens qui pour eux-mêmes se demandaient: «Que pensera M. de Guermantes, que dira Bréauté, quand j′épouserai Mlle de Montmorency?», parmi les gens ayant cette sorte d′idéal social, aurait figuré, vingt ans plus tôt, Swann lui-même. Swann qui s′était donné du mal pour être reçu au Jockey et avait compté dans ce temps-là faire un éclatant mariage qui eût achevé, en consolidant sa situation de faire de lui un des hommes les plus en vue de Paris. Seulement, les images que représentent un tel mariage à l′intéressé ont, comme toutes les images, pour ne pas dépérir et s′effacer complètement, besoin d′être alimentées du dehors. Votre rêve le plus ardent est d′humilier l′homme qui vous a offensé. Mais si vous n′entendez plus jamais parler de lui, ayant changé de pays, votre ennemi finira par ne plus avoir pour vous aucune importance. Si on a perdu de vue pendant vingt ans toutes les personnes à cause desquelles on aurait aimé entrer au Jockey ou à l′Institut, la perspective d′être membre de l′un ou de l′autre de ces groupements, ne tentera nullement. Or, tout autant qu′une retraite, qu′une maladie, qu′une conversion religieuse, une liaison prolongée substitue d′autres images aux anciennes. Il n′y eut pas de la part de Swann, quand il épousa Odette, renoncement aux ambitions mondaines car de ces ambitions-là, depuis longtemps Odette l′avait, au sens spirituel du mot, détaché. D′ailleurs, ne l′eût-il pas été qu′il n′en aurait eu que plus de mérite. C′est parce qu′ils impliquent le sacrifice d′une situation plus ou moins flatteuse à une douceur purement intime, que généralement les mariages infamants sont les plus estimables de tous (on ne peut en effet entendre par mariage infamant un mariage d′argent, n′y ayant point d′exemple d′un ménage où la femme, ou bien le mari se soient vendus et qu′on n′ait fini par recevoir, ne fût-ce que par tradition et sur la foi de tant d′exemples et pour ne pas avoir deux poids et deux mesures). Peut-être, d′autre part, en artiste, sinon en corrompu, Swann eût-il en tous cas éprouvé une certaine volupté à accoupler à lui, dans un de ces croisements d′espèces comme en pratiquent les mendelistes ou comme en raconte la mythologie, un être de race différente, archiduchesse ou cocotte, à contracter une alliance royale ou à faire une mésalliance. Il n′y avait eu dans le monde qu′une seule personne dont il se fût préoccupé, chaque fois qu′il avait pensé à son mariage possible avec Odette, c′était, et non par snobisme, la duchesse de Guermantes. De celle-là, au contraire, Odette se souciait peu, pensant seulement aux personnes situées immédiatement au-dessus d′elle-même plutôt que dans un aussi vague empyrée. Mais quand Swann dans ses heures de rêverie voyait Odette devenue sa femme, il se représentait invariablement le moment où il l′amènerait, elle et surtout sa fille, chez la princesse des Laumes, devenue bientôt la duchesse de Guermantes par la mort de son beau-père. Il ne désirait pas les présenter ailleurs, mais il s′attendrissait quand il inventait, en énonçant les mots eux-mêmes, tout ce que la duchesse dirait de lui à Odette, et Odette à Madame de Guermantes, la tendresse que celle-ci témoignerait à Gilberte, la gâtant, le rendant fier de sa fille. Il se jouait à lui-même la scène de la présentation avec la même précision dans le détail imaginaire qu′ont les gens qui examinent comment ils emploieraient, s′ils le gagnaient, un lot dont ils fixent arbitrairement le chiffre. Dans la mesure où une image qui accompagne une de nos résolutions la motive, on peut dire que si Swann épousa Odette, ce fut pour la présenter elle et Gilberte, sans qu′il y eût personne là, au besoin sans que personne le sût jamais, à la duchesse de Guermantes. On verra comment cette seule ambition mondaine qu′il avait souhaitée pour sa femme et sa fille, fut justement celle dont la réalisation se trouva lui être interdite et par un veto si absolu que Swann mourut sans supposer que la duchesse pourrait jamais les connaître. On verra aussi qu′au contraire la duchesse de Guermantes se lia avec Odette et Gilberte après la mort de Swann. Et peut-être eût-il été sage — pour autant qu′il pouvait attacher de l′importance à si peu de chose — en ne se faisant pas une idée trop sombre de l′avenir, à cet égard, et en réservant que la réunion souhaitée pourrait bien avoir lieu quand il ne serait plus là pour en jouir. Le travail de causalité qui finit par produire à peu près tous les effets possibles, et par conséquent aussi ceux qu′on avait cru l′être le moins, ce travail est parfois lent, rendu un peu plus lent encore par notre désir — qui, en cherchant à l′accélérer, l′entrave — par notre existence même et n′aboutit que quand nous avons cessé de désirer, et quelquefois de vivre. Swann ne le savait-il pas par sa propre expérience, et n′était-ce pas déjà, dans sa vie, — comme une préfiguration de ce qui devait arriver après sa mort, — un bonheur après décès que ce mariage avec cette Odette qu′il avait passionnément aimée — si elle ne lui avait pas plu au premier abord — et qu′il avait épousée quand il ne l′aimait plus, quand l′être qui, en Swann, avait tant souhaité et tant désespéré de vivre toute sa vie avec Odette, quand cet être là était mort? Entre la gente que consideraba ridículo un matrimonio de esa especie, de esos que se preguntaban en su propio caso: ¿Qué opinará el señor Guermantes, qué dirá Bréauté cuando me case con la de Montmorency?”, entre las personas que tenían ese linaje de ideal social habría habido que incluir veinte años antes al propio Swann, a aquel Swann que se tomó tantas fatigas para que lo admitieran en el jockey, y que por entonces calculaba hacer una boda brillante que, consolidando su posición, acabara de convertirlo en uno de los hombres más distinguidos de París. Pero las ilusiones que ofrece a la imaginación del interesado un matrimonio de esa clase necesitan, como todas las ilusiones, que se alimenten desde fuera para no decaer y llegar a borrarse por completo. Supongamos que nuestro más vehemente deseo es humillar al hombre que nos ha ofendido. Pero si se marcha a otras tierras y ya no oímos hablar nunca de él, ese enemigo acabará por no tener ninguna importancia a nuestros ojos. Si perdemos de vista durante veinte años a todas las personas en consideración a las cuales nos habría gustado entrar en el jockey o en la Academia, ya no nos tentará absolutamente nada la perspectiva de ser académico o socio del Jockey. Pues bien, entre las varias cosas que traen ilusiones nuevas en substitución de las antiguas están las enfermedades, el retraimiento del mundo las conversiones religiosas y también unas relaciones amorosas de muchos años. De modo que cuando Swann se casó con Odette no tuvo que hacer renuncia de las ambiciones mundanas, porque ya hacía tiempo que Odette lo había apartado de ellas, en el sentido espiritual de la palabra. Esos matrimonios infamantes son generalmente los más estimables de todos, porque implican el sacrificio de una posición más o menos halagüeña en aras de una dicha puramente íntima (y no se puede entender por matrimonio infamante uno hecho por dinero, pues no hay ejemplo de un matrimonio en que el marido o la mujer se hayan vendido al que no se acabe por abrirle las puertas, aunque sólo sea por tradición, basada en tantos casos análogos y para no medir a la gente con distintos raseros). Además, Swann, por lo que tenía de artista o de corrompido, quizá sintiera cierta voluptuosidad en emparejarse, en uno de esos cruces de especies como los que practican los mendelianos o corno los que nos cuenta la mitología, con un ser de raza distinta, archiduquesa o cocotte, haciendo o una boda regia o una mala boda. No había en el mundo más que una persona que le preocupara cada vez que pensaba en la posibilidad de casarse con Odette, y en ello no entraba el snobismo: la duquesa de Guermantes. Y en cambio a Odette no se le ocurría pensar en esa persona, sino en otras situadas en escala inmediatamente superior a la suya; pero nunca en aquel vago empíreo. Cuando Swann, en sus ratos de soñaciones, veía a Odette convertida en su esposa, se representaba invariablemente el momento en que la llevaría a ella, y sobre todo a su hija, a casa de la princesa de los Laumes, que ya era por la muerte de su suegro, duquesa de Guermantes. No sentía deseos de presentarla en ninguna otra parte; pero se enternecía inventando y hasta enunciando las palabras, todas las cosas a él referentes que Odette contaría a la duquesa y la duquesa a Odette y pensando en el cariño y los mimos con que trataría la señora de Guermantes a Gilberta y en lo orgulloso que estaría él de su hija. Se representaba a sí mismo la escena de la presentación con idéntica precisión de detalles imaginarios que esas personas que calculan en qué van a emplear, si es que les cae, el importe de un premio cuya cifra se fijan ellas mismas arbitrariamente. En cierta medida, la imagen ilusoria que lleva consigo una resolución nuestra es motivo para que la adoptemos, y así, podría decirse que si Swann se casó con Odette fue para presentarla a ella y a Gilberta, sin que hubiera nadie delante, y hasta sin que nadie lo supiera, a la duquesa de Guermantes. Ya se verá cómo esa única ambición mundana que Swann ansiaba para su mujer y su hija fue la única cuya realización le fue negada por un veto tan absoluto, que Swann murió sin poder suponer que hubiesen de tratarse nunca Odette y Gilberta con la duquesa. Y se verá también que, por el contrario, la duquesa de Guermantes trabó amistad con ellas después de muerto Swann. Y acaso hubiera sido más sabio por parte de Swann -en cuanto que atribuía importancia a tan poca cosa- no formarse una idea demasiado negra del porvenir en lo relativo a esta amistad y guardar idea de que el proyectado encuentro quizá ocurriera cuando él ya no estuviese presente para poder gozarlo. El trabajo de causalidad, que acaba por determinar casi todos los efectos posibles, y, en consecuencia, hasta aquellos que más imposibles se creían, labora muy despacio (y aun más despacio si lo miramos a través de nuestro deseo, que al querer acelerarlo le estorba) por nuestra existencia, y llega a la meta cuando ya hemos dejado de desear y a veces de vivir. ¿Es que Swann no lo sabía por experiencia propia? ¿Acaso no hubo en su vida -como prefiguración de lo que iba a ocurrir después de él muerto- algo como una felicidad póstuma en ese matrimonio con Odette, a la que quiso con tanta pasión - aunque al principio no le había gustado- y con la que no se casó hasta que dejó de quererla, ciando aquel ser que Swann llevaba en sí y que tanto deseó, y sin esperanza, vivir siempre con Odette estaba ya muerto?
Je me mis à parler du comte de Paris, à demander s′il n′était pas ami de Swann, car je craignais que la conversation se détournât de celui-ci. «Oui, en effet, répondit M. de Norpois en se tournant vers moi et en fixant sur ma modeste personne le regard bleu où flottaient, comme dans leur élément vital, ses grandes facultés de travail et son esprit d′assimilation. Et, mon Dieu, ajouta-t-il en s′adressant de nouveau à mon père, je ne crois pas franchir les bornes du respect dont je fais profession pour le Prince (sans cependant entretenir avec lui des relations personnelles que rendrait difficiles ma situation, si peu officielle qu′elle soit), en vous citant ce fait assez piquant que, pas plus tard qu′il y a quatre ans, dans une petite gare de chemins de fer d′un des pays de l′Europe Centrale, le prince eut l′occasion d′apercevoir Mme Swann. Certes, aucun de ses familiers ne s′est permis de demander à Monseigneur comment il l′avait trouvée. Cela n′eût pas été séant. Mais quand par hasard la conversation amenait son nom, à de certains signes imperceptibles si l′on veut, mais qui ne trompent pas, le prince semblait donner assez volontiers à entendre que son impression était en somme loin d′avoir été défavorable.» Me puse a hablar del conde de París, y pregunté si no era amigo de Swann, porque temía que la conversación tomase otro rumbo. -Sí, lo es -contestó el señor de Norpois, volviéndose hacia mí fijando en mi modesta persona aquel mirar azulado en el que flotaban como en su elemento vital las grandes facultades de trabajo y el espíritu de asimilación del embajador-. Y me parece -siguió, dirigiéndose a mi padre- que no es traspasar los límites del respeto que profeso a dicho príncipe (aunque no lo conozco personalmente, porque eso sería delicado dada mi posición, por poco oficial que ésta sea) contar un chistoso lance, y es que, no hará aún cuatro años, el príncipe tuvo ocasión de ver en una pequeña estación de una nación de la Europa Central a la señora de Swann. Claro que ninguno de sus familiares se permitió preguntarle qué le parecía. No hubiese sido pertinente. Pero cuando, por casualidad, salía su nombre en la conversación, el príncipe daba a entender por señales imperceptibles casi, pero que no engañan, que la impresión que le hizo no tuvo nada de desfavorable.
— «Mais il n′y aurait pas eu possibilité de la présenter au comte de Paris? demanda mon père. -Pero, ¿no habrá habido posibilidad de presentársela al Conde de París? -preguntó mi padre.
— Eh bien! on ne sait pas; avec les princes on ne sait jamais, répondit M. de Norpois; les plus glorieux, ceux qui savent le plus se faire rendre ce qu′on leur doit, sont aussi quelquefois ceux qui s′embarrassent le moins des décrets de l′opinion publique, même les plus justifiés, pour peu qu′il s′agisse de récompenser certains attachements. Or, il est certain que le comte de Paris a toujours agréé avec beaucoup de bienveillance le dévouement de Swann qui est, d′ailleurs, un garçon d′esprit s′il en fut. -¡Qué quiere usted! Con los príncipes no sabe uno nunca a qué atenerse. Los más poseídos de su posición, esos que saben hacer de modo que se les dé todo lo que se les debe, muchas veces son, precisamente, los que menos se preocupan de las sentencias de la opinión pública, por muy justificadas que sean; siempre que se trate de recompensar a ciertos amigos. Y es indudable que el conde de París siempre ha aceptado con mucha benevolencia el afecto de Swann, que ya sabemos todos que es un muchacho inteligente si los hay.
— Et votre impression à vous, quelle a-t-elle été, monsieur l′ambassadeur? demanda ma mère par politesse et par curiosité. ¿Y cuál ha sido su impresión de usted, señor embajador? -preguntó mi madre, por cortesía y por curiosidad.
Avec une énergie de vieux connaisseur qui tranchait sur la modération habituelle de ses propos: El señor de Norpois respondió, con una energía de aficionado viejo que rompió la acostumbrada moderación de sus palabras
— «Tout à fait excellente!» répondit M. de Norpois. -¡Excelentísima!
Et sachant que l′aveu d′une forte sensation produite par une femme, rentre à condition qu′on le fasse avec enjouement, dans une certaine forme particulièrement appréciée de l′esprit de conversation, il éclata d′un petit rire qui se prolongea pendant quelques instants, humectant les yeux bleus du vieux diplomate et faisant vibrer les ailes de son nez nervurées de fibrilles rouges. Y como sabía que el confesar la fuerte sensación que le ha hecho a uno una mujer entra, siempre que se haga con buen humor, en una forma muy apreciada del arte de la conversación, soltó una risita que le duró un poco y que empañó los ojos azules del viejo diplomático, y le hizo vibrar las alas de la nariz, cruzadas de rojas fibrillas.
«Elle est tout à fait charmante!» - ¡Es de todo punto encantadora!
— «Est-ce qu′un écrivain du nom de Bergotte était à ce dîner, monsieur?» demandai-je timidement pour tâcher de retenir la conversation sur le sujet des Swann. ¿Asistía a esa comida un escritor llamado Bergotte, señor de Norpois? -le pregunté yo, tímidamente, para que la conversación siguiera recayendo sobre los Swann.
— Oui, Bergotte était là, répondit M. de Norpois, inclinant la tête de mon côté avec courtoisie, comme si dans son désir d′être aimable avec mon père, il attachait tout ce qui tenait à lui une véritable importance et même aux questions d′un garçon de mon âge qui n′était pas habitué à se voir montrer tant de politesse par des personnes du sien. Est-ce que vous le connaissez? ajouta-t-il en fixant sur moi ce regard clair dont Bismarck admirait la pénétration. -Sí, allí estaba Bergotte -contestó el señor de Norpois inclinando cortésmente la cabeza hacia el lado donde yo me encontraba, como si, en su deseo de estar amable con mi padre, atribuyese gran importancia a todo lo suyo, hasta a las preguntas de un mozo de mis años, que no estaba acostumbrado a verse tratado con tanta cortesía por personas de su edad-. ¿Lo conoce usted? -añadió, posando en mí aquella mirada cuya penetración admiraba Bismarck.
— Mon fils ne le connaît pas mais l′admire beaucoup, dit ma mère. -Mi hijo no lo conoce, pero lo admira mucho dijo mi madre.
— Mon Dieu, dit M. de Norpois (qui m′inspira sur ma propre intelligence des doutes plus graves que ceux qui me déchiraient d′habitude, quand je vis que ce que je mettais mille et mille fois au-dessus de moi-même, ce que je trouvais de plus élevé au monde, était pour lui tout en bas de l′échelle de ses admirations), je ne partage pas cette manière de voir. Bergotte est ce que j′appelle un joueur de flûte; il faut reconnaître du reste qu′il en joue agréablement quoique avec bien du maniérisme, de l′afféterie. Mais enfin ce n′est que cela, et cela n′est pas grand′chose. Jamais on ne trouve dans ses ouvrages sans muscles ce qu′on pourrait nommer la charpente. Pas d′action — ou si peu — mais surtout pas de portée. Ses livres pèchent par la base ou plutôt il n′y a pas de base du tout. Dans un temps comme le nôtre où la complexité croissante de la vie laisse à peine le temps de lire, où la carte de l′Europe a subi des remaniements profonds et est à la veille d′en subir de plus grands encore peut-être, où tant de problèmes menaçants et nouveaux se posent partout, vous m′accorderez qu′on a le droit de demander à un écrivain d′être autre chose qu′un bel esprit qui nous fait oublier dans des discussions oiseuses et byzantines sur des mérites de pure forme, que nous pouvons être envahis d′un instant à l′autre par un double flot de Barbares, ceux du dehors et ceux du dedans. Je sais que c′est blasphémer contre la Sacro-Sainte École de ce que ces Messieurs appellent l′Art pour l′Art, mais à notre époque, il y a des tâches plus urgentes que d′agencer des mots d′une façon harmonieuse. Celle de Bergotte est parfois assez séduisante, je n′en disconviens pas, mais au total tout cela est bien mièvre, bien mince, et bien peu viril. Je comprends mieux maintenant, en me reportant à votre admiration tout à fait exagérée pour Bergotte, les quelques lignes que vous m′avez montrées tout à l′heure et sur lesquelles j′aurais mauvaise grâce à ne pas passer l′éponge, puisque vous avez dit vous-même en toute simplicité, que ce n′était qu′un griffonnage d′enfant (je l′avais dit, en effet, mais je n′en pensais pas un mot). A tout péché miséricorde et surtout aux péchés de jeunesse. Après tout, d′autres que vous en ont de pareils sur la conscience, et vous n′êtes pas le seul qui se soit cru poète à son heure. Mais on voit dans ce que vous m′avez montré, la mauvaise influence de Bergotte. Évidemment, je ne vous étonnerai pas en vous disant qu′il n′y avait là aucune de ses qualités, puisqu′il est passé maître dans l′art tout superficiel du reste, d′un certain style dont à votre âge vous ne pouvez posséder même le rudiment. Mais c′est déjà le même défaut, ce contre-sens d′aligner des mots bien sonores en ne se souciant qu′ensuite du fond. C′est mettre la charrue avant les bufs, même dans les livres de Bergotte. Toutes ces chinoiseries de forme, toutes ces subtilités de mandarin déliquescent me semblent bien vaines. Pour quelques feux d′artifice agréablement tirés par un écrivain, on crie de suite au chef-d′uvre. Les chefs-d′uvre ne sont pas si fréquents que cela! Bergotte n′a pas à son actif, dans son bagage si je puis dire, un roman d′une envolée un peu haute, un de ces livres qu′on place dans le bon coin de sa bibliothèque. Je n′en vois pas un seul dans son uvre. Il n′empêche que chez lui, l′uvre est infiniment supérieure à l′auteur. Ah! voilà quelqu′un qui donne raison à l′homme d′esprit qui prétendait qu′on ne doit connaître les écrivains que par leurs livres. Impossible de voir un individu qui réponde moins aux siens, plus prétentieux, plus solennel, moins homme de bonne compagnie. Vulgaire par moments, parlant à d′autres comme un livre, et même pas comme un livre de lui, mais comme un livre ennuyeux, ce qu′au moins ne sont pas les siens, tel est ce Bergotte. C′est un esprit des plus confus, alambiqué, ce que nos pères appelaient un diseur de phébus et qui rend encore plus déplaisantes par sa façon de les énoncer, les choses qu′il dit. Je ne sais si c′est Loménie ou Sainte-Beuve, qui raconte que Vigny rebutait par le même travers. Mais Bergotte n′a jamais écrit Cinq-Mars, ni le Cachet rouge, où certaines pages sont de véritables morceaux d′anthologie. -Pues yo dijo el señor de Norpois, inspirándome dudas mucho más grandes que las que por lo general me atormentaban sobre mi capacidad de inteligencia, al ver que lo que yo colocaba miles de veces más alto que yo, en lo más elevado del mundo, estaba, en cambio, para él en el ínfimo rango de sus admiraciones no comparto esa opinión. Bergotte es lo que yo llamo un artista de flauta; hay que reconocer, desde luego, que la toca muy bien, aunque con cierto amaneramiento y afectación. Pero nada más que eso, y no es gran cosa. Son las suyas obras sin músculo, en las que rara vez se encuentra un plan. No tienen acción, o tienen muy poca, y, además, no se proponen nada. Pecan por la base o, mejor dicho, carecen dé base. En una época como la nuestra, cuando la creciente complejidad de la vida apenas si nos deja espacio para leer, cuando el mapa de Europa acaba de experimentar profundas modificaciones y está, acaso, en vísperas de pasar a otras mayores y hay tantos problemas nuevos y amenazadores asomando por doquiera, me reconocerá usted que tenemos derecho a pedir a un escritor que sea algo más que un ingenio sutil que nos hace olvidar en discusiones ociosas y bizantinas sobre méritos de pura forma ese peligro en que estamos de vernos invadidos de un momento a otro por un doble tropel de bárbaros, los de afuera y los de adentro. Sé que esto es blasfemar contra la sacrosanta escuela que esos caballeros llaman del Arte por el Arte; pero en estos tiempos hay tareas de más urgencia que la de ordenar palabras de un modo armonioso. El modo como lo hace Bergotte es muchas veces muy atractivo; estamos de acuerdo; pero en conjunto resulta amanerado, muy poca cosa, muy poco viril. Ahora comprendo mucho mejor, por esa admiración de usted tan exagerada a Bergotte, esas líneas que usted me enseñó antes, y que yo tuve el buen acuerdo de pasar por alto, porque, como usted mismo me dijo con toda franqueza, no eran más que un entretenimiento de chico (verdad que yo se lo había dicho, pero no me lo creía así) ¡Misericordia para todo pecado, y sobre todo para los pecados de mocedad! Después de todo, no es usted solo, son muchos los que tienen sobre su conciencia culpas de ésas, y no es usted el único que se haya creído poeta en un determinado momento. Pero yen eso que usted me enseñó se aprecia la mala influencia de Bergotte. Cierto que no le sorprenderá a usted que yo le diga que en ese trocito no se mostraba ninguna de sus, buenas cualidades, porque es un maestro en ese arte, superficial, por lo demás, de dominar un estilo del que usted a sus años no puede conocer ni siquiera los rudimentos. Pero los defectos son los mismos: ese contrasentido de poner unas detrás de otras palabras sonoras, sin preocuparse por lo pronto del fondo. Eso es tomar el rábano por las hojas, hasta en los mismos libros de Bergotte. A mí me parecen vacíos todos esos jugueteos chinos de forma y esas sutilezas de mandarín delicuescente. Por unos cuantos fuegos artificiales que arregla con arte un escritor, se lanza enseguida a los cuatro vientos la calificación de obra maestra. ¡Las obras maestras no abundan tanto como eso! Bergotte no tiene en su activo, en su catálogo, por decirlo así, una novela de altos vuelos, uno de esos libros que se colocan en el rinconcito preferido de nuestra biblioteca. En toda su producción no doy con un libro de esa clase. Claro que eso no quita que las obras sean infinitamente superiores al autor. Este caso es uno de los que dan la razón a aquel hombre ingenioso que dijo que no se debe conocer a los escritores más que por sus libros. Es imposible encontrar un individuo que responda menos a lo que son sus obras, un hombre más presuntuoso y más solemne, de trato menos agradable. Y a ratos Bergotte es un hombre vulgar, que habla a los demás como un libro; pero ni siquiera como un libro suyo, no, como un libro pesado, y los suyos, por lo menos, pesados no son . Es una mentalidad confusa, alambicada, lo que nuestros padres llaman un cultiparlista. Y las cosas que dice son todavía más desagradables por la manera que tiene de decirlas. No sé si es Loménie o Sainte– Beuve el que cuenta que Vigny chocaba por el mismo defecto. Pero Bergotte no ha escrito el Cinq–Mars ni el Cachet Rouge, donde hay páginas que son verdaderos trozos de antología.
Atterré par ce que M. de Norpois venait de me dire du fragment que je lui avais soumis, songeant d′autre part aux difficultés que j′éprouvais quand je voulais écrire un essai ou seulement me livrer à des réflexions sérieuses, je sentis une fois de plus ma nullité intellectuelle et que je n′étais pas né pour la littérature. Sans doute autrefois à Combray, certaines impressions fort humbles, ou une lecture de Bergotte, m′avaient mis dans un état de rêverie qui m′avait paru avoir une grande valeur. Mais cet état, mon poème en prose le reflétait: nul doute que M. de Norpois n′en eût saisi et percé à jour tout de suite ce que j′y trouvais de beau seulement par un mirage entièrement trompeur, puisque l′ambassadeur n′en était pas dupe. Il venait de m′apprendre au contraire quelle place infime était la mienne (quand j′étais jugé du dehors, objectivement, par le connaisseur le mieux disposé et le plus intelligent). Je me sentais consterné, réduit; et mon esprit comme un fluide qui n′a de dimensions que celles du vase qu′on lui fournit, de même qu′il s′était dilaté jadis à remplir les capacités immenses du génie, contracté maintenant, tenait tout entier dans la médiocrité étroite où M. de Norpois l′avait soudain enfermé et restreint. Aterrado por lo que el señor de Norpois acababa de decirme respecto al trocito que yo le enseñé, y pensando además en las dificultades con que tropezaba cuando quería escribir un ensayo o reflexionar seriamente, una vez más me di cuenta de mi nulidad intelectual, de que no había nacido para literato. Claro que en Combray algunas impresiones muy humildes o una lectura de Bergotte me transportaban a un estado de arrobamiento que a mí se me antojaba de valor considerable. Pero ese estado lo reflejaba mi poema en prosa; e indudablemente, de haber existido, el señor de Norpois habría sabido coger y distinguir enseguida en aquellas impresiones lo que a mí me parecía bonito por un espejismo engañoso, puesto que el embajador no era víctima de ese engaño. Al contrario, acababa de enseñarme en qué lugar tan ínfimo estaba yo (al verme juzgado desde fuera, objetivamente, por un hombre tan perito en la materia, tan bien dispuesto y tan inteligente como aquél) Tuve una sensación de consternación y pequeñez; mi alma, al igual que un fluido que no tiene otras dimensiones que las de la vasija que le dan, se dilató antes hasta llenar las capacidades inmensas del genio, y se encogía ahora para caber entera en la estrecha mediocridad que la talló y le dio por cárcel el señor de Norpois.
— Notre mise en présence, à Bergotte et à moi, ajouta-t-il en se tournant vers mon père, ne laissait pas que d′être assez épineuse (ce qui après tout est aussi une manière d′être piquante). Bergotte voilà quelques années de cela, fit un voyage à Vienne, pendant que j′y étais ambassadeur; il me fut présenté par la princesse de Metternich, vint s′inscrire et désirait être invité. Or, étant à l′étranger représentant de la France, à qui en somme il fait honneur par ses écrits, dans une certaine mesure, disons, pour être exacts, dans une mesure bien faible, j′aurais passé sur la triste opinion que j′ai de sa vie privée. Mais il ne voyageait pas seul et bien plus il prétendait ne pas être invité sans sa compagne. Je crois ne pas être plus pudibond qu′un autre et étant célibataire, je pouvais peut-être ouvrir un peu plus largement les portes de l′Ambassade que si j′eusse été marié et père de famille. Néanmoins, j′avoue qu′il y a un degré d′ignominie dont je ne saurais m′accommoder, et qui est rendu plus écurant encore par le ton plus que moral, tranchons le mot, moralisateur, que prend Bergotte dans ses livres où on ne voit qu′analyses perpétuelles et d′ailleurs entre nous, un peu languissantes, de scrupules douloureux, de remords maladifs, et pour de simples peccadilles, de véritables prêchis-prêchas (on sait ce qu′en vaut l′aune), alors qu′il montre tant d′inconscience et de cynisme dans sa vie privée. Bref, j′éludai la réponse, la princesse revint à la charge, mais sans plus de succès. De sorte que je ne suppose pas que je doive être très en odeur de sainteté auprès du personnage, et je ne sais pas jusqu′à quel point il a apprécié l′attention de Swann de l′inviter en même temps que moi. A moins que ce ne soit lui qui l′ait demandé. On ne peut pas savoir, car au fond c′est un malade. C′est même sa seule excuse.» -El vernos frente afrente Bergotte y yo no deja de ser un tanto espinoso (que al fin y al cabo es una manera de ser divertido) dijo, volviéndose hacia mi padre-. Hace ya unos años Bergotte hizo un viaje a Viena, cuando yo era embajador allí; me le presentó la princesa de Metternich, se inscribió en la embajada y mostró deseos de ser invitado a sus recepciones. Yo como era representante en el extranjero de la nación francesa a la que, después de todo, hace honor con su literatura, en cierto grado (para ser exacto habría que decir que en muy escaso grado), habría pasado por alto la deplorable opinión que tengo de su vida privada. Pero no viajaba solo, y tenía la pretensión de que fuera invitada también su compañera de viaje. Yo creo que no peco de pudibundo, y, además, como soltero, podría abrir las puertas de la embajada con más liberalidad que si hubiese sido casado y con hijos. Pero confieso que la ignominia llevada a cierto grado no puedo con ella; sobre todo, me asquea mucho más por el tono moral o, por decirlo de una vez, moralizador que adopta Bergotte en sus libros, donde no se ven más que análisis perpetuos y, dicho sea entre nosotros, bastante flojos de escrúpulos dolorosos y remordimientos malsanos por pecadillos; verdaderos sermones, que van muy baratos, mientras que da muestras de tanta inconsciencia y tanto cinismo en su vida privada. Me hice el sordo, y la princesa volvió a la carga, pero sin resultado. Así, que ese señor no debe de tenerme en olor de santidad, y no sé cómo habrá tomado la idea de Swann de invitarnos juntos. A no ser que lo haya pedido él mismo, ¡quién sabe!, porque en el fondo es un enfermo. Y ésa es su única excusa.
— Et est-ce que la fille de Mme Swann était à ce dîner, demandai-je à M. de Norpois, profitant pour faire cette question d′un moment où, comme on passait au salon, je pouvais dissimuler plus facilement mon émotion que je n′aurais fait à table, immobile et en pleine lumière. ¿Estaba en esa comida la hija de los señores de Swann? -dije al señor de Norpois, aprovechando para la pregunta el momento en que nos dirigíamos a la sala, cuando podía disimular mi emoción más fácilmente que habría podido hacerlo antes en el comedor, inmóvil y en plena luz.
M. de Norpois parut chercher un instant à se souvenir: El señor de Norpois se paró a pensar un momento como queriendo recordar.
— «Oui, une jeune personne de quatorze à quinze ans? En effet, je me souviens qu′elle m′a été présentée avant le dîner comme la fille de notre amphitryon. Je vous dirai que je l′ai peu vue, elle est allée se coucher de bonne heure. Ou elle allait chez des amies, je ne me rappelle pas bien. Mais je vois que vous êtes fort au courant de la maison Swann.» - Sí; ¿una jovencita como de catorce a quince años? Sí; ahora me acuerdo que me la presentaron, antes de cenar, como hija del anfitrión. La vi muy poco porque se fue temprano a acostarse. O es que iba a casa de unas amigas..., no recuerdo exactamente; pero veo que está usted muy al corriente de la casa Swann.
— «Je joue avec Mlle Swann aux Champs-Élysées, elle est délicieuse.» -Juego mucho con la señorita de Swann en los Campos Elíseos; es deliciosa.
— «Ah! voilà! voilà! Mais à moi, en effet, elle m′a paru charmante. Je vous avoue pourtant que je ne crois pas qu′elle approchera jamais de sa mère, si je peux dire cela sans blesser en vous un sentiment trop vif.» -¡Ah, ya, ya! Sí, en efecto, a mí me ha parecido encantadora. Sin embargo, yo le confieso que creo que no llegará nunca a ser como su madre, si es que con esta opinión no hiero ningún sentimiento de usted.
— «Je préfère la figure de Mlle Swann, mais j′admire aussi énormément sa mère, je vais me promener au Bois rien que dans l′espoir de la voir passer.» -A mí me gusta más la cara de la señorita de Swann, pero también admiro muchísimo a su madre; voy de paseo al Bosque sólo por la esperanza de verla pasar.
— «Ah! mais je vais leur dire cela, elles seront très flattées.» -¡Ah!, pues se lo diré: las halagará mucho.
Pendant qu′il disait ces mots, M. de Norpois était, pour quelques secondes encore, dans la situation de toutes les personnes qui, m′entendant parler de Swann comme d′un homme intelligent, de ses parents comme d′agents de change honorables, de sa maison comme d′une belle maison, croyaient que je parlerais aussi volontiers d′un autre homme aussi intelligent, d′autres agents de change aussi honorables, d′une autre maison aussi belle; c′est le moment où un homme sain d′esprit qui cause avec un fou ne s′est pas encore aperçu que c′est un fou. M. de Norpois savait qu′il n′y a rien que de naturel dans le plaisir de regarder les jolies femmes, qu′il est de bonne compagnie dès que quelqu′un nous parle avec chaleur de l′une d′elles, de faire semblant de croire qu′il en est amoureux, de l′en plaisanter, et de lui promettre de seconder ses desseins. Mais en disant qu′il parlerait de moi à Gilberte et à sa mère (ce qui me permettrait, comme une divinité de l′Olympe qui a pris la fluidité d′un souffle ou plutôt l′aspect du vieillard dont Minerve emprunte les traits, de pénétrer moi-même, invisible, dans le salon de Mme Swann d′attirer son attention, d′occuper sa pensée, d′exciter sa reconnaissance pour mon admiration, de lui apparaître comme l′ami d′un homme important, de lui sembler à l′avenir digne d′être invité par elle et d′entrer dans l′intimité de sa famille), cet homme important qui allait user en ma faveur du grand prestige qu′il devait avoir aux yeux de Mme Swann, m′inspira subitement une tendresse si grande que j′eus peine à me retenir de ne pas embrasser ses douces mains blanches et fripées, qui avaient l′air d′être restées trop longtemps dans l′eau. J′en ébauchai presque le geste que je me crus seul à avoir remarqué. Il est difficile en effet à chacun de nous de calculer exactement à quelle échelle ses paroles ou ses mouvements apparaissent à autrui; par peur de nous exagérer notre importance et en grandissant dans des proportions énormes le champ sur lequel sont obligés de s′étendre les souvenirs des autres au cours de leur vie, nous nous imaginons que les parties accessoires de notre discours, de nos attitudes, pénètrent à peine dans la conscience, à plus forte raison ne demeurent pas dans la mémoire de ceux avec qui nous causons. C′est d′ailleurs à une supposition de ce genre qu′obéissent les criminels quand ils retouchent après coup un mot qu′ils ont dit et duquel ils pensent qu′on ne pourra confronter cette variante à aucune autre version. Mais il est bien possible que, même en ce qui concerne la vie millénaire de l′humanité, la philosophie du feuilletoniste selon laquelle tout est promis à l′oubli soit moins vraie qu′une philosophie contraire qui prédirait la conservation de toutes choses. Dans le même journal où le moraliste du «Premier Paris» nous dit d′un événement, d′un chef-d′uvre, à plus forte raison d′une chanteuse qui eut «son heure de célébrité»: «Qui se souviendra de tout cela dans dix ans?» à la troisième page, le compte rendu de l′Académie des Inscriptions ne parle-t-il pas souvent d′un fait par lui-même moins important, d′un poème de peu de valeur, qui date de l′époque des Pharaons et qu′on connaît encore intégralement. Peut-être n′en est-il pas tout à fait de même dans la courte vie humaine. Pourtant quelques années plus tard, dans une maison où M. de Norpois, qui se trouvait en visite, me semblait le plus solide appui que j′y pusse rencontrer, parce qu′il était l′ami de mon père, indulgent, porté à nous vouloir du bien à tous, d′ailleurs habitué par sa profession et ses origines à la discrétion, quand, une fois l′Ambassadeur parti, on me raconta qu′il avait fait allusion à une soirée d′autrefois dans laquelle il avait «vu le moment où j′allais lui baiser les mains», je ne rougis pas seulement jusqu′aux oreilles, je fus stupéfait d′apprendre qu′étaient si différentes de ce que j′aurais cru, non seulement la façon dont M. de Norpois parlait de moi, mais encore la composition de ses souvenirs; ce «potin» m′éclaira sur les proportions inattendues de distraction et de présence d′esprit, de mémoire et d′oubli dont est fait l′esprit humain; et, je fus aussi merveilleusement surpris que le jour où je lus pour la première fois, dans un livre de Maspero, qu′on savait exactement la liste des chasseurs qu′Assourbanipal invitait à ses battues, dix siècles avant Jésus-Christ. Mientras que estaba diciendo todo esto, el señor de Norpois se encontraba todavía por unos momentos en la situación de cualquier persona que al oírme hablar de Swann como de un hombre inteligente, de su padre como de un reputado agente de Bolsa, y de su casa como de una hermosa casa, se figuraba que yo acostumbraría hablar también de otros hombres inteligentes de otros agentes de Bolsa reputados y de otras casas hermosas; es decir, en ese momento en que una persona que está en su juicio habla con un loco sin darse aún cuenta que es loco. El señor de Norpois sabía muy bien que rada es más natural que recrearse mirando a las mujeres bonitas, y que cuando uno nos habla calurosamente de una mujer es prueba de amabilidad hacer como que nos figuramos que está enamorado de ella, darle broma y ofrecernos a ayudarle; pero cuando dijo que hablaría de mí a Gilberta y a su madre (es decir, que yo, como una deidad del Olimpo que adquiere la fluidez de un soplo, o como la Minerva que se reviste de una fisonomía de viejo, iba a penetrar, invisible, en el salón de la señora de Swann y atraer su atención, y entrarme en su pensamiento, y provocar la gratitud suya por mi admiración a su belleza, y aparecer como amigo de un personaje, digno de allí en adelante de que me invitaran y de entrar en la intimidad de la familia), ese personaje que iba a utilizar a favor mío el gran prestigio que debía de tener a los ojos de la señora de Swann me inspiró de pronto tan gran cariño, que tuve que hacer un esfuerzo para no besar sus manos, blancas y arrugadas como si hubieran estado mucho tiempo metidas en el agua. Y casi inicié la acción con un ademán que se me figuró que no notó nadie más que yo. En efecto, es muy difícil para cualquiera calcular exactamente en qué escala ve sus palabras o sus movimientos otra persona; por miedo a exagerar nuestra importancia ampliando en enormes proporciones el campo en que tienen que extenderse los recuerdos del prójimo en el transcurso de su vida, nos imaginamos que las partes accesorias de nuestro hablar, de nuestras actitudes, apenas penetran en la conciencia de nuestro interlocutor, y, por consiguiente, y con más motivo, que no se le quedan en la memoria. En una suposición de este linaje se basan los criminales cuando retocan más tarde una frase que dijeron, creando una variante que ellos se figuran imposible de confrontar con la primera versión. Pero es muy posible que, hasta en lo que se refiere a la vida milenaria de la Humanidad, esa filosofía de folletinista que cree que todo está predestinado al olvido sea menos cierta que una filosofía contraria, que predijera la conservación de toda cosa. En el mismo periódico donde el moralista del “Premier Paris” nos habla de un acontecimiento, de una obra de arte o de una cantante, con más motivo aún, que alcanzaron un “momento de celebridad”, y pregunta que quién se acordará de ellos cuando pasen diez años, nos encontramos muchas veces en otra página con la reseña de una sesión de la Academia de la Historia, donde se trata todavía de un hecho de menos importancia intrínseca: de un poema insignificante que data de la época de los Faraones y del que sólo se conocen fragmentos. Acaso no ocurra lo mismo en la breve existencia humana; pero algunos años después, en una casa donde el señor de Norpois estaba de visita, y me parecía el más sólido apoyo que yo podía tener en esa casa porque era amigo de mi padre, bondadoso, inclinado a querernos bien a todos, y tenía por su cuna y su profesión el hábito de la discreción, me contaron, cuando se fue el embajador, que había hecho alusión a una noche de hacía mucho tiempo diciendo que” vio el momento en que iba yo a besarle las manos”; y yo no sólo me ruboricé hasta las orejas, sino que me quedé estupefacto al enterarme de que tan distintos eran de lo que yo me imaginaba el modo que tenía de hablar de mí` el señor de Norpois y sobre todo la composición de sus recuerdos; ese “chisme” arrojó para mí mucha luz sobre las inesperadas proporciones de distracción y de presencia de ánimo, de olvidó y de memoria que forman el alma humana; y también me maravillé de sorpresa el día que leí por vez primera, en un libro de Máspero, que se conocía exactamente la lista de los cazadores que Asurbanipal invitaba a sus cacerías, diez siglos antes de Jesucristo.
— Oh! monsieur, dis-je à M. de Norpois, quand il m′annonça qu′il ferait part à Gilberte et à sa mère, de l′admiration que j′avais pour elles, si vous faisiez cela, si vous parliez de moi à Mme Swann, ce ne serait pas assez de toute ma vie pour vous témoigner ma gratitude, et cette vie vous appartiendrait! Mais je tiens à vous faire remarquer que je ne connais pas Mme Swann et que je ne lui ai jamais été présenté.» -Caballero -dije al señor de Norpois, cuando me anunció que comunicaría iría a Gilberta y a su madre que yo las admiraba mucho-, si hace usted eso, si habla usted de mi a la señora de Swann, toda mi vida no me bastará para darle a usted las gracias, mi vida le pertenecerá; pero tengo que advertir a usted que no conozco a la señora de Swann, que nunca me la han presentado.
J′avais ajouté ces derniers mots par scrupule et pour ne pas avoir l′air de m′être vanté d′une relation que je n′avais pas. Mais en les prononçant, je sentais qu′ils étaient déjà devenus inutiles, car dès le début de mon remerciement, d′une ardeur réfrigérante, j′avais vu passer sur le visage de l′ambassadeur une expression d′hésitation et de mécontentement et dans ses yeux, ce regard vertical, étroit et oblique (comme, dans le dessin en perspective d′un solide, la ligne fuyante d′une de ses faces), regard qui s′adresse à cet interlocuteur invisible qu′on a en soi-même, au moment où on lui dit quelque chose que l′autre interlocuteur, le Monsieur avec qui on parlait jusqu′ici — moi dans la circonstance — ne doit pas entendre. Je me rendis compte aussitôt que ces phrases que j′avais prononcées et qui, faibles encore auprès de l′effusion reconnaissante dont j′étais envahi, m′avaient paru devoir toucher M. de Norpois et achever de le décider à une intervention qui lui eût donné si peu de peine, et à moi tant de joie, étaient peut-être (entre toutes celles qu′eussent pu chercher diaboliquement des personnes qui m′eussent voulu du mal), les seules qui pussent avoir pour résultat de l′y faire renoncer. En les entendant en effet, de même qu′au moment où un inconnu, avec qui nous venions d′échanger agréablement des impressions que nous avions pu croire semblables sur des passants que nous nous accordions à trouver vulgaires, nous montre tout à coup l′abîme pathologique qui le sépare de nous en ajoutant négligemment tout en tâtant sa poche: «C′est malheureux que je n′aie pas mon revolver, il n′en serait pas resté un seul», M. de Norpois qui savait que rien n′était moins précieux ni plus aisé que d′être recommandé à Mme Swann et introduit chez elle, et qui vit que pour moi, au contraire, cela présentait un tel prix, par conséquent, sans doute, une grande difficulté, pensa que le désir, normal en apparence, que j′avais exprimé, devait dissimuler quelque pensée différente, quelque visée suspecte, quelque faute antérieure, à cause de quoi, dans la certitude de déplaire à Mme Swann, personne n′avait jusqu′ici voulu se charger de lui transmettre une commission de ma part. Et je compris que cette commission, il ne la ferait jamais, qu′il pourrait voir Mme Swann quotidiennement pendant des années, sans pour cela lui parler une seule fois de moi. Il lui demanda cependant quelques jours plus tard un renseignement que je désirais et chargea mon père de me le transmettre. Mais il n′avait pas cru devoir dire pour qui il le demandait. Elle n′apprendrait donc pas que je connaissais M. de Norpois et que je souhaitais tant d′aller chez elle; et ce fut peut-être un malheur moins grand que je ne croyais. Car la seconde de ces nouvelles n′eût probablement pas beaucoup ajouté à l′efficacité, d′ailleurs incertaine, de la première. Pour Odette, l′idée de sa propre vie et de sa propre demeure n′éveillant aucun trouble mystérieux, une personne qui la connaissait, qui allait chez elle, ne lui semblait pas un être fabuleux comme il le paraissait à moi qui aurais jeté dans les fenêtres de Swann une pierre si j′avais pu écrire sur elle que je connaissais M. de Norpois: j′étais persuadé qu′un tel message, même transmis d′une façon aussi brutale m′eût donné beaucoup plus de prestige aux yeux de la maîtresse de la maison qu′il ne l′eût indisposée contre moi. Mais, même si j′avais pu me rendre compte que la mission dont ne s′acquitta pas M. de Norpois fût restée sans utilité, bien plus, qu′elle eût pu me nuire auprès des Swann, je n′aurais pas eu le courage, s′il s′était montré consentant, d′en décharger l′ambassadeur et de renoncer à la volupté, si funestes qu′en pussent être les suites, que mon nom et ma personne se trouvassent ainsi un moment auprès de Gilberte, dans sa maison et sa vie inconnues. Dije esto último por escrúpulo de conciencia y para que no pareciese que yo me jactaba de un conocimiento que no existía. Pero al mismo tiempo de decirlo me di cuenta de que ya era inútil, porque desde que empezaron mis palabras de gratitud, por lo visto de un ardor refrigerante, vi pasar por la fisonomía del embajador una expresión de duda y de disgusto y advertí en sus ojos ese mirar vertical, estrecho y oblicuo (como es en el dibujo en perspectiva de un sólido la línea de una de sus caras que se desvanece), ese mirar destinado a ese interlocutor invisible que tenemos en nuestra propia persona en el momento de decirle alguna cosa que él otro interlocutor, el señor con quien estábamos hablando, no debe oír. Y noté en seguida que esas frases por mí pronunciadas, débiles aun para la efusión de gratitud que yo sentía, y que se me figuró que llegaría al corazón del señor de Norpois, acabando de decidirlo a aquella intervención, que a él le habría dado muy poco que hacer y a mí mucho que gozar, eran acaso (de entre todas las que hubiesen podido ir a buscar diabólicamente las personas que me querían mal) las únicas que podían dar por resultado que renunciara a hablar de mía esas damas. Y, en efecto, al oírlas do mismo que en el momento en que un desconocido con el que estábamos agradablemente cambiando impresiones al parecer semejantes, acerca de los transeúntes, que se nos antojaban todos vulgares, nos muestra de pronto el abismo patológico que nos separa acariciándose el bolsillo indiferentemente, y dice: “¡Lástima que no tenga aquí mi revólver, no quedaría uno!”, el señor de Norpois, que sabía que nada más fácil y menos valioso que el ser recomendado a la señora de Swann y entrar en su casa, y que vio que para mí, al contrario, tenía tal valor, y por consiguiente, y pensando bien, tal dificultad, se figuró que el deseo mío, normal en apariencia, debía de ocultar otro designio distinto, alguna intención sospechosa, una falta cometida anteriormente, por cuyo motivo nadie hasta entonces se atrevió a decir nada de mi parte a la señora de Swann, en la convicción de que le desagradaría. Y comprendí que ¡amas le diría nada de mí y que podía estar viéndola a diario años y años sin que por eso le hablara una sola vez de mi persona. Sin embargo, unos días después le preguntó una cosa que yo quería saber, y encargó a mi padre que me transmitiera la respuesta. Pero no dijo a la señora de Swann de parte de quién iba la pregunta. Así, que ella no se enteraría de que yo conocía al señor de Norpois y de que tenía tantos deseos de entrar en su casa; desgracia quizá no tan grande como yo me figuraba. Porque la segunda de estas cosas no habría aumentado en nada la eficacia, ya dudosa, de la primera. Como a Odette no le inspiraba ninguna misteriosa turbación la idea de su propia vida y de su casa, una persona que la conociera y que fuera allí de visita no se le representaba como un ser fabuloso, igual que me ocurría a mí, que habría sido capaz de tirar una piedra a los cristales de la casa de Swann si hubiese podido escribir en ella que conocía al señor de Norpois; estaba yo convencido de que un mensaje así, aun transmitido de tan brutal manera, más bien me daría lustre en el ánimo de la dueña de la casa que me indispondría con ella. Y hasta si hubiese estado persuadido de que esa misión que no quiso llevar a cabo el señor de Norpois era inútil, es más, que me era perjudicial para con los Swann, no habría tenido valor, caso de mostrarse el embajador propicio a desempeñarla, de decirle que no lo hiciera y de renunciar a la voluptuosidad, por funestas que fuesen sus consecuencias, de que mi nombre y mi persona estuviesen un momento junto a Gilberta, en su casa y en su vida desconocidas.
Quand M. de Norpois fut parti, mon père jeta un coup d′il sur le journal du soir; je songeais de nouveau à la Berma. Le plaisir que j′avais eu à l′entendre exigeait d′autant plus d′être complété qu′il était loin d′égaler celui que je m′étais promis; aussi s′assimilait-il immédiatement tout ce qui était susceptible de le nourrir, par exemple ces mérites que M. de Norpois avait reconnus à la Berma et que mon esprit avait bus d′un seul trait comme un pré trop sec sur qui on verse de l′eau. Or mon père me passa le journal en me désignant un entrefilet conçu en ces termes: «La représentation de Phèdre qui a été donnée devant une salle enthousiaste où on remarquait les principales notabilités du monde des arts et de la critique a été pour Mme Berma qui jouait le rôle de Phèdre, l′occasion d′un triomphe comme elle en a rarement connu de plus éclatant au cours de sa prestigieuse carrière. Nous reviendrons plus longuement sur cette représentation qui constitue un véritable événement théâtral; disons seulement que les juges les plus autorisés s′accordaient à déclarer qu′une telle interprétation renouvelait entièrement le rôle de Phèdre, qui est un des plus beaux et des plus fouillés de Racine et constituait la plus pure et la plus haute manifestation d′art à laquelle de notre temps il ait été donné d′assister.» Dès que mon esprit eut conçu cette idée nouvelle de «la plus pure et haute manifestation d′art», celle-ci se rapprocha du plaisir imparfait que j′avais éprouvé au théâtre, lui ajouta un peu de ce qui lui manquait et leur réunion forma quelque chose de si exaltant que je m′écriai: «Quelle grande artiste!» Sans doute on peut trouver que je n′étais pas absolument sincère. Mais qu′on songe plutôt à tant d′écrivains qui, mécontents du morceau qu′ils viennent d′écrire, s′ils lisent un éloge du génie de Châteaubriand, ou évoquant tel grand artiste dont ils ont souhaité d′être l′égal, fredonnant par exemple en eux-mêmes telle phrase de Beethoven de laquelle ils comparent la tristesse à celle qu′ils ont voulu mettre dans leur prose, se remplissent tellement de cette idée de génie qu′ils l′ajoutent à leurs propres productions en repensant à elles, ne les voient plus telles qu′elles leur étaient apparues d′abord, et risquant un acte de foi dans la valeur de leur uvre se disent: «Après tout!» sans se rendre compte que, dans le total qui détermine leur satisfaction finale, ils font entrer le souvenir de merveilleuses pages de Châteaubriand qu′ils assimilent aux leurs, mais enfin qu′ils n′ont point écrites; qu′on se rappelle tant d′hommes qui croient en l′amour d′une maîtresse de qui ils ne connaissent que les trahisons; tous ceux aussi qui espèrent alternativement soit une survie incompréhensible dès qu′ils pensent, maris inconsolables, à une femme qu′ils ont perdue et qu′ils aiment encore, artistes, à la gloire future de laquelle ils pourront jouir, soit un néant rassurant quand leur intelligence se reporte au contraire aux fautes que sans lui ils auraient à expier après leur mort; qu′on pense encore aux touristes qu′exalte la beauté d′ensemble d′un voyage dont jour par jour ils n′ont éprouvé que de l′ennui, et qu′on dise, si dans la vie en commun que mènent les idées au sein de notre esprit, il est une seule de celles qui nous rendent le plus heureux qui n′ait été d′abord en véritable parasite demander à une idée étrangère et voisine le meilleur de la force qui lui manquait. Cuando se marchó el señor de Norpois mi padre echó una ojeada al periódico de la noche; yo volví a acordarme de la Berma. El placer que había disfrutado oyendo a la Berma requería algo más para ser completo, porque fue inferior a lo que yo me esperaba; y por eso se asimilaba inmediatamente todo lo que fuese susceptible de engrosarle, como, por ejemplo, aquellos méritos que el señor de Norpois veía en la Berma, y que mi alma embebió de golpe, como un prado muy seco el agua que le echan. Mi padre me dio el periódico, señalándome un suelto concebido en estos términos: “Presenció la representación de Phédye un público entusiasta, en el que figuraban las notabilidades más salientes del mundo de las artes y de la crítica. La señora Berma ha logrado un triunfo rara vez igualado, por su brillantez, en todo el curso de su prestigiosa carrera. Ya trataremos más extensamente de esta representación, que constituye un verdadero acontecimiento teatral; bástenos por hoy con decir que las personas más autorizadas convenían en que la representación de esta tarde renovaba por completo el personaje de Fedra, uno de los más hermosos y más conocidos del teatro de Racine, y que constituía la más pura y elevada manifestación artística que se ha visto en nuestros días”. En cuanto mi mente concibió esa idea nueva de “la más pura y′ elevada manifestación artística”, esa idea se juntó con el placer imperfecto que yo disfrutara- en el teatro, le añadió algo de lo que le faltaba, y de su maridaje salió una impresión tan arrebatadora que exclamé: “¡Qué artista tan grande!” Quizá haya quien crea; que yo en aquel momento no era sincero. Pero recuérdese el caso de tantos escritores descontentos de una página que acaban de escribir, y que al leer un elogio del genio de Chateaubriand, al evocar la memoria de un artista que quisieron igualar, tarareando, por ejemplo, una frase de Beethoven, cuya tristeza comparan con la que desearon infundir en su prosa, se empapan de tal modo en esta idea de genio que la añaden a sus propias producciones cuando tornan a pensar en ellas; no las ven ya como se aparecían al principio, y dicen arriesgándose a un acto de fe sobre el valor de su obra: “¡Qué demonio, después de todo...!”, sin darse cuenta de que en ese total que provoca su satisfacción final han introducido el recuerdo de maravillosas páginas de Chateaubriand que asimilaron a las suyas, pero que, al fin y al cabo, no son suyas; recuérdese a tantos hombres que creen en el amor de una querida que no ha hecho más que engañarlos, y ellos lo saben; recuérdese el caso de los que esperan, alternativamente, ya una vida futura incomprensible cuando piensan, maridos inconsolables, en la mujer que perdieron y que siguen queriendo, o artistas en la gloria por venir que podrán alcanzar, ya una nada tranquilizadora si piensan en los pecados que habrán de expiar después de muertos, si hay algo más allá; recuérdese también a esos turistas que se exaltan ante la belleza de un viaje visto en conjunto, aunque mirado día a día los aburrió′; y dígase luego si en la vida común que las ideas llevan en los senos de nuestra alma hay una sola idea de las que nos hacen felices que no haya ido antes, verdadero parásito, a pedir a otra idea vecina la mejor parte de la fuerza que le faltaba.
Ma mère ne parut pas très satisfaite que mon père ne songeât plus pour moi à la «carrière». Je crois que soucieuse avant tout qu′une règle d′existence disciplinât les caprices de mes nerfs, ce qu′elle regrettait, c′était moins de me voir renoncer à la diplomatie que m′adonner à la littérature. «Mais laisse donc, s′écria mon père, il faut avant tout prendre du plaisir à ce qu′on fait. Or, il n′est plus un enfant. Il sait bien maintenant ce qu′il aime, il est peu probable qu′il change, et il est capable de se rendre compte de ce qui le rendra heureux dans l′existence.» En attendant que grâce à la liberté qu′elles m′octroyaient, je fusse, ou non, heureux dans l′existence, les paroles de mon père me firent ce soir-là bien de la peine. De tout temps ses gentillesses imprévues m′avaient, quand elles se produisaient, donné une telle envie d′embrasser au-dessus de sa barbe ses joues colorées que si je n′y cédais pas, c′était seulement par peur de lui déplaire. Aujourd′hui, comme un auteur s′effraye de voir ses propres rêveries qui lui paraissent sans grande valeur parce qu′il ne les sépare pas de lui-même, obliger un éditeur à choisir un papier, à employer des caractères peut-être trop beaux pour elles, je me demandais si mon désir d′écrire était quelque chose d′assez important pour que mon père dépensât à cause de cela tant de bonté. Mais surtout en parlant de mes goûts qui ne changeraient plus, de ce qui était destiné à rendre mon existence heureuse, il insinuait en moi deux terribles soupçons. Le premier c′était que (alors que chaque jour je me considérais comme sur le seuil de ma vie encore intacte et qui ne débuterait que le lendemain matin) mon existence était déjà commencée, bien plus, que ce qui allait en suivre ne serait pas très différent de ce qui avait précédé. Le second soupçon, qui n′était à vrai dire qu′une autre forme du premier, c′est que je n′étais pas situé en dehors du Temps, mais soumis à ses lois, tout comme ces personnages de roman qui, à cause de cela, me jetaient dans une telle tristesse, quand je lisais leur vie, à Combray, au fond de ma guérite d′osier. Théoriquement on sait que la terre tourne, mais en fait on ne s′en aperçoit pas, le sol sur lequel on marche semble ne pas bouger et on vit tranquille. Il en est ainsi du Temps dans la vie. Et pour rendre sa fuite sensible, les romanciers sont obligés, en accélérant follement les battements de l′aiguille, de faire franchir au lecteur dix, vingt, trente ans, en deux minutes. Au haut d′une page on a quitté un amant plein d′espoir, au bas de la suivante on le retrouve octogénaire, accomplissant péniblement dans le préau d′un hospice sa promenade quotidienne, répondant à peine aux paroles qu′on lui adresse, ayant oublié le passé. En disant de moi: «Ce n′est plus un enfant, ses goûts ne changeront plus, etc.», mon père venait tout d′un coup de me faire apparaître à moi-même dans le Temps, et me causait le même genre de tristesse, que si j′avais été non pas encore l′hospitalisé ramolli, mais ces héros dont l′auteur, sur un ton indifférent qui est particulièrement cruel, nous dit à la fin d′un livre: «il quitte de moins en moins la campagne. Il a fini par s′y fixer définitivement, etc.» Mi madre no parecía muy contenta de que papá no pensara va en la “carrera” para mi porvenir. Y yo creo que como a ella le preocupaba ante todo que yo tuviera una regla de vida para disciplina de los caprichos de mis nervios, lo que sentía más que el que yo dejara la diplomacia es que me entregase a la literatura. “Pero déjalo dijo mi padre-; lo primero es hacer con gusto las cosas. Ya no es un niño, ya sabe lo que le gusta; es poco probable que cambie, y puede darse cuenta de lo que ha de hacerlo feliz en esta vida." Mientras que se decidía, gracias a la libertad que me daban las palabras de mi padre, si yo iba a ser o no feliz en esta vida, el hecho es que por lo pronto aquellas palabras paternales me dieron esa noche mucha pena. Hasta entonces, cada vez que mi padre había tenido conmigo uno de sus imprevistos rasgos de bondad me entraban tales ganas de besar los colorados carrillos, que asomaban por encima de sus barbas, que si no llegaba a hacerlo era sólo por temor de que no le gustara. Pero ahora, lo mismo que un autor se asusta al ver que sus propias fantasías, que no consideraba de gran valor porque no las separaba de sí mismo, obligan a un editor a escoger un determinado papel, unos caracteres de imprenta acaso más hermosos de los que la obra se merece, me preguntaba yo si mis deseos de escribir eran realmente tan importantes que valía la pena de que mi padre derrochara en ellos tanta bondad. Pero sobre todo insinuó en mi alma dos sospechas terribles al hablar de que mis aficiones no cambiarían y de lo que iba a hacerme feliz. La primera era que (cuando yo me consideraba todos los días en el umbral de mi vida, aun intacta, que no empezaría hasta el otro día), en realidad, mi existencia ya había comenzado, más aún, que lo que vendría después no sería muy distinto de lo que había venido hasta ahora. La segunda sospecha, realmente otra forma de la primera, era que yo no estaba situado aparte de las contingencias del Tiempo, sino sometido a sus leyes, exactamente como esos personajes de novela que, cabalmente por ello, me inspiraban tal melancolía cuando en Combray, en mi garita de mimbre, leía yo sus vidas. Teóricamente ya sabemos que la Tierra gira, pero en realidad no lo notamos; el suelo que pisamos parece que no se mueve, y ya vive uno tranquilo. Lo mismo ocurre con el Tiempo en la vida. Y para hacernos ver cuán presto huye, los novelistas no tienen más remedio que acelerar frenéticamente la marcha de las agujas y hacer al lector que franquee diez, veinte o treinta años en dos minutos. En los primeros renglones de esta página nos dejamos a un amante henchido de esperanza; en las últimas líneas de la página siguiente nos lo encontramos octogenario ya, dando con sumo trabajo su paseo diario por el patio del asilo, sin contestar apenas a lo que le dicen, sin memoria del pasado. Mi padre, cuando decía de mí que “ya no era un niño, que mis aficiones no cambiarían′′, me hizo representarme de pronto a mi propia persona dentro del Tiempo, y me infundió la misma tristeza que si yo hubiese sido, no ya el asilado decrépito, sino uno de esos héroes de los que nos dice el autor al final de un libro, con tono de indiferencia muy cruel: “Cada vez sale menos del campo. Ha acabado por irse a vivir allí definitivamente”, etc.
Cependant, mon père, pour aller au-devant des critiques que nous aurions pu faire sur notre invité, dit à maman: Entretanto, mi padre, para anticiparse a las posibles críticas nuestras sobre su convidado, dijo a mamá:
— «J′avoue que le père Norpois a été un peu «poncif» comme vous dites. Quand il a dit qu′il aurait été «peu séant» de poser une question au comte de Paris, j′ai eu peur que vous ne vous mettiez à rire.» - Confieso que el bueno de Norpois ha estado un tanto “académico”, como decís vosotros. Cuando soltó aquello de que hubiese sido poco correcto hacer una pregunta al conde de París, yo tuve miedo de que os echarais a reír.
« — Mais pas du tout, répondit ma mère, j′aime beaucoup qu′un homme de cette valeur et de cet âge ait gardé cette sorte de naîµ¥té qui ne prouve qu′un fond d′honnêteté et de bonne éducation.» -Nada de eso -respondió mi madre-; me gusta mucho que un hombre de su mérito y de sus años conserve esa especie de ingenuidad, que en el fondo indica honradez y buena educación.
— «Je crois bien! Cela ne l′empêche pas d′être fin et intelligent, je le sais moi qui le vois à la Commission tout autre qu′il n′est ici, s′écria mon père, heureux de voir que maman appréciait M. de Norpois, et voulant lui persuader qu′il était encore supérieur à ce qu′elle croyait, parce que la cordialité surfait avec autant de plaisir qu′en prend la taquinerie à déprécier. Comment a-t-il donc dit . . . «avec les princes on ne sait jamais . . . » -Ya lo creo. Y eso no quita para que sea agudo e inteligente; yo lo sé muy bien porque lo veo en la Comisión muy distinto de como ha estado aquí -exclamó mi padre, satisfecho de ver que mamá apreciaba al señor de Norpois, y con deseo de convencerla de que todavía valía más que lo que ella creía, con esa cordialidad que tiene el mismo gusto en exagerar méritos que la malevolencia en menospreciarloso. ¡Cómo dijo eso de “con los príncipes no sabe uno nunca...”!
— «Mais oui, comme tu dis là. J′avais remarqué, c′est très fin. On voit qu′il a une profonde expérience de la vie.» -Sí, es verdad. Yo ya lo he notado, es muy listo. Se ve que tiene una gran experiencia de la vida.
— «C′est extraordinaire qu′il ait dîné chez les Swann et qu′il y ait trouvé en somme des gens réguliers, des fonctionnaires . . . Où est-ce que Mme Swann a pu aller pêcher tout ce monde-là?» -Es raro que haya cenado en casa de los Swann, y eso de que vaya allí gente al fin y al cabo buena, altos empleados. ¿Dónde habrá ido a pescarlos la señora de Swann?
— «As-tu remarqué, avec quelle malice il a fait cette réflexion: «C′est une maison où il va surtout des hommes!» -¿Te fijaste con qué malicia dijo lo de: “Es una casa donde van hombres solos sobre todo”?
Et tous deux cherchaient à reproduire la manière dont M. de Norpois avait dit cette phrase, comme ils auraient fait pour quelque intonation de Bressant ou de Thiron dans l′Aventurière ou dans le Gendre de M. Poirier. Mais de tous ses mots, le plus goûté, le fut par Françoise qui, encore plusieurs années après, ne pouvait pas «tenir son sérieux» si on lui rappelait qu′elle avait été traitée par l′ambassadeur de «chef de premier ordre», ce que ma mère était allée lui transmettre comme un ministre de la guerre les félicitations d′un souverain de passage après «la Revue». Je l′avais d′ailleurs précédée à la cuisine. Car j′avais fait promettre à Françoise, pacifiste mais cruelle, qu′elle ne ferait pas trop souffrir le lapin qu′elle avait à tuer et je n′avais pas eu de nouvelles de cette mort; Françoise m′assura qu′elle s′était passée le mieux du monde et très rapidement: «J′ai jamais vu une bête comme ça; elle est morte sans dire seulement une parole, vous auriez dit qu′elle était muette.» Peu au courant du langage des bêtes, j′alléguai que le lapin ne criait peut-être pas comme le poulet. «Attendez un peu voir, me dit Françoise indignée de mon ignorance, si les lapins ne crient pas autant comme les poulets. Ils ont même la voix bien plus forte.» Françoise accepta les compliments de M. de Norpois avec la fière simplicité, le regard joyeux et — fût-ce momentanément — intelligent, d′un artiste à qui on parle de son art. Ma mère l′avait envoyée autrefois dans certains grands restaurants voir comment on y faisait la cuisine. J′eus ce soir-là à l′entendre traiter les plus célèbres de gargotes le même plaisir qu′autrefois à apprendre, pour les artistes dramatiques, que la hiérarchie de leurs mérites n′était pas la même que celle de leurs réputations. «L′Ambassadeur, lui dit ma mère, assure que nulle part on ne mange de buf froid et de soufflés comme les vôtres.» Françoise avec un air de modestie et de rendre hommage à la vérité, l′accorda, sans être, d′ailleurs, impressionnée par le titre d′ambassadeur; elle disait de M. de Norpois, avec l′amabilité due à quelqu′un qui l′avait prise pour un «chef»: «C′est un bon vieux comme moi.» Elle avait bien cherché à l′apercevoir quand il était arrivé, mais sachant que Maman détestait qu′on fût derrière les portes ou aux fenêtres et pensant qu′elle saurait par les autres domestiques ou par les concierges qu′elle avait fait le guet (car Françoise ne voyait partout que «jalousies» et «racontages» qui jouaient dans son imagination le même rôle permanent et funeste que, pour telles autres personnes, les intrigues des jésuites ou des juifs), elle s′était contentée de regarder par la croisée de la cuisine, «pour ne pas avoir des raisons avec Madame» et sur l′aspect sommaire de M. de Norpois, elle avait «cru Monsieur Legrand», à cause de son agileté, et bien qu′il n′y eût pas un trait commun entre eux. «Mais enfin, lui demanda ma mère, comment expliquez-vous que personne ne fasse la gelée aussi bien que vous (quand vous le voulez)?» «Je ne sais pas d′où ce que ça devient», répondit Françoise (qui n′établissait pas une démarcation bien nette entre le verbe venir, au moins pris dans certaines acceptions et le verbe devenir). Elle disait vrai du reste, en partie, et n′était pas beaucoup plus capable — ou désireuse — de dévoiler le mystère qui faisait la supériorité de ses gelées ou de ses crèmes, qu′une grande élégante pour ses toilettes, ou une grande cantatrice pour son chant. Leurs explications ne nous disent pas grand chose; il en était de même des recettes de notre cuisinière. «Ils font cuire trop à la va-vite, répondit-elle en parlant des grands restaurateurs, et puis pas tout ensemble. Il faut que le buf, il devienne comme une éponge, alors il boit tout le jus jusqu′au fond. Pourtant il y avait un de ces Cafés où il me semble qu′on savait bien un peu faire la cuisine. Je ne dis pas que c′était tout à fait ma gelée, mais c′était fait bien doucement et les soufflés ils avaient bien de la crème.» «Est-ce Henry? demanda mon père qui nous avait rejoints et appréciait beaucoup le restaurant de la place Gaillon où il avait à dates fixes des repas de corps. «Oh non! dit Françoise avec une douceur qui cachait un profond dédain, je parlais d′un petit restaurant. Chez cet Henry c′est très bon bien sûr, mais c′est pas un restaurant, c′est plutôt . . . un bouillon!» «Weber»? «Ah! non, monsieur, je voulais dire un bon restaurant. Weber c′est dans la rue Royale, ce n′est pas un restaurant, c′est une brasserie. Je ne sais pas si ce qu′ils vous donnent est servi. Je crois qu′ils n′ont même pas de nappe, ils posent cela comme cela sur la table, va comme je te pousse.» «Cirro?» Françoise sourit: «Oh! là je crois qu′en fait de cuisine il y a surtout des dames du monde. (Monde signifiait pour Françoise demi-monde.) Dame, il faut ça pour la jeunesse.» Nous nous apercevions qu′avec son air de simplicité Françoise était pour les cuisiniers célèbres une plus terrible «camarade» que ne peut l′être l′actrice la plus envieuse et la plus infatuée. Nous sentîmes pourtant qu′elle avait un sentiment juste de son art et le respect des traditions, car elle ajouta: «Non, je veux dire un restaurant où c′est qu′il y avait l′air d′avoir une bien bonne petite cuisine bourgeoise. C′est une maison encore assez conséquente. Ça travaillait beaucoup. Ah! on en ramassait des sous là-dedans (Françoise, économe, comptait par sous, non par louis comme les décavés). Madame connaît bien là-bas à droite sur les grands boulevards, un peu en arrière . . . » Le restaurant dont elle parlait avec cette équité mêlée d′orgueil et de bonhomie, c′était . . . le Café Anglais. Y los dos se ponían a imitar la manera que tuvo el señor de Norpois de decir esa frase, como si hubiesen imitado una entonación de voz de Bressant o de Thiron en L′Aventuriére o en Le Gendre de M. Poirier. Pero la que más saboreó una frase del embajador fue Francisca, que aun años después no podía “estarse seria” cuando le recordaban que el señor de Norpois la trató de “maestro cocinero de primer orden”, frase que mi madre le transmitió como transmite un ministro de Guerra a las fuerzas las felicitaciones de un monarca extranjero después de “la revista”. Pero cuando mamá entró en la cocina ya estaba yo allí. Porque había arrancado a la pacifista pero cruel Francisca la promesa de que no haría padecer mucho a un conejo que tenía que matar, y no sabía nada de esa muerte. Francisca me aseguró, que todo fue muy bien y muy de prisa: "Nunca he visto un animalito como ése; ha muerto sin decir una palabra, parecía que era mudo". Como yo no estaba al corriente del lenguaje de los animales, alegué que acaso los conejos no chillaran tanto como los pollos: "¡Sí, está usted bueno! -me dijo Francisca, indignada por mi ignorancia-. ¿Conque los conejos no chillan tanto como los pollos? Lo que tienen es la voz aún más fuerte". Francisca recibió la enhorabuena del señor de Norpois con esa soberbia sencillez y esa mirada alegre y -aunque no fuera más que momentáneamente inteligente de una artista cuando le hablan de su arte. Mi madre mandó a Francisca, ya hacía tiempo a algunos restaurantes famosos para que viera cómo guisaban allí. Y aquella noche, cuando yo oí a Francisca calificar de bodegones a los más célebres restaurantes, tuve el mismo regocijo que cuando en otra ocasión me enteré de que la jerarquía de méritos de los actores no era la misma que la jerarquía de sus reputaciones. "El embajador asegura -le dijo mi madre- que en ninguna parte se come una vaca fiambre y unos soufflés como los de usted." Francisca, con aire modesto y como el que rinde homenaje a la verdad, asintió a esta opinión, sin mostrarse impresionada por el título de embajador; porque decía del señor de Norpois, con la amabilidad que se debe a la persona que la ha tratado a una de "maestro cocinero": "Es un buen viejo, como yo". Francisca quiso ver al señor de Norpois cuando éste llegó a casa; pero como a mamá no le gustaba que se anduviese mirando por detrás de las puertas o por las ventanas, y Francisca temía que los porteros o los otros criados contaran a la señora que había estado al acecho (porque Francisca veía por todas partes “envidias” y “chismes”, que en su imaginación cumplían ese funesto y permanente oficio que cumplen en la de otras personas los jesuítas y los judíos), se contentó con mirar desde la ventana de la cocina, para “no tener que andar discutiendo con la señora”; y en la sumaria visión que tuvo del embajador se le figuró ver un “parecido con el señor Legrand”, por la agelidad, decía ella, aunque en realidad no había entre ambas personas rasgo alguno de semejanza. - Pero, vamos a ver: ¿cómo se explica usted que a nadie le salga la gelatina mejor que a usted, cuando quiere? -Yo no sé por qué me transcurre eso -contestó Francisca (que no hacía una demarcación clara entre el verbo ocurrir, en alguna de sus acepciones, y el verbo transcurrir) Y con eso decía la verdad, porque no podía -o no quería-revelar el misterio de la superioridad de sus gelatinas o sus cremas, lo mismo que sucede a una gran elegante con su modo de vestirse o a una cantante con su, canto. Sus explicaciones no nos dicen apenas nada; e igual ocurría con las recetas de nuestra cocinera-. Es que lo cuecen deprisa y corriendo -respondió al hablar de los cocineros de los grandes restaurantes– y no lo cuecen todo junto. La carne tiene que ponerse como una esponja, y entonces embebe el jugo hasta lo último. Sin embargo, había un café de esos donde entendían algo de cocina. Claro que no era una gelatina como la mía, pero estaba hecha despacio y los soufflés tenían bastante crema. ¿Es en casa de Henry? -preguntó mi padre, que había venido también a la cocina y que estimaba mucho el restaurante de la plaza de Gaillon, donde se reunía a comer en determinadas fechas con sus compañeros de Cuerpo. -No, no dijo Francisca, con suavidad que encubría un profundo desdén-; yo digo un restaurante más pequeño. Ese Henry está bien, sí, pero no es un restaurante, más bien es un... un bouillon. - ¿Será Weber? - No, señor; el que yo digo es uno bueno. Ese Weber es el de la calle Royale, sí, pero no es un restaurante, es una cervecería. Me parece que ni siquiera sirven a la mesa. Ni siquiera manteles tienen; ponen las cosas encima de la mesa como quien tira algo. -¿Entonces, es Cirro? Francisca se sonrió: -Allí me parece que lo que hay más que cocina buena son señoras del gran mundo. (Gran mundo significa para Francisca cierta clase de mundo.) Claro que eso hace falta para la gente joven. Nos íbamos dando cuenta de que Francisca, con su aparente simplicidad, era para los cocineros célebres un “colega” mucho más terrible que lo que pueda ser la más infatuada y envidiosa de las actrices. Apreciamos, sin embargo, que tenía el sentido justo de su arte y un gran respeto a las tradiciones, porque añadió. - No; el que yo digo es un restaurante que se parecía a una cocina de casa particular. Es un establecimiento muy consecuente. Trabajaba mucho. ¡Ya ganaban allí perras, ya! (Porque Francisca, muy arreglada, contaba por perras, no por luises, coleo los jugadores desbancados.) La señora sabe dónde digo: allí, en los grandes bulevares; un poco hacia lo último... El restaurante del que estaba hablando con esa mezcla de equidad y sencillez era... el café Inglés...
Quand vint le 1er janvier, je fis d′abord des visites de famille, avec maman, qui, pour ne pas me fatiguer, les avait d′avance (à l′aide d′un itinéraire tracé par mon père) classées par quartier plutôt que selon le degré exact de la parenté. Mais à peine entrés dans le salon d′une cousine assez éloignée qui avait comme raison de passer d′abord, que sa demeure ne le fût pas de la nôtre, ma mère était épouvantée en voyant, ses marrons glacés ou déguisés à la main, le meilleur ami du plus susceptible de mes oncles auquel il allait rapporter que nous n′avions pas commencé notre tournée par lui. Cet oncle serait sûrement blessé; il n′eût trouvé que naturel que nous allassions de la Madeleine au Jardin des Plantes où il habitait avant de nous arrêter à Saint-Augustin, pour repartir rue de l′École-de-Médecine. Cuando llegó el 1° de enero hice primero las visitas a la familia con mamá, que para no cansarme las clasificó de antemano (con ayuda de un itinerario que trazó mi padre) por barrios; y no ateniéndonos al grado exacto de parentesco. Pero apenas entrábamos en la sala de una prima lejana, donde íbamos antes porque su casa estaba, al contrario del parentesco, muy cercana, mi madre se asustaba de ver allí, con sus castañas en dulce o garapiñadas en la mano, a un íntimo amigo del más susceptible de nuestros tíos, al que iría a contarle en seguida que no habíamos empezado por él nuestras visitas. Mi tío se daría por ofendido, de seguro: le hubiese parecido muy natural que fuéramos desde la Magdalena al jardín de Plantas, donde él vivía, sin pararnos en San Agustín, para tener que volver luego a la calle de la Escuela de Medicina.
Les visites finies (ma grand′mère dispensait que nous en fissions une chez elle, comme nous y dînions ce jour-là) je courus jusqu′aux Champs-Élysées porter à notre marchande pour qu′elle la remît à la personne qui venait plusieurs fois par semaine de chez les Swann y chercher du pain d′épices, la lettre que dès le jour où mon amie m′avait fait tant de peine, j′avais décidé de lui envoyer au nouvel an, et dans laquelle je lui disais que notre amitié ancienne disparaissait avec l′année finie, que j′oubliais mes griefs et mes déceptions et qu′à partir du 1er janvier, c′était une amitié neuve que nous allions bâtir, si solide que rien ne la détruirait, si merveilleuse que j′espérais que Gilberte mettrait quelque coquetterie à lui garder toute sa beauté et à m′avertir à temps comme je promettais de le faire moi-même, aussitôt que surviendrait le moindre péril qui pourrait l′endommager. En rentrant, Françoise me fit arrêter, au coin de la rue Royale, devant un étalage en plein vent où elle choisit, pour ses propres étrennes, des photographies de Pie IX et de Raspail et où, pour ma part, j′en achetai une de la Berma. Les innombrables admirations qu′excitait l′artiste donnaient quelque chose d′un peu pauvre à ce visage unique qu′elle avait pour y répondre, immuable et précaire comme ce vêtement des personnes qui n′en ont pas de rechange, et où elle ne pouvait exhiber toujours que le petit pli au-dessus de la lèvre supérieure, le relèvement des sourcils, quelques autres particularités physiques toujours les mêmes qui, en somme, étaient à la merci d′une brûlure ou d′un choc. Ce visage, d′ailleurs, ne m′eût pas à lui seul semblé beau, mais il me donnait l′idée, et par conséquent, l′envie de l′embrasser à cause de tous les baisers qu′il avait dû supporter, et que du fond de la «carte-album», il semblait appeler encore par ce regard coquettement tendre et ce sourire artificieusement ingénu. Car la Berma devait ressentir effectivement pour bien des jeunes hommes ces désirs qu′elle avouait sous le couvert du personnage de Phèdre, et dont tout, même le prestige de son nom qui ajoutait à sa beauté et prorogeait sa jeunesse, devait lui rendre l′assouvissement si facile. Le soir tombait, je m′arrêtai devant une colonne de théâtre où était affichée la représentation que la Berma donnait pour le 1er janvier. Il soufflait un vent humide et doux. C′était un temps que je connaissais; j′eus la sensation et le pressentiment que le jour de l′an n′était pas un jour différent des autres, qu′il n′était pas le premier d′un monde nouveau où j′aurais pu, avec une chance encore intacte, refaire la connaissance de Gilberte comme au temps de la Création, comme s′il n′existait pas encore de passé, comme si eussent été anéanties, avec les indices qu′on aurait pu en tirer pour l′avenir, les déceptions qu′elle m′avait parfois causées: un nouveau monde où rien ne subsistât de l′ancien . . . rien qu′une chose: mon désir que Gilberte m′aimât. Je compris que si mon cur souhaitait ce renouvellement autour de lui d′un univers qui ne l′avait pas satisfait, c′est que lui, mon cur, n′avait pas changé, et je me dis qu′il n′y avait pas de raison pour que celui de Gilberte eût changé davantage; je sentis que cette nouvelle amitié c′était la même, comme ne sont pas séparées des autres par un fossé les années nouvelles que notre désir, sans pouvoir les atteindre et les modifier, recouvre à leur insu d′un nom différent. J′avais beau dédier celle-ci à Gilberte, et comme on superpose une religion aux lois aveugles de la nature, essayer d′imprimer au jour de l′an l′idée particulière que je m′étais faite de lui, c′était en vain; je sentais qu′il ne savait pas qu′on l′appelât le jour de l′an, qu′il finissait dans le crépuscule d′une façon qui ne m′était pas nouvelle: dans le vent doux qui soufflait autour de la colonne d′affiches, j′avais reconnu, j′avais senti reparaître la matière éternelle et commune, l′humidité familière, l′ignorante fluidité des anciens jours. En cuanto se acabaron las visitas (mi abuela nos dispensaba la suya porque ese día cenábamos en su casa) me fui corriendo a los Campos Elíseos para entregar a nuestra vendedora, y que ella se la diera a la criada de los Swann, que iba a su puesto varias veces a la semana por pan de miel, una carta que me decidí a mandara mi amiga el día de Año Nuevo, aquella tarde en que me hizo sufrir tanto; decíale en ella que nuestra amistad vieja se borraba con el año que acababa de terminar, que yo daba por olvidadas mis quejas y mis decepciones, y que desde el primero de año íbamos a levantar una amistad nueva tan sólida que nada podría destruirla, y tan maravillosa que yo esperaba que Gilberta pusiese cierta coquetería en que no perdería nunca su belleza, y que me avisara a tiempo, como yo prometía hacerlo también por mi parte, si veía surgir el menor peligro de que se estropeara. Al volver, Francisca me hizo pararme en un puesto esquina a la calle Royale, donde compró, para sus aguinaldos, retratos de Pío IX y de Raspail; yo compré uno de la Berma. Tantas admiraciones excitaba la artista, que parecía muy pobre aquel rostro único que tenía para responder a todas, precario e inmutable, como la vestimenta de esas personas que no tienen traje de repuesto; ese rostro, en el que tenía que exhibir siempre lo mismo: una arruguita encima del labio superior, unas cejas enarcadas y algunas particularidades físicas siempre idénticas, y que estaban a la merced de un golpe o de una quemadura. Por lo demás, ese rostro no me hubiese parecido bonito en sí mismo, pero me inspiraba la idea, y por ende el deseo, de besarlo a causa de todos los besos que debía de haber recibido; esos besos que aun parecía estar solicitando desde el fondo de la “tarjeta de álbum” con el mirar de cariñosa coquetería y la sonrisa de ingenuo artificio. Porque la Berma debía de sentir de verdad hacia muchos mozos los deseos que confesaba bajo su disfraz de personaje de Fedra, deseos que le sería muy fácil satisfacer por todo, hasta por el prestigio de su nombre, que realzaba su belleza y prolongaba su juventud. La tarde iba cayendo; me paré delante de tina cartelera donde se anunciaba la representación que daba la Berma el primero de año. Corría un viento suave y húmedo. Este tiempo me era bien conocido; tuve la sensación y el presentimiento de que el día de Año Nuevo no era un día distinto de los demás, no era el primer día de un mundo nuevo, en el que yo podría, probando mi suerte, aun no mellada, rehacer mi amistad con Gilberta como en el tiempo de la Creación, como si todavía no existiese el pasado, como si hubiesen sido reducidas a la nada todas las decepciones que a ratos me causara Gilberta y los indicios para el porvenir que de ellas pudiesen deducirse; un mundo nuevo en el que no subsistiese nada del antiguo, nada... más que una cosa: mi deseo de que Gilberta me quisiera. Comprendí que si mi corazón ansiaba que en torno de ella se renovara aquel universo que no le había satisfecho es porque él, mi corazón, no había cambiado, y me dije que tampoco había motivo para que hubiese cambiado el de Gilberta; que aquella nueva amistad era la misma de antes, como ocurre con los años nuevos, que no están separados por un foso de los demás; esos años que nuestro deseo, impotente para llegar a su entraña y modificarlos, reviste, sin que ellos lo sepan, de un nombre diferente. De nada servía que yo dedicara éste que empezaba a Gilberta, y que, como se superpone una religión a las leyes ciegas de la Naturaleza, intentara imprimir al día primero de año la idea particular que yo me formaba de él; todo en vano: sentí que él no sabía que le llamábamos el día de Año Nuevo que expiraba en el ocaso de un modo que para mí no era nuevo; y en el viento suave que soplaba por alrededor de la cartelera reconocí, vi reaparecer la materia eterna y común, la humedad familiar, el inconsciente fluir de los días de siempre.
Je revins à la maison. Je venais de vivre le 1er janvier des hommes vieux qui diffèrent ce jour-là des jeunes, non parce qu′on ne leur donne plus d′étrennes, mais parce qu′ils ne croient plus au nouvel an. Des étrennes j′en avais reçu mais non pas les seules qui m′eussent fait plaisir et qui eussent été un mot de Gilberte. J′étais pourtant jeune encore tout de même puisque j′avais pu lui en écrire un par lequel j′espérais en lui disant les rêves lointains de ma tendresse, en éveiller de pareils en elle. La tristesse des hommes qui ont vieilli c′est de ne pas même songer à écrire de telles lettres dont ils ont appris l′inefficacité. Volví a casa. Acababa de vivir el primero de alto de los hombres viejos, que se distinguen ese día de los jóvenes no porque no les dan aguinaldos, sino porque ya no creen en el Año Nuevo. Yo tuve aguinaldos, sí, pero no el único que me habría alegrado: una esquela de Gilberta. Y, sin embargo, yo aun era joven, puesto que le había escrito una carta donde le contaba los solitarios ensueños forjados por mi cariño en la esperanza de suscitar en ella ensueltos semejantes. Y la pena de los hombres que envejecen es el no soñar ya siquiera en escribir cartas de esas, porque saben que son ineficaces.
Quand je fus couché, les bruits de la rue, qui se prolongeaient plus tard ce soir de fête, me tinrent éveillé. Je pensais à tous les gens qui finiraient leur nuit dans les plaisirs, à l′amant, à la troupe de débauchés peut-être, qui avaient dû aller chercher la Berma à la fin de cette représentation que j′avais vue annoncée pour le soir. Je ne pouvais même pas, pour calmer l′agitation que cette idée faisait naître en moi dans cette nuit d′insomnie, me dire que la Berma ne pensait peut-être pas à l′amour, puisque les vers qu′elle récitait, qu′elle avait longuement étudiés, lui rappelaient à tous moments qu′il est délicieux, comme elle le savait d′ailleurs si bien qu′elle en faisait apparaître les troubles bien connus — mais doués d′une violence nouvelle et d′une douceur insoupçonnée, — à des spectateurs émerveillés dont chacun pourtant les avait ressentis par soi-même. Je rallumai ma bougie éteinte pour regarder encore une fois son visage. A la pensée qu′il était sans doute en ce moment caressé par ces hommes que je ne pouvais empêcher de donner à la Berma, et de recevoir d′elle, des joies surhumaines et vagues, j′éprouvais un émoi plus cruel qu′il n′était voluptueux, une nostalgie que vint aggraver le son du cor, comme on l′entend la nuit de la Mi-Carême, et souvent des autres fêtes, et qui, parce qu′il est alors sans poésie, est plus triste, sortant d′un mastroquet, que «le soir au fond des bois». A ce moment-là, un mot de Gilberte n′eût peut-être pas été ce qu′il m′eût fallu. Nos désirs vont s′interférant et, dans la confusion de l′existence, il est rare qu′un bonheur vienne justement se poser sur le désir qui l′avait réclamé. Me acosté, y los ruidos callejeros, que se prolongaron más aquella noche de fiesta, me tuvieron desvelado. Pensaba en todas las personas que acabarían la noche entre placeres, en el amante, en la tropa de calaveras quizá que irían uno y otros a buscar a la Berma cuando acabara la representación que yo vi anunciada. Y ni siquiera podía decirme, para calmar la agitación que esa idea me causaba en la noche de desvelo, que la Berma acaso no pensara en el amor, puesto que los versos que recitaba, y que tan estudiados tenía, le recordaban a cada instante que es delicioso, cosa que ella ya sabía, y tan perfectamente que daba forma a las conmociones que inspira el amor, bien conocidas -pero que ella revestía de violencia nueva e insospechada dulzura-, ante asombrados espectadores que ya las habían sentido por cuenta propia. Volví a encender la bujía para contemplar otra vez su rostro. Y al pensar en que esa cara sería en este momento acariciada indudablemente por unos hombres y que yo no podía impedirles que dieran a la Berma y de ella recibieran goces vagos y sobrehumanos, sentí una emoción, más que voluptuosa, cruel; una nostalgia agravada por el sonar de un corno, ese corno que se suele oír en el Carnaval y en otras fiestas, y que como no tiene poesía, es ahora, que sale de un tabernucho, mucho más triste que le sois au fosad da bois. Y en aquel momento quizá no fuera la escuela de Gilberta lo que yo hubiese necesitado. Nuestros anhelos van enredándose unos con otros, y en esa confusión de la vida es muy raro que una felicidad venga a posarse justamente encima del deseo que la llamaba.
Je continuai à aller aux Champs-Élysées les jours de beau temps, par des rues dont les maisons élégantes et roses baignaient, parce que c′était le moment de la grande vogue des Expositions d′Aquarellistes, dans un ciel mobile et léger. Je mentirais en disant que dans ce temps-là les palais de Gabriel m′aient paru d′une plus grande beauté ni même d′une autre époque que les hôtels avoisinants. Je trouvais plus de style et aurais cru plus d′ancienneté sinon au Palais de l′Industrie, du moins à celui du Trocadéro. Plongée dans un sommeil agité, mon adolescence enveloppait d′un même rêve tout le quartier où elle le promenait, et je n′avais jamais songé qu′il pût y avoir un édifice du XVIIIe siècle dans la rue Royale, de même que j′aurais été étonné si j′avais appris que la Porte-Saint-Martin et la Porte Saint-Denis, chefs-d′uvre du temps de Louis XIV, n′étaient pas contemporains des immeubles les plus récents de ces arrondissements sordides. Une seule fois un des palais de Gabriel me fit arrêter longuement; c′est que la nuit étant venue, ses colonnes dématérialisées par le clair de lune avaient l′air découpées dans du carton et me rappelant un décor de l′opérette: Orphée aux Enfers, me donnaient pour la première fois une impression de beauté. Seguí yendo a los Campos Elíseos los días que hacía buen tiempo, por unas calles donde había casas elegantes y rosadas que, como entonces estaban muy de moda las exposiciones de acuarelistas, se bañaban en un cielo ligero y móvil. Mentiría si dijese que los palacios de Gabriel me parecían en aquellos tiempos más hermosos, ni siquiera de distinta época, que las casas de por alrededor. El edificio que a mí me parecía tener más estilo y mayor antigüedad era, ya que no el palacio de la Industria, el Trocadero. Mi adolescencia, sumida como estaba en agitado sueño envolvía en una misma ilusión todo el barrio por donde la iba paseando, y nunca se me ocurrió que pudiera haber un edificio del siglo XVIII en la calle Royale, lo mismo que me habría asombrado saber que la Porte Saint–Martin y la Porte Saint–Denis obras magistrales del tiempo de Luis XIV, no eran contemporáneas de los más recientes inmuebles de esos sórdidos distritos. Tan sólo una vez me hizo pararme uno de los palacios de Gabriel, y fue porque había caído la noche, y sus columnas, inmaterializadas por el claror de la luna, parecía que estaban recortarlas en cartón; y al traerme a la memoria una decoración de la opera Orfeo en los infiernos, me hicieron por primera vez una impresión de cosa bella.
Gilberte cependant ne revenait toujours pas aux Champs-Élysées. Et pourtant j′aurais eu besoin de la voir, car je ne me rappelais même pas sa figure. La manière chercheuse, anxieuse, exigeante que nous avons de regarder la personne que nous aimons, notre attente de la parole qui nous donnera ou nous ôtera l′espoir d′un rendez-vous pour le lendemain, et, jusqu′à ce que cette parole soit dite, notre imagination alternative, sinon simultanée, de la joie et du désespoir, tout cela rend notre attention en face de l′être aimé, trop tremblante pour qu′elle puisse obtenir de lui une image bien nette. Peut-être aussi cette activité de tous les sens à la fois et qui essaye de connaître avec les regards seuls ce qui est au delà d′eux, est-elle trop indulgente aux mille formes, à toutes les saveurs, aux mouvements de la personne vivante que d′habitude, quand nous n′aimons pas, nous immobilisons. Le modèle chéri, au contraire, bouge; on n′en a jamais que des photographies manquées. Je ne savais vraiment plus comment étaient faits les traits de Gilberte sauf dans les moments divins, où elle les dépliait pour moi: je ne me rappelais que son sourire. Et ne pouvant revoir ce visage bien-aimé, quelque effort que je fisse pour m′en souvenir, je m′irritais de trouver, dessinés dans ma mémoire avec une exactitude définitive, les visages inutiles et frappants de l′homme des chevaux de bois et de la marchande de sucre d′orge: ainsi ceux qui ont perdu un être aimé qu′ils ne revoient jamais en dormant, s′exaspèrent de rencontrer sans cesse dans leurs rêves tant de gens insupportables et que c′est déjà trop d′avoir connus dans l′état de veille. Dans leur impuissance à se représenter l′objet de leur douleur, ils s′accusent presque de n′avoir pas de douleur. Et moi je n′étais pas loin de croire que ne pouvant me rappeler les traits de Gilberte, je l′avais oubliée elle-même, je ne l′aimais plus. Enfin elle revint jouer presque tous les jours, mettant devant moi de nouvelles choses à désirer, à lui demander, pour le lendemain, faisant bien chaque jour en ce sens-là, de ma tendresse une tendresse nouvelle. Mais une chose changea une fois de plus et brusquement la façon dont tous les après-midis vers deux heures se posait le problème de mon amour. M. Swann avait-il surpris la lettre que j′avais écrite à sa fille, ou Gilberte ne faisait-elle que m′avouer longtemps après, et afin que je fusse plus prudent, un état de choses déjà ancien? Comme je lui disais combien j′admirais son père et sa mère, elle prit cet air vague, plein de réticences et de secret qu′elle avait quand on lui parlait de ce qu′elle avait à faire, de ses courses et de ses visites, et tout d′un coup finit par me dire: «Vous savez, ils ne vous gobent pas!» et glissante comme une ondine — elle était ainsi — elle éclata de rire. Souvent son rire en désaccord avec ses paroles semblait, comme fait la musique, décrire dans un autre plan, une surface invisible. M. et Mme Swann ne demandaient pas à Gilberte de cesser de jouer avec moi, mais eussent autant aimé, pensait-elle, que cela n′eût pas commencé. Ils ne voyaient pas mes relations avec elle d′un il favorable, ne me croyaient pas d′une grande moralité et s′imaginaient que je ne pouvais exercer sur leur fille qu′une mauvaise influence. Ce genre de jeunes gens peu scrupuleux auxquels Swann me croyait ressembler, je me les représentais comme détestant les parents de la jeune fille qu′ils aiment, les flattant quand ils sont là, mais se moquant d′eux avec elle, la poussant à leur désobéir, et quand ils ont une fois conquis leur fille, les privant même de la voir. A ces traits (qui ne sont jamais ceux sous lesquels le plus grand misérable se voit lui-même) avec quelle violence mon cur opposait ces sentiments dont il était animé à l′égard de Swann, si passionnés au contraire que je ne doutais pas que s′il les eût soupçonnés il ne se fût repenti de son jugement à mon égard comme d′une erreur judiciaire. Tout ce que je ressentais pour lui, j′osai le lui écrire dans une longue lettre que je confiai à Gilberte en la priant de la lui remettre. Elle y consentit. Hélas! il voyait donc en moi un plus grand imposteur encore que je ne pensais; ces sentiments que j′avais cru peindre, en seize pages, avec tant de vérité, il en avait donc douté; la lettre que je lui écrivis, aussi ardente et aussi sincère que les paroles que j′avais dites à M. de Norpois n′eut pas plus de succès. Gilberte me raconta le lendemain, après m′avoir emmené à l′écart derrière un massif de lauriers, dans une petite allée où nous nous assîmes chacun sur une chaise, qu′en lisant la lettre qu′elle me rapportait, son père avait haussé les épaules, en disant: «Tout cela ne signifie rien, cela ne fait que prouver combien j′ai raison.» Moi qui savais la pureté de mes intentions, la bonté de mon âme, j′étais indigné que mes paroles n′eussent même pas effleuré l′absurde erreur de Swann. Car que ce fût une erreur, je n′en doutais pas alors. Je sentais que j′avais décrit avec tant d′exactitude certaines caractéristiques irrécusables de mes sentiments généreux que, pour que d′après elles Swann ne les eût pas aussitôt reconstitués, ne fût pas venu me demander pardon et avouer qu′il s′était trompé, il fallait que ces nobles sentiments, il ne les eût lui-même jamais ressentis, ce qui devait le rendre incapable de les comprendre chez les autres. Y, entretanto, Gilberta seguía sin volver por los Campos Elíseos. Y yo tenía gran necesidad de verla, porque ni siquiera me acordaba ya de su cara. El modo inquisitivo, ansioso, exigente, con que miramos a la persona querida; la espera de una palabra que nos dé o nos quite la alegría de una cita para el otro día, y mientras esa palabra se formula, las figuraciones alternativas, si no simultáneas, que nos hacemos, de gozo y de desesperación, son cosas que contribuyen a que nuestra atención frente al ser amado sea harto temblorosa para que podamos obtener una imagen suya bien clara. Y acaso sucede también que esa actividad de todos los sentidos, a la vez que intenta conocer por medio de las miradas lo que está más allá de ellas, se entrega con demasiada indulgencia a las mil formas, a los sabores, a los movimientos de la persona viva, a todas esas cosas que de costumbre inmovilizamos cuando no sentimos amor. En cambio, el modelo amado está siempre moviéndose, y no tenemos de él más que malas fotografías. Yo, en verdad, no sabía cómo estaba hecha la cara de Gilberta más que en los momentos divinos en que la animaba para mí; sólo me acordaba de su sonrisa. Y como no podía ver, por muchos esfuerzos que hiciera para recordarlo, aquel rostro queridísimo, me irritaba al encontrar en mi memoria con definitiva exactitud las caras inútiles y sorprendentes del hombre del tiovivo y de la vendedora de barritas de caramelo; como sucede a esas personas que perdieron un ser querido y no logran volver a verlo en sueños, y se exasperan al encontrarse continuamente en sus pesadillas a tantas personas insoportables que ya basta y sobra con verlas en estado de vigilia. Y en su impotencia para representarse el objeto de su dolor, casi se acusan de no sentir bastante dolor. Así yo no distaba mucho de creer que al no poder acordarme de la fisonomía de Gilberta es que la había olvidado, que no la quería ya. Por fin volvió a jugar casi a diario, poniendo ante mi vista nuevas cosas que desear y que pedirle para el otro día, y en ese sentido convirtiendo mi cariño cada día en un cariño nuevo. Pero hubo una cosa que cambió una vez más y de modo brusco la manera que tenía de planteárseme todas las tardes, a eso de las dos, el problema de mi amor. ¿Es que el señor Swann había cogido la carta que yo escribí a su hija, o es que Gilberta me confesaba ahora por fin, con objeto de que fuera yo más prudente, un estado de cosas ya antiguo? Como yo le dijera cuánto admiraba a su padre y a su madre, tomó esa actitud vaga, henchida de reticencias y de secreto, que solía tomar cuando le hablaban de sus quehaceres, de sus compras y de sus visitas, y acabó por decirme de golpe: “Pues, ¿sabe usted?, ellos no lo pueden tragar”; y escurridiza corno una ondina -que así era ella-, se echó a reír. Muchas veces la risa de Gilberta no estaba acorde con sus palabras, y parecía describir en otro plano una superficie invisible, como hace la música. Los señores de Swann no dijeron a Gilberta que dejara de jugar conmigo; pero se le figuraba a ella que sus padres hubiesen preferido que no empezáramos a jugar juntos. No veían con agrado mi trato con ella porque no me creían de grandes prendas morales y se figuraban que no ejercería en su hija más que una mala influencia. Y yo me representaba esa clase de muchachos poco escrupulosos, a los cuales Swann se imaginaba que me parecía yo, como personas que detestan a los padres de su novia, que los halagan cuando están delante, y después, a solas con ella, se burlan de ellos y la incitan a que los desobedezca, y que si al fin conquistan a la muchacha luego no la dejan ir a ver a sus padres. A estos caracteres (que no son nunca aquellos con que se ve a sí mismo un gran miserable) oponía mi corazón, con violencia suma, los sentimientos que le inspiraba Swann, tan fogosos, por el contrario, que yo estaba seguro de que de haberlos sospechado en mí se habría arrepentido de su juicio como de un error judicial. Tuve el atrevimiento de escribir una larga carta donde le contaba todo el afecto que por él sentía, y se la confié a Gilberta para que se la entregase. Gilberta accedió. Pero, ¡ay!, que sin duda me tenía por más impostor aún que lo que yo me figuraba: no prestó fe a la veracidad de esos sentimientos que yo le describía en dieciséis carillas con tanta exactitud; la carta mía, tan sincera y tan ardiente como las palabras que dije al señor de Norpois, no lograron más éxito que éstas. Al otro día Gilberta me llevó a un paseo lateral, y allí, ocultos tras un bosquecillo de laureles y sentados en sendas sillas, me contó que su padre, al leer la carta, se encogió de hombros y dijo: “Todo esto no quiere decir nada; lo que demuestra es que tengo mucha razón”. Y yo, que sabía lo puro de mis intenciones y lo bondadoso de mi alma, me indigné de que mis palabras no hubiesen hecho la más ligera mella en el absurdo error de Swann. Porque entonces yo estaba seguro de que era un error. Tenía yo la sensación de haber descrito con tanta exactitud ciertas irrecusables características de mis sentimientos generosos, que si después de eso Swann no los había sabido reconstituir enseguida y no había venido a pedirme perdón confesando que se había equivocado, tenía que ser porque él no sintió nunca esos nobles sentimientos, lo cual debía de incapacitarlo para comprenderlos en los demás.
Or, peut-être simplement Swann savait-il que la générosité n′est souvent que l′aspect intérieur que prennent nos sentiments égoî²´es quand nous ne les avons pas encore nommés et classés. Peut-être avait-il reconnu dans la sympathie que je lui exprimais, un simple effet — et une confirmation enthousiaste — de mon amour pour Gilberte, par lequel — et non par ma vénération secondaire pour lui — seraient fatalement dans la suite dirigés mes actes. Je ne pouvais partager ses prévisions, car je n′avais pas réussi à abstraire de moi-même mon amour, à le faire rentrer dans la généralité des autres et à en supporter expérimentalement les conséquences; j′étais désespéré. Je dus quitter un instant Gilberte, Françoise m′ayant appelé. Il me fallut l′accompagner dans un petit pavillon treillissé de vert, assez semblable aux bureaux d′octroi désaffectés du vieux Paris, et dans lequel étaient depuis peu installés, ce qu′on appelle en Angleterre un lavabo, et en France, par une anglomanie mal informée, des water-closets. Les murs humides et anciens de l′entrée, où je restai à attendre Françoise dégageaient une fraîche odeur de renfermé qui, m′allégeant aussitôt des soucis que venaient de faire naître en moi les paroles de Swann rapportées par Gilberte, me pénétra d′un plaisir non pas de la même espèce que les autres, lesquels nous laissent plus instables, incapables de les retenir, de les posséder, mais au contraire d′un plaisir consistant auquel je pouvais m′étayer, délicieux, paisible, riche d′une vérité durable, inexpliquée et certaine. J′aurais voulu, comme autrefois dans mes promenades du côté de Guermantes, essayer de pénétrer le charme de cette impression qui m′avait saisi et rester immobile à interroger cette émanation vieillotte qui me proposait non de jouir du plaisir qu′elle ne me donnait que par surcroît, mais de descendre dans la réalité qu′elle ne m′avait pas dévoilée. Mais la tenancière de l′établissement, vieille dame à joues plâtrées, et à perruque rousse, se mit à me parler. Françoise la croyait «tout à fait bien de chez elle». Sa demoiselle avait épousé ce que Françoise appelait «un jeune homme de famille» par conséquent quelqu′un qu′elle trouvait plus différent d′un ouvrier que Saint-Simon un duc d′un homme «sorti de la lie du peuple». Sans doute la tenancière avant de l′être avait eu des revers. Mais Françoise assurait qu′elle était marquise et appartenait à la famille de Saint-Ferréol. Cette marquise me conseilla de ne pas rester au frais et m′ouvrit même un cabinet en me disant: «Vous ne voulez pas entrer? en voici un tout propre, pour vous ce sera gratis.» Elle le faisait peut-être seulement comme les demoiselles de chez Gouache quand nous venions faire une commande m′offraient un des bonbons qu′elles avaient sur le comptoir sous des cloches de verre et que maman me défendait hélas d′accepter; peut-être aussi moins innocemment comme telle vieille fleuriste par qui maman faisait remplir ses «jardinières» et qui me donnait une rose en roulant des yeux doux. En tous cas, si la «marquise» avait du goût pour les jeunes garçons, en leur ouvrant la porte hypogéenne de ces cubes de pierre où les hommes sont accroupis comme des sphinx, elle devait chercher dans ses générosités moins l′espérance de les corrompre que le plaisir qu′on éprouve à se montrer vainement prodigue envers ce qu′on aime, car je n′ai jamais vu auprès d′elle d′autre visiteur qu′un vieux garde forestier du jardin. Y puede que todo proviniera de que Swann sabía que muchas veces la generosidad no es sino el aspecto interior que toman nuestros sentimientos egoístas cuando todavía no los hemos denominado y clasificado. Acaso descubrió en aquella simpatía que yo le expresaba sólo el simple efecto -y la confirmación entusiasta- de mi amor a Gilberta, el cual amor -y no mi secundaria veneración por Swann- sería fatalmente en lo por venir norma de mis actos. Y no me era posible compartir sus previsiones porque yo no había logrado abstraer mi amor de mi propia persona, incluirlo en la generalidad de los demás amores y soportar experimentalmente sus consecuencias; así, que me desesperé. Fue menester separarme un momento de Gilberta porque Francisca me había llamado, y tuve que acompañarla a un pabelloncito con celosías verdes, muy parecido a los antiguos fielatos del París viejo, donde estaban instalados hacía poco lo que en Inglaterra llaman lavabos y en Francia, por una anglomanía mal informada, water– closets. De las –paredes, viejas y húmedas, de la entrada, en donde yo me quedé esperando a Francisca, se desprendía un fresco olor a lugar cerrado que, aliviándome de la pena que en mí despertaran las palabras de Gilberta, me llenó de un placer que no era del mismo linaje de los otros placeres, que nos dejan aún más instables y sin poder retenerlos y poseerlos, sino un placer consistente en el que yo podía apoyarme, delicioso, apacible y henchido de verdad duradera, cierta e inexplicada. Yo hubiese querido, como antaño en mis paseos por el lado de Guermantes, intentar profundizar en la seducción de esa impresión que me había sobrecogido y estarme quieto interrogando aquella aviejada emanación que me invitaba no ya a gozar del placer que me daba por añadidura, sino hasta descender a la realidad que en sí me ocultaba. Pero la encargada del establecimiento, una vieja con la cara enyesada y peluca rojiza, empezó a hablarme. Francisca la consideraba “de muy buena casa”. Su hija se había casado con lo que Francisca denominaba “un muchacho de familia”, es decir, un ser a quien ella encontraba más diferencias con un artesano que las que veía Saint–Simón entre un duque y un hombre “salido de la hez del pueblo”. Indudablemente, la encargada, para llegar a ese estado, debió de pasar por reveses de fortuna. Pero Francisca afirmaba que era marquesa y de la familia de Saint–Férreol. La tal marquesa me aconsejó que no estuviera allí al fresco y hasta me abrió un retrete, diciéndome: “Pase usted, si quiere. Éste está muy limpio y no le cobraré nada”. Quizá lo hacía como las señoritas dependientas de casa de Gouache que me ofrecían bombones que tenían encima del mostrador bajo unas campanas de cristal, bombones que mamá me prohibía, ¡ay!, que aceptara, o acaso, menos inocentemente, como la florista vieja que llenaba a mamá sus “jardineras”, y que al darme una rosa ponía unos ojos muy tiernos. En todo caso, si la “marquesa” tenía afición a los jovenzuelos y les abría la puerta hipogea de esos cubículos de piedra donde los hombres están acurrucados como las Esfinges, debía de ir buscando, en su generosidad, más que la esperanza de corromperlos, el placer que se siente en mostrarse vanamente pródigo con las personas queridas, porque nunca vi que tuviera más visitas que un guarda viejo del jardín.
Un instant après je prenais congé de la marquise, accompagné de Françoise, et je quittai cette dernière pour retourner auprès de Gilberte. Je l′aperçus tout de suite, sur une chaise, derrière le massif de lauriers. C′était pour ne pas être vue de ses amies: on jouait à cache-cache. J′allai m′asseoir à côté d′elle. Elle avait une toque plate qui descendait assez bas sur ses yeux leur donnant ce même regard «en dessous», rêveur et fourbe que je lui avais vu la première fois à Combray. Je lui demandai s′il n′y avait pas moyen que j′eusse une explication verbale avec son père. Gilberte me dit qu′elle la lui avait proposée, mais qu′il la jugeait inutile. Tenez, ajouta-t-elle, ne me laissez pas votre lettre, il faut rejoindre les autres puisqu′ils ne m′ont pas trouvée.» Un momento después Francisca y yo nos despedimos de la marquesa, y yo me separé de Francisca para volver a Gilberta. La vi enseguida, sentada en su silla, detrás del bosquecillo de laureles. Era para que no la vieran sus amigas; estaban jugando al escondite. Fui a sentarme a su lado. Llevaba una gorra achatada que le caía bastante sobre los ojos, prestándole ese mismo mirar “por bajo”, pensativo y engañoso, como cuando la vi por primera vez en Combray. Le pregunté si no habría medio de que yo tuviera una explicación verbal con su padre. Gilberta me dijo que ya se lo había propuesto, pero que su padre consideraba que sería inútil. -Tenga -añadió-, no me deje usted con la carta; voy a buscar a las otras, porque no me han encontrado.
Si Swann était arrivé alors avant même que je l′eusse reprise, cette lettre de la sincérité de laquelle je trouvais qu′il avait été si insensé de ne pas s′être laissé persuader, peut-être aurait-il vu que c′était lui qui avait raison. Car m′approchant de Gilberte qui, renversée sur sa chaise, me disait de prendre la lettre et ne me la tendait pas, je me sentis si attiré par son corps que je lui dis: Si Swann hubiese llegado entonces, antes de coger yo aquella carta de la sinceridad, esa carta por la cual me parecía insensato que no se dejara convencer, quizá habría visto que él tenía razón. Porque al acercarme a Gilberta, que, echada para atrás en su silla, me decía que cogiera la carta, pero sin dármela, me sentí tan atraído por su cuerpo, que le dije:
— Voyons, empêchez-moi de l′attraper nous allons voir qui sera le plus fort. - Vamos a ver si usted no me impide que la agarre y cuál de los dos puede más.
Elle la mit dans son dos, je passai mes mains derrière son cou, en soulevant les nattes de cheveux qu′elle portait sur les épaules, soit que ce fût encore de son âge, soit que sa mère voulût la faire paraître plus longtemps enfant, afin de se rajeunir elle-même; nous luttions, arc-boutés. Je tâchais de l′attirer, elle résistait; ses pommettes enflammées par l′effort étaient rouges et rondes comme des cerises; elle riait comme si je l′eusse chatouillée; je la tenais serrée entre mes jambes comme un arbuste après lequel j′aurais voulu grimper; et, au milieu de la gymnastique que je faisais, sans qu′en fût à peine augmenté l′essoufflement que me donnaient l′exercice musculaire et l′ardeur du jeu, je répandis, comme quelques gouttes de sueur arrachées par l′effort, mon plaisir auquel je ne pus pas même m′attarder le temps d′en connaître le goût; aussitôt je pris la lettre. Alors, Gilberte me dit avec bonté: Ella escondió la carta detrás del cuerpo, y yo le eché las dos manos por el cuello, alzando las trenzas, que aun llevaba colgando, bien porque estuviera todavía en edad de eso, bien porque su madre quisiera hacerla pasar por más niña, con objeto de rejuvenecerse ella; nos agarramos. Yo hice por atraerla hacía mí; ella se resistía y se le pusieron los carrillos encendidos por el esfuerzo, rojos y redondos cual cerezas; se reía como si le hiciese cosquillas; yo la tenía bien enlazada con mis piernas, lo mismo que un arbusto al que se quiere trepar; y en medio de aquella gimnasia que yo hacía, sin que se acelerara apenas la sofocación que me causaba el ejercicio muscular y el ardor del juego, se escapó mi placer como unas cuantas gotas de sudor arrancadas por el esfuerzo, y sin que me quedase ni siquiera tiempo, saborearlo; enseguida cogí la carta.
— «Vous savez, si vous voulez, nous pouvons lutter encore un peu.» Entonces Gilberta me dijo bondadosamente -Bueno; si usted quiere, podernos pelear aún otro poco.
Peut-être avait-elle obscurément senti que mon jeu avait un autre objet que celui que j′avais avoué, mais n′avait-elle pas su remarquer que je l′avais atteint. Et moi qui craignais qu′elle s′en fût aperçue (et un certain mouvement rétractile et contenu de pudeur offensée qu′elle eut un instant après, me donna à penser que je n′avais pas eu tort de le craindre), j′acceptai de lutter encore, de peur qu′elle pût croire que je ne m′étais proposé d′autre but que celui après quoi je n′avais plus envie que de rester tranquille auprès d′elle. Quizá se había dado cuenta de que mi juego tenía otro objeto que el que yo declaraba; pero no supo notar si lo había logrado o no. Y yo, que tenía miedo de que lo hubiese notado (y cierto movimiento retráctil y contenido de pudor ofendido que hizo un momento después me obligó a pensar que mi temor no era equivocado), acepté la pelea de nuevo, temeroso de que ella se figurase que yo no me proponía otra cosa que aquella que después de realizada no me dejó más granas que de estarme quieto a su lado.
En rentrant, j′aperçus, je me rappelai brusquement l′image, cachée jusque-là, dont m′avait approché, sans me la laisser voir ni reconnaître, le frais, sentant presque la suie, du pavillon treillagé. Cette image était celle de la petite pièce de mon oncle Adolphe, à Combray, laquelle exhalait en effet le même parfum d′humidité. Mais je ne pus comprendre et je remis à plus tard de chercher pourquoi le rappel d′une image si insignifiante m′avait donné une telle félicité. En attendant, il me sembla que je méritais vraiment le dédain de M. de Norpois: j′avais préféré jusqu′ici à tous les écrivains celui qu′il appelait un simple «joueur de flûte» et une véritable exaltation m′avait été communiquée, non par quelque idée importante, mais par une odeur de moisi. Al volver a casa vi, por un recuerdo brusco, la imagen, hasta entonces oculta, que me acercó, pero sin dejarme verla ni reconocerla, aquel frescor, casi olor de hollín, del pabelloncito verde. Era dicha imagen la del cuartito de mí tío Adolfo en Combray, que, en efecto, exhalaba el mismo olor a húmedo. Pero lo que no pude comprender, y dejé el averiguarlo para más tarde, fue por qué me produjo tal sensación de felicidad el retorno de una imagen tan insignificante. Y mientras lo descubría, me pareció que yo merecía realmente el desdén del señor de Norpois; porque hasta aquí había preferido a todos los escritores ese que él llamaba un simple “artista de flauta”, y porque me exaltaba sinceramente no al contacto de alta idea importante, sino al le un olor a cosa enmohecida.
Depuis quelque temps, dans certaines familles, le nom des Champs-Élysées, si quelque visiteur le prononçait, était accueilli par les mères avec l′air malveillant qu′elles réservent à un médecin réputé auquel elles prétendent avoir vu faire trop de diagnostics erronés pour avoir encore confiance en lui; on assurait que ce jardin ne réussissait pas aux enfants, qu′on pouvait citer plus d′un mal de gorge, plus d′une rougeole et nombre de fièvres dont il était responsable. Sans mettre ouvertement en doute la tendresse de maman qui continuait à m′y envoyer, certaines de ses amies déploraient du moins son aveuglement. Desde algún tiempo atrás, en algunas casas, cuando una visita hablaba de los Campos Elíseos, las madres cogían este nombre con el mismo gesto malévolo que se pone al oír hablar de un médico afamado al que ellas dicen haber visto diagnosticar erróneamente demasiadas veces para que puedan seguir teniendo confianza en él; aseguraban que esos jardines no sentaban bien a los niños y que podían citarse más de un dolor de garganta, varios sarampiones y bastantes fiebres de las que era responsable. Y había algunas amigas de casa que, sin dudar abiertamente del cariño de mamá por mí, deploraban, sin embargo, su ceguera en seguir mandándome a ese sitio.
Les névropathes sont peut-être malgré l′expression consacrée, ceux qui «s′écoutent» le moins: ils entendent en eux tant de choses dont ils se rendent compte ensuite qu′ils avaient eu tort de s′alarmer, qu′ils finissent par ne plus faire attention à aucune. Leur système nerveux leur a si souvent crié: «Au secours!» comme pour une grave maladie, quand tout simplement il allait tomber de la neige ou qu′on allait changer d′appartement, qu′ils prennent l′habitude de ne pas plus tenir compte de ces avertissements qu′un soldat, lequel dans l′ardeur de l′action, les perçoit si peu, qu′il est capable, étant mourant, de continuer encore quelques jours à mener la vie d′un homme en bonne santé. Un matin, portant coordonnés en moi mes malaises habituels, de la circulation constante et intestine desquels je tenais toujours mon esprit détourné aussi bien que de celle de mon sang, je courais allègrement vers la salle à manger où mes parents étaient déjà à table, et — m′étant dit comme d′ordinaire qu′avoir froid peut signifier non qu′il faut se chauffer, mais par exemple qu′on a été grondé, et ne pas avoir faim, qu′il va pleuvoir et non qu′il ne faut pas manger, — je me mettais à table, quand, au moment d′avaler la première bouchée d′une côtelette appétissante, une nausée, un étourdissement m′arrêtèrent, réponse fébrile d′une maladie commencée, dont la glace de mon indifférence avait masqué, retardé les symptômes, mais qui refusait obstinément la nourriture que je n′étais pas en état d′absorber. Alors, dans la même seconde, la pensée que l′on m′empêcherait de sortir si l′on s′apercevait que j′étais malade me donna, comme l′instinct de conservation à un blessé, la force de me traîner jusqu′à ma chambre où je vis que j′avais 40 degrés de fièvre, et ensuite de me préparer pour aller aux Champs-Élysées. A travers le corps languissant et perméable dont elle était enveloppée, ma pensée souriante rejoignait, exigeait le plaisir si doux d′une partie de barres avec Gilberte, et une heure plus tard, me soutenant à peine, mais heureux à côté d′elle, j′avais la force de le goûter encore. A pesar de la frase consagrada, los neurópatas son las personas que menos caso se hacen; ven en ellos tantas cosas que los alarman y que después se dan cuenta de que no eran en realidad alarmantes; que acaban por no dar importancia a ninguna. Tan a menudo les grita su sistema nervioso “¡Socorro!”, igual que si los amenazara una enfermedad grave, sólo porque va a nevar o porque se mudan de casa, que se acostumbran a no tener ya en cuenta esos avisos, como le ocurre a un soldado que en el ardor de la acción apenas si se entera de ellos y es capaz, aunque se esté muriendo, de seguir por unos días haciendo la misma vida de hombre sano. Una mañana, cuando yo llevaba ordenados dentro de mí mis padecimientos de costumbre, de cuyo circular constante e intestino tenía yo apartado mi espíritu lo mismo que del circular de la sangre, fui corriendo hacia el comedor, donde ya estaban mis padres sentados a la mesa; y después de decirme a mí mismo que muchas veces tener frío no significa necesidad de calentarse, sino otra cosa, por ejemplo, que le han regañado a uno, y que no tener gana puede significar que va a llover, y no que uno no debe comer, me puse a la mesa, y en el instante de ir a tragar el primer bocado de una apetitosa chuleta sentí una náusea y un mareo que me hicieron pararme, y que eran la respuesta febril de una enfermedad ya comenzada, cuyos síntomas se enmascararon tras el hielo de mí indiferencia, pero que rechazaba tercamente ese alimento que yo no estaba en disposición de absorber. Y en el mismo momento se me ocurrió que si se daban cuenta de que estaba malo no me dejarían salir, y esa idea me dio fuerza, lo mismo que el instinto de conservación se la da a un herido, para arrastrarme hasta mi cuarto, donde vi que tenía una fiebre de cuarenta grados, y para prepararme a salir con dirección a los Campos Elíseos. Mi pensamiento, a través de aquel cuerpo lánguido y permeable que lo envolvía, se posaba todo sonriente en el placer de jugar a justicias y ladrones con Gilberta, lo exigía; una hora después, sin poder apenas sostenerme, pero feliz de estar a su lado, aun tenía fuerzas para saborear ese goce.
Françoise, au retour, déclara que je m′étais «trouvé indisposé», que j′avais dû prendre un «chaud et froid», et le docteur, aussitôt appelé, déclara «préférer» la «sévérité», la «virulence» de la poussée fébrile qui accompagnait ma congestion pulmonaire et ne serait «qu′un feu de paille» à des formes plus «insidieuses» et «larvées». Depuis longtemps déjà j′étais sujet à des étouffements et notre médecin, malgré la désapprobation de ma grand′mère, qui me voyait déjà mourant alcoolique, m′avait conseillé outre la caféine qui m′était prescrite pour m′aider à respirer, de prendre de la bière, du champagne ou du cognac quand je sentais venir une crise. Celles-ci avorteraient, disait-il, dans l′«euphorie» causée par l′alcool. J′étais souvent obligé pour que ma grand′mère permît qu′on m′en donnât, de ne pas dissimuler, de faire presque montre de mon état de suffocation. D′ailleurs, dès que je le sentais s′approcher, toujours incertain des proportions qu′il prendrait, j′en étais inquiet à cause de la tristesse de ma grand′mère que je craignais beaucoup plus que ma souffrance. Mais en même temps mon corps, soit qu′il fût trop faible pour garder seul le secret de celle-ci, soit qu′il redoutât que dans l′ignorance du mal imminent on exigeât de moi quelque effort qui lui eût été impossible ou dangereux, me donnait le besoin d′avertir ma grand′mère de mes malaises avec une exactitude où je finissais par mettre une sorte de scrupule physiologique. Apercevais-je en moi un symptôme fâcheux que je n′avais pas encore discerné, mon corps était en détresse tant que je ne l′avais pas communiqué à ma grand′mère. Feignait-elle de n′y prêter aucune attention, il me demandait d′insister. Parfois j′allais trop loin; et le visage aimé qui n′était plus toujours aussi maître de ses émotions qu′autrefois, laissait paraître une expression de pitié, une contraction douloureuse. Alors mon cur était torturé par la vue de la peine qu′elle avait; comme si mes baisers eussent dû effacer cette peine, comme si ma tendresse eût pu donner à ma grand′mère autant de joie que mon bonheur, je me jetais dans ses bras. Et les scrupules étant d′autre part apaisés par la certitude qu′elle connaissait le malaise ressenti, mon corps ne faisait pas opposition à ce que je la rassurasse. Je protestais que ce malaise n′avait rien de pénible, que je n′étais nullement à plaindre, qu′elle pouvait être certaine que j′étais heureux; mon corps avait voulu obtenir exactement ce qu′il méritait de pitié et pourvu qu′on sût qu′il avait une douleur en son côté droit, il ne voyait pas d′inconvénient à ce que je déclarasse que cette douleur n′était pas un mal et n′était pas pour moi un obstacle au bonheur, mon corps ne se piquant pas de philosophie; elle n′était pas de son ressort. J′eus presque chaque jour de ces crises d′étouffement pendant ma convalescence. Un soir que ma grand′mère m′avait laissé assez bien, elle rentra dans ma chambre très tard dans la soirée, et s′apercevant que la respiration me manquait: Oh! mon Dieu, comme tu souffres, s′écria-t-elle, les traits bouleversés. Elle me quitta aussitôt, j′entendis la porte cochère, et elle rentra un peu plus tard avec du cognac qu′elle était allée acheter parce qu′il n′y en avait pas à la maison. Bientôt je commençai à me sentir heureux. Ma grand′mère, un peu rouge, avait l′air gêné, et ses yeux une expression de lassitude et de découragement. A la vuelta Francisca declaró que me había “puesto malo” que debía de haber cogido un “calofrío”, y el doctor, que llamaron enseguida, dijo que prefería la “severidad y la virulencia” de la subida febril que llevaba consigo mi congestión pulmonar, y que no sería más que “fuego de virutas”, a otras formas más “insidiosas y latentes”. Desde algún tiempo atrás me sentía yo propenso a tener ahogos, y el médico, a pesar de la desaprobación de mi abuela, que me veía ya morir de alcoholismo, me recomendó, además de la cafeína, que me había recetado para ayudarme a la respiración, que tomara cerveza, champaña o coñac cuando sintiese que se acercaba un ahogo, fue así abortarían, decía el médico, en la “euforia” determinada por el alcohol. Y muchas veces no me cabía más remedio que no intentar disimular mi estado de ahogo, casi de exhibirlo, para que mi abuela dejase que me dieran alcohol. Además, cuando sentía yo que el malestar se acercaba, sin saber nunca las proporciones que tomaría, me preocupaba del disgusto que iba a tener mi abuela, al que yo temía más aún que a mi dolencia, pero al mismo tiempo mi cuerpo, ya por ser excesivamente débil para guardar él solo el secreto de mi malestar, ya porque temiera que, en la ignorancia del mal inminente, se exigiera de él algún esfuerzo imposible o peligroso, me dictaba la necesidad de ir a visitar a mi abuela en cuanto me sentía malo, con una exactitud en la que acabé por poner una especie de escrúpulo fisiológico. Y apenas me notaba algún síntoma desagradable, sin poder discernirlo aún claramente, mi cuerpo se sentía todo apurado hasta que se lo comunicaba a mi abuela. Si ella fingía no darle importancia, mi cuerpo me pedía que insistiese. Y yo muchas veces me excedía y veía asomar en aquel rostro querido, que ya no sabía dominar sus emociones tan bien como antes, una expresión de piedad y una contracción de dolor. Mi corazón se retorcía al ver aquella pena, y me echaba en sus brazos como si pudiesen borrarla mis besos, como si con mi cariño pudiera yo dar tanta alegría a mi abuela como con mi bienestar. Y como los escrúpulos se calmaban ya con la certidumbre de que la abuela estaba enterada de mi sufrimiento, mi cuerpo no se oponía a que la tranquilizara. Hacía yo protestas de que ese sufrimiento no era penoso; decía que no había motivo para compadecerse de mí, que no tuviese duda de que me sentía feliz; mi cuerpo ya había logrado toda la compasión que se merecía, y con tal que se supiera que tenía un dolor en el costado derecho no veía inconveniente en que declarase yo que ese dolor no era malo y no servía de obstáculo a mi bienestar; porque mi cuerpo no se jactaba de filósofo, su cuerda no era ésa. Mientras duró la convalecencia tuve ahogos de esos casi a diario. Una tarde mi abuela salió y me dejó muy bien; pero al volver ya por la noche a mi cuarto vio que me faltaba la respiración “¡Dios mío, cuánto estás sufriendo!”, dijo, con las facciones descompuestas. Salió de la alcoba enseguida, oí la puerta de la calle, y a poco volvió con una botella de coñac que había ido a comprar porque no quedaba en casa. Muy pronto comencé a sentirme bien, feliz. Mi abuela, la cara un poco encarnada, tenía aspecto de disgusto y a los ojos se le asomaba una expresión de cansancio y de descorazonamiento.
— J′aime mieux te laisser et que tu profites un peu de ce mieux, me dit-elle, en me quittant brusquement. Je l′embrassai pourtant et je sentis sur ses joues fraîches quelque chose de mouillé dont je ne sus pas si c′était l′humidité de l′air nocturne qu′elle venait de traverser. Le lendemain, elle ne vint que le soir dans ma chambre parce qu′elle avait eu, me dit-on, à sortir. Je trouvai que c′était montrer bien de l′indifférence pour moi, et je me retins pour ne pas la lui reprocher. “Mira, prefiero dejarte y que te aproveches un poco de este alivio”, me dijo, y se fue de pronto; pero antes le di un beso, y noté que tenía sus frescas mejillas como mojadas, no sé si por la humedad del aire de la noche que le había dado en la cara hacía un momento. Al día siguiente no entró en la alcoba hasta por la noche, porque, según me dijeron, tuvo que salir. A mí me pareció eso una prueba grande de indiferencia hacia mi y hube de contenerme para no echárselo en cara.
Mes suffocations ayant persisté alors que ma congestion depuis longtemps finie ne les expliquait plus, mes parents firent venir en consultation le professeur Cottard. Il ne suffit pas à un médecin appelé dans des cas de ce genre d′être instruit. Mis en présence de symptômes qui peuvent être ceux de trois ou quatre maladies différentes, c′est en fin de compte son flair, son coup d′il qui décident à laquelle malgré les apparences à peu près semblables il y a chance qu′il ait à faire. Ce don mystérieux n′implique pas de supériorité dans les autres parties de l′intelligence et un être d′une grande vulgarité, aimant la plus mauvaise peinture, la plus mauvaise musique, n′ayant aucune curiosité d′esprit, peut parfaitement le posséder. Dans mon cas ce qui était matériellement observable, pouvait aussi bien être causé par des spasmes nerveux, par un commencement de tuberculose, par de l′asthme, par une dyspnée toxi-alimentaire avec insuffisance rénale, par de la bronchite chronique, par un état complexe dans lequel seraient entrés plusieurs de ces facteurs. Or les spasmes nerveux demandaient à être traités par le mépris, la tuberculose par de grands soins et par un genre de suralimentation qui eût été mauvaise pour un état arthritique comme l′asthme, et eût pu devenir dangereux en cas de dyspnée toxi-alimentaire laquelle exige un régime qui en revanche serait néfaste pour un tuberculeux. Mais les hésitations de Cottard furent courtes et ses prescriptions impérieuses: «Purgatifs violents et drastiques, lait pendant plusieurs jours, rien que du lait. Pas de viande, pas d′alcool.» — Ma mère murmura que j′avais pourtant bien besoin d′être reconstitué, que j′étais déjà assez nerveux, que cette purge de cheval et ce régime me mettraient à bas. Je vis aux yeux de Cottard, aussi inquiets que s′il avait peur de manquer le train, qu′il se demandait s′il ne s′était pas laissé aller à sa douceur naturelle. Il tâchait de se rappeler s′il avait pensé à prendre un masque froid, comme on cherche une glace pour regarder si on n′a pas oublié de nouer sa cravate. Dans le doute et pour faire, à tout hasard, compensation, il répondit grossièrement: «Je n′ai pas l′habitude de répéter deux fois mes ordonnances. Donnez-moi une plume. Et surtout au lait. Plus tard, quand nous aurons jugulé les crises et l′agrypnie, je veux bien que vous preniez quelques potages, puis des purées, mais toujours au lait, au lait. Cela vous plaira, puisque l′Espagne est à la mode, ollé! ollé! (Ses élèves connaissaient bien ce calembour qu′il faisait à l′hôpital chaque fois qu′il mettait un cardiaque ou un hépatique au régime lacté.) Ensuite vous reviendrez progressivement à la vie commune. Mais chaque fois que la toux et les étouffements recommenceront, purgatifs, lavages intestinaux, lit, lait.» Il écouta d′un air glacial, sans y répondre, les dernières objections de ma mère, et, comme il nous quitta sans avoir daigné expliquer les raisons de ce régime, mes parents le jugèrent sans rapport avec mon cas, inutilement affaiblissant et ne me le firent pas essayer. Ils cherchèrent naturellement à cacher au Professeur leur désobéissance et pour y réussir plus sûrement, évitèrent toutes les maisons où ils auraient pu le rencontrer. Puis mon état s′aggravant on se décida à me faire suivre à la lettre les prescriptions de Cottard; au bout de trois jours je n′avais plus de râles, plus de toux et je respirais bien. Alors nous comprîmes que Cottard tout en me trouvant comme il le dit dans la suite, assez asthmatique et surtout «toqué», avait discerné que ce qui prédominait à ce moment-là en moi, c′était l′intoxication, et qu′en faisant couler mon foie et en lavant mes reins, il décongestionnerait mes bronches, me rendrait le souffle, le sommeil, les forces. Et nous comprîmes que cet imbécile était un grand clinicien. Je pus enfin me lever. Mais on parlait de ne plus m′envoyer aux Champs-Élysées. On disait que c′était à cause du mauvais air; je pensais bien qu′on profitait du prétexte pour que je ne pusse plus voir Mlle Swann et je me contraignais à redire tout le temps le nom de Gilberte, comme ce langage natal que les vaincus s′efforcent de maintenir pour ne pas oublier la patrie qu′ils ne reverront pas. Quelquefois ma mère passait sa main sur mon front en me disant: Como me seguían los ahogos, sin que pudiesen atribuirse a la congestión pulmonar, que ya estaba acabada del todo, mis padres llamaron a consulta al doctor Cottard. Un médico, requerido para un caso así, no basta con que sepa mucho. Como se encuentra con síntomas que pueden serlo de tres o cuatro enfermedades distintas, al fin y al cabo su olfato y su golpe de vista son los llamados a decidir qué dolencia tiene delante más probablemente, a pesar de las apariencias de semejanza con otras. Es éste un don misterioso que no implica superioridad en las demás partes de la inteligencia, y que puede poseer un ser vulgarísimo al que le guste la música más mala y la pintura más fea. En mi caso los síntomas materialmente observables podían achacarse igualmente a espasmos nerviosos, a un principio de tuberculosis a asma, a una disnea toxialimentícia con insuficiencia renal, a bronquitis crónica o a un estado complejo en el que entraran varios de estos factores. Y era lo grave que los espasmos nerviosos no requerían otro tratamiento que el desprecio; la tuberculosis demandaba muchos cuidados y un género de alimentación que hubiese sido perjudicial para un estado artrítico como el asma, y que hasta podría ser peligroso en un caso de disnea toxialimenticia, enfermedad esta que había que tratar con un régimen que, en cambio, para la tuberculosis sería funesto. Pero las vacilaciones de Cottard duraron muy poco y sus prescripciones fueron imperiosas: “Purgantes violentos y drásticos, unos días a leche sola, y nada más. Ni carne ni alcohol”. Mi madre murmuró que ella creía que a mí me haría falta tomar fuerzas, que era ya de por mí muy nervioso y que esas purgas de caballo y ese régimen me pondrían muy decaído. Observé en los ojos de Cottard, inquietos como si tuviera miedo a perder el tren, que el doctor se preguntaba si no se había entregado esta vez a su bondad nativa. Hizo por acordarse de si se había revestido su máscara de frialdad, lo mismo que se busca un espejo para ver si no se nos olvidó el nudo de la corbata. En la duda, y a modo de compensación, por si acaso, respondió groseramente: “No tengo por costumbre repetir mis prescripciones. Denme una pluma. Y sobre todo, pónganlo a leche. Más adelante, cuando hayamos acabado con los ataques y con la agripnia, no tengo inconveniente en que tome usted alguna sopa y algún puré; pero a leche, siempre a leche. Eso le gustará a usted, porque en España está de moda. (Este chiste era conocidísimo de sus alumnos porque lo soltaba en el hospital cada vez que ponía a régimen lácteo a un hepático o a un cardíaco.) Luego ya irá usted volviendo poco a poco a la vida ordinaria. Pero en cuanto vuelvan la tos y los ahogos, purgantes, lavados intestinales, cama y leche”. Escuchó las últimas objeciones de mi madre con aspecto glacial, sin contestarlas, y como se fue sin haberse dignado explicar las razones de aquel régimen, que a mis padres les pareció que no tenía nada que ver con mi caso y que me debilitaría inútilmente, no me le hicieron adoptar. Claro es que procuraron ocultar al doctor Cottard su desobediencia, y para ello evitaban las casas donde se lo solía encontrar. Pero como mi estado se agravó, se decidieron a ponerme al régimen de Cottard con toda exactitud; a los tres días desaparecieron los estertores y la tos, y respiraba bien. Entonces comprendimos que Cottard, aunque me había encontrado bastante asmático, como más tarde nos dijo, y sobre todo “chiflado”, vio claramente que lo que en aquel momento predominaba en mí era una intoxicación, y que lavándome bien el hígado y los riñones me descongestionaría los bronquios y me daría respiración, sueño y fuerzas. Y comprendimos que aquel imbécil era un gran clínico. Por fin pude levantarme. Pero ya no se hablaba de mandarme a los Campos Elíseos. Decían que era porque había un viento muy malo; yo me figuraba que se aprovechaban de ese pretexto para que ya no pudiera ver a la señorita de Swann, y no me quedó otro recurso que repetir a todas horas el nombre de Gilberta, como esa lengua natal que los naturales de un país vencido se esfuerzan por conservar para no olvidarse de la patria que nunca volverán a ver. Algunas veces mamá me pasaba la mano por la frente, diciéndome.
— Alors, les petits garçons ne racontent plus à leur maman les chagrins qu′ils ont? ¿De modo que los jovenzuelos no cuentan ya a sus mamás las penas que tienen.
Françoise s′approchait tous les jours de moi en me disant: «Monsieur a une mine! Vous ne vous êtes pas regardé, on dirait un mort!» Il est vrai que si j′avais eu un simple rhume, Françoise eût pris le même air funèbre. Ces déplorations tenaient plus à sa «classe» qu′à mon état de santé. Je ne démêlais pas alors si ce pessimisme était chez Françoise douloureux ou satisfait. Je conclus provisoirement qu′il était social et professionnel. Francisca se acercaba a mí todos los días, y decía: “¡Qué cara tiene el señorito! ¿No se ha mirado usted al espejo? Parece un muerto”. Verdad es que Francisca habría tomado el mismo aspecto fúnebre si yo no hubiese tenido más que un simple constipado. Esas lamentaciones provenían más bien de su “posición” que de mi estado de salud. Yo no distinguía entonces si ese pesimismo implicaba en Francisca dolor o satisfacción Provisionalmente decidí que era un pesímismo de profesión y de clase.
Un jour, à l′heure du courrier, ma mère posa sur mon lit une lettre. Je l′ouvris distraitement puisqu′elle ne pouvait pas porter la seule signature qui m′eût rendu heureux, celle de Gilberte avec qui je n′avais pas de relations en dehors des Champs-Élysées. Or, au bas du papier, timbré d′un sceau d′argent représentant un chevalier casqué sous lequel se contournait cette devise: Per viam rectam, au-dessous d′une lettre, d′une grande écriture, et où presque toutes les phrases semblaient soulignées, simplement parce que la barre des t étant tracée non au travers d′eux, mais au-dessus, mettait un trait sous le mot correspondant de la ligne supérieure, ce fut justement la signature de Gilberte que je vis. Mais parce que je la savais impossible dans une lettre adressée à moi, cette vue, non accompagnée de croyance, ne me causa pas de joie. Pendant un instant elle ne fit que frapper d′irréalité tout ce qui m′entourait. Avec une vitesse vertigineuse, cette signature sans vraisemblance jouait aux quatre coins avec mon lit, ma cheminée, mon mur. Je voyais tout vaciller comme quelqu′un qui tombe de cheval et je me demandais s′il n′y avait pas une existence toute différente de celle que je connaissais, en contradiction avec elle, mais qui serait la vraie, et qui m′étant montrée tout d′un coup me remplissait de cette hésitation que les sculpteurs dépeignant le Jugement dernier ont donnée aux morts réveillés qui se trouvent au seuil de l′autre Monde. «Mon cher ami, disait la lettre, j′ai appris que vous aviez été très souffrant et que vous ne veniez plus aux Champs-Élysées. Moi je n′y vais guère non plus parce qu′il y a énormément de malades. Mais mes amies viennent goûter tous les lundis et vendredis à la maison. Maman me charge de vous dire que vous nous feriez très grand plaisir en venant aussi dès que vous serez rétabli, et nous pourrions reprendre à la maison nos bonnes causeries des Champs-Élysées. Adieu, mon cher ami, j′espère que vos parents vous permettront de venir très souvent goûter, et je vous envoie toutes mes amitiés. Gilberte.» Un día, a la hora del correo, mamá me puso en la cama una carta. La abrí distraídamente, puesto que no podía llevar la única firma que me hubiera hecho feliz, la de Gilberta, porque no me trataba con ella fuera de los Campos Elíseos. Precisamente en la parte baja del papel, timbrado con un sello de plata que representaba a un caballero con su casco, a cuyos pies se retorcía la leyenda Per viam rertam, al final de una carta escrita con letra muy grande y que parecía llevar casi todas las frases subrayadas, sencillamente porque el trazo horizontal de la t no iba en la letra misma, sino suelto por encima, vi la firma de Gilberta. Pero como consideraba imposible esta firma en una carta a mí dirigida, el verla no me causó alegría, porque la visión no iba acompañada por la fe. Por un instante esa firma revistió de irrealidad a todo lo que me rodeaba; jugaba ella, la inverosímil, con vertiginosa velocidad, a las cuatro esquinas con la cama, la chimenea y la pared. Vi que todo vacilaba corno cuando se cae uno de un caballo, y me pregunté si no había una existencia, enteramente distinta de la que yo conocía, en contradicción con ella, como que fuese la verdadera, y que al serme mostrada de pronto me infundía esa misma perplejidad puesta por los escultores que representan el juicio Final en las figuras de los muertos resucitados que se hallan en los umbrales del otro mundo. La carta decía: “Mi querido amigo: Me he enterado de que ha estado usted muy enfermo y de que ya no- va a los Campos Elíseos. Yo tampoco, porque hay muchas enfermedades. Pero mis amigos vienen a casa a merendar los lunes y los viernes. Y de parte de mi mamá le digo. que tendremos mucho gusto en que usted venga en cuanto esté bueno; podremos reanudar en casa nuestras gratas charlas de los Campos Elíseos. Adiós querido amigo. Espero que sus padres lo dejarán venir a merendar a menudo. Con los amistosos afectos de Gilberta”.
Tandis que je lisais ces mots, mon système nerveux recevait avec une diligence admirable la nouvelle qu′il m′arrivait un grand bonheur. Mais mon âme, c′est-à-dire moi-même, et en somme le principal intéressé, l′ignorait encore. Le bonheur, le bonheur par Gilberte, c′était une chose à laquelle j′avais constamment songé, une chose toute en pensées, c′était, comme disait Léonard, de la peinture, cosa mentale. Une feuille de papier couverte de caractères, la pensée ne s′assimile pas cela tout de suite. Mais dès que j′eus terminé la lettre, je pensai à elle, elle devint un objet de rêverie, elle devint, elle aussi, cosa mentale et je l′aimais déjà tant que toutes les cinq minutes, il me fallait la relire, l′embrasser. Alors, je connus mon bonheur. Mientras que yo iba leyendo estas palabras mi sistema nervioso recibía con admirable diligencia la noticia de que me había ocurrido una cosa felicísima. Pero mi alma, es decir yo mismo, el principal interesado, seguía ignorándolo. La felicidad, la felicidad venida por el camino de Gilberta, era cosa en la que yo había pensado constantemente, una cosa toda de pensamientos; lo mismo que decía Leonardo de la pintura, cosa mentale Y una hoja de papel cubierta de caracteres es algo que el pensamiento no se asimila enseguida. Pero en cuanto acabé la carta pensé en ella, se convirtió en objeto de meditación ella también, en cosa mentale, y le tomé tanto cariño que tenía que leerla y besarla cada cinco minutos. Y entonces ya me di cuenta de mi felicidad.
La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment. Il est possible que celui-ci eût été provoqué artificiellement par ma mère qui voyant que depuis quelque temps j′avais perdu tout cur à vivre, avait peut-être fait demander à Gilberte de m′écrire, comme, au temps de mes premiers bains de mer, pour me donner du plaisir à plonger, ce que je détestais parce que cela me coupait la respiration, elle remettait en cachette à mon guide baigneur de merveilleuses boîtes en coquillages et des branches de corail que je croyais trouver moi-même au fond des eaux. D′ailleurs, pour tous les événements qui dans la vie et ses situations contrastées, se rapportent à l′amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre, puisque, dans ce qu′ils ont d′inexorable, comme d′inespéré, ils semblent régis par des lois plutôt magiques que rationnelles. Quand un multimillionnaire, homme malgré cela charmant, reçoit son congé d′une femme pauvre et sans agrément avec qui il vit, appelle à lui, dans son désespoir, toutes les puissances de l′or et fait jouer toutes les influences de la terre, sans réussir à se faire reprendre, mieux vaut devant l′invincible entêtement de sa maîtresse supposer que le Destin veut l′accabler et le faire mourir d′une maladie de cur plutôt que de chercher une explication logique. Ces obstacles contre lesquels les amants ont à lutter et que leur imagination surexcitée par la souffrance cherche en vain à deviner, résident parfois dans quelque singularité de caractère de la femme qu′ils ne peuvent ramener à eux, dans sa bêtise, dans l′influence qu′ont prise sur elle et les craintes que lui ont suggérées des êtres que l′amant ne connaît pas, dans le genre de plaisirs qu′elle demande momentanément à la vie, plaisirs que son amant, ni la fortune de son amant ne peuvent lui offrir. En tous cas l′amant est mal placé pour connaître la nature des obstacles que la ruse de la femme lui cache et que son propre jugement faussé par l′amour l′empêche d′apprécier exactement. Ils ressemblent à ces tumeurs que le médecin finit par réduire mais sans en avoir connu l′origine. Comme elles ces obstacles restent mystérieux mais sont temporaires. Seulement ils durent généralement plus que l′amour. Et comme celui-ci n′est pas une passion désintéressée, l′amoureux qui n′aime plus ne cherche pas à savoir pourquoi la femme pauvre et légère qu′il aimait, s′est obstinément refusée pendant des années à ce qu′il continuât à l′entretenir. La vida está llena de milagros de estos, milagros que pueden esperar siempre los enamorados. Quizá éste hubiese sido provocado artificialmente por mi madre, que al ver cómo desde hacía algún tiempo iba yo perdiendo el ánimo de vivir pudo pedir a Gilberta que me escribiera; igual que en la época de mis primeros baños de mar, para que me gustara zambullirme, cosa que yo detestaba porque me cortaba la respiración, entregaba a escondidas al bañero preciosas cajitas de conchas y ramitas de coral que yo me creía que encontraba en el fondo del agua. Además, en todos esos acontecimientos que en la vida y en sus situaciones contrapuestas se refieren al amor lo mejor es no intentar comprender, puesto que en lo que tienen de inexorable y como de inesperado parecen regidos más bien por leyes mágicas que por leyes racionales. Un millonario, hombre encantador a pesar de sus millones, se ve despedido por la mujer pobre y sin atractivos con quien vivía; apela en su desesperación a toda la potencia del oro y pone en juego todas las influencias de la tierra para que su querida vuelva con él, sin lograrlo; ante la testarudez invencible de esa mujer, más vale suponer que el Destino quiere agobiarlo y hacerlo morir de una enfermedad al corazón que no buscar una explicación lógica. Esos obstáculos con que tienen que luchar los amantes, y que su imaginación, excitada por el dolor, intenta adivinar en vano, consisten muchas veces en una rareza del carácter de esa mujer de la que no pueden triunfar, en su necedad, en la influencia que sobre ella ejercen y los temores que le inspiran personas que el amante no conoce, o en la clase de placeres que momentáneamente pide a la vida, y que ni su amante ni la fortuna de su amante pueden proporcionarle. Sea como fuere, ello es que el amante está muy mal colocado para poder averiguar la naturaleza de esos obstáculos que la astucia femenina le oculta y que su propio discernimiento, viciado por el amor, le impide apreciar con exactitud. Se parecen a esos tumores que el médico acaba de reducir, pero sin saber cuál fue su origen. Porque, como ellos, esos obstáculos permanecen en el misterio; pero no son eternos, aunque, por lo general, suelen durar más que el amor. Y como el amor no es pasión desinteresada, ocurre que el enamorado que va dejando de estarlo ya no intenta averiguar por qué se negó obstinadamente años y años a ser querida suya esa mujer pobre y ligera de la que estuvo enamorado.
Or, le même mystère qui dérobe aux yeux souvent la cause des catastrophes, quand il s′agit de l′amour, entoure, tout aussi fréquemment la soudaineté de certaines solutions heureuses (telle que celle qui m′était apportée par la lettre de Gilberte). Solutions heureuses ou du moins qui paraissent l′être, car il n′y en a guère qui le soient réellement quand il s′agit d′un sentiment d′une telle sorte que toute satisfaction qu′on lui donne ne fait généralement que déplacer la douleur. Parfois pourtant une trêve est accordée et l′on a pendant quelque temps l′illusion d′être guéri. Y en materias amorosas, un misterio semejante al que oculta a nuestra vista muchas veces la causa de una catástrofe envuelve igualmente con harta frecuencia esas repentinas soluciones felices (como la que me trajo la carta de Gilberta) Soluciones felices o que al menos lo parecen, porque no hay solución realmente venturosa cuando está en juego un sentimiento de tal naturaleza que cualquier satisfacción que se le dé sólo sirve para mudar de sitio el dolor. Sin embargo, a veces parece que se da una tregua, y por algún tiempo triunfa la ilusión de estar curado.
En ce qui concerne cette lettre au bas de laquelle Françoise se refusa à reconnaître le nom de Gilberte parce que le G historié, appuyé sur un i sans point avait l′air d′un A, tandis que la dernière syllabe était indéfiniment prolongée à l′aide d′un paraphe dentellé, si l′on tient à chercher une explication rationnelle du revirement qu′elle traduisait et qui me rendait si joyeux, peut-être pourra-t-on penser que j′en fus, pour une part, redevable à un incident que j′avais cru au contraire de nature à me perdre à jamais dans l′esprit des Swann. Peu de temps auparavant, Bloch était venu pour me voir, pendant que le professeur Cottard, que depuis que je suivais son régime, on avait fait revenir, se trouvait dans ma chambre. La consultation étant finie et Cottard restant seulement en visiteur parce que mes parents l′avaient retenu à dîner, on laissa entrer Bloch. Comme nous étions tous en train de causer, Bloch ayant raconté qu′il avait entendu dire que Mme Swann m′aimait beaucoup, par une personne avec qui il avait dîné la veille et qui elle-même était très liée avec Mme Swann, j′aurais voulu lui répondre qu′il se trompait certainement, et bien établir, par le même scrupule qui me l′avait fait déclarer à M. de Norpois et de peur que Mme Swann me prît pour un menteur, que je ne la connaissais pas et ne lui avais jamais parlé. Mais je n′eus pas le courage de rectifier l′erreur de Bloch, parce que je compris bien qu′elle était volontaire, et que s′il inventait quelque chose que Mme Swann n′avait pas pu dire en effet, c′était pour faire savoir, ce qu′il jugeait flatteur et ce qui n′était pas vrai, qu′il avait dîné à côté d′une des amies de cette dame. Or il arriva que tandis que M. de Norpois apprenant que je ne connaissais pas et aurais aimé connaître Mme Swann, s′était bien gardé de lui parler de moi, Cottard, qu′elle avait pour médecin, ayant induit de ce qu′il avait entendu dire à Bloch qu′elle me connaissait beaucoup et m′appréciait, pensa que, quand il la verrait, dire que j′étais un charmant garçon avec lequel il était lié, ne pourrait en rien être utile pour moi et serait flatteur pour lui, deux raisons qui le décidèrent à parler de moi à Odette dès qu′il en trouva l′occasion. Por lo que se refiere a esa carta que llevaba al pie un nombre que Francisca no quería creer que era el de Gilberta, porque la G, muy historiada y apoyada en una i sin punto, parecía una A, y la última sílaba estaba indefinidamente prolongada por una festoneada rúbrica, si se quiere buscar una explicación racional de la mudanza que suponía, y que tanto me alegró, acaso se llegue a la consecuencia de que se la debí en parte a un incidente que me pareció, muy por el contrario, que me perdería para siempre en el ánimo de los Swann. Poco tiempo antes Bloch vino s verme, en ocasión que el profesor Cottard, que volvió a asistirme cuando adoptamos su régimen, estaba en la alcoba. El médico ya me había reconocido, y seguía en el cuarto en calidad de amigo, porque aquella noche estaba invitado a cenar en casa; así, que dejaron pasar a Bloch. Estábamos charlando, y Bloch contó que había oído decir a una persona con quien cenara la noche antes y que era muy amiga de la señora de Swann, que ésta me quería mucho; yo habría deseado contestarle que sin duda estaba equivocado, y afirmar que no conocía a la señora Swann y nunca había hablado con ella, por el mismo escrúpulo que me impulsó a decírselo al señor de Norpois y por temor a que la señora de Swann me tuviese por un embustero. Pero me faltó coraje para rectificar el error de Bloch porque comprendí muy bien que era voluntario y que si él inventaba una cosa que no pudo decir la señora de Swann era para hacer ostentación de que había cenado junto a una amiga de esta señora, cosa que Bloch consideraba muy lisonjera y que era mentira. Y ocurrió que, mientras que el señor de Norpois, al enterarse de que yo no conocía a la señora de Swann y de que me hubiera gustado conocerla, se guardó muy mucho de hablarle de mí, en cambio Cottard, que era su médico, indujo de lo que oyó decir a Bloch que la madre de Gilberta me conocía y apreciaba mucho, y pensó en decirle cuando la viera que yo era un muchacho encantador y que él me trataba, lo cual sería útil para mí y halagüeño para él, razones ambas que le decidieron a hablar a Odette de mi persona en cuanto tuvo ocasión.
Alors je connus cet appartement d′où dépassait jusque dans l′escalier le parfum dont se servait Mme Swann, mais qu′embaumait bien plus encore le charme particulier et douloureux qui émanait de la vie de Gilberte. L′implacable concierge, changé en une bienveillante Euménide, prit l′habitude, quand je lui demandais si je pouvais monter, de m′indiquer en soulevant sa casquette d′une main propice, qu′il exauçait ma prière. Les fenêtres qui du dehors interposaient entre moi et les trésors qui ne m′étaient pas destinés, un regard brillant, distant et superficiel qui me semblait le regard même des Swann, il m′arriva, quand à la belle saison j′avais passé tout un après-midi avec Gilberte dans sa chambre, de les ouvrir moi-même pour laisser entrer un peu d′air et même de m′y pencher à côté d′elle, si c′était le jour de réception de sa mêre, pour voir arriver les visites qui souvent, levant la tête en descendant de voiture, me faisaient bonjour de la main, me prenant pour quelque neveu de la maîtresse de maison. Les nattes de Gilberte dans ces moments-là touchaient ma joue. Elles me semblaient, en la finesse de leur gramen à la fois naturel et surnaturel, et la puissance de leurs rinceaux d′art, un ouvrage unique pour lequel on avait utilisé le gazon même du Paradis. A une section même infime d′elles, quel herbier céleste n′eussé-je pas donné comme châsse. Mais n′espérant point obtenir un morceau vrai de ces nattes, si au moins j′avais pu en posséder la photographie, combien plus précieuse que celle de fleurettes dessinées par le Vinci! Pour en avoir une je fis auprès d′amis des Swann et même de photographes, des bassesses qui ne me procurèrent pas ce que je voulais, mais me lièrent pour toujours avec des gens très ennuyeux. Y entonces me fue dado conocer aquella casa aromada hasta en la escalera por el perfume que usaba la señora de Swann, pero embalsamada sobre todo por la dolorosa y característica seducción que emanaba de la persona de Gilberta. El implacable portero se trocó en benévola Euménide, y cuando yo le preguntaba si podía subir, tomó la costumbre de indicarme, quitándose la gorra con mano propicia, que mi plegaria había sido oída. Y aquellos balcones que desde fuera interponían entre mi persona y los tesoros que no me estaban destinados una mirada brillante, superficial y lejana que me parecía el mirar mismo de los Swann, llegué yo, un día de buen tiempo, después de haber estado hablando toda una tarde con Gilberta, a abrirlos con mi propia enano para que entrara un poco de aire, y a ellos me asomaba con Gilberta al lado los días en que recibía su madre, para ver llegar a las visitas, que muchas veces, al bajar del coche, levantaban la cabeza y me decían adiós con la mano, tomándome por algún sobrino de la señora de la casa. En aquellos momentos las trenzas de Gilberta me rozaban la cara. Esas trenzas, por lo fino de su grama, que parecía a la vez natural y sobrenatural, y por lo vigoroso de su artístico follaje, se me antojaban obra única hecha con césped del mismo Paraíso. ¡Qué celestial Herbario no hubiese yo dado por relicario a un mechón de esa grama, por poca que fuese! Pero ya que no tenía esperanza de lograr un pedacito verdadero de aquellas trenzas, habriame gustado poseer por lo menos una fotografía de ellas, cuánto más preciosa que la de las florecillas que dibujaba el Vinci. Por poderla obtener llegué a cometer verdaderas bajezas con algunos amigos de Swann y hasta con fotógrafos, bajezas que no me procuraron lo que yo deseaba, pero que me ligaron para siempre a tipos muy desagradables.
Les parents de Gilberte, qui si longtemps m′avaient empêché de la voir, maintenant — quand j′entrais dans la sombre antichambre où planait perpétuellement, plus formidable et plus désirée que jadis à Versailles l′apparition du Roi, la possibilité de les rencontrer, et où habituellement, après avoir buté contre un énorme porte-manteaux à sept branches comme le Chandelier de l′Écriture, je me confondais en salutations devant un valet de pied assis, dans sa longue jupe grise, sur le coffre de bois et que dans l′obscurité j′avais pris pour Mme Swann, — les parents de Gilberte, si l′un deux se trouvait passer au moment de mon arrivée, loin d′avoir l′air irrité, me serraient la main en souriant et me disaient: Los padres de Gilberta, que estuvieron tanto tiempo sin dejarme que viera a su hija, ahora -cuando yo entraba en el sombrío recibimiento, en el que se cernía perpetuamente, más formidable y deseada que antaño la aparición del rey en Versalles, la posibilidad de encontrármelos, en aquel recibimiento, donde por lo general yo, después de tropezar con un enorme perchero de siete brazos, como el Candelero de la Escritura, me deshacía en saludos ante un lacayo de largos faldones gríses sentado en el arcón, criado al cual tomé yo allí, en lo oscuro, por la señora de Swann- los padres de Gilberta, decía, si pasaban por allí en el momento de mi llegada distaban mucho de mostrarse irritados y me estrechaban la mano sonriendo y diciéndome
— «Comment allez-vous (qu′ils prononçaient tous deux commen allez-vous, sans faire la liaison du t, liaison, qu′on pense bien qu′une fois rentré à la maison je me faisais un incessant et voluptueux exercice de supprimer). Gilberte sait-elle que vous êtes là? alors je vous quitte.» -¿Cómo está usted? (Conment allez vous?) lo pronunciaban sin ligar la t de comment, pronunciación ésa que yo luego al volver a casa, ejercitaba constante y voluptuosamente.) ¿Sabe ya Gilberta que está usted aquí? ¿Sí? Entonces lo dejamos.
Bien plus, les goûters eux-mêmes que Gilberte offrait à ses amies et qui si longtemps m′avaient paru la plus infranchissable des séparations accumulées entre elle et moi devenaient maintenant une occasion de nous réunir dont elle m′avertissait par un mot, écrit (parce que j′étais une relation encore assez nouvelle), sur un papier à lettres toujours différent. Une fois il était orné d′un caniche bleu en relief surmontant une légende humoristique écrite en anglais et suivie d′un point d′exclamation, une autre fois timbré d′une ancre marine, ou du chiffre G. S., démesurément allongé en un rectangle qui tenait toute la hauteur de la feuille, ou encore du nom «Gilberte» tantôt tracé en travers dans un coin en caractères dorés qui imitaient la signature de mon amie et finissaient par un paraphe, au-dessous d′un parapluie ouvert imprimé en noir, tantôt enfermé dans un monogramme en forme de chapeau chinois qui en contenait toutes les lettres en majuscules sans qu′il fût possible d′en distinguer une seule. Enfin comme la série des papiers à lettres que Gilberte possédait, pour nombreuse que fût cette série, n′était pas illimitée, au bout d′un certain nombre de semaines, je voyais revenir celui qui portait, comme la première fois qu′elle m′avait écrit, la devise: Per viam rectam, au-dessous du chevalier casqué, dans une médaille d′argent bruni. Et chacun était choisi tel jour plutôt que tel autre en vertu de certains rites, pensais-je alors, mais plutôt je le crois maintenant, parce qu′elle cherchait à se rappeler ceux dont elle s′était servie les autres fois, de façon à ne jamais envoyer le même à un de ses correspondants, au moins de ceux pour qui elle prenait la peine de faire des frais, qu′aux intervalles les plus éloignés possibles. Comme à cause de la différence des heures de leurs leçons, certaines des amies que Gilberte invitait à ces goûters étaient obligées de partir comme les autres arrivaient seulement, dès l′escalier j′entendais s′échapper de l′antichambre un murmure de voix qui, dans l′émotion que me causait la cérémonie imposante à laquelle j′allais assister, rompait brusquement bien avant que j′atteignisse le palier, les liens qui me rattachaient encore à la vie antérieure et m′ôtaient jusqu′au souvenir d′avoir à retirer mon foulard une fois que je serais au chaud et de regarder l′heure pour ne pas rentrer en retard. Cet escalier, d′ailleurs, tout en bois, comme on faisait alors dans certaines maisons de rapport de ce style Henri II qui avait été si longtemps l′idéal d′Odette et dont elle devait bientôt se déprendre et pourvu d′une pancarte sans équivalent chez nous, sur laquelle on lisait ces mots: «Défense de se servir de l′ascenseur pour descendre», me semblait quelque chose de tellement prestigieux que je dis à mes parents que c′était un escalier ancien rapporté de très loin par M. Swann. Mon amour de la vérité était si grand que je n′aurais pas hésité à leur donner ce renseignement même si j′avais su qu′il était faux, car seul il pouvait leur permettre d′avoir pour la dignité de l′escalier des Swann le même respect que moi. C′est ainsi que devant un ignorant qui ne peut comprendre en quoi consiste le génie d′un grand médecin, on croirait bien faire de ne pas avouer qu′il ne sait pas guérir le rhume de cerveau. Mais comme je n′avais aucun esprit d′observation, comme en général je ne savais ni le nom ni l′espèce des choses qui se trouvaient sous mes yeux, et comprenais seulement que quand elles approchaient les Swann, elles devaient être extraordinaires, il ne me parut pas certain qu′en avertissant mes parents de leur valeur artistique et de la provenance lointaine de cet escalier, je commisse un mensonge. Cela ne me parut pas certain; mais cela dut me paraître probable, car je me sentis devenir très rouge, quand mon père m′interrompit en disant: «Je connais ces maisons-là; j′en ai vu une, elles sont toutes pareilles; Swann occupe simplement plusieurs étages, c′est Berlier qui les a construites.» Il ajouta qu′il avait voulu louer dans l′une d′elles, mais qu′il y avait renoncé, ne les trouvant pas commodes et l′entrée pas assez claire; il le dit; mais je sentis instinctivement que mon esprit devait faire au prestige des Swann et à mon bonheur les sacrifices nécessaires, et par un coup d′autorité intérieure, malgré ce que je venais d′entendre, j′écartai à tout jamais de moi, comme un dévot la Vie de Jésus de Renan, la pensée dissolvante que leur appartement était un appartement quelconque que nous aurions pu habiter. Y aun es más: aquellas meriendas a las que Gilberta invitaba a sus amigas, y que por tanto tiempo juzgué yo la barrera más infranqueable de las acumuladas entre los dos, se convirtieron ahora en ocasiones para vernos, ocasión que me indicaba siempre Gilberta con unas letras, escritas (porque yo era aún amigo reciente) en papel de cartas siempre distinto. Una vez estaba exornado con un dibujo en relieve que representaba un perro de lanas azul encima de una leyenda humorística escrita en inglés y con signo de admiración; otras, con un áncora o con las iniciales G. S., desmesuradamente alargadas y en un rectángulo de la misma altura que el papel, o con el nombre de “Gilberta” bien atravesado en una esquina, en caracteres dorados que imitaban la letra de mi amiga y que acababan en una rúbrica, todo ello encima de un paraguas grabado en negro, o bien en un monograma en forma de sombrero chino, que encerraba todo el nombre en mayúsculas, pero sin que se pudiera distinguir una sola letra. Y por último, como la serie de papel de cartas de Gilberta no era ilimitada, aunque muy numerosa, al cabo de unas semanas veía yo volver ese que llevaba como el de la primera vez que me escribió, la leyenda Per viam rectam debajo del caballero con casco, en un medallón de plata oxidada. Y entonces me figuraba yo que Gilberta escogía un día determinada clase de papel y al siguiente otra distinta ateniéndose a, ciertos ritos; pero hoy creo que lo que hacía era recordar el papel en que había escrito la última vez a una de sus amigas, por lo menos a sus amigas que valían la pena de tomarse este trabajo, de modo que no se repitiera sino lo más de tarde en tarde que fuese posible. Como por causa de las distintas horas de sus respectivas lecciones, algunas de las amigas que Gilberta invitaba a merendar tenían que marcharse ya cuando otras no habían hecho más que llegar, desde la escalera oía yo escaparse del recibimiento un murmullo de voces que, en aquella emoción que me inspiraba la imponente ceremonia que iba a presenciar, rompía bruscamente, antes de que llegara al descansillo, los lazos que me unían aún a la vida anterior y me despojaban de toda memoria; y hasta se me olvidaba quitarme el pañuelo del cuello cuando estuviera en la casa caldeada, y mirar el reloj para no volver tarde. Además, aquella, escalera, toda de madera, de las que solían hacerse por entonces en algunas casas de pisos, y de ese estilo Enrique II, que fue por mucho tiempo el ideal de Odette (aunque ya pronto lo menospreciaría), con un cartel que no tenía equivalente en nuestra casa: “Prohibido utilizar el ascensor para bajar”, se me representaba como cosa tan de maravilla, que dije a mis padres que era una escalera antigua mandada traer de muy lejos por el señor Swann Tan grande era mi amor a la verdad, que no hubiese dudado en dar este detalle a mis padres aun a sabiendas de que era falso, porque era el “cínico” capaz de inspirarles el mismo respeto que yo sentía hacia la dignidad de la escalera de los Swann. Procedía yo en eso como el que delante de un ignorante que no sabe comprender en qué consiste el genio de un gran médico cree que hace bien en no confesar que el tal doctor no sabe curar los constipados de cabeza. Pero como carecía yo de todo espíritu de observación y, en general, no sabía ni cómo se llamaban ni a qué especie pertenecían las cosas que tenía ante los ojos, y lo único que comprendía es que cuando se acercaban a los Swann debían de ser extraordinarias, no estaba yo seguro de que al comunicar a mis padres el valor artístico y la remota procedencia de esa escalera decía una mentira. No estaba seguro, pero no dejaba de parecerme probable, porque sentí que me ponía muy encarnado cuando mi padre me interrumpió diciendo: “Sí, conozco esas casas; he visto una, y todas son iguales; lo que pasa es que Swann tiene tomados varios pisos; las ha hecho Berlier”. Añadió que tuvo intención de tomar uno de aquellos cuartos, pero que renunció porque no le parecían cómodos y la entrada era muy obscura; eso dijo él; pero yo me di cuenta de que mi alma debía hacer los sacrificios necesarios al prestigio de los Swann y a la infelicidad, y por una interna decisión autoritaria aparté de mí para siempre, a pesar de lo que acababa de oír, como hace un devoto con la Vida de Jesús, de Renan, la idea disolvente de que su cuarto era un cuarto cualquiera donde nosotros hubiéramos podido vivir.
Cependant, ces jours de goûter, m′élevant dans l′escalier marche à marche, déjà dépouillé de ma pensée et de ma mémoire, n′étant plus que le jouet des plus vils réflexes, j′arrivais à la zone où le parfum de Mme Swann se faisait sentir. Je croyais déjà voir la majesté du gâteau au chocolat, entouré d′un cercle d′assiettes à petits fours et de petites serviettes damassées grises à dessins, exigées par l′étiquette et particulières aux Swann. Mais cet ensemble inchangeable et réglé semblait, comme l′univers nécessaire de Kant, suspendu à un acte suprême de liberté. Car quand nous étions tous dans le petit salon de Gilberte, tout d′un coup regardant l′heure, elle disait: Aquellas tardes de merienda subía yo la escalera escalón por escalón, ya sin pensamiento y sin memoria, sin ser más que un juguete de los más–viles movimientos reflejos, y llegaba a la zona donde se hacía sentir el perfume de la señora de Swann Ya se me figuraba estar viendo la majestad de la tarta de chocolate, rodeada por un círculo de platos con pastas y de servilletas grises adamascadas y con dibujos, requeridas por la etiqueta y características de los Swann. Pero aquel conjunto inmutable y reglamentado parecía depender, como el universo necesario de Kant, de un acto de libertad. Porque cuando estábamos todos en la salita de Gilberta, ella, de pronto, miraba el reloj y decía:
« — Dites donc, mon déjeuner commence à être loin, je ne dîne qu′à huit heures, j′ai bien envie de manger quelque chose. Qu′en diriez-vous?» -Yo ya hace tiempo que almorcé, y no ceno hasta las ocho de modo que tengo ganas de tomar algo. ¿Qué les parece a ustedes?
Et elle nous faisait entrer dans la salle à manger, sombre comme l′intérieur d′un Temple asiatique peint par Rembrandt, et où un gâteau architectural aussi débonnaire et familier qu′il était imposant, semblait trôner là à tout hasard comme un jour quelconque, pour le cas où il aurait pris fantaisie à Gilberte de le découronner de ses créneaux en chocolat et d′abattre ses remparts aux pentes fauves et raides, cuites au four comme les bastions du palais de Darius. Bien mieux, pour procéder à la destruction de la pâtisserie ninitive, Gilberte ne consultait pas seulement sa faim; elle s′informait encore de la mienne, tandis qu′elle extrayait pour moi du monument écroulé tout un pan verni et cloisonné de fruits écarlates, dans le goût oriental. Elle me demandait même l′heure à laquelle mes parents dînaient, comme si je l′avais encore sue, comme si le trouble qui me dominait avait laissé persister la sensation de l′inappétence ou de la faim, la notion du dîner ou l′image de la famille, dans ma mémoire vide et mon estomac paralysé. Malheureusement cette paralysie n′était que momentanée. Les gâteaux que je prenais sans m′en apercevoir, il viendrait un moment où il faudrait les digérer. Mais il était encore lointain. En attendant Gilberte me faisait «mon thé». J′en buvais indéfiniment, alors qu′une seule tasse m′empêchait de dormir pour vingt-quatre heures. Aussi ma mère avait-elle l′habitude de dire: «C′est ennuyeux, cet enfant ne peut aller chez les Swann sans rentrer malade.» Mais savais-je seulement quand j′étais chez les Swann que c′était du thé que je buvais? L′eussé-je su que j′en eusse pris tout de même, car en admettant que j′eusse recouvré un instant le discernement du présent, cela ne m′eût pas rendu le souvenir du passé et la prévision de l′avenir. Mon imagination n′était pas capable d′aller jusqu′au temps lointain où je pourrais avoir l′idée de me coucher et le besoin du sommeil. Y nos hacía pasar al comedor, sombrío como un interior de templo asiático pintado por Rembrandt, donde había una tarta arquitectónica tan bonachona y familiar como imponente, que estaba allí, toda majestuosa como un día ordinario cualquiera, por si acaso a Gilberta le daba el capricho de quitarle su corona de almenas de chocolate y echar abajo sus murallas valientes y empinadas, murallas cocidas al horno como los bastiones del palacio de Darío. Y aun había más: porque para proceder a la destrucción de aquella ninívea obra de pastelería Gilberta no consultaba solamente a su apetito, sino también al mío, mientras que iba extrayendo para mí del derruido monumento todo un lienzo brillante sembrado de frutas escarlata al modo oriental. Y hasta me preguntaba a qué hora cenaban mis padres, como si yo lo supiera, como si la turbación que me dominaba hubiese dejado persistir sensación de inapetencia o de hambre, noción de comida o imagen de familia en mi memoria vacía y mi estómago paralizado. Desgraciadamente, esa parálisis era más que momentánea. Vendría un momento en que habría que digerir esos dulces que yo tomaba sin darme cuenta. Pero aun estaba lejos. Y entre tanto, Gilberta me hacía “mi té”. Del cual yo bebía muchísimo, aunque me bastaba con una taza para leo poder dormir en veinticuatro horas. Por eso mi madre solía decir: “Es un fastidio: este niño no puede ir a casa de los Swann sin volver malo. Pero ¿es que cuando estaba en casa de los Swann sabía yo siquiera que lo que bebía era té? Y aun de saberlo lo habría seguido tomando, porque supuesto que yo recobrara por un momento el discernimiento de lo presente, no por eso me volverían el recuerdo de lo pasado y la previsión de lo por venir. Mi imaginación era incapaz de llegar hasta ese tiempo remoto en que pudiera entrarme la idea de meterme en la cama y la necesidad de dormir.
Les amies de Gilberte n′étaient pas toutes plongées dans cet état d′ivresse où une décision est impossible. Certaines refusaient du thé! Alors Gilberte disait, phrase très répandue à cette époque: «Décidément, je n′ai pas de succès avec mon thé!» Et pour effacer davantage l′idée de cérémonie, dérangeant l′ordre des chaises autour de la table: «Nous avons l′air d′une noce; mon Dieu que les domestiques sont bêtes.» No todas las amigas de Gilberta estaban sumidas en esa embriaguez que imposibilita para toda decisión. Algunas no querían té. Y entonces Gilberta decía: “Está visto qué no tengo éxito con mi té”, frase muy usual en aquella época. Y añadía, para borrar más toda idea de ceremonia mientras desarreglaba la ordenada colocación de las sillas alrededor de la mesa: “Parece que estamos en una boda. ¡Dios mío, que estúpidos son los criados!"
Elle grignotait, assise de côté sur un siège en forme d′x et placé de travers. Même, comme si elle eût pu avoir tant de petits fours à sa disposition, sans avoir demandé la permission à sa mère, quand Mme Swann — dont le «jour» coî­£idait d′ordinaire avec les goûters de Gilberte — après avoir reconduit une visite, entrait, un moment après, en courant, quelquefois habillée de velours bleu, souvent dans une robe en satin noir couverte de dentelles blanches, elle disait d′un air étonné: Gilberta iba mordisqueando sentada en un asiento en forma de equis, que ella colocaba de modo que no guardara paralelismo con la mesa. Y como si fuera posible que tuviera tantos dulces a su disposición sin haber pedido permiso a su madre, cuando la señora Swann y cuyos días de recibir solían coincidir con las meriendas de Gilbertavolvía de acompañar hasta la puerta a una visita y entraba corriendo un momento en el comedor, vestida a veces de terciopelo o con un traje de satén negro cubierto de encajes blancos, decía con aire de asombro.
— «Tiens, ça a l′air bon ce que vous mangez là, cela me donne faim de vous voir manger du cake.» -Vaya, parece que están ustedes comiendo buenas cosas. Me entran ganas al verlos a ustedes comer plumcake -
— «Eh bien, maman, nous vous invitons, répondait Gilberte.» Pues te convidamos, mamá -respondía Gilberta.
— «Mais non, mon trésor, qu′est-ce que diraient mes visites, j′ai encore Mme Trombert, Mme Cottard et Mme Bontemps, tu sais que chère Mme Bontemps ne fait pas des visites très courtes et elle vient seulement d′arriver. -No puede ser, rica mía: ¿qué dirían mis visitas? Todavía tengo ahí a las señoras de Trombert, de Cottard y de Bontemps. Y la excelente señora de Bontemps acaba de llegar ahora mismo, y ya sabes tú que no hace visitas cortas.
Qu′est-ce qu′ils diraient toutes ces bonnes gens de ne pas me voir revenir; s′il ne vient plus personne, je reviendrai bavarder avec vous (ce qui m′amusera beaucoup plus) quand elles seront parties. Je crois que je mérite d′être un peu tranquille, j′ai eu quarante-cinq visites et sur quarante-cinq il y en a eu quarante-deux qui ont parlé du tableau de Gérôme! Mais venez-donc un de ces jours, me disait-elle, prendre votre thé avec Gilberte, elle vous le fera comme vous l′aimez, comme vous le prenez dans votre petit «studio», ajoutait-elle, tout en s′enfuyant vers ses visites et comme si ç‘avait été quelque chose d′aussi connu de moi que mes habitudes (fût-ce celle que j′aurais eue de prendre le thé, si j′en avais jamais pris, quand à un «studio» j′étais incertain si j′en avais un ou non) que j′étais venu chercher dans ce monde mystérieux. «Quand viendrez-vous? Demain? On vous fera des toasts aussi bons que chez Colombin. Non? Vous êtes un vilain», disait-elle, car depuis qu′elle aussi commençait à avoir un salon, elle prenait les façons de Mme Verdurin, son ton de despotisme minaudier. Les toasts m′étant d′ailleurs aussi inconnus que Colombin, cette dernière promesse n′aurait pu ajouter à ma tentation. Il semblera plus étrange, puisque tout le monde parle ainsi et peut-être même maintenant à Combray, que je n′eusse pas à la première minute compris de qui voulait parler Mme Swann, quand je l′entendis me faire l′éloge de notre vieille «nurse». Je ne savais pas l′anglais, je compris bientôt pourtant que ce mot désignait Françoise. Moi qui aux Champs-Élysées, avais eu si peur de la fâcheuse impression qu′elle devait produire, j′appris par Mme Swann que c′est tout ce que Gilberte lui avait raconté sur ma «nurse» qui leur avait donné à elle et à son mari de la sympathie pour moi. «On sent qu′elle vous est si dévouée, qu′elle est si bien.» (Aussitôt je changeai entièrement d′avis sur Françoise. Par contre-coup, avoir une institutrice pourvue d′un caoutchouc et d′un plumet ne me sembla plus chose si nécessaire.) Enfin je compris, par quelques mots échappés à Mme Swann sur Mme Blatin dont elle reconnaissait la bienveillance mais redoutait les visites, que des relations personnelles avec cette dame ne m′eussent pas été aussi précieuses que j′avais cru et n′eussent amélioré en rien ma situation chez les Swann. ¡Figúrate lo que dirían todas esas buenas señoras si viesen que yo no volvía! Cuando se vayan, si no llega nadie más, vendré a hablar con vosotras, que es mucho más entretenido. Creo que ya merezco que me dejen un poco tranquila: he tenido cuarenta y cinco visitas, y de las cuarenta y cinco, cuarenta y dos me han hablado del cuadro de Gérôme. Y usted venga un día de estos -me decía a mía tomar su té con Gilberta; se le liará a usted como le gusta, como usted le toma en su “studio” -añadía, huyendo en busca de sus visitas, como si yo Hubiera venido a este mundo misterioso de su casa en busca de cosas tan conocidas como mis costumbres da de tomar el té, si yo tomara té alguna vez en un “studio” que no estaba muy seguro de tener))-. ¿Qué, cuándo vendrá usted? ¿Mañana? Le haremos toasts tan buenos como los de casa de Colombi. ¿No? Es usted una mala persona decía porque en cuanto empezó a tener ella también su pequeña reunión adoptó los modales de la señora de Verdurin y su tono remilgado de despotismo. Esta última promesa no podía contribuir a acrecer la tentación, porque para mí los toasts y Colombi eran cosas igualmente desconocidas. Lo que parecerá más raro, porque ahora ya todo el mundo habla así, hasta en Combray, es que yo no comprendiese en el primer momento a quién se refería la señora de Swann cuando le oí hacer el elogio de mi vieja nurse Yo no sabía inglés, pero me di cuenta enseguida de que esa palabra designaba a Francisca. Y yo, que en los Campos Elíseos tenía tanto miedo de la mala impresión que debía de causar Francisca, me enteré ahora por la misma señora de Swann de que lo que inspiró simpatía, tanto a ella como a su marido, por mi persona fue lo que Gilberta les contaba de mi nurse. “Se ve que lo quiere a usted mucho y que es muy buena.” (Y enseguida mudé de parecer con respecto a Francisca. Y en cambio dejó de parecerme cosa necesaria el tener una institutriz con impermeable y plumero.) Y, en fin, deduje de algunas frases que a la señora de Swann se -le escaparon sobre la señora Blatin que aunque estimaba su benevolencia temía sus visitas, y que el haber tenido trato con esta señora no me hubiera sido tan útil como yo me figuraba y en nada me habría favorecido a los ojos del matrimonio Swann.
Si j′avais déjà commencé d′explorer avec ces tressaillements de respect et de joie le domaine féerique qui contre toute attente avait ouvert devant moi ses avenues jusque-là fermées, pourtant c′était seulement en tant qu′ami de Gilberte. Le royaume dans lequel j′étais accueilli était contenu lui-même dans un plus mystérieux encore où Swann et sa femme menaient leur vie surnaturelle, et vers lequel ils se dirigeaient après m′avoir serré la main quand ils traversaient en même temps que moi, en sens inverse, l′antichambre. Mais bientôt je pénétrai aussi au cur du Sanctuaire. Par exemple, Gilberte n′était pas là, M. ou Mme Swann se trouvait à la maison. Ils avaient demandé qui avait sonné, et apprenant que c′était moi, m′avaient fait prier d′entrer un instant auprès d′eux, désirant que j′usasse dans tel ou tel sens, pour une chose ou pour une autre, de mon influence sur leur fille. Je me rappelais cette lettre si complète, si persuasive, que j′avais naguère écrite à Swann et à laquelle il n′avait même pas daigné répondre. J′admirais l′impuissance de l′esprit, du raisonnement et du cur à opérer la moindre conversion, à résoudre une seule de ces difficultés, qu′ensuite la vie, sans qu′on sache seulement comment elle s′y est prise, dénoue si aisément. Ma position nouvelle d′ami de Gilberte, doué sur elle d′une excellente influence, me faisait maintenant bénéficier de la même faveur que si ayant eu pour camarade, dans un collège où on m′eût classé toujours premier, le fils d′un roi, j′avais dû à ce hasard mes petites entrées au Palais et des audiences dans la salle du trône; Swann avec une bienveillance infinie et comme s′il n′avait pas été surchargé d′occupations glorieuses, me faisait entrer dans sa bibliothèque et m′y laissait pendant une heure répondre par des balbutiements, des silences de timidité coupés de brefs et incohérents élans de courage, à des propos dont mon émoi m′empêchait de comprendre un seul mot; il me montrait des objets d′art et des livres qu′il jugeait susceptibles de m′intéresser et dont je ne doutais pas d′avance qu′ils ne passassent infiniment en beauté tous ceux que possèdent le Louvre et la Bibliothèque Nationale, mais qu′il m′était impossible de regarder. A ces moments-là son maître d′hôtel m′aurait fait plaisir en me demandant de lui donner ma montre, mon épingle de cravate, mes bottines et de signer un acte qui le reconnaissait pour mon héritier: selon la belle expression populaire dont, comme pour les plus célèbres épopées, on ne connaît pas l′auteur, mais qui comme elles et contrairement à la théorie de Wolf en a eu certainement un, (un de ces esprits inventifs et modestes ainsi qu′il s′en rencontre chaque année, lesquels font des trouvailles telles que «mettre un nom sur une figure» mais leur nom à eux, ils ne le font pas connaître), je ne savais plus ce que je faisais. Tout au plus m′étonnais-je quand la visite se prolongeait, à quel néant de réalisation, à quelle absence de conclusion heureuse, conduisaient ces heures vécues dans la demeure enchantée. Mais ma déception ne tenait ni à l′insuffisance des chefs-d′uvre montrés, ni à l′impossibilité d′arrêter sur eux un regard distrait. Car ce n′était pas la beauté intrinsèque des choses qui me rendait miraculeux d′être dans le cabinet de Swann, c′était l′adhérence à ces choses — qui eussent pu être les plus laides du monde — du sentiment particulier, triste et voluptueux que j′y localisais depuis tant d′années et qui l′imprégnait encore; de même la multitude des miroirs, des brosses d′argent, des autels à saint Antoine de Padoue sculptés et peints par les plus grands artistes, ses amis, n′étaient pour rien dans le sentiment de mon indignité et de sa bienveillance royale qui m′était inspirés quand Mme Swann me recevait un moment dans sa chambre où trois belles et imposantes créatures, sa première, sa deuxième et sa troisième femmes de chambre préparaient en souriant des toilettes merveilleuses, et vers laquelle sur l′ordre proféré par le valet de pied en culotte courte que madame désirait me dire un mot, je me dirigeais par le sentier sinueux d′un couloir tout embaumé à distance des essences précieuses qui exhalaient sans cesse du cabinet de toilette leurs effluves odoriférants. Pero sólo en calidad de amigo de Gilberta es como empecé ya a explorar aquellas mágicas regiones que, contra todo lo que yo esperaba, abrieron ante mí sus hasta entonces cerradas avenidas. El reino donde yo tenía acogida estaba a su vez contenido en otro aun más misterioso, donde vivían su sobrenatural vida Swann y su esposa; ese reino hacia el cual se dirigían ellos después de darme la mano cuando nos cruzábamos en el recibimiento. Pero pronto penetré también en el corazón del santuario. Por ejemplo, Gilberta había salido y estaban en casa el señor Swann o su esposa. Preguntaban quién había llamado, y al saber que era yo me rogaban que pasara un momento a sus habitaciones porque deseaban que interpusiera mi influencia sobre Gilberta en este o en el otro sentido, para tal o cual cosa. Se me venía a la memoria aquella carta tan completa y persuasiva que yo escribí una vez a Swann, y que ni siquiera se dignó contestar. Y me admiraba la impotencia del razonar, del discurrir y de los sentimientos para operar la más mínima conversión, para resolver una de esas solas dificultades que luego la vida, sin que nos pernos cuenta de cómo lo hizo, desenreda con tanta facilidad. Mi nueva posición de amigo de Gilberta con mucha influencia sobre su ánimo me ganaba ahora el mismo favor que si hubiese tenido por compañero en un colegio donde yo ocupaba siempre los primeros puestos a un hijo del rey, y por esta casual circunstancia me franqueara algún portillo de Palacio y hasta lograra audiencias en el salón del Trono. Swann, con infinita amabilidad, como si no estuviese abrumado por gloriosos quehaceres, me hacía pasar a la biblioteca y me dejaba estarme allí una hora, contestando con balbuceos, con silencios tímidos entrecortados por breves e incoherentes arranques de valor, a sus palabras, de las que apenas si entendía yo una por la emoción que me dominaba; me enseñaba objetos de arte y libros que él suponía habrían de interesarme, y yo no dudaba que fuesen infinitamente más preciosos que todos los que se encierran en el Louvre y en la Biblioteca Nacional; pero lo cierto es que me era imposible mirarlos. Y en esos momentos me hubiera parecido muy bien que su maestresala me pidiese mi reloj, mi alfiler de corbata, mis botas o un documento firmado donde lo nombraba mi heredero; porque, según la hermosa expresión popular de autor desconocido, como las más célebres epopeyas, pero que indudablemente tuvo, como ellas, al contrario de la teoría del Wolf, su autor (un hombre inventivo y modesto de esos que nos encontramos todos los años, que crean frases felices como “leer su nombre en la cara”, pero sin revelarnos ellos el suyo yo no sabía lo que estaba haciendo. A lo sumo, me asombraba, si la visita era muy larga, de la falta de resultado, de la carencia de toda conclusión feliz a que me llevaban aquellas horas transcurridas en la morada mágica. Pero mi decepción no se basaba ni en la insuficiencia de las magistrales obras que me mostraban ni en mi imposibilidad de fijar en ellas mi distraído mirar. Porque si a mí me parecía milagroso poder estar en el despacho de Swann no era por el valor intrínseco de las cosas que allí había, sino porque a todas esas cosas -y lo mismo aunque hubieran sido las más horribles del mundo- estaba adherido un sentimiento particular triste y voluptuoso, que yo localizaba en ellas hacía tantos años y que aun las empapaba; e igualmente me sucedía que la muchedumbre de espejos, cepillos de plata y altares de San Antonio de Padua, pintados o esculpidos por los mejores artistas, amigos suyos todos, nada tenían que ver en el sentimiento de mi indignidad y de la regia benevolencia de la señora de Swann cuando ésta me recibía un instante en su habitación, donde tres Hermosas e imponentes criaturas, primera, segunda y tercera doncella, preparaban sonrientes maravillosos atavíos; esa habitación a la que me encaminaba yo, cuando el lacayo de calzón corto profería la orden de que la señora quería decirme tina cosa, por el sinuoso sendero de un pasillo todo él embalsamado a distancia por esencias preciosas cuyos fragantes efluvios se exhalaban constantemente del tocador.
Quand Mme Swann était retournée auprès de ses visites, nous l′entendions encore parler et rire, car même devant deux personnes et comme si elle avait eu à tenir tête à tous les «camarades», elle élevait la voix, lançait les mots, comme elle avait si souvent, dans le petit clan, entendu faire à la «patronne», dans les moments où celle-ci «dirigeait la conversation». Les expressions que nous avons récemment empruntées aux autres étant celles, au moins pendant un temps, dont nous aimons le plus à nous servir, Mme Swann choisissait tantôt celles qu′elle avait apprises de gens distingués que son mari n′avait pu éviter de lui faire connaître (c′est d′eux qu′elle tenait le maniérisme qui consiste à supprimer l′article ou le pronom démonstratif devant un adjectif qualifiant une personne) tantôt de plus vulgaires (par exemple: «C′est un rien!» mot favori d′une de ses amies) et cherchait à les placer dans toutes les histoires que, selon une habitude prise dans le «petit clan» elle aimait à raconter. Elle disait volontiers ensuite: «J′aime beaucoup cette histoire», «ah! avouez, c′est une bien belle histoire!»; ce qui lui venait, par son mari, des Guermantes qu′elle ne connaissait pas. Cuando la señora de Swann se había vuelto ya con sus visitas, todavía la oíamos hablar y reír, porque aunque no hubiera más que dos personas, ella, como si tuviese que habérselas con todos los “camaradas”, alzaba la voz y lanzaba sus frases, como vio hacer al “ama”, allá en el “cogollito”, en los momentos en que “llevaba la batata de la conversación”. Como las expresiones que más nos gusta utilizar, al menos por una temporada, son las que hemos tomado a otras personas, la señora de Swann escogía ya las aprendidas de personas distinguidas que su marido no tuvo más remedio que presentarle (y de éstas precedía ese amaneramiento que consiste en suprimir el artículo o el pronombre demostrativo ante un adjetivo que califica a tina persona), va otras más vulgares (por ejemplo: “¡Es tina pequeñez!”, frase favorita de una de sus amigas) y hacía por colocarlas en todas las historietas que, por costumbre tornada en el “clan”, le gustaba contar. Y después de, contarlas solía decir: “Me -lista macho esta historia; ¿verdad que es bonitísima?”; esto de bonitísima provenía, por vía de su esposo, de los Guermantes, que ella no trataba.
Mme Swann avait quitté la salle à manger, mais son mari qui venait de rentrer faisait à son tour une apparition auprès de nous. — «Sais-tu si ta mère est seule, Gilberte?» — «Non, elle a encore du monde, papa.» — «Comment, encore? à sept heures! C′est effrayant. La pauvre femme doit être brisée. C′est odieux. (A la maison j′avais toujours entendu, dans odieux, prononcer l′o long — audieux, — mais M. et Mme Swann disaient odieux, en faisant l′o bref.) Pensez, depuis deux heures de l′après-midi! reprenait-il en se tournant vers moi. Et Camille me disait qu′entre quatre et cinq heures, il est bien venu douze personnes. Qu′est-ce que je dis douze, je crois qu′il m′a dit quatorze. Non, douze; enfin je ne sais plus. Quand je suis rentré je ne songeais pas que c′était son jour, et en voyant toutes ces voitures devant la porte, je croyais qu′il y avait un mariage dans la maison. Et depuis un moment que je suis dans ma bibliothèque les coups de sonnette n′ont pas arrêté, ma parole d′honneur, j′en ai mal à la tête. Et il y a encore beaucoup de monde près d′elle?» — «Non, deux visites seulement.» — «Sais-tu qui?» — «Mme Cottard et Mme Bontemps.» — «Ah! la femme du chef de cabinet du ministre des Travaux publics.» — «J′sais que son mari est employé dans un ministère, mais j′sais pas au juste comme quoi», disait Gilberte en faisant l′enfant. La señora de Swann se marchaba del comedor; pero entonces le tocaba a su marido, que acababa de volver a casa, hacer su aparición entre nosotros. ¿Sabes si tu madre está sola, Gilberta? -No, papá: todavía hay gente ¿Todavía? ¡Y son las siete! ¡Es tremendo! La pobre debe de estar hecha pedazos; Qué odioso! (Yo siempre había oído en casa pronunciar la palabra odioso (odieux) con o larga pero los señores de Swann pronunciaban de otro modo, con o breve) Está así desde las dos de la tarde -proseguía, volviéndose hacia mí-. Y Camila me ha dicho que sólo de cuatro a cinco han venido doce personas. Doce o catorce me parece que me ha dicho. Doce creo...; en fin, no sé. Cuando volví a casa ya no me acordaba que era su día de recibir, y creí que había una boda en la casa al ver tanto coche a la puerta. Estoy hace un rato en la biblioteca; pero los campanillazos no cesan un momento, y palabra de honor que me han dado dolor de cabeza. ¿Y sabes si hay todavía mucha gente con ella? -No, nada más que dos visitas. -¿Sabes quiénes son? -La señora de Cottard y la señora de Bontemps. -¡Ah!, ¿la esposa del director general del Ministerio de Obras Públicas? -Sí, creo que su marido está empleado en un ministerio, pero no sé a punto fijo qué cargo tiene -añadía Gilberta, echándoselas de niña.
— «Comment, petite sotte, tu parles comme si tu avais deux ans. Qu′est-ce que tu dis: employé dans un ministère? Il est tout simplement chef de cabinet, chef de toute la boutique, et encore, où ai-je la tête, ma parole je suis aussi distrait que toi, il n′est pas chef de cabinet, il est directeur du cabinet.» -Pero tontuela, estás hablando como una niña de dos años ¿Conque empleado en un ministerio dices? Pues es nada menos que director general, es decir, el que manda en todo el establecimiento. Pero ¡qué estoy diciendo! Es más que director general, es subsecretario.
— «J′sais pas, moi; alors c′est beaucoup d′être le directeur du cabinet?» répondait Gilberte qui ne perdait jamais une occasion de manifester de l′indifférence pour tout ce qui donnait de la vanité à ses parents (elle pouvait d′ailleurs penser qu′elle ne faisait qu′ajouter à une relation aussi éclatante, en n′ayant pas l′air d′y attacher trop d′importance). -Yo no entiendo de eso. ¿De modo que ser subsecretario es muy importante? - respondía Gilberta, que no perdía ocasión de denotar su indiferencia hacia todas aquellas cosas que inspiraban vanidad a sus padres (y puede que pensara que de ese modo aun realzaba el mérito del trato con una persona tan brillante haciendo como que no le concedía importancia).
— Comment, si c′est beaucoup! s′écriait Swann qui préférait à cette modestie qui eût pu me laisser dans le doute, un langage plus explicite. Mais c′est simplement le premier après le ministre! C′est même plus que le ministre, car c′est lui qui fait tout. Il paraît du reste que c′est une capacité, un homme de premier ordre, un individu tout à fait distingué. Il est officier de la Légion d′honneur. C′est un homme délicieux, même fort joli garçon.» -Ya lo creo que lo es -exclamó Swann, que prefería a aquella modestia, que acaso me hubiera dejado en la duda, tan lenguaje más explícito—-. Es el primero después del ministro. Es hasta más que el ministro, porque él lo hace todo. Además, dicen que es un talento, hombre de primer orden, distinguidísimo. Es oficial de la Legión de Honor. Persona deliciosa, un muchacho de muy buena presencia.
Sa femme d′ailleurs l′avait épousé envers et contre tous parce que c′était un «être de charme». Il avait, ce qui peut suffire à constituer un ensemble rare et délicat, une barbe blonde et soyeuse, de jolis traits, une voix nasale, l′haleine forte et un il de verre. Su mujer se había casado con él en contra del parecer de todo el mundo, porque era un “ser exquisito”. No le faltaba ninguna de esos elementos que constituyen un raro y delicado conjunto: barba rubia y sedosa, lindas facciones, voz nasal y un ojo de cristal.
— «Je vous dirai, ajoutait-il en s′adressant à moi, que je m′amuse beaucoup de voir ces gens-là dans le gouvernement actuel, parce que ce sont les Bontemps, de la maison Bontemps-Chenut, le type de la bourgeoisie réactionnaire cléricale, à idées étroites. Votre pauvre grand-père a bien connu, au moins de réputation et de vue, le vieux père Chenut qui ne donnait qu′un sou de pourboire aux cochers bien qu′il fût riche pour l′époque, et le baron Bréau-Chenut. Toute la fortune a sombré dans le krach de l′Union Générale, vous êtres trop jeune pour avoir connu ça, et dame on s′est refait comme on a pu.» -¿Sabe usted? -dijo dirigiéndose a mí-; a mí me divierte- mucho ver a esa gente en el Gobierno actual, porque son los Bontemps, de la casa Bontemps Chenut, tipo de la clase media reaccionaria y clerical, muy estrecha de ideas. Su pobre abuelo de usted conoció, por lo menos de oídas y de vista, al Chenut viejo, que daba una perra chica de propina a los cocheros aunque era muy rico para aquellos tiempos, y al barón Bréau Chenut. Toda la fortuna se hundió en el kyack de la Unión General (usted no, ha conocido eso, es muy joven), y, claro, se rehacen como pueden.
— «C′est l′oncle d′une petite qui venait à mon cours, dans une classe bien au-dessous de moi, la fameuse «Albertine». Elle sera sûrement très «fast» mais en attendant elle a une drôle de touche.» «Elle est étonnante ma fille, elle connaît tout le monde.» — «Je ne la connais pas. Je la voyais seulement passer, on criait Albertine par-ci, Albertine par-là. Mais je connais Mme Bontemps, et elle ne me plaît pas non plus.» -Sí; ese señor es tío de una pequeña que iba a casa de mi profesora, pero a una clase muy por bajo de la mía, la famosa Albertina. Puede que llegue a ser muy “fast”, pero ahora tiene una fecha muy especial. -Esta chica mía es asombrosa, conoce a todo el mundo. -No, yo no es que la conozca; la veía pasar y oía gritar Albertina por aquí y Albertina por allá. Pero a la señora de Bontemps sí que la conozco, y tampoco me gusta.
— «Tu as le plus grand tort, elle est charmante, jolie, intelligente. Elle est même spirituelle. Je vais aller lui dire bonjour, lui demander si son mari croit que nous allons avoir la guerre, et si on peut compter sur le roi Théodose. Il doit savoir cela, n′est-ce pas, lui qui est dans le secret des Dieux? -Pues no tienes razón, en absoluto; es una señora encantadora, bonita, inteligente. Hasta tiene gracia a veces. Voy a saludarla y preguntarle si su marido cree que tendremos guerra y si se puede contar con el rey Teodosio. Él lo debe de saber porque está iniciado en los secretos de los dioses.
Ce n′est pas ainsi que Swann parlait autrefois; mais qui n′a vu des princesses royales fort simples, si dix ans plus tard elles se sont fait enlever par un valet de chambre, et qu′elles cherchent à revoir du monde et sentent qu′on ne vient pas volontiers chez elles, prendre spontanément le langage des vieilles raseuses, et quand on cite une duchesse à la mode, ne les a entendues dire: «Elle était hier chez moi», et: «Je vis très à l′écart». Aussi est-il inutile d′observer les moeurs puisque on peut les déduire des lois psychologiques. No era ése el modo de hablar que Swann tenía antes; pero todos hemos visto princesas de sangre real muy sencillas que, cuando diez años más tarde se dejan raptar por un ayuda de cámara, quieren tratar a mucha gente, y al ver que se resisten a ir a su casa adoptan espontáneamente el lenguaje de viejas cócoras, y se les oye decir cuando alguien habla de una duquesa muy a la moda: "Ayer estuvo en casa", y "Yo hago una vida muy retraída". Así, que es inútil observar las costumbres, puesto que se las puede deducir de las leyes psicológicas.
Les Swann participaient à ce travers des gens chez qui peu de monde va; la visite, l′invitation, une simple parole aimable de personnes un peu marquantes étaient pour eux un événement auquel ils souhaitaient de donner de la publicité. Si la mauvaise chance voulait que les Verdurin fussent à Londres quand Odette avait eu un dîner un peu brillant, on s′arrangeait pour que par quelque ami commun la nouvelle leur en fût câblée outre-Manche. Il n′est pas jusqu′aux lettres, aux télégrammes flatteurs reçus par Odette, que les Swann ne fussent incapables de garder pour eux. On en parlait aux amis, on les faisait passer de mains en mains. Le salon des Swann ressemblait ainsi à ces hôtels de villes d′eaux où on affiche les dépêches. Los Swann participaban de ese defecto de quien no ve su casa muy concurrida; para ellos, la visita, la invitación, o sencillamente la frase amable de una persona algo distinguida, era un acontecimiento que deseaban publicar. Si, por una mala suerte, daba la coincidencia que los Verdurin estaban en Londres cuando Odette había dada una comida un tanto brillante, ya se las arreglaban para que algún amigo común les cablegrafiara la noticia allende el Canal. Y los Swann ni siquiera podían guardarse para ellos solos las cartas y los telegramas lisonjeros que Odette recibía. Se hablaba de ellos a los amigos y pasaban de mano en mano. De manera que el salón de los Swann venía a parecerse a los hoteles de los balnearios, donde se exponen al público los telegramas.
Du reste, les personnes qui n′avaient pas seulement connu l′ancien Swann en dehors du monde, comme j′avais fait, mais dans le monde, dans ce milieu Guermantes, où, en exceptant les Altesses et les Duchesses on était d′une exigence infinie pour l′esprit et le charme, où on prononçait l′exclusive pour des hommes éminents, qu′on trouvait ennuyeux ou vulgaires, ces personnes-là auraient pu s′étonner en constatant que l′ancien Swann avait cessé d′être non seulement discret quand il parlait de ses relations mais difficile quand il s′agissait de les choisir. Comment Mme Bontemps, si commune, si méchante, ne l′exaspérait-elle pas? Comment pouvait-il la déclarer agréable? Le souvenir du milieu Guermantes, aurait dû l′en empêcher semblait-il; en réalité il l′y aidait. Il y avait certes chez les Guermantes, à l′encontre des trois quarts des milieux mondains, du goût, un goût raffiné même, mais aussi du snobisme, d′où possibilité d′une interruption momentanée dans l′exercice du goût. S′il s′agissait de quelqu′un qui n′était pas indispensable à cette coterie, d′un ministre des Affaires étrangères, républicain un peu solennel, d′un académicien bavard, le goût s′exerçait à fond contre lui, Swann plaignait Mme de Guermantes d′avoir dîné à côté de pareils convives dans une ambassade et on leur préférait mille fois un homme élégant, c′est-à-dire un homme du milieu Guermantes, bon à rien, mais possédant l′esprit des Guermantes, quelqu′un qui était de la même chapelle. Seulement, une grande-duchesse, une princesse du sang dînait-elle souvent chez Mme de Guermantes, elle se trouvait alors faire partie de cette chapelle elle aussi, sans y avoir aucun droit, sans en posséder en rien l′esprit. Mais avec la naîµ¥té des gens du monde, du moment qu′on la recevait, on s′ingéniait à la trouver agréable, faute de pouvoir se dire que c′est parce qu′on l′avait trouvée agréable qu′on la recevait. Swann, venant au secours de Mme de Guermantes, lui disait quand l′Altesse était partie: «Au fond elle est bonne femme, elle a même un certain sens du comique. Mon Dieu je ne pense pas qu′elle ait approfondi la Critique de la Raison pure, mais elle n′est pas déplaisante.» — «Je suis absolument de votre avis, répondait la duchesse. Et encore elle était intimidée, mais vous verrez qu′elle peut être charmante.» — «Elle est bien moins embêtante que Mme XJ (la femme de l′académicien bavard, laquelle était remarquable) qui vous cite vingt volumes.» — «Mais il n′y a même pas de comparaison possible.» La faculté de dire de telles choses, de les dire sincèrement, Swann l′avait acquise chez la duchesse, et conservée. Il en usait maintenant à l′égard des gens qu′il recevait. Il s′efforçait à discerner, à aimer en eux les qualités que tout être humain révèle, si on l′examine avec une prévention favorable et non avec le dégoût des délicats; il mettait en valeur les mérites de Mme Bontemps comme autrefois ceux de la princesse de Parme, laquelle eût dû être exclue du milieu Guermantes, s′il n′y avait pas eu entrée de faveur pour certaines altesses et si même quand il s′agissait d′elles on n′eût vraiment considéré que l′esprit et un certain charme. On a vu d′ailleurs autrefois que Swann avait le goût (dont il faisait maintenant une application seulement plus durable) d′échanger sa situation mondaine contre une autre qui dans certaines circonstances lui convenait mieux. Il n′y a que les gens incapables de décomposer, dans leur perception, ce qui au premier abord paraît indivisible, qui croient que la situation fait corps avec la personne. Un même être, pris à des moments successifs de sa vie, baigne à différents degrés de l′échelle sociale dans des milieux qui ne sont pas forcément de plus en plus élevés; et chaque fois que dans une période autre de l′existence, nous nouons, ou renouons, des liens avec un certain milieu, que nous nous y sentons choyés, nous commençons tout naturellement à nous y attacher en y poussant d′humaines racines. Además, las personas que conocieron al Swann antiguo, no ya fuera de sociedad, como yo, sino en el mundo social, en aquel ambiente de los Guermantes, donde, excepto para las altezas y duquesas, se tenían infinitas exigencias en punto a simpatía e ingenio y se lanzaban condenas de exclusión contra hombres eminentes, tachándolos de vulgares y aburridos, tenían por qué sorprenderse ahora al ver palpablemente que el Swann antiguo, no sólo dejó de ser discreto al hablar de sus conocimientos, sino también de ser exigente cuando había que elegirlos. ¿Cómo era posible que no lo exasperara la señora de Bontemps, tan ordinaria y tan mala? ¿Por qué llegaba hasta considerarla agradable? Y el recuerdo del círculo de los Guermantes, que al parecer debía de haberle hecho imposibles estas cosas, en realidad le servía de ayuda: Entre los Guermantes había, a diferencia de lo que ocurre con las tres cuartas partes de las peñas del gran mundo, buen gusto, hasta refinamiento, pero no faltaba el snobismo, y de aquí que fuese posible una interrupción momentánea en el ejercicio del buen gusto. Si se trataba de una persona no indispensable al círculo aquel, de un ministro de Negocios Extranjeros, solemne republicano, o de un académico verboso, el buen gusto se empleaba a fondo en su contra: Swann compadecía a la señora de Guermantes por haber tenido al lado en el banquete de al una embajada a comensales de esa suerte, a los cuales preferían ellos mil veces un hombre elegante, es decir, un hombre de la peña Guermantes, que no servía para nada, pero que participaba del peculiar ingenio de los Guermantes: alguien de la misma capilla. Pero iban una duquesa o una princesa de sangre real a cenar a menudo a casa de la señora de Guermantes y ya entraba ella también a formar parte de la capillita, aunque sin ningún derecho y sin estar penetrada de su espíritu. Pero con esa simplicidad de las personas del gran mundo, desde el momento que se la invitaba, todos se ingeniaban por encontrarla agradable, ya que no podían decir que si se la había invitado fue por lo agradable que era. Swann iba en socorro de la señora de Guermantes, y le decía, cuando ya se había marchado la alteza -En el fondo parece buena persona, y hasta tiene cierto sentido de lo cómico. Claro que no debe de haber buceado en la Crítica de la Razón pura, pero no es desagradable. -Opino exactamente lo mismo que usted –respondía la duquesa-. Y hoy estaba un poco azorada pero verá usted cómo puede llegar a ser encantadora. -Es muchísimo menos cargante que la señora X (se trataba de la esposa del académico verboso, dama muy notable), que le cita a uno veinte libros -No hay comparación posible Y en casa de la duquesa adquirió Swann la facultad de decir semejantes cosas y de decirlas con sinceridad, y la había conservado. Ahora la utilizaba con las personas que iban a su casa. Esforzábase por discernir y estimar en ellas las buenas cualidades que revela cualquier ser humano si se lo examina con favorable prevención y no con la desgana de los delicados; hacía resaltar los méritos de la señora Bontemps, como antaño los de la princesa de Parma, que en realidad hubiera debido ser excluida del círculo Guermantes, de no haber habido trato de favor para ciertas altezas y si no hubiese tenido en cuenta, aun tratándose de altezas, más que la gracia y una cierta simpatía. Ya vimos en otra parte que a Swann le gustaba (y ahora se limitaba a hacer de esta inclinación aplicación mucho más duradera) cambiar su posición en sociedad por otra que en determinadas circunstancias le convenía mejor. Sólo los incapaces de descomponer en sus percepciones lo que al primer pronto parece indivisible se imaginan que la posición social está adherida a la persona. Un mismo ser cogido en sucesivos momentos de su vida se introduce en ambientes de distinta altura en la escala social, que no siempre son más elevados; y cada vez que en un período diferente de nuestra vida creamos relaciones o las reanudamos con un medio determinado, donde nos miman, empezamos, muy naturalmente, a tomarle apego y a echar en él raíces humanas.
Pour ce qui concerne Mme Bontemps, je crois aussi que Swann en parlant d′elle avec cette insistance n′était pas fâché de penser que mes parents apprendraient qu′elle venait voir sa femme. A vrai dire, à la maison, le nom des personnes que celle-ci arrivait peu à peu à connaître, piquait plus la curiosité qu′il n′excitait d′admiration. Au nom de Mme Trombert, ma mère disait: Por lo que hace a la señora de Bontemps, se me figura que Swann, al hablar de ella con tanta insistencia, no dejaba de pensar con gusto que así mis padres se enterarían de que iba a visitar a su mujer. Y a decir verdad, en casa los nombres de las personas que la señora de Swann iba tratando poco a poco, más bien picaban la curiosidad que excitaban admiración. Al oír el de la señora Trombert, mi madre decía:
— «Ah! mais voilà une nouvelle recrue et qui lui en amènera d′autres.» -¡Ah! Un nuevo recluta, que llevará otros a la casa.
Et comme si elle eût comparé la façon un peu sommaire, rapide et violente dont Mme Swann conquérait ses relations à une guerre coloniale, maman ajoutait: Y como si comparase aquel modo, un tanto sumario, rápido y violento, con que la señora de Swann conquistaba a sus amistades a una guerra colonial, añadía mamá
— «Maintenant que les Trombert sont soumis, les tribus voisines ne tarderont pas à se rendre.» -Ahora que los Trombert han hecho sumisión, no tardarán mucho en rendirse las tribus vecinas.
Quand elle croisait dans la rue Mme Swann, elle nous disait en rentrant: Cuando había visto por la calle a la señora de Swann, nos decía al volver a casa:
— «J′ai aperçu Mme Swann sur son pied de guerre, elle devait partir pour quelque offensive fructueuse chez les Masséchutos, les Cynghalais ou les Trombert.» -He visto a la señora de Swann en pie de guerra; debía de llevar propósitos de ofensiva fructuosa contra los Masochutos, los Cingaleses o los Trombert
Et toutes les personnes nouvelles que je lui disais avoir vues dans ce milieu un peu composite et artificiel où elles avaient souvent été amenées assez difficilement et de mondes assez différents, elle en devinait tout de suite l′origine et parlait d′elles comme elle aurait fait de trophées chèrement achetés; elle disait: Y cuando yo le decía haber encontrado en aquel ambiente de los Swann, un tanto compuesto y artificial, a algunas personas nuevas, sacadas, quizá con no poco trabajo, de distintos medios sociales para llevarlas a aquella casa, mamá adivinaba en seguida de dónde procedían, y hablaba de ellas como de trofeos duramente ganados; decía:
— «Rapporté d′une Expédition chez les un tel.» -Conquistado en una expedición a casa de los X.
Pour Mme Cottard, mon père s′étonnait que Mme Swann pût trouver quelque avantage à attirer cette bourgeoise peu élégante et disait: «Malgré la situation du professeur, j′avoue que je ne comprends pas.» Ma mère, elle, au contraire, comprenait très bien; elle savait qu′une grande partie des plaisirs qu′une femme trouve à pénétrer dans un milieu différent de celui où elle vivait autrefois lui manquerait si elle ne pouvait informer ses anciennes relations de celles, relativement plus brillantes par lesquelles elle les a remplacées. Pour cela il faut un témoin qu′on laisse pénétrer dans ce monde nouveau et délicieux, comme dans une fleur un insecte bourdonnant et volage, qui ensuite, au hasard de ses visites, répandra, on l′espère du moins, la nouvelle, le germe dérobé d′envie et d′admiration. Mme Cottard toute trouvée pour remplir ce rôle rentrait dans cette catégorie spéciale d′invités que maman qui avait certains côtés de la tournure d′esprit de son père, appelait des: «Etranger, va dire à Sparte!» D′ailleurs — en dehors d′une autre raison qu′on ne sut que bien des années après — Mme Swann en conviant cette amie bienveillante, réservée et modeste, n′avait pas craint d′introduire chez soi, à ses «jours» brillants, un traître ou une concurrente. Elle savait le nombre énorme de calices bourgeois que pouvait, quand elle était armée de l′aigrette et du porte-cartes, visiter en un seul après-midi cette active ouvrière. Elle en connaissait le pouvoir de dissémination et en se basant sur le calcul des probabilités, était fondée à penser que, très vraisemblablement, tel habitué des Verdurin, apprendrait dès le surlendemain que le gouverneur de Paris avait mis des cartes chez elle, ou que M. Verdurin lui-même entendrait raconter que M. Le Hault de Pressagny, président du Concours Hippique, les avait emmenés, elle et Swann, au gala du roi Théodose; elle ne supposait les Verdurin informés que de ces deux événements flatteurs pour elle parce que les matérialisations particulières sous lesquelles nous nous représentons et nous poursuivons la gloire, sont peu nombreuses par le défaut de notre esprit qui n′est pas capable d′imaginer à la fois toutes les formes que nous espérons bien d′ailleurs — en gros — que, simultanément, elle ne manquera pas de revêtir pour nous. Mi padre se preguntaba qué ventajas podía ver la señora de Swann en atraerse a una burguesa tan poco elegante como la señora de Cottard, y decía: “A pesar de la buena posición del profesor, confieso que no lo entiendo”. Mamá, por el contrario lo entendía muy bien: sabía que una gran parte del placer que siente una mujer cuando penetra en un ambiente distinto a aquel en que vivía antes consiste en poder informar a sus antiguos amigos de las amistades relativamente brillantes con que ha substituido la suya. Para eso es menester un testigo, al que se deja entrar en ese mundo nuevo y delicioso como en una flor a un insecto zumbante y veleidoso, que luego irá esparciendo al azar en sus visitas, o por lo menos así se espera, la noticia, el germen de admiración y envidia que allí robara. La señora de Cottard, hecha a propósito para dicho papel, pertenecía a ésa clase especial de invitados que mamá llamaba, con un rasgo de ingenio de los que tenía de común con su padre, los “Extranjero, ve a Esparta y di... “Además -sin contar otro motiva que no se supo hasta años más tarde-, la señora de Swann podía invitar a aquella amiga benévola, reservada y modesta sin temor a introducir en su casa, en sus días “brillantes”, una rival o una traidora. Sabía el enorme número de cálices burgueses que aquella activa obrera podía visitar en una sola tarde cuando se armaba con tarjetero y airón de plumas. Le constaba su fuerza de diseminación, y, basándose en un cálculo de probabilidades, tenía motivo para pensar que, verosímilmente, tal íntimo de los Verdurin se enteraría al día siguiente de que el gobernador de París había dejado tarjeta en casa de la señora de Swann, o que el mismo Verdurin oiría contar cómo el señor Le Hault de Pressagny, presidente del Concurso Hípico, había llevado a Swann y a su esposa a la función de gala en honor del rey Teodosio; y no suponía que los Verdurin estuviesen informados más que de esos dos acontecimientos, tan lisonjeros para ella, porque las materializaciones particulares con que nos representamos y codiciamos la gloria son muy pocas, debido a un defecto de nuestra alma, que es incapaz de imaginar a la vez todas las formas -aún indisdistintasque nosotros esperamos de modo indudable que nos habrá de ofrecer la gloria algún día.
D′ailleurs, Mme Swann n′avait obtenu de résultats que dans ce qu′on appelait le «monde officiel». Les femmes élégantes n′allaient pas chez elle. Ce n′était pas la présence de notabilités républicaines qui les avaient fait fuir. Au temps de ma petite enfance, tout ce qui appartenait à la société conservatrice était mondain, et dans un salon bien posé on n′eût pas pu recevoir un républicain. Les personnes qui vivaient dans un tel milieu s′imaginaient que l′impossibilité de jamais inviter un «opportuniste», à plus forte raison un affreux radical, était une chose qui durerait toujours, comme les lampes à huile et les omnibus à chevaux. Mais pareille aux kaléidoscopes qui tournent de temps en temps, la société place successivement de façon différente des éléments qu′on avait cru immuables et compose une autre figure. Je n′avais pas encore fait ma première communion, que des dames bien pensantes avaient la stupéfaction de rencontrer en visite une juive élégante. Ces dispositions nouvelles du kaléidoscope sont produites par ce qu′un philosophe appellerait un changement de critère. L′affaire Dreyfus en amena un nouveau, à une époque un peu postérieure à celle où je commençais à aller chez Mme Swann, et le kaléidoscope renversa une fois de plus ses petits losanges colorés. Tout ce qui était juif passa en bas fût-ce la dame élégante, et des nationalistes obscurs montèrent prendre sa place. Le salon le plus brillant de Paris fut celui d′un prince autrichien et ultra-catholique. Qu′au lieu de l′affaire Dreyfus il fût survenu une guerre avec l′Allemagne, le tour du kaléidoscope se fût produit dans un autre sens. Les juifs ayant à l′étonnement général, montré qu′ils étaient patriotes, auraient gardé leur situation et personne n′aurait plus voulu aller ni même avouer être jamais allé chez le prince autrichien. Cela n′empêche pas que chaque fois que la société est momentanément immobile, ceux qui y vivent s′imaginent qu′aucun changement n′aura plus lieu, de même qu′ayant vu commencer le téléphone, ils ne veulent pas croire à l′aéroplane. Cependant, les philosophes du journalisme flétrissent la période précédente, non seulement le genre de plaisirs que l′on y prenait et qui leur semble le dernier mot de la corruption, mais même les uvres des artistes et des philosophes qui n′ont plus à leurs yeux aucune valeur, comme si elles étaient reliées indissolublement aux modalités successives de la frivolité mondaine. La seule chose qui ne change pas est qu′il semble chaque fois qu′il y ait «quelque chose de changé en France». Au moment où j′allai chez Mme Swann, l′affaire Dreyfus n′avait pas encore éclaté, et certains grands juifs étaient fort puissants. Aucun ne l′était plus que sir Rufus Israels dont la femme lady Israels était la tante de Swann. Elle n′avait pas personnellement des intimités aussi élégantes que son neveu qui d′autre part ne l′aimant pas ne l′avait jamais beaucoup cultivée, quoiqu′il dût vraisemblablement être son héritier. Mais c′était la seule des parentes de Swann qui eût conscience de la situation mondaine de celui-ci, les autres étant toujours restées à cet égard dans la même ignorance qui avait été longtemps la nôtre. Quand, dans une famille, un des membres émigre dans la haute société — ce qui lui semble à lui un phênomène unique, mais ce qu′à dix ans de distance il constate avoir été accompli d′une autre façon et pour des raisons différentes par plus d′un jeune homme avec qui il avait été élevé — il décrit autour de lui une zone d′ombre, une terra incognita, fort visible en ses moindres nuances pour tous ceux qui l′habitent, mais qui n′est que nuit et pur néant pour ceux qui n′y pénétrent pas et la côtoient sans en soupçonner, tout près d′eux, l′existence. Aucune Agence Havas n′ayant renseigné les cousines de Swann sur les gens qu′il fréquentait, c′est (avant son horrible mariage bien entendu) avec des sourires de condescendance qu′on se racontait dans les dîners de famille qu′on avait «vertueusement» employé son dimanche à aller voir le «cousin Charles» que, le croyant un peu envieux et parent pauvre on appelait spirituellement, en jouant sur le titre du roman de Balzac: «Le Cousin Bête». Lady Rufus Israels, elle, savait à merveille qui étaient ces gens qui prodiguaient à Swann une amitié dont elle était jalouse. La famille de son mari qui était à peu près l′équivalent des Rothschild faisait depuis plusieurs générations les affaires des princes d′Orléans. Lady Israels, excessivement riche, disposait d′une grande influence et elle l′avait employée à ce qu′aucune personne qu′elle connaissait ne reçût Odette. Une seule avait désobéi, en cachette. C′était la comtesse de Marsantes. Or, le malheur avait voulu qu′Odette étant allé faire visite à Mme De Marsantes, lady Israels était entrée presque en même temps. Mme De Marsantes était sur des épines. Avec la lâcheté des gens qui pourtant pourraient tout se permettre, elle n′adressa pas une fois la parole à Odette qui ne fut pas encouragée à pousser désormais plus loin une incursion dans un monde qui du reste n′était nullement celui où elle eût aimé être reçue. Dans ce complet désintéressement du faubourg Saint-Germain, Odette continuait à être la cocotte illettrée bien différente des bourgeois ferrés sur les moindres points de généalogie et qui trompent dans la lecture des anciens mémoires la soif des relations aristocratiques que la vie réelle ne leur fournit pas. Et Swann d′autre part, continuait sans doute d′être l′amant à qui toutes ces particularités d′une ancienne maîtresse semblent agréables ou inoffensives, car souvent j′entendis sa femme proférer de vraies hérésies mondaines sans que (par un reste de tendresse, un manque d′estime, ou la paresse de la perfectionner) il cherchât à les corriger. C′était peut-être aussi là une forme de cette simplicité qui nous avait si longtemps trompés à Combray et qui faisait maintenant que continuant à connaître, au moins pour son compte, des gens très brillants, il ne tenait pas à ce que dans la conversation on eût l′air dans le salon de sa femme de leur trouver quelque importance. Ils en avaient d′ailleurs moins que jamais pour Swann, le centre de gravité de sa vie s′étant déplacé. En tous cas l′ignorance d′Odette en matière mondaine était telle que si le nom de la princesse de Guermantes venait dans la conversation après celui de la duchesse, sa cousine: «Tiens, ceux-là sont princes, ils ont donc monté en grade, disait Odette.» Si quelqu′un disait: «le prince» en parlant du duc de Chartres, elle rectifiait: «Le duc, il est duc de Chartres et non prince.» Pour le duc d′Orléans, fils du comte de Paris: «C′est drôle, le fils est plus que le père», tout en ajoutant comme elle était anglomane: «On s′y embrouille dans ces «Royalties»; et à une personne qui lui demandait de quelle province étaient les Guermantes, elle répondit: «de l′Aisne». Además, la señora de Swann no había obtenido buenos resultados más que en el llamado “mundo oficial”. Las señoras elegantes no iban a su casa. Y, no era la presencia de notabilidades republicanas lo que las hacía huir. Cuando era yo muy niño toda la sociedad conservadora era mundana y en una reunión de buen tono no se podía recibir a un republicano. Las personas que vivían en ese ambiente se figuraban que la imposibilidad de invitar a un “oportunista”, y mucho menos todavía a un terrible radical, sería cosa que durara siempre, como las lámparas de aceite y los ómnibus de tracción animal. Pero la sociedad se parece a los calidoscopios, que giran de vez en cuando, y va colocando de distinto modo elementos considerados como inmutables, con los que compone otra figura. No había yo hecho mi primera comunión, cuando ya unas señoras de ideas religiosas se quedaban estupefactas al encontrarse en una visita con una judía elegante. Estas nuevas disposiciones del calidoscopio las produce lo que un filósofo llamaría un cambio de criterio. El asunto Dreyfus trajo consigo una de ellas, en época un poco posterior a aquella en que yo empecé a ir a casa de los Swann y el calidoscopio trastornó una vez más sus menudos rombos de colores. Todo lo judío estuvo en baja, hasta la dama elegante, r ascendieron a ocupar su puesto desconocidos nacionalistas. El salón más brillante de París fue el de un príncipe austriaco y ultracatólico. Pero si en vez de ocurrir lo de Dreyfus hay guerra con Alemania, el calidoscopio habría girado en otra dirección, Los judíos hubiesen demostrado, con general asombro, que también eran patriotas, no se habría resentido su buena posición, y ya nadie hubiese querido ir, ni siquiera confesar que había ido nunca, a casa del príncipe austriaco. Eso no quita para que; cada vez que la sociedad está momentáneamente inmóvil, los que en ella viven se imaginen que no habrá de cambiar nunca; lo mismo que, aun habiendo asistido a los comienzos del teléfono, se resisten a creer en el aeroplano. Entretanto, los filósofos periodísticos fustigan el período precedente, y no sólo los placeres que entonces se preferían, y que les parecen la última palabra de la corrupción, sino también las producciones de artistas y filósofos, que para ellos no tienen ningún valor, como si estuviesen indisolublemente ligadas a las sucesivas modalidades de la frivolidad mundana. Lo único que no cambia es la idea de que siempre parece “que las cosas han cambiado en Francia”. En la época en que yo iba a casa de la señora de Swann todavía no había estallado la cuestión Dreyfus, y había judíos muy influyentes. Éralo más que ninguno sir Rufus Israels; su mujer, lady Israels, era tía de Swann. Esta señora, personalmente no tenía íntimos tan elegantes como su sobrino, que por su parte no la quería mucho y nunca la cultivó asiduamente, aunque verosímilmente era su heredero. Pero ella era la única de los parientes de Swann que tenía conciencia de la posición mundana de su sobrino, porque los demás estuvieron siempre respecto a este punto en la misma ignorancia en que por mucho tiempo estuvimos nosotros. Cuando en una familia hay un individuo que emigra a la alta sociedad -cosa que a él le parece un fenómeno único, pero que luego, a diez años de distancia, ve que logró también, de otra manera y por razones distintas, más de un muchacho que se crió con ella, describe en torno de él una zona de sombra, una terra incógnita, muy visible hasta en sus menores matices a para que los que la habitan, pero que es toda tinieblas y vacío para los que no entran en ella y la bordean sin sospechar que existe allí, junto a ellos. Como no había habido ninguna Agencia Havas que informase a las primas de Swann de la gente con quien él se trataba, sus parientes se contaban con sonrisas de condescendencia (claro que antes de ocurrir su espantable boda), en las comidas de familia, que habían empleado “virtuosamente” el domingo anterior en ir a ver al “primo Carlos”, al que llamaban ingeniosamente, por considerarlo un tanto envidioso y pariente pobre, “el primo Bête”, jugando con el título de la novela de Balzac. Lady Rufus Israels sabía perfectamente cuáles personas prodigaban a Swann una amistad que a ella le inspiraba envidia. La familia de su marido, que venía a ser una equivalente de la de los Rothschild, estaba encargada desde varias generaciones atrás de los asuntos de los príncipes de Orleáns. Y lady Israels, extraordinariamente rica, tenía mucha influencia, y la puso toda en juego para que ninguno de sus conocidos se tratara con Odette. Sólo una de sus amistades desobedeció, en secreto: la condesa de Marsantes. Y quiso la mala suerte que, habiendo ido Odette a hacer una visita a la condesa de Marsantes, lady Israels entrara en la casa al mismo tiempo casi. La condesa estaba volada. Con esa cobardía propia de personas que, sin embargo, están en disposición de permitírselo todo, no dirigió la palabra a Odette ni una sola vez, de modo que ésta no se sintió muy animada a proseguir de allí en adelante su incursión en una zona social que, además, no era, en manera alguna, la que más le gustaba. Y en aquel completo despego hacia el barrio de Saint– Germain Odette mostraba que seguía siendo la cocotte sin cultura, muy distinta de esos burgueses enteradísimos de todas las minucias de la genealogía y que engañan con la lectura de memorias antiguas la sed de relaciones aristocráticas que la vida no les proporciona. Y Swann, por su parte, seguía siendo indudablemente el amante para quien todas estas particularidades de su antigua querida son agradables o inofensivas, porque muchas veces oí a su mujer proferir verdaderas herejías mundanas sin que (por un resto de cariño, una falta de estima o pereza de perfeccionarla) intentara corregírselas. Quizá eso fuera también una forma de aquella su sencillez que por tanto tiempo nos tuvo engañados en Combray, causa ahora de que, aun continuando su trato, él por lo menos, con personas muy brillantes, no tenía interés en que en las conversaciones de la reunión de su esposa se atribuyese importancia alguna a esa gente. Y es que, en realidad, para Swann tenían cada vez menos, porque el centro de gravedad de su vida había cambiado de sitio. Ello es que la ignorancia de Odette en materias mundanas era muy grande, y si el nombre de la princesa de Guermantes salía en la conversación después del de su prima la duquesa, decía: “¡Ah!, esos son príncipes, lían subido en jerarquía”. Cuando sé hablaba del “príncipe”, refiriéndose al duque de Chartres, Odette rectificaba: “¡Duque, duque de Chartres, no príncipe”. Y si se trataba del duque de Orleáns, hijo del conde de París, Odette exclamaba: “Es curioso, el hijo es más que el padre”, añadiendo, porque era anglómana: “La verdad es que se hace uno un lío con todas esas Royalties”; una vez le preguntaron que provincia eran los Guermantes, y respondió que del departamento del Aisne.
Swann était du reste aveugle, en ce qui concernait Odette, non seulement devant ces lacunes de son éducation, mais aussi devant la médiocrité de son intelligence. Bien plus; chaque fois qu′Odette racontait une histoire bête, Swann écoutait sa femme avec une complaisance, une gaieté, presque une admiration où il devait entrer des restes de volupté; tandis que, dans la même conversation, ce que lui-même pouvait dire de fin, même de profond, était écouté par Odette, habituellement sans intérêt, assez vite, avec impatience et quelquefois contredit avec sévérité. Et on conclura que cet asservissement de l′élite à la vulgarité est de règle dans bien des ménages, si l′on pense, inversement, à tant de femmes supérieures qui se laissent charmer par un butor, censeur impitoyable de leurs plus délicates paroles, tandis qu′elles s′extasient, avec l′indulgence infinie de la tendresse, devant ses facéties les plus plates. Pour revenir aux raisons qui empêchèrent à cette époque Odette de pénétrer dans le faubourg Saint-Germain, il faut dire que le plus récent tour du kaléidoscope mondain avait été provoqué par une série de scandales. Des femmes chez qui on allait en toute confiance avaient été reconnues être des filles publiques, des espionnes anglaises. On allait pendant quelque temps demander aux gens, on le croyait du moins, d′être avant tout, bien posés, bien assis . . . Odette représentait exactement tout ce avec quoi on venait de rompre et d′ailleurs immédiatement de renouer (car les hommes ne changeant pas du jour au lendemain cherchent dans un nouveau régime la continuation de l′ancien) mais en le cherchant sous une forme différente qui permît d′être dupe et de croire que ce n′était plus la société d′avant la crise. Or, aux dames «brûlées» de cette société, Odette ressemblait trop. Les gens du monde sont fort myopes; au moment où ils cessent toutes relations avec des dames israélites qu′ils connaissaient, pendant qu′ils se demandent comment remplacer ce vide, ils aperçoivent, poussée là comme à la faveur d′une nuit d′orage, une dame nouvelle, israélite aussi; mais grâce à sa nouveauté, elle n′est pas associée dans leur esprit comme les précédentes, avec ce qu′ils croient devoir détester. Elle ne demande pas qu′on respecte son Dieu. On l′adopte. Il ne s′agissait pas d′antisémitisme à l′époque où je commençai d′aller chez Odette. Mais elle était pareille à ce qu′on voulait fuir pour un temps. Pero Swann estaba ciego, en lo que hacía a Odette, no sólo para aquellas lagunas de su educación, sino para lo mediocre de su inteligencia. Y es más: siempre que Odette contaba un cuento estúpido, Swann la escuchaba complacido, alegre, casi admirado, como con un rezago de voluptuosidad; y, en cambio, en la misma conversación, las cosas finas o profundas que él dijera las escuchaba Odette, por lo general, sin interés, impaciente y de prisa, y muchas veces las contradecía severamente. Y si se piensa, a la inversa, en tantas mujeres de mérito que se dejan seducir por un zopenco, implacable censor de sus más delicadas frases, mientras que ellas se extasían, con la infinita indulgencia del cariño, ante sus más vulgares tonterías, se llegaría a la conclusión de que en muchos hogares es usual esa sumisión de los espíritus selecto; a los vulgares. Y, volviendo a las razones que impidieron a Odette el acceso al barrio de Saint–Germain, convendrá Hacer notar que la última vuelta del calidoscopio mundano la determinó una serie de escándalos. Se averiguó que unas cuantas mujeres a cuyas casas iba la gente con toda confianza eran prostitutas, espías inglesas. Y vino un tiempo en que se exigiría, o se creería exigir al menos, a todo el inundo tener ante todo tino posición sólida, bien asentada. Odette representaba cabalmente todas esas cosas con las que se rompieron las relaciones, aunque para reanudarlas enseguida (porque los hombres no cambian de un día para otro y buscan en un régimen nuevo la continuación del antiguo), pero con una forma distinta que permitiese hacerse el tonto y figurarse que ya no era la misma sociedad que la de antes del cambio. Y Odette se parecía demasiado a las damas “condenadas” de aquella sociedad. La gente del gran mundo es muy corta de vista: en el mismo momento en que dejan de tratarse en absoluto con las señoras israelitas que conocían, cuando se preguntaban cómo habrán de llenar ese vacío, surge ante sus ojos, como empujada por una noche tormentosa, una nueva dama, también israelita; pero gracias a su novedad no está asociada como las otras, en el ánimo de esa gente, a lo que ellos se creen en la obligación de detestar. No pide que respeten a su Dios, Y la admiten. No era el antisemitismo lo que se debatía en la época en que yo empecé a ir a casa de Odette. Pero la señora de Swann se parecía a aquella cosa de la que huirían todos durante algún tiempo.
Swann, lui, allait souvent faire visite à quelques-unes de ses relations d′autrefois et par conséquent appartenant toutes au plus grand monde. Pourtant, quand il nous parlait des gens qu′il venait d′aller voir, je remarquai qu′entre celles qu′il avait connues jadis, le choix qu′il faisait était guidé par cette même sorte de goût, mi-artistique, mi-historique, qui inspirait chez lui le collectionneur. Et remarquant que c′était souvent telle ou telle grande dame déclassée qui l′intéressait parce qu′elle avait été la maîtresse de Liszt ou qu′un roman de Balzac avait été dédié à sa grand′mère (comme il achetait un dessin si Châteaubriand l′avait décrit), j′eus le soupçon que nous avions remplacé à Combray l′erreur de croire Swann un bourgeois n′allant pas dans le monde, par une autre, celle de le croire un des hommes les plus élégants de Paris. Etre l′ami du Comte de Paris ne signifie rien. Combien y en a-t-il de ces «amis des Princes» qui ne seraient pas reçus dans un salon un peu fermé. Les princes se savent princes, ne sont pas snobs et se croient d′ailleurs tellement au-dessus de ce qui n′est pas de leur sang que grands seigneurs et bourgeois leur apparaissent, au-dessous d′eux, presque au même niveau. Swann iba a visitar bastante a menudo a algunos de sus amigos de antaño, es decir, de los que pertenecían a la más elevada sociedad. Sin embargo, cuando nos hablaba de las personas que había ido a ver, observaba yo que en el modo de elegirlas entre todas las que antaño trataba se guiaba por el mismo criterio, semiartístico, semihistórico, que tenía como coleccionista. Y yo, al notar que muchas veces la persona que a Swann le atraía era esta o aquella dama salida de su esposa, y que le interesaba por haber sido querida de Liszt o porque Balzac dedicó una novela a su abuela do mismo que compraba un grabado porque lo había descrito Chateaubriand), sospeché que allá en Combray substituimos un error por otro: el de creer que Swann era un burgués que nunca iba a sociedad por el de imaginárnoslo uno de los hombres más elegantes de París. Ser amigo del conde de París no quiere decir nada. ¡Cuántos hay, de estos “amigos de príncipes”, que no podrían entrar en una reunión un poco severa! Los príncipes saben que son príncipes, no son snobs, y se creer: tan por encima de todo lo que no sea de su sangre, que los grandes señores y los burgueses se les aparecen, por bajo de ellos, al mismo nivel.
Au reste, Swann ne se contentait pas de chercher dans la société telle qu′elle existe et en s′attachant aux noms que le passé y a inscrits et qu′on peut encore y lire, un simple plaisir de lettré et d′artiste, il goûtait un divertissement assez vulgaire à faire comme des bouquets sociaux en groupant des éléments hétérogènes, en réunissant des personnes prises ici et là. Ces expériences de sociologie amusante (ou que Swann trouvait telle) n′avaient pas sur toutes les amies de sa femme — du moins d′une façon constante — une répercussion identique. «J′ai l′intention d′inviter ensemble les Cottard et la duchesse de Vendôme», disait-il en riant à Mme Bontemps, de l′air friand d′un gourmet qui a l′intention et veut faire l′essai de remplacer dans une sauce, les clous de girofle par du poivre de Cayenne. Or ce projet qui allait paraître en effet plaisant, dans le sens ancien du mot, aux Cottard, avait le don d′exaspérer Mme Bontemps. Elle avait été récemment présentée par les Swann à la duchesse de Vendôme et avait trouvé cela aussi agréable que naturel. En tirer gloire auprès des Cottard, en le leur racontant, n′avait pas été la partie la moins savoureuse de son plaisir. Mais comme les nouveaux décorés qui, dès qu′ils le sont, voudraient voir se fermer aussitôt le robinet des croix, Mme Bontemps eût souhaité qu′après elle, personne de son monde à elle ne fût présenté à la princesse. Elle maudissait intérieurement le goût dépravé de Swann qui lui faisait, pour réaliser une misérable bizarrerie esthétique, dissiper d′un seul coup toute la poudre qu′elle avait jetée aux yeux des Cottard en leur parlant de la duchesse de Vendôme. Comment allait-elle même oser annoncer à son mari que le professeur et sa femme allaient à leur tour avoir leur part de ce plaisir qu′elle lui avait vanté comme unique. Encore si les Cottard avaient pu savoir qu′ils n′étaient pas invités pour de bon, mais pour l′amusement. Il est vrai que les Bontemps l′avaient été de même, mais Swann ayant pris à l′aristocratie cet éternel don juanisme qui entre deux femmes de rien fait croire à chacune que ce n′est qu′elle qu′on aime sérieusement, avait parlé à Mme Bontemps de la duchesse de Vendôme comme d′une personne avec qui il était tout indiqué qu′elle dînât. «Oui, nous comptons inviter la princesse avec les Cottard, dit, quelques semaines plus tard Mme Swann, mon mari croit que cette conjonction pourra donner quelque chose d′amusant?» car si elle avait gardé du «petit noyau» certaines habitudes chères à Mme Verdurin comme de crier très fort pour être entendue de tous les fidèles, en revanche, elle employait certaines expressions — comme «conjonction» — chères au milieu Guermantes duquel elle subissait ainsi à distance et à son insu comme la mer le fait pour la lune, l′attraction, sans pourtant se rapprocher sensiblement de lui. «Oui, les Cottard et la duchesse de Vendôme, est-ce que vous ne trouvez pas que cela sera drôle?» demanda Swann. «Je crois que ça marchera très mal et que ça ne vous attirera que des ennuis, il ne faut pas jouer avec le feu», répondit Mme Bontemps, furieuse. Elle et son mari furent, d′ailleurs, ainsi que le prince d′Agrigente, invités à ce dîner, que Mme Bontemps et Cottard eurent deux manières de raconter, selon les personnes à qui ils s′adressaient. Aux uns, Mme Bontemps de son côté, Cottard du sien, disaient négligemment quand on leur demandait qui il y avait d′autre au dîner: «Il n′y avait que le prince d′Agrigente, c′était tout à fait intime.» Mais d′autres, risquaient d′être mieux informés (même une fois quelqu′un avait dit à Cottard: «Mais est-ce qu′il n′y avait pas aussi les Bontemps?» «Je les oubliais», avait en rougissant répondu Cottard au maladroit qu′il classa désormais dans la catégorie des mauvaises langues). Pour ceux-là les Bontemps et les Cottard adoptèrent chacun, sans s′être consultés une version dont le cadre était identique et où seuls leurs noms respectifs étaient interchangés. Cottard disait: «Hé bien, il y avait seulement les maîtres de maison, le duc et la duchesse de Vendôme — (en souriant avantageusement) le professeur et Mme Cottard, et ma foi du diable, si on a jamais su pourquoi, car ils allaient là comme des cheveux sur la soupe, M. et Mme Bontemps.» Mme Bontemps récitait exactement le même morceau, seulement c′était M. et Mme Bontemps qui étaient nommés avec une emphase satisfaite, entre la duchesse de Vendôme et le prince d′Agrigente, et les pelés qu′à la fin elle accusait de s′être invités eux-mêmes et qui faisaient tache, c′était les Cottard. Además, Swann no se satisfacía con buscar en la sociedad, tal como ella existe, apegándose a los hombres que en ella inscribió el pasado y que aun se pueden leer, un simple placer de artista y hombre culto, sino que gozaba de, una diversión bastante vulgar formando como ramilletes sociales, es decir, agrupando elementos heterogéneos, personas cogidas de aquí y de allá. Esas experiencias de sociología recreativa (o que así lo era para Swann) no siempre tenían la misma repercusión -por lo menos de un modo constante- en las amigas de su mujer. “Tengo intención de invitar el mismo día a los Cottard y a la duquesa de Vendôme”, decía riéndose con el aire de regalo de un goloso que piensa probar en una salsa a cambiar el clavo por la pimienta de Cayena. Y este proyecto, que efectivamente parecía agradable a los Cottard, tenía la virtud de sacar de quicio a la señora de Bontemps. Porque la habían presentado hacía poco a la duquesa de Vendôme, y le pareció casa tan natural y agradable. Y no fue chico placer el suyo el contárselo a los Cottard, para darse tono con ellos. Pero como esos señores recién condecorados que en cuanto tienen su cruz quisieran que se cerrara enseguida el grifo, la señora de Bontemps hubiese querido que después de ella ya no presentasen a la princesa a ninguna persona de su clase. Interiormente maldecía el depravado gusto de Swann, que para dar realidad a un mísero capricho estético disiparía de un golpe toda aquella nube de importancia que ella colocó ante los Cottard hablándoles de la duquesa de Vendóme. ¿Y cómo iba a atreverse a anunciar siquiera a su marido que el profesor y su esposa iban a participar del mismo placer de que se vanagloriaba ella como de cosa única? ¡Y todavía si los Cottard supieran que no se los invitaba en serio, sino para divertirse...! Es cierto que con el mismo fin fueron invitados los Bontemps; pero como a Swann se le había pegado en la aristocracia ese externo donjuanismo de hacer creer a dos mujeres que nada valen que sólo a una de ellas se la quiere de veras, habló a la señora de Bontemps de la duquesa de Vendôme como de persona indicadísima para que cenaran en la misma mesa. “Sí, tenemos pensado invitar a la duquesa el mismo día que a los Cottard –dijo unas′ cuantas semanas más tarde la señora de Swann–: mi marido se figura que de esa conjunción tiene que salir algo divertido”; porque si bien es verdad que había conservado Odette de su paso por el “cogollito” algunas de las costumbres caras a la señora de Verdurin, como la de gritar mucho para que la oyeran todos los fieles, en cambio empleaba también determinadas expresiones favoritas en el grupo Guermantes -como esta de “conjunción”-, cuya influencia sufría Odette a distancia e inconscientemente, como el mar la de la luna, y sin que por eso se acercara más a él. -Sí, los Cottard y la duquesa de Vendôme; ¿no le parece a usted que será divertido? - preguntó Swann -A mí me parece que saldrá muy mal y que les traerá a ustedes algún disgusto, porque no se debe jugar con fuego -contestó, muy furiosa, la señora de Bontemps. La cual señora fue invitada, con su marido, a una comida a la que asistió también el príncipe de Agrigento; y la señora de Bontemps y Cottard tenían dos maneras distintas de contarlo, según fuese la persona con quien estuvieran hablando. Había unos a los que, tanto la señora de Bontemps como Cottard, decían negligentemente cuando les preguntaban quién más había asistido a la cena -Nadie más que el príncipe de Agrigento; era muy íntima Pero había otros que se las daban de más enterados y se arriesgaban a decir: -¿Pero no estaban también los Bontemps? -¡Ah!, sí, se me había olvidado –respondía, ruborizándose, el doctor a aquel indiscreto, al que clasificaba de allí en adelante en la categoría de los malas lenguas. Y para éstos, tanto los Bontemps como los Cottard adoptaron, sin ponerse de acuerdo, una versión cuyo marco era idéntico y en la que sólo variaban sus nombres respectivos. Cottard decía: “Pues éramos nada más que los dueños de casa, el duque de Vendôme y la duquesa, el profesor -y aquí sonreía presuntuosamente– Cottard y su señora, el príncipe de Agrigento, y, para no dejarse nada, los señores de Bontemps, yo no sé por qué, la verdad, porque estaban tan en su lugar come, los perros en misa”. Exactamente igual era el parrafito que recitaba el matrimonio Bontemps, sin otra diferencia que la de nombrar a los Bontemps, con vanidoso énfasis, entre la duquesa de Vendôme y el príncipe de Agrigento y la de dejar para el final a aquellos pelagatos que descomponían el cuadro, y a los que acusaban de haberse invitado ellos mismos, los Cottard.
De ses visites Swann rentrait souvent assez peu de temps avant le dîner. A ce moment de six heures du soir où jadis il se sentait si malheureux, il ne se demandait plus ce qu′Odette pouvait être en train de faire et s′inquiétait peu qu′elle eût du monde chez elle, ou fût sortie. Il se rappelait parfois qu′il avait bien des années auparavant essayé un jour de lire à travers l′enveloppe une lettre adressée par Odette à Forcheville. Mais ce souvenir ne lui était pas agréable et plutôt que d′approfondir la honte qu′il ressentait, il préférait se livrer à une petite grimace du coin de la bouche complétée au besoin d′un hochement de tête qui signifiait: «qu′est-ce que ça peut me faire?» Certes, il estimait maintenant que l′hypothèse à laquelle il s′était souvent arrêté jadis et d′après quoi c′étaient les imaginations de sa jalousie qui seules noircissaient la vie, en réalité innocente, d′Odette, que cette hypothèse (en somme bienfaisante puisque tant qu′avait duré sa maladie amoureuse elle avait diminué ses souffrances en les lui faisant paraître imaginaires) n′était pas la vraie, que c′était sa jalousie qui avait vu juste, et que si Odette l′avait aimé plus qu′il n′avait cru, elle l′avait aussi trompé davantage. Autrefois pendant qu′il souffrait tant, il s′était juré que dès qu′il n′aimerait plus Odette, et ne craindrait plus de la fâcher ou de lui faire croire qu′il l′aimait trop, il se donnerait la satisfaction d′élucider avec elle, par simple amour de la vérité et comme un point d′histoire, si oui ou non Forcheville était couché avec elle le jour où il avait sonné et frappé au carreau sans qu′on lui ouvrît, et où elle avait écrit à Forcheville que c′était un oncle à elle qui était venu. Mais le problème si intéressant qu′il attendait seulement la fin de sa jalousie pour tirer au clair, avait précisément perdu tout intérêt aux yeux de Swann, quand il avait cessé d′être jaloux. Pas immédiatement pourtant. Il n′éprouvait déjà plus de jalousie à l′égard d′Odette, que le jour des coups frappés en vain par lui dans l′après-midi à la porte du petit hôtel de la rue Lapérouse, avait continué à en exciter chez lui. C′était comme si la jalousie, pareille un peu en cela à ces maladies qui semblent avoir leur siège, leur source de contagionnement, moins dans certaines personnes que dans certains lieux, dans certaines maisons, n′avait pas eu tant pour objet Odette elle-même que ce jour, cette heure du passé perdu où Swann avait frappé à toutes les entrées de l′hôtel d′Odette. On aurait dit que ce jour, cette heure avaient seuls fixé quelques dernières parcelles de la personnalité amoureuse que Swann avait eue autrefois et qu′il ne les retrouvait plus que là. Il était depuis longtemps insoucieux qu′Odette l′eût trompé et le trompât encore. Et pourtant il avait continué pendant quelques années à rechercher d′anciens domestiques d′Odette, tant avait persisté chez lui la douloureuse curiosité de savoir si ce jour-là, tellement ancien, à six heures, Odette était couchée avec Forcheville. Puis cette curiosité elle-même avait disparu, sans pourtant que ses investigations cessassent. Il continuait à tâcher d′apprendre ce qui ne l′intéressait plus, parce que son moi ancien parvenu à l′extrême décrépitude, agissait encore machinalement, selon des préoccupations abolies au point que Swann ne réussissait même plus à se représenter cette angoisse, si forte pourtant autrefois qu′il ne pouvait se figurer alors qu′il s′en délivrât jamais et que seule la mort de celle qu′il aimait (la mort qui, comme le montrera plus loin dans ce livre, une cruelle contre-épreuve, ne diminue en rien les souffrances de la jalousie) lui semblait capable d′aplanir pour lui la route entièrement barrée, de sa vie. Muchas veces Swann volvía de sus visitas poco antes de la hora de cenar. En ese momento de las seis de la tarde, que antaño era para él tan angustioso, ya no se preguntaba qué es lo que estaría haciendo Odette, y le preocupaba muy poco que tuviera visitas o que hubiese salido. Rememoraba alguna vez que. allá hace muchos años, un día quiso leer al trasluz una carta cerrada de Odette dirigida a Forcheville. Pero tal recuerdo vio le era grato, y prefería deshacerse de él con una contorsión de la comisura de los labios, complementada con un meneíto de cabeza que significaba: “¿Y a mi qué?” Claro es que ahora estimaba que aquella Hipótesis, en que antaño se posaba muchas veces, de que las fantasías de sus celos eran lo único que entenebrecía la vida de Odette, en realidad inocente; que esa hipótesis (en sumo beneficiosa, porque mientras duró su enfermedad amorosa mitigó sus sufrimientos presentándoselos como imaginarios) no era cierta, que quienes veían claro eran sus celos, y que si Odette lo había querido más de lo que él suponía, también lo engaitó mucho más de lo que él se figuraba. Antes, en la época de sus padecimientos, se prometió que en cuanto ya no quisiera a Odette y no tuviese miedo a enojarla o a hacerle creer que la quería, mucho, se daría el gusto de dilucidar con ella, por simple amor a la verdad y cual si se tratara de un punto de historia, si Forcheville estaba o no durmiendo con ella aquel día en que él llamó a los cristales y no le abrieron, cuando ella escribió a Forcheville que el que había llamado era un tío suyo. Pero ese problema tan interesante, que iba a ponerse en claro en cuanto se le acabaran los celos, perdió precisamente toda suerte de interés en cuanto dejó de estar celoso. Pero no inmediatamente, sin embargo. Porque cuando ya no sentía ningunos celos por causa de Odette todavía se los seguía inspirando aquel día, aquella tarde en que llamó tantas veces en balde a la puerta del hotel de la calle de La Pérousse. Como si los celos, asemejándose a esas enfermedades que parecen tener su localización y su foco de contagio no en determinadas personas, sino en determinados lugares y casas, no tuvieran por objeto a Odette misma, sino a ese día, a esa hora del huido pasado, en que Swann estuvo llamando a todas las puertas del hotelito de su querida. Dijérase como que aquel día y hora fueron los únicos que cristalizaron algunas parcelas de la personalidad amorosa que Swann tuvo antaño y que sólo allí las encontraba. Desde hacía tiempo ya no le preocupaba nada que Odette lo hubiese engañado y lo siguiera engañando. Y sin embargo, durante unos años aún anduvo buscando a criados antiguos de Odette: hasta tal punto persistió en, él la dolorosa curiosidad de saber si aquel día, ya tan remoto, y a las seis de la tarde, estaba Odette durmiendo con Forcheville. Luego, la curiosidad desapareció, sin que por eso cesaran las investigaciones. Seguía haciendo por enterarse de una cosa que ya no le interesaba, porque su antiguo yo, llegado a la extrema decrepitud, obraba maquinalmente, con arreglo a preocupaciones hasta tal punto inexistentes ya, que Swann no podía representarse siquiera aquella angustia, antaño fortísima, que se figuraba él entonces que no podría quitarse nunca de encima, en aquel tiempo en que sólo la muerte de la persona amada da muerte, que, como más tare mostrará en este libro una cruel contraprueba, en nada mitiga el dolor de los celos) le parecía capaz de allanarle el camino, para él obstruido, de la vida.
Mais éclaircir un jour les faits de la vie d′Odette auxquels il avait dû ces souffrances n′avait pas été le seul souhait de Swann; il avait mis en réserve aussi celui de se venger d′elles, quand n′aimant plus Odette il ne la craindrait plus; or, d′exaucer ce second souhait, l′occasion se présentait justement car Swann aimait une autre femme, une femme qui ne lui donnait pas de motifs de jalousie mais pourtant de la jalousie parce qu′il n′était plus capable de renouveler sa façon d′aimer et que c′était celle dont il avait usé pour Odette qui lui servait encore pour une autre. Pour que la jalousie de Swann renaquît, il n′était pas nécessaire que cette femme fût infidèle, il suffisait que pour une raison quelconque, elle fût loin de lui, à une soirée par exemple, et eût paru s′y amuser. C′était assez pour réveiller en lui l′ancienne angoisse, lamentable et contradictoire excroissance de son amour, et qui éloignait Swann de ce qu′elle était comme un besoin d′atteindre (le sentiment réel que cette jeune femme avait pour lui, le désir caché de ses journées, le secret de son cur), car entre Swann et celle qu′il aimait cette angoisse interposait un amas réfractaire de soupçons antérieurs, ayant leur cause en Odette, ou en telle autre peut-être qui avait précédé Odette, et qui ne permettaient plus à l′amant vieilli de connaître sa maîtresse d′aujourd′hui qu′à travers le fantôme ancien et collectif de la «femme qui excitait sa jalousie» dans lequel il avait arbitrairement incarné son nouvel amour. Souvent pourtant Swann l′accusait, cette jalousie, de le faire croire à des trahisons imaginaires; mais alors il se rappelait qu′il avait fait bénéficier Odette du même raisonnement, et à tort. Aussi tout ce que la jeune femme qu′il aimait faisait aux heures où il n′était pas avec elle, cessait de lui paraître innocent. Mais alors qu′autrefois, il avait fait le serment, si jamais il cessait d′aimer celle qu′il ne devinait pas devoir être un jour sa femme, de lui manifester implacablement son indifférence, enfin sincère, pour venger son orgueil longtemps humilié, ces représailles qu′il pouvait exercer maintenant sans risques (car que pouvait lui faire d′être pris au mot et privé de ces tête-à-tête avec Odette qui lui étaient jadis si nécessaires), ces représailles il n′y tenait plus; avec l′amour avait disparu le désir de montrer qu′il n′avait plus d′amour. Et lui qui, quand il souffrait par Odette eût tant désiré de lui laisser voir un jour qu′il était épris d′une autre, maintenant qu′il l′aurait pu, il prenait mille précautions pour que sa femme ne soupçonnât pas ce nouvel amour. Pero no era el deseo único de Swann el llegar a aclarar algún día aquellos hechos de la vida de Odette que tanto le hicieron padecer; también tenía en reserva el deseo de vengarse, cuando ya no la quisiera y, por consiguiente, no le tuviera miedo; y precisamente se le presentaba la ocasión de realizar ese deseo, porque Swann quería a otra mujer, una mujer que no le daba motivos de celos, pero que, sin embargo, le inspiraba la pasión de los celos; porque Swann no podía renovar su manera de amar, y aquella manera que antes le sirvió para querer a Odette era la misma que ahora le servía para otra mujer. Para que los celos de Swann renaciesen no era menester que aquella mujer le fuera infiel; bastaba con que, por cualquier motivo, estuviera lejos de él, por ejemplo, en una reunión donde parecía que lo pasó bien. Y ya era lo bastante para despertar en su alma la angustia de antes, excrecencia lamentable y contradictoria de su amor, y que separaba a Swann de lo que esa mujer era en realidad (presentándose como una necesidad de llegar hasta el fondo del verdadero sentimiento de aquella mujer joven, hasta el deseo oculto de sus días y el secreto de su corazón), que los separaba porque entre Swann y su amada interponían un montón refractario de sospechas anteriores, que tenían su fundamento en Odette, o quizá en otra anterior a Odette, y que ya no dejaban al envejecido enamorado conocer a su querida de hoy sino a través del fantasma antiguo y colectivo de “la mujer que le inspiraba celos”, en el que arbitrariamente había encarnado Swann su nuevo amor. Muchas veces Swann acusaba a esos celos de hacerle creer en imaginarias traiciones; pero entonces se acordaba que había empleado el mismo razonamiento en beneficio de Odette, y equivocadamente. Así, que le parecía que aquella joven no podía consagrar las horas que no pasaba con él a nada inocente. Pero si antes hizo juramento de que en cuanto, no quisiera a la que entonces no podía él figurarse que sería su mujer le manifestaría implacablemente su indiferencia, sincera al fin, para vengar su orgullo, por tanto tiempo humillado, ahora esas represalias, que podrían efectuarse sin riesgo (porque ¿qué se le daba a él que Odette le cogiera la palabra y lo privara de aquellos momentos de intimidad que antes le eran tan necesarios?), ya no le importaban nada: con el amor se fue el deseo de demostrarle que ya no había amor. Y Swann, que cuando sufría por amor de Odette tanto habría deseado hacerle ver que se había enamorado de otra, ahora que podía llevar a logro su deseo tomaba mil precauciones para que su mujer no sospechara su enamoramiento nuevo.
Ce ne fut pas seulement à ces goûters, à cause desquels j′avais eu autrefois la tristesse de voir Gilberte me quitter et rentrer plus tôt, que désormais je pris part, mais les sorties qu′elle faisait avec sa mère, soit pour aller en promenade ou à une matinée, et qui en l′empêchant de venir aux Champs-Élysées m′avaient privé d′elle, les jours où je restais seul le long de la pelouse ou devant les chevaux de bois, ces sorties maintenant M. et Mme Swann m′y admettaient, j′avais une place dans leur landau et même c′était à moi qu′on demandait si j′aimais mieux aller au théâtre, à une leçon de danse chez une camarade de Gilberte, à une réunion mondaine chez des amies des Swann (ce que celle-ci appelait «un petit meeting») ou visiter les tombeaux de Saint-Denis. Y no sólo tomaba yo ahora parte en aquellas meriendas que antes, en los Campos Elíseos, eran para mí, motivo de tristeza, porque Gilberta tenía que marcharse para volver a casa más temprano: también se me admitía en las salidas que hacia Gilberta con su madre, bien para ir de paseo, bien al teatro; aquellas salidas que antaño le impedían ir a los Campos Elíseos y me privaban de ella, y tenía que estarme yo solo paseándome a lo largo de la pradera o mirando el tiovivo; ahora se me reservaba un sitio en el landó y hasta me preguntaba adónde quería yo que fuésemos, si al teatro, a una lección de baile en casa de una compañera de Gilberta, a una reunión mundana que daban unos amigos de Swann (y que Odette llamaba un petit meeting) o a ver los sepulcros de Saint–Denis.
Ces jours où je devais sortir avec les Swann, je venais chez eux pour le déjeuner, que Mme Swann appelait le lunch; comme on n′était invité que pour midi et demi et qu′à cette époque mes parents déjeunaient à onze heures un quart, c′est après qu′ils étaient sortis de table que je m′acheminais vers ce quartier luxueux, assez solitaire à toute heure, mais particulièrement à celle-là où tout le monde était rentré. Même l′hiver et par la gelée s′il faisait beau, tout en resserrant de temps à autre le nud d′une magnifique cravate de chez Charvet et en regardant si mes bottines vernies ne se salissaient pas, je me promenais de long en large dans les avenues en attendant midi vingt-sept. J′apercevais de loin dans le jardinet des Swann, le soleil qui faisait étinceler comme du givre, les arbres dénudés. Il est vrai que ce jardinet n′en possédait que deux. L′heure indue faisait nouveau le spectacle. A ces plaisirs de nature (qu′avivait la suppression de l′habitude, et même la faim), la perspective émotionnante de déjeuner chez Mme Swann se mêlait, elle ne les diminuait pas, mais les dominant, les asservissait, en faisait des accessoires mondains; de sorte que si, à cette heure où d′ordinaire je ne les percevais pas, il me semblait découvrir le beau temps, le froid, la lumière hivernale, c′était comme une sorte de préface aux ufs à la crème, comme une patine, un rose et frais glacis ajoutés au revêtement de cette chapelle mystérieuse qu′était la demeure de Mme Swann et au cur de laquelle il y avait au contraire tant de chaleur, de parfums et de fleurs. Los días que salía yo con los Swann iba a su casa a almorzar, a tomar el lunch, como decía la señora de Swann; como la invitación era para las doce y medía y mis padres almorzaban en aquellos tiempos a las once y cuarto, resultaba que ellos ya se habían levantado de la mesa cuando yo salía en dirección a aquel barrio lujoso, casi siempre solitario, y más que nunca a esa hora, en que todo el mundo estaba comiendo. Yo, aunque fuese invierno y estuviésemos bajo cero, si hacía sol me estaba paseando por aquellas avenidas, apretándome de vez en cuando el nudo de una magnífica corbata comprada en casa de Chavert, y mirando a ver si se me habían ensuciado mis botas de charol hasta que eran las doce y veintisiete. De lejos veía el jardincillo de los Swann, donde el sol abrillantaba los desnudos árboles como si fueran de escarcha. Lo desusado de la hora daba novedad al espectáculo. A estos placeres de la Naturaleza (avivados por la supresión de la costumbre y aun por el hambre) venía a unirse la emocionante perspectiva de almorzar en casa de los Swann, lo cual no amenguaba esos placeres, pero los dominaba, los señoreaba los convertía en accesorios mundanos; de suerte que si a esa hora, en que de ordinario no advertía su existencia, me parecía como que había descubierto el buen tiempo, el frío y la luz invernal, todo era un a modo de prefacio de los huevos a la crema, una como pátina de fresca y rosada transparencia aplicada sobre el revestimiento de aquella capilla misteriosa que era la casa de los Swann, capilla en cuyo seno se guardaban, por el contrario, tanto calor, tanto perfume y tanta flor.
A midi et demi, je me décidais enfin à entrer dans cette maison qui, comme un gros soulier de Noël me semblait devoir m′apporter de surnaturels plaisirs. (Le nom de Noël était du reste inconnu à Mme Swann et à Gilberte qui l′avaient remplacé par celui de Christmas, et ne parlaient que du pudding de Christmas, de ce qu′on leur avait donné pour leur Christmas, de s′absenter — ce qui me rendait fou de douleur — pour Christmas. Même à la maison, je me serais cru déshonoré en parlant de Noël et je ne disais plus que Christmas, ce que mon père trouvait extrêmement ridicule.) A las doce y media me decidía a entrar en la casa, que, como zapatito de Navidad, parecía destinada a ofrecerme placeres sobrenaturales. Este nombre de Navidad era cosa desconocida para Gilberta y su madre, que lo habían reemplazado ron el nombre de Christmas y no hablaban más que del pudding de Christmas, de sus regalos de Christmas, de su viaje -y esto me causaba un dolor loco- de Christmas. Así, que a mí hasta en mi propia casa me habría parecido deshonroso hablar de la Navidad y siempre decía Christmas, cosa que a mi padre se le antojaba sumamente ridícula.
Je ne rencontrais d′abord qu′un valet de pied qui, après m′avoir fait traverser plusieurs grands salons m′introduisait dans un tout petit, vide, que commençait déjà à faire rêver l′après-midi bleu de ses fenêtres; je restais seul en compagnie d′orchidées, de roses et de violettes qui — pareilles à des personnes qui attendent à côté de vous mais ne vous connaissent pas, — gardaient un silence que leur individualité de choses vivantes rendait plus impressionnant et recevaient frileusement la chaleur d′un feu incandescent de charbon, précieusement posé derrière une vitrine de cristal, dans une cuve de marbre blanc où il faisait écrouler de temps à autre ses dangereux rubis. Al principio no encontraba más que a un lacayo, que, tras hacerme pasar por varios salones, me introducía en una salita vacía, donde ya empezaba su sueño la azulada tarde puesta en los balcones; me quedaba solo, sin otra compañía que orquídeas, rosas y violetas, las cuales -como esas personas que también están esperando la misma habitación que nosotros, pero que no nos conocen- guardaban un silencio más impresionante aún por su individualidad de cosas vivas y recibían, frioleras, el calor de una incandescente lumbre de carbón, preciosamente alojada tras una vitrina de cristal en una tina de mármol blanco, que iba desgranando lentamente sus peligrosos rubíes.
Je m′étais assis, mais me levais précipitamment en entendant ouvrir la porte; ce n′était qu′un second valet de pied, puis un troisième, et le mince résultat auquel aboutissaient leurs allées et venues inutilement émouvantes était de remettre un peu de charbon dans le feu ou d′eau dans les vases. Ils s′en allaient, je me retrouvais seul, une fois refermée la porte que Mme Swann finirait bien par ouvrir. Et, certes, j′eusse été moins troublé dans un antre magique que dans ce petit salon d′attente où le feu me semblait procéder à des transmutations, comme dans le laboratoire de Klingsor. Un nouveau bruit de pas retentissait, je ne me levais pas, ce devait être encore un valet de pied, c′était M. Swann. «Comment? vous êtes seul? Que voulez-vous, ma pauvre femme n′a jamais pu savoir ce que c′est que l′heure. Une heure moins dix. Tous les jours c′est plus tard. Et vous allez voir, elle arrivera sans se presser en croyant qu′elle est en avance.» Et comme il était resté neuro-arthritique, et devenu un peu ridicule, avoir une femme si inexacte qui rentrait tellement tard du Bois, qui s′oubliait chez sa couturière, et n′était jamais à l′heure pour le déjeuner, cela inquiétait Swann pour son estomac, mais le flattait dans son amour-propre. Yo me había sentado, pero me levantaba precipitadamente al oír que se abría la puerta; pero no era nadie más que un segundo lacayo, y enseguida un tercero, cuyas emocionantes idas y venidas no tenían otro resultado sino el liviano de poner un poco de agua en los búcaros o de carbón en la lumbre; se iban, volvía yo a quedarme solo en cuanto cerraban aquella puerta, que la señora de Swann acabaría por abrir. Y de seguro que habría yo sentido menor azoramiento de hallarme en un antro mágico que en aquella salita de espera donde el fuego parecía que estaba procediendo a trasmutaciones como en el laboratorio de Klingsor. Otra vez se oían pasos, yo no me levantaba: sería otro lacayo; y entraba el señor Swann ¿Cómo? ¿Está usted solo? ¡Qué quiere usted! La pobre de mí mujer no sabe lo que son las horas. La una menos diez. Cada día más tarde. Y verá usted cómo viene sin prisas, figurándose que llega adelantada. Y como seguía neuroartrítico y se había vuelto un poco ridículo, aquello de tener una mujer tan poco puntual que volvía muy tarde del Bosque, o que se olvidaba del tiempo en casa de su modista y no estaba nunca en casa a la hora de la comida, preocupaba a Swann por su estómago, pero le halagaba el amor propio.
Il me montrait des acquisitions nouvelles qu′il avait faites et m′en expliquait l′intérêt, mais l′émotion, jointe au manque d′habitude d′être encore à jeun à cette heure-là, tout en agitant mon esprit y faisait le vide, de sorte que capable de parler je ne l′étais pas d′entendre. D′ailleurs aux uvres que possédait Swann, il suffisait pour moi qu′elles fussent situées chez lui, y fissent partie de l′heure délicieuse qui précédait le déjeuner. La Joconde se serait trouvée là qu′elle ne m′eût pas fait plus de plaisir qu′une robe de chambre de Mme Swann, ou ses flacons de sel. Me enseñaba las compras recientes que había hecho, explicándome su importancia; pero la emoción, y con ella la falta de costumbre de estar en ayunas a esas horas, me agitaban el ánimo y hacían en él el vacío, de modo que aunque me sentía incapaz de hablar, no así de escuchar. Además, a esas obras que poseía Swann ya les bastaba con estar en su casa y formar parte de la hora deliciosa que precedía al almuerzo. Y aunque hubiera estado allí la Gioconda no me habría causado más placentera emoción que una bata de la señora de Swann o sus frascos de sales.
Je continuais à attendre, seul, ou avec Swann et souvent Gilberte, qui était venue nous tenir compagnie. L′arrivée de Mme Swann, préparée par tant de majestueuses entrées, me paraissait devoir être quelque chose d′immense. J′épiais chaque craquement. Mais on ne trouve jamais aussi hauts qu′on avait espérés, une cathédrale, une vague dans la tempête, le bond d′un danseur; après ces valets de pied en livrée, pareils aux figurants dont le cortège, au théâtre, prépare, et par là même diminue l′apparition finale de la reine, Mme Swann entrant furtivement en petit paletot de loutre, sa voilette baissée sur un nez rougi par le froid, ne tenait pas les promesses prodiguées dans l′attente à mon imagination. Seguía esperando, solo con Swann y a veces con Gilberta, que venía a hacernos compañía. La llegada de la señora de Swann, preparada por tantas majestuosas entradas, se me representaba con caracteres de cosa inmensa. Espiaba el menor crujido. Pero ocurre que una catedral, una ola de tempestad o un salto de bailarín no son luego tan altos como nos los figurábamos: después de todos aquellos lacayos en libreados, como esos comparsas que en el teatro, con su desfile, preparan, y por eso mismo deslustran, la aparición final de la reina, la señora de Swann entraba furtivamente, con su abrigo de nutria, con el velo del sombrero bajado y la nariz encarnada de frío; y aquella entrada no cumplía las promesas que la espera prodigó a mi imaginación.
Mais si elle était restée toute la matinée chez elle, quand elle arrivait dans le salon, c′était vêtue d′un peignoir en crêpe de Chine de couleur claire qui me semblait plus élégant que toutes les robes. Pero si no había salido de casa aquella mañana, llegaba a la salita vestida con un peinador de crespón de China color claro, que me parecía más elegante que ningún otro traje.
Quelquefois les Swann se décidaient à rester à la maison tout l′après-midi. Et alors, comme on avait déjeuné si tard, je voyais bien vite sur le mur du jardinet décliner le soleil de ce jour qui m′avait paru devoir être différent des autres, et les domestiques avaient beau apporter des lampes de toutes les grandeurs et de toutes les formes, brûlant chacune sur l′autel consacré d′une console, d′un guéridon, d′une «encoignure» ou d′une petite table, comme pour la célébration d′un culte inconnu, rien d′extraordinaire ne naissait de la conversation et je m′en allais déçu, comme on l′est souvent dès l′enfance après la messe de minuit. A veces los Swann se decidían a pasar en casa toda la tarde. Y entonces, como habíamos almorzado a hora muy avanzada, pronto veía yo cómo el sol iba declinando por la pared del jardincillo, el sol de aquel día, que me pareció diferente de los demás; y en vano acudían los criados con lámparas de todos tamaños y formas, que ardían cada cual en su altar consagrado, una consola, un velador, una rinconera o una mesita, como en celebración de un desconocido culto: de la conversación no brotaba nada extraordinario y yo me iba de allí desilusionado, como suele a uno pasarle desde niño con la Misa del Gallo.
Mais ce désappointement là n′était guère que spirituel. Je rayonnais de joie dans cette maison où Gilberte, quand elle n′était pas encore avec nous, allait entrer, et me donnerait dans un instant, pour des heures, sa parole, son regard attentif et souriant tel que je l′avais vu pour la première fois à Combray. Tout au plus étais-je un peu jaloux en la voyant souvent disparaître dans de grandes chambres auxquelles on accédait par un escalier intérieur. Obligé de rester au salon, comme l′amoureux d′une actrice qui n′a que son fauteuil à l′orchestre et rêve avec inquiétude de ce qui se passe dans les coulisses, au foyer des artistes, je posai à Swann, au sujet de cette autre partie de la maison, des questions savamment voilées, mais sur un ton duquel je ne parvins pas à bannir quelque anxiété. Il m′expliqua que la pièce où allait Gilberte était la lingerie, s′offrit à me la montrer et me promit que chaque fois que Gilberte aurait à s′y rendre il la forcerait à m′y emmener. Par ces derniers mots et la détente qu′ils me procurèrent, Swann supprima brusquement pour moi une de ces affreuses distances intérieures au terme desquelles une femme que nous aimons nous apparaît si lointaine. A ce moment-là, j′éprouvai pour lui une tendresse que je crus plus profonde que ma tendresse pour Gilberte. Car maître de sa fille, il me la donnait et elle, elle se refusait parfois; je n′avais pas directement sur elle ce même empire qu′indirectement par Swann. Enfin elle, je l′aimais et ne pouvais par conséquent la voir sans ce trouble, sans ce désir de quelque chose de plus, qui ôte, auprès de l′être qu′on aime, la sensation d′aimer. Pero esa desilusión era casi puramente espiritual. Yo saltaba de alegría en aquella casa donde Gilberta, cuando no estaba aún con nosotros, entraría un momento después para darme, durante horas y horas sus palabras, su mirar sonriente y atento, tal como yo los vi por primera vez en Combray. A lo sumo sentía unos pocos celos al verla desaparecer muchas veces en lo hondo de vastas cámaras a las que se entraba por la escalera interior. Yo tenía que quedarme en la sala, como ese hombre enamorado de una actriz que no tiene otra cosa que su butaca y piensa, preocupado, en lo que ocurre entre bastidores y en el saloncillo de los artistas, y hacía a Swann preguntas sabiamente veladas sobre esa otra parte de la casa, pero hechas en un tono del que no sé si logré desterrar por completo toda ansiedad. Me explicó que la habitación adonde iba Gilberta era la lencería; se brindó a enseñármela, y me prometió que siempre que Gilberta fuese allí le haría que me llevara en su compañía. Con estas últimas palabras y el descanso que me procuraron, Swann suprimió bruscamente en mí una de esas terribles distancias interiores allá en cuyo fondo se nos aparece como muy remota la mujer amada. En ese instante sentí hacia él un cariño que se me figuró más hondo que el que me inspiraba Gilberta. Porque él, amo de su hija, me la daba, y ella a veces se me negaba; y no tenía yo directamente sobre ella el mismo imperio que indirectamente a través de Swann. Y, además, a ella la quería, y por consiguiente no podía verla sin ese azoramiento sin ese deseo de algo más que nos quita, cuando estamos junto al ser querido, la sensación de amar.
Au reste, le plus souvent, nous ne restions pas à la maison, nous allions nous promener. Parfois avant d′aller s′habiller, Mme Swann se mettait au piano. Ses belles mains, sortant des manches roses, ou blanches, souvent de couleurs très vives, de sa robe de chambre de crêpe de Chine, allongeaient leurs phalanges sur le piano avec cette même mélancolie qui était dans ses yeux et n′était pas dans son cur. Ce fut un de ces jours-là qu′il lui arriva de me jouer la partie de la Sonate de Vinteuil où se trouve la petite phrase que Swann avait tant aimée. Mais souvent on n′entend rien, si c′est une musique un peu compliquée qu′on écoute pour la première fois. Et pourtant quand plus tard on m′eut joué deux ou trois fois cette Sonate, je me trouvai la connaître parfaitement. Aussi n′a-t-on pas tort de dire «entendre pour la première fois». Si l′on n′avait vraiment, comme on l′a cru, rien distingué à la première audition, la deuxième, la troisième seraient autant de premières, et il n′y aurait pas de raison pour qu′on comprît quelque chose de plus à la dixième. Probablement ce qui fait défaut, la première fois, ce n′est pas la compréhension, mais la mémoire. Car la nôtre, relativement à la complexité des impressions auxquelles elle a à faire face pendant que nous écoutons, est infime, aussi brève que la mémoire d′un homme qui en dormant pense mille choses qu′il oublie aussitôt, ou d′un homme tombé à moitié en enfance qui ne se rappelle pas la minute d′après ce qu′on vient de lui dire. Ces impressions multiples, la mémoire n′est pas capable de nous en fournir immédiatement le souvenir. Mais celui-ci se forme en elle peu à peu et à l′égard des uvres qu′on a entendues deux ou trois fois, on est comme le collégien qui a relu à plusieurs reprises avant de s′endormir une leçon qu′il croyait ne pas savoir et qui la récite par cur le lendemain matin. Seulement je n′avais encore jusqu′à ce jour, rien entendu de cette sonate, et là où Swann et sa femme voyaient une phrase distincte, celle-ci était aussi loin de ma perception claire qu′un nom qu′on cherche à se rappeler et à la place duquel on ne trouve que du néant, un néant d′où une heure plus tard, sans qu′on y pense, s′élanceront d′elles-mêmes, en un seul bond, les syllabes d′abord vainement sollicitées. Et non seulement on ne retient pas tout de suite les uvres vraiment rares, mais même au sein de chacune de ces uvres-là, et cela m′arriva pour la Sonate de Vinteuil, ce sont les parties les moins précieuses qu′on perçoit d′abord. De sorte que je ne me trompais pas seulement en pensant que l′uvre ne me réservait plus rien (ce qui fit que je restai longtemps sans chercher à l′entendre) du moment que Madame Swann m′en avait joué la phrase la plus fameuse (j′étais aussi stupide en cela que ceux qui n′espèrent plus éprouver de surprise devant Saint-Marc de Venise parce que la photographie leur a appris la forme de ses dômes). Mais bien plus, même quand j′eus écouté la sonate d′un bout à l′autre, elle me resta presque tout entière invisible, comme un monument dont la distance ou la brume ne laissent apercevoir que de faibles parties. De là, la mélancolie qui s′attache à la connaissance de tels ouvrages, comme de tout ce qui se réalise dans le temps. Quand ce qui est le plus caché dans la Sonate de Vinteuil se découvrit à moi, déjà, entraîné par l′habitude hors des prises de ma sensibilité, ce que j′avais distingué, préféré tout d′abord, commençait à m′échapper, à me fuir. Pour n′avoir pu aimer qu′en des temps successifs tout ce que m′apportait cette sonate, je ne la possédai jamais tout entière: elle ressemblait à la vie. Mais, moins décevants que la vie, ces grands chefs-d′uvre ne commencent pas par nous donner ce qu′ils ont de meilleur. Dans la Sonate de Vinteuil, les beautés qu′on découvre le plus tôt sont aussi celles dont on se fatigue le plus vite et pour la même raison sans doute, qui est qu′elles diffèrent moins de ce qu′on connaissait déjà. Mais quand celles-là se sont éloignées, il nous reste à aimer telle phrase que son ordre trop nouveau pour offrir à notre esprit rien que confusion nous avait rendue indiscernable et gardée intacte; alors elle devant qui nous passions tous les jours sans le savoir et qui s′était réservée, qui pour le pouvoir de sa seule beauté était devenue invisible et restée inconnue, elle vient à nous la dernière. Mais nous la quitterons aussi en dernier. Et nous l′aimerons plus longtemps que les autres, parce que nous aurons mis plus longtemps à l′aimer. Ce temps du reste qu′il faut à un individu — comme il me le fallut à moi à l′égard de cette Sonate — pour pénétrer une uvre un peu profonde n′est que le raccourci et comme le symbole des années, des siècles parfois, qui s′écoulent avant que le public puisse aimer un chef-d′uvre vraiment nouveau. Aussi l′homme de génie pour s′épargner les méconnaissances de la foule se dit peut-être que les contemporains manquant du recul nécessaire, les uvres écrites pour la postérité ne devraient être lues que par elle, comme certaines peintures qu′on juge mal de trop près. Mais en réalité toute lâche précaution pour éviter les faux arguments est inutile, ils ne sont pas évitables. Ce qui est cause qu′une uvre de génie est difficilement admirée tout de suite, c′est que celui qui l′a écrite est extraordinaire, que peu de gens lui ressemblent. C′est son uvre elle-même qui, en fécondant les rares esprits capables de le comprendre, les fera croître et multiplier. Ce sont les quatuors de Beethoven (les quatuors XII, XIII, XIV et XV) qui ont mis cinquante ans à faire naître, à grossir le public des quatuors de Beethoven, réalisant ainsi comme tous les chefs-d′uvre un progrès sinon dans la valeur des artistes, du moins dans la société des esprits, largement composée aujourd′hui de ce qui était introuvable quand le chef-d′uvre parut, c′est-à-dire d′être capables de l′aimer. Ce qu′on appelle la postérité, c′est la postérité de l′uvre. Il faut que l′uvre (en ne tenant pas compte, pour simplifier, des génies qui à la même époque peuvent parallèlement préparer pour l′avenir un public meilleur dont d′autres génies que lui bénéficieront) crée elle-même sa postérité. Si donc l′uvre était tenue en réserve, n′était connue que de la postérité, celle-ci, pour cette uvre, ne serait pas la postérité mais une assemblée de contemporains ayant simplement vécu cinquante ans plus tard. Aussi faut-il que l′artiste — et c′est ce qu′avait fait Vinteuil — s′il veut que son uvre puisse suivre sa route, la lance, là où il y a assez de profondeur, en plein et lointain avenir. Et pourtant ce temps à venir, vraie perspective des chefs-d′uvre, si n′en pas tenir compte est l′erreur des mauvais juges, en tenir compte est parfois le dangereux scrupule des bons. Sans doute, il est aisé de s′imaginer dans une illusion analogue à celle qui uniformise toutes choses à l′horizon, que toutes les révolutions qui ont eu lieu jusqu′ici dans la peinture ou la musique respectaient tout de même certaines règles et que ce qui est immédiatement devant nous, impressionnisme, recherche de la dissonance, emploi exclusif de la gamme chinoise, cubisme, futurisme, diffère outrageusement de ce qui a précédé. C′est que ce qui a précédé on le considère sans tenir compte qu′une longue assimilation l′a converti pour nous en une matière variée sans doute, mais somme toute homogène, où Hugo voisine avec Molière. Songeons seulement aux choquants disparates que nous présenterait, si nous ne tenions pas compte du temps à venir et des changements qu′il amène, tel horoscope de notre propre âge mûr tiré devant nous durant notre adolescence. Seulement tous les horoscopes ne sont pas vrais et être obligé pour une uvre d′art de faire entrer dans le total de sa beauté le facteur du temps, mêle, à notre jugement, quelque chose d′aussi hasardeux et par là aussi dénué d′intérêt véritable que toute prophétie dont la non réalisation n′impliquera nullement la médiocrité d′esprit du prophète, car ce qui appelle à l′existence les possibles ou les en exclut n′est pas forcément de la compétence du génie; on peut en avoir eu et ne pas avoir cru à l′avenir des chemins de fer, ni des avions, ou, tout en étant grand psychologue, à la fausseté d′une maîtresse ou d′un ami, dont de plus médiocres eussent prévu les trahisons. Pero por lo general no nos quedábamos en casa y salíamos de paseo. A veces la señora de Swann, antes de ir a vestirse, se ponía al piano. De las mangas rosa, blancas o de vivos colores de su bata de crespón de China surgían sus lindas manos y alargaban sobre el teclado sus falanges con la misma melancolía que llevaba en sus ojos, y que no existía en su corazón. Uno de esos días tocó la parte de la sonata de Vinteuil donde se encuentra la frase que Swann quiso tanto. Pero muchas veces cuando se oye por primera vez una música un tanto complicada no se entiende nada. Sin embargo, cuando oí tocar dos o tres veces más esa sonata me di cuenta de que la conocía perfectamente De modo que no está mal dicho eso de “oír por primera vez”. Porque si, como nosotros supusimos, no hubiésemos distinguido nada en la primera audición, la segunda y la tercera serian igualmente primeras audiciones, y no habría razón alguna para que nos enteráramos mejor la décima vez. Probablemente lo que nos falta esa primera vez no es comprensión, sino memoria. Porque la nuestra, si se tiene en cuenta la complejidad de impresiones que se le ponen delante mientras escuchamos, es ínfima, tan breve como la memoria de un hombre que en sueños piensa mil cosas, para olvidarlas enseguida, o de un ser medio vuelto a la infancia, que ya no se acuerda de una cosa un instante después que se la han dicho. La memoria es incapaz de darnos inmediatamente el recuerdo de esas múltiples impresiones. Pero ese recuerdo se va formando en ella poco a poco, y ocurre con esas obras as oídas dos o tres veces lo que le sucede al colegial que leyó varias veces la lección antes de dormirse, creyendo que no se la sabía, y al otro día se despierta recitándola de memoria. Ahora, que yo nunca había oído la sonata esa, y allí donde Swann y su esposa veían distintamente una frase yo no veía cosa alguna: estaba la frase tan lejos de mi percepción clara como un nombre que queremos recordar y no encontramos en su lugar mas que la nada, una nada de la que una hora más tarde, cuando menos lo pensemos, brotarán ellas solas, de un solo arranque, las sílabas vanamente solicitadas antes. Y no sólo somos incapaces de retener enseguida las obras realmente raras, sino que lo que primeramente distinguimos en el seno de ellas son las partes de menos valor, cosa que a mí me ocurrió con la sonata de Vinteuil. Así, que no sólo me equivoqué al pensar que la obra ya no me reservaba nada do cual fue motivo de que estuviera mucho tiempo sin hacer por oírla) desde el momento que oí tocar a la señora de Swann la frase más famosa (en eso me mostraba yo tan estúpido como esas personas que se figuran que no sentirán sorpresa delante de San Marcos de Venecia porque han aprendido in las fotografías cuál es la forma de sus cúpulas), sino, lo que aun es más, cuando hube escuchado la sonata de cabo a rabo siguió para mí casi tan invisible como antes, a semejanza de lo que ocurre con un monumento que la bruma o la distancia nos roban a la vista excepto en algunas de sus partes. Y de ahí la melancolía que lleva consigo el conocer esas obras, como el conocer cualquier cosa que se realice en el tiempo. Cuando se me descubrió lo que tiene de más oculto la sonata de Vinteuil, ya, arrastrado por la costumbre, libre de la presión de mi sensibilidad lo que primero distinguí y aprecié empezaba a escapárseme y a huir. Y por no poder amar sino sucesivamente en el tiempo todo lo que aquella sonata me traía al ánimo, nunca llegué a poseerla entera: se parecía a la vida. Pero estas grandes obras son menos engañosas que la vida y no empiezan por darnos lo mejor que tienen. En la sonata de Vinteuil, las bellezas que antes se descubren son también las que más pronto nos cansan, e indudablemente por la misma razón: y es que son las que más se parecen a, las cosas que ya conocíamos. Pero cuando éstas se alejaron aun nos queda por amar tal o cual frase cuyo orden, novísimo para ofrecer al principio a nuestro ánimo otra cosa que confusión, nos la hizo indiscernible y nos la guardó intacta; y entonces llega hasta nosotros, la última de todas, esa frase por delante de la cual pasábamos todos los días sin saberlo, que se reservaba y que por la potencia de su propia belleza se mantuvo invisible y desconocida. Y también es la última que dejamos marcharse. La queremos más tiempo que a las demás porque hemos tardado en llegar a quererla mucho más tiempo que a las otras. Y ese tiempo que necesita un individuo -como me sucedió a mí con esa sonata- penetrar una obra algo profunda es como resumen y símbolo de los años y a veces de los siglos, que tienen que pasar hasta que al público le llegue a gustar una obra maestra verdaderamente nueva Quizá por eso se dice el hombre de genio, para evitarse las incomprensiones de la multitud, que como a los contemporáneos les falta la distancia necesaria, las obras escritas para la posteridad sólo la posteridad debiera leerlas igual que ciertas pinturas, mal juzgadas cuando se las mira de muy cerca. Pero, en realidad, toda cobarde precaución para evitarse los juicios erróneos es inútil, porque son inevitables. El motivo de que una obra genial rara vez conquiste la admiración inmediata es que su autor es extraordinario y pocas personas se le parecen. Ha de ser su obra misma la que, fecundando los pocos espíritus capaces de comprenderla, los vaya haciendo crecer y multiplicarse. Los mismos cuartetos de Beethoven dos cuartetos XII, XIII, XIV y XV) son los que han tardado cincuenta años en dar vida y número al público de los cuartetos de Beethoven, realizando de ese modo, como todas las grandes obras, un progreso, si no en el valor de los artistas, por lo menos en la sociedad espiritual, en la que entran hoy ya muchos de esos elementos imposibles de encontrar cuando nació la obra, es decir, seres capaces de amarla. Eso que se llama la posteridad es la posteridad de la obra. Es menester que la obra dé arte (sin tener en cuenta, para simplificar, a los genios que en la misma época puedan trabajar paralelamente preparando para el porvenir un público mejor, del que se aprovecharán otros) cree ella misma su posteridad. Y si la obra se guardase en reserva y sólo la posteridad la conociese, ésta ya no sería para dicha obra la verdadera posteridad, sino sencillamente una reunión de contemporáneos que vive cincuenta años más tarde. Es, pues, menester que el artista -y eso hizo Vinteuil-, si quiere que su obra pueda seguir su camino, la lance donde haya bastante profundidad, en pleno y remoto porvenir. Y, sin embargo, sí el no tener en cuenta ese tiempo por venir, verdadera perspectiva de las grandes obras, es el error de los malos jueces, el tenerlo en cuenta es muchas veces el peligroso escrúpulo de los jueces buenos. Indudablemente, es cómodo imaginarse, por una ilusión análoga a la que uniformiza todas las cosas en el horizonte, que todas las revoluciones ocurridas hasta el día en pintura o música respetaban siempre algunas reglas; pero que lo que tenemos inmediatamente delante, impresionismo, disonancias rebuscadas, uso exclusivo de la gama china cubismo y futurismo, difiere terriblemente de todo lo precedente. Y es que nosotros consideramos lo precedente sin tener en cuenta que una larga asimilación lo ha convertido para nosotros en una materia variada, sí, pero homogénea, donde Hugo está al lado de Moliére. Pero pensemos en los extravagantes disparates que nos ofrecería, si no tuviésemos en cuenta el tiempo por venir y los cambios que acarrea, un horóscopo de nuestra edad madura hecho delante de nosotros cuando somos adolescentes. Sólo que no todos los horóscopos son ciertos, y para una obra de arte tener que introducir en el total de su belleza el factor tiempo entremezcla a nuestro juicio un elemento de azar, y por ende tan desprovisto de interés verdadero como toda profecía, cuya no realización no implicará en ningún caso mediocridad de espíritu en el profeta; porque lo que llama a la vida o excluye de ella a las posibilidades no entra forzosamente en la competencia del genio; se puede haber sido genial y no haber prestado crédito al porvenir de los ferrocarriles o de la aviación, como se puede ser gran psicólogo y no creer en la falsía de una querida o de un amigo, cuyas traiciones hubiesen previsto personas más mediocres.
Si je ne compris pas la Sonate je fus ravi d′entendre jouer Mme Swann. Son toucher me paraissait, comme son peignoir, comme le parfum de son escalier, comme ses manteaux, comme ses chrysanthèmes, faire partie d′un tout individuel et mystérieux, dans un monde infiniment supérieur à celui où la raison peut analyser le talent. «N′est-ce pas que c′est beau cette Sonate de Vinteuil? me dit Swann. Le moment où il fait nuit sous les arbres, où les arpèges du violon font tomber la fraîcheur. Avouez que c′est bien joli; il y a là tout le côté statique du clair de lune, qui est le côté essentiel. Ce n′est pas extraordinaire qu′une cure de lumière comme celle que suit ma femme agisse sur les muscles, puisque le clair de lune empêche les feuilles de bouger. C′est cela qui est si bien peint dans cette petite phrase, c′est le bois de Boulogne tombé en catalepsie. Au bord de la mer c′est encore plus frappant, parce qu′il y a les réponses faibles des vagues que naturellement on entend très bien puisque le reste ne peut pas remuer. A Paris c′est le contraire; c′est tout au plus si on remarque ces lueurs insolites sur les monuments, ce ciel éclairé comme par un incendie sans couleurs et sans danger, cette espèce d′immense fait divers deviné. Mais dans la petite phrase de Vinteuil et du reste dans toute la Sonate ce n′est pas cela, cela se passe au Bois, dans le gruppetto on entend distinctement la voix de quelqu′un qui dit: «On pourrait presque lire son journal.» Ces paroles de Swann auraient pu fausser, pour plus tard, ma compréhension de la Sonate, la musique étant trop peu exclusive pour écarter absolument ce qu′on nous suggère d′y trouver. Mais je compris par d′autres propos de lui que ces feuillages nocturnes étaient tout simplement ceux sous l′épaisseur desquels, dans maint restaurant des environs de Paris, il avait entendu, bien des soirs, la petite phrase. Au lieu du sens profond qu′il lui avait si souvent demandé, ce qu′elle rapportait à Swann, c′était ces feuillages rangés, enroulés, peints autour d′elle (et qu′elle lui donnait le désir de revoir parce qu′elle lui semblait leur être intérieure comme une âme), c′était tout un printemps dont il n′avait pu jouir autrefois, n′ayant pas, fiévreux et chagrin comme il était alors, assez de bien-être pour cela, et que (comme on fait, pour un malade, des bonnes choses qu′il n′a pu manger), elle lui avait gardé. Les charmes que lui avaient fait éprouver certaines nuits dans le Bois et sur lesquels la Sonate de Vinteuil pouvait le renseigner, il n′aurait pu à leur sujet interroger Odette, qui pourtant l′accompagnait comme la petite phrase. Mais Odette était seulement à côté de lui, alors (non en lui comme le motif de Vinteuil) — ne voyant donc point — Odette eût-elle été mille fois plus compréhensive — ce qui, pour nul de nous (du moins j′ai cru longtemps que cette règle ne souffrait pas d′exceptions), ne peut s′extérioriser. «C′est au fond assez joli n′est-ce pas, dit Swann, que le son puisse refléter, comme l′eau, comme une glace. Et remarquez que la phrase de Vinteuil ne me montre que tout ce à quoi je ne faisais pas attention à cette époque. De mes soucis, de mes amours de ce temps-là, elle ne me rappelle plus rien, elle a fait l′échange.» «Charles, il me semble que ce n′est pas très aimable pour moi tout ce que vous me dites là.» «Pas aimable! Les femmes sont magnifiques! Je voulais dire simplement à ce jeune homme que ce que la musique montre — du moins à moi — ce n′est pas du tout la «Volonté en soi» et la «Synthèse de l′infini», mais, par exemple, le père Verdurin en redingote dans le Palmarium du Jardin d′Acclimatation. Mille fois sans sortir de ce salon, cette petite phrase m′a emmené dîner à Armenonville avec elle. Mon Dieu c′est toujours moins ennuyeux que d′y aller avec Mme de Cambremer.» Mme Swann se mit à rire: «C′est une dame qui passe pour avoir été très éprise de Charles», m′expliqua-t-elle du même ton dont, un peu avant, en parlant de Ver Meer de Delft, que j′avais été étonné de voir qu′elle connaissait, elle m′avait répondu: «C′est que je vous dirai que monsieur s′occupait beaucoup de ce peintre-là au moment où il me faisait la cour. N′est-ce pas, mon petit Charles?» «Ne parlez pas à tort et à travers de Mme de Cambremer», dit Swann, dans le fond très flatté. «Mais je ne fais que répéter ce qu′on m′a dit. D′ailleurs il paraît qu′elle est très intelligente, je ne la connais pas. Je la crois très «pusshing», ce qui m′étonne d′une femme intelligente. Mais tout le monde dit qu′elle a été folle de vous, cela n′a rien de froissant.» Swann garda un mutisme de sourd, qui était une espèce de confirmation, et une preuve de fatuité. «Puisque ce que je joue vous rappelle le Jardin d′Acclimatation, reprit Mme Swann en faisant par plaisanterie semblant d′être piquée, nous pourrions le prendre tantôt comme but de promenade si ça amuse ce petit. Il fait très beau et vous retrouveriez vos chères impressions! A propos du Jardin d′Acclimatation vous savez ce jeune homme croyait que nous aimions beaucoup une personne que je «coupe» au contraire aussi souvent que je peux, Mme Blatin! Je trouve très humiliant pour nous qu′elle passe pour notre amie. Pensez que le bon Docteur Cottard qui ne dit jamais de mal de personne déclare lui-même qu′elle est infecte.» «Quelle horreur! Elle n′a pour elle que de ressembler tellement à Savonarole. C′est exactement le portrait de Savonarole par Fra Bartolomeo.» Cette manie qu′avait Swann de trouver ainsi des ressemblances dans la peinture était défendable, car même ce que nous appelons l′expression individuelle est — comme on s′en rend compte avec tant de tristesse quand on aime et qu′on voudrait croire à la réalité unique de l′individu, — quelque chose de général, et a pu se rencontrer à différentes époques. Mais si on avait écouté Swann, les cortèges des rois mages déjà si anachroniques quand Benozzo Gozzoli y introduisait les Médicis, l′eussent été davantage encore puisqu′ils eussent contenu les portraits d′une foule d′hommes, contemporains non de Gozzoli, mais de Swann c′est-à-dire postérieurs non plus seulement de quinze siècles à la Nativité, mais de quatre au peintre lui-même. Il n′y avait pas selon Swann, dans ces cortèges, un seul Parisien de marque qui manquât, comme dans cet acte d′une pièce de Sardou, où, par amitié pour l′auteur et la principale interprète, par mode aussi, toutes les notabilités parisiennes, de célèbres médecins, des hommes politiques, des avocats, vinrent pour s′amuser, chacun un soir, figurer sur la scène. «Mais quel rapport a-t-elle avec le Jardin d′Acclimatation?» «Tous!» «Quoi, vous croyez qu′elle a un derrière bleu-ciel comme les singes?» «Charles vous êtes d′une inconvenance! Non, je pensais au mot que lui a dit le Cynghalais. Racontez-le lui, c′est vraiment un «beau mot». «C′est idiot. Vous savez que Mme Blatin aime à interpeller tout le monde d′un air qu′elle croit aimable et qui est surtout protecteur.» «Ce que nos bons voisins de la Tamise appellent patronising», interrompit Odette. «Elle est allée dernièrement au Jardin d′Acclimatation où il y a des noirs, des Cynghalais, je crois, a dit ma femme, qui est beaucoup plus forte en ethnographie que moi.» «Allons, Charles, ne vous moquez pas.» «Mais je ne me moque nullement. Enfin, elle s′adresse à un de ces noirs: «Bonjour, négro!» «C′est un rien!» — «En tous cas ce qualificatif ne plut pas au noir. — Moi négro, dit-il avec colère à Mme Blatin, mais toi, chameau!» — «Je trouve cela très drôle! J′adore cette histoire. N′est-ce pas que c′est «beau»? On voit bien la mère Blatin: «Moi négro, mais toi chameau!» Je manifestai un extrême désir d′aller voir ces Cynghalais dont l′un avait appelé Mme Blatin: chameau. Ils ne m′intéressaient pas du tout. Mais je pensais que pour aller au Jardin d′Acclimatation et en revenir nous traverserions cette allée des Acacias où j′avais tant admiré Mme Swann, et que peut-être le mulâtre ami de Coquelin, à qui je n′avais jamais pu me montrer saluant Mme Swann, me verrait assis à côté d′elle au fond d′une victoria. No entendí la sonata, pero me quedé encantado de oír tocar a la señora de Swann. Parecíame que su modo de tocar formaba parte, al igual que su bata, que el perfume de la escalera, que sus abrigos y sus crisantemos, de un todo individual y misterioso que vivía en un mundo muy superior a ese donde la razón se siente capaz de analizar el talento. “¡Qué hermosa es esta sonata de Vinteuil, verdad? -me dijo Swann-. ¡Ese momento de noche obscura bajo los árboles, de donde desciende un frescor movido por los arpegios de los violines Reconocerá usted que es muy bonito; tiene todo el lado estático del calor de luna, que es el esencial. No es nada de extraordinario que un tratamiento de luz, como el que sigue mi mujer, tenga influencia en los músculo, porque la luz de la luna no deja moverse a las hojas. Eso es lo que describe tan perfectamente la frasecita, es el bosque de Boulogne en estado cataléptico. Y donde sorprende aún más es a orillas del mar, porque entonces las olas dan unas tenues respuestas que se oyen muy bien, porque todas las demás cosas no se pueden mover. En París ocurre lo contrario: a lo sumo nota uno resplandores tenues en los monumentos, un cielo iluminado como por un incendio sin color y sin peligro, especie de suceso entrevisto. Pero en la frasecita de Vinteuil y en toda la sonata no es eso lo que se ve, lo que sea es en el Bosque, y en el grupetto se distingue perfectamente una voz que dice: “Casi se puede leer el periódico”. Esas palabras de Swann quizá hubieran podido falsear para más tarde mi comprensión de la sonata, porque la música es muy poco exclusiva para apartar de modo absoluto lo que nos sugieren que busquemos en ella. Pero por otras frases de Swann comprendí que esos follajes nocturnos eran sencillamente los de los árboles que lo cobijaron con su espesura en varios restaurantes de los alrededores de París, donde oyó muchas veces la frasecita En vez de la profunda significación que Swann le había ido a pedir muchas veces, lo que le daba eran follajes colocados, ceñidos y pintados alrededor de ella (y le inspiraba el deseo de volver a verlos porque la frase parecía ser cosa interior a esos follajes, como un alma.); era toda una primavera de las que antaño no pudo gozar porque, de febril y apenado que estaba, le faltó bienestar para eso, y que la frase le había guardado (como se le guardan a un enfermo las cosas buenas que no ha podido comer). La sonata de Vinteuil le decía muchas cosas de aquellas bellezas que sintió tantas noches en el Bosque, cosas que no habría podido decirle Odette si a ella se las preguntara, aunque entonces se hallaba también presente como la frase de la sonata. Pero Odette estaba junto a él (y no en él, como el motivo de Vinteuil), y por consiguiente no veía -aunque Odette hubiese sido mil veces más comprensiva- lo que para ningún humano es posible (por lo menos he estado mucho tiempo creyendo que esa regla no tenía excepción) que se exteriorice. -Qué bonito es en el fondo eso de que el sonido pueda reflejar, como el agua o como el espejo, ¿verdad? Y observe usted que lo que me muestra la base de Vinteuil es todo aquello en que en ese entonces no me fijaba yo. Ya no me recuerda nada de mis amores y mis penas de entonces, me ha dado cambiazo -¡Carlos, se me figura que todo eso que estás diciendo no es muy halagüeño para mi ¿Cómo que no? Las mujeres son tremendas. Yo quería decir a este joven que lo que se ve en la música; yo por lo menos no es, en ningún modo, la “Voluntad en sí′ y la “Síntesis del Infinito”, sino, por ejemplo, al bueno de Verdurin enlevitado, en el Palmarium del jardín de Aclimatación. Esa frasecilla me ha llevado mil veces a cenar con ella a Armenonville sin salir de este salón. Y ¡qué caramba!, siempre es menos molesto que ir a Arinenonville con la señora de Cambremer. La esposa de Swann se echó a reír. -Sabe usted, es una señora que dicen que ha estado muy enamorada de Carlos -me explicó con el mismo tono con que un momento antes me contestó hablando de Ver Meer de Delft, y al extrañarme yo de que conociera también a ese artista -Le diré: es que el señor se interesaba mucho por el pintor ese en la época que me hacía la corte, ¿verdad, Carlitos? -No hay que hablar a tontas y alocas de la señora de Cambremer dijo Swann, muy lisonjeado en el fondo. -No hago más que repetir lo que me han dicho. Además, según parece, es muy inteligente. Yo creo que es bastante pushing, lo cual en una mujer lista me extraña. Pero todo el mundo dice que ha estado loca por ti, cosa que no es para ofender. Swann se mantuvo en un mutismo de sordo, que era una especie de confirmación y una prueba de fatuidad. -Ya que lo que toco te recuerda al jardín de Aclimatación -prosiguió la señora de Swann, como dándose, en broma, por picada-, podríamos ir allí de paseó, si a este joven le gusta. Hace un tiempo muy hermoso y te volverás a encontrar con tus caras impresiones. Y a propósito del jardín de Aclimatación: ¿,sabes que este joven se imaginaba que queríamos mucho a una persona a quien dejo de saludar siempre que puedo, la señora Blatin? Me parece sumamente humillante para nosotros que pase por amiga nuestra. Imagínate que hasta el buen doctor Cottard, que nunca habla mal de nadie, declara que es infecta -¡Qué horror! No tiene en su abono más que el parecerse a Savonarola. Es exactamente el retrato de Savonarola por Fra Bartolomeo. Esa manía de Swann de encontrar parecidos en la pintura era cosa defendible, porque hasta lo que nosotros llamamos la expresión individual es –como puede uno observar con tanta tristeza cuando está enamorado y quiere creer en la realidad única del individuo muy general y ha podido encontrarse en diferentes épocas. Pero de haber hecho caso a Swann, la cabalgata de los Reyes Magos, va tan anacrónicos cuando Benozzo Gozzoli metió allí a los Médicis, aun lo sería mucho más porque de ella formarían parte los retratos de una infinidad ole hombres contemporáneos no ya de Gozzoli, sino de Swann, esto es, posteriores en más de quince siglos a la Natividad y en más de cuatro al mismo pintor. Según Swann; no faltaba un solo parisiense notable en aquella cabalgata, lo mismo que en ese acto de una obra de Sardou en que por amistad al autor y a la intérprete principal, y también por moda, todas las notabilidades de París, médicos célebres y abogados, salieron a escena uno cada noche, para divertirse. -Pero ¿y qué tiene que ver esa señora con el jardín de Aclimatación? -¡Muchísimo! ¿Es que te imaginas, Odette, que tiene el trasero azul, como los monos? -¡Carlos, qué impertinente eres! No, estaba pensando en lo que le dijo el cingalés. Cuéntaselo. Es realmente una “frase”. -No, es una tontería. Ya sabe usted que a esa señora le gusta hablar con todo el mundo dándose aires de amabilidad y sobre todo de protección. -Lo que nuestros vecinos del Támesis llaman patronising -interrumpió Odette. -Pues hace poco fue al jardín de Aclimatación, donde ahora hay unos negros cingaleses, creo, según dice mi mujer, que está más fuerte que yo en etnografía. -¡Vamos, Carlos, no te burles! -¡Pero si no me burlo! Bueno, pues se dirige a uno de ellos y le dice: “¡Hola negrito!" ¡No es nada! -El caso es que al negro le gustó el calificativo, -Y entonces le contestó, todo furioso: “¿Negrito yo? Pues tú, pues tú, camello”. -¿Verdad que es muy divertido? Me gusta muchísimo esa historia. Es de las buenas. Ve uno tan bien a la señora Blatin y al negro que dice: “¡Tú, camello!" Yo manifesté vivísimos deseos de ir a ver a aquellos cingaleses, uno de los cuales llamó camello a la señora Blatin. No es que me importaran nada. Pero pensé que para ir al Jardín de Aclimatación, y a la vuelta, tendríamos que cruzar la avenida de las Acacias, donde tanto había yo admirado a la señora de Swann, y que quizá aquel mulato amigo de Coquelin, al que nunca pude mostrarme en el momento de saludar a la esposa de Swann, me vería sentado junto a ella en el fondo de una victoria.
Pendant ces minutes où Gilberte partie se préparer, n′était pas dans le salon avec nous, M. et Mme Swann se plaisaient à me découvrir les rares vertus de leur fille. Et tout ce que j′observais semblait prouver qu′ils disaient vrai; je remarquais que, comme sa mère me l′avait raconté, elle avait non seulement pour ses amies, mais pour les domestiques, pour les pauvres, des attentions délicates, longuement méditées, un désir de faire plaisir, une peur de mécontenter, se traduisant par de petites choses qui souvent lui donnaient beaucoup de mal. Elle avait fait un ouvrage pour notre marchande des Champs-Élysées et sortit par la neige, pour le lui remettre elle-même et sans un jour de retard. — «Vous n′avez pas idée de ce qu′est son cur, car elle le cache», disait son père. Si jeune, elle avait l′air bien plus raisonnable que ses parents. Quand Swann parlait des grandes relations de sa femme, Gilberte détournait la tête et se taisait, mais sans air de blâme, car son père ne lui paraissait pas pouvoir être l′objet de la plus légère critique. Un jour que je lui avais parlé de Mlle Vinteuil, elle me dit: Entré tanto, Gilberta había ido a vestirse y no estaba en el salón con nosotros, y los Swann se placían en descubrirme las raras virtudes de su hija. Y todo lo que yo observaba me parecía probar que decían verdad; yo noté que, tal como su madre me lo dijo, Gilberta tenía no sólo con sus amigas, sino con los criados, con los pobres, atenciones delicadas y muy premeditadas, gran deseo de agradar y miedo a no dejar contenta a la gente, lo cual se traducía en menudencias que muchas veces le daban mucho trabajo. Hizo una labor con destino a nuestra vendedora de los Campos Elíseos, y para llevársela salió un día que nevaba, por no perder tiempo. -No tiene usted idea del corazón que tiene porque lo oculta dijo su padre. Ya tan joven, parecía tener más juicio que sus padres. Cuando Swann hablaba de las grandes relaciones de su esposa. Gilberta volvía la cabeza a otro lado, pero sin aire de censura, porque le parecía que su padre no podía ser blanco de la mas leve crítica. Un día le hablé yo de la señorita de Vinteuil, y me contestó
— «Jamais je ne la connaîtrai, pour une raison, c′est qu′elle n′était pas gentille pour son père, à ce qu′on dit, elle lui faisait de la peine. Vous ne pouvez pas plus comprendre cela que moi, n′est-ce pas, vous qui ne pourriez sans doute pas plus survivre à votre papa que moi au mien, ce qui est du reste tout naturel. Comment oublier jamais quelqu′un qu′on aime depuis toujours.» -No quiero conocerla nunca, por una razón, y es que no fue buena con su padre y, a lo que dicen, lo hizo sufrir mucho. Usted no podrá concebir eso, ¿verdad?, como me pasa a mí, porque a usted le parecerá que no puede sobrevivir uno a su padre; eso me pasa a mí con el mío, cosa muy natural. ¡Cómo se va a olvidar a una persona que ha querido uno siempre!
Et une fois qu′elle était plus particulièrement câline avec Swann, comme je le lui fis remarquer quand il fut loin: Cierta vez estuvo más mimosa que de costumbre con su padre; yo se lo dije cuando Swann se hubo ido, y ella me respondió:
— «Oui, pauvre papa, c′est ces jours-ci l′anniversaire de la mort de son père. Vous pouvez comprendre ce qu′il doit éprouver, vous comprenez cela, vous, nous sentons de même sur ces choses-là. Alors, je tâche d′être moins méchante que d′habitude.» — «Mais il ne vous trouve pas méchante, il vous trouve parfaite.» — «Pauvre papa, c′est parce qu′il est trop bon.» -Sí; ¡pobrecillo! Es que por estos días hace años que se le murió su padre. Ya puede usted figurarse lo que sufrirá; usted lo comprende porque tenemos los mismos sentimientos para estas cosas. Y por eso hago por ser menos mala que de ordinario. -Pero a su padre no le parece usted mala; al contrario, intachable. -¡Pobre papá, es que es muy bueno!
Ses parents ne me firent pas seulement l′éloge des vertus de Gilberte — cette même Gilberte qui même avant que je l′eusse jamais vue m′apparaissait devant une église, dans un paysage de l′Ile-de-France et qui ensuite m′évoquant non plus mes rêves, mais mes souvenirs, était toujours devant la haie d′épines roses, dans le raidillon que je prenais pour aller du côté de Méséglise. — Comme j′avais demandé à Mme Swann, en m′efforçant de prendre le ton indifférent d′un ami de la famille, curieux des préférences d′une enfant, quels étaient parmi les camarades de Gilberte ceux qu′elle aimait le mieux, Mme Swann me répondit: Sus padres no sólo me hicieron el elogio de las virtudes de Gilberta, de esa misma Gilberta que antes de haberla visto se me aparecía delante de una iglesia, en un paisaje de la Isla de Francia, y que luego, cuando ya no evocaba sólo mis sueños, sino mis recuerdos, veía yo siempre en el sendero que tomaba para ir por el lado de Méséglise, teniendo por fondo el seto de espinos rosas. Como preguntara yo a la señora de Swann, esforzándome por adoptar el tono de indiferencia de un amigo de la familia que siente curiosidad por saber cuáles son las preferencias de un niño, cuál de los amigos de Gilberta era el preferido suyo, la señora Swann me contestó
— «Mais vous devez être plus avancé que moi dans ses confidences, vous qui êtes le grand favori, le grand crack comme disent les Anglais.» -Pero si a usted le debe hacer más confidencias que a mí; es usted su gran favorito, su gran crack, como dicen los ingleses.
Sans doute dans ces coî­£idences tellement parfaites, quand la réalité se replie et s′applique sur ce que nous avons si longtemps rêvé, elle nous le cache entièrement, se confond avec lui, comme deux figures égales et superposées qui n′en font plus qu′une, alors qu′au contraire, pour donner à notre joie toute sa signification, nous voudrions garder à tous ces points de notre désir, dans le moment même où nous y touchons, — et pour être plus certain que ce soit bien eux — le prestige d′être intangibles. Et la pensée ne peut même pas reconstituer l′état ancien pour le confronter au nouveau, car elle n′a plus le champ libre: la connaissance que nous avons faite, le souvenir des premières minutes inespérées, les propos que nous avons entendus, sont là qui obstruent l′entrée de notre conscience, et commandent beaucoup plus les issues de notre mémoire que celles de notre imagination, ils rétroagissent davantage sur notre passé que nous ne sommes plus maîtres de voir sans tenir compte d′eux, que sur la forme, restée libre, de notre avenir. J′avais pu croire pendant des années qu′aller chez Mme Swann était une vague chimère que je n′atteindrais jamais; après avoir passé un quart d′heure chez elle, c′est le temps où je ne la connaissais pas qui était devenu chimérique et vague comme un possible que la réalisation d′un autre possible a anéanti. Comment aurais-je encore pu rêver de la salle à manger comme d′un lieu inconcevable, quand je ne pouvais pas faire un mouvement dans mon esprit sans y rencontrer les rayons infrangibles qu′émettait à l′infini derrière lui, jusque dans mon passé le plus ancien, le homard à l′américaine que je venais de manger? Et Swann avait dû voir, pour ce qui le concernait lui-même se produire quelque chose d′analogue: car cet appartement où il me recevait pouvait être considéré comme le lieu où étaient venus se confondre, et coî­£ider, non pas seulement l′appartement idéal que mon imagination avait engendré, mais un autre encore, celui que l′amour jaloux de Swann, aussi inventif que mes rêves, lui avait si souvent décrit, cet appartement commun à Odette et à lui qui lui était apparu si inaccessible, tel soir où Odette l′avait ramené avec Forcheville prendre de l′orangeade chez elle; et ce qui était venu s′absorber, pour lui, dans le plan de la salle à manger où nous déjeunions, c′était ce paradis inespéré où jadis il ne pouvait sans trouble, imaginer qu′il aurait dit à leur maître d′hôtel ces mêmes mots: «Madame est-elle prête?», que je lui entendais prononcer maintenant avec une légère impatience mêlée de quelque satisfaction d′amour-propre. Pas plus que ne le pouvait sans doute Swann, je n′arrivais à connaître mon bonheur et quand Gilberte elle-même s′écriait: «Qu′est-ce qui vous aurait dit que la petite fille que vous regardiez, sans lui parler, jouer aux barres, serait votre grande amie chez qui vous iriez tous les jours où cela vous plairait», elle parlait d′un changement que j′étais bien obligé de constater du dehors, mais que je ne possédais pas intérieurement, car il se composait de deux états que je ne pouvais, sans qu′ils cessassent d′être distincts l′un de l′autre, réussir à penser à la fois. Indudablemente, en esas coincidencias tan perfectas, cuando la realidad se repliega y va a aplicarse sobre lo que fue por tanto tiempo objeto de nuestras ilusiones, nos lo oculta enteramente, se confunde con ello, como dos figuras iguales superpuestas que ya no forman más que una; precisamente cuando nosotros querríamos, por el contrario, para dar a nuestra alegría su plena significación conservar a todos esos hitos de nuestro deseo, en el momento mismo que vamos a tocarlos -y con objeto de estar más seguros de que son elloss el prestigio de ser intangibles. Y ya el pensamiento ni siquiera es capaz de reconstituir el estado anterior para confrontarlo con el nuevo, porque no tiene el campo libre; la amistad que hemos hecho, el recuerdo de los primeros minutos inesperados, las frases que oímos, están ahí plantados obstruyendo la entrada de nuestra conciencia, y dominan mucho más las embocaduras de nuestra memoria que las de nuestra imaginación, reaccionando en mayor grado sobre nuestro pasado, que ya no somos dueños de ver sin que todo eso se interponga sobre la forma, aún libre, de nuestro porvenir. Yo pude estarme muchos años creyendo que ir a casa de la señora Swann era vaga quimera eternamente inaccesible; pero después de haber pasado un cuarto de hora en su casa lo quimérico y vago era ya el tiempo en que no la conocía, como una posibilidad aniquilada por la realización de otra. ¿Cómo era posible que yo me imaginara el comedor de la casa cual lugar inconcebible, cuando no podía hacer un movimiento mental sin tropezarme con los rayos infrangibles que tras mi ánimo irradiaba hasta el infinito, hasta lo más recóndito de mi pasado, la langosta a la americana que acababa de comer allí? Y a Swann debió de pasarle con lo suyo cosa análoga; porque este cuarto donde me recibía podía considerarse como el lugar donde fueron a confundirse y coincidir, no tan sólo el cuarto ideal que mi imaginación había creado, sino otro además, aquel que el celoso amor de Swann, tan fecundo inventor como mis ilusiones, le describió tantas veces, el cuarto de los dos, de Odette y suyo, que entrevió tan inaccesible la noche que Odette lo llevó con Forcheville a su casa a tomar una naranjada; y para él lo que había ido a absorberse en el ámbito del comedor donde almorzábamos era aquel paraíso inesperado, donde él antaño no podía soñarse con serenidad, diciendo al maestresala de ellos esas mismas palabras de: “¿Está ya la señora?”, que yo le oía decir ahora con una vaga impaciencia teñida de un tanto de amor propio y satisfecho. Yo no llegaba a darme cuenta de mi felicidad, como le debía de ocurrir a Swann con la suya, y cuando la misma Gilberta exclamaba: “¡Quién le iba a usted a decir que aquella muchachita que usted miraba jugar a justicias y ladrones, sin hablarle, sería gran amiga de usted y que podría usted ir a su casa siempre que quisiera!”, se refería con estas palabras a una mudanza que me era forzoso dar por realizada mirándola desde fuera, pero sin poseerla interiormente, porque se componía de dos estados, en los que yo nunca logré pensar simultáneamente sin que dejaran de ser distintos uno de otro.
Et pourtant cet appartement, parce qu′il avait été si passionnément désiré par la volonté de Swann, devait conserver pour lui quelque douceur, si j′en jugeais par moi pour qui il n′avait pas perdu tout mystère. Ce charme singulier dans lequel j′avais pendant si longtemps supposé que baignait la vie des Swann, je ne l′avais pas entièrement chassé de leur maison en y pénétrant; je l′avais fait reculer, dompté qu′il était par cet étranger, ce paria que j′avais été et à qui Mlle Swann avançait maintenant gracieusement pour qu′il y prit place, un fauteuil délicieux, hostile et scandalisé; mais tout autour de moi, ce charme, dans mon souvenir, je le perçois encore. Est-ce parce que, ces jours où M. et Mme Swann m′invitaient à déjeuner, pour sortir ensuite avec eux et Gilberte, j′imprimais avec mon regard, — pendant que j′attendais seul — sur le tapis, sur les bergères, sur les consoles, sur les paravents, sur les tableaux, l′idée gravée en moi que Mme Swann, ou son mari, ou Gilberte allaient entrer? Est-ce parce que ces choses ont vécu depuis dans ma mémoire à côté des Swann et ont fini par prendre quelque chose d′eux? Est-ce parce que sachant qu′ils passaient leur existence au milieu d′elles, je faisais de toutes comme les emblèmes de leur vie particulière, de leurs habitudes dont j′avais été trop longtemps exclu pour qu′elles ne continuassent pas à me sembler étrangères même quand on me fit la faveur de m′y mêler? Toujours est-il que chaque fois que je pense à ce salon que Swann (sans que cette critique impliquât de sa part l′intention de contrarier en rien les goûts de sa femme), trouvait si disparate — parce que tout conçu qu′il était encore dans le goût moitié serre, moitié atelier qui était celui de l′appartement où il avait connu Odette, elle avait pourtant commencé à remplacer dans ce fouillis nombre des objets chinois qu′elle trouvait maintenant un peu «toc», bien «à côté», par une foule de petits meubles tendus de vieilles soies Louis XIV (sans compter les chefs-d′uvre apportés par Swann de l′hôtel du quai d′Orléans), il a au contraire dans mon souvenir, ce salon composite, une cohésion, une unité, un charme individuel que n′ont jamais même les ensembles les plus intacts que le passé nous ait légués, ni les plus vivants où se marque l′empreinte d′une personne: car nous seuls pouvons, par la croyance qu′elles ont une existence à elles, donner à certaines choses que nous voyons une âme qu′elles gardent ensuite et qu′elles développent en nous. Toutes les idées que je m′étais faites des heures, différentes de celles qui existent pour les autres hommes, que passaient les Swann dans cet appartement qui était pour le temps quotidien de leur vie ce que le corps est pour l′âme, et qui devait en exprimer la singularité, toutes ces idées étaient réparties, amalgamées, — partout également troublantes et indéfinissables — dans la place des meubles, dans l′épaisseur des tapis, dans l′orientation des fenêtres, dans le service des domestiques. Quand après le déjeuner, nous allions, au soleil, prendre le café, dans la grande baie du salon, tandis que Mme Swann me demandait combien je voulais de morceaux de sucre dans mon café, ce n′était pas seulement le tabouret de soie qu′elle poussait vers moi qui dégageait avec le charme douloureux que j′avais perçu autrefois — sous l′épine rose, puis à côté du massif de lauriers — dans le nom de Gilberte, l′hostilité que m′avaient témoignée ses parents et que ce petit meuble semblait avoir si bien sue et partagée que je ne me sentais pas digne, et que je me trouvais un peu lâche d′imposer mes pieds à son capitonnage sans défense; une âme personnelle le reliait secrètement à la lumière de deux heures de l′après-midi, différente de ce qu′elle était partout ailleurs dans le golfe où elle faisait jouer à nos pieds ses flots d′or parmi lesquels les canapés bleuâtres et les vaporeuses tapisseries émergeaient comme des îles enchantées; et il n′était pas jusqu′au tableau de Rubens accroché au-dessus de la cheminée qui ne possédât lui aussi le même genre et presque la même puissance de charme que les bottines à lacets de M. Swann et ce manteau à pèlerine dont j′avais tant désiré porter le pareil et que maintenant Odette demandait à son mari de remplacer par un autre, pour être plus élégant, quand je leur faisais l′honneur de sortir avec eux. Elle allait s′habiller elle aussi, bien que j′eusse protesté qu′aucune robe «de ville» ne vaudrait à beaucoup près la merveilleuse robe de chambre de crêpe de Chine ou de soie, vieux rose, cerise, rose Tiepolo, blanche, mauve, verte, rouge, jaune unie ou à dessins, dans laquelle Mme Swann avait déjeuné et qu′elle allait ôter. Quand je disais qu′elle aurait dû sortir ainsi, elle riait, par moquerie de mon ignorance ou plaisir de mon compliment. Elle s′excusait de posséder tant de peignoirs parce qu′elle prétendait qu′il n′y avait que là-dedans qu′elle se sentait bien et elle nous quittait pour aller mettre une de ces toilettes souveraines qui s′imposaient à tous, et entre lesquelles pourtant j′étais parfois appelé à choisir celle que je préférais qu′elle revêtit. Y, sin embargo, aquel cuarto que la voluntad de Swann anheló con tanta pasión aun debía de conservar para él algunas dulzuras, a juzgar por lo que me ocurría, porque para mí no había perdido todo su misterio. Al entrar en casa de Gilberta no ahuyenté yo de allí la singular seducción en que por tanto tiempo supuse que se bañaba la vida de los Swann; la hice retroceder, porque estaba domada al presente por ese extraño, ese paria que yo era antes, y al que ahora ofrecía graciosamente la señora de Swann, para que tomara asiento, un sillón delicioso, hostil escandalizado; pero en el recuerdo, aun sigo percibiendo en torno mío la seducción aquella. ¿Será porque los días que me invitaban a almorzar para salir luego con Gilberta y con ellos imprimía yo con mi mirada - mientras que estaba solo, esperando- en la alfombra, en las butacas, en las consolas, en los biombos y en los cuadros la idea, en mi grabada, de que la señora de Swann, o su marido, o Gilberta, estaban a punto de entrar? ¿Será porque desde entonces esas cosas han vivido en mi memoria junto a Swann y acabaron por tomar algo de ellos? ¿Será porque en mi conciencia de que los Swann pasaban sus días en medio de esas cosas las convertía yo todas en algo como emblemas de su vida particular y de sus costumbres, de aquellas sus costumbres de las que estuve excluido tanto tiempo, que hasta cuando me hicieron el favor de entremezclarme a ellas seguían pareciéndome extrañas? Ello es que cada vez que pienso en este salón, que a Swann le parecía (sin que esa crítica implicara en ningún caso intención de contrariar los gustos de su mujer) tan abigarrado, porque aunque fue concebido con arreglo al tipo, medio estufa, medio estudio, del cuarto donde conoció a Odette, luego ella empezó a sustituir aquella mezcolanza de objetos chinos, que ahora juzgaba un tanto “de relumbrón” y de “segunda fila”, por innumerables mueblecillos forrados de sederías antiguas , sin contar las admirables obras de arte que se trajo Swann de la casona del muelle de Orleáns; ese salón, digo, tan compuesto cobra en mi memoria particular cohesión, unidad y encanto, tales como nunca los tuvieron para mí los más intactos conjuntos que nos ha legado el pasado, ni esos otros, aún vivos, donde se graba la huella de un individuo; porque sólo nosotros podemos dar a ciertas cosas, gracias a la creencia de que tienen una existencia aparte, un alma que luego esas cosas conservan y desarrollan en nosotros mismos. Todas las figuraciones que yo me había hecho de las horas, distintas de las que transcurren para los demás humanos, que los Swann pasaban en ese cuarto, que era respecto al tiempo cotidiano de su vida lo que el cuerpo es al alma, y que debía de expresar su singular calidad, todas esas ideas estaban repartidas y amalgamadas – inquietantes e indefinibles por doquier –en el emplazamiento de los muebles, en el espesor de las alfombras, en la orientación de las ventanas y en el servicio doméstico. Cuando, acabado el almuerzo, nos íbamos a sentar junto al gran ventanal del salón, mientras que la señora de Swann me preguntaba cuántos terrones quería en el café, no era solamente el taburete de seda que ella empujaba hacia mí el que exhalaba, juntamente con la dolorosa seducción que yo antaño sintiera, en el nombre de Gilberta, primero junto al espino rosa y luego junto al macizo de laureles, la hostilidad que me mostraron sus padres, tan bien percibida y compartida al parecer por este mueblecillo, que a mí me parecía una cobardía imponer mis pies a su acolchado ser indefenso: un alma personal lo enlazaba secretamente con la luz de las dos de la tarde, tan distinta de lo que era en cualquier otra parte en aquel golfo donde movía a nuestros pies sus olas de oro, entre las que sobresalían los azulosos canapés y los vaporosos tapices como islas encantadas; y hasta el cuadro de Rubens colgado encima de la chimenea tenía ese género y casi esa potencia de seducción que las botas de cordones del señor Swann y que su abrigo con esclavina, que me inspiraba vivos deseos de tener uno igual, y que ahora Odette decía a su marido que reemplazara por otro, para estar más elegante, cuando yo les hacía el honor de acompañarlos. Iba ella a vestirse, aunque yo hacía protestas de que ningún traje de calle igualaría, ni con mucho, a la maravillosa bata de crespón de China o de seda, color rosa viejo, cereza, rosa Tiépolo, blanco, malva, verde, rojo, amarillo liso y con dibujos, con la que almorzó la señora de Swann, y que se iba a quitar ahora. Cuando yo le decía que debía salir así se reía ella, por burla de mi ignorancia o por agrado de mi cumplido. Se excusaba de tener tantas batas porque decía que sólo dentro de una bata se sentía bien, y nos dejaba para ir a vestirse uno de aquellos soberanos trajes que se imponían a todo el mundo; y a veces yo era el llamado a escoger entre todos cuál debía ponerse.
Au Jardin d′Acclimatation, que j′étais fier quand nous étions descendus de voiture de m′avancer à côté de Mme Swann! Tandis que dans sa démarche nonchalante elle laissait flotter son manteau, je jetais sur elle des regards d′admiration auxquels elle répondait coquettement par un long sourire. Maintenant si nous rencontrions l′un ou l′autre des camarades, fille ou garçon, de Gilberte, qui nous saluait de loin, j′étais à mon tour regardé par eux comme un de ces êtres que j′avais enviés, un de ces amis de Gilberte qui connaissaient sa famille et étaient mêlés à l′autre partie de sa vie, celle qui ne se passait pas aux Champs-Élysées. ¡Y qué orgulloso iba yo por el jardín de Aclimatación cuando bajábamos del coche, andando al lado de la señora de Swann! Ella marchaba con andar lánguido, flotante el abrigo, y yo le lanzaba ojeadas de admiración, a las que me respondía coquetonamente su dilatada sonrisa. Y si ahora nos cruzábamos con algún amigo o amiga de juego de Gilberta, que nos saludaba a distancia, me miraban ellos como a uno de esos seres que antes me daban tanta envidia, uno de esos amigos de Gilberta que conocían a su familia y participaban en la otra parte de su vida, en la parte que no transcurría en los Campos Elíseos.
Souvent dans les allées du Bois ou du Jardin d′Acclimatation nous croisions, nous étions salués par telle ou telle grande dame amie de Swann, qu′il lui arrivait de ne pas voir et que lui signalait sa femme. «Charles, vous ne voyez pas Mme de Montmorency?» et Swann, avec le sourire amical dû à une longue familiarité se découvrait pourtant largement avec une élégance qui n′était qu′à lui. Quelquefois la dame s′arrêtait, heureuse de faire à Mme Swann une politesse qui ne tirait pas à conséquence et de laquelle on savait qu′elle ne chercherait pas à profiter ensuite, tant Swann l′avait habituée à rester sur la réserve. Elle n′en avait pas moins pris toutes les manières du monde, et si élégante et noble de port que fût la dame, Mme Swann, l′égalait toujours en cela; arrêtée un moment auprès de l′amie que son mari venait de rencontrer, elle nous présentait avec tant d′aisance, Gilberte et moi, gardait tant de liberté et de calme dans son amabilité, qu′il eût été difficile de dire de la femme de Swann ou de l′aristocratique passante, laquelle des deux était la grande dame. Le jour où nous étions allés voir les Cynghalais, comme nous revenions, nous aperçûmes, venant dans notre direction et suivie de deux autres qui semblaient l′escorter, une dame âgée, mais encore belle, enveloppée dans un manteau sombre et coiffée d′une petite capote attachée sous le cou par deux brides. «Ah! voilà quelqu′un qui va vous intéresser», me dit Swann. La vieille dame, maintenant à trois pas de nous souriait avec une douceur caressante. Swann se découvrit, Mme Swann s′abaissa en une révérence et voulut baiser la main de la dame pareille à un portrait de Winterhalter qui la releva et l′embrassa. «Voyons, voulez-vous mettre votre chapeau, vous», dit-elle à Swann, d′une grosse voix un peu maussade, en amie familière. «Je vais vous présenter à Son Altesse Impériale», me dit Mme Swann. Swann m′attira un moment à l′écart pendant que Mme Swann causait du beau temps et des animaux nouvellement arrivés au Jardin d′Acclimatation, avec l′Altesse. «C′est la princesse Mathilde, me dit-il, vous savez, l′amie de Flaubert, de Sainte-Beuve, de Dumas. Songez, c′est la nièce de Napoléon 1er! Elle a été demandée en mariage par Napoléon III et par l′empereur de Russie. Ce n′est pas intéressant? Parlez-lui un peu. Mais je voudrais qu′elle ne nous fît pas rester une heure sur nos jambes.» «J′ai rencontré Taine qui m′a dit que la Princesse était brouillée avec lui, dit Swann.» «Il s′est conduit comme un cauchon, dit-elle d′une voix rude et en prononçant le mot comme si ç‘avait été le nom de l′évêque contemporain de Jeanne d′Arc. Après l′article qu′il a écrit sur l′Empereur je lui ai laissé une carte avec P.P.C.» J′éprouvais la surprise qu′on a en ouvrant la correspondance de la duchesse d′Orléans, née princesse Palatine. Et, en effet, la princesse Mathilde, animée de sentiments si français, les éprouvait avec une honnête rudesse comme en avait l′Allemagne d′autrefois et qu′elle avait hérités sans doute de sa mère wurtemburgeoise. Sa franchise un peu fruste et presque masculine, elle l′adoucissait, dès qu′elle souriait, de langueur italienne. Et le tout était enveloppé dans une toilette tellement second empire que bien que la princesse la portât seulement sans doute par attachement aux modes qu′elle avait aimées, elle semblait avoir eu l′intention de ne pas commettre une faute de couleur historique et de répondre à l′attente de ceux qui attendaient d′elle l′évocation d′une autre époque. Je soufflai à Swann de lui demander si elle avait connu Musset. «Très peu, monsieur, répondit-elle d′un air qui faisait semblant d′être fâché, et, en effet, c′était par plaisanterie qu′elle disait monsieur, à Swann, étant fort intime avec lui. Je l′ai eu une fois à dîner. Je l′avais invité pour sept heures. A sept heures et demie, comme il n′était pas là, nous nous mîmes à table. Il arriva à huit heures, me salua, s′assied, ne desserre pas les dents, part après le dîner sans que j′aie entendu le son de sa voix. Il était ivre-mort. Cela ne m′a pas beaucoup encouragée à recommencer.» Nous étions un peu à l′écart, Swann et moi. «J′espère que cette petite séance ne va pas se prolonger, me dit-il, j′ai mal à la plante des pieds. Aussi je ne sais pas pourquoi ma femme alimente la conversation. Après cela c′est elle qui se plaindra d′être fatiguée et moi je ne peux plus supporter ces stations debout.» Mme Swann en effet, qui tenait le renseignement de Mme Bontemps, était en train de dire à la princesse que le gouvernement comprenant enfin sa goujaterie, avait décidé de lui envoyer une invitation pour assister dans les tribunes à la visite que le tsar Nicolas devait faire le surlendemain aux Invalides. Mais la princesse qui malgré les apparences, malgré le genre de son entourage composé surtout d′artistes et d′hommes de lettres était restée au fond et chaque fois qu′elle avait à agir, nièce de Napoléon: «Oui, madame, je l′ai reçue ce matin et je l′ai renvoyée au ministre qui doit l′avoir à l′heure qu′il est. Je lui ai dit que je n′avais pas besoin d′invitation pour aller aux Invalides. Si le gouvernement désire que j′y aille, ce ne sera pas dans une tribune, mais dans notre caveau, où est le tombeau de l′empereur. Je n′ai pas besoin de cartes pour cela. J′ai mes clefs. J′entre comme je veux. Le gouvernement n′a qu′à me faire savoir s′il désire que je vienne ou non. Mais si j′y vais, ce sera là ou pas du tout.» A ce moment nous fûmes salués, Mme Swann et moi, par un jeune homme qui lui dit bonjour sans s′arrêter et que je ne savais pas qu′elle connût: Bloch. Sur une question que je lui posai, Mme Swann me dit qu′il lui avait été présenté par Mme Bontemps, qu′il était attaché au Cabinet du ministre, ce que j′ignorais. Du reste, elle ne devait pas l′avoir vu souvent — ou bien elle n′avait pas voulu citer le nom, trouvé peut-être par elle, peu «chic», de Bloch — car elle dit qu′il s′appelait M. Moreul. Je lui assurai qu′elle confondait, qu′il s′appelait Bloch. La princesse redressa une traîne qui se déroulait derrière elle et que Mme Swann regardait avec admiration. «C′est justement une fourrure que l′empereur de Russie m′avait envoyée, dit la princesse et comme j′ai été le voir tantôt, je l′ai mise pour lui montrer que cela avait pu s′arranger en manteau.» «Il paraît que le prince Louis s′est engagé dans l′armée russe, la princesse va être désolée de ne plus l′avoir près d′elle», dit Mme Swann qui ne voyait pas les signes d′impatience de son mari. «Il avait bien besoin de cela! Comme je lui ai dit: Ce n′est pas une raison parce que tu as eu un militaire dans ta famille», répondit la Princesse, faisant avec cette brusque simplicité, allusion à Napoléon 1er. Swann ne tenait plus en place. «Madame, c′est moi qui vais faire l′Altesse et vous demander la permission de prendre congé, mais ma femme a été très souffrante et je ne veux pas qu′elle reste davantage immobile.» Mme Swann refit la révérence et la princesse eut pour nous tous un divin sourire qu′elle sembla amener du passé, des grâces de sa jeunesse, des soirées de Compiègne et qui coula intact et doux sur le visage tout à l′heure grognon, puis elle s′éloigna suivie des deux dames d′honneur qui n′avaient fait, à la façon d′interprètes, de bonnes d′enfants, ou de gardes-malades que ponctuer notre conversation de phrases insignifiantes et d′explications inutiles. «Vous devriez aller écrire votre nom chez elle, un jour de cette semaine, me dit Mme Swann; on ne corne pas de bristol à toutes ces royautés, comme disent les Anglais, mais elle vous invitera si vous vous faites inscrire.» Muy frecuentemente, por los paseos del Bosque o del jardín de Aclimatación, nos cruzábamos y nos saludábamos con alguna gran señora amiga de Swann, el cual muchas veces no la veía y tenía que llamarle la atención su mujer: “Carlos, ¿no ves la señora de Montmorency?” Y Swann, sonriendo amistosamente como corresponde a una larga familiaridad, descubríase, sin embargo, rendidamente, con aquella elegancia que sólo él tenía. A veces la señora se paraba, aprovechando la ocasión para tener con la señora de Swann una fineza que no acarrearía consecuencias y de la que no intentaría Odette sacar partido, porque ya se sabía que Swann la tenía acostumbrada a una actitud de reserva. Pero Odette se había asimilado todos los modales del gran mundo, y por noble y elegante que fuese el porte de la dama, la señora de Swann siempre la igualaba; parada por un instante junto a esa amiga que se había encontrado su marido, nos presentaba con tanta naturalidad a Gilberta y a mi, ostentaba tal calma y tal desembarazo en su amabilidad, que hubiera sido difícil decidir cuál de las dos era la gran señora, si la aristocrática paseante o la mujer de Swann. El día que fuimos a ver a los cingaleses, a la vuelta vimos, caminando en dirección opuesta a la nuestra, a una dama de edad, pero aun guapa, envuelta en un abrigo de tono oscuro, tocada con una menuda capota atada al cuello por dos cintas; la seguían otras dos señoras, como dándole escolta: “¡Ah! -me dijo Swann-, ahí viene una persona que le interesará a usted”. La anciana, ya a tres pasos cortos de nosotros, nos sonreía con cariñosa dulzura; era muy parecida a un retrato de Winterhalter. Swann se descubrió, y su esposa hizo una profunda reverencia y quiso besar la mano de la dama, que la hizo incorporarse y la besó. -Vamos a ver si se pone usted el sombrero dijo a Swann con voz gruesa y un tanto áspera, en tono de amiga familiar. -Voy a presentarlo a Su Alteza Imperial -me dijo la señora de Swann. Swann me llevó aparte un momento, mientras su mujer hablaba con Su Alteza del tiempo y de los animales recién llegados al Jardín de Aclimatación. -Es la princesa Matilde -me dijo-. Ya sabe usted que fue amiga de Flaubert, de Sainte–Beuve y de Domas. ¡Imagínese usted, nieta de Napoleón I! Quisieron casarse con ella Napoleón III y el emperador de Rusia. ¿Es interesante, eh? Dígale usted algo. Pero no quisiera que nos tuviese aquí de plantón una hora. -Me he encontrado con Taine y me ha contado que Su Alteza está incomodada con él. -Se ha portado como un cochino (cochon) dijo con voz ruda y pronunciando la palabra como si fuera el nombre del arzobispo del tiempo de Juana de Arco (el arzobispo Cauchon)-. Después de ese artículo que ha escrito sobre el emperador le he dejado una tarjeta de despedida. Yo sentí la misma sorpresa que se tiene al abrir el epistolario de la duquesa de Orleáns, princesa palatina por nacimiento. Y en efecto, la princesa Matilde, de sentimientos muy franceses: los expresaba con honrada rudeza, como la que había en la Alemania antigua, heredada sin duda de su madre, wurtemburguesa. Pero en cuanto sonreía, su franqueza, un tanto ruda y casi masculina, dulcificábase de languidez italiana. Y el todo iba envuelto en un atavío tan Segundo Imperio, que aunque la princesa lo llevara indudablemente tan sólo por apego a las modas que le gustaron, parecía que su intención era la de no incurrir en una falta de color histórico y responder a las esperanzas de los que esperaban de ella la evocación de otra época. Apunté a Swann que le preguntara si había tratado a Musset. -Muy poco, caballero -contestó con aspecto de fingido enfado; y en efecto, era broma aquello de llamar caballero a Swann, con el que tenía mucha intimidad-. Lo tuve a cenar una noche. Lo había invitado para las siete. A las siete y media, como no había aparecido aún, nos pusimos a la mesa. Llega a los ocho, rime saluda, se sienta, no abre la boca, y se marcha cuando acaba la cena, sin que supiéramos cómo era su metal de voz. Estaba borracho perdido. Y eso no me dio muchas ganas de volver a las andadas. Swann y yo estábamos un poco aparte. -Espero que esta sesioncita no se prolongará -me dijo-, porque ya me duelen las plantas de los pies. Yo no sé por qué está mi mujer dando conversación. Luego ella será la que se queje de cansancio, y yo no puedo con estas paradas a pie quieto. En efecto, la señora de Swann, que lo sabía por la de Bontemps, estaba diciendo a la princesa que el Gobierno, comprendiendo por fin su grosería, había decidido mandarle una invitación para que asistiera desde una tribuna a la visita que el zar Nicolás habría de hacer a los Inválidos el siguiente día. Pero la princesa, que, a pesar de las apariencias y de su corte, compuesta principalmente de artistas y literatos, seguía siendo en el fondo nieta de Napoleón y lo manifestaba cuando llegaba el caso de acción, dijo: -Sí, señora, la recibí esta mañana y se la he devuelto al ministro, que ya la debe de tener en su poder. Le he dicho que para ir a los Inválidos yo no necesito invitación. -Si el Gobierno quiere que vaya, iré, pero no a una tribuna, sino a nuestro subterráneo, al panteón del emperador. Y para eso no necesito papeleta. Tengo las llaves y entro cuando quiero. El Gobierno no tiene más que decirme si quiere que vaya o no. Pero iré abajo o a ninguna parte. En aquel momento nos saludó a la señora de Swann y a mí un joven que dijo adiós sin pararse; yo no sabía que ella lo conocía. Era Bloch. Contestando a una pregunta mía, me dijo la señora Swann que se lo había presentado la señora de Bontemps, y que estaba agregado a la secretaría del ministro, cosa que yo ignoraba. No debía de haberlo visto muchas veces -o o acaso no quiso citar el nombre de Bloch por parecerle poco chic-, porque dijo que se llamaba Moreul. Yo le aseguré que estaba confundida y que se llamaba Bloch. La princesa se recogió una cola que le arrastraba, y a la que miraba con admiración la señora de Swann. -Es precisamente una piel que me mandó el emperador de Rusia dijo la princesa-, y como he ido a verlo ahora, me la he puesto para que viera cómo la he podido arreglar para abrigo. -Dicen que el príncipe Luis se ha alistado en el ejército ruso Su Alteza sentirá muchísimo no tenerlo va a su lado dijo la señora de Swann, que no advertía las señales de impaciencia de su marido. -¡Qué falta le hacía eso! Es lo que yo dije: No es motivo para hacer eso el haber tenido un militar en la familia -respondió la princesa, haciendo alusión con tan brusca sencillez a Napoleón I. Swann ya no podía más. -Señora, voy a ser yo el que haga de Alteza y a pedirle permiso para retirarnos; pero mi mujer ha estado bastante mala y no quiero que esté parada más tiempo. La señora de Swann volvió a hacer su reverencia, y la princesa nos dedicó a todos una sonrisa divina, que pareció sacar del pasado, de las gracias de su mocedad, de las noches de Compiégne, sonrisa que se deslizó intacta y suave por aquel rostro, huraño un momento antes; y se alejó seguida de las dos damas de honor, que, al modo de intérpretes, de enfermeras o de niñeras, no hicieron más que salpicar nuestra conversación con frases insignificantes y explicaciones inútiles. -Debía usted ir a inscribirse a su casa un día de esta semana -me dijo la señora de Swann a estas realezas, como dicen los ingleses, no se les dobla el pico de la tarjeta; pero lo invitará a usted si se apunta.
Parfois dans ces derniers jours d′hiver, nous entrions avant d′aller nous promener dans quelqu′une des petites expositions qui s′ouvraient alors et où Swann, collectionneur de marque, était salué avec une particulière déférence par les marchands de tableaux chez qui elles avaient lieu. Et par ces temps encore froids, mes anciens désirs de partir pour le Midi et Venise étaient réveillés par ces salles où un printemps déjà avancé et un soleil ardent mettaient des reflets violacés sur les Alpilles roses et donnaient la transparence foncée de l′émeraude au Grand Canal. S′il faisait mauvais nous allions au concert ou au théâtre et goûter ensuite dans un «Thé». Dès que Mme Swann voulait me dire quelque chose qu′elle désirait que les personnes des tables voisines ou même les garçons qui servaient ne comprissent pas, elle me le disait en anglais comme si c′eût été un langage connu de nous deux seulement. Or tout le monde savait l′anglais, moi seul je ne l′avais pas encore appris et étais obligé de le dire à Mme Swann pour qu′elle cessât de faire sur les personnes qui buvaient le thé ou sur celles qui l′apportaient, des réflexions que je devinais désobligeantes sans que j′en comprisse, ni que l′individu visé en perdît un seul mot. En estos últimos días del invierno solíamos entrar antes de ir de paseo en alguna de las exposiciones particulares que por entonces se abrían; los marchantes de cuadros, propietarios de los locales donde se celebraban las exposiciones, saludaban con especial deferencia a Swann, reputado como un coleccionista de importancia. Y en aquellos días, fríos aún, despertábanme de nuevo los viejos deseos de marcharme hacia el Mediodía o Venecia aquellas salas donde reinaban una primavera ya bien entrada y un sol ardiente que ponían violáceos reflejos en los rosados Alpilles y daban al Gran Canal una obscura transparencia de esmeralda. Cuando hacía mal tiempo íbamos al concierto o al teatro, y luego a merendar. Cada vez que la señora de Swann deseaba decirme alguna cosa de la que no quería -que se enterasen las personas sentadas alrededor o los camareros, me lo decía en inglés, como si fuera ese idioma del exclusivo conocimiento de nosotros dos; pero resultaba que todo el mundo sabía inglés menos yo, que aun no lo había estudiado, y así tenía que decírselo a la señora de Swann para que cesara en aquellas reflexiones referentes a las personas que tomaban el té o lo servían, reflexiones que suponía yo serían desagradables, sin entenderlas y de las que no perdía ni una palabra el individuo aludido.
Une fois à propos d′une matinée théâtrale, Gilberte me causa un étonnement profond. C′était justement le jour dont elle m′avait parlé d′avance et où tombait l′anniversaire de la mort de son grand-père. Nous devions elle et moi, aller entendre avec son institutrice, les fragments d′un opéra et Gilberte s′était habillée dans l′intention de se rendre à cette exécution musicale, gardant l′air d′indifférence qu′elle avait l′habitude de montrer pour la chose que nous devions faire, disant que ce pouvait être n′importe quoi pourvu que cela me plût et fût agréable à ses parents. Avant le déjeuner, sa mère nous prit à part pour lui dire que cela ennuyait son père de nous voir aller au concert ce jour-là. Je trouvai que c′était trop naturel. Gilberte resta impassible mais devint pâle d′une colère qu′elle ne put cacher, et ne dit plus un mot. Quand M. Swann revint, sa femme l′emmena à l′autre bout du salon et lui parla à l′oreille. Il appela Gilberte, et la prit à part dans la pièce à côté. On entendit des éclats de voix. Je ne pouvais cependant pas croire que Gilberte, si soumise, si tendre, si sage, résistât à la demande de son père, un jour pareil et pour une cause si insignifiante. Enfin Swann sortit en lui disant: Una vez, Gilberta, con motivo teatro, me causó una profunda de una función de tarde en un teatro, me causó una profunda sorpresa. Ella ya me había hablado antes de ese día, que era precisamente el aniversario de la muerte de su abuelo. Ibamos a ir los dos, con su institutriz, a oír unos fragmentos de ópera, y Gilberta se vistió con intención de ir a ese concierto, y se mantenía en aquella actitud de indiferencia que solía mostrar por lo que íbamos a hacer, diciendo que no le importaba lo que fuese con tal de que a mi me agradara y diera gusto a sus padres. Antes de almorzar, su madre nos llamó aparte para decirle que a su padre no le gustaba que fuéramos al concierto en un día como aquel. A mí me pareció muy natural. Gilberta permaneció impasible, pero se puso pálida de cólera, sin poder disimularlo, y no tornó a pronunciar una palabra. Cuando Swann volvió a casa su mujer se lo llevó al otro extremo del salón y le estuvo hablando al oído. Swann llamó a Gilberta y los dos se fueron a la habitación de al lado. Se oyó hablar fuerte, pero yo me negaba a creer que Gilberta, tan obediente, tan cariñosa y juiciosa, se resistiera a lo que su padre le pedía en un día como ése y por cause tan insignificante. Por fin Swann salió diciendo:
— «Tu sais ce que je t′ai dit. Maintenant, fais ce que tu voudras.» –Ya sabes lo que te he dicho. Ahora, tú haces lo que quieras.
La figure de Gilberte resta contractée pendant tout le déjeuner, après lequel nous allâmes dans sa chambre. Puis tout d′un coup, sans une hésitation et comme si elle n′en avait eue à aucun moment: Deux heures! s′écria-t-elle, mais vous savez que le concert commence à deux heures et demie. Et elle dit à son institutrice de se dépêcher. Gilberta siguió con la cara tiesa durante todo el almuerzo y luego fuimos a su cuarto. De pronto, sin vacilar, como si no hubiese tenido un momento de duda, exclamó –¡Las dos! Ya sabe usted que el concierto empieza a las dos y media. Y metió prisa a la institutriz.
— «Mais, lui dis-je, est-ce que cela n′ennuie pas votre père?» Yo le dije: –¿Pero no se molestará su padre de usted?
— «Pas le moins du monde.» –No, nada de eso.
— «Cependant, il avait peur que cela ne semble bizarre à cause de cet anniversaire.» –Pues parece que tenía miedo de que pareciese raro que fuera usted al teatro en un día así.
— «Qu′est-ce que cela peut me faire ce que les autres pensent. Je trouve ça grotesque de s′occuper des autres dans les choses de sentiment. On sent pour soi, pas pour le public. Mademoiselle qui a peu de distractions se fait une fête d′aller à ce concert, je ne vais pas l′en priver pour faire plaisir au public.» –¿Y qué me puede a mí importar lo que piensen los demás? Me parece grotesco eso de ponerse a pensar en los demás cuando se trata de cuestiones de sentimiento. Uno siente para sí y no para el público. La institutriz tiene muy pocas distracciones, y para ella es una fiesta ir al concierto; no lo voy a privar de eso para dar satisfacción a la galería.
Elle prit son chapeau. Y cogió su sombrero.
— «Mais Gilberte, lui dis-je en lui prenant le bras, ce n′est pas pour faire plaisir au public, c′est pour faire plaisir à votre père.» –Pero, Gilberta –le dije yo, agarrándola del brazo–, no es por dar gusto a la galería, es por dar gusto a su padre de usted.
— «Vous n′allez pas me faire d′observations, j′espère, me cria-t-elle, d′une voix dure et en se dégageant vivement.» –Creo que no va usted a venirme ahora con observaciones –me gritó con dureza y soltándose vivamente.
Faveur plus précieuse encore que de m′emmener avec eux au Jardin d′Acclimatation ou au concert, les Swann ne m′excluaient même pas de leur amitié avec Bergotte, laquelle avait été à l′origine du charme que je leur avais trouvé quand, avant même de connaître Gilberte, je pensais que son intimité avec le divin vieillard eût fait d′elle pour moi la plus passionnante des amies, si le dédain que je devais lui inspirer ne m′eût pas interdit l′espoir qu′elle m′emmenât jamais avec lui visiter les villes qu′il aimait. Or, un jour, Mme Swann m′invita à un grand déjeuner. Je ne savais pas quels devaient être les convives. En arrivant, je fus, dans le vestibule, déconcerté par un incident qui m′intimida. Mme Swann manquait rarement d′adopter les usages qui passent pour élégants pendant une saison et ne parvenant pas à se maintenir sont bientôt abandonnés (comme beaucoup d′années auparavant elle avait eu son «hansom cab», ou faisait imprimer sur une invitation à déjeuner que c′était «to meet» un personnage plus ou moins important). Souvent ces usages n′avaient rien de mystérieux et n′exigeaient pas d′initiation. C′est ainsi que, mince innovation de ces années-là et importée d′Angleterre, Odette avait fait faire à son mari des cartes où le nom de Charles Swann était précédé de «Mr». Après la première visite que je lui avais faite, Mme Swann avait corné chez moi un de ces «cartons» comme elle disait. Jamais personne ne m′avait déposé de cartes; je ressentis tant de fierté, d′émotion, de reconnaissance, que réunissant tout ce que je possédais d′argent, je commandais une superbe corbeille de camélias et l′envoyai à Mme Swann. Je suppliai mon père d′aller mettre une carte chez elle, mais de s′en faire vite graver d′abord où son nom fût précédé de «Mr». Il n′obéit à aucune de mes deux prières, j′en fus désespéré pendant quelques jours, et me demandai ensuite s′il n′avait pas eu raison. Mais l′usage du «Mr», s′il était inutile, était clair. Il n′en était pas ainsi d′un autre qui, le jour de ce déjeuner me fut révélé, mais non pourvu de signification. Au moment où j′allais passer de l′antichambre dans le salon, le maître d′hôtel me remit une enveloppe mince et longue sur laquelle mon nom était écrit. Dans ma surprise, je le remerciai, cependant je regardais l′enveloppe. Je ne savais pas plus ce que j′en devais faire qu′un étranger d′un de ces petits instruments que l′on donne aux convives dans les dîners chinois. Je vis qu′elle était fermée, je craignis d′être indiscret en l′ouvrant tout de suite et je la mis dans ma poche d′un air entendu. Mme Swann m′avait écrit quelques jours auparavant de venir déjeuner «en petit comité». Il y avait pourtant seize personnes, parmi lesquelles j′ignorais absolument que se trouvât Bergotte. Mme Swann qui venait de me «nommer» comme elle disait à plusieurs d′entre elles, tout à coup, à la suite de mon nom, de la même façon qu′elle venait de le dire (et comme si nous étions seulement deux invités du déjeuner qui devaient être chacun également contents de connaître l′autre), prononça le nom du doux Chantre aux cheveux blancs. Ce nom de Bergotte me fit tressauter comme le bruit d′un revolver, qu′on aurait déchargé sur moi, mais instinctivement pour faire bonne contenance je saluai; devant moi, comme ces prestidigitateurs qu′on aperçoit intacts et en redingote dans la poussière d′un coup de feu d′où s′envole une colombe, mon salut m′était rendu par un homme jeune, rude, petit, râblé et myope, à nez rouge en forme de coquille de colimaçon et à barbiche noire. J′étais mortellement triste, car ce qui venait d′être réduit en poudre, ce n′était pas seulement le langoureux vieillard dont il ne restait plus rien, c′était aussi la beauté d′une uvre immense que j′avais pu loger dans l′organisme défaillant et sacré que j′avais comme un temple construit expressément pour elle, mais à laquelle aucune place n′était réservée dans le corps trapu, rempli de vaisseaux, d′os, de ganglions, du petit homme à nez camus et à barbiche noire qui était devant moi. Tout le Bergotte que j′avais lentement et délicatement élaboré moi-même, goutte à goutte, comme une stalactite, avec la transparente beauté de ses livres, ce Bergotte-là se trouvait d′un seul coup ne plus pouvoir être d′aucun usage du moment qu′il fallait conserver le nez en colimaçon et utiliser la barbiche noire; comme n′est plus bonne à rien la solution que nous avions trouvée pour un problème dont nous avions lu incomplètement la donnée et sans tenir compte que le total devait faire un certain chiffre. Le nez et la barbiche étaient des éléments aussi inéluctables et d′autant plus gênants que, me forçant à réédifier entièrement le personnage de Bergotte, ils semblaient encore impliquer, produire, sécréter incessamment un certain genre d′esprit actif et satisfait de soi, ce qui n′était pas de jeu, car cet esprit-là n′avait rien à voir avec la sorte d′intelligence répandue dans ces livres, si bien connus de moi et que pénétrait une douce et divine sagesse. En partant d′eux, je ne serais jamais arrivé à ce nez en colimaçon; mais en partant de ce nez qui n′avait pas l′air de s′en inquiéter, faisait cavalier seul et «fantaisie», j′allais dans une tout autre direction que l′uvre de Bergotte, j′aboutirais, semblait-il à quelque mentalité d′ingénieur pressé, de la sorte de ceux qui quand on les salue croient comme il faut de dire: «Merci et vous» avant qu′on leur ait demandé de leurs nouvelles et si on leur déclare qu′on a été enchanté de faire leur connaissance, répondent par une abréviation qu′ils se figurent bien portée, intelligente et moderne en ce qu′elle évite de perdre en de vaines formules un temps précieux: «Également». Sans doute, les noms sont des dessinateurs fantaisistes, nous donnant des gens et des pays des croquis si peu ressemblants que nous éprouvons souvent une sorte de stupeur quand nous avons devant nous au lieu du monde imaginé, le monde visible (qui d′ailleurs, n′est pas le monde vrai, nos sens ne possédant pas beaucoup plus le don de la ressemblance que l′imagination, si bien que les dessins enfin approximatifs qu′on peut obtenir de la réalité sont au moins aussi différents du monde vu que celui-ci l′était du monde imaginé). Mais pour Bergotte la gêne du nom préalable n′était rien auprès de celle que me causait l′uvre connue, à laquelle j′étais obligé d′attacher, comme après un ballon, l′homme à barbiche sans savoir si elle garderait la force de s′élever. Il semblait bien pourtant que ce fût lui qui eût écrit les livres que j′avais tant aimés, car Mme Swann ayant cru devoir lui dire mon goût pour l′un d′eux, il ne montra nul étonnement qu′elle en eût fait part à lui plutôt qu′à un autre convive, et ne sembla pas voir là l′effet d′une méprise; mais, emplissant la redingote qu′il avait mise en l′honneur de tous ces invités, d′un corps avide du déjeuner prochain ayant son attention occupée d′autres réalités importantes, ce ne fut que comme à un épisode révolu de sa vie antérieure, et comme si on avait fait allusion à un costume du duc de Guise qu′il eût mis une certaine année à un bal costumé, qu′il sourit en se reportant à l′idée de ses livres, lesquels aussitôt déclinèrent pour moi (entraînant dans leur chute toute la valeur du Beau, de l′univers, de la vie) jusqu′à n′avoir été que quelque médiocre divertissement d′homme à barbiche. Je me disais qu′il avait dû s′y appliquer, mais que s′il avait vécu dans une île entourée par des bancs d′huîtres perlières, il se fût à la place livré avec succès au commerce des perles. Son uvre ne me semblait plus aussi inévitable. Et alors je me demandais si l′originalité prouve vraiment que les grands écrivains soient des Dieux régnant chacun dans un royaume qui n′est qu′à lui, ou bien s′il n′y a pas dans tout cela un peu de feinte, si les différences entre les uvres ne seraient pas le résultat du travail, plutôt que l′expression d′une différence radicale d′essence entre les diverses personnalités. Y aun me hacían los Swann más preciosos favores que llevarme con ellos al jardín de Aclimatación o al concierto, porque no me excluían ni siquiera de su amistad con Bergotte, causa de la seducción que primeramente me inspiraron cuando, aun ante de conocer a Gilberta, pensaba yo que su intimidad con el divino viejo la hubiese convertido para mí en la más ansiada de las amigas, aunque el desdén que yo debía de infundirle me quitaba toda esperanza de que me llevara jamás con él a visitar sus ciudades favoritas. Un día la señora de Swann me invitó a un almuerzo de cumplido. Yo no sabía quiénes iban a ser los invitados. A llegar, ya en el recibimiento, me sentí desconcertado por un incidente que me azoró mucho. La señora de Swann rara vez dejaba de poner en práctica esos usos que pasan por elegantes un determinado ario y luego no se mantienen y caen en el olvido (así, años antes tuvo su handsome cab, o mandaba imprimir en las invitaciones a un almuerzo que se trataba de to meet a un personaje de mayor o menor notoriedad). Muchas veces esas costumbres no tenían nada de misterioso ni exigían iniciación. Y así, siguiendo una insignificante innovación de aquellos años importada de Inglaterra, la señora de Swann hizo a su marido que se encargara tarjetas con el nombre de Carlos Swann precedido de la abreviatura “Mr.”. Después de la primera visita que hice yo a su casa, la señora de Swann dejó en la mía uno de aquellos “cartones”, como ella decía, con la punta doblada. A mí nunca me había dejado tarjeta nadie; sentí emoción, orgullo y gratitud tales, que junté todo el dinero que tenía para encargar una soberbia cesta de camelias, que mandé a la señora de Swann. Rogué a mi padre que fuera a dejar tarjeta en su casa, pero haciendo grabar previamente, y lo antes posible, delante de su nombre el “Mr.”. No hizo caso de ninguno de ambos ruegos, lo cual me tuvo unos días desesperado, aunque luego me pregunté si no había hecho bien. Pero al fin y al cabo, aquella costumbre del “Mr.”, aunque inútil, era clara. Pero no ocurría lo mismo con aquella otra que se me reveló el día del dicho almuerzo, pero sin revelárseme al mismo tiempo su significado. En el momento de ir a pasar del recibimiento al salón, el maestresala me entregó un sobre fino y alargado en el que estaba escrito mi nombre. Yo, sorprendido, le di las gracias, mientras que miraba el sobre. No sabía lo que hacer con él, como le ocurre a un extranjero con uno de esos menudos instrumentos que se ofrecen a los convidados en las comidas chinas. Vi que estaba cerrado; pensé que acaso pareciese indiscreción abrirlo enseguida, y me lo guardé en el bolsillo con aire de suficiencia. La señora Swann me había escrito unos días antes para que fuera a almorzar con ellos en petit comité. Y, sin embargo, había dieciséis personas, entre las cuales ignoraba yo por completo que estuviera Bergotte. La señora de Swann, que acababa de “nombrarme”, como decía ella, a varias de esas personas, de pronto, inmediatamente detrás de mi nombre, y en el mismo tono (como si no fuéramos más que dos invitados al almuerzo que debían sentir análoga satisfacción en conocerse), pronunció el de Bergotte, el suave y cano Cantor. –El nombre me causó la misma impresión que la detonación de un disparo de revólver hecho contra mí; pero instintivamente, para no quedar en mala postura, saludé; allí delante de mí, como uno de esos prestidigitadores que aparecen intactos y enlevitados entre el humo de un tiro de donde surge una paloma blanca, me estaba devolviendo el saludo un hombre joven, tostado, menudo, fornido y miope, de nariz encarnada en forma de caracol y perilla negra. Y sentí una mortal tristeza, porque acababa de caer hecho polvo no sólo el lánguido viejecito, del que ya no quedaba nada, sino asimismo la belleza de una inmensa obra que yo tenía alojada en el organismo sagrado y declinante que construí expresamente como un templo para ella, y a la que no quedaba sitio ninguno en ese cuerpo achaparrado, todo lleno de huesos, de vasos y de ganglios, del hombrecito chato, de negra perilla, que tenía delante de mí. Y resultaba que todo el Bergotte que yo había elaborado lenta y delicadamente, gota a gota, como una estalactita, con la transparente belleza de sus libros, de pronto no servía para nada desde el momento en que había que atenerse a la nariz de caracol y la perilla negra; como ya no nos sirve la solución que habíamos hallado a un problema sin haber leído bien sus datos ni tener en cuenta que el resultado había de dar una determinada cifra. Nariz y perilla eran elementos ineluctables y molestísimos, porque me obligaban a reedificar enteramente el personaje de Bergotte; y aun es más, parecía que implicaban, que producían y que segregaban sin cesar una determinada modalidad de espíritu activa y pagada de sí misma, cosa realmente desleal, porque ese espíritu nada tenía que ver con el linaje de inteligencia que se difundía por aquellos libros que yo conocía tan perfectamente, penetrados todos de divina y dulce sabiduría. Tomando esos libros como punto de partida, jamás habría yo llegado a aquella nariz de caracol; pero partiendo de aquella nariz, que con aspecto de despreocupada bailaba “solo y fantasía”, iba a cualquier parte menos a la obra de Bergotte; al parecer, llegaría por ese camino a una mentalidad de ingeniero apresurado, de esos que cuando los saluda uno creen muy correcto decir: “Yo, bien, gracias; ¿y usted?”, antes de haberles preguntado cómo están, y que cuando les dice alguien que ha tenido mucho gusto en conocerlos responden con una abreviatura que ellos se figuran elegante, inteligente y moderna, porque evita perder en vanas fórmulas un tiempo precioso: “Igualmente”. Indudablemente, los nombres son caprichosos dibujantes y nos ofrecen croquis de gentes y tierras tan poco parecidos, que luego sentimos cierto estupor cuando tenemos delante en lugar del mundo imaginado el mundo visible (el cual, por lo demás, tampoco es el mundo verdadero, porque nuestros sentidos no tienen el don de adueñarse del parecido más desarrollado que la imaginación; tanto es así, que los dibujos, aproximados por fin, que se pueden lograr de la realidad difieren del mundo visto en el mismo grado por lo menos que éste difería del imaginado). Pero en lo relativo a Bergotte, esa molestia del nombre previo no era nada comparada con la que me causaba el conocer su obra, porque tenía que atar a ella, como a un globo, a aquel hombrecillo de la perilla, sin saber si tendría fuerza ascensional. Sin embargo, parecía que él era en realidad el autor de aquellos libros que tanto me gustaban, porque cuando la señora de Swann se creyó en el caso de decirle cuánto admiraba, yo una de sus obras no mostró asombro alguno porque se lo dijeran a él y no a otro invitado, ni dio muestras de que se tratara de una equivocación, sino que hinchó la levita que se había endosado en honor de aquellos invitados con un cuerpo ansioso del almuerzo próximo, y otras cosas más importantes, la como tenía la atención puesta en idea de sus libros no le inspiró más que una sonrisa, como si fuera un episodio ya pasado de su vida anterior o una alusión a un disfraz de Duque de Guisa que se puso hace muchos años en un baile de trajes; e inmediatamente sus libros empezaron a decaer en mi opinión (arrastrando en su caída todos los valores de lo Bello, del Universo y de la Vida) hasta quedar reducidos a la categoría de mediocre diversión de hombre de la perilla. Declame yo que indudablemente el escribir los debía de haberle costado mucho; pero que si hubiera vivido en una isla ceñida por bancos de ostras perlíferas se habría consagrado con el mismo éxito al comercio de perlas. Su obra ya no me parecía inevitable. Y entonces me pregunté si la originalidad, prueba realmente que los grandes escritores sean dioses, cada uno señor de un reino independiente y exclusivamente suyo, o si no habrá en esto algo de ficción, y las diferencias entre las obras no serán más bien una resultante del trabajo que expresión de una diferencia radical de esencia entre las diversas personalidades.
Cependant on était passé à table. A côté de mon assiette je trouvai un illet dont la tige était enveloppée dans du papier d′argent. Il m′embarrassa moins que n′avait fait l′enveloppe remise dans l′antichambre et que j′avais complètement oubliée. L′usage, pourtant aussi nouveau pour moi, me parut plus intelligible quand je vis tous les convives masculins s′emparer d′un illet semblable qui accompagnait leur couvert et l′introduire dans la boutonnière de leur redingote. Je fis comme eux avec cet air naturel d′un libre penseur dans une église, lequel ne connaît pas la messe, mais se lève quand tout le monde se lève et se met à genoux un peu après que tout le monde s′est mis à genoux. Un autre usage inconnu et moins éphémère me déplut davantage. De l′autre côté de mon assiette il y en avait une plus petite remplie d′une matière noirâtre que je ne savais pas être du caviar. J′étais ignorant de ce qu′il fallait en faire, mais résolu à n′en pas manger. A todo esto ya habíamos pasado a la mesa. Me encontré junto a mi plato con un clavel, envuelto el tallo en papel de plata. Me azoró menos que aquel sobre que me entregaron en el recibimiento, y que tenía ya olvidado del todo. También el destino de aquel clavel era para mí desconocido, pero me pareció más inteligible cuando vi que todos los invitados del sexo masculino se apoderaban de los claveles que acompañaban a sus respectivos cubiertos y se los ponían en el ojal de la levita. Lo mismo hice yo, con esa naturalidad del librepensador en la iglesia, el cual no sabe lo que es la misa, pero se levanta cuando los demás y se arrodilla un momento después que todo el mundo. Aun me desagradó más otra costumbre desconocida y menos efímera: al lado de mi plato había otro más pequeño lleno de una sustancia negruzca que yo ignoraba fuese caviar. Yo no sabía lo que era menester hacer con aquello, pero decidí no comérmelo.
Bergotte n′était pas placé loin de moi, j′entendais parfaitement ses paroles. Je compris alors l′impression de M. de Norpois. Il avait en effet un organe bizarre; rien n′altère autant les qualités matérielles de la voix que de contenir de la pensée: la sonorité des diphtongues, l′énergie des labiales, en sont influencées. La diction l′est aussi. La sienne me semblait entièrement différente de sa manière d′écrire et même les choses qu′il disait de celles qui remplissent ses ouvrages. Mais la voix sort d′un masque sous lequel elle ne suffit pas à nous faire reconnaître d′abord un visage que nous avons vu à découvert dans le style. Dans certains passages de la conversation où Bergotte avait l′habitude de se mettre à parler d′une façon qui ne paraissait pas affectée et déplaisante qu′à M. de Norpois, j′ai été long à découvrir une exacte correspondance avec les parties de ses livres où sa forme devenait si poétique et musicale. Alors il voyait dans ce qu′il disait une beauté plastique indépendante de la signification des phrases, et comme la parole humaine est en rapport avec l′âme, mais sans l′exprimer comme fait le style, Bergotte avait l′air de parler presque à contre-sens, psalmodiant certains mots et, s′il poursuivait au-dessous d′eux une seule image, les filant sans intervalle comme un même son, avec une fatigante monotonie. De sorte qu′un débit prétentieux, emphatique et monotone était le signe de la qualité esthétique de ses propos, et l′effet dans sa conversation, de ce même pouvoir qui produisait dans ses livres la suite des images et l′harmonie. J′avais eu d′autant plus de peine à m′en apercevoir d′abord que ce qu′il disait à ces moments-là, précisément parce que c′était vraiment de Bergotte n′avait pas l′air d′être du Bergotte. C′était un foisonnement d′idées précises, non incluses dans ce «genre Bergotte» que beaucoup de chroniqueurs s′étaient approprié; et cette dissemblance était probablement, — vue d′une façon trouble à travers la conversation, comme une image derrière un verre fumé — un autre aspect de ce fait que quand on lisait une page de Bergotte, elle n′était jamais ce qu′aurait écrit n′importe lequel de ces plats imitateurs qui pourtant, dans le journal et dans le livre, ornaient leur prose de tant d′images et de pensées «à la Bergotte». Cette différence dans le style venait de ce que «le Bergotte» était avant tout quelque élément précieux et vrai, caché au cur de quelque chose, puis extrait d′elle par ce grand écrivain grâce à son génie, extraction qui était le but du doux Chantre et non pas de faire du Bergotte. A vrai dire il en faisait malgré lui puisqu′il était Bergotte, et qu′en ce sens chaque nouvelle beauté de son uvre était la petite quantité de Bergotte enfouie dans une chose et qu′il en avait tirée. Mais si par là chacune de ces beautés était apparentée avec les autres et reconnaissable, elle restait cependant particulière, comme la découverte qui l′avait mise à jour; nouvelle, par conséquent différente de ce qu′on appelait le genre Bergotte qui était une vague synthèse des Bergotte déjà trouvés et rédigés par lui, lesquels ne permettaient nullement à des hommes sans génie d′augurer ce qu′il découvrirait ailleurs. Il en est ainsi pour tous les grands écrivains, la beauté de leurs phrases est imprévisible, comme est celle d′une femme qu′on ne connaît pas encore; elle est création puisqu′elle s′applique à un objet extérieur auquel ils pensent — et non à soi — et qu′ils n′ont pas encore exprimé. Un auteur de mémoires d′aujourd′hui, voulant sans trop en avoir l′air, faire du Saint-Simon, pourra à la rigueur écrire la première ligne du portrait de Villars: «C′était un assez grand homme brun . . . avec une physionomie vive, ouverte, sortante», mais quel déterminisme pourra lui faire trouver la seconde ligne qui commence par: «et véritablement un peu folle». La vraie variété est dans cette plénitude d′éléments réels et inattendus, dans le rameau chargé de fleurs bleues qui s′élance contre toute attente, de la haie printanière qui semblait déjà comble, tandis que l′imitation purement formelle de la variété (et on pourrait raisonner de même pour toutes les autres qualités du style) n′est que vide et uniformité, c′est-à-dire ce qui est le plus opposé à la variété, et ne peut chez les imitateurs en donner l′illusion et en rappeler le souvenir que pour celui qui ne l′a pas comprise chez les maîtres. Bergotte no estaba muy lejos de mi sitio, y le oía muy bien hablar. Comprendí entonces la impresión del señor de Norpois. Tenía una voz realmente rara; porque no hay nada que altere tanto las cualidades materiales de la voz como el llevar un contenido de pensamiento: eso influye en la sonoridad de los diptongos y en la energía de las labiales. Y asimismo en la dicción. La suya me parecía completamente distinta de su manera de escribir, y hasta la cosas que decía se me figuraban diferentes de las que contenían sus obras. Pero la voz surge de una máscara y no tiene fuerza bastante para revelarnos, detrás de esa máscara, un rostro que supimos ver en el estilo sin ningún antifaz. Y he tardado bastante en descubrir que ciertos pasajes de su conversación, cuando Bergotte se ponía a hablar de un modo que no sólo al señor de Norpois parecía afectado y desagradable, tenían una exacta correspondencia con aquellas partes de sus libros en que la forma se hacía tan poética y musical. En esos momentos veía en lo que estaba diciendo una belleza plástica independiente del significado de las frases, y como la palabra humana está en relación con el alma, pero sin expresarla, como hace el estilo, Bergotte parecía que hablaba al revés, salmodiaba algunas palabras, y cuando perseguía a través de ellas una sola imagen, las enhebraba sin intervalo como un mismo sonido, con fatigosa monotonía. De suerte que aquel modo de hablar presuntuoso, enfático y monótono era indicio de la cualidad estética de lo que decía, y en su conversación venía a ser el efecto de aquella misma fuerza que en sus libros originaba la continuidad de imágenes y la armonía. Y por eso me costó mucho más trabajo darme cuenta a lo primero de que lo que estaba diciendo en aquellos momentos no parecía que era de Bergotte cabalmente porque era muy de Bergotte. Era una profusión de ideas precisas, no incluidas en ese “género Bergotte” que se habían apropiado muchos cronistas; y esa diferencia –vista vagamente a través de la conversación, como una imagen tras un cristal ahumado– era probablemente otro aspecto del hecho ese de que cuando se leía una página de Bergotte nunca era semejante a lo que habría escrito cualquiera de esos vulgares imitadores que, sin embargo, en el libro y en los periódicos exornaban su prosa con tantas imágenes y pensamientos “a lo Bergotte”. Debíase esta diferencia de estilo a que “lo Bergotte” era ante todo un cierto elemento precioso y real, escondido en el corazón de las cosas, y de donde lo extraía aquel gran escritor gracias a su genio; y esta extracción era la finalidad del dulce Cantor, y no el hacer “cosas a lo Bergotte”. Aunque, a decir verdad, Bergotte lo hacía sin querer, porque era Bergotte; y en este sentido toda nueva belleza de su obra era la que en cantidad de Bergotte embutida en una cosa y sacada por él. Pero aunque, por ende, cada una de esas bellezas estuviese emparentada con las demás y fuese reconocible, seguí sin perder su particularidad, coma el descubrimiento que la trajo a la vida; por consiguiente, nueva y distinta de lo que se llamaba género Bergotte, el cual no era sino vaga síntesis de las “cosas Bergotte” ya descubiertas y redactadas por él, pero por las que no podría adivinar ningún hombre sin genio lo que el maestro descubriría más adelante. Y así, sucede con todos los grandes escritores que la belleza de sus frases es imposible de prever, como la de una mujer que todavía no conocemos; es creación porque se aplica a un objeto exterior en el que están pensando – y no en sí mismo– y que aun no habían logrado expresar. Un autor de nuestros días que escribiera memorias y desease imitar a Saint–Simon, como el que no quiere la cosa, en rigor podría llegar a escribir el primer renglón del retrato de Villars: “Era un hombre de buena talla, moreno..., con fisonomía viva, abierta, saliente”; pero ¿qué determinismo seria capaz de llevarlo a dar con la segunda línea, que continúa: “y, a decir la verdad, un poco alocada”? La verdadera variedad consiste en una plenitud de elementos reales e inesperados, en la rama cargada de flores azules surgiendo, cuando nadie lo esperaba, del seto primaveral, que parecía ya incapaz de soportar más flores; mientras que la imitación puramente formal de la variedad (y lo mismo se podría argumentar para las demás cualidades del estilo) no es otra cosa que vacuidad y uniformidad, es decir, lo opuesto ala variedad, y si con ella logran los imitadores dar la ilusión y el recuerdo de la variedad verdadera es sólo para aquellas personas que no la supieron comprender en las obras maestras.
Aussi, — de même que le dicton de Bergotte eût sans doute charmé si lui-même n′avait été que quelque amateur récitant du prétendu Bergotte, au lieu qu′elle était liée à la pensée de Bergotte en travail et en action par des rapports vitaux que l′oreille ne dégageait pas immédiatement, — de même c′était parce que Bergotte appliquait cette pensée avec précision à la réalité qui lui plaisait que son langage avait quelque chose de positif, de trop nourrissant, qui décevait ceux qui s′attendaient à l′entendre parler seulement de «l′éternel torrent des apparences» et des «mystérieux frissons de la beauté». Enfin la qualité toujours rare et neuve de ce qu′il écrivait se traduisait dans sa conversation par une façon si subtile d′aborder une question, en négligeant tous ses aspects déjà connus, qu′il avait l′air de la prendre par un petit côté, d′être dans le faux, de faire du paradoxe, et qu′ainsi ses idées semblaient le plus souvent confuses, chacun appelant idées claires celles qui sont au même degré de confusion que les siennes propres. D′ailleurs toute nouveauté ayant pour condition l′élimination préalable du poncif auquel nous étions habitués et qui nous semblait la réalité même, toute conversation neuve, aussi bien que toute peinture, toute musique originales, paraîtra toujours alambiquée et fatigante. Elle repose sur des figures auxquelles nous ne sommes pas accoutumées, le causeur nous paraît ne parler que par métaphores, ce qui lasse et donne l′impression d′un manque de vérité. (Au fond les anciennes formes de langage avaient été elles aussi autrefois des images difficiles à suivre quand l′auditeur ne connaissait pas encore l′univers qu′elles peignaient. Mais depuis longtemps on se figure que c′était l′univers réel, on se repose sur lui.) Aussi quand Bergotte, ce qui semble pourtant bien simple aujourd′hui, disait de Cottard que c′était un ludion qui cherchait son équilibre, et de Brichot que «plus encore qu′à Mme Swann le soin de sa coiffure lui donnait de la peine parce que doublement préoccupé de son profil et de sa réputation. Il fallait à tout moment que l′ordonnance de la chevelure lui donnât l′air à la fois d′un lion et d′un philosophe», on éprouvait vite de la fatigue et on eût voulu reprendre pied sur quelque chose de plus concret, disait-on, pour signifier de plus habituel. Les paroles méconnaissables sorties du masque que j′avais sous les yeux c′était bien à l′écrivain que j′admirais qu′il fallait les rapporter, elles n′auraient pas su s′insérer dans ses livres à la façon d′un puzzle qui s′encadre entre d′autres, elles étaient dans un autre plan et nécessitaient une transposition moyennant laquelle un jour que je me répétais des phrases que j′avais entendu dire à Bergotte, j′y retrouvai toute l′armature de son style écrit, dont je pus reconnaître et nommer les différentes pièces dans ce discours parlé qui m′avait paru si différent. Y así –lo mismo que la dicción de Bergotte hubiera parecido encantadora de no haber sido él más que un simple aficionado que recitaba cosas a lo Bergotte, y no ahora, en que esa dicción estaba ligada al pensamiento de Bergotte, afanosa y activa, por correspondencias vitales que el oído no distinguía en el primer momento–, si su conversación desilusionaba a los que esperaban oírlo hablas tan sólo del “eterno torrente de las apariencias” y de “los misteriosos escalofríos de la belleza”, es porque Bergotte aplicaba su pensamiento exactamente a la realidad que le agradaba, y su lenguaje venía a ser por demás positivo y substancioso. Además, la calidad, siempre rara y nueva, de lo que escribía se traducía en su conversación por un sutilísimo modo de abordar las cuestiones, desdeñando todos los aspectos ya conocidos de ellas y atrapándolas al parecer por un lado insignificante; de manera que parecía estar siempre en sinrazón, y hacer paradojas, y sus ideas pasaban muchas veces por confusas, porque ya se sabe que cada cual llama ideas claras a las que se hallan en el mismo grado de confusión que las suyas. Y como toda novedad requiere indispensablemente la eliminación previa del lugar común a que estábamos acostumbrados, y que se nos antoja la realidad misma, cualquier conversación nueva, como cualquier pintura o música originales, parecerá siempre alambicada y fatigosa. Se apoya en figuras que nos cogen de nuevas, nos parece que el que habla no hace más que ensartar metáforas, y eso cansa y da una impresión de falso. (En el fondo, las viejas formas de lenguaje fueron también antaño imágenes difíciles de perseguir cuando el auditor no conocía aún el mundo que ellas describían. Pero desde hace mucho tiempo ya nos figuramos que ese universo es el de verdad, y nos apoyamos en él.) Y por eso cuando Bergotte decía cosas que hoy pasan por muy naturales: que Cottard parecía un ludión que anda buscando el equilibrio, y que a Brichot “todavía le daba más que hacer su peinado que a la señora de Swann, porque tenía la doble preocupación de su perfil y de su reputación, y era menester que en todo momento la ordenación de su cabello le prestara a la vez aspecto de león y de filósofo”, la gente se cansaba en seguida y ansiaba hacer pie en cosas más concretas, decían, queriendo significar más corrientes. Y las palabras incognoscibles que surgían de la máscara que yo tenía delante había que atribuírselas al escritor de mi admiración, pero no hubiese sido posible insertarlas en sus libros como pieza de rompecabezas que encaja entre otras, porque estaban en distinto plano y requerían determinada transposición; y gracias a esa transposición encontré yo un día, que me estaba repitiendo las frases que oía Bergotte, en esas palabras la misma armazón de su estilo escrito y pude reconocer y nombrar sus distintas piezas en aquel discurso hablado que tan diferente me pareció al principio.
A un point de vue plus accessoire, la façon spéciale, un peu trop minutieuse et intense, qu′il avait de prononcer certains mots, certains adjectifs qui revenaient souvent dans sa conversation et qu′il ne disait pas sans une certaine emphase, faisant ressortir toutes leurs syllabes et chanter la dernière (comme pour le mot visage qu′il substituait toujours au mot figure et à qui il ajoutait un grand nombre de v, d′s, de g, qui semblaient tous exploser de sa main ouverte à ces moments) correspondait exactement à la belle place où dans sa prose il mettait ces mots aimés en lumière, précédés d′une sorte de marge et composés de telle façon dans le nombre total de la phrase, qu′on était obligé, sous peine de faire une faute de mesure, d′y faire compter toute leur «quantité». Pourtant, on ne retrouvait pas dans le langage de Bergotte certain éclairage qui dans ses livres comme dans ceux de quelques autres auteurs, modifie souvent dans la phrase écrite l′apparence des mots. C′est sans doute qu′il vient de grandes profondeurs et n′amène pas ses rayons jusqu′à nos paroles dans les heures où ouverts aux autres par la conversation, nous sommes dans une certaine mesure fermés à nous-même. A cet égard il y avait plus d′intonations, plus d′accent, dans ses livres que dans ses propos: accent indépendant de la beauté du style, que l′auteur lui-même n′a pas perçu sans doute, car il n′est pas séparable de sa personnalité la plus intime. C′est cet accent qui aux moments où, dans ses livres, Bergotte était entièrement naturel rythmait les mots souvent alors fort insignifiants qu′il écrivait. Cet accent n′est pas noté dans le texte, rien ne l′y indique et pourtant il s′ajoute de lui-même aux phrases, on ne peut pas les dire autrement, il est ce qu′il y avait de plus éphémère et pourtant de plus profond chez l′écrivain et c′est cela qui portera témoignage sur sa nature, qui dira si malgré toutes les duretés qu′il a exprimées il était doux, malgré toutes les sensualités, sentimental. Ya desde un punto de vista más accesorio, aquella especial manera, quizá demasiado minuciosa e intensa, que tenía de pronunciar algunos adjetivos que se repetían mucho en su conversación, y que nunca empleaba sin cierto énfasis, haciendo que todas sus sílabas resaltaran y que la última cantase (como la palabra visage, con la que substituía siempre la palabra figure, añadiéndole un gran número de y, de s y de g, que parecía como que le estallaban en la palma de la mano en esos momentos), correspondía exactamente a los ,bellos lugares de su prosa, en donde colocaba las palabras favoritas en plena evidencia, precedidas de una especie de margen y dispuestas de tal modo en el total número de la frase, que era menester, su pena de incurrir en una falta de medida, contarlas con su plena “cantidad”. Lo que no se veía en el habla de Bergotte era ese modo de iluminación que en sus libros, como en algunos de otros autores, modifica muchas veces en la frase escrita la apariencia de los vocablos. Es que indudablemente procede de las grandes profundidades, y no llegar, sus rayos a nuestras palabras en esas horas en que, por estar abiertos para los demás en la conversación, estamos en cierto modo cerrados para nosotros mismos. En ese respecto tenía Bergotte más entonaciones y más acento en sus libros que en sus palabras; acento independiente de la belleza del estilo, y que indudablemente ni el mismo autor percibió, porque es inseparable de su más íntima personalidad. El acento ese pera el que en los libros de Bergotte, en los momentos en que el autor se mostraba completamente natural, daba ritmo a las palabras muchas veces insignificantes, que escribía. Es ese acento cosa que no está anotada en el texto, no hay nada que lo delate, y sin embargo se ajusta por sí mismo a todas las frases, que no se pueden decir de otro modo; es lo más efímero y lo más profundo en un escritor, lo que probará cómo es, lo que nos dirá si a pesar de todas las durezas que escribió era tierno, si a pesar de todas sus sensualidades era sentimental.
Certaines particularités d′élocution qui existaient à l′état de faibles traces dans la conversation de Bergotte ne lui appartenaient pas en propre, car quand j′ai connu plus tard ses frères et ses surs, je les ai retrouvées chez eux bien plus accentuées. C′était quelque chose de brusque et de rauque dans les derniers mots d′une phrase gaie, quelque chose d′affaibli et d′expirant à la fin d′une phrase triste. Swann, qui avait connu le Maître quand il était enfant, m′a dit qu′alors on entendait chez lui, tout autant que chez ses frères et surs ces inflexions en quelque sorte familiales, tour à tour, cris de violente gaieté, murmures d′une lente mélancolie et que dans la salle où ils jouaient tous ensemble il faisait sa partie, mieux qu′aucun, dans leurs concerts successivement assourdissants et languides. Si particulier qu′il soit, tout ce bruit qui s′échappe des êtres est fugitif et ne leur survit pas. Mais il n′en fut pas ainsi de la prononciation de la famille Bergotte. Car s′il est difficile de comprendre jamais, même dans les Maîtres-Chanteurs, comment un artiste peut inventer la musique en écoutant gazouiller les oiseaux, pourtant Bergotte avait transposé et fixé dans sa prose cette façon de traîner sur des mots qui se répètent en clameurs de joie ou qui s′égouttent en tristes soupirs. Il y a dans ses livres telles terminaisons de phrases où l′accumulation des sonorités qui se prolongent, comme aux derniers accords d′une ouverture d′Opéra qui ne peut pas finir et redit plusieurs fois sa suprême cadence avant que le chef d′orchestre pose son bâton, dans lesquelles je retrouvai plus tard un équivalent musical de ces cuivres phonétiques de la famille Bergotte. Mais pour lui, à partir du moment où il les transporta dans ses livres, il cessa inconsciemment d′en user dans son discours. Du jour où il avait commencé d′écrire et, à plus forte raison, plus tard, quand je le connus, sa voix s′en était désorchestrée pour toujours. Algunas particularidades de elocución que existían en forma de hábiles rasgos en la conversación de Bergotte no le eran propiamente personales, porque luego, cuando llegué a conocer a sus hermanos y hermanas, las observé en ellos aún más acentuadas Era cierto matiz brusco y ronco al finalizar de una frase alegre, cierto – matiz expirante y débil al terminar de una frase triste. Swann, que había conocido al maestro de niño, me dijo que entonces se le oían, lo mismo que a sus hermanos y hermanas, esas inflexiones en cierto modo de familia, gritos unas veces de violenta alegría y murmullos otras de melancolía despaciosa, y que en la habitación donde jugaban todos ellos Bergotte ejecutaba su parte en aquellos concierto, sucesivamente ensordecedores o lánguidos, mejor que ninguno. Por particulares que sean todos esos sonidos que se escapan de las bocas humanas, son fugitivos y no sobreviven a los hombres. Pero no ocurrió eso con la pronunciación de la familia Bergotte. Porque, aunque sea muy difícil de comprender, hasta en los Maestros Cantores, cómo puede un artista inventar música oyendo trinar a los pájaros, sin embargo, Bergotte transpuso y fijó en su prosa esa manera de arrastrar las palabras que se repiten en clamores de alegría o se van escurriendo en suspiros tristes. Hay en sus libros finales de frases con acumulación de sonoridades que se van prolongando, como en los últimos acordes de una obertura de ópera que no sabe acabar y repite varias veces su cadencia suprema antes que el director deje la batuta; y en ellas vi yo más adelante como un equivalente musical de esos cobres fonéticos de la familia Bergotte; pero él, en cuanto los transpuso en sus libros, dejó inconscientemente de emplearlos en su discurso. Desde el día que empezó a escribir, y con más razón cuando yo lo conocí, su voz estaba para siempre desentonada del conjunto Bergotte.
Ces jeunes Bergotte — le futur écrivain et ses frères et surs — n′étaient sans doute pas supérieurs, au contraire, à des jeunes gens plus fins, plus spirituels qui trouvaient les Bergotte bien bruyants, voire un peu vulgaires, agaçants dans leurs plaisanteries qui caractérisaient le «genre» moitié prétentieux, moitié bêta, de la maison. Mais le génie, même le grand talent, vient moins d′éléments intellectuels et d′affinement social supérieurs à ceux d′autrui, que de la faculté de les transformer, de les transposer. Pour faire chauffer un liquide avec une lampe électrique, il ne s′agit pas d′avoir la plus forte lampe possible, mais une dont le courant puisse cesser d′éclairer, être dérivé et donner, au lieu de lumière, de la chaleur. Pour se promener dans les airs, il n′est pas nécessaire d′avoir l′automobile la plus puissante, mais une automobile qui ne continuant pas de courir à terre et coupant d′une verticale la ligne qu′elle suivait soit capable de convertir en force ascensionnelle sa vitesse horizontale. De même ceux qui produisent des uvres géniales ne sont pas ceux qui vivent dans le milieu le plus délicat, qui ont la conversation la plus brillante, la culture la plus étendue, mais ceux qui ont eu le pouvoir, cessant brusquement de vivre pour eux-mêmes, de rendre leur personnalité pareille à un miroir, de telle sorte que leur vie si médiocre d′ailleurs qu′elle pouvait être mondainement et même, dans un certain sens, intellectuellement parlant, s′y reflète, le génie consistant dans le pouvoir réfléchissant et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété. Le jour où le jeune Bergotte put montrer au monde de ses lecteurs le salon de mauvais goût où il avait passé son enfance et les causeries pas très drôles qu′il y tenait avec ses frères, ce jour-là il monta plus haut que les amis de sa famille, plus spirituels et plus distingués: ceux-ci dans leurs belles Rolls-Royce pourraient rentrer chez eux en témoignant un peu de mépris pour la vulgarité des Bergotte; mais lui, de son modeste appareil qui venait enfin de «décoller», il les survolait. Aquellos Bergottes mozos –el futuro escritor con sus hermanos y hermanas– indudablemente no eran, ni mucho menos, superiores a otros jóvenes más finos y graciosos que tenían a los Bergottes por muy bulliciosos, un tanto vulgares e irritantes con aquellas bromas suyas, características del “género” de la casa, medio simplón, medio presuntuoso. Pero el genio, y aun un gran talento, proviene más bien que de elementos, intelectuales y de refinamientos sociales superiores a los ajenos, de la facultad de transponerlos y transformarlos. Para calentar un líquido con una lámpara eléctrica no, se trata de buscar la lámpara eléctrica más fuerte, sino una cuya corriente pueda dejar de alumbrar, para derivarse y dar en vez de luz calor. Para pasearse por los aires no se requiere el automóvil más potente; lo que se necesita es un automóvil que no siga corriendo por la tierra, que corte con una línea vertical la horizontal que seguía, transformando su velocidad en fuerza ascensional. Y ocurre igualmente que los productores de obras geniales no son aquellos seres que viven en el más delicado ambiente y que tienen la más lúcida de las conversaciones y la más extensa de las culturas, sino aquellos capaces de cesar bruscamente de vivir para sí mismos y convertir su personalidad en algo semejante a un espejo, de tal suerte que su vida por mediocre que sea en su aspecto mundano, y ‘hasta cierto punto en el intelectual, vaya a reflejarse allí: porque el genio consiste en la potencia de reflexión y no en la calidad intrínseca del espectáculo reflejado. El día en que el joven Bergotte pudo mostrar al mundo de sus lectores el salón de mal gusto en que transcurrió su infancia y las no muy divertidas conversaciones que allí tenía con sus hermanos, ese día se puso por encima de los más ingeniosos y distinguidos amigos de su familia, los cuales podrían muy bien volver a sus casas en sus magníficos Rolls-Royce, con cierto desprecio por la vulgaridad de los Bergotte; pero él, con su modesto coche, que por fin había “arrancado”, marchaba muy por arriba de ellos.
C′était, non plus avec des membres de sa famille, mais avec certains écrivains de son temps que d′autres traits de son élocution lui étaient communs. De plus jeunes qui commençaient à le renier et prétendaient n′avoir aucune parenté intellectuelle avec lui, la manifestaient dans le vouloir en employant les mêmes adverbes, les mêmes prépositions qu′il répétait sans cesse, en construisant les phrases de la même manière, en parlant sur le même ton amorti, ralenti, par réaction contre le langage éloquent et facile d′une génération précédente. Peut-être ces jeunes gens — on en verra qui étaient dans ce cas — n′avaient-ils pas connu Bergotte. Mais sa façon de penser, inoculée en eux, y avait développé ces altérations de la syntaxe et de l′accent qui sont en relation nécessaire avec l′originalité intellectuelle. Relation qui demande à être interprétée d′ailleurs. Ainsi Bergotte, s′il ne devait rien à personne dans sa façon d′écrire, tenait sa façon de parler, d′un de ses vieux camarades, merveilleux causeur dont il avait subi l′ascendant, qu′il imitait sans le vouloir dans la conversation, mais qui, lui, étant moins doué, n′avait jamais écrit de livres vraiment supérieurs. De sorte que si l′on s′en était tenu à l′originalité du débit, Bergotte eût été étiqueté disciple, écrivain de seconde main, alors que, influencé par son ami, dans le domaine de la causerie, il avait été original et créateur comme écrivain. Sans doute encore pour se séparer de la précédente génération, trop amie des abstractions, des grands lieux communs, quand Bergotte voulait dire du bien d′un livre, ce qu′il faisait valoir, ce qu′il citait c′était toujours quelque scène faisant image, quelque tableau sans signification rationnelle. «Ah! si! disait-il, c′est bien! il y a une petite fille en châle orange, ah! c′est bien», ou encore: «Oh! oui il y a un passage où il y a un régiment qui traverse la ville, ah! oui, c′est bien!» Pour le style, il n′était pas tout à fait de son temps (et restait du reste fort exclusivement de son pays, il détestait Tolstoíª Georges Eliot, Ibsen et Dostoski) car le mot qui revenait toujours quand il voulait faire l′éloge d′un style, c′était le mot «doux». «Si, j′aime, tout de même mieux le Chateaubriand d′Atala que celui de René, il me semble que c′est plus doux.» Il disait ce mot-là comme un médecin à qui un malade assure que le lait lui fait mal à l′estomac et qui répond: «C′est pourtant bien doux.» Et il est vrai qu′il y avait dans le style de Bergotte une sorte d′harmonie pareille à celle pour laquelle les anciens donnaient à certains de leurs orateurs des louanges dont nous concevons difficilement la nature, habitués que nous sommes à nos langues modernes où on ne cherche pas ce genre d′effets. Tenía otros rasgos de elocución comunes, no ya con personas de su familia, sino con ciertos escritores de su época. Algunos jóvenes que empezaban ya a negarlo y sostenían no tener parentesco alguno con él, lo denotaban sin querer, empleando los mismos adverbios y preposiciones que él repetía constantemente, construyendo las frases de idéntico modo y hablando con igual tono lento y amortiguado, reacción contra el lenguaje elocuente y fácil de la generación precedente. Pudiera ser que esos jóvenes –y en este caso ya veremos quiénes eran no hubiesen conocido a Bergotte. Pero su modo de pensar se inoculó en su ánimo y acarreó esas alteraciones de sintaxis y de acento que están en forzosa relación con la originalidad intelectual. Relación– que necesita ser interpretada, por cierto. Y así, Bergotte, que en su manera de escribir no debía nada a nadie, tomó su manera de hablar de un viejo compañero suyo, parlador maravilloso que tuvo mucho ascendiente sobre él, y al que imitaba, sin darse cuenta, en la conversación; pero ese amigo, de dotes inferiores a las suyas; nunca escribió libros de verdadera altura. De suerte que, habiéndose atenido a la originalidad en el hablar, se clasificaría a Bergotte como discípulo y como escritor de segunda mano, cuando era, aunque influido por su amigo en el terreno de la conversación, escritor original y creador. Indudablemente, para separarse aún más de la generación anterior, muy amiga de las abstracciones y de los grandes lugares comunes, Bergotte, cuando quería hablar bien de un libro, lo que hacía resaltar y citaba era siempre una escena de valor de imagen, un cuadro sin significación racional. “¡Ah, sí –decía–, está bien! ¡Qué bien está aquella chiquita del chal anaranjado!”,”¡Oh, ya lo creo, tiene un pasaje, cuando el regimiento atraviesa la ciudad, que está muy bien!” En cuanto al estilo, Bergotte no era muy de su tiempo (y siguiendo en esto muy exclusivamente francés, detestaba a Tolstoi, a Jorge Eliot, a Ibsen y Dostoiewski), porque la palabra que asomaba siempre cuando quería elogiar un estilo era “suave “Si, a pesar de todo, prefiero el Chateaubriand de Atala al de René: me parece más “suave”. Y pronunciaba la palabra como el médico que cuando un enfermo le asegura que la leche no le cae bien en el estómago responde: “Pues es muy suave”. Cierto que en el estilo de Bergotte había una especie de armonía semejante a esa que en los oradores de la antigüedad merecía alabanzas de sus contemporáneos, alabanzas que hoy concebimos difícilmente porque estamos acostumbrados a las lenguas modernas, donde no se busca esa clase de efectos.
Il disait aussi, avec un sourire timide, de pages de lui pour lesquelles on lui déclarait son admiration: «Je crois que c′est assez vrai, c′est assez exact, cela peut être utile», mais simplement par modestie, comme à une femme à qui on dit que sa robe, ou sa fille, est ravissante, répond, pour la première: «Elle est commode», pour la seconde: «Elle a un bon caractère». Mais l′instinct du constructeur était trop profond chez Bergotte pour qu′il ignorât que la seule preuve qu′il avait bâti utilement et selon la vérité, résidait dans la joie que son uvre lui avait donnée, à lui d′abord, et aux autres ensuite. Seulement bien des années plus tard, quand il n′eut plus de talent, chaque fois qu′il écrivit quelque chose dont il n′était pas content, pour ne pas l′effacer comme il aurait dû, pour le publier, il se répéta, à soi-même cette fois: «Malgré tout, c′est assez exact, cela n′est pas inutile à mon pays.» De sorte que la phrase murmurée jadis devant ses admirateurs par une ruse de sa modestie, le fut, à la fin, dans le secret de son cur, par les inquiétudes de son orgueil. Et les mêmes mots qui avaient servi à Bergotte d′excuse superflue pour la valeur de ses premières uvres, lui devinrent comme une inefficace consolation de la médiocrité des dernières. Si alguien le manifestaba su admiración por alguna página de sus libros, decía, con tímida sonrisa: “Yo, creo que es una cosa real, que es exacto, acaso pueda ser útil”; pero sencillamente por modestia, como una mujer que –cuando le dicen que tiene un traje o una hija deliciosa contesta: “Es muy cómodo” o “Tiene muy buen carácter”. Pero el instinto de constructor era en Bergotte lo bastante hondo para que no se le ocultara que la única prueba de que había edificado eficazmente y con arreglo a la verdad consistía en el contento que le dio su obra, primero a él y luego a los demás. Sólo que muchos años después, cuando ya no le quedaba talento, cada vez que escribía una cosa que no lo dejaba satisfecho, con objeto de no tacharla, como hubiera debido hacer, y darla a la publicidad, se repetía, para sí esta vez “A pesar de todo, me parece exacto, no será inútil para mi patria”. De modo que la frase que antes murmuraba delante de sus admiradores, inspirada por una argucia de su modestia, luego se la inspiró, en el secreto de su corazón, la inquietud del orgullo. Y las mismas palabras que sirvieron a Bergotte de superflua excusa por el mérito de sus primeras obras se convirtieron más tarde en ineficaz consuelo por lo mediocre de sus últimas producciones.
Une espèce de sévérité de goût qu′il avait, de volonté de n′écrire jamais que des choses dont il pût dire: «C′est doux», et qui l′avait fait passer tant d′années pour un artiste stérile, précieux, ciseleur de riens, était au contraire le secret de sa force, car l′habitude fait aussi bien le style de l′écrivain que le caractère de l′homme et l′auteur qui s′est plusieurs fois contenté d′atteindre dans l′expression de sa pensée à un certain agrément, pose ainsi pour toujours les bornes de son talent, comme en cédant souvent au plaisir, à la paresse, à la peur de souffrir on dessine soi-même sur un caractère où la retouche finit par n′être plus possible la figure de ses vices et les limites de sa vertu. Aquella especie de severidad de gusto que tenía, la voluntad de no escribir nunca más que las páginas de las que pudiera decir: “Es una cosa suave”, y que lo hizo pasar durante tantos años por artista estéril, preciosista, cincelados de pequeñeces, era, por el contrario, el secreto de su fuerza; porque el hábito forma el estilo del escritor, como forma el carácter del hombre, y el escritor que sintió varias veces el contento de haber llegado a un determinado punto de satisfacción en la expresión de su pensamiento planta así para siempre los jalones de su talento; igual que uno mismo, dejándose llevar de la pereza, del placer o del miedo a sufrir, dibuja en un carácter que acaba por ser imposible de retocar la figura de sus vicios o los límites de su virtud.
Si, pourtant, malgré tant de correspondances que je perçus dans la suite entre l′écrivain et l′homme, je n′avais pas cru au premier moment, chez Mme Swann, que ce fût Bergotte, que ce fût l′auteur de tant de livres divins qui se trouvât devant moi, peut-être n′avais-je pas eu absolument tort, car lui-même (au vrai sens du mot) ne le «croyait» pas non plus. Il ne le croyait pas puisqu′il montrait un grand empressement envers des gens du monde (sans être d′ailleurs snob), envers des gens de lettres, des journalistes, qui lui étaient bien inférieurs. Certes, maintenant il avait appris par le suffrage des autres, qu′il avait du génie, à côté de quoi la situation dans le monde et les positions officielles ne sont rien. Il avait appris qu′il avait du génie, mais il ne le croyait pas puisqu′il continuait à simuler la déférence envers des écrivains médiocres pour arriver à être prochainement académicien, alors que l′Académie ou le faubourg Saint-Germain n′ont pas plus à voir avec la part de l′Esprit éternel laquelle est l′auteur des livres de Bergotte qu′avec le principe de causalité ou l′idée de Dieu. Cela il le savait aussi, comme un kleptomane sait inutilement qu′il est mal de voler. Et l′homme à barbiche et à nez en colimaçon avait des ruses de gentleman voleur de fourchettes, pour se rapprocher du fauteuil académique espéré, de telle duchesse qui disposait de plusieurs voix, dans les élections, mais de s′en rapprocher en tâchant qu′aucune personne qui eût estimé que c′était un vice de poursuivre un pareil but, pur voir son manège. Il n′y réussissait qu′à demi, on entendait alterner avec les propos du vrai Bergotte, ceux du Bergotte égoî²´e, ambitieux et qui ne pensait qu′à parler de tels gens puissants, nobles ou riches, pour se faire valoir, lui qui dans ses livres, quand il était vraiment lui-même avait si bien montré, pur comme celui d′une source, le charme des pauvres. Y quizá no iba yo descaminado del todo cuando en el primer momento, y allí, en casa de Swann, a pesar de todas las correspondencias que más tarde descubrí entre el literato y el hombre, me resistí a creer que tenía delante a Bergotte, al autor de tantos libros divinos; porque él mismo (en el verdadero sentido de la palabra) tampoco lo creía. No lo creía, porque se mostraba muy solícito con gente del gran mundo, con literatos y periodistas que estaban muy por bajo de él. Claro que ahora ya le habían dicho los sufragios ajenos que tenía algo de genio, y junto a eso las buenas posiciones en el mundo aristocrático y oficial no son nada. Se lo habían dicho, pero él no lo creía, puesto que seguía simulando preferencias hacia mediocres escritores con objeto de llegar a ser académico pronto, cuando la Academia o los salones del barrio de Saint– Germain tienen lo mismo que ver con esa partícula del Espíritu inmortal, autora de los libros de Bergotte, que con el principio de causalidad o la idea de Dios. Y eso lo sabía él muy bien, como sabe un cleptómano que el robar es cosa mala. Y al hombre de la perilla y de la nariz de caracol se le ocurrían argucias de gentleman que roba tenedores, para acercarse al sillón académico ansiado o a una duquesa que disponía de varios votos en las elecciones; pero para acercarse de tal manera que ninguna persona que estimara como vicio el aspirar a esa finalidad pudiese enterarse de sus manejos. Pero no lo lograba– por completo, y oía uno alternar con las frases del verdadero Bergotte las del Bergotte egoísta y ambicioso, que no pensaba más que en hablar a determinada persona noble, rica o de influencia, con objeto de hacerse valer, él, que en sus libros cuando era verdaderamente sincero, supo mostrar a la perfección el encanto de los pobres, encanto puro como el de una fuente.
Quant à ces autres vices auxquels avait fait allusion M. de Norpois, à cet amour à demi incestueux qu′on disait même compliqué d′indélicatesse en matière d′argent, s′ils contredisaient d′une façon choquante la tendance de ses derniers romans, pleins d′un souci si scrupuleux, si douloureux, du bien, que les moindres joies de leurs héros en étaient empoisonnées et que pour le lecteur même il s′en dégageait un sentiment d′angoisse à travers lequel l′existence la plus douce semblait difficile à supporter, ces vices ne prouvaient pas cependant, à supposer qu′on les imputât justement à Bergotte, que sa littérature fût mensongère, et tant de sensibilité, de la comédie. De même qu′en pathologie certains états d′apparence semblable, sont dûs, les uns à un excès, d′autres à une insuffisance de tension, de sécrétion, etc., de même il peut y avoir vice par hypersensibilité comme il y a vice par manque de sensibilité. Peut-être n′est-ce que dans des vies réellement vicieuses que le problème moral peut se poser avec toute sa force d′anxiété. Et à ce problème l′artiste donne une solution non pas dans le plan de sa vie individuelle, mais de ce qui est pour lui sa vraie vie, une solution générale, littéraire. Comme les grands docteurs de l′Église commencèrent souvent tout en étant bons par connaître les péchés de tous les hommes, et en tirèrent leur sainteté personnelle, souvent les grands artistes tout en étant mauvais se servent de leurs vices pour arriver à concevoir la règle morale de tous. Ce sont les vices (ou seulement les faiblesses et les ridicules) du milieu où ils vivaient, les propos inconséquents, la vie frivole et choquante de leur fille, les trahisons de leur femme ou leurs propres fautes, que les écrivains ont le plus souvent flétries dans leurs diatribes sans changer pour cela le train de leur ménage ou le mauvais ton qui règne dans leur foyer. Mais ce contraste frappait moins autrefois qu′au temps de Bergotte, parce que d′une part, au fur et à mesure que se corrompait la société, les notions de moralité allaient s′épurant, et que d′autre part le public s′était mis au courant plus qu′il n′avait encore fait jusque-là de la vie privée des écrivains; et certains soirs au théâtre on se montrait l′auteur que j′avais tant admiré à Combray, assis au fond d′une loge dont la seule composition semblait un commentaire singulièrement risible ou poignant, un impudent démenti de la thèse qu′il venait de soutenir dans sa dernière uvre. Ce n′est pas ce que les uns ou les autres purent me dire qui me renseigna beaucoup sur la bonté ou la méchanceté de Bergotte. Tel de ses proches fournissait des preuves de sa dureté, tel inconnu citait un trait (touchant car il avait été évidemment destiné à rester caché) de sa sensibilité profonde. Il avait agi cruellement avec sa femme. Mais dans une auberge de village où il était venu passer la nuit il était resté pour veiller une pauvresse qui avait tenté de se jeter à l′eau, et quand il avait été obligé de partir il avait laissé beaucoup d′argent à l′aubergiste pour qu′il ne chassât pas cette malheureuse et pour qu′il eût des attentions envers elle. Peut-être plus le grand écrivain se développa en Bergotte aux dépens de l′homme à barbiche, plus sa vie individuelle se noya dans le flot de toutes les vies qu′il imaginait et ne lui parut plus l′obliger à des devoirs effectifs, lesquels étaient remplacés pour lui par le devoir d′imaginer ces autres vies. Mais en même temps parce qu′il imaginait les sentiments des autres, aussi bien que s′ils avaient été les siens, quand l′occasion faisait qu′il avait à s′adresser à un malheureux, au moins d′une façon passagère, il le faisait en se plaçant non à son point de vue personnel, mais à celui même de l′être qui souffrait, point de vue d′où lui aurait fait horreur le langage de ceux qui continuent à penser à leurs petits intérêts devant la douleur d′autrui. De sorte qu′il a excité autour de lui des rancunes justifiées et des gratitudes ineffaçables. En lo que respecta a esos otros vicios a que aludiera el señor de Norpois, a ese amor medio incestuoso, complicado, según decían, hasta con delicadeza en cuestiones de dinero, si bien contradecían de un modo chocante la tendencia de sus últimas novelas, henchidas por la escrupulosa y dolorida inquietud del bien, que llegaba aun a inficionar las más sencillas alegrías de sus héroes; inspirando al mismo lector un sentimiento de angustia, con el que la existencia más tranquila parecía imposible de sobrellevarse, esos vicios, aun suponiendo que se imputaran justamente a Bergotte, no probaban suficientemente que su literatura fuera mentira ni su mucha sensibilidad una farsa. Lo mismo que en patología determinados estados de apariencia análoga se deben en tinos casos a exceso y en otros a insuficiencia de tensión o de secreción, así puede haber vicios por hipersensibilidad, corno los; ay por falta de sensibilidad. Acaso el problema moral solo puede plantarse con toda su potencia de sanidad en las vidas realmente viciosas. Y el artista da a ese problema una solución que no está en el plano de su vida individual, sino en el plano de lo que para él es la verdadera vida, es decir, una solución general, literaria. Igual que los grandes doctores de la Iglesia empezaron muchas veces, sin dejar de ser buenos, por conocer los pecados de los hombres, para sacar de allí su santidad personal, así a menudo los grandes artistas, siendo malos, utilizan sus vicios para llegar a concebir la regla moral de todos los humanos. Y esos vicios (o tan sólo debilidades o ridiculeces) del ambiente en que viven, las frases inconsecuentes, la vida frívola y extraña de su hija, las traiciones de su mujer o sus propios defectos son los que fustigan generalmente a los literatos en sus diatribas, sin alterar por eso su modo de vida o el mal tono que reina en sil hogar. Pero ese contraste chocaba menos antes que en tiempo de Bergotte, por tina parte, porque a medida que la sociedad va corrompiéndose se depuran las nociones de moralidad; y por otra porque el publico estaba mucho más al corriente que antes de la vida de los literatos; y algunas noches, en el teatro, la gente señalaba con el dedo a ese autor, que a mí me encantó en Combray, sentado en el fondo de un palco junto a personas cava compañía semejaba un comentario singularmente risible o trágico, un impúdico mentís a la tesis sostenida en su novela más Los dichos de tinos y de otros no me ilustraron mucho respecto a la bondad o maldad de Bergotte. Un íntimo suyo citaba pruebas de su dureza de ánimo, y un desconocido contaba un rasgo (conmovedor, porque indudablemente no estaba destinado a que lo publicaran) que denotaba su profunda sensibilidad. Trate muy mal a su mujer Pero una vez, en la posada de un pueblo, se pasó toda la noche en vela teniendo cuidado de una pobre que había querido tirarse al agua, y cuando tuvo que marcharse dejó mucho dinero a la posadera para que no echase a aquella infeliz y siguiera atendiéndola bien. Quizá ocurrió que a medida que en Bergotte se fué desarrollando el gran escritor a expensas del hombre de la perilla, su vida individual se sumergido en el mar de todas las vidas que imaginaba y le pareció que ya no le obligaba a deberes efectivos, substituidos para él por el deber de imaginarse otras vidas Pero al propio tiempo, por aquello ele que se imaginaba los sentimientos ajenos tan perfectamente como si fueran propios, cuando se le ofrecía la ocasión de tratar con un Hombre infeliz, aunque fuese de pasada, hacíalo colocándose no en su punto de vista personal, sino en el del ser mismo que sufría, y desde esa posición le Hubiese inspirado horror el lenguaje de los que siguen pensando en sus menudos intereses cuando están delante del dolor ajeno. De suerte que excitó en torno ele él justificados rencores y agradecimientos imborrables.
C′était surtout un homme qui au fond n′aimait vraiment que certaines images et (comme une miniature au fond d′un coffret) que les composer et les peindre sous les mots. Pour un rien qu′on lui avait envoyé, si ce rien lui était l′occasion d′en entrelacer quelques-unes, il se montrait prodigue dans l′expression de sa reconnaissance, alors qu′il n′en témoignait aucune pour un riche présent. Et s′il avait eu à se défendre devant un tribunal, malgré lui il aurait choisi ses paroles non selon l′effet qu′elles pouvaient produire sur le juge mais en vue d′images que le juge n′aurait certainement pas aperçues. Sobre todo era hombre al que, en el fondo, no le gustaban más que determinadas imágenes, y se complacía en disponerlas y pintarlas bajo la envoltura de la palabra, como una miniatura en el fondo de un cofrecillo. Cuando le regalaban una cosa insignificante, si esa fruslería le daba ocasión para entrelazar unas cuantas imágenes, mostrábase pródigo en la expresión de su agradecimiento, y, en cambio, no denotaba gratitud alguna por un rico regalo. Y si y hubiera tenido que hacer su defensa ante un tribunal habría escogido, sin querer, sus palabras, no por el efecto que pudiesen producir sobre el juez, sino por las imágenes, en las que, seguramente, ni se fijaría el juez siquiera.
Ce premier jour où je le vis chez les parents de Gilberte, je racontai à Bergotte que j′avais entendu récemment la Berma dans Phèdre; il me dit que dans la scène où elle reste le bras levé à la hauteur de l′épaule — précisément une des scènes où on avait tant applaudi — elle avait su évoquer avec un art très noble des chefs-d′uvre qu′elle n′avait peut-être d′ailleurs jamais vus, une Hespéride qui fait ce geste sur une métope d′Olympie, et aussi les belles vierges de l′ancien Erechthéion. Aquel primer día que lo vi en casa de los padres de Gilberta le conté que había oído hacía poco a la Berma en Phédre, y me dijo que en la escena donde se queda con el brazo extendido a la altura del hombro – precisamente una de las que más aplaudieron– la artista había sabido evocar con arte nobilísimo algunas obras magistrales de la escultura antigua, sin haberlas visto nunca quizá: una Hespéride que hace el mismo ademán en una metopa de Olimpia y las hermosas doncellas del antiguo Erecteón.
— «Ce peut être une divination, je me figure pourtant qu′elle va dans les musées. Ce serait intéressant à «repérer» (repérer était une de ces expressions habituelles à Bergotte et que tels jeunes gens qui ne l′avaient jamais rencontré lui avaient prises, parlant comme lui par une sorte de suggestion à distance). – Acaso sea tina adivinación; pero a mí se me figura que va a los museos. Tendría interés “marcar” eso. (“Marcar” era una de esas palabras habituales de Bergotte que le habían cogido los jovenzuelos que, aun sin conocerlo, hablaban como él por una especie de sugestión a distancia.)
— Vous pensez aux Cariatides? demanda Swann. – ¿Se refiere usted quizá a las Cariátides? – dijo Swann.
— Non, non, dit Bergotte, sauf dans la scène où elle avoue sa passion à none et où elle fait avec la main le mouvement d′Hégeso dans la stèle du Céramique, c′est un art bien plus ancien qu′elle ranime. Je parlais des Koraퟤe l′ancien Erechthéion, et je reconnais qu′il n′y a peut-être rien qui soit aussi loin de l′art de Racine, mais il y a tant déjà de choses dans Phèdre . . ., une de plus . . . Oh! et puis, si, elle est bien jolie la petite Phèdre du VIe siècle, la verticalité du bras, la boucle du cheveu qui «fait marbre», si, tout de même, c′est très fort d′avoir trouvé tout ça. Il y a là beaucoup plus d′antiquité que dans bien des livres qu′on appelle cette année «antiques». – No, no – dijo Bergotte –; el arte que la Berma reencarna es mucho más antiguo, excepto en la escena donde confiesa su pasión a Enone y hace el ademán de Hegeso en la estela del Cerámico. Yo aludía a las Korai del Erecteón viejo, aunque reconozco que está lejísimos del arte de Racine; ¡pero hay ya tantas cosas en Phédre que por una más..! ¡Y es tan bonita esa menuda! Fedra del siglo VI, con la verticalidad que hace el efecto de mármol!.. haber dado con eso! Hay en ese del brazo y el rizo de pelo Ya tiene mérito, ya lo creo, el ademán más cantidad de antigüedad que en muchos libros que este año llamamos “antiguos”.
Comme Bergotte avait adressé dans un de ses livres une invocation célèbre à ces statues archaî°µes, les paroles qu′il prononçait en ce moment étaient fort claires pour moi et me donnaient une nouvelle raison de m′intéresser au jeu de la Berma. Je tâchais de la revoir dans mon souvenir, telle qu′elle avait été dans cette scène où je me rappelais qu′elle avait élevé le bras à la hauteur de l′épaule. Et je me disais: «Voilà l′Hespéride d′Olympie; voilà la sur d′une de ces admirables orantes de l′Acropole; voilà ce que c′est qu′un art noble.» Mais pour que ces pensées pussent m′embellir le geste de la Berma, il aurait fallu que Bergotte me les eût fournies avant la représentation. Alors pendant que cette attitude de l′actrice existait effectivement devant moi, à ce moment où la chose qui a lieu a encore la plénitude de la réalité, j′aurais pu essayer d′en extraire l′idée de sculpture archaî°µe. Mais de la Berma dans cette scène, ce que je gardais c′était un souvenir qui n′était plus modifiable, mince comme une image dépourvue de ces dessous profonds du présent qui se laissent creuser et d′où l′on peut tirer véridiquement quelque chose de nouveau, une image à laquelle on ne peut imposer rétroactivement une interprétation qui ne serait plus susceptible de vérification, de sanction objective. Pour se mêler à la conversation, Mme Swann me demanda si Gilberte avait pensé à me donner ce que Bergotte avait écrit sur Phèdre. «J′ai une fille si étourdie», ajouta-t-elle. Bergotte eut un sourire de modestie et protesta que c′étaient des pages sans importance. «Mais c′est si ravissant ce petit opuscule, ce petit tract», dit Mme Swann pour se montrer bonne maîtresse de maison, pour faire croire qu′elle avait lu la brochure, et aussi parce qu′elle n′aimait pas seulement complimenter Bergotte, mais faire un choix entre les choses qu′il écrivait, le diriger. Et à vrai dire elle l′inspira, d′une autre façon, du reste qu′elle ne crut. Mais enfin il y a entre ce que fut l′élégance du salon de Mme Swann et tout un côté de l′uvre de Bergotte des rapports tels que chacun des deux peut être alternativement pour les vieillards d′aujourd′hui, un commentaire de l′autre. Como Bergotte, en uno de sus libros, había dirigido una célebre invocación a esas estatuas arcaicas, las palabras que en ese momento pronunciaba eran clarísimas para mí y me dieron nuevo motivo para interesarme por el arte de la Berma. Hacía yo por representármela en mi memoria tal como estuvo en esa escena en la que, según recordaba yo muy bien, puso el brazo extendido a la altura del hombro. Y me decía: “Esa es la Hespéride de Olimpia, la hermana de una de esas admirables orantes de la Acrópolis; eso es un arte nobilísimo”. Pero para que yo hubiera podido embellecer con tales pensamientos el ademán de la Berma, Bergotte habría tenido que decírmelos antes de la representación. Y entonces, mientras que la actitud de la actriz existía efectivamente delante de mí, en ese momento en que la cosa que ocurre tiene toda la plenitud de la realidad, habríame sido posible el intento de arrancar de ese ademán la idea de escultura arcaica. Pero para mí la Berma en dicha escena era un recuerdo, imposible de modificar, tenue como una imagen que carece de esas capas profundas del presente que se dejan excavar, y de las que puede uno sacar verídicamente algo nuevo; una imagen a la que es imposible imponer retroactivamente una interpretación porque ya no podremos comprobar ni someterla a sanción objetiva. Para mezclarse en la conversación, la señora de Swann me preguntó si Gilberta se había acordado de darme el folleto de Bergotte sobre Phedre. “¡Tengo una hija tan atolondrada!. . .”, añadió. Bergotte sonrió modestamente y aseguró que aquellas páginas no tenían importancia. “No, no; es un opúsculo encantador, un tract delicioso”, dijo la señora de Swann, con objeto de cumplir su papel de señora de casa y de hacer creer que había leído el folleto, y, además, porque le gustaba no sólo cumplimentar a Bergotte, sino marcar preferencia por algunas de sus obras y dirigirlo. Y, a decir verdad, lo inspiró, pero de distinto modo del que ella se figuraba. Pero ello es que existen tales relaciones entre lo que fué la elegancia del salón de los Swann y un determinado aspecto de la obra de Bergotte, que para los viejos de hoy ambas cosas pueden servirse alternativamente de comentario mutuo.
Je me laissais aller à raconter mes impressions. Souvent Bergotte ne les trouvait pas justes, mais il me laissait parler. Je lui dis que j′avais aimé cet éclairage vert qu′il y a au moment où Phèdre lève le bras. «Ah! vous feriez très plaisir au décorateur qui est un grand artiste, je le lui raconterai parce qu′il est très fier de cette lumière-là. Moi je dois dire que je ne l′aime pas beaucoup, ça baigne tout dans une espèce de machine glauque, la petite Phèdre là-dedans fait trop branche de corail au fond d′un aquarium. Vous direz que ça fait ressortir le côté cosmique du drame. Ça c′est vrai. Tout de même ce serait mieux pour une pièce qui se passerait chez Neptune. Je sais bien qu′il y a là de la vengeance de Neptune. Mon Dieu je ne demande pas qu′on ne pense qu′à Port-Royal, mais enfin, tout de même ce que Racine a raconté ce ne sont pas les amours des oursins. Mais enfin c′est ce que mon ami a voulu et c′est très fort tout de même et au fond, c′est assez joli. Oui, enfin vous avez aimé ça, vous avez compris, n′est-ce pas, au fond nous pensons de même là-dessus, c′est un peu insensé ce qu′il a fait, n′est-ce pas, mais enfin c′est très intelligent.» Et quand l′avis de Bergotte était ainsi contraire au mien, il ne me réduisait nullement au silence, à l′impossibilité de rien répondre, comme eût fait celui de M. de Norpois. Cela ne prouve pas que les opinions de Bergotte fussent moins valables que celles de l′ambassadeur, au contraire. Une idée forte communique un peu de sa force au contradicteur. Participant à la valeur universelle des esprits, elle s′insère, se greffe en l′esprit de celui qu′elle réfute, au milieu d′idées adjacentes, à l′aide desquelles, reprenant quelque avantage, il la complète, la rectifie; si bien que la sentence finale est en quelque sorte l′uvre des deux personnes qui discutaient. C′est aux idées qui ne sont pas, à proprement parler, des idées, aux idées qui ne tenant à rien, ne trouvent aucun point d′appui, aucun rameau fraternel dans l′esprit de l′adversaire, que celui-ci, aux prises avec le pur vide, ne trouve rien à répondre. Les arguments de M. de Norpois (en matière d′art) étaient sans réplique parce qu′ils étaient sans réalité. Yo me engolfé en el relato de mis impresiones. A Bergotte muchas veces no le parecían exactas, pero me dejaba hablar. Le dije que me gustó mucho aquella luz verde del momento en que Fedra alza el brazo. “¡Ah!, le halagará mucho al decorador, que es un gran artista; se lo diré, porque él está muy orgulloso de la luz esa. Yo confieso que no me agrada mucho: lo baña todo en una especie de atmósfera glauca, y la Fedra, tan menuda allá en el fondo, se parece un tanto a una rama de coral en la profundidad del acuario. Usted me dirá que con eso se hace resaltar el aspecto cósmico del drama. Es verdad; pero estaría mejor la luz verde en una obra que ocurriera en los dominios de Neptuno. Y no es que yo ignore que hay allí algo dé venganza de Neptuno, porque yo no exijo que se piense exclusivamente en Port–Royal; pero, de todos modos, lo que Racíne nos cuenta no son amores de erizos marinos. Pero mi amigo lo ha querido así, y hay que reconocer que tiene valor y que al fin y al cabo es bonito. A usted le ha gustado porque lo ha comprendido usted, ¿verdad? En el fondo estamos de acuerdo; lo que ha hecho el decorador es algo insensato, ¿no?, pero muy agudo.” Cuando la opinión de Bergotte se manifestaba contraria a la mía, no por eso me reducía al silencio y a la imposibilidad de contestar, como me hubiese ocurrido con el señor de Norpois. Lo cual no demuestra que las opiniones de Bergotte tuvieran menos valor que las del diplomático, al contrario. Una idea fuerte comunica al contradictor una parte de su fuerza. Como participa del valor universal del espíritu, se clava y se ingiere en medio de otras ideas adyacentes en el ánimo de aquel contra quien se emplea, que ayudándose de esos pensamientos fronterizos cobra aliento, la completa y la rectifica; de modo que la sentencia final viene a ser obra de las dos personas que discutían. Pero las ideas que no se pueden responder son esas que no son, propiamente hablando, ideas que no tienen arraigo en nada, que no encuentran punto de apoyo ni rama fraterna en el espíritu del adversario, el cual, en lucha con el puro vacío, no sabe qué contestar. Los argumentos del señor de Norpois en materia de arte no tenían réplica porque carecían de realidad.
Bergotte n′écartant pas mes objections, je lui avouai qu′elles avaient été méprisées par M. de Norpois. «Mais c′est un vieux serin, répondit-il; il vous a donné des coups de bec parce qu′il croit toujours avoir devant lui un échaudé ou une seiche.» «Comment! vous connaissez Norpois», me dit Swann. «Oh! il est ennuyeux comme la pluie, interrompit sa femme qui avait grande confiance dans le jugement de Bergotte et craignait sans doute que M. de Norpois ne nous eût dit du mal d′elle. J′ai voulu causer avec lui après le dîner, je ne sais pas si c′est l′âge ou la digestion, mais je l′ai trouvé d′un vaseux. Il semble qu′on aurait eu besoin de le doper!» «Oui, n′est-ce pas, dit Bergotte, il est bien obligé de se taire assez souvent pour ne pas épuiser avant la fin de la soirée la provision de sottises qui empèsent le jabot de la chemise et maintiennent le gilet blanc.» «Je trouve Bergotte et ma femme bien sévères, dit Swann qui avait pris chez lui «l′emploi» d′homme de bon sens. Je reconnais que Norpois ne peut pas vous intéresser beaucoup, mais à un autre point de vue (car Swann aimait à recueillir les beautés de la «vie»), il est quelqu′un d′assez curieux, d′assez curieux comme «amant». Quand il était secrétaire à Rome, ajouta-t-il, après s′être assuré que Gilberte ne pouvait pas entendre, il avait à Paris une maîtresse dont il était éperdu et il trouvait le moyen de faire le voyage deux fois par semaine pour la voir deux heures. C′était du reste une femme très intelligente et ravissante à ce moment-là, c′est une douairière maintenant. Et il en a eu beaucoup d′autres dans l′intervalle. Moi je serais devenu fou s′il avait fallu que la femme que j′aimais habitât Paris pendant que j′étais retenu à Rome. Pour les gens nerveux il faudrait toujours qu′ils aimassent comme disent les gens du peuple, «au-dessous d′eux» afin qu′une question d′intérêt mît la femme qu′ils aiment à leur discrétion.» A ce moment Swann s′aperçut de l′application que je pouvais faire de cette maxime à lui et à Odette. Et comme même chez les êtres supérieurs, au moment où ils semblent planer avec vous au-dessus de la vie, l′amour-propre reste mesquin, il fut pris d′une grande mauvaise humeur contre moi. Mais cela ne se manifesta que par l′inquiétude de son regard. Il ne me dit rien au moment même. Il ne faut pas trop s′en étonner. Quand Racine, selon un récit d′ailleurs controuvé, mais dont la matière se répète tous les jours dans la vie de Paris, fit allusion à Scarron devant Louis XIV, le plus puissant roi du monde ne dit rien le soir même au poète. Et c′est le lendemain que celui-ci tomba en disgrâce. Bergotte no rechazaba mis objeciones, y yo entonces le confesé que el señor de Norpois las había estimado despreciables. – Es un viejo estúpido; le ha dado a usted picotazos porque se le figura siempre que tiene delante un bizcocho o una jibia. –¿Conque conoce usted a Norpois? –me dijo Swann. –Es más pelma que el oír llover –interrumpió su mujer que tenía gran confianza en la opinión de Bergotte y temía indudablemente que Norpois nos hubiese hablado mal de ella. Quise charlar con él un rato después de cenar, y yo no sé si es por los años o por la digestión, pero me pareció fangoso. Sería menester hacerlo salir de su abatimiento. –Sí –dijo Bergotte–; muchas veces no tiene más remedio que callarse para no agotar antes de que termine la noche esa provisión de tonterías de almidón que lleva en la pechera de la camisa y en el chaleco para que estén bien blancos. –Yo considero que Bergotte y mi esposa son muy duros con él –dijo Swann, que en su casa se revestía del papel de hombre de buen juicio–. Reconozco que no puede interesarles a ustedes mucho; pero desde otro punto de vista (porque a Swann le gustaba recoger las bellezas de la “vida”) es curioso, muy curioso, visto como “enamorado”. Siendo secretario en Roma –continuó después de haberse cerciorado de que Gilberta no lo oía tenía una querida en París, por la que estaba trastornado, y siempre encontraba un medio para hacer el viaje dos veces por semana y estar con ella dos horas. Mujer muy inteligente y deliciosa por aquel entonces, hoy está viuda y lleva el título del marido. Ha tenido muchas más en los intervalos. Yo me hubiera vuelto loco si mi querida hubiese tenido que vivir en París y yo en Roma. Los caracteres nerviosos deben enamorarse siempre de personas que “sean menos que ellos”, como dice el vulgo, porque así la mujer querida está a su discreción por el lado económico. En aquel momento Swann se dió cuenta de que yo podía aplicar esa máxima a Odette y a él. Y como hasta tratándose de seres superiores, que parece que se ciernen con uno por encima de la vida, el amor propio perdura con su mezquindad, le entró gran rabia contra mí. Pero sólo se manifestó por su inquieta mirada. Y por el momento nada me dijo, cosa que no es de extrañar. Cuando Racine, según cuenta una tradición, falsa, es verdad, pero cuya materia se repite a diario en la vida de París, aludió a Scarron delante de Luis XIV, el monarca más poderoso del orbe no dijo nada al poeta la noche aquella. Pero al día siguiente Racine había caído del favor real.
Mais comme une théorie désire d′être exprimée entièrement, Swann, après cette minute d′irritation et ayant essuyé le verre de son monocle, compléta sa pensée en ces mots qui devaient plus tard prendre dans mon souvenir la valeur d′un avertissement prophétique et duquel je ne sus pas tenir compte. «Cependant le danger de ce genre d′amours est que la sujétion de la femme calme un moment la jalousie de l′homme mais la rend aussi plus exigeante. Il arrive à faire vivre sa maîtresse comme ces prisonniers qui sont jour et nuit éclairés pour être mieux gardés. Et cela finit généralement par des drames.» Pero como toda teoría procura buscar su expresión plena, Swann, pasado aquel minuto de irritación, y después de limpiar el cristal de, su monóculo, completó su pensamiento con estas palabras, que más tarde cobraron en mi memoria el valor de un profético aviso que no supe tener en cuenta. -Sin embargo, el peligro de este género de amores consiste en que la sujeción de la mujer calma por un momento los celos del hombre, pero luego aun lo hace más exigente. Y llega a obligar a su querida a que viva como esos presos que tienen las celdas iluminadas día y noche para vigilarlos mejor. Y por lo general la cosa acaba en drama.
Je revins à M. de Norpois. «Ne vous y fiez pas, il est au contraire très mauvaise langue», dit Mme Swann avec un accent qui me parut d′autant plus signifier que M. de Norpois avait mal parlé d′elle, que Swann regarda sa femme d′un air de réprimande et comme pour l′empêcher d′en dire davantage. Yo volví al señor de Norpois. -No se fíe usted de él; al contrario, tiene muy mala lengua - me dijo la señora de Swann con acento que parecía significar que el señor de Norpois había hablado mal de ella; y me lo confirmó al ver que Swann miraba a su esposa como reprendiéndola y para que no siguiera hablando.
Cependant Gilberte qu′on avait déjà prié deux fois d′aller se préparer pour sortir, restait à nous écouter, entre sa mère et son père, à l′épaule duquel elle était câlinement appuyée. Rien, au premier aspect, ne faisait plus contraste avec Mme Swann qui était brune que cette jeune fille à la chevelure rousse, à la peau dorée. Mais au bout d′un instant on reconnaissait en Gilberte bien des traits — par exemple le nez arrêté avec une brusque et infaillible décision par le sculpteur invisible qui travaille de son ciseau pour plusieurs générations — l′expression, les mouvements de sa mère; pour prendre une comparaison dans un autre art, elle avait l′air d′un portrait peu ressemblant encore de Mme Swann que le peintre par un caprice de coloriste, eût fait poser à demi-déguisée, prête à se rendre à un dîner de «têtes», en vénitienne. Et comme elle n′avait pas qu′une perruque blonde, mais que tout atome sombre avait été expulsé de sa chair laquelle dévêtue de ses voiles bruns, semblait plus nue, recouverte seulement des rayons dégagés par un soleil intérieur, le grimage n′était pas que superficiel, mais incarné; Gilberte avait l′air de figurer quelque animal fabuleux, ou de porter un travesti mythologique. Cette peau rousse c′était celle de son père au point que la nature semblait avoir eu, quand Gilberte avait été créée à résoudre le problème, de refaire peu à peu Mm Swann, en n′ayant à sa disposition comme matière, que la peau de M. Swann. Et la nature l′avait utilisée parfaitement, comme un maître huchier qui tient à laisser apparents le grain, les nuds du bois. Dans la figure de Gilberte, au coin du nez d′Odette parfaitement reproduit, la peau se soulevait pour garder intacts les deux grains de beauté de M. Swann. C′était une nouvelle variété de Mme Swann qui était obtenue là, à côté d′elle, comme un lilas blanc près d′un lilas violet. Il ne faudrait pourtant pas se représenter la ligne de démarcation entre les deux ressemblances comme absolument nette. Par moments, quand Gilberte riait, on distinguait l′ovale de la joue de son père dans la figure de sa mère comme si on les avait mis ensemble pour voir ce que donnerait le mélange; cet ovale se précisait comme un embryon se forme, il s′allongeait obliquement, se gonflait, au bout d′un instant il avait disparu. Dans les yeux de Gilberte il y avait le bon regard franc de son père; c′est celui qu′elle avait eu quand elle m′avait donné la bille d′agate et m′avait dit: «Gardez-la en souvenir de notre amitié.» Mais, posait-on à Gilberte une question sur ce qu′elle avait fait, alors on voyait dans ces mêmes yeux l′embarras, l′incertitude, la dissimulation, la tristesse qu′avait autrefois Odette quand Swann lui demandait où elle était allée, et qu′elle lui faisait une de ces réponses mensongères qui désespéraient l′amant et maintenant lui faisaient brusquement changer la conversation en mari incurieux et prudent. Souvent aux Champs-Élysées, j′avais été inquiet en voyant ce regard chez Gilberte. Mais la plupart du temps, c′était à tort. Car chez elle, survivance toute physique de sa mère, ce regard — celui-là du moins — ne correspondait plus à rien. C′est quand elle était allée à son cours, quand elle devait rentrer pour une leçon que les pupilles de Gilberte exécutaient ce mouvement qui jadis en les yeux d′Odette était causés par la peur de révéler qu′elle avait reçu dans la journée un de ses amants ou qu′elle était pressée de se rendre à un rendez-vous. Telles on voyait ces deux natures de M. et de Mme Swann onduler, refluer, empiéter tour à tour l′une sur l′autre, dans le corps de cette Mélusine. Mientras tanto, Gilberta, aunque ya le habían dicho dos veces que fuera a prepararse para salir, seguía escuchando lo que decíamos, entre sus padres, apoyada mimosamente en el hombro de Swann. A primera vista advertíase marcadísimo contraste entre la señora de Swann, que era morena, y aquella chiquilla de pelo rojizo y el cutis dorado. Pero luego ya iba uno reconociendo en Gilberta muchos rasgos –por ejemplo, la nariz cortada con brusca e infalible decisión por el invisible escultor que trabaja con su cincel para varias generaciones–, gestos y movimientos de su madre; y valiéndonos de una comparación tomada a otro arte, podría decirse que se asemejaba a un retrato poco parecido de la señora de Swann, retrato que el pintor hubiese hecho, por un capricho de colorista, cuando Odette se disponía a salir para una cena de “cabezas disfrazadas”, medio vestida de veneciana. Y como no sólo tenía una peluca rubia, sino que todo átomo sombrío había sido expulsado de su carne, que despojada de sus velos obscuros parecía aún más desnuda, cubierta sólo por los rayos que lanzaba un sol interior, el colorete era al parecer no cosa superficial, sino de carne; y Gilberta diríase que figuraba un animal fabuloso o que llevaba un disfraz de la Mitología. Aquel cutis rojizo era parecidísimo al de su padre, como si a la Naturaleza se le hubiera planteado el problema cuando tuvo que crear a Gilberta de ir reconstruyendo poco a poco a la señora de Swann, pero sin tener otra materia a su disposición que la piel de Swann. Y la naturaleza la había utilizado a perfección, como un buen constructor de arcones que quiere dejar a la vista el granillo y los nudos de la madera. Y así, en el rostro de Gilberta, en el rincón que formaba la nariz, perfectamente reproducido de su madre; la piel se hinchaba para conservar intactos los dos lunares de Swann. Era una nueva variedad de la señora de Swann, obtenida junto a ella, como una lila blanca junto a una lila violeta. Sin embargo, no hay que representarse la línea de demarcación entre los dos parecidos, el de su padre y el de su madre, como perfectamente definida. A veces, cuando Gilberta se reía velase el óvalo de la mejilla de su padre en la cara de su madre, como si los hubieran mezclado para ver lo que resultaba; ese óvalo se precisaba como toma forma un embrión, se alargaba oblicuamente, se hinchaba, y luego, al cabo de un instante, había desaparecido. Gilberta tenía en los ojos el mirar franco y bueno de su padre; con él me miró cuando me regaló la bolita de ágata y me dijo: “Consérvela usted como recuerdo de nuestra amistad”. Pero si se le preguntaba qué es lo que había estado haciendo, velase en idénticos ojos aquel malestar, disimulo, incertidumbre y tristeza que eran antaño los de Odette siempre que le preguntaba Swann adónde había ido y ella le daba una contestación mentirosa que cuando amante, lo desesperaba y, cuando marido, le hacía cambiar de conversación, esposo prudente y discreto. Muchas veces en los Campos Elíseos me desazonaba el ver esa mirada en los ojos de Gilberta. Pero por lo general sin motivo. Porque en ella esa mirada – ésa, por lo menos– no correspondía a nada, era pura supervivencia física de su madre. Y las pupilas de Gilberta ejecutaban ese movimiento, que antaño en el mirar de Odette tenía por causa el miedo a revelar que aquel día había tenido en casa a un amante suyo o que tenía prisa por una cita pendiente, cuando, había ido a clase o cuando tenía que volverse a casa para dar una lección. Y así, eran visibles aquellos dos temperamentos de Swann y de Odette, ondulando, refluyendo, penetrándose uno al otro, en el cuerpo de esta Melusina.
Sans doute on sait bien qu′un enfant tient de son père et de sa mère. Encore la distribution des qualités et des défauts dont il hérite se fait-elle si étrangement que, de deux qualités qui semblaient inséparables chez un des parents, on ne trouve plus que l′une chez l′enfant, et alliée à celui des défauts de l′autre parent qui semblait inconciliable avec elle. Même l′incarnation d′une qualité morale dans un défaut physique incompatible est souvent une des lois de la ressemblance filiale. De deux surs, l′une aura, avec la fière stature de son père, l′esprit mesquin de sa mère; l′autre, toute remplie de l′intelligence paternelle, la présentera au monde sous l′aspect qu′a sa mère; le gros nez, le ventre noueux, et jusqu′à la voix sont devenus les vêtements de dons qu′on connaissait sous une apparence superbe. De sorte que de chacune des deux surs on peut dire avec autant de raison que c′est elle qui tient le plus de tel de ses parents. Il est vrai que Gilberte était fille unique, mais il y avait, au moins, deux Gilbertes. Les deux natures, de son père et de sa mère, ne faisaient pas que se mêler en elle; elles se la disputaient, et encore ce serait parler inexactement et donnerait à supposer qu′une troisième Gilberte souffrait pendant ce temps là d′être la proie des deux autres. Or, Gilberte était tour à tour l′une et puis l′autre, et à chaque moment rien de plus que l′une, c′est-à-dire incapable, quand elle était moins bonne, d′en souffrir, la meilleure Gilberte ne pouvant alors du fait de son absence momentanée, constater cette déchéance. Aussi la moins bonne des deux était-elle libre de se réjouir de plaisirs peu nobles. Quand l′autre parlait avec le cur de son père, elle avait des vues larges, on aurait voulu conduire avec elle une belle et bienfaisante entreprise, on le lui disait, mais au moment où l′on allait conclure, le cur de sa mère avait déjà repris son tour; et c′est lui qui vous répondait; et on était déçu et irrité — presque intrigué comme devant une substitution de personne — par une réflexion mesquine, un ricanement fourbe, où Gilberte se complaisait, car ils sortaient de ce qu′elle-même était à ce moment-là. L′écart était même parfois tellement grand entre les deux Gilberte qu′on se demandait, vainement du reste, ce qu′on avait pu lui faire, pour la retrouver si différente. Le rendez-vous qu′elle vous avait proposé, non seulement elle n′y était pas venue et ne s′excusait pas ensuite, mais, quelle que fût l′influence qui eût pu faire changer sa détermination, elle se montrait si différente ensuite, qu′on aurait cru que, victime d′une ressemblance comme celle qui fait le fond des Ménechmes, on n′était pas devant la personne qui vous avait si gentiment demandé à vous voir, si elle ne nous eût témoigné une mauvaise humeur qui décelait qu′elle se sentait en faute et désirait éviter les explications. Es cosa sabida que un niño tiene cosas de su padre y de su madre. Pero la distribución de las buenas y malas cualidades heredadas está hecha de un modo tan raro, que de dos virtudes que en uno de los padres parecían inseparables no perdura en el hijo más que una, y aliada a aquel defecto de su otro progenitor al parecer más inconciliable con dicha virtud. Y hasta la encarnación de una cualidad moral en un defecto físico incompatible con ella es con frecuencia ley del parecido filial. De estas dos hermanas habrá una que tenga la noble estatura del padre y el ánimo mezquino de la madre, y la otra, dueña de la inteligencia paterna, se le ofrecerá al mundo con el aspecto físico maternal; la nariz abrutada, el vientre nudoso y hasta la voz de la madre convirtiéndose en vestidura de dotes que antes se presentaban bajo soberbia apariencia. Así, que se puede decir de cualquiera de las dos hermanas, y con razón, que ella es la más parecida a uno de sus padres. Gilberta era hija única, cierto, pero había„ por lo menos, dos Gilbertas. Las dos índoles de su padre y de su madre no se contentaban con mezclarse en la hija; se la disputaban, y aun eso sería expresarse con inexactitud, porque pudiera dar a suponer que había una tercera Gilberta, padeciendo entonces al verse presa de las otras dos. Y Gilberta era alternativamente una u otra, y en todo momento una y nada más que una, esto es, incapaz de sufrir cuando se sentía menos buena, porque la Gilberta mejor, como entonces estaba momentáneamente ausente, no podía enterarse de que había degenerado. Y la menos buena de las dos Gilbertas gozaba de toda libertad para regocijarse con placeres no muy nobles. Cuando la otra hablaba con el corazón de su padre tenía miras muy amplias, daban ganas de entregarse con ella al logro de un ideal bueno y bello, y así se lo decía uno; pero en el momento decisivo el corazón de su madre recobraba su imperio, él contestaba; y se sentía desilusión y enfado –casi curiosidad, o como ante la substitución de una persona por otra–, porque Gilberta respondía con una reflexión mezquina o una torpe risita burlona, complaciéndose en ello porque esa respuesta nacía de su Verdadera naturaleza de aquel momento. Tan grande era a veces la separación entre las dos Gilbertas, que se preguntaba uno, en vano, claro está, qué es lo que pudo hacerle para encontrarla ahora tan distinta. Nos había dado una cita, y no sólo no iba ni se excusaba luego, sino que, cualquiera que hubiese sido el motivo de su mudanza, se nos aparecía después tan indiferente, que habría sido cosa de imaginarse, víctima de un parecido como el que constituye la base de los Menecmos, que la que estaba delante no era la misma persona que tan amablemente nos invitara a reunirnos a no ser porque el mal humor con que nos recibía delataba que se sentía culpable y quería evitar las explicaciones.
— «Allons, va, tu vas nous faire attendre», lui dit sa mère. –Vamos, Gilberta, nos vas a hacer esperar –le dijo su madre.
— «Je suis si bien près de mon petit papa, je veux rester encore un moment», répondit Gilberte en cachant sa tête sous le bras de son père qui passa tendrement les doigts dans la chevelure blonde. –Estoy muy a gusto aquí, junto a mi papaíto, y quiero estarme un poco más – respondió Gilberta, escondiendo la cabeza tras el brazo de su padre, que acariciaba cariñosamente la rubia cabellera, hundiendo en ella los dedos.
Swann était un de ces hommes qui ayant vécu longtemps dans les illusions de l′amour, ont vu le bien-être qu′ils ont donné à nombre de femmes accroître le bonheur de celles-ci sans créer de leur part aucune reconnaissance, aucune tendresse envers eux; mais dans leur enfant ils croient sentir une affection qui, incarnée dans leur nom même, les fera durer après leur mort. Quand il n′y aurait plus de Charles Swann, il y aurait encore une Mlle Swann, ou une Mme X., née Swann, qui continuerait à aimer le père disparu. Même à l′aimer trop peut-être, pensait sans doute Swann, car il répondit à Gilberte: «Tu es une bonne fille» de ce ton attendri par l′inquiétude que nous inspire pour l′avenir, la tendresse trop passionnée d′un être destiné à nous survivre. Pour dissimuler son émotion, il se mêla à notre conversation sur la Berma. Il me fit remarquer, mais d′un ton détaché, ennuyé, comme s′il voulait rester en quelque sorte en dehors de ce qu′il disait, avec quelle intelligence, quelle justesse imprévue l′actrice disait à none: «Tu le savais!» Il avait raison: cette intonation-là du moins, avait une valeur vraiment intelligible et aurait pu par là satisfaire à mon désir de trouver des raisons irréfutables d′admirer la Berma. Mais c′est à cause de sa clarté même qu′elle ne le contentait point. L′intonation était si ingénieuse, d′une intention, d′un sens si définis, qu′elle semblait exister en elle-même et que toute artiste intelligente eût pu l′acquérir. C′était une belle idée; mais quiconque la concevrait aussi pleinement la posséderait de même. Il restait à la Berma qu′elle l′avait trouvée, mais peut-on employer ce mot de «trouver», quand il s′agit de quelque chose qui ne serait pas différent si on l′avait reçu, quelque chose qui ne tient pas essentiellement à votre être puisqu′un autre peut ensuite le reproduire? Era Swann un hombre de esos que viven mucho tiempo con la ilusión del amor y ven que contribuyen á acrecentar la felicidad de muchas mujeres con el bienestar que les proporcionan pero sin inspirarles ningún agradecimiento ni cariño hacia ellos; en cambio, en su hijo creen ver un afecto tal que, encarnado en su propio nombre, los hará perdurar aún más allá de la muerte. Cuando ya no exista Carlos Swann, quedará una señorita Swann o una señora X, Swann de nacimiento, que seguirá queriendo al padre perdido. Y que seguirá queriéndolo muchísimo, debía de pensar Swann, porque contestó a Gilberta: “Eres una hija muy buena”, con un tono enternecido por la inquietud que nos inspira para el porvenir el apasionado cariño que nos tiene un ser que habrá de sobrevivirnos. Para disimular su emoción se metió en nuestra conversación sobre la Berma. Me llamó la atención. aunque en tono de indiferencia y malestar, como el que quiere permanecer ajeno a lo que está diciendo, sobre la inteligencia y la imprevista justeza con que dice la actriz a Enone “Tú lo sabías”. Era cierto; por lo menos la entonación aquella tenía un valor inteligible realmente, y por ende capaz de satisfacer mi deseo de hallar irrefutables razones para admirar a la Berma. Pero no me contentaba por su misma claridad. Tan ingeniosa era la entonación, tan definidos su intención y su sentido, que parecía como si tuviese existencia propia y que cualquier artista inteligente podía cogerla. Era una hermosa idea; pero todo el que fuese capaz de concebirla plenamente la poseería igual. Quedaba a la Berma el mérito de haberla encontrado; pero, ¿es que puede emplearse esa palabra “encontrar” cuando se trata de encontrar una cosa que no sería distinta si nos la diese otro, que no depende esencialmente de nuestro ser, puesto que otro la puede reproducir luego?
«Mon Dieu, mais comme votre présence élève le niveau de la conversation! me dit comme pour s′excuser auprès de Bergotte, Swann qui avait pris dans le milieu Guermantes l′habitude de recevoir les grands artistes comme de bons amis à qui on cherche seulement à faire manger les plats qu′ils aiment, jouer aux jeux ou, à la campagne, se livrer aux sports qui leur plaisent. «Il me semble que nous parlons bien d′art», ajouta-t-il. — «C′est très bien, j′aime beaucoup ça», dit Mme Swann en me jetant un regard reconnaissant, par bonté et aussi parce qu′elle avait gardé ses anciennes aspirations vers une conversation plus intellectuelle. Ce fut ensuite à d′autres personnes, à Gilberte en particulier que parla Bergotte. J′avais dit à celui-ci tout ce que je ressentais avec une liberté qui m′avait étonné et qui tenait à ce qu′ayant pris avec lui, depuis des années (au cours de tant d′heures de solitude et de lecture, où il n′était pour moi que la meilleure partie de moi-même), l′habitude de la sincérité, de la franchise, de la confiance, il m′intimidait moins qu′une personne avec qui j′aurais causé pour la première fois. Et cependant pour la même raison j′étais fort inquiet de l′impression que j′avais dû produire sur lui, le mépris que j′avais supposé qu′il aurait pour mes idées ne datant pas d′aujourd′hui, mais des temps déjà anciens où j′avais commencé à lire ses livres, dans notre jardin de Combray. J′aurais peut-être dû pourtant me dire que puisque c′était sincèrement, en m′abandonnant à ma pensée, que d′une part j′avais tant sympathisé avec l′uvre de Bergotte et que, d′autre part, j′avais éprouvé au théâtre un désappointement dont je ne connaissais pas les raisons, ces deux mouvements instinctifs qui m′avaient entraîné ne devaient pas être si différents l′un de l′autre, mais obéir aux mêmes lois; et que cet esprit de Bergotte, que j′avais aimé dans ses livres ne devait pas être quelque chose d′entièrement étranger et hostile à ma déception et à mon incapacité de l′exprimer. Car mon intelligence devait être une, et peut-être même n′en existe-t-il qu′une seule dont tout le monde est co-locataire, une intelligence sur laquelle chacun, du fond de son corps particulier porte ses regards, comme au théâtre, où si chacun a sa place, en revanche, il n′y a qu′une seule scène. Sans doute, les idées que j′avais le goût de chercher à démêler, n′étaient pas celles qu′approfondissait d′ordinaire Bergotte dans ses livres. Mais si c′était la même intelligence que nous avions lui et moi à notre disposition, il devait, en me les entendant exprimer, se les rappeler, les aimer, leur sourire, gardant probablement, malgré ce que je supposais, devant son il intérieur, tout une autre partie de l′intelligence que celle dont une découpure avait passé dans ses livres et d′après laquelle j′avais imaginé tout son univers mental. De même que les prêtres, ayant la plus grande expérience du cur, peuvent le mieux pardonner aux péchés qu′ils ne commettent pas, de même le génie ayant la plus grande expérience de l′intelligence peut le mieux comprendre les idées qui sont le plus opposées à celles qui forment le fond de ses propres uvres. J′aurais dû me dire tout cela (qui d′ailleurs n′a rien de très agréable, car la bienveillance des hauts esprits a pour corollaire l′incompréhension et l′hostilité des médiocres; or, on est beaucoup moins heureux de l′amabilité d′un grand écrivain qu′on trouve à la rigueur dans ses livres qu′on ne souffre de l′hostilité d′une femme qu′on n′a pas choisie pour son intelligence, mais qu′on ne peut s′empêcher d′aimer). J′aurais dû me dire tout cela, mais ne me le disais pas, j′étais persuadé que j′avais paru stupide à Bergotte, quand Gilberte me chuchota à l′oreille: –¡Dios mío, cómo eleva su presencia de usted el nivel de la conversación! –me dijo Swann, como para excusarse ante Bergotte; porque en el círculo Guermantes se había acostumbrado a recibir a los grandes artistas como a buenos amigos, limitándose a darles los platos que les gustan y la ocasión de jugar a los juegos o, si es en el campo, a los deportes que más les agradan - Se me figura que estamos hablando de arte añadió. – Está muy bien; eso es lo que a mí me gusta – dijo la señora de Swann, lanzándome una mirada de gratitud en señal de reconocimiento, por bondad y además porque aun le duraban sus viejas aspiraciones a una conversación más intelectual. Luego Bergotte habló con otras personas, especialmente con Gilberta. Había yo dicho al escritor todo lo que sentía con una libertad que me dejó asombrado, debida a que desde años atrás tenía yo con él (al cabo de tantas horas de soledad y de lectura en que no era Bergotte sino la parte mejor de mi propio ser) el hábito de la sinceridad, de la franqueza y de la confianza, y me imponía mucho menos que cualquier otra persona con la que hubiese hablado por vez primera. Y sin embargo, por la misma razón, estaba muy preocupado de la impresión que debí de haberle producido, porque el desprecio hacia mis ideas que yo le atribuía no era de entonces, sino que databa de los años, ya bien pasados, en que comencé yo a leer sus libros en nuestro jardín de Combray. Y a pesar de todo debía habérseme ocurrido que si fui sincero, si no hice más que abandonarme a mi pensamiento al encariñarme por un lado con la obra de Bergotte y al sentir, por otro, en el teatro una desilusión cuyas razones se me ocultaban, esos dos movimientos instintivos que me arrastraron no podían ser muy distintos entre sí y tenían que obedecer a idénticas leyes, y que ese espíritu de Bergotte que tanto me enamoró en sus libros no debía de ser enteramente extraño y hostil a mi decepción y a mi incapacidad para expresarla. Porque mi inteligencia no era más que una, y quién sabe si no existe más que una inteligencia, de la que todos somos vecinos y a la que mira cada cual desde el fondo de su cuerpo particular, como en el teatro, donde todo el mundo tiene un sitio, pero en cambio no hay más que un escenario. Indudablemente, las ideas que a mí me gustaba desenredar no eran las que Bergotte profundizaba ordinariamente en sus libros. Pero si la inteligencia que teníamos él y yo a nuestra disposición era la misma, al oírmelas explicar tenía que recordarlas y con cariño, sonreírles porque probablemente, y a pesar de lo que y o suponía, debía de tener ante su mirada interior una parte de inteligencia distinta de aquella cuyas recortaduras puso en sus libros, y que me servía para imaginarme todo su universo mental. Así como los sacerdotes, por señorear una gran experiencia del corazón humano, pueden perdonar tanto mejor pecados que ellos no cometen, lo mismo el genio, por poseer una gran experiencia de la mente, es tanto más capaz de comprender las ideas más opuestas a las que constituyen el fondo de su propia obra. Y debía habérseme ocurrido todo esto (cosa, por lo demás, nada grata, porque la benevolencia de los espíritus superiores tienen como corolario la incomprensión y hostilidad de los mediocres, y siempre es menor la alegría que nos inspira la amabilidad de un escritor, que en rigor pudimos buscar en sus libros, que el dolor que nos causa la hostilidad de una mujer, no escogida por su inteligencia, pero a la que no puede uno por menos de amar). Debía habérseme ocurrido todo eso, pero no se me ocurrió, y me quedé persuadido de haber parecido estúpido a Bergotte, cuando Gilberta me murmuró al oído:
— «Je nage dans la joie, parce que vous avez fait la conquête de mon grand ami Bergotte. Il a dit à maman qu′il vous avait trouvé extrêmement intelligent.» –Estoy loca de alegría porque ha conquistado usted a mi gran amigo Bergotte. Ha dicho a mamá que le parece usted muy inteligente.
— «Où allons-nous?» demandai-je à Gilberte. — «Oh! où on voudra, moi, vous savez, aller ici ou là . . . » Mais depuis l′incident qui avait eu lieu le jour de l′anniversaire de la mort de son grand-père, je me demandais si le caractère de Gilberte n′était pas autre que ce que j′avais cru, si cette indifférence à ce qu′on ferait, cette sagesse, ce calme, cette douce soumission constante, ne cachaient pas au contraire des désirs très passionnés que par amour-propre elle ne voulait pas laisser voir et qu′elle ne révélait que par sa soudaine résistance quand ils étaient par hasard contrariés. –¿Dónde vamos? –pregunté a Gilberta. –Donde quieran; a mí, ir aquí o allá. . . Pero desde el incidente ocurrido el día que hacía años de la muerte de su abuelo yo siempre me preguntaba si el carácter de Gilberta no era muy otro que el que yo me figuraba, si esa indiferencia por lo que decidieran, ese juicio, esa calma y esa cariñosa y constante sumisión no escondían, por el contrario, fogosos deseos que ella no quería aparentar por razón de amor propio, y que revelaba únicamente su repentina resistencia cuando por casualidad se veían contrariados esos deseos.
Comme Bergotte habitait dans le même quartier que mes parents, nous partîmes ensemble; en voiture il me parla de ma santé: «Nos amis m′ont dit que vous étiez souffrant. Je vous plains beaucoup. Et puis malgré cela je ne vous plains pas trop, parce que je vois bien que vous devez avoir les plaisirs de l′intelligence et c′est probablement ce qui compte surtout pour vous, comme pour tous ceux qui les connaissent.» Como Bergotte vivía en el mismo barrio que mis padres, salimos juntos, y en el coche me habló de mi estado de salud. –Nuestros amigos me han dicho que estaba usted malo. Lo compadezco mucho, pero no extraordinariamente, porque veo bien que no le faltan a usted los placeres de la inteligencia, que para usted, como para todo el que los haya saboreado, serán los primeros.
Hélas! ce qu′il disait là, combien je sentais que c′était peu vrai pour moi que tout raisonnement, si élevé qu′il fût, laissait froid, qui n′étais heureux que dans des moments de simple flânerie, quand j′éprouvais du bien-être; je sentais combien ce que je désirais dans la vie était purement matériel, et avec quelle facilité je me serais passé de l′intelligence. Comme je ne distinguais pas entre les plaisirs ceux qui me venaient de sources différentes, plus ou moins profondes et durables, je pensai, au moment de lui répondre, que j′aurais aimé une existence où j′aurais été lié avec la duchesse de Guermantes, et où j′aurais souvent senti comme dans l′ancien bureau d′octroi des Champs-Élysées une fraîcheur qui m′eût rappelé Combray. Or, dans cet idéal de vie que je n′osais lui confier, les plaisirs de l′intelligence ne tenaient aucune place. Pero yo me di cuenta de que, desgraciadamente, lo que decía era poco exacto en mi caso, para mí, que me quedaba frío con cualquier razonamiento, por elevado que fuese; que no me consideraba feliz más que en momentos de simple vagancia, cuando sentía bienestar; veía yo claro que lo que deseaba en la vida eran cosas puramente materiales y que me pasaría sin la inteligencia muy fácilmente. Como yo no sabía distinguir entre las distintas fuentes más o menos profundas y duraderas de que provenían mis placeres, pensé en el instante de contestarle que me hubiese gustado una vida donde tuviera amistad con la duquesa de Guermantes y a la que llegara, como a aquel quiosco de los Campos Elíseos, un frescor que me recordase a Combray. Y en ese ideal de vida que yo no me atreví a confiarle para nada entraban los placeres de la inteligencia.
— «Non, monsieur, les plaisirs de l′intelligence sont bien peu de chose pour moi, ce n′est pas eux que je recherche, je ne sais même pas si je les ai jamais goûtés.» –No, señor, los placeres de la inteligencia son poca cosa para mí; no son ésos los que yo busco, y ni siquiera sé sí los saborearé alguna vez.
— «Vous croyez vraiment, me répondit-il. Eh bien, écoutez, si, tout de même, cela doit être cela que vous aimez le mieux, moi, je me le figure, voilà ce que je crois.» –¿Lo cree usted así? –me respondió–. Pues mire, yo creo, a pesar de todo, que eso debe de ser lo que usted prefiere; vamos, me lo figuro.
Il ne me persuadait certes pas; pourtant je me sentais plus heureux, moins à l′étroit. A cause de ce que m′avait dit M. de Norpois, j′avais considéré mes moments de rêverie, d′enthousiasme, de confiance en moi, comme purement subjectifs et sans vérité. Or, selon Bergotte qui avait l′air de connaître mon cas, il semblait que le symptôme à négliger c′était au contraire mes doutes, mon dégoût de moi-même. Surtout ce qu′il avait dit de M. de Norpois, ôtait beaucoup de sa force à une condamnation que j′avais crue sans appel. No me convenció, es cierto; pero, sin embargo, sentíame yo más contento, más desahogado. Lo que me dijo el señor de Norpois dió lugar a que considerase yo mis ratos de ilusión, de entusiasmo y de confianza como puramente subjetivos y exentos de realidad. Y resultaba que, según Bergotte, que al parecer conocía mi caso, el síntoma que menos debía preocuparme era, por el contrario, el de la duda y el descontento hacia, mí mismo. Sobre todo, lo que dijo del señor de Norpois restaba mucha fuerza a aquella condena que consideraba yo como inapelable.
«Etes-vous bien soigné? me demanda Bergotte. Qui est-ce qui s′occupe de votre santé?» Je lui dis que j′avais vu et reverrais sans doute Cottard. «Mais ce n′est pas ce qu′il vous faut! me répondit-il. Je ne le connais pas comme médecin, Mais je l′ai vu chez Mme Swann. C′est un imbécile. A supposer que cela n′empêche pas d′être un bon médecin, ce que j′ai peine à croire, cela empêche d′être un bon médecin pour artistes, pour gens intelligents. Les gens comme vous ont besoin de médecins appropriés, je dirais presque de régimes, de médicaments particuliers. Cottard vous ennuiera et rien que l′ennui empêchera son traitement d′être efficace. Et puis ce traitement ne peut pas être le même pour vous que pour un individu quelconque. Les trois quarts du mal des gens intelligents viennent de leur intelligence. Il leur faut au moins un médecin qui connaisse ce mal-là. Comment voulez-vous que Cottard puisse vous soigner, il a prévu la difficulté de digérer les sauces, l′embarras gastrique, mais il n′a pas prévu la lecture de Shakespeare . . . Aussi ses calculs ne sont plus justes avec vous, l′équilibre est rompu, c′est toujours le petit ludion qui remonte. Il vous trouvera une dilatation de l′estomac, il n′a pas besoin de vous examiner, puisqu′il l′a d′avance dans son il. Vous pouvez le voir, elle se reflète dans son lorgnon.» Cette manière de parler me fatiguait beaucoup, je me disais avec la stupidité du bon sens: «Il n′y a pas plus de dilatation de l′estomac reflétée dans le lorgnon du professeur Cottard, que de sottises cachées dans le gilet blanc de M. de Norpois.» «Je vous conseillerais plutôt, poursuivit Bergotte, le docteur du Boulbon, qui est tout à fait intelligent.» «C′est un grand admirateur de vos uvres», lui répondis-je. Je vis que Bergotte le savait et j′en conclus que les esprits fraternels se rejoignent vite, qu′on a peu de vrais «amis inconnus». Ce que Bergotte me dit au sujet de Cottard me frappa tout en étant contraire à tout ce que je croyais. Je ne m′inquiétais nullement de trouver mon médecin ennuyeux; j′attendais de lui que, grâce à un art dont les lois m′échappaient, il rendît au sujet de ma santé un indiscutable oracle en consultant mes entrailles. Et je ne tenais pas à ce que, à l′aide d′une intelligence où j′aurais pu le suppléer, il cherchât à comprendre la mienne, que je ne me représentais que comme un moyen indifférent en soi-même, de tâcher d′atteindre des vérités extérieures. Je doutais beaucoup que le gens intelligents eussent besoin d′une autre hygiène que les imbéciles et j′étais tout prêt à me soumettre à celle de ces derniers. «Quelqu′un qui aurait besoin d′un bon médecin, c′est notre ami Swann», dit Bergotte. Et comme je demandais s′il était malade. «Hé! bien c′est l′homme qui a épousé une fille, qui avale par jour cinquante couleuvres de femmes qui ne veulent pas recevoir la sienne, ou d′hommes qui ont couché avec elle. On les voit, elles lui tordent la bouche. Regardez un jour le sourcil circonflexe qu′il a quand il rentre, pour voir qui il y a chez lui.» La malveillance avec laquelle Bergotte parlait ainsi à un étranger d′amis chez qui il était reçu depuis si longtemps était aussi nouvelle pour moi que le ton presque tendre que chez les Swann il prenait à tous moments avec eux. Certes, une personne comme ma grand′tante, par exemple, eût été incapable avec aucun de nous, de ces gentillesses que j′avais entendu Bergotte prodiguer à Swann. Même aux gens qu′elle aimait, elle se plaisait à dire des choses désagréables. Mais hors de leur présence elle n′aurait pas prononcé une parole qu′ils n′eussent pu entendre. Rien, moins que notre société de Combray ne ressemblait au monde. Celle des Swann était déjà un acheminement vers lui, vers ses flots versatiles. Ce n′était pas encore la grande mer, c′était déjà la lagune. «Tout ceci de vous à moi», me dit Bergotte en me quittant devant ma porte. Quelques années plus tard, je lui aurais répondu: «Je ne répète jamais rien.» C′est la phrase rituelle des gens du monde, par laquelle chaque fois le médisant est faussement rassuré. C′est celle que j′aurais déjà ce jour-là adressée à Bergotte car on n′invente pas tout ce qu′on dit, surtout dans les moments où on agit comme personnage social. Mais je ne la connaissais pas encore. D′autre part, celle de ma grand′tante dans une occasion semblable eût été: «Si vous ne voulez pas que ce soit répété, pourquoi le dites-vous?» C′est la réponse des gens insociables, des «mauvaises têtes». Je ne l′étais pas: je m′inclinai en silence. –¿Se cuida usted bien? –me preguntó Bergotte–. ¿Quién lo asiste? Le dije que me había visto, y probablemente volvería a verme, Cottard. –¡Pero lo que usted necesita es otra cosa! –me respondió–. No lo conozco como médico, pero lo he visto en casa de la señora de Swann, y es un imbécil. Y suponiendo que eso no quite para que sea un buen médico, que lo dudo mucho, por lo menos le imposibilita para ser buen médico de artistas y de personas inteligentes. Los seres como usted necesitan médicos apropiados, casi estoy por decir planes y medicinas particulares. Cottard lo aburrirá a usted, y sólo ese aburrimiento le quitará toda eficacia a su tratamiento. Y luego, que el tratamiento no puede ser igual para usted que para un individuo cualquiera. Las tres cuartas partes de las dolencias de las personas inteligentes provienen de su inteligencia. Necesitan por lo menos un médico que conozca esa enfermedad. ¿Y cómo quiere usted que Cottard lo pueda asistir bien? Ha previsto la dificultad de digerir las salsas, y las molestias gástricas, pero no ha previsto la lectura de Shakespeare. Y con usted sus cálculos ya no son exactos, el equilibrio se rompe siempre será el ludión que va subiendo. Le parecerá que tiene usted una dilatación de estómago sin necesidad de reconocerlo, porque la lleva en los ojos. Puede usted verla, se le refleja en los lentes. Este modo de hablar me cansaba mucho, y me decía yo, con la estupidez del sentido común: Ni hay dilatación de estómago reflejada en los lentes del profesor Cottard, ni hay tonterías escondidas en el chaleco blanco del señor de Norpois. –Yo le aconsejaría a usted más bien el doctor Du Boulbon – prosiguió Bergotte–, que es un hombre muy inteligente. –Admira mucho sus obras de usted –le contesté yo. Vi que Bergotte ya lo sabía, y de eso deduje que los espíritus fraternos pronto se encuentran y que apenas si existen realmente “amigos desconocidos”. Lo que Bergotte me dijo de Cottard me sorprendió, por ser lo contrario de lo que yo creía. A mí no me preocupaba lo más mínimo el que mi médico fuese aburrido; lo que esperaba yo de él es que, gracias a un arte cuyas leyes escapaban a mi conocimiento, emitiese con respecto a mi salud un oráculo indiscutible, después de haber consultado mis entrañas. Y no me interesaba que con ayuda de la inteligencia, cualidad en la que yo hubiera podido suplirle, intentase comprender la mía, que a mí se me representaba tan sólo como un medio, indiferente en sí mismo, de poder llegar a las verdades exteriores. Dudaba mucho que las personas inteligentes requiriesen distinta higiene que los imbéciles y estaba dispuesto a someterme a la de estos últimos. –El que necesitaría un buen médico es nuestro amigo Swann –dijo Bergotte. –Yo le pregunté si estaba malo. –Es un hombre que se ha casado con una cualquier cosa y que se traga cada día cincuenta desaires de mujeres que no quieren tratar a su esposa o de hombres que han dormido con ella. Se le ve, tiene la boca torcida de tanto tragar. Fíjese usted un día en las cejas circunflejas que pone al volver a casa para ver quién hay. Esa malevolencia con que hablaba Bergotte a un extraño de amigos que lo recibían en su casa hacía tanto tiempo era para mí cosa tan nueva como el tono casi cariñoso con que se dirigía siempre a los Swann. Es cierto que personas como mi tía abuela, por ejemplo, no hubiesen sido capaces de decir todas las amabilidades que Bergotte prodigaba a los Swann y que yo había oído. Se complacía ella en decir cosas desagradables hasta a las personas que quería. Pero nunca habría pronunciado por detrás de nadie palabras que no pudiese oír. Y es que no había nada menos parecido al gran mundo que nuestra sociedad de Combray. La de los Swann era un camino hacia ese gran mundo, hacia sus versátiles olas. Laguna ya, sin llegar todavía a pleno mar. “Todo esto, claro, dicho de usted para mí”, me advirtió Bergotte al separarnos delante de la casa. Unos años más tarde le habría yo contestado: “No tengo costumbre de repetir lo que oigo”. Frase ritual de los hombres de mundo con la que tranquilizamos engañosamente al maldiciente. Y yo se la habría dicho a Bergotte porque no siempre inventa uno lo que dice, sobre todo en los momentos en que se procede como personaje social. Pero todavía no la conocía. Y por el otro extremo, la de mi tía, en ocasión semejante, hubiese sido: “Si no quiere usted que lo repita, ¿para qué lo dice?" Respuesta de las personas insociables, de las “malas cabezas”. Como yo no lo era, me incliné sin decir nada.
Des gens de lettres qui étaient pour moi des personnages considérables intriguaient pendant des années avant d′arriver à nouer avec Bergotte des relations qui restaient toujours obscurément littéraires et ne sortaient pas de son cabinet de travail, alors que moi, je venais de m′installer parmi les amis du grand écrivain, d′emblée et tranquillement, comme quelqu′un qui au lieu de faire la queue avec tout le monde pour avoir une mauvaise place, gagne les meilleures, ayant passé par un couloir fermé aux autres. Si Swann me l′avait ainsi ouvert, c′est sans doute parce que comme un roi se trouve naturellement inviter les amis de ses enfants dans la loge royale, sur le yacht royal, de même les parents de Gilberte recevaient les amis de leur fille au milieu des choses précieuses qu′ils possédaient et des intimités plus précieuses encore qui y étaient encadrées. Mais à cette époque je pensai, et peut-être avec raison, que cette amabilité de Swann était indirectement à l′adresse de mes parents. J′avais cru entendre autrefois à Combray qu′il leur avait offert, voyant mon admiration pour Bergotte, de m′emmener dîner chez lui, et que mes parents avaient refusé, disant que j′étais trop jeune et trop nerveux pour «sortir». Sans doute, mes parents représentaient-ils pour certaines personnes, justement celles qui me semblaient le plus merveilleuses, quelque chose de tout autre qu′à moi, de sorte que comme au temps où la dame en rose avait adressé à mon père des éloges dont il s′était montré si peu digne, j′aurais souhaité que mes parents comprissent quel inestimable présent je venais de recevoir et témoignassent leur reconnaissance à ce Swann généreux et courtois qui me l′avait, ou le leur avait, offert, sans avoir plus l′air de s′apercevoir de sa valeur que ne fait dans la fresque de Luini, le charmant roi mage, au nez busqué, aux cheveux blonds, et avec lequel on lui avait trouvé autrefois paraît-il, une grande ressemblance. Literatos que para mi eran personajes de cuenta intrigaban años y años antes de tener con Bergote relaciones que permanecían en la penumbra de lo puramente literario y no trascendían de su despacho, mientras que yo acababa de instalarme de lleno y tranquilamente entre los amigos del gran escritor, como una persona que en lugar de estar haciendo cola, igual que todos, para tener una mala localidad, se coloca en la mejor pasando por un pasillo que está cerrado a los demás. Si Swann me lo había franqueado era sin duda porque los padres de Gilberta, lo mismo que un rey invita con toda naturalidad a, los amigos de sus hijos al palco real o al yate regio, recibían a los amigos de su hija en medio de los objetos preciosos que poseían y de las intimidades aún más preciosas, que encuadraban esos objetos. Pero en aquella época pensaba yo, y quizá no muy equivocado, que esa amabilidad de Swann tenía a mis padres por finalidad indirecta. Me pareció haber oído que años antes, en Combray, les ofreció, al ver cuánto admiraba a Bergotte, llevarme a cenar con el escritor, y que mis padres no quisieron, alegando que aún era muy joven y muy nervioso para “salir de casa”. Indudablemente, mis padres representaban para ciertas personas, cabalmente para aquellas que me parecían más maravillosas, cosa muy distinta de lo que eran para mí; así, que, igual que en aquella ocasión de la señora del traje rosa que hizo de mi padre elogios de que se mostró tan poco digno, hubiera yo deseado ahora que mis padres comprendieran el inestimable regalo que acababa de recibir y testimoniaran su gratitud a ese Swann generoso y cortés que me lo había hecho, o se lo había hecho a ellos, sin darse más importancia por su acto que ese delicioso rey mago del fresco de Luini, con su nariz repulgada y su pelo rojizo, con el que, según parece, le encontraban antes a Swann tanto parecido.
Malheureusement, cette faveur que m′avait faite Swann et que, en rentrant, avant même d′ôter mon pardessus, j′annonçai à mes parents, avec l′espoir qu′elle éveillerait dans leur cur un sentiment aussi ému que le mien et les déterminerait envers les Swann à quelque «politesse» énorme et décisive, cette faveur ne parut pas très appréciée par eux. «Swann t′a présenté à Bergotte? Excellente connaissance, charmante relation! s′écria ironiquement mon père. Il ne manquait plus que cela!» Hélas, quand j′eus ajouté qu′il ne goûtait pas du tout M. de Norpois: Desgraciadamente, ese favor que Swann me hizo, y que anuncié a mis padres en cuanto entré en casa, aun antes de quitarme el gabán, con la esperanza de que despertaría en su corazón un sentimiento tan hondo como en el mío y los decidiría a alguna “fineza” enorme y decisiva con los Swann, no lo apreciaron mucho. –¿Conque Swann te ha presentado a Bergotte? ¡Excelente adquisición, amistad encantadora! –exclamó irónicamente mi padre– . ¡No faltaba más que eso! Y cuando añadí que no le gustaba nada el señor de Norpois, repuso mi padre:
— «Naturellement! reprit-il. Cela prouve bien que c′est un esprit faux et malveillant. Mon pauvre fils tu n′avais pas déjà beaucoup de sens commun, je suis désolé de te voir tombé dans un milieu qui va achever de te détraquer.» –¡Naturalmente! Eso demuestra que es un hombre malévolo y falso. ¡Pobre hijo mío! ¡Tú, que tenías ya tan poco sentido común, has ido a caer en un ambiente que acabará de trastornarte!
Déjà ma simple fréquentation chez les Swann avait été loin d′enchanter mes parents. La présentation à Bergotte leur apparut comme une conséquence néfaste, mais naturelle, d′une première faute, de la faiblesse qu′ils avaient eue et que mon grand-père eût appelée un «manque de circonspection». Je sentis que je n′avais plus pour compléter leur mauvaise humeur qu′à dire que cet homme pervers et qui n′appréciait pas M. de Norpois, m′avait trouvé extrêmement intelligent. Quand mon père, en effet, trouvait qu′une personne, un de mes camarades par exemple, était dans une mauvaise voie — comme moi en ce moment — si celui-là avait alors l′approbation de quelqu′un que mon père n′estimait pas, il voyait dans ce suffrage la confirmation de son fâcheux diagnostic. Le mal ne lui en apparaissait que plus grand. Je l′entendais déjà qui allait s′écrier: «Nécessairement, c′est tout un ensemble!», mot qui m′épouvantait par l′imprécision et l′immensité des réformes dont il semblait annoncer l′imminente introduction dans ma si douce vie. Mais comme, n′eussé-je pas raconté ce que Bergotte avait dit de moi, rien ne pouvait plus quand même effacer l′impression qu′avaient éprouvée mes parents, qu′elle fût encore un peu plus mauvaise n′avait pas grande importance. D′ailleurs ils me semblaient si injustes, tellement dans l′erreur, que non seulement je n′avais pas l′espoir, mais presque pas le désir de les ramener à une vue plus équitable. Pourtant sentant au moment où les mots sortaient de ma bouche, comme ils allaient être effrayés de penser que j′avais plu à quelqu′un qui trouvait les hommes intelligents bêtes, était l′objet du mépris des honnêtes gens, et duquel la louange en me paraissant enviable m′encourageait au mal, ce fut à voix basse et d′un air un peu honteux que, achevant mon récit, je jetai le bouquet: «Il a dit aux Swann qu′il m′avait trouvé extrêmement intelligent.» Comme un chien empoisonné qui dans un champ se jette sans le savoir sur l′herbe qui est précisément l′antidote de la toxine qu′il a absorbée, je venais sans m′en douter de dire la seule parole qui fût au monde capable de vaincre chez mes parents ce préjugé à l′égard de Bergotte, préjugé contre lequel tous les plus beaux raisonnements que j′aurais pu faire, tous les éloges que je lui aurais décernés, seraient demeurés vains. Au même instant la situation changea de face: ¡Lo siento mucho! Ya el simple hecho de ir a menudo a casa de los Swann distó mucho de agradar a mis padres. La presentación a Bergotte les pareció consecuencia nefasta, pero natural, de una primera falta, de la debilidad que tuvieron conmigo, que hubiera sido calificada por mi abuela de “falta de circunspección”. Vi que para completar su mal humor no tenía más que decir que Bergotte, ese hombre perverso, ese hombre que no estimaba al señor de Norpois, me había juzgado sumamente inteligente. En efecto, cuando a mi padre le parecía que alguien, por ejemplo, un compañero mío, iba por mal camino – como yo en esos momentos–, si el descarriado lograba la aprobación de una persona a la que mi padre tuviera en poca estima, veía él en ese sufragio la confirmación de su mal diagnóstico. Y la dolencia le parecía con eso aún más grave. Vi que ya iba a exclamar: “¡Claro es, todo va unido!”, palabras que me espantaban porque parecía que con ellas se anunciaba la inminente introducción en mi dulcísima vida de reformas enormes e imprecisas: Pero aunque no contara lo que Bergotte opinó de mí, no por eso se iba a borrar la impresión de mis padres, y poco importaba que fuese todavía un poco peor. Además, se me figuraba tan grande su equivocación e injusticia, que ni siquiera sentía esperanza, ni aun deseo, de llevarlos a un punto de vista más equitativo. Sin embargo, en el momento en que salían las palabras de mi boca me di cuenta del susto que iban a tener pensando que yo agradé a un hombre que consideraba tontos a las personas inteligentes, que era objeto de desprecio para la gente honrada, y cuyos elogios, por parecerme envidiables, me empujarían hacia el mal; así que acabé mi discurso y lancé el remate con vos baja y aire un tanto avergonzado: “Ha dicho a los Swann que yo le parecía muy inteligente”. Y con ello hice lo que el perro envenenado que en un campo va a arrojarse precisamente, y sin saberlo, sobre la hierba que es antídoto de la toxina que absorbió: porque sin darme cuenta acababa de pronunciar las únicas palabras del mundo capaces de vencer en el ánimo de mis padres ese prejuicio que sentían hacia Bergotte, prejuicio contra el que se habrían embotado todos los razonamientos y todos los elogios de su persona que yo hubiese podido hacer. E instantáneamente la situación cambió de aspecto.
— «Ah! . . . Il a dit qu′il te trouvait intelligent, dit ma mère. Cela me fait plaisir parce que c′est un homme de talent?» –¡Ah! –dijo mi madre–. ¿Conque le pareces listo? Me gusta eso, porque es un hombre de talento.
— «Comment! il a dit cela? reprit mon père . . . Je ne nie en rien sa valeur littéraire devant laquelle tout le monde s′incline, seulement c′est ennuyeux qu′il ait cette existence peu honorable dont a parlé à mots couverts le père Norpois, ajouta-t-il sans s′apercevoir que devant la vertu souveraine des mots magiques que je venais de prononcer la dépravation des moeurs de Bergotte ne pouvait guère lutter plus longtemps que la fausseté de son jugement. –¿Ha dicho eso? –siguió mi padre–. No es que yo niegue su valor literario, que todo el mundo acata; sólo que es fastidioso que lleve esa vida tan poco decente, de la que hablaba a medias palabras el bueno de Norpois. Y lo dijo sin darse cuenta de que ante la virtud soberana de las mágicas palabras mías ya no podía luchar la depravación de costumbres de Bergotte ni su erróneo juicio.
— «Oh! mon ami, interrompit maman, rien ne prouve que ce soit vrai. On dit tant de choses. D′ailleurs, M. de Norpois est tout ce qu′il y a de plus gentil, mais il n′est pas toujours très bienveillant, surtout pour les gens qui ne sont pas de son bord.» –Bueno, tú ya sabes –interrumpió mamá– que no está demostrado que sea verdad. ¡Tantas cosas se dicen!...Y además el señor de Norpois es un hombre bonísimo, pero no siempre muy benévolo, sobre todo con las personas que no son de su cuerda.
— «C′est vrai, je l′avais aussi remarqué», répondit mon père. –Es verdad, ya lo había yo notado –respondió mi padre.
«— Et puis enfin il sera beaucoup pardonné à Bergotte puisqu′il a trouvé mon petit enfant gentil», reprit maman tout en caressant avec ses doigts mes cheveux et en attachant sur moi un long regard rêveur. –Y en último término, a Bergotte le serán perdonadas muchas cosas porque ha formado buena opinión de mi niño – añadió mamá acariciándome la cabeza y mirándome larga y fijamente con ojos soñadores.
Ma mère d′ailleurs n′avait pas attendu ce verdict de Bergotte pour me dire que je pouvais inviter Gilberte à goûter quand j′aurais des amis. Mais je n′osais pas le faire pour deux raisons. La première est que chez Gilberte, on ne servait jamais que du thé. A la maison au contraire, maman tenait à ce qu′à côté du thé il y eût du chocolat. J′avais peur que Gilberte ne trouvât cela commun et n′en conçût un grand mépris pour nous. L′autre raison fut une difficulté de protocole que je ne pus jamais réussir à lever. Quand j′arrivais chez Mme Swann elle me demandait: Pero mi madre, ya antes de que Bergotte formulase su veredicto, me había dicho que podía invitara merendar a Gilberta cuando mis amigos vinieran a casa. Yo no me atrevía a hacerlo por dos razones: Primero, porque en casa de Gilberta no se servía nada más que té, y en la nuestra mamá quería que además del té se diese chocolate. Y yo temía que eso le pareciera muy ordinario y le inspiráramos desprecio. Y segundo, por una dificultad de protocolo que nunca logré superar. Cuando llegaba yo a casa de los Swann me decía siempre la mamá de Gilberta
— «Comment va madame votre mère?» –¿Y su señora madre, está bien?
J′avais fait quelques ouvertures à maman pour savoir si elle ferait de même quand viendrait Gilberte, point qui me semblait plus grave qu′à la cour de Louis XIV le «Monseigneur». Mais maman ne voulut rien entendre. Yo había hecho algunos sondeos con mamá para enterarme de si ella diría lo mismo cuando Gilberta viniese a casa, punto que me parecía mucho más grave que el “Monseñor” en la Corte de Luis XIV. Pero mamá no quería oír hablar de eso.
— «Mais non, puisque je ne connais pas Mme Swann.» –No, si yo no trato a la señora de Swann.
— «Mais elle ne te connaît pas davantage.» –Pero ella tampoco te trata a ti.
— «Je ne te dis pas, mais nous ne sommes pas obligés de faire exactement de même en tout. Moi je ferai d′autres amabilités à Gilberte que Madame Swann n′aura pas pour toi.» –No te digo que no, pero no tenemos obligación de hacer las dos lo mismo. En cambio, yo tendré con Gilberta otras atenciones que su madre no tiene contigo.
Mais je ne fus pas convaincu et préférai ne pas inviter Gilberte. Pero no me convenció, y preferí no invitarla.
Ayant quitté mes parents, j′allai changer de vêtements et en vidant mes poches je trouvai tout à coup l′enveloppe que m′avait remise le maître d′hôtel des Swann avant de m′introduire au salon. J′étais seul maintenant. Je l′ouvris, à l′intérieur était une carte sur laquelle on m′indiquait la dame à qui je devais offrir le bras pour aller à table. Dejé a mis padres y fuí a cambiarme de ropa; al vaciarme los bolsillos me encontré de pronto con el sobre que me entregara el maestresala de los Swann antes de introducirme en el salón Ahora ya estaba solo. Abrí el sobre, que tenía dentro una tarjeta en la que se me indicaba la señora a quien yo debía ofrecer el brazo para ir al comedor.
Ce fut vers cette époque que Bloch bouleversa ma conception du monde, ouvrit pour moi des possibilités nouvelles de bonheur (qui devaient du reste se changer plus tard en possibilités de souffrance), en m′assurant que contrairement à ce que je croyais au temps de mes promenades du côté de Méséglise, les femmes ne demandaient jamais mieux que de faire l′amour. Il compléta ce service en m′en rendant un second que je ne devais apprécier que beaucoup plus tard: ce fut lui qui me conduisit pour la première fois dans une maison de passe. Il m′avait bien dit qu′il y avait beaucoup de jolies femmes qu′on peut posséder. Mais je leur attribuais une figure vague, que les maisons de passe devaient me permettre de remplacer par des visages particuliers. De sorte que si j′avais à Bloch, — pour sa «bonne nouvelle» que le bonheur, la possession de la beauté, ne sont pas choses inaccessibles et que nous avons fait uvre utile en y renonçant à jamais, — une obligation de même genre qu′à tel médecin ou tel philosophe optimiste qui nous fait espérer la longévité dans ce monde, et de ne pas être entièrement séparé de lui quand on aura passé dans un autre, les maisons de rendez-vous que je fréquentai quelques années plus tard, — en me fournissant des échantillons du bonheur, en me permettant d′ajouter à la beauté des femmes cet élément que nous ne pouvons inventer, qui n′est pas que le résumé des beautés anciennes, le présent vraiment divin, le seul que nous ne puissions recevoir de nous-même, devant lequel expirent toutes les créations logiques de notre intelligence et que nous ne pouvons demander qu′à la réalité: un charme individuel, — méritèrent d′être classées par moi à côté de ces autres bienfaiteurs d′origine plus récente mais d′utilité analogue (avant lesquels nous imaginions sans ardeur la séduction de Mantegna, de Wagner, de Sienne, d′après d′autres peintres, d′autres musiciens, d′autres villes): les éditions d′histoire de la peinture illustrées, les concerts symphoniques et les études sur les «Villes d′art». Mais la maison où Bloch me conduisit et où il n′allait plus d′ailleurs lui-même depuis longtemps était d′un rang trop inférieur, le personnel était trop médiocre et trop peu renouvelé pour que j′y puisse satisfaire d′anciennes curiosités ou contracter de nouvelles. La patronne de cette maison ne connaissait aucune des femmes qu′on lui demandait et en proposait toujours dont on n′aurait pas voulu. Elle m′en vantait surtout une, une dont, avec un sourire plein de promesses (comme si ç‘avait été une rareté et un régal), elle disait: «C′est une Juive! Ça ne vous dit rien?» (C′est sans doute à cause de cela qu′elle l′appelait Rachel.) Et avec une exaltation niaise et factice qu′elle espérait être communicative, et qui finissait sur un râle presque de jouissance: «Pensez donc mon petit, une juive, il me semble que ça doit être affolant! Rah!» Cette Rachel, que j′aperçus sans qu′elle me vît, était brune, pas jolie, mais avait l′air intelligent, et non sans passer un bout de langue sur ses lèvres, souriait d′un air plein d′impertinence aux michés qu′on lui présentait et que j′entendais entamer la conversation avec elle. Son mince et étroit visage était entouré de cheveux noirs et frisés, irréguliers comme s′ils avaient été indiqués par des hachures dans un lavis, à l′encre de Chine. Chaque fois je promettais à la patronne qui me la proposait avec une insistance particulière en vantant sa grande intelligence et son instruction que je ne manquerais pas un jour de venir tout exprès pour faire la connaissance de Rachel surnommée par moi «Rachel quand du Seigneur». Mais le premier soir j′avais entendu celle-ci au moment où elle s′en allait, dire à la patronne: Hacia esa época fué cuando Bloch trastornó mi concepción del mundo y me abrió nuevas posibilidades de dicha (que luego habrían de trocarse en posibilidades de padecer) al asegurarme que, muy por el contrario de lo que yo me imaginaba cuando mis paseos por el lado de Méséglise, las mujeres están deseando entregarse a los placeres del amor. Completó este favor con otro que yo sólo mucho más adelante supe apreciar: él fué el que me llevó por primera vez a una casa de compromisos. Me había dicho que había muchas mujeres bonitas que se dejan gozar. Pero yo les atribuía una fisonomía vaga, y las casas de citas me dieron ocasión de substituirla por rostros concretos. De suerte que debía a Bloch –por aquella su “buena nueva” de que la felicidad y la posesión de la belleza no son cosas inaccesibles, y que renunciar a ellas por siempre es perder el tiempo– el mismo favor que a un médico o filósofo optimista que nos da esperanzas de longevidad en esta tierra y de no estar enteramente separados de este mundo cuando pasemos al otro; y las casas de citas que frecuenté años más tarde –como me dieron muestras de felicidad, permitiéndome añadir a las bellezas de las mujeres ese elemento que no podemos inventar, que no es sólo el resumen de las bellezas antiguas, es decir, el presente verdaderamente divino, el único que somos incapaces de recibir por nosotros mismos, que únicamente la realidad puede darnos y ante el que expiran todas las creaciones lógicas de nuestra inteligencia: el placer individual– merecerían, para mí, ser clasificadas junto a esos otros benefactores, de mis reciente origen, pero de análoga utilidad (ante los cuales nos imaginamos sin ardor la seducción de Mantegna, de Wagner o de Siena, a través de otros pintores, de otros músicos o de otras ciudades), como son las ediciones ilustradas de historia de la pintura, los conciertos sinfónicos y los estudios sobre “las ciudades artísticas”. Pero la casa adonde me llevó Bloch, y a la que ya había dejado él de ir hacía mucho tiempo, era de muy baja categoría y su personal harto mediocre y repetido para que yo pudiese satisfacer allí curiosidades antiguas o sentir curiosidades nuevas. El ama de aquella casa nunca conocía a las mujeres por quienes preguntaba uno, y proponía otras que no me inspiraban deseo. Me alababa especialmente a una, y decía de ella, con una sonrisa henchida de promesas (como si fuese una cosa rara y exquisita): “¡Es una judía! ¿No le atrae a usted eso?” (Sin duda por ese motivo la llamaba Raquel.) Y añadía con exaltación necia y falsa, que ella creía ser comunicativa y que casi acababa en un ronquido de placer: “¡Imagínese usted, una judía: debe de ser enloquecedor!” Esta Raquel, a la que yo vi sin que ella se enterara, era una morena y no muy guapa., pero parecía inteligente y sonreía, después de mojarse los labios con la punta de la lengua, con suma impertinencia a los individuos que le presentaban y con los que la oía yo entrar en conversación. Tenía el rostro fino y. estrecho, encuadrado en un pelo negro y rizado, muy irregular como indicado en un dibujo a la aguada por sombras y medias tintas. Yo siempre prometía al ama, que me la proponía con particular insistencia y con alabanzas de su listeza y de su buena instrucción, ir un día expresamente a conocer a Raquel, a la que yo llamaba Rachel quand du Seigneur. Pero la primera noche que vi a la judía le oí decirle al ama cuando iba a marcharse
— «Alors c′est entendu, demain je suis libre, si vous avez quelqu′un, vous n′oublierez pas de me faire chercher.» –Entonces, ya lo sabe usted, mañana estoy libre; de modo que si hay alguno no deje usted de avisarme.
Et ces mots m′avaient empêché de voir en elle une personne parce qu′ils me l′avaient fait classer immédiatement dans une catégorie générale de femmes dont l′habitude commune à toutes était de venir là le soir voir s′il n′y avait pas un louis ou deux à gagner. Elle variait seulement la forme de sa phrase en disant: Y tales palabras me impidieron ya considerarla como una persona, porque para mí la clasificaron inmediatamente en una categoría general de mujeres que tienen por costumbre ir a esa casa todas las noches a ver si pueden ganar un luis o dos. Lo único que variaba era la forma de la frase, diciendo:
— «Si vous avez besoin de moi», ou «si vous avez besoin de quelqu′un.» “Si me necesita usted”, o “si, necesita usted a alguien”.
La patronne qui ne connaissait pas l′opéra d′Halévy ignorait pourquoi j′avais pris l′habitude de dire: «Rachel quand du Seigneur». Mais ne pas la comprendre n′a jamais fait trouver une plaisanterie moins drôle et c′est chaque fois en riant de tout son cur qu′elle me disait: El ama de la casa no conocía la ópera de Halévy, e ignoraba el fundamento de aquella costumbre mía de llamarla Rachel quand du Seigneur. Pero el no enterarse de un chiste nunca le ha robado gracia, y por eso la dueña me decía siempre, riéndose de veras
«— Alors, ce n′est pas encore pour ce soir que je vous unis à «Rachel quand du Seigneur»? «Comment dites-vous cela: «Rachel quand du Seigneur!» Ah! ça c′est très bien trouvé. Je vais vous fiancer. Vous verrez que vous ne le regretterez pas.» –¿Qué, entonces tampoco lo uno a usted esta noche con Rached quand du Seigneur? ¡Qué bien dice usted eso de Rachel quand du Seigneur! Está muy bien. Voy a arreglarlos a ustedes.
Une fois je faillis me décider, mais elle était «sous presse», une autre fois entre les mains du «coiffeur», un vieux monsieur qui ne faisait rien d′autre aux femmes que verser de l′huile sur leurs cheveux déroulés et les peigner ensuite. Et je me lassai d′attendre bien que quelques habituées fort humbles, soi-disant ouvrières, mais toujours sans travail, fussent venues me faire de la tisane et tenir avec moi une longue conversation à laquelle, — malgré le sérieux des sujets traités, — la nudité partielle ou complète de mes interlocutrices donnait une savoureuse simplicité. Je cessai du reste d′aller dans cette maison parce que désireux de témoigner mes bons sentiments à la femme qui la tenait et avait besoin de meubles, je lui en donnai quelques-uns, notamment un grand canapé — que j′avais hérités de ma tante Léonie. Je ne les voyais jamais car le manque de place avait empêché mes parents de les laisser entrer chez nous et ils étaient entassés dans un hangar. Mais dès que je les retrouvai dans la maison où ces femmes se servaient d′eux, toutes les vertus qu′on respirait dans la chambre de ma tante à Combray, m′apparurent, suppliciées par le contact cruel auquel je les avais livrés sans défense! J′aurais fait violer une morte que je n′aurais pas souffert davantage. Je ne retournai plus chez l′entremetteuse, car ils me semblaient vivre et me supplier, comme ces objets en apparence inanimés d′un conte persan, dans lesquels sont enfermées des âmes qui subissent un martyre et implorent leur délivrance. D′ailleurs, comme notre mémoire ne nous présente pas d′habitude nos souvenirs dans leur suite chronologique, mais comme un reflet où l′ordre des parties est renversé, je me rappelai seulement beaucoup plus tard que c′était sur ce même canapé que bien des années auparavant j′avais connu pour la première fois les plaisirs de l′amour avec une de mes petites cousines avec qui je ne savais où me mettre et qui m′avait donné le conseil assez dangereux de profiter d′une heure où ma tante Léonie était levée. Una vez estuvo en poco que no me decidiera; pero Raquel estaba “en precisa”, y en otra ocasión la tenía entre sus manos el peluquero, un señor viejo al que no le servían las mujeres más que para echarles aceite en la suelta cabellera y peinarlas luego. Y me cansé de esperar, aunque algunas muchachitas que frecuentaban mucho la casa, diciéndose obreras, pero siempre sin trabajo, vinieron a hacerme un poco de tisana y a entablar conmigo una larga conversación, que a pesar de lo serio de los temas tratados tenía una simplicidad sabrosa, debido al estado de desnudez total o parcial de mis interlocutoras. Dejé de ir a aquella casa porque, deseoso de demostrar mis buenas disposiciones a la dueña, que necesitaba muebles, le regalé algunos de los que yo había heredado de mi tía Leoncia, entre los que sobresalía un gran sofá. Yo nunca veía dichos muebles porque, por falta de espacio, no pudieron entrar en casa y estaban amontonados en un cobertizo. Pero en cuanto volvía verlos en la casa de citas, utilizados por aquellas mujeres, se me aparecieron todas las virtudes que se respiraban en la habitación de mi tía, allá en Combray, martirizadas por aquel contacto cruel a que yo las entregué indefensas. No hubiese sufrido más si por culpa mía violaran a una muerta. Y no volví a casa de la alcahueta, porque parecía que aquellos muebles vivían y me suplicaban, al igual de esos objetos de un cuento persa, en apariencia inanimados, que llevan dentro encerradas unas almas que padecen martirio y claman por su liberación. Y como la memoria no nos presenta por lo general los recuerdos en su sucesión cronológica, sino como un reflejo donde está alterado el orden de las partes, no me acordé hasta mucho después que en ese mismo sofá me fueron revelados años antes los placeres del amor por una de mis primitas, porque no sabíamos dónde meternos, y ella me dio el consejo, harto peligroso, de aprovecharme de una hora en que estuviese levantada mi tía Leoncia.
Toute une autre partie des meubles et surtout une magnifique argenterie ancienne de ma tante Léonie, je les vendis, malgré l′avis contraire de mes parents, pour pouvoir disposer de plus d′argent et envoyer plus de fleurs à Mme Swann qui me disait en recevant d′immenses corbeilles d′orchydées: «Si j′étais monsieur votre père, je vous ferais donner un conseil judiciaire.» Comment pouvais-je supposer qu′un jour je pourrais regretter tout particulièrement cette argenterie et placer certains plaisirs plus haut, que celui, qui deviendrait peut-être absolument nul, de faire des politesses aux parents de Gilberte. C′est de même en vue de Gilberte et pour ne pas la quitter que j′avais décidé de ne pas entrer dans les ambassades. Ce n′est jamais qu′à cause d′un état d′esprit qui n′est pas destiné à durer qu′on prend des résolutions définitives. J′imaginais à peine que cette substance étrange qui résidait en Gilberte et rayonnait en ses parents, en sa maison, me rendant indifférent à tout le reste, cette substance pourrait être libérée, émigrer dans un autre être. Vraiment la même substance et pourtant devant avoir sur moi de tout autres effets. Car la même maladie évolue; et un délicieux poison n′est plus toléré de même, quand avec les années, a diminué la résistance du cur. Vendí otros muchos muebles, entre ellos una magnífica vajilla de plata antigua, de lo que me dejó mi tía Leoncia, aun en contra del parecer de mis padres, para tener más dinero y mandar más flores a la señora de Swann, la cual me decía al recibir inmensas cestas de orquídeas: “Yo, en lugar de su señor padre, le declararía pródigo”. ¿Cómo iba yo a suponer que habría de venir un día en que yo echara muy de menos aquella vajilla de plata y en que considerase ciertos placeres muy superiores al de tener finezas con los padres de Gilberta, placer este que llegaría a reducirse a la nada? Y asimismo, pensando en Gilberta y para no separarme de ella, decidí no entrar en ninguna embajada. Y es porque siempre tomamos nuestras resoluciones definitivas basándonos en un estado de ánimo que no habrá de ser duradero. Yo apenas podía imaginarme que aquella substancia extraña que posaba en Gilberta, y que irradiaba a sus padres y a su casa, dejándome indiferente a todo lo demás, pudiese algún día tomar vuelo y emigrar hacia otro ser. Y realmente era la misma substancia pero habría de producirme distintos efectos. Porque una misma enfermedad evoluciona, y un veneno delicioso llega a no tolerarse como se toleraba, cuando con los años amengua la resistencia del corazón.
Mes parents cependant auraient souhaité que l′intelligence que Bergotte m′avait reconnue se manifestât par quelque travail remarquable. Quand je ne connaissais pas les Swann je croyais que j′étais empêché de travailler par l′état d′agitation où me mettait l′impossibilité de voir librement Gilberte. Mais quand leur demeure me fut ouverte, à peine je m′étais assis à mon bureau de travail que je me levais et courais chez eux. Et une fois que je les avais quittés et que j′étais rentré à la maison, mon isolement n′était qu′apparent, ma pensée ne pouvait plus remonter le courant du flux de paroles par lequel je m′étais laissé machinalement entraîner pendant des heures. Seul je continuais à fabriquer les propos qui eussent été capables de plaire aux Swann et pour donner plus d′intérêt au jeu, je tenais la place de ces partenaires absents, je me posais à moi-même des questions fictives choisies de telle façon que mes traits brillants ne leur servissent que d′heureuse répartie. Silencieux, cet exercice était pourtant une conversation et non une méditation, ma solitude une vie de salon mentale où c′était non ma propre personne mais des interlocuteurs imaginaires qui gouvernaient mes paroles et où j′éprouvais à former, au lieu des pensées que je croyais vraies celles qui me venaient sans peine, sans régression du dehors vers le dedans, ce genre de plaisir tout passif qui trouve à rester tranquille quelqu′un qui est alourdi par une mauvaise digestion. Entre tanto, mis padres estaban deseando que esa inteligencia que me reconoció Bergotte se manifestara en algún trabajo notable. Antes de conocer a los Swann me figuro yo que lo que me impedía trabajar era el estado c′– agitación en que me tenía la imposibilidad de ver libremente a Gilberta. Pero cuando me estuvo franqueada la puerta de su casa, apenas me sentaba en mi despacho cuando ya me levantaba para correr a la morada de los Swann. Y cuando salía de allí y volvía a casa, mi aislamiento era puramente aparente, mi pensamiento no podía remontar el torrente de palabras por el que me había estado dejando llevar horas y horas. Y ya solo, aún seguía construyendo frases que pudieran ser gratas a los Swann, y para dar mayor interés al juego yo representaba el papel de mis ausentes interlocutores y me hacía a mí mismo imaginarias preguntas escogidas de manera que la brillante expresión de mi fisonomía les sirviese de feliz réplica. A pesar de mi silencia aquel ejercicio era conversación y no meditación, y mi soledad, vida mental de salón, donde mis palabras iban gobernadas no por mi propia persona, sino por interlocutores imaginarios; y con aquel formar, en vez de pensamientos que yo creía ciertos, otros que se me ocurrían sin trabajo, sin regresión de fuera a dentro, sentía ese linaje de placer pasivo que experimenta en estar quieta la persona que tiene una digestión pesada y mala.
Si j′avais été moins décidé à me mettre définitivement au travail, j′aurais peut-être fait un effort pour commencer tout de suite. Mais puisque ma résolution était formelle, et qu′avant vingt-quatre heures, dans les cadres vides de la journée du lendemain où tout se plaçait si bien parce que je n′y étais pas encore, mes bonnes dispositions se réaliseraient aisément, il valait mieux ne pas choisir un soir où j′étais mal disposé pour un début auquel les jours suivants, hélas! ne devaient pas se montrer plus propices. Mais j′étais raisonnable. De la part de qui avait attendu des années, il eût été puéril de ne pas supporter un retard de trois jours. Certain que le surlendemain j′aurais déjà écrit quelques pages, je ne disais plus un seul mot à mes parents de ma décision; j′aimais mieux patienter quelques heures, et apporter à ma grand′mère consolée et convaincue, de l′ouvrage en train. Malheureusement le lendemain n′était pas cette journée extérieure et vaste que j′avais attendue dans la fièvre. Quand il était fini, ma paresse et ma lutte pénible contre certains obstacles internes avait simplement duré vingt-quatre heures de plus. Et au bout de quelques jours, mes plans n′ayant pas été réalisés, je n′avais plus le même espoir qu′ils le seraient immédiatement, partant, plus autant de courage pour subordonner tout à cette réalisation: je recommençais à veiller, n′ayant plus pour m′obliger à me coucher de bonne heure un soir, la vision certaine de voir l′uvre commencée le lendemain matin. Il me fallait avant de reprendre mon élan quelques jours de détente, et la seule fois où ma grand′mère osa d′un ton doux et désenchanté formuler ce reproche: «Hé bien, ce travail, on n′en parle même plus?» je lui en voulus, persuadé que n′ayant pas su voir que mon parti était irrévocablement pris, elle venait d′en ajourner encore et pour longtemps peut-être, l′exécution, par l′énervement que son déni de justice me causait et sous l′empire duquel je ne voudrais pas commencer mon uvre. Elle sentit que son scepticisme venait de heurter à l′aveugle une volonté. Elle s′en excusa, me dit en m′embrassant: «Pardon, je ne dirai plus rien.» Et pour que je ne me décourageasse pas, m′assura que du jour où je serais bien portant, le travail viendrait tout seul par surcroît. Quizá yo, de no haber estado tan decidido a ponerme al trabajo de un modo definitivo, hubiese hecho un esfuerzo para empezar en seguida. Pero como la mía era una resolución formal, y antes de las veinticuatro horas, en los vacíos marcos del día siguiente, donde todo encajaba tan bien porque todavía no había llegado allí, iban a realizarse cumplidamente mis buenas disposiciones, más valía no escoger aquella noche, en que no me encontraba bien animado para unos comienzos que, por desgracia no me serían más fáciles en los días siguientes. Pero yo era razonable. Hubiese sido pueril que no aguantara un retraso de tres días el que había esperado años enteros. Persuadido de que al otro día ya habría escrito algunas páginas, no decía nada a mis padres de mí resolución, y prefería tener paciencia por unas horas más y llevar a mi abuela, para su consuelo y convencimiento, trabajo empezado. Por desdicha, al día siguiente no era esa jornada vasta y exterior que en mi fiebre esperara yo. Y cuando terminaba ese día no había ocurrido otra cosa sino que mi pereza y mi penosa lucha contra ciertos obstáculos internos tenían veinticuatro horas más de duración. Y al cabo de linos días, como mis planes no se habían realizado, ni siquiera tenía esperanzas de que lograran realizarse inmediatamente, y por lo tanto me faltaba valor para subordinarlo todo a esa realización, volvía a mis nocturnos desvelos, porque me faltaba por la noche aquella visión cierta, que me obligaba a acostarme temprano, de ver mi obra comenzada a la mañana siguiente. Necesitaba algunos días de reposo para volver a tomar arranque, y la única vez que se atrevió mi abuela a formular, en tono cariñoso y desilusionado, este reproche: “¿Qué, ya ni siquiera se habla de ese trabajo?”, le guardé rencor, convencido de que por no haber sabido ver que mi decisión de trabajo era irrevocable, aún iba a retrasar quizá por mucho tiempo la ejecución de mi proyecto, porque aquella falta de justicia suya me puso en un estado de nerviosidad que no era adecuado para dar comienzo a mi obra. Se dió ella cuenta de que su escepticismo había tropezado, a ciegas, con una voluntad. Me pidió perdón y me dijo, dándome un Seso: “Descuida, ya no te diré nada”. Y para que no me desanimase me aseguraba que el día que estuviera yo bien del todo el trabajo vendría solo, por añadidura.
D′ailleurs, me disais-je, en passant ma vie chez les Swann ne fais-je pas comme Bergotte? A mes parents il semblait presque que tout en étant paresseux, je menais, puisque c′était dans le même salon qu′un grand écrivain, la vie la plus favorable au talent. Et pourtant que quelqu′un puisse être dispensé de faire ce talent soi-même, par le dedans, et le reçoive d′autrui, est aussi impossible que se faire une bonne santé (malgré qu′on manque à toutes les règles de l′hygiène et qu′on commette les pires excès) rien qu′en dînant souvent en ville avec un médecin. La personne du reste qui était le plus complètement dupe de l′illusion qui m′abusait ainsi que mes parents, c′était Mme Swann. Quand je lui disais que je ne pouvais pas venir, qu′il fallait que je restasse à travailler, elle avait l′air de trouver que je faisais bien des embarras, qu′il y avait un peu de sottise et de prétention dans mes paroles: Además, yo me decía que si me pasaba la vida en casa de los Swann, lo mismo hacía Bergotte. A mis padres se les figuraba que yo, aun siendo perezoso, hacía una vida favorable al desarrollo del talento, puesto que transcurría en el mismo salón que frecuentaba un gran escritor. Y sin embargo, tan imposible es para una persona el verse dispensada de hacerse su talento por sí mismo, por dentro, y recibirlo de otro, como el tener buena salud (a pesar de faltar a toda regla de higiene y entregarse a todos los excesos) sólo por ir a cenar a menudo con un médico. La persona más engañada por aquella ilusión que nos dominaba a mis padres y a mí era la señora de Swann. Cuando le decía que no podría ir a su casa, que tenía que quedarme a trabajar, se le figuraba que me hacía rogar, y veía en mis palabras cierta presunción y tontería.
— «Mais Bergotte vient bien, lui? Est-ce que vous trouvez que ce qu′il écrit n′est pas bien. Cela sera même mieux bientôt, ajoutait-elle, car il est plus aigu, plus concentré dans le journal que dans le livre où il délaie un peu. J′ai obtenu qu′il fasse désormais le «leader article» dans le Figaro. Ce sera tout à fait «the right man in the right place.» –Pero ¿es que Bergotte no viene a casa? ¿No le parece a usted bueno lo que escribe? Pues ahora aún estará mejor –añadía– , porque es más agudo y más concentrado en los artículos periodísticos que en el libro, donde se diluye un poco, y he logrado que de aquí en adelante se encargue del leading article del Fígaro. Será exactamente the right man in the right place.
Et elle ajoutait: Y añadía:
— «Venez, il vous dira mieux que personne ce qu′il faut faire.» –Venga usted, y él le dirá mejor que nadie lo que tiene que hacer.
Et c′était comme on invite un engagé volontaire avec son colonel, c′était dans l′intérêt de ma carrière et comme si les chefs-d′uvre se faisaient par «relations» qu′elle me disait de ne pas manquer de venir le lendemain dîner chez elle avec Bergotte. Y me decía que no dejara de ir a cenar a su casa al día siguiente con Bergotte, igual que se invita a un soldado que sentó plaza a la misma mesa que a su coronel, esto, en interés de mi carrera y como si las grandes obras se escribiesen gracias a las buenas “relaciones”.
Ainsi pas plus du côté des Swann que du côté de mes parents, c′est-à-dire de ceux qui, à des moments différents, avaient semblé devoir y mettre obstacle, aucune opposition n′était plus faite à cette douce vie où je pouvais voir Gilberte comme je voulais, avec ravissement, sinon avec calme. Il ne peut pas y en avoir dans l′amour, puisque ce qu′on a obtenu n′est jamais qu′un nouveau point de départ pour désirer davantage. Tant que je n′avais pu aller chez elle, les yeux fixés vers cet inaccessible bonheur, je ne pouvais même pas imaginer les causes nouvelles de trouble qui m′y attendaient. Une fois la résistance de ses parents brisée, et le problème enfin résolu, il recommença à se poser, chaque fois dans d′autres termes. En ce sens c′était bien en effet chaque jour une nouvelle amitié qui commençait. Chaque soir en rentrant je me rendais compte que j′avais à dire à Gilberte des choses capitales, desquelles notre amitié dépendait, et ces choses n′étaient jamais les mêmes. Mais enfin j′étais heureux et aucune menace ne s′élevait plus contre mon bonheur. Il allait en venir hélas d′un côté, où je n′avais jamais aperçu aucun péril, du côté de Gilberte et de moi-même. J′aurais pourtant dû être tourmenté par ce qui, au contraire, me rassurait, par ce que je croyais du bonheur. C′est, dans l′amour, un état anormal, capable de donner tout de suite, à l′accident, le plus simple en apparence et qui peut toujours survenir, une gravité que par lui-même cet accident ne comporterait pas. Ce qui rend si heureux, c′est la présence dans le cur de quelque chose d′instable, qu′on s′arrange perpétuellement à maintenir et dont on ne s′aperçoit presque plus tant qu′il n′est pas déplacé. En réalité, dans l′amour il y a une souffrance permanente, que la joie neutralise, rend virtuelle, ajourne, mais qui peut à tout moment devenir ce qu′elle serait depuis longtemps si l′on n′avait pas obtenu ce qu′on souhaitait, atroce. Así, que ya no había oposición alguna a aquella dulce vida en que me era dable ver a Gilberta cuando quisiera, con arrobo, aunque no con calma, ni por parte de los Swann ni por parte de mis padres, es decir, de las únicas personas que en distintos momentos pareció que se opondrían a ello. Claro que en amor nunca puede haber calma, porque lo que se logra es tan sólo nuevo punto de partida para más desear. Mientras que no pude entrar en su casa, cuando tenía la mirada fija en aquella inaccesible felicidad, no podía imaginarme las nuevas causas de preocupación que allí dentro me esperaban. Y una vez vencida la resistencia de mis padres y resuelto el problema, tornó en seguida a plantearse en otros términos. Y en ese sentido sí que era verdad aquello de que cada día empezaba una nueva amistad. Todas las noches al volver a casa, me acordaba de que aún tenía que decir a Gilberta cosas importantes de las que dependía nuestra amistad, y que nunca eran las mismas. Pero, en fin, era feliz y ya no se elevaba amenaza alguna en contra de mi dicha. Pero, ¡ay!, que iba a llegar pronto, y por un lado de donde nunca me esperé ningún peligro, por el lado de Gilberta y mío. Y, sin embargo, a mí debiera haberme atormentado precisamente lo que, por el contrario, me tranquilizaba, aquello que yo consideraba la felicidad. Porque la felicidad es en amor un estado anormal, en el cual cualquier accidente, por aparentemente sencillo que sea, y que puede ocurrir en todo momento, cobra una gravedad que no implicaría por sí solo dicho accidente. Lo que constituye nuestra felicidad es la presencia en el corazón de una cosa instable que nos arreglamos dé modo que se mantenga perpetuamente, y que casi no notamos mientras no hay algo que la desplace. En realidad, en el amor hay un padecer permanente, que la alegría neutraliza, aplaza y da virtualidad, pero que en cualquier instante puede convertirse en aquello que hubiese sido desde el primer momento de no haberle dado todo lo que pedía, es decir, en pena atroz.
Plusieurs fois je sentis que Gilberte désirait éloigner mes visites. Il est vrai que quand je tenais trop à la voir je n′avais qu′à me faire inviter par ses parents qui étaient de plus en plus persuadés de mon excellente influence sur elle. Grâce à eux, pensais-je, mon amour ne court aucun risque; du moment que je les ai pour moi, je peux être tranquille puisqu′ils ont toute autorité sur Gilberte. Malheureusement à certains signes d′impatience que celle-ci laissait échapper quand son père me faisait venir en quelque sorte malgré elle, je me demandai si ce que j′avais considéré comme une protection pour mon bonheur n′était pas au contraire la raison secrète pour laquelle il ne pourrait durer. Vi varias veces que Gilberta tenía deseos de apartar de sí mis visitas. Cierto que cuando tenía interés en verla me bastaba con hacer que me invitasen sus padres, cada día más convencidos de la excelente influencia que yo ejercía en su ánimo. Pensaba yo que gracias a ellos mi amor no corría ningún riesgo, y que desde el momento que los tenía ganados a mi causa podía estar tranquilo, puesto que ellos eran los que tenían autoridad sobre Gilberta. Desgraciadamente, por ciertas señales de impaciencia que a la muchacha se le escapaban cuando su padre me hacía ir a casa en contra de la voluntad de ella, llegué a preguntarme si lo que consideraba como una protección para mi felicidad no sería, al contrario, razón secreta de que no pudiese durar.
La dernière fois que je vins voir Gilberte, il pleuvait; elle était invitée à une leçon de danses chez des gens qu′elle connaissait trop peu pour pouvoir m′emmener avec elle. J′avais pris à cause de l′humidité plus de caféine que d′habitude. Peut-être à cause du mauvais temps, peut-être ayant quelque prévention contre la maison où cette matinée devait avoir lieu, Mme Swann, au moment où sa fille allait partir, la rappela avec une extrême vivacité: «Gilberte!» et me désigna pour signifier que j′étais venu pour la voir et qu′elle devait rester avec moi. Ce «Gilberte» avait été prononcé, crié plutôt, dans une bonne intention pour moi, mais au haussement d′épaules que fit Gilberte en ôtant ses affaires, je compris que sa mère avait involontairement accéléré l′évolution, peut-être jusque-là possible encore à arrêter, qui détachait peu à peu de moi mon amie. «On n′est pas obligé d′aller danser tous les jours», dit Odette à sa fille, avec une sagesse sans doute apprise autrefois de Swann. Puis, redevenant Odette, elle se mit à parler anglais à sa fille. Aussitôt ce fut comme si un mur m′avait caché une partie de la vie de Gilberte, comme si un génie malfaisant avait emmené loin de moi mon amie. Dans une langue que nous savons, nous avons substitué à l′opacité des sons la transparence des idées. Mais une langue que nous ne savons pas est un palais clos dans lequel celle que nous aimons peut nous tromper, sans que, restés au dehors et désespérément crispés dans notre impuissance, nous parvenions à rien voir, à rien empêcher. Telle cette conversation en anglais dont je n′eusse que souri un mois auparavant et au milieu de laquelle quelques noms propres français ne laissaient pas d′accroître et d′orienter mes inquiétudes, avait, tenue à deux pas de moi par deux personnes immobiles, la même cruauté, me faisait aussi délaissé et seul, qu′un enlèvement. Enfin Mme Swann nous quitta. Ce jour-là peut-être par rancune contre moi, cause involontaire qu′elle n′allât pas s′amuser, peut-être aussi parce que la devinant fâchée j′étais préventivement plus froid que d′habitude, le visage de Gilberte, dépouillé de toute joie, nu, saccagé, sembla tout l′après-midi vouer un regret mélancolique au pas-de-quatre que ma présence l′empêchait d′aller danser, et défier toutes les créatures, à commencer par moi, de comprendre les raisons subtiles qui avaient déterminé chez elle une inclination sentimentale pour le boston. Elle se borna à échanger, par moments, avec moi, sur le temps qu′il faisait, la recrudescence de la pluie, l′avance de la pendule, une conversation ponctuée de silences et de monosyllabes où je m′entêtais moi-même, avec une sorte de rage désespérée, à détruire les instants que nous aurions pu donner à l′amitié et au bonheur. Et à tous nos propos une sorte de dureté suprême était conférée par le paroxisme de leur insignifiance paradoxale, lequel me consolait pourtant, car il empêchait Gilberte d′être dupe de la banalité de mes réflexions et de l′indifférence de mon accent. C′est en vain que je disais: «Il me semble que l′autre jour la pendule retardait plutôt», elle traduisait évidemment: «Comme vous êtes méchante!» J′avais beau m′obstiner à prolonger, tout le long de ce jour pluvieux, ces paroles sans éclaircies, je savais que ma froideur n′était pas quelque chose d′aussi définitivement figé que je le feignais, et que Gilberte devait bien sentir que si, après le lui avoir déjà dit trois fois, je m′étais hasardé une quatrième à lui répéter que les jours diminuaient, j′aurais eu de la peine à me retenir à fondre en larmes. Quand elle était ainsi, quand un sourire ne remplissait pas ses yeux et ne découvrait pas son visage, on ne peut dire de quelle désolante monotonie étaient empreints ses yeux tristes et ses traits maussades. Sa figure, devenue presque livide, ressemblait alors à ces plages ennuyeuses où la mer retirée très loin vous fatigue d′un reflet toujours pareil que cerne un horizon immuable et borné. A la fin, ne voyant pas se produire de la part de Gilberte le changement heureux que j′attendais depuis plusieurs heures, je lui dis qu′elle n′était pas gentille: «C′est vous qui n′êtes pas gentil», me répondit-elle. «Mais si!» Je me demandai ce que j′avais fait, et ne le trouvant pas, le lui demandai à elle-même: «Naturellement, vous vous trouvez gentil!» me dit-elle en riant longuement. Alors je sentis ce qu′il y avait de douloureux pour moi à ne pouvoir atteindre cet autre plan, plus insaisissable, de sa pensée, que décrivait son rire. Ce rire avait l′air de signifier: «Non, non, je ne me laisse pas prendre à tout ce que vous me dites, je sais que vous êtes fou de moi, mais cela ne me fait ni chaud ni froid, car je me fiche de vous.» Mais je me disais qu′après tout le rire n′est pas un langage assez déterminé pour que je pusse être assuré de bien comprendre celui-là. Et les paroles de Gilberte étaient affectueuses. «Mais en quoi ne suis-je pas gentil, lui demandai-je, dites-le moi, je ferai tout ce que vous voudrez.» «Non cela ne servirait à rien, je ne peux pas vous expliquer.» Un instant j′eus peur qu′elle crût que je ne l′aimasse pas, et ce fut pour moi une autre souffrance, non moins vive, mais qui réclamait une dialectique différente. «Si vous saviez le chagrin que vous me faites, vous me le diriez.» Mais ce chagrin qui, si elle avait douté de mon amour eût dû la réjouir, l′irrita au contraire. Alors, comprenant mon erreur, décidé à ne plus tenir compte de ses paroles, la laissant sans la croire, me dire: «Je vous aimais vraiment, vous verrez cela un jour» (ce jour, où les coupables assurent que leur innocence sera reconnue et qui, pour des raisons mystérieuses, n′est jamais celui où on les interroge), j′eus le courage de prendre subitement la résolution de ne plus la voir, et sans le lui annoncer encore, parce qu′elle ne m′aurait pas cru. La última vez que fui a ver a Gilberta estaba lloviendo; la habían invitado a una lección de baile en una casa donde no tenía bastante confianza para llevarme. Yo, por causa de la humedad, había tomado más cafeína que de ordinario. Ya por el mal tiempo, ya porque la señora de Swann tuviese alguna prevención contra aquella casa donde estaba invitada su hija, ello es que cuando la muchacha iba a salir la llamó con mucha vivacidad: “¡Gilberta!”, y le indicó mi presencia, como dando a entender que yo había venido a verla y que debía quedarse conmigo. Ese “¡Gilberta!” se pronunció, mejor dicho, se gritó con buena intención hacia mí; pero por el encogimiento de hombros que hizo Gilberta al quitarse el abrigo comprendí que su madre, involuntariamente había acelerado la evolución que poco a poco iba desviando a mi amiga de mi persona, evolución que hasta aquel momento quizá se hubiera podido contener. “No tiene una obligación de ira bailar todos los días”, dijo Odette a su hija, con discreción indudablemente aprendida antaño de Swann. Y luego, volviendo a ser Odette, se puso a hablar en inglés a la chica. E inmediatamente ocurrió como si se hubiese alzado un muro que me ocultara una parte de la vida de Gilberta, como si un genio maléfico se hubiese llevado a mi amiga muy lejos de mí. En una lengua conocida substituimos la opacidad de los sonidos con la transparencia de las ideas. Pero un idioma desconocido es un palacio cerrado donde nuestra amada puede engañarnos sin que nosotros, que nos quedamos fuera crispados por la impotencia, nos sea dable ver ni impedir nada. Así, esa conversación en inglés, que un mes antes me hubiera inspirado una sonrisa, salpicada de algunos nombres propios franceses que acrecían y orientaban mi inquietud, esa conversación sostenida allí delante tuvo para mí la misma crueldad que un rapto y me dejó en idéntico estado de abandono. Por fin, la señora de Swann se marchó. Aquel día, fuera por rencor hacia mí, involuntario culpable de que la hubieran privado de su diversión, fuera porque al adivinar que estaba enfadada puse yo preventivamente cara más fría que de costumbre, el caso es que el rostro de Gilberta, exento de toda alegría, desnudo, asolado, se consagró toda la tarde a una melancólica nostalgia de aquel pas de quatre que no pudo ir a bailar por causa mía, desafiando a todas las criaturas, yo la primera, a penetrar las sutiles razones que determinaron en ella una inclinación sentimental por el boston. Se limitó a cambiar de cuando en cuando conmigo frases relativas al tiempo, a la recrudescencia de la lluvia, a los progresos del reloj, en conversación puntuada por silencios y monosílabos y en la que yo me obstinaba, con especie de desesperada rabia, en destruir los instantes que hubiéramos podido consagrar a la amistad y a la felicidad. Y todas nuestras frases iban revestidas de una a modo de suprema dureza por el paroxismo de su paradójica insignificancia, cosa que me consolaba porque así Gilberta no se dejaría engañar por lo trivial de mis reflexiones y lo indiferente de mi tono. En vano decía yo: “Me parece que el otro día el reloj iba un poco retrasado”; ella traducía evidentemente. “¡Qué mala es usted!” Inútil que me obstinara yo en prolongar en aquel día de lluvia esas palabras lluviosas sin ninguna clara; bien sabía que mi frialdad no era aquella de hielo que yo fingía, y Gilberta debía darse cuenta de que si después de haberle dicho ya tres veces que los días iban menguando se lo hubiera repetido una vez más, habríame costado trabajo contener las lágrimas. Cuando ella estaba así, sin sonrisa que le llenara los ojos y le iluminase el rostro, no es posible figurarse la desoladora monotonía de su triste mirada y de sus ásperas facciones. Su cara, lívida casi, se parecía a esas playas tan desagradables de donde el mar se retiró allá lejos y nos cansa con su reflejo eternamente igual y ceñido por un horizonte limitado e inmutable. Al fin, viendo que no se producía en Gilberta el feliz cambio que yo esperaba hacía horas, le dije que no se portaba bien. –Usted es el que no es bueno –me respondió ella. –Sí, yo lo soy. Me pregunté qué es lo que yo había hecho de malo, y como no di con ello, se lo pregunté a ella –¡Naturalmente, usted se figura que es usted muy bueno! –me dijo con prolongada risa. Sentí entonces cuán penoso me era el no poder llegar hasta ese otro plano, más inasequible, de su pensamiento que describía su risa. La cual parecía significar: “No, no me dejo coger por todo eso que me dice; ya sé que está usted loco por mí, pero no me da frío ni calor, porque me tiene usted sin cuidado”. Pero luego decíame yo que, después de todo, la risa no es lenguaje lo bastante definido para que yo pudiese estar seguro de haber penetrado la significación de la suya. Y las palabras de Gilberta eran afectuosas ahora. –Pero ¿por qué no soy bueno? –le pregunté–; dígamelo, y haré lo que usted me mande. –No se lo puedo a usted explicar, sería inútil. Un instante después sentí miedo de que Gilberta se figurase que yo no la quería, y esto me causó otro dolor tan fuerte como el anterior; pero que exigía una dialéctica distinta. –Si usted supiera lo que me hace sufrir eso que está usted haciendo, me lo diría. Pero esta pena, que en caso de haber dudado ella de mi cariño hubiese debido ser motivo de alegría, la irritó, por el contrario. Entonces comprendí mi equivocación, y decidido a no hacer ya caso de sus palabras, la dejé decirme, sin prestarle fe: “Le quería a usted de verdad, ya lo verá usted algún día”; ese día en que los culpables aseguran que habrá de ser reconocida su inocencia y que, por misteriosas razones, nunca coincide con el de su interrogatorio, y tuve valor para tomar la súbita resolución de no volver a verla, sin anunciárselo, porque no me hubiese creído.
Un chagrin causé par une personne qu′on aime peut être amer, même quand il est inséré au milieu de préoccupations, d′occupations, de joies, qui n′ont pas cet être pour objet et desquelles notre attention ne se détourne que de temps en temps pour revenir à lui. Mais quand un tel chagrin naît — comme c′était le cas pour celui-ci — à un moment où le bonheur de voir cette personne nous remplit tout entiers, la brusque dépression qui se produit alors dans notre âme jusque-là ensoleillée, soutenue et calme, détermine en nous une tempête furieuse contre laquelle nous ne savons pas si nous serons capables de lutter jusqu′au bout. Celle qui soufflait sur mon cur était si violente que je revins vers la maison, bousculé, meurtri, sentant que je ne pourrais retrouver la respiration qu′en rebroussant chemin, qu′en retournant sous un prétexte quelconque auprès de Gilberte. Mais elle se serait dit: «Encore lui! Décidément je peux tout me permettre, il reviendra chaque fois d′autant plus docile qu′il m′aura quittée plus malheureux.» Puis j′étais irrésistiblement ramené vers elle, par ma pensée, et ces orientations alternatives, cet affolement de la boussole intérieure persistèrent quand je fus rentré, et se traduisirent par les brouillons de lettres contradictoires que j′écrivis à Gilberte. Una pena motivada por un ser querido puede ser amarga aun cuando vaya encajada en medio de preocupaciones, quehaceres y alegrías que provienen de otras cosas, y de las que se aparta de cuando en cuando nuestra atención para volverse hacia aquel ser. Pero cuando la pena, como en mi caso ocurría, nace en un momento en que la felicidad de ver a esa persona nos poseía por entero, la brusca depresión que se origina en el alma, hasta aquel momento soleada, tranquila y sostenida, determina en nuestro ser una furiosa tempestad, y no sabemos si tendremos fuerza para luchar con ella hasta el fin La tormenta que soplaba en mi corazón era tan violenta, que volví hacia casa dolorido y dando tumbos y viendo que para respirar bien no tenía más remedio que volver pies atrás, bajo un pretexto cualquiera, a casa de Gilberta y a su lado. Pero entonces habría dicho: “¡′Ah, otra vez está aquí! Se ve que puedo hacer lo que quiera y cuanto más triste se vaya más dócil volverá”. Al cabo de un instante mi pensamiento me empujaba de nuevo hacia ella, y esas orientaciones alternativas, ese desatinar de la brújula interior, persistieron estando yo ya en casa, traducidas en los borradores de cartas contradictorias que escribí a Gilberta.
J′allais passer par une de ces conjonctures difficiles en face desquelles il arrive généralement qu′on se trouve à plusieurs reprises dans la vie et auxquelles bien qu′on n′ait pas changé de caractère, de nature — notre nature qui crée elle-même nos amours, et presque les femmes que nous aimons, et jusqu′à leurs fautes — on ne fait pas face de la même manière à chaque fois, c′est-à-dire à tout âge. A ces moments-là notre vie est divisée, et comme distribuée dans une balance, en deux plateaux opposés où elle tient tout entière. Dans l′un, il y a notre désir de ne pas déplaire, de ne pas paraître trop humble à l′être que nous aimons sans parvenir à le comprendre, mais que nous trouvons plus habile de laisser un peu de côté pour qu′il n′ait pas ce sentiment de se croire indispensable qui le détournerait de nous; de l′autre côté, il y a une souffrance — non pas une souffrance localisée et partielle — qui ne pourrait au contraire être apaisée que si renonçant à plaire à cette femme et à lui faire croire que nous pouvons nous passer d′elle, nous allions la retrouver. Qu′on retire du plateau où est la fierté une petite quantité de volonté qu′on a eu la faiblesse de laisser s′user avec l′âge, qu′on ajoute dans le plateau où est le chagrin une souffrance physique acquise et à qui on a permis de s′aggraver, et au lieu de la solution courageuse qui l′aurait emporté à vingt ans, c′est l′autre, devenue trop lourde et sans assez de contre-poids, qui nous abaisse à cinquante. D′autant plus que les situations tout en se répétant changent, et qu′il y a chance pour qu′au milieu ou à la fin de la vie on ait eu pour soi-même la funeste complaisance de compliquer l′amour d′une part d′habitude que l′adolescence, retenue par d′autres devoirs, moins libre de soi-même, ne connaît pas. Iba a verme en una de esas difíciles coyunturas que, aunque nos salen, por lo general, al paso varias veces en la vida, no afrontamos del mismo modo cada vez que ocurren, es decir, igual en distintas edades de nuestra existencia, por más que no hayamos cambiado de carácter ni de naturaleza; esa naturaleza nuestra, que crea nuestros amores y casi las mujeres que amamos y los defectos que en ellas vemos. En tales momentos nuestra vida está dividida y como repartida por entero en dos platillos opuestos de la balanza. En uno está nuestro deseo de no desagradar, de presentarnos como muy humildes al ser que amamos sin llegar a comprenderlo, deseo que damos un poco de lado por habilidad, para no inspirar a la amada ese sentimiento de creerse indispensable, que la alejaría de nosotros; en el otro está el dolor –no un dolor localizado y parcial– , que sólo puede hallar alivio renunciando a agradar a esa mujer y a hacerle creer que podemos pasarnos sin ella y yendo en seguida en su busca. Cuando se quita del platillo donde está el orgullo una pequeña cantidad de voluntad que tuvimos la debilidad de ir gastando con los años, y se añade al platillo de la pena una enfermedad física adquirida y que dejamos agravarse, entonces, en vez de la resolución valerosa que hubiese triunfado a los veinte años es la otra, ya muy pesada y sin bastante contrapeso, la que nos humilla a los cincuenta. Además, las situaciones, aunque se repiten, cambian, y hay probabilidades de que al mediar o al finalizar de nuestros días tengamos con nosotros la funesta complacencia de complicar con el amor una parte de hábito, que para la adolescencia, absorbida por otros deberes y menos libre, es desconocido.
Je venais d′écrire à Gilberte une lettre où je laissais tonner ma fureur, non sans pourtant jeter la bouée, de quelques mots placés comme au hasard, et où mon amie pourrait accrocher une réconciliation; un instant après le vent ayant tourné, c′était des phrases tendres que je lui adressais pour la douceur de certaines expressions désolées, de tels «jamais plus», si attendrissants pour ceux qui les emploient, si fastidieux pour celle qui les lira, soit qu′elle les croit mensongers et traduise «jamais plus» par «ce soir même, si vous voulez bien de moi» ou qu′elle les croie vrais et lui annonçant alors une de ces séparations définitives qui nous sont si parfaitement égales dans la vie quand il s′agit d′êtres dont nous ne sommes pas épris. Mais puisque nous sommes incapables tandis que nous aimons d′agir en dignes prédécesseurs de l′être prochain que nous serons et qui n′aimera plus, comment pourrions-nous tout à fait imaginer l′état d′esprit d′une femme à qui même si nous savions que nous lui sommes indifférents, nous avons perpétuellement fait tenir dans nos rêveries, pour nous bercer d′un beau songe ou nous consoler d′un gros chagrin, les mêmes propos que si elle nous aimait. Devant les pensées, les actions d′une femme que nous aimons, nous sommes aussi désorientés que le pouvaient être devant les phénomènes de la nature, les premiers physiciens (avant que la science fût constituée et eût mis un peu de lumière dans l′inconnu). Ou pis encore, comme un être pour l′esprit de qui le principe de causalité existerait à peine, un être qui ne serait pas capable d′établir un lien entre un phénomène et un autre et devant qui le spectacle du monde serait incertain comme un rêve. Certes je m′efforçais de sortir de cette incohérence, de trouver des causes. Je tâchais même d′être «objectif» et pour cela de bien tenir compte de la disproportion qui existait entre l′importance qu′avait pour moi Gilberte et celle non seulement que j′avais pour elle, mais qu′elle-même avait pour les autres êtres que moi, disproportion qui, si je l′eusse omise, eût risqué de me faire prendre une simple amabilité de mon amie pour un aveu passionné, une démarche grotesque et avilissante de ma part pour le simple et gracieux mouvement qui vous dirige vers de beaux yeux. Mais je craignais aussi de tomber dans l′excès contraire, où j′aurais vu dans l′arrivée inexacte de Gilberte à un rendez-vous, un mouvement de mauvaise humeur, une hostilité irrémédiable. Je tâchais de trouver entre ces deux optiques également déformantes celle qui me donnerait la vision juste des choses; les calculs qu′il me fallait faire pour cela me distrayaient un peu de ma souffrance; et soit par obéissance à la réponse des nombres, soit que je leur eusse fait dire ce que je désirais, je me décidai le lendemain à aller chez les Swann, heureux, mais de la même façon que ceux qui s′étant tourmentés longtemps à cause d′un voyage qu′ils ne voulaient pas faire, ne vont pas plus loin que la gare, et rentrent chez eux défaire leur malle. Et, comme, pendant qu′on hésite, la seule idée d′une résolution possible (à moins d′avoir rendu cette idée inerte en décidant qu′on ne prendra pas la résolution) développe, comme une graine vivace, les linéaments, tout le détail des émotions qui naîtraient de l′acte exécuté, je me dis que j′avais été bien absurde de me faire, en projetant de ne plus voir Gilberte, autant de mal que si j′eusse dû réaliser ce projet et que, puisque au contraire c′était pour finir par retourner chez elle, j′aurais pu faire l′économie de tant de velléités et d′acceptations douloureuses. Mais cette reprise des relations d′amitié ne dura que le temps d′aller jusqu′à chez les Swann: non pas parce que leur maître d′hôtel, lequel m′aimait beaucoup, me dit que Gilberte était sortie (je sus en effet dès le soir même, que c′était vrai, par des gens qui l′avaient rencontrée), mais à cause de la façon dont il me le dit: «Monsieur, mademoiselle est sortie, je peux affirmer à monsieur que je ne mens pas. Si monsieur veut se renseigner, je peux faire venir la femme de chambre. Monsieur pense bien que je ferais tout ce que je pourrais pour lui faire plaisir et que si mademoiselle était là, je mènerais tout de suite monsieur auprès d′elle.» Ces paroles, de la sorte qui est la seule importante, involontaires, nous donnant la radiographie au moins sommaire de la réalité insoupçonnable que cacherait un discours étudié, prouvaient que dans l′entourage de Gilberte on avait l′impression que je lui étais importun; aussi, à peine le maître d′hôtel les eut-il prononcées, qu′elles engendrèrent chez moi de la haine à laquelle je préférai donner comme objet au lieu de Gilberte le maître d′hôtel; il concentra sur lui tous les sentiments de colère que j′avais pu avoir pour mon amie; débarrassé d′eux grâce à ces paroles, mon amour subsista seul; mais elles m′avaient montré en même temps que je devais pendant quelque temps ne pas chercher à voir Gilberte. Elle allait certainement m′écrire pour s′excuser. Malgré cela, je ne retournerais pas tout de suite la voir, afin de lui prouver que je pouvais vivre sans elle. D′ailleurs, une fois que j′aurais reçu sa lettre, fréquenter Gilberte serait une chose dont je pourrais plus aisément me priver pendant quelque temps, parce que je serais sûr de la retrouver dès que je le voudrais. Ce qu′il me fallait pour supporter moins tristement l′absence volontaire, c′était sentir mon cur débarrassé de la terrible incertitude si nous n′étions pas brouillés pour toujours, si elle n′était pas fiancée, partie, enlevée. Les jours qui suivirent ressemblèrent à ceux de cette ancienne semaine du jour de l′an que j′avais dû passer sans Gilberte. Mais cette semaine-là finie, jadis, d′une part mon amie reviendrait aux Champs-Élysées, je la reverrais comme auparavant; j′en étais sûr, et, d′autre part, je savais avec non moins de certitude que tant que dureraient les vacances du jour de l′an, ce n′était pas la peine d′aller aux Champs-Élysées. De sorte que durant cette triste semaine déjà lointaine, j′avais supporté ma tristesse avec calme parce qu′elle n′était mêlée ni de crainte ni d′espérance. Maintenant, au contraire, c′était ce dernier sentiment qui presque autant que la crainte rendait ma souffrance intolérable. N′ayant pas eu de lettre de Gilberte le soir même, j′avais fait la part de sa négligence, de ses occupations, je ne doutais pas d′en trouver une d′elle dans le courrier du matin. Il fut attendu par moi, chaque jour, avec des palpitations de cur auxquelles succédait un état d′abattement quand je n′y avais trouvé que des lettres de personnes qui n′étaient pas Gilberte ou bien rien, ce qui n′était pas pire, les preuves d′amitié d′une autre me rendant plus cruelles celles de son indifférence. Je me remettais à espérer pour le courrier de l′après-midi. Même entre les heures des levées des lettres je n′osais pas sortir, car elle eût pu faire porter la sienne. Puis le moment finissait par arriver où, ni facteur, ni valet de pied des Swann ne pouvant plus venir, il fallait remettre au lendemain matin l′espoir d′être rassuré, et ainsi parce que je croyais que ma souffrance ne durerait pas, j′étais obligé pour ainsi dire de la renouveler sans cesse. Le chagrin était peut-être le même, mais au lieu de ne faire, comme autrefois, que prolonger uniformément une émotion initiale, recommençait plusieurs fois par jour en débutant par une émotion si fréquemment renouvelée qu′elle finissait — elle, état tout physique, si momentané — par se stabiliser, si bien que les troubles causés par l′attente ayant à peine le temps de se calmer avant qu′une nouvelle raison d′attendre survint, il n′y avait plus une seule minute par jour où je ne fusse dans cette anxiété qu′il est pourtant si difficile de supporter pendant une heure. Ainsi ma souffrance était infiniment plus cruelle qu′au temps de cet ancien 1er janvier, parce que cette fois il y avait en moi au lieu de l′acceptation pure et simple de cette souffrance, l′espoir, à chaque instant, de la voir cesser. A cette acceptation, je finis pourtant par arriver, alors je compris qu′elle devait être définitive et je renonçai pour toujours à Gilberte, dans l′intérêt même de mon amour, et parce que je souhaitais avant tout qu′elle ne conservât pas de moi un souvenir dédaigneux. Même, à partir de ce moment-là, et pour qu′elle ne pût former la supposition d′une sorte de dépit amoureux de ma part, quand dans la suite, elle me fixa des rendez-vous, je les acceptais souvent et au dernier moment, je lui écrivais que je ne pouvais pas venir, mais en protestant que j′en étais désolé comme j′aurais fait avec quelqu′un que je n′aurais pas désiré voir. Ces expressions de regret qu′on réserve d′ordinaire aux indifférents, persuaderaient mieux Gilberte de mon indifférence, me semblait-il, que ne ferait le ton d′indifférence qu′on affecte seulement envers celle qu′on aime. Quand mieux qu′avec des paroles, par des actions indéfiniment répétées, je lui aurais prouvé que je n′avais pas de goût à la voir, peut-être en retrouverait-elle pour moi. Hélas! ce serait en vain: chercher en ne la voyant plus à ranimer en elle ce goût de me voir, c′était la perdre pour toujours; d′abord, parce que quand il commencerait à renaître, si je voulais qu′il durât, il ne faudrait pas y céder tout de suite; d′ailleurs, les heures les plus cruelles seraient passées; c′était en ce moment qu′elle m′était indispensable et j′aurais voulu pouvoir l′avertir que bientôt elle ne calmerait, en me revoyant, qu′une douleur tellement diminuée qu′elle ne serait plus, comme elle l′eût été encore en ce moment même, et pour y mettre fin, un motif de capitulation, de se réconcilier et de se revoir. Et enfin plus tard quand je pourrais enfin avouer sans péril à Gilberte, tant son goût pour moi aurait repris de force, le mien pour elle, celui-ci n′aurait pu résister à une si longue absence et n′existerait plus; Gilberte me serait devenue indifférente. Je le savais, mais je ne pouvais pas le lui dire; elle aurait cru que si je prétendais que je cesserais de l′aimer en restant trop longtemps sans la voir, c′était à seule fin qu′elle me dît de revenir vite auprès d′elle. Acababa de escribir a Gilberta una carta donde tronaba libremente mi furor, pero no sin unas palabras a modo de boya, en que mi amiga pudiese apoyar una reconciliación; un momento más tarde cambiaba el viento y venían las frases tiernas con el cariño de expresiones desoladas, corno “nunca más”; esas frases tan enternecedoras para el que las emplea y tan fastidiosas para la que las lee, ya porque no las juzgue sinceras y traduzca el “nunca más” por “esta misma tarde, si usted lo quiere”, ya porque aun considerándolas sinceras le anuncian una de esas separaciones definitivas que en la vida nos tienen muy sin cuidado tratándose de personas a las que no tenemos amor. Pero si cuando estamos enamorados somos incapaces de proceder como dignos predecesores del ser futuro en que nos convertiremos, y que ya no estará enamorado, ¿cómo es posible que nos imaginemos por completo el estado de ánimo de una mujer a la que, aun sabiendo que no nos quería, atribuíamos perpetuamente en nuestros sueños, para mecernos en una bella ilusión o consolarnos de una gran pena, las mismas palabras que si nos hubiese amado? Ante los pensamientos y acciones de la mujer amada estamos tan desorientados como podían estarlo ante los fenómenos de la Naturaleza los primeros físicos (antes de que la ciencia se constituyese y aclarase algo lo desconocido). O peor aún: como un ser parí cuya mente no existiera apenas el principio de causalidad, y que por no poder establecer relación alguna entre dos fenómenos viera el espectáculo del mundo tan vago como un sueño. Claro que yo hacía esfuerzos para salir de aquella incoherencia y encontrar causas. Trataba de ser "objetivo", y para ello de tener muy en cuenta la desproporción existente no sólo entre la importancia que a mis ojos tenía Gilberta y la que yo tenía a los suyos, sino entre su valor para mí y para los demás; porque de haber omitido esa desproporción hubiese yo corrido el riesgo de tomar una simple amabilidad de mi amiga por una fogosa declaración, y de confundir una acción mía baja y grotesca con uno de esos sencillos y graciosos movimientos con que nos dirigimos hacia unos bonitos ojos. Pero también tenía miedo -de incurrir en el exceso contrario, y de considerar cualquier cosa, la poca puntualidad de Gilberta para acudir a una cita, como indicio de mal humor y de irremediable hostilidad. Entre ambas ópticas, igualmente deformadoras, hacía yo por encontrar la que me diese la justa visión de las cosas, y los cálculos que para eso eran menester distraíanme un tanto de mi pena; y bien por obediencia a la respuesta de los números, bien porque los, hice contestar a medida de mi deseo, ello es que me decidí a ir al otro día a casa de los Swann, muy contento, pero como esas personas que se estuvieron atormentando mucho tiempo con la idea de un viaje que tenían que hacer y luego van hasta la estación y se vuelven a su casa a deshacer el baúl. Y como mientras que se está dudando sólo la idea de una posible resolución (a no ser que hayamos convertido esa idea a la inercia decidiéndonos a no tomar la resolución) desarrolla, como grano vivaz, todos los rasgos y detalles de las emociones que habrían de nacer del acto ejecutado, me dije a mí mismo que había procedido de un modo absurdo con mi proyecto de no ver nunca más a Gilberta, porque con eso me causé tanto dolor como me habría causado con la realización misma de mi designio, y que ya que iba a acabar por volver a su casa, pude ahorrarme tantas veleidades y tantas dolorosas aceptaciones. Pero este reanudarse de nuestras amistosas relaciones duró únicamente hasta que llegué a casa de los Swann; y no fué porque su maestresala, que me consideraba mucho, me dijera que Gilberta había salido (y, en efecto, aquella misma noche me enteré de que era verdad por personas que la habían visto), sino por el modo que tuvo de decírmelo: “La señorita ha salido. Puedo asegurar al señor que digo la pura verdad. Si el señor quiere preguntar llamaré a la doncella. Ya sabe el señor que estoy deseando agradarle y que si la señorita estuviera en casa lo llevaría en seguida a su presencia”. Dichas palabras me daban de una manera involuntaria, pero de esa manera involuntaria que es la única importante, la radiografía, por sumaria que fuese, de la realidad insospechable que se hubiese escondido tras un estudiado discurso, y demostraban que entre la gente de la casa de Gilberta dominaba la impresión de que yo la importunaba; así, que apenas pronunciadas engendraron en mi pecho un odio que no quise enfocar hacia Gilberta, prefiriendo hacerlo hacia el criado, sobre el cual se concentraron todos los coléricos sentimientos que pude haber dirigido a mi amiga, y libre de ellos gracias a esas palabras, mi amor subsistió sólo; pero aquellas frases me mostraron a la vez que debía pasar algún tiempo sin hacer por ver a Gilberta De seguro que ella me escribiría para excusarse. Pero, de todos modos, no iría a verla en seguida, para demostrarle que podía vivir sin ella. Además, en cuanto hubiera recibido la carta ya me sería mucho más fácil privarme de ver a Gílberta por algún tiempo, puesto que estaría seguro de volver a ella cuando yo quisiese. Lo que yo necesitaba para sobrellevar con menor tristeza la voluntaria ausencia era sentirme libre el corazón de aquella terrible incertidumbre de si estabábamos regañados para siempre, de que ella no tenía novio, de que no se iba ni me la quitaban. Los días siguientes fueron semejantes a los de aquella semana de Año Nuevo que me pasé sin ver a Gilberta. Pero dicha semana había sido otra cosa; porque, por una parte, estaba yo seguro de que en cuánto transcurriese, Gilberta volvería a los Campos Elíseos y yo la vería como antes; y por otra, sabía, también con absoluta seguridad, que mientras duraran, esas vacaciones no valía la pena de ir a los Campos Elíseos. De suerte que mientras duró aquella triste semana, ya bien pasada, llevé mi tristeza con calma, porque no la teñía ni el temor ni la esperanza. Pero ahora, al contrario, mi dolor era intolerable, casi tanto por la esperanza como por el temor. Como no tuve carta de Gilberta aquella misma noche, lo achaqué a descuido, a sus quehaceres, seguro de tenerla en el correo de mañana. Y esperé todos los días, con palpitaciones del corazón, que iban seguidas de un estado de abatimiento al ver que el correo me traía cartas de personas que no eran Gilberta, o no me traía ninguna, caso este que no era el más malo, porque las pruebas de amistad de otros seres aun revestían de mayor crueldad las pruebas de indiferencia de Gilberta. Y entonces me ponía a esperar el reparto de la tarde. Y ni siquiera me atrevía a salir entre correo y correo, por si acaso mandaba la carta con un propio. Y por fin llegaba el momento en que va no podía venir ni cartero ni lacayo alguno–, había que remitir al otro día la esperanza de tranquilizarme, y de esa suerte, por creer que mi pena no iba a durar, me veía en el caso, por así decirlo, de ir renovándola sin tregua. Quizá la pena era la misma; pero en lugar de limitarse, como antaño, a prolongar uniformemente una emoción inicial, ahora volvía a empezar varias veces al día, y principiaba por una emoción– tan continuamente renovada que llegaba –aun siendo física y momentánea– a estabilizarse; tanto, que los dolores del esperar apenas tenían tiempo de calmarse, cuando ya surgía una nueva razón de esperanza; y ni un solo minuto del día me veía libre de esa ansiedad, que, sin embargo, tan difícil es de soportar por una hora. Así, que mi pena era mucho más cruel que aquella semana de Año Nuevo, porque ahora tenía yo en el alma, en lugar de la aceptación pura y simple del dolor, la esperanza constante de que cesara. Pero acabé por llegar a esa aceptación, sin embargo, y entonces comprendí que había de ser definitiva, y renuncié por siempre a Gilberta, en interés de mi mismo amor, porque ante todo era mi deseo que ella no guardara un recuerdo desdeñoso de mi persona. Y después de entonces, y para que no sospechase en mí ninguna especie de despecho de enamorado, cuando más adelante me escribía dándole alguna cita, yo muchas veces aceptaba, y luego, a última hora, le comunicaba que no podía ir, haciendo protestas de que lo sentía muchísimo, como se suele decir a una persona que no tiene uno ganas de ver. Esas expresiones de mi sentimiento, las cuales se reservan por lo general para los seres que nos son indiferentes, a mi juicio convencerían mucho mejor a Gilberta de mi indiferencia que no el tono indiferente que se afecta tan sólo hacia la persona amada. Cuando le hubiese demostrado con acto repetidos indefinidamente y no con palabras que ya no tenía interés por verla, quizá ella tornase a interesarse por verme a mí. Pero, desgraciadamente, todo sería en vano; porque el intento de reavivar en Gilberta los deseos de verme procurando no verla yo era perderla para siempre; en primer lugar, porque si tal deseo llegaba a renacer, y para que fuese duradero, sería necesario no ceder a él en seguida; y, además, las horas más crueles serían ya cosa pasada; en aquel momento es cuando me era indispensable, y ojalá pudiese advertirle que muy pronto llegaría un tiempo en que su presencia no calmara en mí sino un dolor tan empequeñecido que ya no sería, como lo era en aquel momento, para darle fin, motivo de capitular, de reconciliarse, de vernos de nuevo. Y más adelante, cuando pudiera confesar a Gilberta mi amor a ella, mientras que su cariño había tomado fuerzas, el mío, por no poder resistir a tan larga ausencia, no existiría ya; y Gilberta me sería indiferente. Yo sabía esto muy bien, pero no podía decírselo; se hubiese figurado que esa hipótesis de perderle el cariño si seguíamos mucho tiempo sin vernos tenía por objeto el que ella me mandara volver pronto a su lado.
En attendant, ce qui me rendait plus aisé de me condamner à cette séparation, c′est que (afin qu′elle se rendît bien compte que malgré mes affirmations contraires, c′était ma volonté, et non un empêchement, non mon état de santé, qui me privaient de la voir) toutes les fois où je savais d′avance que Gilberte ne serait pas chez ses parents, devait sortir avec une amie, et ne rentrerait pas dîner, j′allais voir Mme Swann (laquelle était redevenue pour moi ce qu′elle était au temps où je voyais si difficilement sa fille et où, les jours où celle-ci ne venait pas aux Champs-Élysées, j′allais me promener avenue des Acacias). De cette façon j′entendrais parler de Gilberte et j′étais sûr qu′elle entendrait ensuite parler de moi et d′une façon qui lui montrerait que je ne tenais pas à elle. Et je trouvais, comme tous ceux qui souffrent, que ma triste situation aurait pu être pire. Car, ayant libre entrée dans la demeure où habitait Gilberte, je me disais toujours, bien que décidé à ne pas user de cette faculté, que si jamais ma douleur était trop vive, je pourrais la faire cesser. Je n′étais malheureux qu′au jour le jour. Et c′est trop dire encore. Combien de fois par heure (mais maintenant sans l′anxieuse attente qui m′avait étreint les premières semaines après notre brouille, avant d′être retourné chez les Swann), ne me récitais-je pas la lettre que Gilberte m′enverrait bien un jour, m′apporterait peut-être elle-même. La constante vision de ce bonheur imaginaire m′aidait à supporter la destruction du bonheur réel. Pour les femmes qui ne nous aiment pas, comme pour les «disparus», savoir qu′on n′a plus rien à espérer n′empêche pas de continuer à attendre. On vit aux aguets, aux écoutes; des mères dont le fils est parti en mer pour une exploration dangereuse se figurent à toute minute et alors que la certitude qu′il a péri est acquise depuis longtemps, qu′il va entrer miraculeusement sauvé, et bien portant. Et cette attente, selon la force du souvenir et la résistance des organes ou bien les aide à traverser les années au bout desquelles elles supporteront que leur fils ne soit plus, d′oublier peu à peu et de survivre — ou bien les fait mourir. Y a todo esto, una cosa me ayudaba a sobrellevar aquella condena de la separación, y era que yo, en cuanto sabía anticipadamente que Gilberta no estaría en casa, que tenía que salir con una amiga y no volvería a cenar, con objeto de que se diese cuenta de que, a pesar de mis afirmaciones en contra, me privaba de verla por un acto de voluntad y no por quehaceres ni por motivos de salud, iba a ver a la señora de Swann, que volvió a convertirse para mí en lo que fuera tiempo atrás (cuando yo no podía ver con facilidad a Gilberta y me marchaba a pasear, los días que ella no iba a los Campos Elíseos, por el paseo de las Acacias). Así, oía hablar de Gilberta y tenía la seguridad de que ella oiría hablar de mí en términos que le demostrasen mi poco interés por su persona. Y como ocurre a todos los que sufren, parecíame que hubiese podido ser peor aún mi situación. Porque como tenía francas las puertas de la casa de Gilberta, se me ocurría, aunque muy decidido a no utilizar este recurso, que si mi dolor llegaba a un punto extremado podía ponerle término. Así, que mi desdicha vivía al día, sin pensar en mañana. Y aun es mucho decir. En el espacio de una hora me recitaba muchas veces (pero ya sin el esperar ansioso que me sobrecogía las primeras semanas que siguieron a mi ruptura con Gilberta, antes de haber vuelto a casa de sus padres) la carta que Gilberta me mandaría algún día, o que quizá me trajera ella misma. La visión constante de esa imaginaria felicidad me ayudaba a soportar la destrucción de la felicidad verdadera. Sucede con las mujeres que no nos quieren como con los seres “desaparecidos”: que aunque se sepa que no queda ninguna esperanza, siempre se sigue esperando. Vive tino en acecho, en expectación; las madres de esos mozos que se embarcaron para una peligrosa exploración se figuran a cada momento, aunque tienen la certidumbre de que está muerto ya hace tiempo, que va a entrar su hijo, salvado por milagro, lleno de salud. Y esa espera, según como sea la fuerza del recuerdo y la resistencia orgánica, o las ayuda a atravesar ese período de años a cuyo cabo está la resignación a la idea de que su hijo no existe, para olvidar poco a poco y sobrevivir, o las mata.
D′autre part, mon chagrin était un peu consolé par l′idée qu′il profitait à mon amour. Chaque visite que je faisais à Mme Swann, sans voir Gilberte, m′était cruelle, mais je sentais qu′elle améliorait d′autant l′idée que Gilberte avait de moi. Además, mi pena me servía un tanto de consuelo, porque yo creía que era beneficiosa para mi amor. Cada visita mía a la señora de Swann sin ver a Gilberta era un sufrimiento cruel, pero me daba yo cuenta de que así mejoraba el concepto que Gilberta tenía de mí.
D′ailleurs si je m′arrangeais toujours, avant d′aller chez Mme Swann, à être certain de l′absence de sa fille, cela tenait peut-être autant qu′à ma résolution d′être brouillé avec elle, à cet espoir de réconciliation qui se superposait à ma volonté de renoncement (bien peu sont absolus, au moins d′une façon continue, dans cette âme humaine dont une des lois, fortifiée par les afflux inopinés de souvenirs différents, est l′intermittence) et me masquait ce qu′elle avait de trop cruel. Cet espoir je savais bien ce qu′il avait de chimérique. J′étais comme un pauvre qui mêle moins de larmes à son pain sec s′il se dit que tout à l′heure peut-être un étranger va lui laisser toute sa fortune. Nous sommes tous obligés pour rendre la réalité supportable, d′entretenir en nous quelques petites folies. Or mon espérance restait plus intacte — tout en même temps que la séparation s′effectuait mieux — si je ne rencontrais pas Gilberte. Si je m′étais trouvé face à face avec elle chez sa mère nous aurions peut-être échangé des paroles irréparables qui eussent rendu définitive notre brouille, tué mon espérance et d′autre part en créant une anxiété nouvelle, réveillé mon amour et rendu plus difficile ma résignation. Además, si hacía siempre por asegurarme antes de ir a casa de la señora de Swann de que su hija no estaba, quizá se debiera tanto a mi resolución de seguir reñido con ella como a esa esperanza de reconciliación, que se superponía a mi voluntad de renunciamiento (porque pocas renunciaciones hay absolutas, por lo menos de un modo continuo, en esta alma humana que tiene por tina de sus leyes, fortificada con el afluir inopinado de distintos recuerdos, la de la intermitencia); y esa esperanza me disimulaba lo cruel del designio de renunciar a Gilberta. Bien sabía yo que era tina esperanza muy quimérica. Me ocurría lo que al pobre nos lágrimas sobre su pedazo de que derrama menos lagrimas sobre su pedazo de pan seco al pensar que quizá muy pronto un extraño lo debe por heredero de gran fortuna. Todos necesitamos alimentar en nosotros alguna vena de loco para que la realidad se nos haga soportable. Y así, no encontrándome con Gilberta la separación se efectuaba mejor, al mismo tiempo que mi esperanza seguía más intacta. De habernos visto frente a frente, quizá hubiéramos pronunciado palabras irreparables, capaces de convertir nuestro enfado en cosa definitiva, de matar nuestra esperanza, y al paso de reavivar mi amor y oponerse a mi resignación por haber creado una ansiedad nueva.
Depuis bien longtemps et fort avant ma brouille avec sa fille, Mme Swann m′avait dit: «C′est très bien de venir voir Gilberte, mais j′aimerais aussi que vous veniez quelquefois pour moi, pas à mon Choufleury, où vous vous ennuieriez parce que j′ai trop de monde, mais les autres jours où vous me trouverez toujours un peu tard.» J′avais donc l′air, en allant la voir, de n′obéir que longtemps après à un désir anciennement exprimé par elle. Et très tard, déjà dans la nuit, presque au moment où mes parents se mettaient à table, je partais faire à Mme Swann une visite pendant laquelle je savais que je ne verrais pas Gilberte et où pourtant je ne penserais qu′à elle. Dans ce quartier, considéré alors comme éloigné, d′un Paris plus sombre qu′aujourd′hui, et qui, même dans le centre, n′avait pas d′électricité sur la voie publique et bien peu dans les maisons, les lampes d′un salon situé au rez-de-chaussée ou à un entresol très bas (tel qu′était celui de ses appartements où recevait habituellement Mme Swann), suffisaient à illuminer la rue et à faire lever les yeux au passant qui rattachait à leur clarté comme à sa cause apparente et voilée la présence devant la porte de quelques coupés bien attelés. Le passant croyait, et non sans un certain émoi, à une modification survenue dans cette cause mystérieuse, quand il voyait l′un de ces coupés, se mettre en mouvement; mais c′était seulement un cocher qui, craignant que ses bêtes prissent froid leur faisait faire de temps à autre des allées et venues d′autant plus impressionnantes que les roues caoutchoutées donnaient au pas des chevaux un fond de silence sur lequel il se détachait plus distinct et plus explicite. Tiempo atrás, mucho antes de que riñéramos, me había dicho la señora de Swann: “Está muy bien que venga usted a ver a Gilberta, pero también debía usted venir alguna vez a verme a mí; no mis días de gala, porque hay mucha gente y se iba usted a aburrir, sino un día ordinario; estoy en casa siempre a última hora”. De modo que ahora al ir a ver a la señora de Swann obedecía yo aparentemente, y con mucho retraso, á un deseo que ella formulara. Y a última hora, ya de noche, casi cuando mis padres se sentaban a la mesa, iba a hacer una visita a la señora de Swann, visita en la que no vería a Gilberta, aunque estuviese pensando en ella continuamente. En aquel barrio, que entonces se consideraba como extremo, de un París más obscuro que el de hoy, y que en aquella época ni siquiera en el centro tenía luz eléctrica en las calles y muy poca en las casas, las lámparas de un salón del piso bajo, o de un entresuelo poco elevado (correspondiente a las habitaciones donde solía recibir la señora de Swann), bastaban para iluminar la vía pública y atraían la atención del transeúnte, que atribuía a esa claridad, como a su causa aparente y velada, la presencia ante la puerta de elegantes cupés. El viandante se figuraba, y no sin cierta emoción, que había ocurrido alguna modificación en esa misteriosa causa al ver que uno de los coches se ponía en movimiento; pero no era nada: el cochero, temeroso de que los caballos se enfriaran, los hacía ir –y venir de cuando en cuando, en paseos doblemente impresionantes, porque las llantas de goma ofrecían un fondo de silencio al patear de los caballos, que sobre él se destacaba más distinto y explícito.
Le «jardin d′hiver» que dans ces années-là le passant apercevait d′ordinaire, quelle que fût la rue, si l′appartement n′était pas à un niveau trop élevé au-dessus du trottoir, ne se voit plus que dans les héliogravures des livres d′étrennes de P.-J. Stahl où, en contraste avec les rares ornements floraux des salons Louis XVI d′aujourd′hui, — une rose ou un iris du Japon dans un vase de cristal à long col qui ne pourrait pas contenir une fleur de plus, — il semble, à cause de la profusion des plantes d′appartement qu′on avait alors, et du manque absolu de stylisation dans leur arrangement, avoir dû, chez les maîtresses de maison, répondre plutôt à quelque vivante et délicieuse passion pour la botanique qu′à un froid souci de morte décoration. Il faisait penser en plus grand, dans les hôtels d′alors, à ces serres minuscules et portatives posées au matin du 1er janvier sous la lampe allumée — les enfants n′ayant pas eu la patience d′attendre qu′il fît jour — parmi les autres cadeaux du jour de l′an, mais le plus beau d′entre eux, consolant avec les plantes qu′on va pouvoir cultiver, de la nudité de l′hiver; plus encore qu′à ces serres-là elles-mêmes, ces jardins d′hiver ressemblaient à celle qu′on voyait tout auprès d′elles, figurée dans un beau livre, autre cadeau du jour de l′an, et qui bien qu′elle fût donnée non aux enfants, mais à Mlle Lili, l′héroî­¥ de l′ouvrage, les enchantait à tel point que, devenus maintenant presque vieillards, ils se demandaient si dans ces années fortunées l′hiver n′était pas la plus belle des saisons. Enfin, au fond de ce jardin d′hiver, à travers les arborescences d′espèces variées qui de la rue faisaient ressembler la fenêtre éclairée au vitrage de ces serres d′enfants, dessinées ou réelles, le passant, se hissant sur ses pointes, apercevait généralement un homme en redingote, un gardenia ou un illet à la boutonnière, debout devant une femme assise, tous deux vagues, comme deux intailles dans une topaze, au fond de l′atmosphère du salon, ambrée par le samovar, — importation récente alors — de vapeurs qui s′en échappent peut-être encore aujourd′hui, mais qu′à cause de l′habitude personne ne voit plus. Mme Swann tenait beaucoup à ce «thé»; elle croyait montrer de l′originalité et dégager du charme en disant à un homme: «Vous me trouverez tous les jours un peu tard, venez prendre le thé», de sorte qu′elle accompagnait d′un sourire fin et doux ces mots prononcés par elle avec un accent anglais momentané et desquels son interlocuteur prenait bonne note en saluant d′un air grave, comme s′ils avaient été quelque chose d′important et de singulier qui commandât la déférence et exigeât de l′attention. Il y avait une autre raison que celles données plus haut et pour laquelle les fleurs n′avaient pas qu′un caractère d′ornement dans le salon de Mme Swann et cette raison-là ne tenait pas à l′époque, mais en partie à l′existence qu′avait menée jadis Odette. Une grande cocotte, comme elle avait été, vit beaucoup pour ses amants, c′est-à-dire chez elle, ce qui peut la conduire à vivre pour elle. Les choses que chez une honnête femme on voit et qui certes peuvent lui paraître, à elle aussi, avoir de l′importance, sont celles, en tous cas, qui pour la cocotte en ont le plus. Le point culminant de sa journée est celui non pas où elle s′habille pour le monde, mais où elle se déshabille pour un homme. Il lui faut être aussi élégante en robe de chambre, en chemise de nuit, qu′en toilette de ville. D′autres femmes montrent leurs bijoux, elle, elle vit dans l′intimité de ses perles. Ce genre d′existence impose l′obligation, et finit par donner le goût d′un luxe secret, c′est-à-dire bien près d′être désintéressé. Mme Swann l′étendait aux fleurs. Il y avait toujours près de son fauteuil une immense coupe de cristal remplie entièrement de violettes de Parme ou de marguerites effeuillées dans l′eau, et qui semblait témoigner aux yeux de l′arrivant, de quelque occupation préférée et interrompue, comme eût été la tasse de thé que Mme Swann eût bu seule, pour son plaisir; d′une occupation plus intime même et plus mystérieuse, si bien qu′on avait envie de s′excuser en voyant les fleurs étalées là, comme on l′eût fait de regarder le titre du volume encore ouvert qui eût révélé la lecture récente, donc peut-être la pensée actuelle d′Odette. Et plus que le livre, les fleurs vivaient; on était gêné si on entrait faire une visite à Mme Swann de s′apercevoir qu′elle n′était pas seule, ou si on rentrait avec elle de ne pas trouver le salon vide, tant y tenaient une place énigmatique et se rapportant à des heures de la vie de la maîtresse de maison, qu′on ne connaissait pas, ces fleurs qui n′avaient pas été préparées pour les visiteurs d′Odette, mais comme oubliées là par elle, avaient eu et auraient encore avec elle des entretiens particuliers qu′on avait peur de déranger, et dont on essayait en vain de lire le secret, en fixant des yeux la couleur délavée, liquide, mauve et dissolue des violettes de Parme. Dès la fin d′octobre Odette rentrait le plus régulièrement qu′elle pouvait pour le thé, qu′on appelait encore dans ce temps-là le «five o′clock tea», ayant entendu dire (et aimant à répéter) que si Mme Verdurin s′était fait un salon c′était parce qu′on était toujours sûr de pouvoir la rencontrer chez elle à la même heure. Elle s′imaginait elle-même en avoir un, du même genre, mais plus libre, «senza rigore», aimait-elle à dire. Elle se voyait ainsi comme une espèce de Lespinasse et croyait avoir fondé un salon rival en enlevant à la du Deffant du petit groupe, ses hommes les plus agréables, en particulier Swann qui l′avait suivie dans sa sécession et sa retraite, selon une version qu′on comprend qu′elle eût réussi à accréditer auprès de nouveaux venus, ignorants du passé, mais non auprès d′elle-même. Mais certains rôles favoris sont par nous joués tant de fois devant le monde, et ressassés en nous-mêmes, que nous nous référons plus aisément à leur témoignage fictif qu′à celui d′une réalité presque complètement oubliée. Les jours où Mme Swann n′était pas sortie du tout, on la trouvait dans une robe de chambre de crêpe de Chine, blanche comme une première neige, parfois aussi dans un de ces longs tuyautages de mousseline de soie, qui ne semblent qu′une jonchée de pétales roses ou blancs et qu′on trouverait aujourd′hui peu appropriés à l′hiver, et bien à tort. Car ces étoffes légères et ces couleurs tendres donnaient à la femme — dans la grande chaleur des salons d′alors fermés de portières et desquels ce que les romanciers mondains de l′époque trouvaient à dire de plus élégant, c′est qu′ils étaient «douillettement capitonnés» — le même air frileux, qu′aux roses qui pouvaient y rester à côté d′elle, malgré l′hiver, dans l′incarnat de leur nudité, comme au printemps. A cause de cet étouffement des sons par les tapis et de sa retraite dans des enfoncements, la maîtresse de la maison n′étant pas avertie de votre entrée comme aujourd′hui, continuait à lire pendant que vous étiez déjà presque devant elle, ce qui ajoutait encore à cette impression de romanesque, à ce charme d′une sorte de secret surpris, que nous retrouvons aujourd′hui dans le souvenir de ces robes déjà démodées alors, que Mme Swann était peut-être la seule à ne pas avoir encore abandonnées et qui nous donnent l′idée que la femme qui les portait devait être une héroî­¥ de roman parce que nous, pour la plupart, ne les avons guère vues que dans certains romans d′Henry Gréville. Odette avait maintenant, dans son salon, au commencement de l′hiver, des chrysanthèmes énormes et d′une variété de couleurs comme Swann jadis n′eût pu en voir chez elle. Mon admiration pour eux, — quand j′allais faire à Mme Swann une de ces tristes visites où, lui ayant de par mon chagrin, retrouvé toute sa mystérieuse poésie de mère de cette Gilberte à qui elle dirait le lendemain: «Ton ami m′a fait une visite», — venait sans doute de ce que, rose-pâles comme la soie Louis XIV de ses fauteuils, blancs de neige comme sa robe de chambre en crêpe de Chine, ou d′un rouge métallique comme son samovar, ils superposaient à celle du salon une décoration supplémentaire, d′un coloris aussi riche, aussi raffiné, mais vivante et qui ne durerait que quelques jours. Mais j′étais touché parce que ces chrysanthèmes avaient moins d′éphémère, que de relativement durable par rapport à ces tons aussi roses ou aussi cuivrés que le soleil couché exalte si somptueusement dans la brume des fins d′après-midi de novembre et qu′après les avoir aperçus avant que j′entrasse chez Mme Swann, s′éteignant dans le ciel, je retrouvais prolongés, transposés dans la palette enflammée des fleurs. Comme des feux arrachés par un grand coloriste à l′instabilité de l′atmosphère et du soleil, afin qu′ils vinssent orner une demeure humaine, ils m′invitaient, ces chrysanthèmes, et malgré toute ma tristesse à goûter avidement pendant cette heure du thé les plaisirs si courts de novembre dont ils faisaient flamber près de moi la splendeur intime et mystérieuse. Hélas, ce n′était pas dans les conversations que j′entendais que je pouvais l′atteindre; elles lui ressemblaient bien peu. Même avec Mme Cottard et quoique l′heure fût avancée, Mme Swann se faisait caressante pour dire: «Mais non, il n′est pas tard, ne regardez pas la pendule, ce n′est pas l′heure, elle ne va pas; qu′est-ce que vous pouvez avoir de si pressé à faire»; et elle offrait une tartelette de plus à la femme du professeur qui gardait son porte-cartes à la main. El “jardín de invierno” que por aquello, años solía ver el transeúnte en muchas calles, no tratándose de pisos muy altos. ya no se conserva más que en los heliograbados de los libros de regalo de P. J. Sthal; allí, en contraste con los raros ornamentos de flores de un salón actual estilo Luis XVI (sólo una rosa o un lirio del Japón en un búcaro de cristal, con angosto cuello, en donde no cabe otra flor), parece que con su profusión de plantas caseras de aquella época, y con la falta absoluta de estilización en el modo de colocarlas, responde en los amos de la casa más bien que a una fría preocupación por un decorado muerto, a una pasión deliciosa y viva por la botánica. Y ese lugar de las casas de entonces hacía pensar, aunque en más grande, en esos invernáculos de juguete admirados el día, de Reyes a la luz de la lámpara –porque los niños no han tenido paciencia para esperar la del día–, entre los demás regalos, pero preferidos a todos porque consuelan, con esas plantas que se. podrán cultivar, de la desnudez del invierno; y aun más que a esas minúsculas estufas se parecía el “jardín de invierno” a otra, colocada junto a ellas, y no de verdad, sino pintada en un libro muy bonito, don de los Reyes igualmente, y que representaba un regalo hecho no a los niños, sino a la señorita Lilí, heroína de la obra, pero que los encantaba de tal manera, que hoy, viejos ya, se preguntan si por entonces no era el invierno la más Hermosa de las estaciones. Y en el fondo de ese jardín de invierno, a través de las arborescencias de variadas especies, que vistas desde la calle prestaban a la iluminada ventana la apariencia de la cristalería de esas estufas de juguete, pintadas o de verdad, el transeúnte que se empinara un poco vería a un caballero enlevitado, clavel o gardenia en el ojal, de pie ante una dama sentada, y ambas figuras con vagos contornos, como dos entalles en un topacio, envueltas en la atmósfera del salón, que era toda de ámbar con los vapores del samovar –reciente importación en aquella época–, esos vapores que hoy quizá siguen existiendo, pero que el hábito ya no nos deja ver. La señora de Swann daba mucha importancia a ese “te”, y creía hacer gala de originalidad y de seducción siempre que decía a un hombre:– “Esto es cosa de todos los días a última hora venga a tomar el te”; así, que acompañaba con fina y cariñosa sonrisa aquellas palabras, pronunciadas con momentáneo acento inglés, y que el interlocutor acogía muy seriamente, saludando con aire grave, como si se tratase de algo importante y raro que impusiera deferencia y reclamara atención. Aparte de las antedichas había otra razón para que las flores tuviesen algo más que un carácter de ornamentación en el salón de la señora de Swann, razón basada no en la época aquella, sino en el género de vida que antes llevara Odette. Una gran cocotte, como lo fué ella, vive en gran parte para sus amantes, es decir, en su casa, lo cual puede llevarla a vivir para sí misma. Las cosas que se ven en casa de una mujer honrada, y que para ésta tienen también su importancia, son para una cocotte las más importantes de todas. El punto culminante de su jornada no es el momento de ponerse un traje para agrado de la gente, sino el de quitárselo para agrado de un hombre. Tan elegante tiene que estar en bata como en camisa de dormir o en traje de calle. Otras mujeres ostentan sus alhajas, pero ella vive en la intimidad de sus perlas. Y ese género de vida impone la obligación de un lujo secreto y, por consiguiente, casi desinteresado, al que se acaba por tomar cariño. Lujo que la señora de Swann extendía a las flores. Siempre había junto a su sillón una gran copa toda llena de violetas de Parma o de margaritas deshojadas en agua, que a la persona que llegaba a visitarla se le figuraba indicio de una ocupación favorita e interrumpida, .como hubiese sido una taza de té que estuviera bebiendo ella sola, por gusto; de una ocupación aun más íntima y misteriosa; tanto, que le daban ganas de excusarse al ver aquellas flores, como si se hubiese visto el título del libro abierto revelador de la reciente lectura, en la que acaso seguía pensando Odette. Y las flores tenían más vida que el libro; y se sentía uno sorprendido cuando se visitaba a la, señora de Swann al advertir que no estaba sola, o si se volvía a casa en su compañía, al ver que en el salón había alguien; porque allí entre aquellas paredes, ocupaban un enigmático lugar, aludiendo a desconocidas horas en la vida de la señora de la casa, esas flores, que no fueron preparadas para los visitantes de Odette, sino que estaban allí como olvidadas, cual si hubieran tenido y hubiesen de tener aún con ella coloquios particulares que le daba a uno miedo estorbar, y cuyo secreto vanamente se intentaba descubrir clavando la mirada en el color malva deslavado, líquido y disuelto de las violetas de Parma. Desde últimos de octubre Odette procuraba estar en casa con la mayor regularidad posible a la hora del té, que por entonces se denominaba aún five o′clock tea, por que había oído decir (y le gustaba repetirlo) que la señora de Verdurin logró formar una tertulia en su salón por la seguridad que se tenía de encontrarla siempre en su casa a la misma hora. Y se imaginaba ella que también tenía su “salón”, del mismo linaje, pero más libre, senza rigore, como solía decir. Y de ese modo se consideraba como una especie de señorita de Lespinasse, fundadora de un “salón” rival del de la Du Deffant, a la que logró quitar el grupo de hombres más agradables, especialmente Swann, el cual, según una versión de su esposa, que pudo hacer tragar a los amigos nuevos, ignorantes de lo pasado, pero –que no se tragó ella, la había seguido en su secesión y retirada del salón de los Verdurin. Pero representamos y repasamos tantas veces delante de la gente papeles favoritos, que llegamos a referirnos a su ficticio testimonio mucho mejor que al de una realidad completamente olvidada. Los días que Odette no había salido recibía en bata de crespón de China, del blancor de las primeras nieves, o en uno de esos trajes, encañonados, de muselina de seda que parecen un montón de pétalos rosa o blancos, y que hoy se consideran, muy erróneamente, poco apropiados para el invierno. Porque con esas telas ligeras y esos tiernos colores las mujeres –en los caldeados salones de entonces, bien protegidos por los cortinones, y que los novelistas mundanos de la época calificaban, en el colmo de la elegancia, de “delicadamente forrados”– tenían el aspecto friolero de aquellas rosas que podrían vivir junto a ellas, a pesar del invierno, desnudas y encarnadas como en la primavera. Y como las alfombras apagaban todo sonido y la dueña de la casa se sentaba en un rincón, resultaba que apenas si se daba cuenta de la entrada de una visita, como hoy ocurre, y seguía leyendo cuando uno estaba ya delante de ella; con lo cual se acrecía esa impresión novelesca, ese encanto como de secreto sorprendido, que aun hoy encontramos en el recuerdo de esos trajes, ya por entonces pasados de moda, y que la señora de Swann fué quizá la única en no abandonar, trajes que nos dan la idea de que la mujer que los llevaba debía de ser una heroína de novela, porque no los hemos visto, la mayor parte de nosotros, más que en algunas novelas de Henry Gréville. Odette tenía en su salón a principios de invierno crisantemos enormes y de variados colores, como los que Swann veía antaño únicamente en casa de su querida. Mi admiración hacia esas flores –en aquellas tristes visitas mías a la señora de Swann, cuando por causa de mi pena había vuelto a aparecérseme con toda su misteriosa poesía de madre de esa Gilberta, a. la que diría a la mañana siguiente: “Tu amigo ha estado a verme”– provenía indudablemente de que, por ser de color rosa pálido, como la seda Luis XIV de los sillones, de blancor de nieve como sus batas de crespón de China, o de rojo metálico como el samovar, superponían al decorado del salón otro suplementario, de coloridos tan ricos y refinados, pero decorado vivo, que sólo habría de durar unos días. Pero me emocionaban esos crisantemos porque ya no eran tan efímeros y de tan escasa duración si se los comparaba a aquellas tonalidades rosadas y cobrizas que el sol poniente exalta con tanta pompa en la bruma de los atardeceres de noviembre; esos tonos que veía yo extinguirse en el cielo un momento antes de entrar en casa de la señora de Swann, para volverlos a encontrar prolongados y transpuestos en la encendida paleta de las flores. Como fuegos arrancados por un gran colorista a la instabilidad de la atmósfera y del sol para que sirvan de adorno a una morada humana, invitábanme aquellos crisantemos, a pesar de toda mi tristeza, a saborear ávidamente durante aquella hora del té los breves placeres de noviembre, y hacían brillar ante mi alma el íntimo y misterioso esplendor de esos goces. Por más que no era precisamente en la conversación donde se lograban esos placeres, ni mucho menos. Aunque ya fuese tarde, la señora de Swann decía con tono cariñoso a todo el mundo, hasta a la señora de Cottard: “No, todavía es temprano: no se fíe usted del reloj, no va bien; no tiene usted nada que hacer”; y ofrecía otro pastelillo a la señora del profesor, que no había soltado de la mano su tarjetero.
— On ne peut pas s′en aller de cette maison, disait Mme Bontemps à Mme Swann tandis que Mme Cottard, dans sa surprise d′entendre exprimer sa propre impression s′écriait: «C′est ce que je me dis toujours, avec ma petite jugeotte, dans mon for intérieur!» approuvée par des messieurs du Jockey qui s′étaient confondus en saluts, et comme comblés par tant d′honneur, quand Mme Swann les avait présentés à cette petite bourgeoise peu aimable, qui restait devant les brillants amis d′Odette sur la réserve sinon sur ce qu′elle appelait la «défensive», car elle employait toujours un langage noble pour les choses les plus simples. «On ne le dirait pas, voilà trois mercredis que vous me faites faux-bond», disait Mme Swann à Mme Cottard. «C′est vrai, Odette, il y a des siècles, des éternités que je ne vous ai vue. Vous voyez que je plaide coupable, mais il faut vous dire, ajoutait-elle d′un air pudibond et vague, car quoique femme de médecin elle n′aurait pas oser parler sans périphrases de rhumatismes ou de coliques néphrétiques, que j′ai eu bien des petites misères. Chacun a les siennes. Et puis j′ai eu une crise dans ma domesticité mâle. Sans être plus qu′une autre, très imbue de mon autorité, j′ai dû, pour faire un exemple, renvoyer mon Vatel qui, je crois, cherchait d′ailleurs une place plus lucrative. Mais son départ a failli entraîner la démission de tout le ministère. Ma femme de chambre ne voulait pas rester non plus, il y a eu des scènes homériques. Malgré tout, j′ai tenu ferme le gouvernail, et c′est une véritable leçon de choses qui n′aura pas été perdue pour moi. Je vous ennuie avec ces histoires de serviteurs mais vous savez comme moi quel tracas c′est d′être obligée de procéder à des remaniements dans son personnel.» –No sabe una cómo marcharse de esta casa –decía la señora de Bontemps a Odette, mientras que la esposa de Cottard, sorprendida al ver formulada su propia impresión en aquellas palabras, exclamaba: –Eso mismo es lo que a mí se me ocurre, con el poco caletre que Dios me ha dado. Y la aprobaban unos caballeros del jockey, que se confundieran en saludos, colmados por tanto honor, cuando la señora de Swann los presentó a esa damita burguesa, no muy amable, que permanecía ante los brillantes amigos de Odette en una actitud de reserva, ya que no de “defensiva”, según solía decir; porque siempre usaba un lenguaje noble hasta para las más sencillas cosas. –Parece que no, y hace ya tres miércoles que me falta usted a su palabra –decía la señora de Swann a la de Cottard. –Es verdad, Odette; hace ya siglos, eternidades, que no nos vemos. Ya ve usted que me declaro culpable; pero sepa usted – añadía con tono pudibundo y vago, porque aunque mujer de médico no se atrevía a hablar sin perífrasis de reumas o de cólicos nefriticos– que he estado bastante fastidiada. Cada cual tiene lo suyo. Además, ha habido crisis en mi servidumbre masculina. No es que esté yo muy poseída de mi autoridad, pero no he tenido más remedio, para dar ejemplo, que despedir a mi Vatel, que por, cierto me parece que ya andaba buscando otra colocación más lucrativa. Pero esa despedida por poco acarrea la dimisión de todo el ministerio. Mi doncella no quería quedarse tampoco, y ha habido escenas homéricas. Pero yo no he abandonado el timón, y me han dado una pequeña lección de cosas que no echaré en saco roto. La estoy a usted aburriendo con esos cuentos de criados, pero usted sabe tan bien como yo el conflicto que supone tener que modificar el personal doméstico. ¿Qué, no veremos a su encantadora hija? –preguntaba luego.
— «Et nous ne verrons pas votre délicieuse fille», demandait-elle. «Non, ma délicieuse fille, dîne chez une amie», répondait Mme Swann, et elle ajoutait en se tournant vers moi: «Je crois qu′elle vous a écrit pour que vous veniez la voir demain. Et nos babys, demandait-elle à la femme du Professeur.» Je respirais largement. Ces mots de Mme Swann qui me prouvaient que je pourrais voir Gilberte quand je voudrais, me faisaient justement le bien que j′étais venu chercher et qui me rendait à cette époque-là les visites à Mme Swann si nécessaires. «Non, je lui écrirai un mot ce soir, du reste. Gilberte et moi nous ne pouvons plus nous voir», ajoutais-je, ayant l′air d′attribuer notre séparation à une cause mystérieuse, ce qui me donnait encore une illusion d′amour, entretenue aussi par la manière tendre dont je parlais de Gilberte et dont elle parlait de moi. «Vous savez qu′elle vous aime infiniment, me disait Mme Swann. Vraiment vous ne voulez pas demain?» Tout d′un coup une allégresse me soulevait, je venais de me dire: «Mais après tout pourquoi pas, puisque c′est sa mère elle-même qui me le propose.» Mais aussitôt je retombais dans ma tristesse. Je craignais qu′en me revoyant, Gilberte pensât que mon indifférence de ces derniers temps avait été simulée et j′aimais mieux prolonger la séparation. Pendant ces apartés Mme Bontemps se plaignait de l′ennui que lui causaient les femmes des hommes politiques, car elle affectait de trouver tout le monde assommant et ridicule, et d′être désolée de la position de son mari. «Alors vous pouvez comme ça recevoir cinquante femmes de médecins de suite, disait-elle à Mme Cottard qui elle, au contraire, était pleine de bienveillance pour chacun et de respect pour toutes les obligations. Ah, vous avez de la vertu! Moi, au ministère, n′est-ce pas, je suis obligée, naturellement. Eh! bien, c′est plus fort que moi, vous savez ces femmes de fonctionnaires, je ne peux pas m′empêcher de leur tirer la langue. Et ma nièce Albertine est comme moi. Vous ne savez pas ce qu′elle est effrontée cette petite. La semaine dernière il y avait à mon jour la femme du sous-secrétaire d′État aux Finances qui disait qu′elle ne s′y connaissait pas en cuisine. «Mais, madame, lui a répondu ma nièce avec son plus gracieux sourire, vous devriez pourtant savoir ce que c′est puisque votre père était marmiton.» «Oh! j′aime beaucoup cette histoire, je trouve cela exquis», disait Mme Swann. «Mais au moins pour les jours de consultation du docteur vous devriez avoir un petit home, avec vos fleurs, vos livres, les choses que vous aimez», conseillait-elle à Mme Cottard. «Comme ça, v′lan dans la figure, v′lan, elle ne lui a pas envoyé dire. Et elle ne m′avait prévenue de rien cette petite masque, elle est rusée comme un singe. Vous avez de la chance de pouvoir vous retenir; j′envie les gens qui savent déguiser leur pensée.» «Mais je n′en ai pas besoin, madame: je ne suis pas si difficile, répondait avec douceur Mme Cottard. D′abord, je n′y ai pas les mêmes droits que vous, ajoutait-elle d′une voix un peu plus forte qu′elle prenait, afin de les souligner, chaque fois qu′elle glissait dans la conversation quelqu′une de ces amabilités délicates, de ces ingénieuses flatteries qui faisaient l′admiration et aidaient à la carrière de son mari. Et puis je fais avec plaisir tout ce qui peut être utile au professeur.» –No; mi encantadora hija cena en cata de una amiga – respondía la señora de Swann–. Por cierto –añadía, volviéndose hacia mí–, que creo que le ha escrito a usted para que venga a verla mañana. ¿Y sus babies? –preguntaba a la esposa del profesor. Yo ya respiraba a mis anchas. Las palabras de la señora de Swann, que me indicaban que podría ver a Gilberta cuando yo quisiera, me hacían aquel bien que yo vine precisamente a buscar, causa de que me fueran tan necesarias las visitas a Odette en aquellos tiempos. –No; le escribiré esta noche unas líneas. Gilberta y yo ya no podemos vernos –añadía yo, como atribuyendo la separación a una causa misteriosa, con lo cual conservaba aún una ilusión de amor, ilusión alimentada asimismo por la manera tan cariñosa con que hablábamos el uno del otro. –Lo quiere muchísimo, ¿sabe usted? –me decía la señora de Swann–. ¿De veras no va usted a venir mañana? Y de pronto me daba una alegría muy grande, porque acababa de decirme para mi fuero interno: “Y después de todo, ¿por qué no voy a venir, si su misma madre es la que me lo propone?” Pero en seguida tornaba a hundirme en mi tristeza. Temía yo que Gilberta, al verme, se figurara que mi indiferencia de estos últimos tiempos había sido fingida, y por eso prefería prolongar la separación. Durante esos apartes que conmigo sostenía la señora de Swann, la de Bontemps se quejaba de lo mucho que la molestaban las esposas de los políticos; porque quería hacer creer que todo el mundo le parecía ridículo y cargante y que la posición política de su marido la tenía desesperada. –¿De modo que usted es capaz de recibir cincuenta visitas de mujeres de médico todas seguidas? –decía a la señora de Cottard, la cual, por el contrario, rebosaba benevolencia con todas las personas y respeto con todas las obligaciones–. ¡Pues sí que tiene usted mérito! Yo, en el ministerio, claro, no tengo más remedio, naturalmente. ¡Pues no puedo dominarme, y muchas veces me río de esas señoras empleadas! Y a mi sobrina Albertina le pasa lo mismo que a mí. No sabe usted lo descarada que es esa chiquilla. La semana pasada, mi día de visitas, estaba allí la mujer del subsecretario de Hacienda, y decía que no entendía nada de cocina. “Pues, señora – le contestó mi sobrina, con su más amable sonrisa–, debía usted saber de eso, porque su señor padre era marmitón." –¡Qué historia tan graciosa, es exquisita! –decía la señora de Swann–. Usted debería tener, por lo menos para los días de consulta del doctor, su pequeño home, con flores, con libros, con las cosas que a usted le agradan –aconsejaba Odette a la señora de Cottard, mientras seguía la de Bontemps –Pues así se lo lanzó en sus narices; no necesitó mensajeros, no. Y el caso es que el demonio de la chica no me había dicho a mí nada antes; es más lista que un lince. Pues tiene usted mucha suerte si se sabe contener; yo envidio a las personas capaces de disfrazar sus pensamientos. –No, señora, no necesito disfrazarlos; no soy tan exigente – respondía con suavidad la esposa del doctor–. En primer término, no tengo los mismos derechos a serlo que usted –añadía, subiendo un poco la voz, a modo de subrayado, como solía hacer siempre que entreveraba en la conversación alguna de aquellas delicadas finezas o ingeniosas lisonjas que causaban tanta admiración a su marido y lo ayudaban a subir en su carrera– . Además, yo hago con mucho gusto cualquier cosa que sea útil a mi esposo. –Pero, señora, lo primero es poder hacerlo. Probablemente usted no es nerviosa. Yo, en cuanto veo a la mujer del ministro de Guerra haciendo gestos, me pongo a imitarla sin querer. Es una desgracia tener un temperamento así.
— «Mais, madame, il faut pouvoir. Probablement vous n′êtes pas nerveuse. Moi quand je vois la femme du ministre de la Guerre faire des grimaces, immédiatement je me mets à l′imiter. C′est terrible d′avoir un tempérament comme ça.»
— «Ah! oui, dit Mme Cottard, j′ai entendu dire qu′elle avait des tics; mon mari connaît aussi quelqu′un de très haut placé et naturellement, quand ces messieurs causent entre eux . . . » –¡Ah, sí!; he oído decir que esa señora, hace muecas nerviosas; mi marido conoce también a un personaje muy elevado, y, claro, los hombres cuando se ponen a hablar...
— «Mais tenez, madame, c′est encore comme le chef du protocole qui est bossu, c′est réglé, il n′est pas depuis cinq minutes chez moi que je vais toucher sa bosse. Mon mari dit que je le ferai révoquer. Eh bien! zut pour le ministère! Oui, zut pour le ministère! je voulais fait mettre ça comme devise sur mon papier à lettres. Je suis sûre que je vous scandalise parce que vous êtes bonne, moi j′avoue que rien ne m′amuse comme les petites méchancetés. Sans cela la vie serait bien monotone.» –Ocurre lo que con el jefe del protocolo, que es corcovado en cuando está cinco minutos en mi casa no puedo por menos de ir a tocarle la joroba, es fatal. Mi marido dice que lo echarán por causa mía. ¿Y qué?, ¡a paseo el ministerio!, ¡a paseo! Me gustaría ponérmelo como leyenda en el papel de escribir. De seguro que la estoy escandalizando, porque usted es buena, y yo declaro que lo que más me divierte son las pequeñas ruindades. Sin eso la vida sería muy monótona.
Et elle continuait à parler tout le temps du ministère comme si ç‘avait été l′Olympe. Pour changer la conversation Mme Swann se tournait vers Mme Cottard: Y seguía hablando continuamente del ministerio, como si fuese el Olimpo. La señora de Swann, con objeto de mudar de conversación, se dirigía a la esposa del doctor:
— «Mais vous me semblez bien belle? Redfern fecit? –¡Pero está usted muy elegante! Redfern fecit?
— «Non, vous savez que je suis une fervente de Rauthnitz. Du reste c′est un retapage. — «Eh! bien, cela a un chic!» –No; ya sabe usted que yo soy ferviente admiradora de Rauthniz. Y esto es un arreglo. –Pues tiene mucho chic.
— «Combien croyez-vous? . . . Non, changez le premier chiffre. –¿Cuánto cree usted...? No, no,– cambie la primera cifra.
— «Comment, mais c′est pour rien, c′est donné. On m′avait dit trois fois autant.» «Voilà comme on écrit l′Histoire, concluait la femme du docteur. Et montrant à Mme Swann un tour de cou dont celle-ci lui avait fait présent: –¿Es posible? ¿Tan poco dinero? ¡Es regalado! ¡Me habían dicho tres veces más! –Pues así se escribe la Historia –decía la esposa del doctor. Y enseñando un collar que le había regalado la señora de Swann, añadía:
— «Regardez, Odette. Vous reconnaissez?» –Mire, Odette, ¿lo conoce usted?
Dans l′entrebâillement d′une tenture une tête se montrait cérémonieusement déférente, feignant par plaisanterie la peur de déranger: c′était Swann. «Odette, le Prince d′Agrigente qui est avec moi dans mon cabinet demande s′il pourrait venir vous présenter ses hommages. Que dois-je aller lui répondre?» «Mais que je serai enchantée», disait Odette avec satisfaction sans se départir d′un calme qui lui était d′autant plus facile qu′elle avait toujours, même comme cocotte, reçu des hommes élégants. Swann partait transmettre l′autorisation et, accompagné du Prince, il revenait auprès de sa femme à moins que dans l′intervalle ne fût entrée Mme Verdurin. Quand il avait épousé Odette, il lui avait demandé de ne plus fréquenter le petit clan (il avait pour cela bien des raisons et s′il n′en avait pas eu, l′eût fait tout de même par obéissance à une loi d′ingratitude qui ne souffre pas d′exception et qui faisait ressortir l′imprévoyance de tous les entremetteurs ou leur désintéressement). Il avait seulement permis qu′Odette échangeât avec Mme Verdurin deux visites par an, ce qui semblait encore excessif à certains fidèles indignés de l′injure faite à la Patronne qui avait pendant tant d′années traité Odette et même Swann comme les enfants chéris de la maison. Car s′il contenait des faux-frères qui lâchaient certains soirs pour se rendre sans le dire à une invitation d′Odette, prêts, dans le cas où ils seraient découverts, à s′excuser sur la curiosité de rencontrer Bergotte (quoique la Patronne prétendît qu′il ne fréquentait pas chez les Swann, était dépourvu de talent, et malgré cela elle cherchait suivant une expression qui lui était chère, à l′attirer), le petit groupe avait aussi ses «ultras». Et ceux-ci, ignorants des convenances particulières qui détournent souvent les gens de l′attitude extrême qu′on aimerait à leur voir prendre pour ennuyer quelqu′un, auraient souhaité et n′avaient pas obtenu que Mme Verdurin cessât toutes relations avec Odette, et lui otât ainsi la satisfaction de dire en riant: «Nous allons très rarement chez la patronne depuis le Schisme. C′était encore possible quand mon mari était garçon mais pour un ménage ce n′est pas toujours très facile . . . M. Swann, pour vous dire la vérité n′avale pas la mère Verdurin et il n′apprécierait pas beaucoup que j′en fasse ma fréquentation habituelle. Et moi, fidèle épouse . . . » Swann y accompagnait sa femme en soirée, mais évitait d′être là quand Mme Verdurin venait chez Odette en visite. Aussi si la Patronne était dans le salon, le Prince d′Agrigente entrait seul. Seul aussi d′ailleurs il était présenté par Odette qui préférait que Mme Verdurin n′entendît pas de noms obscurs et voyant plus d′un visage inconnu d′elle, pût se croire au milieu de notabilités aristocratiques, calcul qui réussissait si bien que le soir Mme Verdurin disait avec dégoût à son mari: «Charmant milieu! Il y avait toute la fleur de la Réaction!» Odette vivait à l′égard de Mme Verdurin dans une illusion inverse. Non que ce salon eût même seulement commencé alors de devenir ce que nous le verrons être un jour. Mme Verdurin n′en était même pas encore à la période d′incubation où on suspend les grandes fêtes dans lesquelles les rares éléments brillants récemment acquis seraient noyés dans trop de tourbe et où on préfère attendre que le pouvoir générateur des dix justes qu′on a réussi à attirer en ait produit septante fois dix. Comme Odette n′allait pas tarder à le faire, Mme Verdurin se proposait bien le «monde» comme objectif, mais ses zones d′attaque étaient encore si limitées et d′ailleurs si éloignées, de celles par où Odette avait quelque chance d′arriver à un résultat identique, à percer, que celle-ci vivait dans la plus complète ignorance des plans stratégiques qu′élaborait la Patronne. Et c′était de la meilleure foi du monde que quand on parlait à Odette de Mme Verdurin comme d′une snob, Odette se mettait à rire, et disait: «C′est tout le contraire. D′abord elle n′en a pas les éléments, elle ne connaît personne. Ensuite il faut lui rendre cette justice que cela lui plaît ainsi. Non, ce qu′elle aime ce sont ses mercredis, les causeurs agréables.» Et secrètement elle enviait à Mme Verdurin (bien qu′elle ne désespérât pas d′avoir elle-même à une si grande école fini par les apprendre) ces arts auxquels la Patronne attachait une si belle importance bien qu′ils ne fassent que nuancer l′inexistant, sculpter le vide, et soient à proprement parler les Arts du Néant: l′art (pour une maîtresse de maison) de savoir «réunir», de s′entendre à «grouper», de «mettre en valeur», de «s′effacer», de servir de «trait d′union». Por una puerta entreabierta asomaba una cabeza ceremoniosamente deferente, fingiendo por broma temor de molestar: era Swann. –Odette, el príncipe de Agrigento, que está conmigo en mi despacho, pregunta si puede venir a ponerse a tus pies. ¿Qué le digo? –Pues que tendré muchísimo gusto –contestaba Odette muy satisfecha, sin perder su calma, cosa que no le era difícil, porque siempre, hasta cuando era cocotte, tuvo costumbre de recibir a hombres elegantes. Swann se marchaba a comunicar el permiso al príncipe, y volvía con éste a la habitación de Odette, excepto en el caso de que mientras tanto hubiese entrado la señora de Verdurin. Cuando se casó con Odette le rogó que dejara de frecuentar el clan; tenía muchas razones para ello, y aun de no haberlas tenido habríalo hecho por obediencia a esa ley de ingratitud, que no tiene excepciones y que pone de relieve o bien la imprevisión o bien el desinterés de todos los zurcidores de voluntades. Lo único que permitió a Odette fué que cambiara dos visitas al año con la señora de Verdurin, y aun parecía eso mucho a algunos fieles, indignados de la injuria hecha a la Patrona, que estuvo tratando tantos años a Odette y hasta a Swann –como los niños mimados de la casa. Porque en el clan, aunque había algunos falsos fieles que desertaban determinadas noches para ir, sin decir una palabra, a casa de Odette, llevando preparada la disculpa, por si acaso eran descubiertos, de que los movía la curiosidad de ver a Bergotte (por más que la Patrona sostenía que Bergotte no solía ir a casa de los Swann y que carecía de todo talento, lo cual no era obstáculo para que procurase atraérselo), quedaban aún algunos “extremistas”. Los cuales, por ignorar esas conveniencias particulares que suelen apartar a las personas de actitudes extremas en que a uno le gustaría verlas para molestar a alguien, deseaban, sin lograrlo, que la señora de Verdurin rompiera toda relación con Odette y que ésta no pudiese darse el gusto de decir: “Desde el Cisma vamos muy poco a casa de la Patrona. Se pedía ir cuando mi marido estaba soltero; pero para un matrimonio ya no es tan fácil... Swann, para decir verdad, no puede tragar a la de Verdurin, y no le agradaría que la visitara a menudo Y yo, claro, esposa fiel..." Swann acompañaba a su esposa la noche que iba a casa de los Verdurin, pero hacía por no estar presente cuando la Patrona devolvía su visita a Odette. De modo que si la señora de Verdurin estaba en el salón, el príncipe de Agrigento era el único que entraba. Y el único presentado por Odette, que prefería que la señora de Verdurin no Oyese nombres insignificantes y que al ver muchas caras desconocidas se figurase que estaba entre notabilidades aristocráticas; el cálculo estaba muy bien hecho, porque aquella noche decía la Patrona a su marido con gesto de asco: “¡Qué casa! Estaba allí toda la flor y nata de la reacción”. Odette vivía en una ilusión inversa con respecto a la señora de Verdurin. Y no es porque la tertulia de esta última hubiese ni siquiera empezado a convertirse en lo que más tarde veremos que llegó a ser. La señora de Verdurin no estaba aún ni en el período de incubación, en que se suspenden las grandes fiestas porque los raros elementos brillantes de reciente adquisición se ahogarían entre tanta turba, y se prefiere esperar a que el poder generador de diez justos que fué posible conquistar produzca setenta veces más. Al igual de lo que Odette haría poco después, lo que se proponía como objetivo la señora de Verdurin era el “gran mundo”; pero sus zonas de ataque eran tan limitadas y tan distantes de aquellas otras por donde Odette tenía alguna probabilidad de romper la línea enemiga y llegar a resultados ,idénticos a los ideales de su amiga, que la señora de Swann vivía en la más absoluta ignorancia de los planes elaborados por la Patrona. Y cuando alguien le hablaba de los Verdurin calificándola de snob, Odette, con la mejor buena f e del mundo, se echaba a reír y decía: “No, todo lo contrario. En primer término, le faltan elementos, no conoce a nadie. Y además, hay que hacerle la justicia de decir que es porque lo prefiere así. Lo que le gusta son sus miércoles con gente de conversación agradable”. Y en secreto envidiaba a la señora de Verdurin (aunque no dejaba de tener cierta esperanza de haberlas aprendido ella también en aquella magnífica escuela) esas artes que la Patrona juzgaba tan importantes, aunque no sirvan más que para dar matiz a lo inexistente, para modelar el vacío, y sean, hablando con propiedad, las Artes de la Nada: el arte del ama de casa que sabe manejar a sus invitados: “reunir”, “formar grupos”, “poner a uno en primer término”, “desaparecer” y servir de “enlace”.
En tous cas les amies de Mme Swann étaient impressionnées de voir chez elle une femme qu′on ne se représentait habituellement que dans son propre salon, entourée d′un cadre inséparable d′invités, de tout un petit groupe qu′on s′émerveillait de voir ainsi, évoqué, résumé, resserré, dans un seul fauteuil, sous les espèces de la Patronne devenue visiteuse dans l′emmitouflement de son manteau fourré de grèbe, aussi duveteux que les blanches fourrures qui tapissaient ce salon au sein duquel Mme Verdurin était elle-même un salon. Les femmes les plus timides, voulaient se retirer par discrétion et employant le pluriel comme quand on veut faire comprendre aux autres qu′il est plus sage de ne pas trop fatiguer une convalescente qui se lève pour la première fois, disaient: «Odette nous allons vous laisser.» On enviait Mme Cottard que la patronne appelait par son prénom. «Est-ce que je vous enlève, lui disait Mme Verdurin qui ne pouvait supporter la pensée qu′une fidèle allait rester là au lieu de la suivre. «Mais Madame est assez aimable pour me ramener, répondait Mme Cottard, ne voulant pas avoir l′air d′oublier, en faveur d′une personne plus célèbre, qu′elle avait accepté l′offre que Mme Bontemps lui avait faite de la ramener dans sa voiture à cocarde. J′avoue que je suis particulièrement reconnaissante aux amies qui veulent bien me prendre avec elles dans leur véhicule. C′est une véritable aubaine pour moi qui n′ai pas d′automédon.» «D′autant plus, répondait la patronne (n′osant trop rien dire car elle connaissait un peu Mme Bontemps et venait de l′inviter à ses mercredis), que chez Mme de Crécy vous n′êtes pas près de chez vous. Oh! mon Dieu, je n′arriverai jamais à dire madame Swann.» C′était une plaisanterie dans le petit clan, pour des gens qui n′avaient pas beaucoup d′esprit, de faire semblant de ne pas pouvoir s′habituer à dire Mme Swann. «J′avais tellement l′habitude de dire Mme de Crécy, j′ai encore failli de me tromper.» Seule Mme Verdurin quand elle parlait à Odette, ne faisait pas que faillir et se trompait exprès. «Cela ne vous fait pas peur, Odette, d′habiter ce quartier perdu. Il me semble que je ne serais qu′à moitié tranquille le soir pour rentrer. Et puis c′est si humide. Ça ne doit rien valoir pour l′eczéma de votre mari. Vous n′avez pas de rats au moins?» «Mais non! Quelle horreur!» «Tant mieux, on m′avait dit cela. Je suis bien aise de savoir que ce n′est pas vrai, parce que j′en ai une peur épouvantable et que je ne serais pas revenue chez vous. Au revoir ma bonne chérie, à bientôt, vous savez comme je suis heureuse de vous voir. Vous ne savez pas arranger les chrysanthèmes, disait-elle en s′en allant tandis que Mme Swann se levait pour la reconduire. Ce sont des fleurs japonaises, il faut les disposer comme font les Japonais.» De todos modos, a las amigas de la señora de Swann les causaba impresión ver en su casa a una mujer que únicamente solía uno representarse en su propio salón, rodeada de inseparable marco de invitados, en medio de un grupo que, como por arte de magia, se veía evocado, resumido y condensado en un solo sillón, en la persona de la Patrona, convertida ahora en visita, y que, bien arropada en su abrigo guarnecido de plumas, tan fino como las pieles que tapizaban aquel cuarto, parecía un salón dentro de otro salón m Las señoras más tímidas querían retirarse por discreción, y decían, empleando el plural, como cuando se quiere dar a entender que más vale no cansar a la convaleciente que se ha levantado por vez primera ese día: –Odette, vamos a. dejar a –usted. La señora de Cottard inspiraba envidia porque la patrona la llamaba por su nombre de pila. –Usted se viene conmigo, ¿no? –le decía la señora de Verdurin, que no podía hacerse a la idea de marcharse y que un fiel se quedara allí en vez de irse tras ella. –El caso es que esta señora ha tenido la amabilidad de ofrecerse a llevarme – respondía la señora de Cottard, para que no pareciese que se olvidaba en favor de una persona más célebre de que había aceptado el ofrecimiento que le hiciera la señora de Bontemps de su coche con escarapela–. Reconozco que agradezco mucho a las amigas que me lleven en vehículo. Para mí, que no tengo automedonte, es una ganga. –Sobre todo –respondía la Patrona (sin atreverse a objetar nada, porque trataba un poco a la de Bontemps y acababa de invitarla a sus miércoles)–, aquí en casa de la señora de Crécy, que está tan distante de la de usted. ¡Dios mío, no podré nunca decir la señora de Swann! (En el clan pasaba por broma, entre las personas de poco ingenio, el aparentar que les era imposible acostumbrarse a llamar a Odette la señora de Swann.) Estaba uno tan hecho a decir la señora de Crécy, que he estado a punto de equivocarme: Pero la Patrona, cuando hablaba con Odette no estaba a punto de equivocarse, sino que se equivocaba adrede. –Odette, ¿no le da a usted miedo vivir en un barrio tan extraviado? Yo, por la noche no volvería muy tranquila a casa. ¡Y luego tan húmedo! No le debe de sentar muy bien a su marido para la eczema. ¿Y no tiene usted ratones? –¡No, por Dios, qué horror! –¡Ah!, menos mal, me habían dicho eso. Y me alegro de saber que no es verdad, porque les tengo mucho miedo y no hubiese vuelto por aquí. Bueno, hasta la vista, mi querida Odette; ya sabe usted el gusto que tengo siempre en verla. Y al salir, cuando Odette se había levantado a acompañarla hasta la puerta, le decía –No sabe usted arreglar los crisantemos. Son flores japonesas y hay que colocarlas como los japoneses.
«Je ne suis pas de l′avis de Mme Verdurin, bien qu′en toutes choses elle soit pour moi la Loi et les Prophètes. Il n′y a que vous, Odette, pour trouver des chrysanthèmes si belles ou plutôt si beaux puisque il paraît que c′est ainsi qu′on dit maintenant», déclarait Mme Cottard, quand la Patronne avait refermé la porte. «Chère Mme Verdurin n′est pas toujours très bienveillante pour les fleurs des autres», répondait doucement Mme Swann. «Qui cultivez-vous, Odette, demandait Mme Cottard pour ne pas laisser se prolonger les critiques à l′adresse de la Patronne . . . Lemaître? J′avoue que devant chez Lemaître il y avait l′autre jour un grand arbuste rose qui m′a fait faire une folie.» Mais par pudeur elle se refusa à donner des renseignements plus précis sur le prix de l′arbuste et dit seulement que le professeur «qui n′avait pourtant pas la tête près du bonnet» avait tiré flamberge au vent et lui avait dit qu′elle ne savait pas la valeur de l′argent.» «Non, non, je n′ai de fleuriste attitré que Debac.» «Moi aussi, disait Mme Cottard, mais je confesse que je lui fais des infidélités avec Lachaume.» «Ah! vous le trompez avec Lachaume, je lui dirai, répondait Odette qui s′efforçait d′avoir de l′esprit et de conduire la conversation, chez elle, où elle se sentait plus à l′aise que dans le petit clan. Du reste Lachaume devient vraiment trop cher; ses prix sont excessifs, savez-vous, ses prix je les trouve inconvenants!» ajoutait-elle en riant. –Yo no soy del parecer de la señora de Verdurin, aunque para mí sea en todo la Ley y los Profetas. A mí me parece que no hay nadie como usted para dar con esos crisantemos tan hermosos o tan hermosas, como dicen ahora –declaraba la señora del doctor cuando ya se había cerrado la puerta tras la Patrona. –Es que esta querida señora de Verdurin no siempre se muestra muy benévola con las flores de los demás –respondía suavemente Odette. –¿A quién se dedica usted ahora para las flores? –preguntaba la señora de Cottard, con objeto de que no se prolongaran las críticas dirigidas a la Patrona–. ¿Lemaitre? Confieso que tenía hace unos días delante de su casa tina planta grande, color rosa tan bonito, que no pude por menos de hacer una locura. Pero se negó, por pudor, a dar detalles concretos del precio de la planta, y dijo tan sólo que el profesor, a pesar de no tener el genio pronto, echó las campanas a vuelo y le dijo que no sabía lo que vale el dinero. –No; mi florista oficial es Debac –También es el mío; pero confieso que algunas veces le soy infiel con Lachaume. –¡Ah!, ¿conque lo engaña usted con Lachaume? Ya se lo diré –respondía Odette, que hacia por tener gracia y por llevar la batuta de la conversación en su casa, donde se sentía más a sus anchas que en el clan–. Además, Lachaume se está poniendo muy caro; ¡qué precios altísimos, sabe usted, verdaderamente inconvenientes! –añadía riéndose.




Deuxième partie

[II]

Cependant Mme Bontemps qui avait dit cent fois qu′elle ne voulait pas aller chez les Verdurin, ravie d′être invitée aux mercredis, était en train de calculer comment elle pourrait s′y rendre le plus de fois possible. Elle ignorait que Mme Verdurin souhaitait qu′on n′en manquât aucun; d′autre part, elle était de ces personnes peu recherchées, qui quand elles sont conviées à des «séries» par une maîtresse de maison, ne vont pas chez elle comme ceux qui savent faire toujours plaisir, quand ils ont un moment et le désir de sortir; elles, au contraire, se privent par exemple de la première soirée et de la troisième, s′imaginant que leur absence sera remarquée et se réservent pour la deuxième et la quatrième; à moins que leurs informations ne leur ayant appris que la troisième sera particulièrement brillante, elles ne suivent un ordre inverse, alléguant que «malheureusement la dernière fois elles n′étaient pas libres». Telle Mme Bontemps supputait combien il pouvait y avoir encore de mercredis avant Pâques et de quelle façon elle arriverait à en avoir un de plus, sans pourtant paraître s′imposer. Elle comptait sur Mme Cottard, avec laquelle elle allait revenir, pour lui donner quelques indications. Entretanto, la señora de Bontemps, que había dicho cien veces que no quería ir a casa de los Verdurin, encantada porque la habían invitado a los miércoles, estaba calculando cómo debía arreglárselas para poder ir el mayor número de veces posible. No sabía que la señora de Verdurin quería que no se faltase ninguna semana; además, era de esas personas poco solicitadas, que cuando se ven convidadas por una señora de casa a reuniones “de serie” no van a ellas como el que sabe que siempre cae bien, es decir, siempre que tengan un momento libre y ganas de salir, sino que, al contrario, se privan, por ejemplo, de asistir a la primera y a la tercera, figurándose que se notará su ausencia y se reservan para la segunda y la cuarta, a no ser que se enteren de que la tercera estará muy brillante, y sigan entonces un orden inverso, alegando que, “desgraciadamente, los otros días los tenían ya comprometidos”. Y la señora de Bontemps, que era de ésas, echaba cuentas de los miércoles que quedaban hasta la Pascua de abril, y calculaba cómo se las arreglaría para ir algún miércoles más sin que pareciese que se imponía. Contaba con que la señora de Cottard, a la que iba a dejar en su casa, le daría algunos detalles.
«Oh! Madame Bontemps, je vois que vous vous levez, c′est très mal de donner ainsi le signal de la fuite. Vous me devez une compensation pour n′être pas venue jeudi dernier . . . Allons rasseyez-vous un moment. Vous ne ferez tout de même plus d′autre visite avant le dîner. Vraiment vous ne vous laissez pas tenter, ajoutait Mme Swann et tout en tendant une assiette de gâteaux: Vous savez que ce n′est pas mauvais du tout ces petites saletés-là. Ça ne paye pas de mine mais goûtez-en, vous m′en direz des nouvelles.» «Au contraire, ça a l′air délicieux, répondait Mme Cottard, chez vous, Odette, on n′est jamais à court de victuailles. Je n′ai pas besoin de vous demander la marque de fabrique, je sais que vous faites tout venir de chez Rebattet. Je dois dire que je suis plus éclectique. Pour les petits fours, pour toutes les friandises, je m′adresse souvent à Bourbonneux. Mais je reconnais qu′ils ne savent pas ce que c′est qu′une glace. Rebattet, pour tout ce qui est glace, bavaroise ou sorbet, c′est le grand art. Comme dirait mon mari, le nec plus ultra. –Pero, por Dios, señora, ¿se levanta usted ya? Está muy mal eso de dar la señal de desbandada. Además, me debe usted una compensación por no haber venido el jueves pasado. Vamos, siéntese usted un rato más. Ya no le queda a usted tiempo para hacer ninguna visita antes de cenar. ¿(qué no se deja usted rendir a la tentación? –decía la señora de Swann ofreciéndole un plato de pasteles–. Ya sabe usted que no son del todo malas estas porquerías. La cara no dice nada, pero pruébelos usted y ya me dirá. –Al contrario, tienen muy buen aspecto –respondía la señora de Cottard–. Lo que es en su casa de usted nunca faltan vituallas. No hay que preguntar la marca de fábrica: usted lo manda traer todo de Rebatet. Yo soy más ecléctica. Para las pastas y golosinas voy muchas veces a Bourbonneux. Aunque reconozco que no sabe lo que es un helado. Para helados, bavaroises y sorbetes, Rebated es el gran artista. Como diría mi marido, el nec plus ultra.
« »Mais ceci est tout simplement fait ici. Vraiment non?» «Je ne pourrai pas dîner, répondait Mme Bontemps, mais je me rassieds un instant, vous savez, moi j′adore causer avec une femme intelligente comme vous.» «Vous allez me trouver indiscrète, Odette, mais j′aimerais savoir comment vous jugez le chapeau qu′avait Mme Trombert. Je sais bien que la mode est aux grands chapeaux. Tout de même n′y a-t-il pas un peu d′exagération? Et à côté de celui avec lequel elle est venue l′autre jour chez moi, celui qu′elle portait tantôt était microscopique.» «Mais non je ne suis pas intelligente, disait Odette, pensant que cela faisait bien. Je suis au fond une gobeuse, qui croit tout ce qu′on lui dit, qui se fait du chagrin pour un rien.» Et elle insinuait qu′elle avait, au commencement, beaucoup souffert d′avoir épousé un homme comme Swann qui avait une vie de son côté et qui la trompait.» Cependant le Prince d′Agrigente ayant entendu les mots: «Je ne suis pas intelligente», trouvait de son devoir de protester, mais il n′avait pas d′esprit de répartie. –No, esto está hecho en casa. ¿De veras que no quiere usted? –No, no cenaría –contestaba la señora de Bontemps–; pero me sentaré un momento más porque me encanta hablar con una mujer inteligente como usted. –Aunque me llame usted indiscreta, Odette, me gustaría saber qué le parece a usted el sombrero qué traía la señora de Trombert. Ya sé que están de moda los sombreros grandes; pero; de todas maneras, me parece un poco exagerado. Y ese de hoy es microscópico comparado con el que llevaba el día que fué a mi casa. –No, yo no soy inteligente –decía Odette, creyéndose que esa negativa sentaba bien–. En el fondo soy una simplona que da crédito a todo lo que le cuentan y que por cualquier cosa se apena. Quería insinuar que al principio sufrió mucho por haberse casado con un hombre como Swann, que tenía una vida suya, aparte, y que la engañaba. El príncipe de Agrigento, como oyera, aquella afirmación de Odette de que no era inteligente, se consideró en el deber de protestar, pero no encontró réplica ingeniosa.
«Taratata, s′écriait Mme Bontemps, vous pas intelligente!» «En effet je me disais: «Qu′est-ce que j′entends? disait le Prince en saisissant cette perche. Il faut que mes oreilles m′aient trompé.» «Mais non, je vous assure, disait Odette, je suis au fond une petite bourgeoise très choquable, pleine de préjugés, vivant dans son trou, surtout très ignorante.» Et pour demander des nouvelles du baron de Charlus: «Avez-vous vu cher baronet?» lui disait-elle. «Vous, ignorante, s′écriait Mme Bontemps! Hé bien alors qu′est-ce que vous diriez du monde officiel, toutes ces femmes d′Excellences, qui ne savent parler que de chiffons! . . . Tenez, madame, pas plus tard qu′il y a huit jours je mets sur Lohengrin la ministresse de l′Instruction publique. Elle me répond: «Lohengrin? Ah! oui, la dernière revue des Folies-Bergères, il paraît que c′est tordant.» Hé bien! madame, qu′est-ce que vous voulez, quand on entend des choses comme ça, ça vous fait bouillir. J′avais envie de la gifler. Parce que j′ai mon petit caractère vous savez. –¡Bueno, bueno!, ¿conque no es usted inteligente? –exclamó la señora de Bontemps. Y el príncipe, agarrándose a este cabo: –Es verdad; yo estaba pensando que había oído eso, pero se me figuró que entendí mal. –No, de veras; en el fondo soy una burguesa a quien le choca todo, con muchos prejuicios, que vive metida en un rincón, y sobre todo muy ignorante. –Y añadía, para preguntar por el barón de Charlus–: ¿No ha visto usted al querido baronet. –¡Cómo!, ¿usted ignorante? Entonces, ¿qué me dice usted de las señoras del mundo oficial, de todas esas mujeres de Excelencias que no haben hablar más que de trapos? Mire usted, señora, no hace aún ocho días hablé de Lohengrin a la ministra de Instrucción Pública, y me dijo: “¡Ah, sí!, la última revista de Folies Bergéres; dicen que es divertidísima”. Y, ¡qué quiere usted, señora!, cuando se oyen cosas así yo ardo de ira. Me olieron ganas de pegarle, porque yo también gasto mi genio. ¿No es verdad que tengo razón, caballero? –decía volviéndose hacia mí.
Voyons, monsieur, disait-elle en se tournant vers moi, est-ce que je n′ai pas raison?» «Écoutez, disait Mme Cottard, on est excusable de répondre un peu de travers quand on est interrogée ainsi de but en blanc, sans être prévenue. J′en sais quelque chose car Mme Verdurin a l′habitude de nous mettre aussi le couteau sur la gorge.» «A propos de Mme Verdurin demandait Mme Bontemps à Mme Cottard, savez-vous qui il y aura mercredi chez elle? . . . Ah! je me rappelle maintenant que nous avons accepté une invitation pour mercredi prochain. Vous ne voulez pas dîner de mercredi en huit avec nous. Nous irions ensemble chez Madame Verdurin. Cela m′intimide d′entrer seule, je ne sais pas pourquoi cette grande femme m′a toujours fait peur.» «Je vais vous le dire, répondait Mme Cottard, ce qui vous effraye chez Mme Verdurin, c′est son organe. Que voulez-vous, tout le monde n′a pas un aussi joli organe que Madame Swann. Mais le temps de prendre langue comme dit la Patronne et la glace sera bientôt rompue. Car dans le fond elle est très accueillante. Mais je comprends très bien votre sensation, ce n′est jamais agréable de se trouver la première fois en pays perdu». –Mire usted –le respondía la señora de Cottard–, yo creo que se puede dispensar a una persona que conteste un poco a tuertas cuando se le hace una pregunta así de pronto, sin más ni más. Yo lo digo porque conozco el caso: la señora de Verdurin tiene también por costumbre ponernos el puñal al pecho. –Y a propósito de la señora de Verdurin –preguntaba la señora de Bontemps–: ¿sabe usted quién habrá en su casa el miércoles?... Ahora me acuerdo de que nosotros tenemos ya aceptada una invitación para el miércoles que viene. .. ¿Podría usted ir a cenar con nosotros de ese miércoles en ocho días, y luego iríamos juntas a casa de la señora de Verdurin? Me azora entrar yo sola; siempre me inspiró miedo esa señora tan alta, yo no sé por qué. –Yo se lo diré a usted –respondía la esposa del doctor–: lo que a usted la asusta es su voz. ¡Qué quiere usted, no es fácil encontrar voces tan bonitas como la de Odette! Pero todo es cosa de acostumbrarse, y en seguida se rompe el hielo, como dice el Ama. Porque en el fondo es muy amable. Claro que comprendo perfectamente su sensación de usted, porque nunca agrada verse en país extraño.
Vous pourriez aussi dîner avec nous, disait Mme Bontemps à Mme Swann. Après dîner on irait tous ensemble en Verdurin, faire Verdurin; et même si ce devait avoir pour effet que la Patronne me fasse les gros yeux et ne m′invite plus, une fois chez elle nous resterons toutes les trois à causer entre nous, je sens que c′est ce qui m′amusera le plus.» Mais cette affirmation ne devait pas être très véridique car Mme Bontemps demandait: «Qui pensez-vous qu′il y aura de mercredi en huit? Qu′est-ce qui se passera? Il n′y aura pas trop de monde, au moins?» «Moi, je n′irai certainement pas, disait Odette. Nous ne ferons qu′une petite apparition au mercredi final. Si cela vous est égal d′attendre jusque-là . . . » Mais Mme Bontemps ne semblait pas séduite par cette proposition d′ajournement. –Podía usted venir también a cenar con nosotros, y luego iríamos todos juntos a Verdurin, a verdurinizar; y aunque la Patrona me ponga mal gesto por eso y no me vuelva a invitar esa noche nos la pasamos ya allí las tres, hablando entre nosotras y para mi será lo mas entretenido Afirmación esta que no debía de ser muy verídica, porque la señora de Bontemps preguntaba –¿Quién cree usted que habrá el miércoles de la otra semana? ¿Qué ocurrirá? ¿No habrá mucha gente, eh? –Yo, desde luego, no voy. No haremos más que una breve aparición el último miércoles. Si le es a usted igual esperar hasta entonces...–decía Odette. Pero semejante proposición de aplazamiento, al parecer, no sedujo por completo a la señora de Bontemps.
Bien que les mérites spirituels d′un salon et son élégance soient généralement en rapports inverses plutôt que directs, il faut croire, puisque Swann trouvait Mme Bontemps agréable, que toute déchéance acceptée a pour conséquence de rendre les gens moins difficiles sur ceux avec qui ils sont résignés à se plaire, moins difficiles sur leur esprit comme sur le reste. Et si cela est vrai, les hommes doivent, comme les peuples, voir leur culture et même leur langage disparaître avec leur indépendance. Un des effets de cette indulgence est d′aggraver la tendance qu′à partir d′un certain âge on a à trouver agréables les paroles qui sont un hommage à notre propre tour d′esprit, à nos penchants, un encouragement à nous y livrer; cet âge-là est celui où un grand artiste préfère à la société de génies originaux celle d′élèves qui n′ont en commun avec lui que la lettre de sa doctrine et par qui il est encensé, écouté; où un homme ou une femme remarquables qui vivent pour un amour trouveront la plus intelligente dans une réunion la personne peut-être inférieure, mais dont une phrase aura montré qu′elle sait comprendre et approuver ce qu′est une existence vouée à la galanterie, et aura ainsi chatouillé agréablement la tendance voluptueuse de l′amant ou de la maîtresse; c′était l′âge aussi où Swann, en tant qu′il était devenu le mari d′Odette se plaisait à entendre dire à Mme Bontemps que c′est ridicule de ne recevoir que des duchesses (concluant de là, au contraire de ce qu′il eût fait jadis chez les Verdurin, que c′était une bonne femme, très spirituelle et qui n′était pas snob) et à lui raconter des histoires qui la faisaient «tordre», parce qu′elle ne les connaissait pas et que d′ailleurs elle «saisissait» vite, aimant à flatter et à s′amuser. «Alors le docteur ne raffolle pas comme vous, des fleurs», demandait Mme Swann à Mme Cottard. — «Oh! vous savez que mon mari est un sage; il est modéré en toutes choses. Si, pourtant, il a une passion.» L′il brillant de malveillance, de joie et de curiosité: Aunque los méritos de ingenio y elegancia de un salón estén más bien en razón inversa que directa, no hay más remedio que creer, puesto que Swann juzgaba persona agradable a la señora de Bontemps, que cuando se acepta cierto descenso en la escala social se exige ya mucho menos a la gente con quien se resigna uno gustoso a tratarse, tanto en cuanto a ingenio como en cuanto a otras cualidades. Y de ser esto verdad, los hombres deben ver, igual que los pueblos, cómo va desapareciendo su cultura y hasta su idioma al tiempo que desaparece su independencia. Semejante debilidad da, entre otros resultados, el de agravar esa tendencia, tan usual en cuanto se tiene cierta edad, a considerar agradables las palabras que lisonjeen nuestro modo de pensar y nuestras aficiones y que nos animen a seguirlas; esa edad en que un gran artista prefiere al trato de genios originales el de sus discípulos, que sólo tienen de común con él la letra de su doctrina, pero que lo escuchan y lo inciensan; esa edad en que una mujer o un hombre de valer que viven consagrados a un amor diputan por la persona más inteligente de una reunión a aquella que, aunque en realidad sea inferior, les mostró con una frase que sabe comprender y aprobar una existencia dedicada a la galantería, lisonjeando de ese modo la tendencia voluptuosa del enamorado o de la querida; y ésa era la edad en que Swann, en la parte que llegó a tener de marido de Odette, se complacía oyendo decir a la señora de Bontemps que es ridículo no recibir en su casa más que duquesas (de lo cual deducía, al contrario de lo que hubiese hecho antaño en casa de los Verdurin, que era una mujer buena y graciosa, nada snob) y en contarle cuentos que la hacían “retorcerse de risa” porque no los conocía y, además, porque “cogía” el chiste pronto y le gustaba adular y divertirse con su propio regocijo. _¿De modo que al doctor no lo vuelven las flores tan loco como a usted? –preguntaba Odette a la señora de Cottard. –Ya sabe usted que mi marido es un sabio: moderado en todo. Aunque no, tiene una pasión.
— «Laquelle, madame?» demandait Mme Bontemps. Avec simplicité, Mme Cottard répondait:— «La lecture.» — «Oh! c′est une passion de tout repos chez un mari!» s′écriait Mme Bontemps en étouffant un rire satanique. — «Quand le docteur est dans un livre, vous savez!» — «Hé bien, madame, cela ne doit pas vous effrayer beaucoup . . . » — «Mais si! . . . pour sa vue. Je vais aller le retrouver, Odette, et je reviendrai au premier jour frapper à votre porte. A propos de vue, vous a-t-on dit que l′hôtel particulier que vient d′acheter Mme Verdurin sera éclairé à l′électricité? Je ne le tiens pas de ma petite police particulière, mais d′une autre source: c′est l′électricien lui-même, Mildé, qui me l′a dit. Vous voyez que je cite mes auteurs! Jusqu′aux chambres qui auront leurs lampes électriques avec un abat-jour qui tamisera la lumière. C′est évidemment un luxe charmant. D′ailleurs nos contemporaines veulent absolument du nouveau, n′en fût-il plus au monde. Il y a la belle-sur d′une de mes amies qui a le téléphone posé chez elle! Elle peut faire une commande à un fournisseur sans sortir de son appartement! J′avoue que j′ai platement intrigué pour avoir la permission de venir un jour parler devant l′appareil. Cela me tente beaucoup, mais plutôt chez une amie que chez moi. Il me semble que je n′aimerais pas avoir le téléphone à domicile. Le premier amusement passé, cela doit être vrai casse-tête. Allons, Odette, je me sauve, ne retenez plus Mme Bontemps puisqu′elle se charge de moi, il faut absolument que je m′arrache, vous me faites faire du joli, je vais être rentrée après mon mari!» –¿Cuál, señora? –interrogaba la de Bontemps, ardiéndole los ojos de malicia, de alegría y de curiosidad. Y la esposa del doctor respondía con toda sencillez –La lectura –¡Ah, una pasión muy tranquilizadora en un marido! – exclamaba la señora de Bontemps, conteniendo una risita satánica. –¡Cuando está sin un libro...! –¡Pero eso no es para asustar, señora –Sí, por la vista. Y me voy a buscara mi marido; Odette, volveré a llamar a su puerta la semana que viene. Y a propósito de ver: me han. dicho que la casa nueva que acaba de comprar la señora de Verdurin tiene alumbrado eléctrico. No me lo ha dicho mi policía particular, no; lo sé por el mismo electricista, por Mildé. Ya ven ustedes que cito autores. Habrá luz eléctrica hasta en las alcobas, con pantallas para tamizar la luz. Realmente es un lujo delicioso. Y es que nuestras contemporáneas necesitan cosas nuevas, como si ya no hubiera bastantes en el mundo. La cuñada de una amiga mía tiene teléfono puesto en su casa. De modo que puede encargar lo que quiera sin salir de su cuarto. Confieso que he intrigado indignamente para que me dejaran ir a hablar un día delante del aparato. Es muy tentador, pero me gusta más en casa de una amiga que en la mía. Se me figura que no me gustarla tener el teléfono en mi domicilio. Pasado el primer momento de diversión, debe de ser un verdadero rompecabezas. Bueno, Odette, me voy, no me retenga usted más a la señora de Bontemps, ya que se encarga de mi persona. No tengo más remedio que marcharme; por culpa de usted voy a volver a casa más tarde que mi marido. ¡Qué bonito!
Et moi aussi, il fallait que je rentrasse, avant d′avoir goûté à ces plaisirs de l′hiver, desquels les chrysanthèmes m′avaient semblé être l′enveloppe éclatante. Ces plaisirs n′étaient pas venus et cependant Mme Swann n′avait pas l′air d′attendre encore quelque chose. Elle laissait les domestiques emporter le thé comme elle aurait annoncé: «On ferme!» Et elle finissait par me dire: «Alors, vraiment, vous partez? Hé bien, good bye!» Je sentais que j′aurais pu rester sans rencontrer ces plaisirs inconnus et que ma tristesse n′était pas seule à m′avoir privé d′eux. Ne se trouvaient-ils donc pas situés sur cette route battue des heures, qui mènent toujours si vite à l′instant du départ, mais plutôt sur quelque chemin de traverse inconnu de moi et par où il eût fallu bifurquer? Du moins le but de ma visite était atteint, Gilberte saurait que j′étais venu chez ses parents quand elle n′était pas là, et que j′y avais, comme n′avait cessé de le répéter Mme Cottard, «fait d′emblée, de prime-abord, la conquête de Mme Verdurin, laquelle ajoutait la femme du docteur, qui ne l′avait jamais vue faire «autant de frais». «Il faut, avait-elle dit, que vous ayez ensemble des atomes crochus.» Elle saurait que j′avais parlé d′elle comme je devais le faire, avec tendresse, mais que je n′avais pas cette incapacité de vivre sans que nous nous vissions que je croyais à la base de l′ennui qu′elle avait éprouvé ces derniers temps auprès de moi. J′avais dit à Mme Swann que je ne pouvais plus me trouver avec Gilberte. Je l′avais dit comme si j′avais décidé pour toujours de ne plus la voir. Et la lettre que j′allais envoyer à Gilberte serait conçue dans le même sens. Seulement à moi-même, pour me donner courage je ne me proposais qu′un suprême et court effort de peu de jours. Je me disais: «C′est le dernier rendez-vous d′elle que je refuse, j′accepterai le prochain.» Pour me rendre la séparation moins difficile à réaliser, je ne me la présentais pas comme définitive. Mais je sentais bien qu′elle le serait. Y yo también tenía que irme, sin haber saboreado aquellos placeres del invierno que se me antojaban ocultos bajo la brillante envoltura de los crisantemos. Esos placeres no habían llegado, y la señora de Swann parecía que ya no esperaba nada. Y dejaba que los criados se llevarán el té, como anunciando: “¡Se Va a cerrar!” Por fin me decía: “¿Qué, se marcha usted? Bueno. Good bye.” Y yo tenía la sensación de que aunque me hubiera quedado, esos placeres no habían de llegar y que mi tristeza no era la sola cosa que me privaba de ellos. ¿Sería que no estaban situados en ese camino, tan pisoteado, de las horas, que nos lleva tan pronto al momento de la separación, sino más bien en alguna trocha, para mí invisible, por donde era menester bifurcar? Por lo menos, ya estaba logrado el objeto de mi visita: Gilberta se enteraría de que yo había ido a casa de sus padres cuando ella no estaba y de que, como dijo repetidamente la señora de Cottard, había yo “conquistado por asalto y de primera intención” a la señora de Verdurin; la esposa del doctor decía que nunca la vió tan obsequiosa con nadie como conmigo. “Deben ustedes de tener átomos comunes′′, había añadido. Se enteraría Gilberta de que yo había hablado de ella, como era mi deber, con cariño, pero que ya no sentía esa imposibilidad de vivir sin vernos, que yo reputaba como origen de aquel despego que mi presencia inspiró a Gilberta en esos últimos tiempos. Dije a la señora de Swann que Gilberta y yo no nos veríamos nunca. Y se lo dije como si hubiese yo decidido por siempre jamás no volver nunca a verla. La carta que iba yo a mandar a Gilberta diría cosa parecida. Pero en realidad, para conmigo mismo, y con objeto de darme ánimo, no me proponía más que un corto y supremo esfuerzo de unos días. Y me decía: “Ésta es la última cita que no acepto, a la otra iré”. Para que la separación me fuese menos penosa de realizar, me la presentaba como no definitiva. Pero bien me daba cuenta de que iba a serlo.
Le 1er janvier me fut particulièrement douloureux cette année-là. Tout l′est sans doute, qui fait date et anniversaire, quand on est malheureux. Mais si c′est par exemple d′avoir perdu un être cher, la souffrance consiste seulement dans une comparaison plus vive avec le passé. Il s′y ajoutait dans mon cas l′espoir informulé que Gilberte, ayant voulu me laisser l′initiative des premiers pas et constatant que je ne les avais pas faits, n′avait attendu que le prétexte du 1er janvier pour m′écrire: «Enfin, qu′y a-t-il? je suis folle de vous, venez que nous nous expliquions franchement, je ne peux pas vivre sans vous voir.» Dès les derniers jours de l′année cette lettre me parut probable. Elle ne l′était peut-être pas, mais, pour que nous la croyions telle, le désir, le besoin que nous en avons suffit. Le soldat est persuadé qu′un certain délai indéfiniment prolongeable lui sera accordé avant qu′il soit tué, le voleur avant qu′il soit pris, les hommes en général avant qu′ils aient à mourir. C′est là l′amulette qui préserve les individus — et parfois les peuples — non du danger mais de la peur du danger, en réalité de la croyance au danger, ce qui dans certains cas permet de les braver sans qu′il soit besoin d′être brave. Une confiance de ce genre et aussi peu fondée, soutient l′amoureux qui compte sur une réconciliation, sur une lettre. Pour que je n′eusse pas attendu celle-là, il eût suffi que j′eusse cessé de la souhaiter. Si indifférent qu′on sache que l′on est à celle qu′on aime encore, on lui prête une série de pensées — fussent-elles d′indifférence — une intention de les manifester, une complication de vie intérieure où l′on est l′objet peut-être d′une antipathie, mais aussi d′une attention permanentes. Pour imaginer au contraire ce qui se passait en Gilberte, il eût fallu que je pusse tout simplement anticiper dès ce 1er janvier-là, ce que j′eusse ressenti celui d′une des années suivantes, et où l′attention, ou le silence, ou la tendresse, ou la froideur de Gilberte eussent passé à peu près inaperçus à mes yeux et où je n′eusse pas songé, pas même pu songer à chercher la solution de problèmes qui auraient cessé de se poser pour moi. Quand on aime l′amour est trop grand pour pouvoir être contenu tout entier en nous; il irradie vers la personne aimée, rencontre en elle une surface qui l′arrête, le force à revenir vers son point de départ et c′est ce choc en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l′autre et qui nous charme plus qu′à l′aller, parce que nous ne connaissons pas qu′elle vient de nous. Le 1er janvier sonna toutes ses heures sans qu′arrivât cette lettre de Gilberte. El día de Año Nuevo me fué dolorosísimo. Porque cuando es uno desgraciado, las fechas rememoradas, los aniversarios, traen siempre dolor. Ahora que si lo que el día nos recuerda es la muerte de un ser querido, entonces la pena consiste tan sólo en una comparación más viva con el pasado. En mi caso había más: la esperanza no formulada de que Gilberta hubiese querido dejarme a mí la iniciativa de dar los primeros pasos, y al ver que no lo hacía aprovechara el día primero de año para escribirme: “Vamos, ¿qué es lo que ocurre? Estoy loca por usted, venga a verme, hablaremos francamente, porque no puedo vivir sin usted”. Durante los últimos días del año esa carta me parecía probable. Quizá no lo era, pero para creerlo nos basta con el deseo y la necesidad de que lo sea. Todo soldado está convencido de que tiene por delante un espacio de tiempo infinitamente prorrogable antes de que lo maten; el ladrón, antes de que lo aprehendan; el hombre, en general, antes de que lo arrebate la muerte. Ese es el amuleto que preserva a los individuos –y a veces a los pueblos– no del peligro, sino del miedo al peligro; en realidad, de la creencia en el peligro, por lo cual lo desafían en ciertos casos sin necesidad de ser valientes. Confianza de este linaje y tan mal fundada como ella es la que sostiene al enamorado que cuenta con una reconciliación, con una carta. Para que yo dejase de esperar la de Gilberta hubiera bastado con que ya no la deseara. Aunque sepamos bien que somos indiferentes a la mujer amada, aún se le sigue atribuyendo una serie de pensamientos –no importa que sean de indiferencia–, una intención de manifestarlos, una complicación de vida interior donde somos nosotros blanco de su antipatía, pero, de todos modos, objeto de su permanente atención. Pero para imaginar lo que pasaba por el ánimo de Gilberta hubiera yo necesitado nada menos que anticipar en ese día de Año Nuevo lo que iba a sentir en fechas análogas de años siguientes cuando ya no había de fijarme casi en la atención o el silencio de Gilberta, en su cariño o su frialdad; cuando ya no soñara ni pudiese soñar en llegar a la solución de problemas que habían dejado de planteárseme. Cuando se está enamorado, el amor es tan grande que no cabe en nosotros: irradia hacia la persona amada, se encuentra allí con una superficie que le corta el paso y le hace volverse a su punto de partida; y esa ternura, que nos devuelve el choque, nuestra propia ternura, es lo que llamamos sentimientos ajenos, y nos gusta más nuestro amor al tornar que al ir, porque no notamos que procede de nosotros mismos El día primero de año fué dando todas sus horas sin que llegase la carta de Gilberta.
Et comme j′en reçus quelques-unes de vux tardifs ou retardés par l′encombrement des courriers à ces dates-là, le 3 et le 4 janvier, j′espérais encore, de moins en moins pourtant. Les jours qui suivirent, je pleurai beaucoup. Certes cela tenait à ce qu′ayant été moins sincère que je ne l′avais cru quand j′avais renoncé à Gilberte, j′avais gardé cet espoir d′une lettre d′elle pour la nouvelle année. Et le voyant épuisé avant que j′eusse eu le temps de me précautionner d′un autre, je souffrais comme un malade qui a vidé sa fiole de morphine sans en avoir sous la main une seconde. Mais peut-être en moi — et ces deux explications ne s′excluent pas, car un seul sentiment est quelquefois fait de contraires — l′espérance que j′avais de recevoir enfin une lettre, avait-elle rapproché de moi l′image de Gilberte, recréé les émotions que l′attente de me trouver près d′elle, sa vue, sa manière d′être avec moi, me causaient autrefois. La possibilité immédiate d′une réconciliation avait supprimé cette chose de l′énormité de laquelle nous ne nous rendons pas compte — la résignation. Les neurasthéniques ne peuvent croire les gens qui leur assurent qu′ils seront à peu près calmés en restant au lit sans recevoir de lettres, sans lire de journaux. Ils se figurent que ce régime ne fera qu′exaspérer leur nervosité. De même les amoureux, le considérant du sein d′un état contraire, n′ayant pas commencé de l′expérimenter, ne peuvent croire à la puissance bienfaisante du renoncement. Como aún recibí algunas otras de felicitaciones tardías, o que se retrasaron por la acumulación de servicio en el correo, el 3 y el 4 ‘de enero todavía seguí con esperanza, pero cada vez menos. Lloré mucho los días siguientes. Y eso era porque al renunciar a Gilberta fui menos sincero de lo que me figuraba y me quedé con la esperanza de una carta suya el Día de Ario Nuevo. Y al ver que se me iba esa ilusión sin haber tenido la precaución de proveerme de otra, sufría como el enfermo que vació su ampolleta de morfina sin poner otra al alcance de su mano. Pero quizá lo que me sucedió a mi –y ambas explicaciones no se excluyen, porque algunas veces el mismo sentimiento está formado por cosas contrarias– fué que la esperanza de tener carta de Gilberta me trajo más cerca del alma su imagen y tornó a crear las emociones que antes me producía la esperada ilusión de estar a su lado y su comportamiento conmigo. La posibilidad inmediata de una reconciliación acaba con esa cosa, de cuya anormalidad no nos damos cuenta, que se llama resignación. Los neurasténicos no pueden prestar fe a las personas que les aseguran que recobrarán la tranquilidad poco a poco estándose en la cama sin cartas y sin periódicos. Se figuran que este régimen sólo servirá para exasperar sus nervios. Y los enamorados, como lo miran desde lo hondo de un estado opuesto y aún no empezaron a experimentarlo, no pueden creer en el poder bienhechor del renunciamiento.
A cause de la violence de mes battements de cur on me fit diminuer la caféine, ils cessèrent. Alors je me demandai si ce n′était pas un peu à elle qu′était due cette angoisse que j′avais éprouvée quand je m′étais à peu près brouillé avec Gilberte, et que j′avais attribuée chaque fois qu′elle se renouvelait à la souffrance de ne plus voir mon amie, ou de risquer de ne la voir qu′en proie à la même mauvaise humeur. Mais si ce médicament avait été à l′origine des souffrances que mon imagination eût alors faussement interprétées (ce qui n′aurait rien d′extraordinaire, les plus cruelles peines morales ayant souvent chez les amants, l′habitude physique de la femme avec qui ils vivent), c′était à la façon du philtre qui longtemps après avoir été absorbé continue à lier Tristan à Yseult. Car l′amélioration physique que la diminution de la caféine amena presque immédiatement chez moi n′arrêta pas l′évolution de chagrin que l′absorption du toxique avait peut-être sinon créé, du moins su rendre plus aigu. Como tenía palpitaciones de corazón cada vez más violentas, me disminuyeron la dosis de cafeína, y cesó la anormalidad. Y entonces me pregunté si en cierto modo no tendría su origen ella cafeína aquella angustia mía cuando regañé, o poco menos, con Gilberta, y que atribuía yo cada vez que se repetía al dolor de no ver ya a mi amiga, o de correr el riesgo de volver a verla dominada aún por el mismo mal humor. Pero si ese medicamento entró por algo en el origen de mi sufrimiento, que entonces había sido mal interpretado por mi imaginación (cosa que no tendría nada de extraordinario, porque muchas veces las más terribles penas morales de los enamorados se basan en que estaban físicamente acostumbrados a la mujer con quien vivían), fué al modo del filtro que siguió uniendo a Tristán e Isolda aun mucho después– de haberlo tomado. Porque la mejoría física que trajo la supresión de la cafeína no contuvo la evolución de la nena que la absorción del tóxico agudizara, si es que no la habla creado.
Seulement, quand le milieu du mois de janvier approcha, une fois déçues mes espérances d′une lettre pour le jour de l′an et la douleur supplémentaire qui avait accompagné leur déception une fois calmée, ce fut mon chagrin d′avant «les Fêtes» qui recommença. Ce qu′il y avait peut-être encore en lui de plus cruel, c′est que j′en fusse moi-même l′artisan inconscient, volontaire, impitoyable et patient. La seule chose à laquelle je tinsse, mes relations avec Gilberte, c′est moi qui travaillais à les rendre impossibles en créant peu à peu, par la séparation prolongée d′avec mon amie, non pas son indifférence, mais ce qui reviendrait finalement au même, la mienne. C′était à un long et cruel suicide du moi qui en moi-même aimait Gilberte que je m′acharnais avec continuité, avec la clairvoyance non seulement de ce que je faisais dans le présent, mais de ce qui en résulterait pour l′avenir: je savais non pas seulement que dans un certain temps je n′aimerais plus Gilberte, mais encore qu′elle-même le regretterait, et que les tentatives qu′elle ferait alors pour me voir, seraient aussi vaines que celles d′aujourd′hui, non plus parce que je l′aimerais trop, mais parce que j′aimerais certainement une autre femme que je resterais à désirer, à attendre, pendant des heures dont je n′oserais pas distraire une parcelle pour Gilberte qui ne me serait plus rien. Et sans doute en ce moment même, où (puisque j′étais résolu à ne plus la voir, à moins d′une demande formelle d′explications, d′une complète déclaration d′amour de sa part, lesquelles n′avaient plus aucune chance de venir), j′avais déjà perdu Gilberte, et l′aimais davantage, je sentais tout ce qu′elle était pour moi, mieux que l′année précédente, quand passant tous mes après-midi avec elle, selon que je voulais, je croyais que rien ne menaçait notre amitié, sans doute en ce moment l′idée que j′éprouverais un jour les mêmes sentiments pour une autre m′était odieuse, car cette idée m′enlevait outre Gilberte, mon amour et ma souffrance. Mon amour, ma souffrance, où en pleurant j′essayais de saisir justement ce qu′était Gilberte, et desquels il me fallait reconnaître qu′ils ne lui appartenaient pas spécialement et seraient, tôt ou tard, le lot de telle ou telle femme. De sorte — c′était du moins alors ma manière de penser — qu′on est toujours détaché des êtres: quand on aime, on sent que cet amour ne porte pas leur nom, pourra dans l′avenir renaître, aurait même pu, même dans le passé, naître pour une autre et non pour celle-là. Et dans le temps où l′on n′aime pas, si l′on prend philosophiquement son parti de ce qu′il y a de contradictoire dans l′amour, c′est que cet amour dont on parle à son aise on ne l′éprouve pas alors, donc on ne le connaît pas, la connaissance en ces matières étant intermittente et ne survivant pas à la présence effective du sentiment. Cet avenir où je n′aimerais plus Gilberte et que ma souffrance m′aidait à deviner sans que mon imagination pût encore se le représenter clairement, certes il eût été temps encore d′avertir Gilberte qu′il se formerait peu à peu, que sa venue était sinon imminente, du moins inéluctable, si elle-même, Gilberte, ne venait pas à mon aide et ne détruisait pas dans son germe ma future indifférence. Combien de fois ne fus-je pas sur le point d′écrire, ou d′aller dire à Gilberte: «Prenez garde, j′en ai pris la résolution, la démarche que je fais est une démarche suprême. Je vous vois pour la dernière fois. Bientôt je ne vous aimerai plus.» A quoi bon? De quel droit eussé-je reproché à Gilberte une indifférence que, sans me croire coupable pour cela, je manifestais à tout ce qui n′était pas elle? La dernière fois! A moi, cela me paraissait quelque chose d′immense, parce que j′aimais Gilberte. A elle cela lui eût fait sans doute autant d′impression que ces lettres où des amis demandent à nous faire une visite avant de s′expatrier, visite que, comme aux ennuyeuses femmes qui nous aiment, nous leur refusons parce que nous avons des plaisirs devant nous. Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique; les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent et l′habitude le remplit. Cuando febrero llegó a mediados, perdidas ya mis esperanzas de la carta de Año Nuevo y calmado el dolor suplementario que vino con la decepción, se reanudó mi pena de antes de “las fiestas de primero de año”. Y lo más doloroso de todo es que el artesano que trabajaba, inconsciente, voluntario, implacable y paciente, la pena esa era yo mismo. Y la única cosa que me interesaba, mis relaciones con Gilberta, la iba yo haciendo imposible creando poco a poco, por la separación prolongada de mi amiga, no su indiferencia, sino la mía, que venía a ser lo mismo. Encarnizábame sin cesar en un largo y cruel suicidio de esa parte de mi yo que amaba a Gilberta, y eso con clarividencia de lo que estaba haciendo en el presente y de lo que resultaría de ello en el porvenir; no sólo sabía que al cabo de algún tiempo ya no querría a Gilberta, sino también que ella habría de lamentarlo y que las tentativas que entonces hiciese para verme serían tan vanas como las de hoy; y serían vanas no por el mismo motivo que hoy, es decir, por quererla demasiado, sino porque ya estaría enamorado de otra mujer y me pasaría las horas deseándola, esperándola, sin atreverme a distraer la más mínima parcela de ellas para Gilberta, que ya no era nada. E indudablemente en ese preciso momento en que ya había perdido a Gilberta (puesto que estaba resuelto a no verla a no ser por una formal demanda de explicaciones y por una declaración de amor de su parte, que claro es no habrían de venir) y en que le tenía más cariño, sentía todo lo que para mí significaba esa mujer mucho mejor que el año antes, cuando por verla todas las tardes, siempre que yo quisiera, me imaginaba que nada amenazaba nuestra amistad; e indudablemente en ese preciso momento la idea de que algún día sentiría yo por otra lo mismo que ahora por Gilberta érame odiosa, porque me robaba, además de Gilberta, mi amor y mi pena. Ese amor y esa pena en que yo me sumergía para ver si averiguaba qué es lo que era Gilberta, sin caberme otro remedio que reconocer cómo ese amor y esa pena no eran pertenencia especial suya y cómo tarde o temprano irían a parar a otra mujer. De modo –por lo menos así discurría yo entonces– que siempre está uno separado de los demás seres; cuando se está enamorado tenemos conciencia de que nuestro amor no lleva el nombre del ser querido, de que podrá renacer en lo futuro, y acaso pudo haber nacido en el pasado, para otra mujer y no para aquélla. Y en las épocas en que no se ama, si nos conformamos filosóficamente con lo contradictorio del amor es porque ese amor es cosa, para hablar de ella tranquilamente, pero que no se siente, y por lo tanto desconocida, puesto que el conocimiento en esta materia es intermitente y no sobrevive a la presencia efectiva del sentir. Mis penas me ayudaban a adivinar ese porvenir en que ya no tendría cariño a Gilberta, aunque no me lo representaba claramente en imaginación; y aun estaba a tiempo de avisar a Gilberta que ese futuro se iba formando poco a poco, que habría de llegar fatalmente, aunque no fuese en seguida, caso de no venir ella en mi ayuda para aniquilar en germen mi futura indiferencia. Muchas veces estuve al borde de escribir a Gilberta: “Mucho cuidado. Estoy decidido, y este paso que doy es un paso supremo. La ve(, a usted por última vez. Ya pronto no la querré”. Pero ¿para qué′ ¿Con qué derecho iba yo a reprochar a Gilberta una indiferencia que yo mismo manifestaba a todo el mundo menos a ella, sin considerarme culpable por eso? ¡Por última vez! A mí esto me parecía una cosa inmensa, porque quería a Gilberta. Pero a ella le haría la misma impresión que esas cartas que un amigo que va a expatriarse nos escribe pidiéndonos día y hora para despedirse de nosotros, y le negamos esa visita, como a esas mujeres desagradables que nos persiguen con su cariño, porque tenemos a la vista otros placeres. El tiempo libre de que disponemos cada día es elástico: las pasiones que sentimos lo dilatan, las que inspiramos lo acortan y el hábito lo llena.
D′ailleurs, j′aurais eu beau parler à Gilberte, elle ne m′aurait pas entendu. Nous nous imaginons toujours, quand nous parlons, que ce sont nos oreilles, notre esprit qui écoutent. Mes paroles ne seraient parvenues à Gilberte que déviées, comme si elles avaient eu à traverser le rideau mouvant d′une cataracte avant d′arriver à mon amie, méconnaissables, rendant un son ridicule, n′ayant plus aucune espèce de sens. La vérité qu′on met dans les mots ne se fraye pas son chemin directement, n′est pas douée d′une évidence irrésistible. Il faut qu′assez de temps passe pour qu′une vérité de même ordre ait pu se former en eux. Alors l′adversaire politique qui, malgré tous les raisonnements et toutes les preuves tenait le sectateur de la doctrine opposée pour un traître, partage lui-même la conviction détestée à laquelle celui qui cherchait inutilement à la répandre ne tient plus. Alors, le chef-d′uvre qui pour les admirateurs qui le lisaient haut semblait montrer en soi les preuves de son excellence et n′offrait à ceux qui écoutaient qu′une image insane ou médiocre, sera par eux proclamé chef-d′uvre, trop tard pour que l′auteur puisse l′apprendre. Pareillement en amour les barrières, quoi qu′on fasse, ne peuvent être brisées du dehors par celui qu′elles désespèrent; et c′est quand il ne se souciera plus d′elles, que, tout à coup, par l′effet du travail venu d′un autre côté, accompli à l′intérieur de celle qui n′aimait pas, ces barrières, attaquées jadis sans succès, tomberont sans utilité. Si j′étais venu annoncer à Gilberte mon indifférence future et le moyen de la prévenir, elle aurait induit de cette démarche que mon amour pour elle, le besoin que j′avais d′elle, étaient encore plus grands qu′elle n′avait cru, et son ennui de me voir en eût été augmenté. Et il est bien vrai, du reste, que c′est cet amour qui m′aidait, par les états d′esprit disparates, qu′il faisait se succéder en moi, à prévoir, mieux qu′elle, la fin de cet amour. Pourtant, un tel avertissement, je l′eusse peut-être adressé, par lettre ou de vive voix, à Gilberte, quand assez de temps eût passé, me la rendant ainsi, il est vrai, moins indispensable, mais aussi ayant pu lui prouver qu′elle ne me l′était pas. Malheureusement, certaines personnes bien ou mal intentionnées lui parlèrent de moi d′une façon qui dut lui laisser croire qu′elles le faisaient à ma prière. Chaque fois que j′appris ainsi que Cottard, ma mère elle-même, et jusqu′à M. de Norpois avaient, par de maladroites paroles, rendu inutile tout le sacrifice que je venais d′accomplir, gâché tout le résultat de ma réserve en me donnant faussement l′air d′en être sorti, j′avais un double ennui. D′abord je ne pouvais plus faire dater que de ce jour-là ma pénible et fructueuse abstention que les fâcheux avaient à mon insu interrompue et, par conséquent, annihilée. Mais, de plus, j′eusse eu moins de plaisir à voir Gilberte qui me croyait maintenant non plus dignement résigné, mais manoeuvrant dans l′ombre pour une entrevue qu′elle avait dédaigné d′accorder. Je maudissais ces vains bavardages de gens qui souvent, sans même l′intention de nuire ou de rendre service, pour rien, pour parler, quelquefois parce que nous n′avons pas pu nous empêcher de le faire devant eux et qu′ils sont indiscrets (comme nous), nous causent, à point nommé, tant de mal. Il est vrai que dans la funeste besogne accomplie pour la destruction de notre amour, ils sont loin de jouer un rôle égal à deux personnes qui ont pour habitude l′une par excès de bonté et l′autre de méchanceté de tout défaire au moment que tout allait s′arranger. Mais ces deux personnes-là, nous ne leur en voulons pas comme aux inopportuns Cottard, car la dernière, c′est la personne que nous aimons et la première, c′est nous-même. Además, inútil sería hablar a Gilberta, porque no me entendería. Nos imaginamos, siempre que estamos hablando, que escuchamos con los oídos, con el alma. Pero mis palabras llegarían a Gilberta desviadas como si hubiesen tenido que atravesar antes la móvil cortina de una catarata, imposibles de reconocer, sonando a ridículo y sin significar nada. La verdad que depositamos en las palabras no se abre su camino directamente, no tiene irresistible evidencia. Es menester que transcurra el tiempo necesario para que pueda formarse en el interlocutor una verdad del mismo linaje. Y entonces el adversario político, que a pesar de razonamientos y pruebas consideraba como traidor al secuaz de la doctrina opuesta, llega a compartir las detestadas convicciones aquellas cuando ya no le interesan a aquel que antes intentaba inútilmente difundirlas. Y así, esa obra magistral que para los admiradores que la leían en alta voz mostraba claramente sus excelencias, mientras que sólo llegaba a los que estaban escuchando una imagen de mediocridad o insensatez, será proclamada por éstos obra maestra demasiado tarde para que el autor se pueda enterar. Igual sucede con el amor: esas murallas que a pesar de tanto esfuerzo no pudo romper desde fuera el desesperado, caen de pronto, ya sin utilidad alguna, ellas solas; ellas que fueron antes tan infructuosamente atacadas, y cuando no nos preocupan, caen merced a un trabajo que vino por otro lado, que se cumplió en el interior de la mujer que no reos quería. Si hubiese ido yo a exponer a Gilberta mi indiferencia futura y el medio de precaverse contra ella, habría deducido de ese paso mío que mi amor y mi necesidad de verla eran aún mayores de lo que ella se imaginaba, con lo cual todavía se le haría más molesta mi presencia. Si bien es verdad que,, ese amor, con los incongruentes estados de ánimo que en mí provocaba, me servían de ayuda para poder prever mucho mejor que Gilberta que acabaría por morir. Y pude yo haber dado ese aviso a Gilberta, por carta o de viva voz, cuando ya, por haber transcurrido bastante tiempo, no me fuese tan indispensable verla, es verdad, pero ya en disposición de poder probarle que me podía pasar sin ella. Desgraciadamente, personas bien o mal intencionadas le hablaron de mí de tal manera que le hicieron suponer que lo hacían a ruego mío. Y cada vez que me enteraba de que Cottard, de que mi propia madre, hasta el señor de Norpois, habían inutilizado con sus torpes palabras todos mis recientes sacrificios, echando a perder los resultados de mi reserva, porque con ello parecía, sin ser verdad que yo había abandonado ya mi actitud reservada, me enfadaba por doble motivo. Primero, porque ya no podía dar por comenzada mi cruel y fructuosa abstención sino desde aquel día, porque esa gente, con sus palabras, la habían interrumpido y, por consiguiente, aniquilado. Y luego, porque ahora ya iba a tener menos gusto en ver a Gilberta, porque ella me creería no en actitud de digna resignación, sino entregado a maniobras tenebrosas para lograr una entrevista que ella no se dignó conceder. Maldecía esos vanos chismorreos de personas que muchas veces, sin intención de hacer favor ni daño, sin motivo, nada más que por hablar, quizá porque no pudo uno callarse delante de ellas y son luego tan indiscretas como nosotros lo fuimos, nos causan tal perjuicio en un momento dado. Claro que en esa funesta tarea de destruir nuestro amor distan mucho esos lenguaraces de tener un papel tan importante como esas personas que, por exceso de bondad en una y de maldad en otra, tienen por costumbre deshacerlo todo en el instante en que todo iba a arreglarse. Pero a esas personas no les guardamos rencor, como a los inoportunos Cottards, por la razón de que una de ellas, la última, es la mujer amada y la otra es uno mismo.
Cependant, comme presque chaque fois que j′allais la voir, Mme Swann m′invitait à venir goûter avec sa fille et me disait de répondre directement à celle-ci, j′écrivais souvent à Gilberte, et dans cette correspondance je ne choisissais pas les phrases qui eussent pu, me semblait-il la persuader, je cherchais seulement à frayer le lit le plus doux au ruissellement de mes pleurs. Car le regret comme le désir ne cherche pas à s′analyser, mais à se satisfaire; quand on commence d′aimer on passe le temps non à savoir ce qu′est son amour, mais à préparer les possibilités des rendez-vous du lendemain. Quand on renonce, on cherche non à connaître son chagrin, mais à offrir de lui à celle qui le cause l′expression qui nous paraît la plus tendre. On dit les choses qu′on éprouve le besoin de dire et que l′autre ne comprendra pas, on ne parle que pour soi-même. J′écrivais: «J′avais cru que ce ne serait pas possible. Hélas, je vois que ce n′est pas si difficile.» Je disais aussi: «Je ne vous verrai probablement plus», je le disais en continuant à me garder d′une froideur qu′elle eût pu croire affectée, et ces mots, en les écrivant, me faisaient pleurer, parce que je sentais qu′ils exprimaient non ce que j′aurais voulu croire, mais ce qui arriverait en réalité. Car à la prochaine demande de rendez-vous qu′elle me ferait adresser, j′aurais encore comme cette fois le courage de ne pas céder et, de refus en refus, j′arriverais peu à peu au moment où à force de ne plus l′avoir vue je ne désirerais pas la voir. Je pleurais mais je trouvais le courage, je connaissais la douceur, de sacrifier le bonheur d′être auprès d′elle à la possibilité de lui paraître agréable un jour, un jour où, hélas! lui paraître agréable me serait indifférent. L′hypothèse même, pourtant si peu vraisemblable, qu′en ce moment, comme elle l′avait prétendu pendant la dernière visite que je lui avais faite, elle m′aimât, que ce que je prenais pour l′ennui qu′on éprouve auprès de quelqu′un dont on est las, ne fût dû qu′à une susceptibilité jalouse, à une feinte d′indifférence analogue à la mienne, ne faisait que rendre ma résolution moins cruelle. Il me semblait alors que dans quelques années, après que nous nous serions oubliés l′un l′autre, quand je pourrais rétrospectivement lui dire que cette lettre qu′en ce moment j′étais en train de lui écrire n′avait été nullement sincère, elle me répondrait: «Comment, vous, vous m′aimiez? Si vous saviez comme je l′attendais, cette lettre, comme j′espérais un rendez-vous, comme elle me fit pleurer.» La pensée, pendant que je lui écrivais, aussitôt rentré de chez sa mère, que j′étais peut-être en train de consommer précisément ce malentendu-là, cette pensée par sa tristesse même, par le plaisir d′imaginer que j′étais aimé de Gilberte, me poussait à continuer ma lettre. Sin embargo, como la señora de Swann, siempre que iba a verla, me invitaba a que fuese a merendar con su hija, diciéndome que diera la respuesta directamente a Gilberta, resultaba que le escribía con frecuencia; pero en ese epistolario no escogía yo las frases que a mi parecer hubiesen podido convencerla, sino que me limitaba a abrir el cauce más suave posible para el fluir de mis lágrimas. Porque tanto la pena corno el deseo, lo que quieren no es analizarse, sino satisfacerse; cuando uno empieza a querer se pasa el tiempo en preparar las posibilidades de una cita para el día siguiente, pero no en averiguar en qué consiste el amor. Y cuando se renuncia a una persona no hacemos por distinguir bien nuestra pena, sino por expresarla del modo más tierno posible a aquella mujer que la motiva. ‘Siempre se dice aquello que uno necesita decir, y que no entenderá el otro; el hablar es cosa destinada a sí mismo. Escribía yo: “Creí que no sería posible. Pero, ¡ay!, veo que no es tan difícil”. Y decía también: “Probablemente ya no la veré nunca”; y lo decía para guardarme de una frialdad que ella hubiese podido juzgar afectación, y esas palabras, cuando las escribía, me hacían llorar porque me daba cuenta de que expresaban no aquello de que quería yo persuadirme, sino lo que iba a ser realidad. Porque cuando me escribiera de nuevo para invitarme a ir a su casa tendría, como ahora, coraje bastante para no ceder, y así, de negativa en negativa, llegaría poco a poco el momento de no desear verla a fuerza de no haberla visto. Lloraba, pero tenía ánimo para aquella dulzura de sacrificar la dicha de estar a su lado por la posibilidad de serle agradable algún día. .., algún día que ya no me importase agradarla. Por poco verosímil que fuese, la hipótesis de que en aquel momento de nuestra última entrevista Gilberta me quería y que, como ella sostuvo, lo que yo tomé por despego hacia una persona que nos molesta no era más que celosa susceptibilidad, fingida indiferencia semejante a la mía, me consolaba en mi resolución. Se me figuraba que años más tarde, cuando ya nos hubiésemos olvidado mutuamente, podría yo decirle, de un modo retrospectivo, que esa carta que ahora estaba escribiendo nada tenía de sincera, y que ella entonces me respondería: “¡Ah! ¿De modo que me quería usted? ¡Si usted hubiese sabido cómo esperaba yo la carta esa, en la esperanza de que aceptara mi cita, y lo que me hizo llorar!” Y cuando volvía yo de casa de su madre y me ponía a escribir a Gilberta, sólo el pensar que quizá estaba yo consumando precisamente ese error, sólo ese pensamiento, por lo triste que era y por el placer de imaginarme que Gilberta me quería, me impulsaba a continuar la carta.
Si, au moment de quitter Mme Swann quand son «thé» finissait, je pensais à ce que j′allais écrire à sa fille, Mme Cottard elle, en s′en allant, avait eu des pensées d′un caractère tout différent. Faisant sa «petite inspection», elle n′avait pas manqué de féliciter Mme Swann sur les meubles nouveaux, les récentes «acquisitions» remarquées dans le salon. Elle pouvait d′ailleurs y retrouver, quoique en bien petit nombre, quelques-uns des objets qu′Odette avait autrefois dans l′hôtel de la rue Lapérouse, notamment ses animaux en matières précieuses, ses fétiches. Si yo al marcharme del salón de la señora de Swann, ya acabado su té, iba pensando en le que escribiría a su hija, la esposa de Cottard, al salir de la casa, pensaba en cosas muy distintas. Hacía su “pequeña inspección” y no se le pasaba el felicitar a la señora de Swann por los muebles nuevos, por las “adquisiciones” recientes que en el salón veía. Aún podía recordar en aquella nueva casa algunos, aunque muy pocos; de los objetos que Odette tenía en su hotel de la calle La Pérousse, especialmente sus fetiches, los bichos tallados en materias preciosas.
Mais Mme Swann ayant appris d′un ami qu′elle vénérait le mot «tocard» — lequel lui avait ouvert de nouveaux horizons parce qu′il désignait précisément les choses que quelques années auparavant elle avait trouvées «chic» — toutes ces choses-là successivement avaient suivi dans leur retraite le treillage doré qui servait d′appui aux chrysanthèmes, mainte bonbonnière de chez Giroux et le papier à lettres à couronne (pour ne pas parler des louis en carton semés sur les cheminées et que, bien avant qu′elle connut Swann, un homme de goût lui avait conseillé de sacrifier). D′ailleurs dans le désordre artiste, dans le pêle-mêle d′atelier, des pièces aux murs encore peints de couleurs sombres qui les faisaient aussi différentes que possible des salons blancs que Mme Swann eut un peu plus tard, l′Extrême-Orient, reculait de plus en plus devant l′invasion du XVIIIe siècle; et les coussins que, afin que je fusse plus «confortable», Mme Swann entassait et pétrissait derrière mon dos étaient semés de bouquets Louis XV, et non plus comme autrefois de dragons chinois. Dans la chambre où on la trouvait le plus souvent et dont elle disait: «Oui, je l′aime assez, je m′y tiens beaucoup; je ne pourrais pas vivre au milieu de choses hostiles et pompier; c′est ici que je travaille» (sans d′ailleurs préciser si c′était à un tableau, peut-être à un livre, le goût d′en écrire commençait à venir aux femmes qui aiment à faire quelque chose, et à ne pas être inutiles), elle était entourée de Saxe (aimant cette dernière sorte de porcelaine, dont elle prononçait le nom avec un accent anglais, jusqu′à dire à propos de tout: c′est joli, cela ressemble à des fleurs de Saxe) elle redoutait pour eux, plus encore que jadis pour ses magots et ses potiches, le toucher ignorant des domestiques auxquels elle faisait expier les transes qu′ils lui avaient données par des emportement auxquels Swann, maître si poli et doux, assistait sans en être choqué. La vue lucide de certaines infériorités n′ôte d′ailleurs rien à la tendresse; celle-ci les fait au contraire trouver charmantes. Maintenant c′était plus rarement dans des robes de chambre japonaises qu′Odette recevait ses intimes, mais plutôt dans les soies claires et mousseuses de peignoirs Watteau desquelles elle faisait le geste de caresser sur ses seins l′écume fleurie, et dans lesquelles elle se baignait, se prélassait, s′ébattait avec un tel air de bien-être, de rafraîchissement de la peau, et des respirations si profondes, qu′elle semblait les considérer non pas comme décoratives à la façon d′un cadre, mais comme nécessaires de la même manière que le «tub» et le «footing», pour contenter les exigences de sa physionomie et les raffinements de son hygiène. Elle avait l′habitude de dire qu′elle se passerait plus aisément de pain que d′art et de propreté, et qu′elle eût été plus triste de voir brûler la Joconde que des «foultitudes» de personnes qu′elle connaissait. Théories qui semblaient paradoxales à ses amies, mais la faisaient passer pour une femme supérieure auprès d′elles et lui valaient une fois par semaine la visite du ministre de Belgique, de sorte que dans le petit monde dont elle était le soleil, chacun eût été bien étonné si l′on avait appris qu′ailleurs, chez les Verdurin par exemple, elle passât pour bête. A cause de cette vivacité d′esprit, Mme Swann préférait la société des hommes à celle des femmes. Mais quand elle critiquait celles-ci c′était toujours en cocotte, signalant en elles les défauts qui pouvaient leur nuire auprès des hommes, de grosses attaches, un vilain teint, pas d′orthographe, des poils aux jambes, une odeur pestilentielle, de faux sourcils. Pour telle au contraire qui lui avait jadis montré de l′indulgence et de l′amabilité, elle était plus tendre, surtout si celle-là était malheureuse. Elle la défendait avec adresse et disait: «On est injuste pour elle, car c′est une gentille femme, je vous assure.» Pero la señora de Swann aprendió de un amigo, al que tenía veneración, la palabra “chillón”, que le abrió nuevos horizontes, porque dicho amigo designaba con ese calificativo precisamente todos los objetos que años antes Odette consideraba clic, y todas esas cosas fueron poco a poco siguiendo en su camino de retirada al enrejado dorado que servía de apoyo a los crisantemos, a tantas bomboneras de casa de Giroux y al papel de escribir con corona (por no decir nada de aquellas monedas de oro imitadas en cartón, diseminadas por encima de las chimeneas, y que sacrificó antes de conocer a Swann, por consejo de una persona de gusto). Por lo demás, en el estudiado desorden, en la mezcolanza de taller artístico de las habitaciones aquellas, cuyas paredes, pintadas aún de obscuro, las diferenciaban tanto de los salones blancos que poco más tarde tendría la señora de Swann, el Extremo Oriente iba retrocediendo visiblemente ante la invasión del siglo XVIII, y los almohadones que la señora de Swann colocaba y apretujaba a mi espalda para que estuviese yo más “confortable” estaban sembrados de ramilletes Luis XV y no de dragones chinos, como antes. Había una habitación donde solía recibir casi siempre, y de la que decía: “Sí, me gusta mucho, paso allí muchos ratos; yo no podría vivir en medio de cosas hostiles y académicas; en esa habitación es donde trabajo” (sin precisar qué género de trabajo era, si un cuadro 0 un libro, porque entonces comenzaba a entrar la afición de escribir a las mujeres que quieren hacer algo y no ser inútiles); estábase allí rodeada de porcelanas de Sajonia (porque le gustaba esta cerámica, cuyo nombre pronunciaba con acento inglés, hasta el extremo de decir, con cualquier motivo: “Es bonito, parecen flores de Sajonia”), y temía para esos objetos, aun más que antaño para sus cacharros y figurillas de China, la mano ignorante de los criados, a los cuales castigaba por los malos ratos que le hacían pasar, con arrebatos de cólera que Swann, amo cortés y cariñoso, presenciaba sin mostrarse extrañado. La clara visión de ciertas inferioridades en nada atenúa el cariño, sino que precisamente por ese cariño los juzgamos inferioridades encantadoras. Ahora ya no solía Odette recibir a sus íntimos con aquellas batas japonesas; prefería las sedas claras y espumantes de los trajes Watteau; y hacía como si acariciara sobre su pecho aquella florida espuma y como si se bañara en aquellas sedas, retozando y pavoneándose entre ellas con tal aspecto de bienestar, de frescura de piel, con respirar tan hondo, cual si les atribuyese un valor no decorativo, a modo de un marco, sino de necesidad, igual que el tub y el footing, para satisfacer las exigencias de su fisonomía y los refinamientos de su higiene. Tenía costumbre de decir que mejor se pasaría sin pan que sin arte y sin limpieza, que le daría más pena ver arder la Gioconda que las foultitudes de conocidos suyos. Semejantes teorías parecían paradójicas a sus amigas; pero, sin embargo, le valían entre ellas la reputación de mujer exquisita y le conquistaron una vez por semana la visita del ministro de Bélgica; de suerte que los individuos de aquel mundillo donde ella oficiaba de sol se habrían quedado muy sorprendidos al oír que en cualquier otra parte, por ejemplo, en casa de los Verdurin, pasaba por muy tonta. La señora de Swann, precisamente por esa viveza de espíritu, prefería el trato de los hombres. Pero cuando criticaba a las mujeres lo hacía con alma de cocotte, e iba señalando en ellas aquellos defectos que más podían perjudicarlas en la opinión de los hombres: no ser finas de cabos, el mal color, escribir sin ortografía, oler mal, tener vello en las piernas y gastar cejas postizas. En cambio, con aquellas que antaño fueron con ella indulgentes y amables se mostraba más cariñosa, sobre todo si estaban en momentos de desdicha. Las defendía habilidosamente, diciendo: “Eso es injusto; es tina. mujer muy buena, no le quepa a usted duda”.
Ce n′était pas seulement l′ameublement du salon d′Odette, c′était Odette elle-même que Mme Cottard et tous ceux qui avaient fréquenté Mme de Crécy auraient eu peine s′ils ne l′avaient pas vue depuis longtemps, à reconnaître. Elle semblait avoir tant d′années de moins qu′autrefois. Sans doute, cela tenait en partie à ce qu′elle avait engraissé, et devenue mieux portante, avait l′air plus calme, plus frais, reposé et d′autre part à ce que les coiffures nouvelles aux cheveux lissés, donnaient plus d′extension à son visage qu′une poudre rose animait, et où ses yeux et son profil jadis trop saillants, semblaient maintenant résorbés. Mais une autre raison de ce changement consistait en ceci que, arrivée au milieu de la vie, Odette s′était enfin découvert, ou inventé, une physionomie personnelle, un «caractère» immuable, un «genre de beauté», et sur ses traits décousus — qui pendant si longtemps, livrés aux caprices hasardeux et impuissants de la chair, prenant à la moindre fatigue pour un instant, des années, une sorte de vieillesse passagère, lui avaient composé tant bien que mal, selon son humeur et selon sa mine, un visage épars, journalier, informe et charmant — avait appliqué ce type fixe, comme une jeunesse immortelle. Pero no sólo hubiera sido difícil para la esposa del doctor y para los que antaño trataron a la señora de Crécy reconocer el mobiliario del salón de Odette, si hacía mucho tiempo que no lo veían, sino también a la misma persona de Odette. Ahora parecía que tenía muchos menos años que antes . Eso debía de consistir en parte en que, por haber engordado y tener mejor salud, mostrábase con exterior más tranquilo, fresco y reposado; y además, en que los peinados nuevos, que alisaban el pelo, daban más extensión a su rostro, animado por polvos de color de rosa, y los ojos y el perfil tan salientes antes, se habían como reabsorbido en el resto de la cara. Pero aun había otra razón de este cambio: que Odette, al llegar al promedio de las vida, por fin se descubrió o se inventó una fisonomía personal, un “carácter′′ inmutable, un determinado “género de belleza”, y aplicó ese tipo fijo, como una inmortal juventud, a aquellos descosidos rasgos de su cara que habían estado tanto tiempo sujetos a los caprichos casuales e impotentes de la carne, que a la menor fatiga se cargaban en un momento de años, de pasajera senectud; aquellos rasgos que construían a Odette, bien o mal, según fuese su humor o su gesto, un rostro disperso, diario, informe y delicioso.
Swann avait dans sa chambre, au lieu des belles photographies qu′on faisait maintenant de sa femme, et où la même expression énigmatique et victorieuse laissait reconnaître, quels que fussent la robe et le chapeau, sa silhouette et son visage triomphants, un petit daguerréotype ancien tout simple, antérieur à ce type, et duquel la jeunesse et la beauté d′Odette, non encore trouvées par elle, semblaient absentes. Mais sans doute Swann, fidèle ou revenu à une conception différente, goûtait-il dans la jeune femme grêle aux yeux pensifs, aux traits las, à l′attitude suspendue entre la marche et l′immobilité, une grâce plus botticellienne. Il aimait encore en effet à voir en sa femme un Botticelli. Odette qui au contraire cherchait non à faire ressortir mais à compenser, à dissimuler ce qui, en elle-même, ne lui plaisait pas, ce qui était peut-être, pour un artiste, son «caractère», mais que comme femme, elle trouvait des défauts, ne voulait pas entendre parler de ce peintre. Swann possédait une merveilleuse écharpe orientale, bleue et rose, qu′il avait achetée parce que c′était exactement celle de la vierge du Magnificat. Mais Mme Swann ne voulait pas la porter. Une fois seulement elle laissa son mari lui commander une toilette toute criblée de pâquerettes, de bluets, de myosotis et de campanules d′après la Primavera du Printemps. Parfois, le soir, quand elle était fatiguée, il me faisait remarquer tout bas comme elle donnait sans s′en rendre compte à ses mains pensives, le mouvement délié, un peu tourmenté de la Vierge qui trempe sa plume dans l′encrier que lui tend l′ange, avant d′écrire sur le livre saint où est déjà tracé le mot Magnificat. Mais il ajoutait: «Surtout ne le lui dites pas, il suffirait qu′elle le sût pour qu′elle fît autrement.» Swann tenía en su cuarto no las hermosas fotografías que ahora hacían a su esposa, en las que se reconocían siempre, cualesquiera que fuesen el traje o el sombrero, su rostro y su silueta de triunfo, gracias a la constante expresión enigmática y victoriosa, sino un pequeño daguerrotipo antiguo, anterior al tipo ese, muy sencillo y del que parecía que faltaban la juventud y la belleza de Odette porque ella aún no las había descubierto. Pero indudablemente Swann, ya por fidelidad, ya por haber retornado a una concepción distinta de la nueva, saboreaba en aquella joven esbelta de mirar pensativo y facciones cansadas, de actitud media entre la marcha y la inmovilidad, una gracia más botticellesca. En efecto, todavía le gustaba ver en su mujer un Botticelli. Odette, que, muy al contrario, hacía no por realzar, sino por esconder y compensar aquello que no le agradaba en su persona que quizá para un artista fuera su “carácter”, pero que ella, como mujer, juzgaba defectuoso, no quería que le hablaran de ese pintor. Tenía Swann una maravillosa manteleta oriental azul y rosa, que compró porque era exactamente igual a la de la Virgen del Magnificat. Pero Odette no quería llevarla; y sólo una vez dejó que su marido le encargara un traje plagado de margaritas, de acianos, de campánulas y de miosotis, como él de la Primavera. A veces, por las noches, cuando ya Odette estaba cansada, hacíame observar Swann, muy en voz baja, que su mujer iba dando inconscientemente, a sus manos, pensativa, el movimiento fino y un poco atormentado de la Virgen que hunde su pluma en el tintero ofrecido por el ángel para escribir en el libro santo, donde ya está trazada la palabra Magnificat. Pero añadía: “Sobre todo no se lo diga usted basta con que se dé cuenta para que no lo haga”.
Sauf à ces moments d′involontaire fléchissement où Swann essayait de retrouver la mélancolique cadence botticellienne, le corps d′Odette était maintenant découpé en une seule silhouette cernée tout entière par une «ligne» qui, pour suivre le contour de la femme, avait abandonné les chemins accidentés, les rentrants et les sortants factices, les lacis, l′éparpillement composite des modes d′autrefois, mais qui aussi, là où c′était l′anatomie qui se trompait en faisant des détours inutiles en deçà ou au delà du tracé idéal, savait rectifier d′un trait hardi les écarts de la nature, suppléer, pour toute une partie du parcours, aux défaillances aussi bien de la chair que des étoffes. Les coussins, le «strapontin» de l′affreuse «tournure» avaient disparu ainsi que ces corsages à basques qui, dépassant la jupe et raidis par des baleines avaient ajouté si longtemps à Odette un ventre postiche et lui avaient donné l′air d′être composée de pièces disparates qu′aucune individualité ne reliait. La verticale des «effilés» et la courbe des ruches avaient cédé la place à l′inflexion d′un corps qui faisait palpiter la soie comme la sirène bat l′onde et donnait à la percaline une expression humaine, maintenant qu′il s′était dégagé, comme une forme organisée et vivante, du long chaos et de l′enveloppement nébuleux des modes détrônées. Mais Mme Swann cependant avait voulu, avait su garder un vestige de certaines d′entre elles, au milieu même de celles qui les avaient remplacées. Quand le soir, ne pouvant travailler et étant assuré que Gilberte était au théâtre avec des amies, j′allais à l′improviste chez ses parents, je trouvais souvent Mme Swann dans quelque élégant déshabillé dont la jupe, d′un de ces beaux tons sombres, rouge foncé ou orange qui avaient l′air d′avoir une signification particulière parce qu′ils n′étaient plus à la mode, était obliquement traversée d′une rampe ajourée et large de dentelle noire qui faisait penser aux volants d′autrefois. Quand par un jour encore froid de printemps elle m′avait, avant ma brouille avec sa fille, emmené au Jardin d′Acclimatation, sous sa veste qu′elle entr′ouvrait plus ou moins selon qu′elle se réchauffait en marchant, le «dépassant» en dents de scie de sa chemisette avait l′air du revers entrevu de quelque gilet absent, pareil à l′un de ceux qu′elle avait portés quelques années plus tôt et dont elle aimait que les bords eussent ce léger déchiquetage; et sa cravate — de cet «écossais» auquel elle était restée fidèle, mais en adoucissant tellement les tons (le rouge devenu rose et le bleu lilas), que l′on aurait presque cru à un de ces taffetas gorge de pigeon qui étaient la dernière nouveauté — était nouée de telle façon sous son menton sans qu′on pût voir où elle était attachée, qu′on pensait invinciblement à ces «brides» de chapeaux, qui ne se portaient plus. Pour peu qu′elle sût «durer» encore quelque temps ainsi, les jeunes gens, essayant de comprendre ses toilettes, diraient: «Madame Swann, n′est-ce pas, c′est toute une époque?» Comme dans un beau style qui superpose des formes différentes et que fortifie une tradition cachée, dans la toilette de Mme Swann, ces souvenirs incertains de gilets, ou de boucles, parfois une tendance aussitôt réprimée au «saute en barque», et jusqu′à une illusion lointaine et vague au «suivez-moi jeune homme», faisaient circuler sous la forme concrète la ressemblance inachevée d′autres plus anciennes qu′on n′aurait pu y trouver effectivement réalisées par la couturière ou la modiste, mais auxquelles on pensait sans cesse, et enveloppaient Mme Swann de quelque chose de noble — peut-être parce que l′inutilité même de ces atours faisait qu′ils semblaient répondre à un but plus qu′utilitaire, peut-être à cause du vestige conservé des années passées, ou encore d′une sorte d′individualité vestimentaire, particulière à cette femme et qui donnait à ses mises les plus différentes un même air de famille. On sentait qu′elle ne s′habillait pas seulement pour la commodité ou la parure de son corps; elle était entourée de sa toilette comme de l′appareil délicat et spiritualisé d′une civilisation. Excepto en esos momentos de doblegarse involuntario, cuando Swann intentaba volver a encontrar la melancólica cadencia botticellesca, el cuerpo de Odette recortábase ahora en una sola silueta, rodeada toda ella por una línea que para seguir el contorno de la mujer abandonó los caminos accidentados, los ficticios entrantes y salientes, las ondulaciones y la falsa profusión de las modas de antaño, pero que sabía asimismo, allí donde era la anatomía la que se equivocaba con rodeos inútiles fuera del trazado ideal, rectificar con audaz rasgo los descarríos de la Naturaleza, supliendo en una gran parte del camino las debilidades de la carne y de la tela. Habían desaparecido las almohadillas, la “armadura” del terrible tontillo y aquellos cuerpos con aldetas sostenidas en ballenas que sobresalían por encima de la falda; todo aquel atavío que adicionó a la persona de Odette durante mucho tiempo un vientre postizo, prestándole apariencia de cosa compuesta por distintas y dispares piezas sin individualidad alguna que las enlazara. Las líneas verticales de los flecos y las curvas de los rizados volantes cedieron el puesto a las inflexiones de un cuerpo que hacía palpitar la seda como la sirena hace palpitar las ondas, pero que infundía a la percalina una expresión humana ahora que ya se había liberado, como una forma organizada y viva, del largo caos y –del nebuloso cerco de las modas destronadas. Pero la señora de Swann quiso y supo guardar vestigios de algunas de esas modas entre las nuevas que vinieron a substituirlas. Aquellas tardes en que yo, al ver que no podía trabajar, y seguro de que Gilberta estaba en el teatro con algunas amigas, me iba de repente a visitar a sus padres, solía encontrarme a la señora de Swann en elegante traje de casa: la falda, de hermoso tono sombrío, rojo obscuro o anaranjado, esos colores que parecían tener particular significación porque ya no estaban de moda, iba atravesada oblicuamente por una ancha tira con calados de encaje negro, que traía a la memoria los volantes de antaño. Aquella fría tarde de Swann iba entreabriendo más o menos, cuando el paseo la hacía entrar en calor, el cuello de su chaqueta, de modo que asomaba el dentado borde de la blusa como la entrevista solapa de un chaleco que no existía, igual que aquellos que llevaba años antes y que le gustaba que tuviesen los bordes picoteados; y la corbata escocesa – porque había seguido fiel a lo escocés, pero suavizando tanto los tonos (el rojo convertido en rosa y el azul en lila) que casi se confundían con aquellos tafetanes tornasolados, última novedad– la llevaba atada de tal manera por debajo de la barbilla, sin que se pudiera ver de dónde arrancaba, que en seguida se acordaba uno de aquellas cintas de sombreros ya desusadas. Por poco que supiese arreglárselas para “durar” así algún tiempo más, los jóvenes se dirían, al querer explicarse sus toilettes: “La señora de Swann es toda una época, ¿verdad?” Lo mismo que en un buen estilo que superpone formas distintas y que arraiga en una oculta tradición, en el modo de vestir de la señora de Swann esos inciertos recuerdos de chalecos o de lazos, y a veces una tendencia, refrendada en seguida, al saute en barque, y hasta una ilusión vaga y lejana del suivzemoi, jeune homme, hacían palpitar bajo las formas concretas el parecido vago a otras formas más antiguas que no podía decirse que estuvieran realmente realizadas por la modista o la sombrerera, pero que se apoderaban de la memoria y rodeaban a la señora de Swann de una cierta nobleza, ya porque esos atavíos, por su misma inutilidad, pareciesen responder a finalidades superiores a lo utilitario, ya por el vestigio conservado de los años huidos o quizá por una especie de individualidad indumentaria característica de esta mujer, y que prestaba a sus más distintos vestidos un aire de familia. Veíase perfectamente que no se vestía tan sólo para comodidad o adorno de su cuerpo; iba envuelta en sus atavíos como en el aparato fino y espiritual de una civilización.
Quand Gilberte qui d′habitude donnait ses goûters le jour où recevait sa mère, devait au contraire être absente et qu′à cause de cela je pouvais aller au «Choufleury» de Mme Swann, je la trouvais vêtue de quelque belle robe, certaines en taffetas, d′autres en faille, ou en velours, ou en crêpe de Chine, ou en satin, ou en soie, et qui non point lâches comme les déshabillés qu′elle revêtait ordinairement à la maison, mais combinées comme pour la sortie au dehors, donnaient cet après-midi-là à son oisiveté chez elle quelque chose d′alerte et d′agissant. Et sans doute la simplicité hardie de leur coupe, était bien appropriée à sa taille et à ses mouvements dont les manches avaient l′air d′être la couleur, changeante selon les jours; on aurait dit qu′il y avait soudain de la décision dans le velours bleu, une humeur facile dans le taffetas blanc, et qu′une sorte de réserve suprême et pleine de distinction dans la façon d′avancer le bras avait, pour devenir visible, revêtu l′apparence brillante du sourire des grands sacrifices, du crêpe de Chine noir. Mais en même temps à ces robes si vives, la complication des «garnitures» sans utilité pratique, sans raison d′être visible, ajoutait quelque chose de désintéressé, de pensif, de secret, qui s′accordait à la mélancolie que Mme Swann gardait toujours au moins dans la cernure de ses yeux et les phalanges de ses mains. Sous la profusion des porte-bonheur en saphir, des trèfles à quatre feuilles d′émail, des médailles d′argent, des médaillons d′or, des amulettes de turquoise, des chaînettes de rubis, des châtaignes de topaze, il y avait dans la robe elle-même tel dessin colorié poursuivant sur un empiècement rapporté son existence antérieure, telle rangée de petits boutons de satin qui ne boutonnaient rien et ne pouvaient pas se déboutonner, une soutache cherchant à faire plaisir avec la minutie, la discrétion d′un rappel délicat, lesquels, tout autant que les bijoux, avaient l′air — n′ayant sans cela aucune justification possible — de déceler une intention, d′être un gage de tendresse, de retenir une confidence, de répondre à une superstition, de garder le souvenir d′une guérison, d′un vu, d′un amour ou d′une philippine. Et parfois, dans le velours bleu du corsage un soupçon de crevé Henri II, dans la robe de satin noir un léger renflement qui soit aux manches, près des épaules, faisaient penser aux «gigots» 1830, soit, au contraire sous la jupe «aux paniers» Louis XV, donnaient à la robe un air imperceptible d′être un costume et en insinuant sous la vie présente comme une réminiscence indiscernable du passé, mêlaient à la personne de Mme Swann le charme de certaines héroî­¥s historiques ou romanesques. Et si je lui faisais remarquer: «Je ne joue pas au golf comme plusieurs de mes amies, disait-elle. Je n′aurais aucune excuse à être comme elles, vêtues de Swetters.» Gilberta solía invitar a merendar los mismos días que recibía su madre; pero cuando no era así, y por no estar Gilberta podía yo ir al choufeury de la señora de Swann me la encontraba vestida con hermoso traje de tafetán, de faya, ele terciopelo, de crespón de China, de satén o de seda; pero no trajes sueltos corno los que solía llevar en casa sino combinados como si fuesen de calle, de suerte que infundían a su casera ociosidad de aquella tarde un tono activo y alegre. E indudablemente la atrevida sencillez de corte de aquellos trajes casaba muy bien con su estatura y sus ademanes, que parecían cambiar de color de un día para otro, según fuese el color de las mangas; dijérase como que en el terciopelo azul se pintaba la decisión, y un ánimo bien humorado en el blanco tafetán; y una cierta reserva suprema y llena de distinción en la manera de adelantar el brazo revestíase, para hacerse visible, de la apariencia del crespón de China, que brillaba con la sonrisa de; los grandes sacrificios. Pero al mismo tiempo la complicación de adornos sin utilidad práctica y sin aparente razón de ser añadía a aquellos trajes tan despiertos un matiz desinteresado, pensativo, secreto, muy de acuerdo con la melancolía que seguía conservando la señora de Swann, por lo menos en las ojeras y en las manos. Además de la copia de dijecillos de buen agüero hechos en zafiro, de los tréboles de cuatro hojas en esmalte, de las medallas y medallones de oro y plata, de los amuletos de turquesa, de las cadenetas de rubíes y las bolitas de topacios en el mismo traje asomaban un dibujo de colores que aun proseguía en un canesú aplicado su existencia anterior, una fila de botoncitos de satén que no abrochaban nada y que no podían desabrocharse, una trencilla que quería agradar con la minucia y la discreción de una delicada remembranza; y todo ello, joyas y adorno, parecía como que revelaban –porque de otro modo no tenían justificación posible– alguna intención: la de ser una prenda de cariño, la de retener una confidencia, la de responder a alguna superstición, la de conservar el recuerdo de una enfermedad, de una promesa, de un amor o de un juego de sociedad. Muchas veces, en el terciopelo azul de un corpiño había un asomo de crevé a lo Enrique 11, a el traje de satén negro se ahuecaba ligeramente en las mangas o en los hombros, y entonces recordaba a los gigots de 1830, o en la falda, y en ese caso traía a la memoria los faldellines o tontillos Luis XV; y con eso el traje tomaba cierto imperceptible aspecto de disfraz, e insinuando en la vida presente una reminiscencia apenas discernible del pasado infundía a la señora de Swann el encanto de una heroína de historia o de novela. Cuando yo se lo decía me contestaba ella: “Yo no juego al golf, como algunas amigas mías. Por consiguiente, sería imperdonable vestirme como ellas, con sweaters”.
Dans la confusion du salon, revenant de reconduire une visite, ou prenant une assiette de gâteaux pour les offrir à une autre, Mme Swann en passant près de moi, me prenait une seconde à part: «Je suis spécialement chargée par Gilberte de vous inviter à déjeuner pour après-demain. Comme je n′étais pas certaine de vous voir, j′allais vous écrire si vous n′étiez pas venu.» Je continuais à résister. Et cette résistance me coûtait de moins en moins, parce qu′on a beau aimer le poison qui vous fait du mal, quand on en est privé par quelque nécessité, depuis déjà un certain temps, on ne peut pas ne pas attacher quelque prix au repos qu′on ne connaissait plus, à l′absence d′émotions et de souffrances. Si l′on n′est pas tout à fait sincère en se disant qu′on ne voudra jamais revoir celle qu′on aime, on ne le serait pas non plus en disant qu′on veut la revoir. Car, sans doute, on ne peut supporter son absence qu′en se la promettant courte, en pensant au jour où on se retrouvera, mais d′autre part on sent à quel point ces rêves quotidiens d′une réunion prochaine et sans cesse ajournée sont moins douloureux que ne serait une entrevue qui pourrait être suivie de jalousie, de sorte que la nouvelle qu′on va revoir celle qu′on aime donnerait une commotion peu agréable. Ce qu′on recule maintenant de jour en jour, ce n′est plus la fin de l′intolérable anxiété causée par la séparation, c′est le recommencement redouté d′émotions sans issue. Comme à une telle entrevue on préfère le souvenir docile qu′on complète à son gré de rêveries où celle qui, dans la réalité ne vous aime pas, vous fait au contraire des déclarations, quand vous êtes tout seul; ce souvenir qu′on peut arriver en y mêlant peu à peu beaucoup de ce qu′on désire à rendre aussi doux qu′on veut, comme on le préfère à l′entretien ajourné où on aurait affaire à un être à qui on ne dicterait plus à son gré les paroles qu′on désire, mais dont on subirait les nouvelles froideurs, les violences inattendues. Nous savons tous quand nous n′aimons plus, que l′oubli, même le souvenir vague ne causent pas tant de souffrances que l′amour malheureux. C′est d′un tel oubli anticipé que je préférais sans me l′avouer, la reposante douceur. En medio del barullo del salón, la señora de Swann, aprovechando el momento en que volvía de acompañar hasta la puerta a alguna visita, o en que iba a ofrecer pasteles, al pasar junto a mí me llamaba aparte un segundo: “Estoy encargada por Gilberta de invitar a usted a almorzar pasado mañana. Como no tenía seguridad de verlo a usted, iba a escribirle por si no venía”. Y yo seguía resistiendo. Y esa resistencia me costaba cada vez menos esfuerzo, porque por mucho cariño que se tenga al veneno que nos está haciendo daño, cuando por una necesidad se pasa algún tiempo sin ingerirlo no es posible dejar de apreciar el descanso, que antes era cosa desconocida, y la ausencia de dolores y emociones. Quizá no seamos enteramente sinceros al decirnos que no queremos ver nunca más a la mujer amada; pero no lo seríamos más si asegurásemos que deseamos verla. Porque, indudablemente, sólo se puede sobrellevar la ausencia prometiéndose que habrá de ser corta, pensando en el día de volverse a ver; pero también es cierto que nos darnos cuenta de que esas ilusiones diarias de una entrevista próxima y constantemente aplazada nos son menos dolorosas que lo que podría ser esa entrevista con los celos que acaso acarrearía; de suerte que la noticia de que vamos a ver de nuevo a la amada nos causaría una conmoción no muy agradable. Le, que va uno retrasando día por día no es el final de la intolerable ansiedad que acusa una separación, sino la temida vuelta de emociones ineficaces. ¡Cuán preferido es a esa entrevista el recuerdo dócil, que completa uno z su gusto con suecos donde se nos aparece esa mujer que en la realidad no nos quiere, y nos hace declaraciones de amor ahora que estamos solos! A ese recuerdo puede llegar a dársele toda la deseada dulzura amalgamándolo poco a poco con muchos de nuestros anhelos. ¡Y se lo prefiere a aquella entrevista aplazada donde habríamos de vernos frente a un ser al que no se podrían ya dictar las palabras deseadas, conforme a nuestro gusto, sino que nos haría sufrir inesperados golpes y desdenes nuevos. Todos sabemos, cuando ya hemos dejado de amar, que ni el olvido ni siquiera el recuerdo vago hacer. sufrir tanto como unos amores sin ventura. Y yo, sin confesármelo, prefería el descansado dulzor de ese anticipado olvido.
D′ailleurs, ce qu′une telle cure de détachement psychique et d′isolement peut avoir de pénible, le devient de moins en moins pour une autre raison, c′est qu′elle affaiblit, en attendant de la guérir, cette idée fixe qu′est un amour. Le mien était encore assez fort pour que je tinsse à reconquérir tout mon prestige aux yeux de Gilberte, lequel, par ma séparation volontaire devait, me semblait-il, grandir progressivement, de sorte que chacune de ces calmes et tristes journées où je ne la voyais pas, venant chacune après l′autre, sans interruption, sans prescription (quand un fâcheux ne se mêlait pas de mes affaires), était une journée non pas perdue, mais gagnée. Inutilement gagnée peut-être, car bientôt on pourrait me déclarer guéri. La résignation, modalité de l′habitude, permet à certaines forces de s′accroître indéfiniment. Celles, si infimes que j′avais pour supporter mon chagrin, le premier soir de ma brouille avec Gilberte, avaient été portées depuis lors à une puissance incalculable. Seulement la tendance de tout ce qui existe à se prolonger, est parfois coupée de brusques impulsions auxquelles nous nous concédons avec d′autant moins de scrupules de nous laisser aller que nous savons pendant combien de jours, de mois, nous avons pu, nous pourrions encore, nous priver. Et souvent, c′est quand la bourse où l′on épargne va être pleine qu′on la vide tout d′un coup, c′est sans attendre le résultat du traitement et quand déjà on s′est habitué à lui, qu′on le cesse. Et un jour où Mme Swann me redisait ses habituelles paroles sur le plaisir que Gilberte aurait à me voir, mettant ainsi le bonheur dont je me privais déjà depuis si longtemps comme à la portée de ma main, je fus bouleversé en comprenant qu′il était encore possible de le goûter; et j′eus peine à attendre le lendemain; je venais de me résoudre à aller surprendre Gilberte avant son dîner. Además, el sufrimiento que pueda causar ese régimen de despego psíquico y de aislamiento va amenguando progresivamente por una razón, y e que dicho régimen, por lo pronto, debilita la idea fija en que consiste el amor, en espera de llegar a curarla por completo. Mi amor era aún lo bastante vigoroso para que yo siguiese con mi deseo de reconquistar mi pleno prestigio en el ánimo de Gilberta, prestigio que en mi concepto, y debido a mi voluntaria separación, debía de ir en progresivo aumento, de modo que cada uno de aquellos días tristes y tranquilos que pasaban sin ver a Gilberta, bien pegados unos a otros, sin interrupción, sin prescripción (a no ser que se entremetiera en mis asuntos algún impertinente), era día ganado y no perdido. Inútilmente ganado quizá, porque pronto podrían darme por curado. Hay fuerzas susceptibles de creer indefinidamente gracias a esa modalidad del hábito que es la; resignación. Aquellas fuerzas ínfimas que a mí me fueron dadas para soportar mi pena la noche siguiente a la riña con Gilberta llegaron más adelante a incalculable potencia. Pero ocurre que la tendencia a prolongarse de todo lo que existe se ve cortada a veces por impulsos bruscos, y a ellos cedemos, con muy pocos escrúpulos por habernos entregado, precisa mente porque sabemos cuántos días y meses hubiéramos podido seguir resistiendo. Y resulta muchas veces que vaciamos de una vez la bolsa de los ahorros cuando ya iba a estar llena, y que abandonamos el tratamiento sin esperar a ver sus resultados cuando ya estábamos hechos a seguirlo. Y un día que estaba diciéndome la señora′ de Swann sus acostumbradas frases sobre el gusto que tendría Gilberta en verme, poniéndome, por así decirlo al alcance de la mano aquella felicidad de que me privaba yo hacía tanto tiempo, me trastornó la idea de que aun no era posible saborear esa dicha; me costó trabajo esperar al siguiente día; me había decidido ir a sorprender a Gilberta antes de su hora de cenar.
Ce qui m′aida à patienter tout l′espace d′une journée fut un projet que je fis. Du moment que tout était oublié, que j′étais réconcilié avec Gilberte, je ne voulais plus la voir qu′en amoureux. Tous les jours elle recevrait de moi les plus belles fleurs qui fussent. Et si Mme Swann, bien qu′elle n′eût pas le droit d′être une mère trop sévère, ne me permettait pas des envois de fleurs quotidiens, je trouverais des cadeaux plus précieux et moins fréquents. Mes parents ne me donnaient pas assez d′argent pour acheter des choses chères. Je songeai à une grande potiche de vieux Chine qui me venait de ma tante Léonie et dont maman prédisait chaque jour que Françoise allait venir en lui disant: «A s′est décollée» et qu′il n′en resterait rien. Dans ces conditions n′était-il pas plus sage de la vendre, de la vendre pour pouvoir faire tout le plaisir que je voudrais à Gilberte. Il me semblait que je pourrais bien en tirer mille francs. Je la fis envelopper; l′habitude m′avait empêché de jamais la voir: m′en séparer eut au moins un avantage qui fut de me faire faire sa connaissance. Je l′emportai avec moi avant d′aller chez les Swann, et en donnant leur adresse au cocher, je lui dis de prendre, par les Champs-Élysées, au coin desquels était le magasin d′un grand marchand de chinoiseries que connaissait mon père. A ma grande surprise, il m′offrit séance tenante de la potiche non pas mille, mais dix mille francs. Je pris ces billets avec ravissement; pendant toute une année, je pourrais combler chaque jour Gilberte de roses et de lilas. Quand je fus remonté dans la voiture en quittant le marchand, le cocher, tout naturellement, comme les Swann demeuraient près du Bois, se trouva, au lieu du chemin habituel, descendre l′avenue des Champs-Élysées. Il avait déjà dépassé le coin de la rue de Berri, quand, dans le crépuscule, je crus reconnaître, très près de la maison des Swann mais allant dans la direction inverse et s′en éloignant, Gilberte qui marchait lentement, quoique d′un pas délibéré à côté d′un jeune homme avec qui elle causait et duquel je ne pus distinguer le visage. Je me soulevai dans la voiture, voulant faire arrêter, puis j′hésitai. Les deux promeneurs étaient déjà un peu loin et les deux lignes douces et parallèles que traçait leur lente promenade allaient s′estompant dans l′ombre élyséenne. Bientôt j′arrivai devant la maison de Gilberte. Je fus reçu par Mme Swann: «Oh! elle va être désolée, me dit-elle, je ne sais pas comment elle n′est pas là. Elle a eu très chaud tantôt à un cours, elle m′a dit qu′elle voulait aller prendre un peu l′air avec une de ses amies.» «Je crois que je l′ai aperçue avenue des Champs-Élysées Je ne pense pas que ce fût elle. En tous cas ne le dites pas à son père, il n′aime pas qu′elle sorte à ces heures-là. Good evening.» Je partis, dis au cocher de reprendre le même chemin, mais ne retrouvai pas les deux promeneurs. Où avaient-ils été? Que se disaient-ils dans le soir, de cet air confidentiel? Lo que me ayudó a llevar con paciencia todo el espacio de un día fué un proyecto que forjé. Desde el momento en que todo estaba dado al olvido y yo reconciliado con Gilberta, quería verla como enamorado y nada más. Le mandaría a diario las flores más hermosas que hubiese. Y si la señora de Swann no me permitía, aunque no tenía derecho a mostrarse madre muy rigurosa, esos obsequios cotidianos, ya encontraría yo regalos menos frecuentes y más valiosos. Mis padres no me daban bastante dinero para poder comprar cosas caras. Pensé en un vaso de China antiguo, que me dejó la tía Leoncia; mamá presagiaba todos los días que Francisca iba a decirle: “Se ha despegado...”, y que el cacharro dejaría de existir De modo que lo más prudente era venderlo, venderlo para poder obsequiara Gilberta como yo quisiera. Se me figuraba que por lo menos sacaría tres mil francos. Mandé que envolvieran el cacharro, que en realidad, y por fuerza del hábito, nunca había visto: de modo que el desprenderme de él tuvo por lo menos una ventaja, y fué el dármelo a conocer. Yo mismo me lo llevé antes de ir a casa de Gilberta, y di al cochero la dirección de los Swann, pero indicándole que fuese por los Campos Eliseos; allí estaba la tienda de un comerciante de objetos de China conocido de mi padre. Con gran sorpresa mía me ofrecio inmediatamente por el cacharro diez mil francos, y no mil, como yo esperaba. Cogí los billetes transportado de gozo durante un año podría colmar a Gilberta de rosas y lilas. Salí de la tienda y entré en el coche; y como los Swann vivían junto al Bosque, el cochero, muy lógicamente, en vez de seguir el camino de costumbre bajó por la avenida de los Campos Elíseos. Habíamos pasado la esquina de la calle Du Berri, cuando me pareció reconocer, en la luz crepuscular, muy cerca de la casa de los Swann, pero alejándose en dirección opuesta, a Gilberta, que iba andando muy despacio, aunque con paso firme, junto a un joven que charlaba con ella y al que no puede ver la cara. Me levanté del asiento, quise mandar parar, pero vacilé. La pareja estaba ya un tanto lejos, y las dos líneas suaves y paralelas que trazaba su despacioso paseo se esfumaban en la elísea penumbra. En seguida me vi frente a casa de Gilberta. Me recibió la señora de Swann. -¡Ay, cuánto lo va a sentir –me dijo–; no sé cómo no está en casa! Salió muy acalorada de una de sus clases, y me dijo que quería ir a tomar un poco de aire con una amiga. –Me ha parecido verla por la avenida de los Campos Elíseos. –No creo que fuera ella. Pero, de todos modos, no vaya usted a decírselo a su padre, porque no le gusta que salga a estas horas. Good evening Me despedí, dije al cochero que volviese por el mismo camino, pero no di con los paseantes. ¿Dónde habrían ido? ¿Qué iban diciéndose, en la sombra nocturna, con aquella apariencia confidencial?
Je rentrai, tenant avec désespoir les dix mille francs inespérés qui avaient dû me permettre de faire tant de petits plaisirs à cette Gilberte que, maintenant, j′étais décidé à ne plus revoir. Sans doute, cet arrêt chez le marchand de chinoiseries m′avait réjoui en me faisant espérer que je ne verrais plus jamais mon amie que contente de moi et reconnaissante. Mais si je n′avais pas fait cet arrêt, si la voiture n′avait pas pris par l′avenue des Champs-Élysées, je n′eusse pas rencontré Gilberte et ce jeune homme. Ainsi un même fait porte des rameaux opposites et le malheur qu′il engendre annule le bonheur qu′il avait causé. Il m′était arrivé le contraire de ce qui se produit si fréquemment. On désire une joie, et le moyen matériel de l′atteindre fait défaut. «Il est triste, a dit Labruyère, d′aimer sans une grande fortune.» Il ne reste plus qu′à essayer d′anéantir peu à peu le désir de cette joie. Pour moi, au contraire, le moyen matériel avait été obtenu, mais, au même moment, sinon par un effet logique, du moins par une conséquence fortuite de cette réussite première, la joie avait été dérobée. Il semble, d′ailleurs, qu′elle doive nous l′être toujours. D′ordinaire, il est vrai, pas dans la même soirée où nous avons acquis ce qui la rend possible. Le plus souvent nous continuons de nous évertuer et d′espérer quelque temps. Mais le bonheur ne peut jamais avoir lieu. Si les circonstances arrivent à être surmontées, la nature transporte la lutte du dehors au dedans et fait peu à peu changer assez notre cur pour qu′il désire autre chose que ce qu′il va posséder. Et si la péripétie a été si rapide que notre cur n′a pas eu le temps de changer, la nature ne désespère pas pour cela de nous vaincre, d′une manière plus tardive il est vrai, plus subtile, mais aussi efficace. C′est alors à la dernière seconde que la possession du bonheur nous est enlevée, ou plutôt c′est cette possession même que par une ruse diabolique la nature charge de détruire le bonheur. Ayant échoué dans tout ce qui était du domaine des faits et de la vie, c′est une impossibilité dernière, l′impossibilité psychologique du bonheur que la nature crée. Le phénomène du bonheur ne se produit pas ou donne lieu aux réactions les plus amères. Volví a casa desesperado, con aquellos diez mil francos destinados a hacer tantos pequeños obsequios a esa Gilberta que ahora ya me decidí a no ver nunca más Indudablemente, aquella parada en la tienda me dió alegría, pues que me inspiró la ilusión le que siempre que volviese a ver a mi amiga la encontraría contenta de –mí y reconocida. Pero, en cambio, de no haber parado en la tienda, de no haber bajado por la avenida de los Campos Elíseos, no hubiese visto a Gilberta con aquel muchacho. Así, en un mismo hecho hay ramas contrarias, y la desgracia que engendra anula la felicidad que él mismo causó. Me había sucedido lo contrario de lo que suele ocurrir. Desea uno determinada alegría, y le falta el medio material de lograrla. (“¡Triste cosa –ha dicho La Bruyére– enamorarse sin ser muy rico!”) Y no hay otro remedio que ir acabando poco a poco con el deseo de esa alegría. En mi caso, por el contrario, obtuve el medio material, pero en el mismo instante, ya que no por un efecto lógico, por lo menos por una consecuencia de ese primer éxito, se me escapó la alegría. Aunque parece que siempre debe escapársenos. Pero no suele ocurrir que se nos vaya la misma noche en que nos hicimos el medio de′ conquistarla. Por lo general, seguimos esforzándonos esperanzados, durante algún tiempo. Pero la felicidad es cosa irrealizable. Si llegamos a dominar las circunstancias, la Naturaleza transporta la lucha de fuera a dentro, y poco a poco va haciendo cambiar nuestro corazón hasta que desee otra cosa distinta de la que va a poseer. Si fué tan rápida la peripecia que nuestro corazón no tuvo tiempo de cambiar, no por eso pierde la Naturaleza la esperanza de vencernos, más a la larga, es verdad, pero por manera más sutil y eficaz. Entonces se nos escapa la posesión de la felicidad en el postrer momento; mejor dicho, a esa misma posesión le encarga la Naturaleza, con diabólica argucia, que destruya la felicidad. Porque viéndose fracasada en el campo de los hechos y de la vida, ahora la Naturaleza crea una imposibilidad final, la imposibilidad psicológica de la felicidad. El fenómeno de la dicha, o no se produce o da lugar a amarguísirnas reacciones.
Je serrai les dix mille francs. Mais ils ne me servaient plus à rien. Je les dépensai du reste encore plus vite que si j′eusse envoyé tous les jours des fleurs à Gilberte, car quand le soir venait, j′étais si malheureux que je ne pouvais rester chez moi et allais pleurer dans les bras de femmes que je n′aimais pas. Quant à chercher à faire un plaisir quelconque à Gilberte, je ne le souhaitais plus; maintenant retourner dans la maison de Gilberte n′eût pu que me faire souffrir. Même revoir Gilberte, qui m′eût été si délicieux la veille ne m′eût plus suffi. Car j′aurais été inquiet tout le temps où je n′aurais pas été près d′elle. C′est ce qui fait qu′une femme par toute nouvelle souffrance qu′elle nous inflige, souvent sans le savoir, augmente son pouvoir sur nous, mais aussi nos exigences envers elle. Par ce mal qu′elle nous a fait, la femme nous cerne de plus en plus, redouble nos chaînes, mais aussi celles dont il nous aurait jusque-là semblé suffisant de la garotter pour que nous nous sentions tranquilles. La veille encore, si je n′avais pas cru ennuyer Gilberte, je me serais contenté de réclamer de rares entrevues, lesquelles maintenant ne m′eussent plus contenté et que j′eusse remplacées par bien d′autres conditions. Car en amour, au contraire de ce qui se passe après les combats, on les fait plus dures, on ne cesse de les aggraver, plus on est vaincu, si toutefois on est en situation de les imposer. Ce n′était pas mon cas à l′égard de Gilberte. Aussi je préférai d′abord ne pas retourner chez sa mère. Je continuais bien à me dire que Gilberte ne m′aimait pas, que je le savais depuis assez longtemps, que je pouvais la revoir si je voulais, et, si je ne le voulais pas, l′oublier à la longue. Mais ces idées, comme un remède qui n′agit pas contre certaines affections, étaient sans aucune espèce de pouvoir efficace contre ces deux lignes parallèles que je revoyais de temps à autre, de Gilberte et du jeune homme s′enfonçant à petits pas dans l′avenue des Champs-Élysées. C′était un mal nouveau, qui lui aussi finirait par s′user, c′était une image qui un jour se présenterait à mon esprit entièrement décantée de tout ce qu′elle contenait de nocif, comme ces poisons mortels qu′on manie sans danger, comme un peu de dynamite à quoi on peut allumer sa cigarette sans crainte d′explosion. En attendant, il y avait en moi une autre force qui luttait de toute sa puissance, contre cette force malsaine qui me représentait sans changement la promenade de Gilberte dans le crépuscule: pour briser les assauts renouvelés de ma mémoire, travaillait utilement en sens inverse mon imagination. La première de ces deux forces, certes, continuait à me montrer ces deux promeneurs de l′avenue des Champs-Élysées, et m′offrait d′autres images désagréables, tirées du passé, par exemple Gilberte haussant les épaules quand sa mère lui demandait de rester avec moi. Mais la seconde force, travaillant sur le canevas de mes espérances, dessinait un avenir bien plus complaisamment développé que ce pauvre passé en somme si restreint. Pour une minute où je revoyais Gilberte maussade, combien n′y en avait-il pas où je combinais une démarche qu′elle ferait faire pour notre réconciliation, pour nos fiançailles peut-être. Il est vrai que cette force que l′imagination dirigeait vers l′avenir, elle la puisait malgré tout dans le passé. Au fur et à mesure que s′effacerait mon ennui que Gilberte eût haussé les épaules, diminuerait aussi le souvenir de son charme, souvenir qui me faisait souhaiter qu′elle revînt vers moi. Mais j′étais encore bien loin de cette mort du passé. J′aimais toujours celle qu′il est vrai que je croyais détester. Mais chaque fois qu′on me trouvait bien coiffé, ayant bonne mine, j′aurais voulu qu′elle fût là. J′étais irrité du désir que beaucoup de gens manifestèrent à cette époque de me recevoir et chez lesquels je refusai d′aller. Il y eut une scène à la maison parce que je n′accompagnai pas mon père à un dîner officiel où il devait y avoir les Bontemps avec leur nièce Albertine, petite jeune fille, presque encore enfant. Les différentes périodes de notre vie se chevauchent ainsi l′une l′autre. On refuse dédaigneusement, à cause de ce qu′on aime et qui vous sera un jour si égal, de voir ce qui vous est égal aujourd′hui, qu′on aimera demain, qu′on aurait peut-être pu, si on avait consenti à le voir, aimer plus tôt, et qui eût ainsi abrégé vos souffrances actuelles, pour les remplacer il est vrai par d′autres. Les miennes allaient se modifiant. J′avais l′étonnement d′apercevoir au fond de moi-même, un jour un sentiment, le jour suivant un autre, généralement inspirés par telle espérance ou telle crainte relatives à Gilberte. A la Gilberte que je portais en moi. J′aurais dû me dire que l′autre, la réelle, était peut-être entièrement différente de celle-là, ignorait tous les regrets que je lui prêtais, pensait probablement beaucoup moins à moi non seulement que moi à elle, mais que je ne la faisais elle-même penser à moi quand j′étais seul en tête à tête avec ma Gilberte fictive, cherchais quelles pouvaient être ses vraies intentions à mon égard et l′imaginais ainsi, son attention toujours tournée vers moi. Tenía los diez mil francos en la mano. Pero para nada me servían. Y por cierto que me los gasté con mayor rapidez que si hubiese enviado todos los días flores a Gilberta, porque a la caída de la tarde me entraba tanta pena que no podía estarme en casa y me iba a llorar en los brazos de unas mujeres que no amaba. Porque ahora ya no deseaba hacer por agradar en algún modo a Gilberta; el volver a su casa sólo de sufrimiento me servía. Un día antes ver a Gilberta se me representaba cosa deliciosa; hoy ya no me bastaría con eso. Porque todas las horas que estuviese separado de ella las pasaría preocupado. Ese es el motivo de que cuando una mujer nos causa una pena nueva, muchas veces sin saberlo, aumentan a la par el dominio suyo sobre nosotros y nuestras exigencias para con ella. Con el daño que nos hizo la mujer nos cerca más estrechamente y agrava nuestras cadenas, pero agrava también esas cadenas suyas que hasta ayer nos parecía que la sujetaban con bastante fuerza para que pudiésemos vivir tranquilos. El día antes, si hubiese creído que no molestaba a Gilberta, habríame contentado con pedir unas cuantas entrevistas, entrevistas que ahora ya no me satisfarían y que era menester substituir por condiciones muy otras. Porque en amor, al revés que en los combates, cuanto más vencido se ve uno más duras condiciones se ponen y más se las agrava, siempre que se esté en situación de exigirlas. Pero a mí no me ocurría eso con Gilberta. Así, que a lo primero me pareció mejor no ir por la casa de su madre. Yo seguía diciéndome que Gilberta no me quería, que eso era cosa sabida hacía mucho tiempo; que de quererlo podría verla, y de no sentir ese deseo podría olvidarla con el tiempo. Pero tales idease al igual de una droga que no sirve para determinados padecimientos, carecía de todo poder eficaz contra aquellas dos líneas– paralelas que se me aparecían de vez en vez: Gilberta y el joven hundiéndose a menudos pasos en la avenida de los Campos Elíseos. Era un dolor nuevo que también acabaría por gastarse, una imagen que llegaría a presentárseme al ánimo completamente depurada de todo lo que encerraba de nocivo, como esos venenos mortales que pueden manejarse sin ningún peligro o ese poco de dinamita donde se enciende el pitillo sin temor a explosión. Y entre tanto tenía yo en mí una fuerza que luchaba con todo su poder contra la otra potencia malsana que me representaba invariablemente el paseo crepuscular de Gilberta; mi imaginación laboraba útilmente, en sentido contrario, para romper los repetidos asaltos de mi memoria. La primera de las dichas fuerzas seguía mostrándome a los dos paseantes por la avenida de dos Campos Elíseos, y con ésta y otras imágenes desagradables sacadas del pasado, por ejemplo, la de Gilberta encogiéndose de hombros cuando su madre le indicó que se quedara conmigo. Pero la segunda trabajaba en el cañamazo de mis esperanzas y en él dibujaba un porvenir de más placentera amplitud que aquel pobre pasado, en realidad tan angosto. Por un minuto de ver a Gilberta de mal humor había otros muchos en que fantaseaba yo sobre los pasos que daría Gilberta para lograr nuestra reconciliación y quien sabe si nuestro noviazgo. Cierto que esa fuerza que la imaginación proyectaba sobre el porvenir la sacaba toda del pasado. Y según fuera borrándose mi preocupación por aquel encogerse de hombros de Gilberta disminuiría igualmente el recuerdo de su seducción, recuerdo que era el que me inspiraba deseos de que tornase a mí. Pero aún me encontraba yo muy distante de esa muerte del pasado. Y seguía amando a aquella mujer, aunque estaba creído de que la detestaba. Siempre que me veía con buena cara y bien peinado, hubiese querido tener delante a Gilberta. Por aquel tiempo me irritaba el deseo que expresaron muchas personas de que yo fuera de visita a sus casas, a lo cual me negaba. Recuerdo que hubo en casa un escándalo porque yo no quise acompañar a mi padre a un banquete oficial al que habían de asistir los Bontemps con su sobrina Albertina, que por entonces era una chiquilla. Ocurre que los diversos períodos de nuestra vida vienen así a cruzarse unos con otros. Por causa de una cosa que queremos hoy y que mañana nos será indiferente, nos negamos a ver otra cosa que ahora no nos dice nada, pero que habremos de querer más adelante, y quizá de haber consentido en verla hubiéramos llegado a quererla antes, abreviando así nuestros dolores actuales, bien es verdad que para substituirlos por otros. Los míos ya se iban modificando. Todo asombrado veía yo en lo hondo de mí mismo un sentimiento hoy y otro distinto mañana, inspirados casi todos por un temor o una esperanza relativos a Gilberta. A la Gilberta que llevaba yo dentro. Debí decirme que la otra, la de verdad, no se parecía en nada a ésta, ignoraba todas las nostalgias que yo le atribuía y probablemente no pensaba en mí, no ya tanto como yo en ella, sino ni siquiera lo que yo la hacía pensar en mí cuando estaba solo en coloquio con mi ficticia Gilberta, queriendo averiguar cuáles serían sus intenciones respecto a mi persona, imaginándomela de este modo con la atención siempre vuelta a mí.
Pendant ces périodes où, tout en s′affaiblissant, persiste le chagrin, il faut distinguer entre celui que nous cause la pensée constante de la personne elle-même, et celui que raniment certains souvenirs, telle phrase méchante dite, tel verbe employé dans une lettre qu′on a reçue. En réservant de décrire à l′occasion d′un amour ultérieur, les formes diverses du chagrin, disons que de ces deux-là, la première est infiniment moins cruelle que la seconde. Cela tient à ce que notre notion de la personne vivant toujours en nous, y est embellie de l′auréole que nous ne tardons pas à lui rendre, et s′empreint sinon des douceurs fréquentes de l′espoir, tout au moins du calme d′une tristesse permanente. (D′ailleurs, il est à remarquer que l′image d′une personne qui nous fait souffrir tient peu de place, dans ces complications qui aggravent un chagrin d′amour, le prolongent et l′empêchent de guérir, comme dans certaines maladies la cause est hors de proportions avec la fièvre consécutive et la lenteur à entrer en convalescence.) Mais si l′idée de la personne que nous aimons reçoit le reflet d′une intelligence généralement optimiste, il n′en est pas de même de ces souvenirs particuliers, de ces propos méchants, de cette lettre hostile (je n′en reçus qu′une seule qui le fût, de Gilberte), on dirait que la personne elle-même réside dans ces fragments pourtant si restreints et portée à une puissance qu′elle est bien loin d′avoir dans l′idée habituelle que nous formons d′elle tout entière. C′est que la lettre nous ne l′avons pas comme l′image de l′être aimé, contemplée dans le calme mélancolique du regret; nous l′avons lue, dévorée, dans l′angoisse affreuse dont nous étreignait un malheur inattendu. La formation de cette sorte de chagrins est autre; ils nous viennent du dehors et c′est par le chemin de la plus cruelle souffrance qu′ils sont allés jusqu′à notre cur. L′image de notre amie que nous croyons ancienne, authentique, a été en réalité refaite par nous bien des fois. Le souvenir cruel lui, n′est pas contemporain de cette image restaurée, il est d′un autre âge, il est un des rares témoins d′un monstrueux passé. Mais comme ce passé continue à exister, sauf en nous à qui il a plu de lui substituer un merveilleux âge d′or, un paradis où tout le monde sera réconcilié, ces souvenirs, ces lettres, sont un rappel à la réalité et devraient nous faire sentir par le brusque mal qu′ils nous font, combien nous nous sommes éloignés d′elle dans les folles espérances de notre attente quotidienne. Ce n′est pas que cette réalité doive toujours rester la même bien que cela arrive parfois. Il y a dans notre vie bien des femmes que nous n′avons jamais cherché à revoir et qui ont tout naturellement répondu à notre silence nullement voulu par un silence pareil. Seulement celles-là, comme nous ne les aimions pas, nous n′avons pas compté les années passées loin d′elles, et cet exemple qui l′infirmerait est négligé par nous quand nous raisonnons sur l′efficacité de l′isolement, comme le sont, par ceux qui croient aux pressentiments, tous les cas où les leurs ne furent pas vérifiés. Durante estos períodos en que la pena, aun decayendo, persiste todavía, es menester distinguir entre el dolor que nos causa el constante pensar en la persona misma y el que reaniman determinados recuerdos, una frase mala que se dijo, un verbo empleado en una carta que tuvimos. A reserva de describir, cuando se trata de un amor ulterior, las diversas formas de la pena, diremos que de las dos enunciadas la primera es mucho menos dolorosa que la segunda. Y eso se debe a que nuestra noción de la persona, por vivir siempre en nosotros, está embellecida con la aureola que a pesar de ,todo le prestamos, y se reviste, ya que no de frecuentes dulzuras de la esperanza, por lo menos con la calma de una permanente tristeza. (Por cierto que es digno de notarse cómo la imagen de un a persona por la que padecemos no entra por mucho en esas complicaciones que agravan la pena de un amor, prolongándole y estorbando su curación, al igual que en determinadas enfermedades la con la fiebre consecutiva y lo tardío de la convalecencia.) Pero si bien la idea de la persona amada recibe el reflejo de una inteligencia generalmente optimista, no ocurre lo mismo con esos recuerdos particulares, con esas malas palabras, con esa carta hostil (aunque no recibí de Gilberta ninguna que lo fuere); diríase que la persona misma vive en esos segmentos tan chicos y con fuerza que no tiene, ni mucho menos, en la idea habitual que nos formamos de la persona entera. Y es que la carta no la contemplamos como la imagen del ser amado, en el seno de la melancólica calma de la nostalgia: la leemos, la devoramos entre la terrible angustia con que viene a sobrecogernos una inesperada desdicha. La formación de estas penas es muy dis tinta; vienen de fuera y llegan a nuestro corazón por camino de durísimo dolor. La imagen de nuestra amiga, aunque la creemos vieja y auténtica, ha sido retocada muchas veces por nosotros. Y el recuerdo cruel no es contemporáneo de esa imagen restaurada, sino que pertenece a otra edad; es uno de los pocos testigos de un pasado monstruoso. Pero como ese pasado sigue existiendo, excepto en nosotros, porque a nosotros nos plugo reemplazarlo por una maravillosa edad de oro, por un paraíso donde todo el mundo se ha reconciliado, los recuerdos y las cartas son un aviso de la realidad, y con el dolor que nos causan deben hacernos sentir cuánto nos alejaron de ella las locas esperanzas de nuestro diario esperar. Y no es que esa realidad nos cambie nunca, aunque así suceda alguna vez. Hay en nuestra vida muchas mujeres que nunca hicimos por volver a ver y que respondieron, muy naturalmente, a nuestro silencio, que no fué buscado, como otro silencio análogo. Pero como no las queremos, no contamos los años de separación, y cuando discurrimos sólo en la eficacia del aislamiento, desdeñamos ese ejemplo, que la invalidaría, como la desdeñan los que creen en los presentimientos en todos los casos en que no se confirmaron.
Mais enfin l′éloignement peut être efficace. Le désir, l′appétit de nous revoir, finissent par renaître dans le cur qui actuellement nous méconnaît. Seulement il y faut du temps. Or, nos exigences en ce qui concerne le temps ne sont pas moins exorbitantes que celles réclamées par le cur pour changer. D′abord, du temps, c′est précisément ce que nous accordons le moins aisément, car notre souffrance est cruelle et nous sommes pressés de la voir finir. Ensuite, ce temps dont l′autre cur aura besoin pour changer, le nôtre s′en servira pour changer lui aussi, de sorte que quand le but que nous nous proposions deviendra accessible, il aura cessé d′être un but pour nous. D′ailleurs, l′idée même qu′il sera accessible, qu′il n′est pas de bonheur que, lorsqu′il ne sera plus un bonheur pour nous, nous ne finissions par atteindre, cette idée comporte une part, mais une part seulement, de vérité. Il nous échoit quand nous y sommes devenus indifférents. Mais précisément cette indifférence nous a rendus moins exigeants et nous permet de croire rétrospectivement qu′il nous eût ravi à une époque où il nous eût peut-être semblé fort incomplet. On n′est pas très difficile ni très bon juge sur ce dont on ne se soucie point. L′amabilité d′un être que nous n′aimons plus et qui semble encore excessive à notre indifférence eût peut-être été bien loin de suffire à notre amour. Ces tendres paroles, cette offre d′un rendez-vous, nous pensons au plaisir qu′elles nous auraient causé, non à toutes celles dont nous les aurions voulu voir immédiatement suivies et que par cette avidité nous aurions peut-être empêché de se produire. De sorte qu′il n′est pas certain que le bonheur survenu trop tard, quand on ne peut plus en jouir, quand on n′aime plus, soit tout à fait ce même bonheur dont le manque nous rendit jadis si malheureux. Une seule personne pourrait en décider, notre moi d′alors; il n′est plus là; et sans doute suffirait-il qu′il revînt, pour que, identique ou non, le bonheur s′évanouît. Pero a la larga el apartamiento puede ser eficaz. El deseo y la apetencia de vernos acaban por renacer en ese corazón que actualmente nos menosprecia. Ahora, que hace falta mucho tiempo. Y nuestras exigencias con respecto al tiempo son tan exorbitantes como las que reclama el corazón para mudar. En primer lugar, el tiempo es la cosa que cedemos con más trabajo, porque sufrimos mucho y estamos deseando que nuestro sufrir acabe. Luego, ese tiempo que necesita el otro corazón para cambiar le servirá al nuestro para cambiar también; de suerte que cuando nos sea accesible la finalidad que perseguíamos, ya no será tal finalidad para nosotros. Además, la idea de que será accesible, de que no hay ninguna felicidad que no podamos alcanzar cuando ya no sea tal felicidad, encierra una parte de verdad, pero tan sólo una parte. Nos coge la dicha ya en estado de indiferencia. Más cabalmente esa indiferencia es la que nos hace menos exigentes y nos inspira la creencia retrospectiva de que la felicidad nos hubiese hechizado en una época en que acaso nos habría parecido muy incompleta. No somos muy exigentes con cosas que no nos interesan ni sabemos juzgarlas bien. Una persona a la que no queremos se muestra amabilísima con nosotros, y esa amabilidad, que no hubiese bastado, ni mucho menos, para satisfacer a nuestro amor de antes, le parece exagerada a nuestra indiferencia de ahora. Oímos palabras cariñosas, proposiciones para vernos, y pensamos en el placer que antes nos habría cansado; pero no en las demás palabras y actos que con arreglo a nuestro deseo habrían debido venir inmediatamente detrás de aquéllos, y que quizá por la avidez misma de nuestro anhelo no se hubieran producido. De modo que no es seguro que la felicidad tardía, la que llega cuando ya no se la puede disfrutar, cuando no queda amor, sea exactamente la misma felicidad que antaño, por no querer entregársenos, nos hizo sufrir tanto. Sólo hay una persona capaz de decidir esta cuestión: nuestro yo de entonces; pero ése ya no está presente, y sin duda bastaría con que tornara para que la felicidad, idéntica o no, se desvaneciese.
En attendant ces réalisations après coup d′un rève auquel je ne tiendrais plus, à force d′inventer, comme au temps où je connaissais à peine Gilberte, des paroles, des lettres, où elle implorait mon pardon, avouait n′avoir jamais aimé que moi et demandait à m′épouser, une série de douces images incessamment recréées, finirent par prendre plus de place dans mon esprit que la vision de Gilberte et du jeune homme, laquelle n′était plus alimentée par rien. Je serais peut-être dès lors retourné chez Mme Swann sans un rêve que je fis et où un de mes amis, lequel n′était pourtant pas de ceux que je me connaissais, agissait envers moi avec la plus grande fausseté et croyait à la mienne. Brusquement réveillé par la souffrance que venait de me causer ce rêve et voyant qu′elle persistait, je repensai à lui, cherchai à me rappeler quel était l′ami que j′avais vu en dormant et dont le nom espagnol n′était déjà plus distinct. A la fois Joseph et Pharaon, je me mis à interpréter mon rêve. Je savais que dans beaucoup d′entre eux il ne faut tenir compte ni de l′apparence des personnes lesquelles peuvent être déguisées et avoir interchangé leurs visages, comme ces saints mutilés des cathédrales que des archéologues ignorants ont refaits, en mettant sur le corps de l′un la tête de l′autre, et en mêlant les attributs et les noms. Ceux que les êtres portent dans un rêve peuvent nous abuser. La personne que nous aimons doit y être reconnue seulement à la force de la douleur éprouvée. La mienne m′apprit que devenue pendant mon sommeil un jeune homme, la personne dont la fausseté récente me faisait encore mal était Gilberte. Je me rappelai alors que la dernière fois que je l′avais vue, le jour où sa mère l′avait empêchée d′aller à une matinée de danse, elle avait soit sincèrement, soit en le feignant, refusé tout en riant d′une façon étrange de croire à mes bonnes intentions pour elle. Par association, ce souvenir en ramena un autre dans ma mémoire. Longtemps auparavant, ç‘avait été Swann qui n′avait pas voulu croire à ma sincérité, ni que je fusse un bon ami pour Gilberte. Inutilement je lui avais écrit, Gilberte m′avait rapporté ma lettre et me l′avait rendue avec le même rire incompréhensible. Elle ne me l′avait pas rendue tout de suite, je me rappelai toute la scène derrière le massif de lauriers. On devient moral dès qu′on est malheureux. L′antipathie actuelle de Gilberte pour moi me sembla comme un châtiment infligé par la vie à cause de la conduite que j′avais eue ce jour-là. Les châtiments on croit les éviter, parce qu′on fait attention aux voitures en traversant, qu′on évite les dangers. Mais il en est d′internes. L′accident vient du côté auquel on ne songeait pas, du dedans, du cur. Les mots de Gilberte: «Si vous voulez, continuons à lutter» me firent horreur. Je l′imaginai telle, chez elle peut-être, dans la lingerie, avec le jeune homme que j′avais vu l′accompagnant dans l′avenue des Champs-Élysées. Ainsi, autant que (il y avait quelque temps) de croire que j′étais tranquillement installé dans le bonheur, j′avais été insensé, maintenant que j′avais renoncé à être heureux, de tenir pour assuré que du moins j′étais devenu, je pourrais rester calme. Car tant que notre cur enferme d′une façon permanente l′image d′un autre être, ce n′est pas seulement notre bonheur, qui peut à tout moment être détruit; quand ce bonheur est évanoui, quand nous avons souffert, puis, que nous avons réussi à endormir notre souffrance, ce qui est aussi trompeur et précaire qu′avait été le bonheur même, c′est le calme. Le mien finit par revenir, car ce qui, modifiant notre état moral, nos désirs, est entré, à la faveur d′un rêve, dans notre esprit, cela aussi peu à peu se dissipe, la permanence et la durée ne sont promises à rien, pas même à la douleur. D′ailleurs, ceux qui souffrent par l′amour sont comme on dit de certains malades, leur propre médecin. Comme il ne peut leur venir de consolation que de l′être qui cause leur douleur et que cette douleur est une émanation de lui, c′est en elle qu′ils finissent par trouver un remède. Elle le leur découvre elle-même à un moment donné, car au fur et à mesure qu′ils la retournent en eux, cette douleur leur montre un autre aspect de la personne regrettée, tantôt si haî²³able qu′on n′a même plus le désir de la revoir parce qu′avant de se plaire avec elle il faudrait la faire souffrir, tantôt si douce que la douceur qu′on lui prête on lui en fait un mérite et on en tire une raison d′espérer. Mais la souffrance qui s′était renouvelée en moi eut beau finir par s′apaiser, je ne voulus plus retourner que rarement chez Mme Swann. C′est d′abord que chez ceux qui aiment et sont abandonnés, le sentiment d′attente — même d′attente inavouée — dans lequel ils vivent se transforme de lui-même, et bien qu′en apparence identique, fait succéder à un premier état, un second extrêmement identique, fait succéder á un premier état, un second exactement contraire. Le premier était la suite, le reflet des incidents douloureux qui nous avaient bouleversés. L′attente de ce qui pourrait se produire est mêlée d′effroi, d′autant plus que nous désirons à ce moment-là, si rien de nouveau ne nous vient du côté de celle que nous aimons, agir nous-même, et nous ne savons trop quel sera le succès d′une démarche après laquelle il ne sera peut-être plus possible d′en entamer d′autre. Mais bientôt, sans que nous nous en rendions compte, notre attente qui continue est déterminée, nous l′avons vu, non plus par le souvenir du passé que nous avons subi, mais par l′espérance d′un avenir imaginaire. Dès lors, elle est presque agréable. Puis la première en durant un peu, nous a habitués à vivre dans l′expectative. La souffrance que nous avons éprouvée durant nos derniers rendez-vous, survit encore en nous, mais déjà ensommeillée. Nous ne sommes pas trop pressés de la renouveler, d′autant plus que nous ne voyons pas bien ce que nous demanderions maintenant. La possession d′un peu plus de la femme que nous aimons ne ferait que nous rendre plus nécessaire ce que nous ne possédons pas, et qui resterait malgré tout, nos besoins naissant de nos satisfactions, quelque chose d′irréductible. Y mientras que esperaba que se realizaran, ya fuera de sazón, esas ilusiones que ya no me ilusionarían, a fuerza de inventar, como en aquella época en que apenas conocía a Gilberta, frases y cartas donde me pedía perdón, confesando que nunca quiso a nadie sino a mí, y expresaba el deseo de casarse conmigo, resultó que una serie de gratas imágenes incesantemente concebidas fue ocupando en mi ánimo mayor espacio que la visión de Gilberta y el muchacho, que ya no tenía dónde nutrirse. Y quizá desde entonces hubiera vuelto a casa de la señora de Swann, a no ser por un sueño que tuve, en el cual se me representó que un amigo mío, para mi desconocido sin embargo, era muy falso en su proceder conmigo y se imaginaba que yo hacía lo mismo con él. Me despertó de pronto el dolor que me causó el sueño, y al ver que persistía, reflexioné sobre lo que había soñado, quise recordar cuál era el amigo que vi cuando dormido, y cuyo nombre, español, se me aparecía ya indiscernible. Haciendo a la vez de Faraón y de José, me puse a interpretar mi sueño. No ignoraba yo que en muchos sueños no se debe hacer caso de la apariencia de las personas, que pueden estar disfrazadas y haber cambiado de caras, como esos santos mutilados de las catedrales que recompusieron, ignorantes arqueólogos colocando en los hombros de uno la cabeza del otro y confundiendo atributos y nombres. Los que optan las personas en los sueños pueden inducirnos a error. Debe reconocerse el ser amado tan sólo por lo intenso del dolor que sentimos. Y el dolor mío me dijo que, aunque convertida duran te el sueño en muchacho, la persona cuya reciente falsía me apenaba era Gilberta. Recordé entonces que el último día que nos vimos, cuando su madre no la dejó que fuera a la lección de baile, Gilberta a lo hiciese de veras, ya de mentira, se negó a creer en la rectitud de mis intenciones, riéndose con una risita muy rara. Y por asociación de ideas, tras ese recuerdo me vino otro a la memoria. Mucho tiempo atrás Swann fué el que no quiso creer en mi sinceridad ni me consideró un buen amigo de Gilberta. Le escribí, pero inútilmente; Gilberta trajo la carta y me la devolvió con la misma inexplicable risita. Es decir, no me la devolvió en seguida; me acordaba de toda la escena ocurrida tras el bosquecillo de laureles. Cuando es uno desgraciado se vuelve muy moral. Y la antipatía presente de Gilberta se me representó como un castigo que me infligía la vida por mi proceder de aquella tarde. Cree uno evitar los castigos porque se evitan los peligros teniendo mucho cuidado con los coches al cruzar la calle. Pero hay castigos internos. El accidente llega siempre. por el lado que menos esperábamos, de dentro, del corazón. Pensé con horror en las palabras de Gilberta: “Si quiere usted, podemos luchar otro poco”. Y me la imaginaba en trance análogo, quizá en su misma casa, en el cuarto de la ropa, con el muchacho que la acompañaba por los Campos Elíseos. Así, que tan insensato era hacía algún tiempo al figurarme que estaba tranquilamente instalado en el dominio de la felicidad, como ahora, cuando ya había renunciado a ser feliz, al dar por seguro que me encontraba tranquilo y que seguiría así. Porque mientras que nuestro corazón siga encerrando de un modo permanente la imagen de otro ser, no es sólo nuestra felicidad la que está en peligro constante de destrucción; si la felicidad se desvanece, y después de sufrir tanto logramos adormecer nuestro sufrimiento, esa calma es tan precaria y engañosa como lo fue la felicidad. Mi tranquilidad retornó al cabo, porque todo lo que se entra en nuestro ánimo a favor de un sueño se disipa poco a poco; porque a nada cumple permanecer ni durar, ni siquiera al dolor. Además, los que padecen pena de amor son, como suele decirse de algunos enfermos, sus mejores médicos. Como no pueden hallar consuelo fuera del que provenga de la persona causa del dolor, dolor que es emanación de esa persona, en ella misma acaban por encontrar remedio. Ese mismo ser amado les descubre la medicina, porque a fuerza de ir dando vueltas al dolor dentro del ánimo, ese dolor les muestra un aspecto distinto de la persona perdida: o tan odioso que ya no se tienen ganas de verla, porque antes de llegar a gozar con su presencia sería menester mucho sufrimiento. o tan dulce que se considera esa dulzura como un mérito de la amada, del cual se saca una razón de esperanza. Pero aunque se apaciguó aquella pena que de nuevo se despertara en mí, no quise volver por la casa de la señora de Swann más que muy de tarde en tarde. Primero, porque en las personas que quieren y no son correspondidas, el sentimiento de espera – aunque sea de espera no confesada– se transforma por sí mismo, y aunque en apariencia idéntico, acarrea a continuación de un primer estado otro exactamente contrario. El primero era consecuencia y reflejo de los incidentes dolorosos que nos trastornaron. La espera de lo que pueda ocurrir va trabada con el miedo, porque en ese momento deseamos, si la amada no da ningún paso, darlo nosotros. y no sabemos cuál será. el éxito de ese acto, que una vez realizado no deja ya lugar para otro más. Pero muy pronto, e inconscientemente, esa nuestra espera, que aun continúa, no está determinada ya, como vimos, por el recuerdo del doloroso pasado, sino por la esperanza de un porvenir imaginario. Y desde ese momento casi es agradable. Y como aquella primera duró un poco, ya nos acostumbramos a vivir en la expectativa. Persiste el dolor que sentimos en nuestras últimas conversaciones, pero ya muy amortiguado. No nos corre prisa renovar esa pena porque ahora no sabemos qué pedir. El poseer un poco más de la mujer amada no nos serviría sino para hacernos mucho más necesario lo que no poseemos, lo que a pesar de todo seguiría irreductible, ya que nuestros deseos nacen de nuestras satisfacciones.
Enfin une dernière raison s′ajouta plus tard à celle-ci pour me faire cesser complètement mes visites à Mme Swann. Cette raison, plus tardive, n′était pas que j′eusse encore oublié Gilberte, mais de tâcher de l′oublier plus vite. Sans doute, depuis que ma grande souffrance était finie, mes visites chez Mme Swann étaient redevenues pour ce qui me restait de tristesse, le calmant et la distraction qui m′avaient été si précieux au début. Mais la raison de l′efficacité du premier faisait aussi l′inconvénient de la seconde, à savoir qu′à ces visites le souvenir de Gilberte était intimement mêlé. La distraction ne m′eût été utile que si elle eût mis en lutte avec un sentiment que la présence de Gilberte n′alimentait plus, des pensées, des intérêts, des passions où Gilberte ne fût entrée pour rien. Ces états de conscience auxquels l′être qu′on aime reste étranger occupent alors une place qui, si petite qu′elle soit d′abord est autant de retranché à l′amour qui occupait l′âme tout entière. Il faut chercher à nourrir, à faire croître ces pensées, cependant que décline le sentiment qui n′est plus qu′un souvenir, de façon que les éléments nouveaux introduits dans l′esprit, lui disputent, lui arrachent une part de plus en plus grande de l′âme, et finalement la lui dérobent toute. Je me rendais compte que c′était la seule manière de tuer un amour et j′étais encore assez jeune, assez courageux pour entreprendre de le faire, pour assumer la plus cruelle des douleurs qui naît de la certitude, que, quelque temps qu′on doive y mettre, on réussira. La raison que je donnais maintenant dans mes lettres à Gilberte, de mon refus de la voir, c′était une allusion à quelque mystérieux malentendu, parfaitement fictif, qu′il y aurait eu entre elle et moi et sur lequel j′avais espéré d′abord que Gilberte me demanderait des explications. Mais, en fait, même dans les relations les plus insignifiantes de la vie, un éclaircissement n′est sollicité par un correspondant qui sait qu′une phrase obscure, mensongère, incriminatrice, est mise à dessein pour qu′il proteste, et qui est trop heureux de sentir par là qu′il possède, — et de garder — la maîtrise et l′initiative des opérations. A plus forte raison en est-il de même dans des relations plus tendres, où l′amour a tant d′éloquence, l′indifférence si peu de curiosité. Gilberte n′ayant pas mis en doute ni cherché à connaître ce malentendu, il devint pour moi quelque chose de réel auquel je me référais dans chaque lettre. Et il y a dans ces situations prises à faux, dans l′affectation de la froideur, un sortilège qui vous y fait persévérer. A force d′écrire: «Depuis que nos curs sont désunis» pour que Gilberte me répondit: «Mais ils ne le sont pas, expliquons-nous», j′avais fini par me persuader qu′ils l′étaient. En répétant toujours: «La vie a pu changer pour nous, elle n′effacera pas le sentiment que nous eûmes», par désir de m′entendre dire enfin: «Mais il n′y a rien de changé, ce sentiment est plus fort que jamais», je vivais avec l′idée que la vie avait changé en effet, que nous garderions le souvenir du sentiment qui n′était plus, comme certains nerveux pour avoir simulé une maladie finissent par rester toujours malades. Maintenant chaque fois que j′avais à écrire à Gilberte, je me reportais à ce changement imaginé et dont l′existence désormais tacitement reconnue par le silence qu′elle gardait à ce sujet dans ses réponses, subsisterait entre nous. Puis Gilberte cessa de s′en tenir à la prétérition. Elle-même adopta mon point de vue; et, comme dans les toasts officiels, où le chef d′État qui est reçu reprend peu à peu les mêmes expressions dont vient d′user le chef d′État qui le reçoit, chaque fois que j′écrivais à Gilberte: «La vie a pu nous séparer, le souvenir du temps où nous nous connûmes durera» elle ne manqua pas de répondre: «La vie a pu nous séparer, elle ne pourra nous faire oublier les bonnes heures qui nous seront toujours chères» (nous aurions été bien embarrassé de dire pourquoi «la vie» nous avait séparés, quel changement s′était produit). Je ne souffrais plus trop. Pourtant un jour où je lui disais dans une lettre que j′avais appris la mort de notre vieille marchande de sucre d′orge des Champs-Élysées, comme je venais d′écrire ces mots: «J′ai pensé que cela vous a fait de la peine, en moi cela a remué bien des souvenirs», je ne pus m′empêcher de fondre en larmes en voyant que je parlais au passé, et comme s′il s′agissait d′un mort déjà presque oublié, de cet amour auquel malgré moi je n′avais jamais cessé de penser comme étant vivant, pouvant du moins renaître. Rien de plus tendre que cette correspondance entre amis qui ne voulaient plus se voir. Les lettres de Gilberte avaient la délicatesse de celles que j′écrivais aux indifférents et me donnaient les mêmes marques apparentes d′affection si douces pour moi à recevoir d′elle. Y por fin, hubo otra última razón, a más de la expuesta, para que dejara de visitar a la señora de Swann. Esta razón, más tardía, no era el haberme olvidado ya de Gilberta, sino mi deseo de olvidarla lo antes posible. Cierto que terminado ya mi gran dolor, aquellas visitas a la señora de Swann habrían vuelto a ser, como lo fueron al principio, precioso calmante y distracción. Pero justamente la eficacia del calmante constituía el inconveniente de la distracción, a saber: que el recuerdo de Gilberta estaba íntimamente unido a dichas visitas. Sólo me habría sido útil la distracción en el caso de haber puesto en pugna un sentimiento al que no contribuyera la presencia de Gilberta con pensamientos, intereses y pasiones en que Gilberta nada tuviese que ver. Esos estados de conciencia donde no penetra el ser amado ocupan un lugar en el ánimo todo lo pequeño que se quiera al principio, pero que es ya un espacio vedado para aquel amor que llenaba el alma entera. Hay que hacer por acrecer esos pensamientos y darles pábulo, mientras que va declinando el sentimiento, que no es ya más que un recuerdo, de manera que los nuevos elementos introducidos en el alma le disputen y le arranquen una parte cada vez mayor de sus dominios y acaben por conquistársela toda. Me daba yo cuenta de que ésa era la única manera de matar un amor, y era lo bastante joven y animoso para intentar la empresa, para asumir el dolor más terrible de todos: el nacido de la certidumbre de que aunque nos cueste mucho tiempo nos saldremos con nuestro empeño. El motivo que alegaba yo ahora en mis cartas para negarme a ver a Gilberta era la alusión a una mala inteligencia misteriosa entre nosotros, completamente ficticia, claro; al principio supuse que Gilberta me pediría que se la explicara. Pero en realidad, nunca, ni siquiera en las más insignificantes relaciones de la vida, se da el caso de que solicite una aclaración la persona que sabe que esa frase obscura, mentirosa y recriminatoria que se le pone en una carta está escrita a propósito para que ella proteste; y se alegra mucho de ver por ese detalle que ella tiene y conserva –al no contestarla– la iniciativa de las operaciones. Y con mayor motivo ocurre eso en relaciones más íntimas, donde el amor se muestra tan elocuente y la indiferencia tan poco curiosa. Y como Gilberta no puso en duda aquella mala interpretación ni hizo por averiguar cuál era, se convirtió para mí en una cosa real, y a ella me refería en todas mis cartas. Esas posiciones tomadas en falso, esa afectación de frialdad tienen tal sortilegio, que nos hacen perseverar en nuestra actitud. A fuerza de escribir: “Nuestros corazones se han separado”, con objeto de que Gilberta me contestara: “No, no es cierto, vamos a explicarnos”, acabé por convencerme de que lo estaban. Como repetía constantemente: “La vida ha cambiado para nosotros, pero no podrá borrar el amor que nos tuvimos”, deseando que Gilberta me dijera por fin: “No hay ningún cambio, ese amor es más fuerte que nunca”, llegué a vivir con la idea de que la vida efectivamente había cambiado y de que conservaríamos el recuerdo de un amor ya inexistente: al igual de esas personas nerviosas que por haber fingido una enfermedad la padecen realmente ya para siempre. Ahora, cada vez que escribía a Gilberta referíame a ese cambio imaginario, cuya existencia, tácitamente reconocida por ella con el silencio que a este respecto guardaba en sus cartas, habría de subsistir entre nosotros. Gilberta dejó de atenerse a la preterición de esa idea. También ella adoptó mi modo de pensar; y como en los brindis oficiales, donde el jefe de Estado extranjero repite poco más o menos las mismas frases de que se sirvió el jefe de Estado que lo recibe, Gilberta, siempre que yo le escribía: “La vida pudo separarnos, pero persistirá el recuerdo de la época que nos tratamos”, me respondía invariablemente: “La vida pudo separarnos, pero no nos hará olvidar las excelentes horas, recordadas siempre con cariño” (y nos hubiéramos visto en un aprieto para explicar por qué la “vida” nos había separado y cuál era el cambio ese). Yo no sufría ya mucho. Sin embargo, cierta vez dije a Gilberta en una carta que me había enterado de que se había muerto la viejecita que nos vendía barritas de caramelo en los Campos Elíseos; al acabar de escribir estas palabras: “Creo que esto le habrá a usted dado pena, a mí me ha removido muchísimos recuerdos”, no pude por menos de romper a llorar viendo que hablaba en pretérito, y como si se tratara de un muerto casi olvidado ya, de ese amor que a pesar mío siempre consideré vivo; al menos, capaz de renacer. Nada más tierno que ese epistolario entre amigos que no querían verse. Las cartas de Gilberta mostraban la delicadeza de las que yo escribía a las personas que me eran indiferentes, y aparentemente me daban esas pruebas de afecto que tan gratas– me eran por venir de ella.
D′ailleurs peu à peu chaque refus de la voir me fit moins de peine. Et comme elle me devenait moins chère, mes souvenirs douloureux n′avaient plus assez de force pour détruire dans leur retour incessant la formation du plaisir que j′avais à penser à Florence, à Venise. Je regrettais à ces moments-là d′avoir renoncé à entrer dans la diplomatie et de m′être fait une existence sédentaire, pour ne pas m′éloigner d′une jeune fille que je ne verrais plus et que j′avais déjà presque oubliée. On construit sa vie pour une personne et quand enfin on peut l′y recevoir, cette personne ne vient pas, puis meurt pour vous et on vit prisonnier, dans ce qui n′était destiné qu′à elle. Si Venise semblait à mes parents bien lointain et bien fiévreux pour moi, il était du moins facile d′aller sans fatigue s′installer à Balbec. Mais pour cela il eût fallu quitter Paris, renoncer à ces visites, grâce auxquelles, si rares qu′elles fussent, j′entendais quelquefois Mme Swann me parler de sa fille. Je commençais du reste à y trouver tel ou tel plaisir où Gilberte n′était pour rien. Poco a poco me fué siendo menos doloroso el negarme a verla. Y como le tenía menos cariño, los recuerdos tristes carecían ahora de la fuerza necesaria para destruir con sus incesantes asaltos la formación del placer que yo sentía pensando en Florencia y en Venecia. En esos momentos lamentaba yo no haber entrado en la carrera diplomática, y aquella existencia sedentaria que me creé para no separarme de una muchacha ya casi olvidada y a la que no vería nunca. Edifica uno su vida para determinada persona, y cuando ya está todo dispuesto para recibirla, no viene, muere para nosotros, y tenemos que vivir prisioneros en la morada que labramos para ella. Venecia era, en opinión de mis padres, lugar muy distante y de muchas fiebres para mí; pero ya no era tan difícil instalarse cómodamente en Balbec. Ahora, que para eso sería menester irse de París, renunciar a aquellas visitas que aunque muy espaciadas ya, me daban ocasión algunas veces de oír hablar de su hija a la señora de Swann. Pero ya empezaba yo a encontrar agrado en tal o cual placer don de Gilberta no figuraba para nada.
Quand le printemps approcha, ramenant le froid, au temps des Saints de glace et des giboulées de la Semaine Sainte, comme Mme Swann trouvait qu′on gelait chez elle, il m′arrivait souvent de la voir recevant dans des fourrures, ses mains et ses épaules frileuses disparaissant sous le blanc et brillant tapis d′un immense manchon plat et d′un collet, tous deux d′hermine, qu′elle n′avait pas quittés en rentrant et qui avaient l′air des derniers carrés des neiges de l′hiver plus persistants que les autres et que la chaleur du feu ni le progrès de la saison n′avaient réussi à fondre. Et la vérité totale de ces semaines glaciales mais déjà fleurissantes était suggérée pour moi dans ce salon, où bientôt je n′irais plus, par d′autres blancheurs plus enivrantes, celles par exemple, des «boules de neige» assemblant au sommet de leurs hautes tiges nues comme les arbustes linéaires des préraphaélites, leurs globes parcellés mais unis, blancs comme des anges annonciateurs et qu′entourait une odeur de citron. Car la châtelaine de Tansonville savait qu′avril, même glacé, n′est pas dépourvu de fleurs, que l′hiver, le printemps, l′été, ne sont pas séparés par des cloisons aussi hermétiques que tend à le croire le boulevardier qui jusqu′aux premières chaleurs s′imagine le monde comme renfermant seulement des maisons nues sous la pluie. Que Mme Swann se contentât des envois que lui faisait son jardinier de Combray, et que par l′intermédiaire de sa fleuriste «attitrée» elle ne comblât pas les lacunes d′une insuffisante évocation à l′aide d′emprunts faits à la précocité méditerranéenne, je suis loin de le prétendre et je ne m′en souciais pas. Il me suffisait pour avoir la nostalgie de la campagne, qu′à côté des névés du manchon que tenait Mme Swann, les boules de neige (qui n′avaient peut-être dans la pensée de la maîtresse de la maison d′autre but que de faire, sur les conseils de Bergoe, «symphonie en blanc majeur» avec son ameublement et sa toilette) me rappelassent que l′Enchantement du Vendredi Saint figure un miracle naturel auquel on pourrait assister tous les ans si l′on était plus sage, et aidées du parfum acide et capiteux de corolles d′autres espèces dont j′ignorais les noms et qui m′avait fait rester tant de fois en arrêt dans mes promenades de Combray, rendissent le salon de Mme Swann aussi virginal, aussi candidement fleuri sans aucune feuille, aussi surchargé d′odeurs authentiques, que le petit raidillon de Tansonville. Cuando se acercaba la primavera, trayendo otra vez el frío, en la época de los Santos, de las heladas y de los aguaceros de Semana Santa, la señora de Swann, como se le figuraba que su casa estaba helada, solía recibirme envuelta en pieles; desaparecían, frioleros, hombros y manos bajo el blanco y brillante tapiz de otra esclavina y un inmenso manguito, ambos de armiño, que no se quitó al volver de la calle, y que parecían los últimos bloques de nieve inverniza, más persistentes que los demás, y que no lograron derretir ni el calor del fuego ni los asomos de la primavera. Y la verdad completa de esas semanas glaciales, pero ya de floración, érame sugerida en aquel salón, al que iba a dejar de ir muy pronto, por otras blancuras aun más embriagadoras por ejemplo, la de las flores llamadas “bolitas de nieve”, que juntaban en lo alto de sus largos tallos desnudos, como los árboles lineales de los primitivos, sus globitos apretados unos a otros, blancos como ángeles de anunciación y envueltos en un olor a limonero. Porque la dueña de Tansonville sabía que a abril, aunque helado, no le faltan flores; que invierno, primavera y estío no están separados por barreras tan herméticas como cree el hombre de boulevard, el cual se imagina que mientras no lleguen los primeros calores en el mundo no hay otra cosa que casas agobiadas por la lluvia. La señora de Swann se contentaba con lo que le mandaba su jardinero de Combray, y no apelaba a su florista oficial para llenar las lagunas de aquella insuficiente evocación, con préstamos solicitados de la precocidad mediterránea; pero no tenía yo la pretensión de que lo hiciese, ni lo necesitaba. Para sentir la nostalgia del campo bastábame que, juntamente con las nievecillas del manguito, las bolas de nieve (que quizá en el ánimo de la dueña de la casa no tenían más objeto que componer, por consejo de Bergotte, “sinfonía en blanco mayor” con el mobiliario y con su traje) me recordaran que el Encanto del Viernes Santo representa un milagro natural, al cual podríamos asistir todos los años de no ser tan insensatos; y que dichas flores, ayudadas por el perfume ácido y espirituoso de otras corolas que no sé cómo se llamaban, pero que me hicieron quedarme parado muchas veces en el curso de mis paseos de Combray, convirtiesen el salón de la señora de Swann en paraje tan virginal, tan cándidamente florido sin hoja alguna, tan repleto de olores auténticos como la veredita de Tansonville.
Mais c′était encore trop que celui-ci me fût rappelé. Son souvenir risquait d′entretenir le peu qui subsistait de mon amour pour Gilberte. Aussi, bien que je ne souffrisse plus du tout durant ces visites à Mme Swann, je les espaçai encore et cherchai à la voir le moins possible. Tout au plus, comme je continuais à ne pas quitter Paris, me concédai-je certaines promenades avec elle. Les beaux jours étaient enfin revenus, et la chaleur. Comme je savais qu′avant le déjeuner Mme Swann sortait pendant une heure et allait faire quelques pas avenue du Bois, près de l′Étoile, et de l′endroit qu′on appelait alors, à cause des gens qui venaient regarder les riches qu′ils ne connaissaient que de nom, le «Club des Pannés» — j′obtins de mes parents que le dimanche, — car je n′étais pas libre en semaine à cette heure-là, — je pourrais ne déjeuner que bien après eux, à une heure un quart, et aller faire un tour auparavant. Je n′y manquai jamais pendant ce mois de mai, Gilberte étant allée à la campagne chez des amies. J′arrivais à l′Arc-de-Triomphe vers midi. Je faisais le guet à l′entrée de l′avenue, ne perdant pas des yeux le coin de la petite rue par où Mme Swann qui n′avait que quelques mètres à franchir, venait de chez elle. Comme c′était déjà l′heure où beaucoup de promeneurs rentraient déjeuner, ceux qui restaient étaient peu nombreux et, pour la plus grande part, des gens élégants. Tout d′un coup, sur le sable de l′allée, tardive, alentie et luxuriante comme la plus belle fleur et qui ne s′ouvrirait qu′à midi, Mme Swann apparaissait, épanouissant autour d′elle une toilette toujours différente mais que je me rappelle surtout mauve; puis elle hissait et déployait sur un long pédoncule, au moment de sa plus complète irradiation, le pavillon de soie d′une large ombrelle de la même nuance que l′effeuillaison des pétales de sa robe. Toute une suite l′environnait; Swann, quatre ou cinq hommes de club qui étaient venus la voir le matin chez elle ou qu′elle avait rencontrés: et leur noire ou grise agglomération obéissante, exécutant les mouvements presque mécaniques d′un cadre inerte autour d′Odette, donnait l′air à cette femme qui seule avait de l′intensité dans les yeux, de regarder devant elle, d′entre tous ces hommes, comme d′une fenêtre dont elle se fût approchée, et la faisait surgir, frêle, sans crainte, dans la nudité de ses tendres couleurs, comme l′apparition d′un être d′une espèce différente, d′une race inconnue, et d′une puissance presque guerrière, grâce à quoi elle compensait à elle seule sa multiple escorte. Souriante, heureuse du beau temps, du soleil qui n′incommodait pas encore, ayant l′air d′assurance et de calme du créateur qui a accompli son uvre et ne se soucie plus du reste, certaine que sa toilette, — dussent des passants vulgaires ne pas l′apprécier, — était la plus élégante de toutes, elle la portait pour soi-même et pour ses amis, naturellement, sans attention exagérée, mais aussi sans détachement complet; n′empêchant pas les petits nuds de son corsage et de sa jupe de flotter légèrement devant elle comme des créatures dont elle n′ignorait pas la présence et à qui elle permettait avec indulgence de se livrer à leurs jeux, selon leur rythme propre, pourvu qu′ils suivissent sa marche, et même sur son ombrelle mauve que souvent elle tenait encore fermée quand elle arrivait, elle laissait tomber par moment comme sur un bouquet de violettes de Parme, son regard heureux et si doux que quand il ne s′attachait plus à ses amis mais à un objet inanimé, il avait l′air de sourire encore. Elle réservait ainsi, elle faisait occuper à sa toilette cet intervalle d′élégance dont les hommes à qui Mme Swann parlait le plus en camarades, respectaient l′espace et la nécessité, non sans une certaine déférence de profanes, un aveu de leur propre ignorance, et sur lequel ils reconnaissaient à leur amie comme à un malade sur les soins spéciaux qu′il doit prendre, ou comme à une mère sur l′éducation de ses enfants, compétence et juridiction. Non moins que par la cour qui l′entourait et ne semblait pas voir les passants, Mme Swann, à cause de l′heure tardive de son apparition, évoquait cet appartement où elle avait passé une matinée si longue et où il faudrait qu′elle rentrât bientôt déjeuner; elle semblait en indiquer la proximité par la tranquillité flâneuse de sa promenade, pareille à celle qu′on fait à petits pas dans son jardin; de cet appartement on aurait dit qu′elle portait encore autour d′elle l′ombre intérieure et fraîche. Mais, par tout cela même, sa vue ne me donnait que davantage la sensation du plein air et de la chaleur. D′autant plus que déjà persuadé qu′en vertu de la liturgie et des rites dans lesquels Mme Swann était profondément versée, sa toilette était unie à la saison et à l′heure par un lien nécessaire, unique, les fleurs de son inflexible chapeau de paille, les petits rubans de sa robe me semblaient naître du mois de mai plus naturellement encore que les fleurs des jardins et des bois; et pour connaître le trouble nouveau de la saison, je ne levais pas les yeux plus haut que son ombrelle, ouverte et tendue comme un autre ciel plus proche, rond, clément, mobile et bleu. Car ces rites, s′ils étaient souverains, mettaient leur gloire, et par conséquent Mme Swann mettait la sienne à obéir avec condescendance, au matin, au printemps, au soleil, lesquels ne me semblaient pas assez flattés qu′une femme si élégante voulût bien ne pas les ignorer, et eût choisi à cause d′eux une robe d′une étoffe plus claire, plus légère, faisant penser, par son évasement au col et aux manches, à la moiteur du cou et des poignets, fît enfin pour eux tous les frais d′une grande dame qui s′étant gaîment abaissée à aller voir à la campagne des gens communs et que tout le monde, même le vulgaire, connaît, n′en a pas moins tenu à revêtir spécialement pour ce jour-là une toilette champêtre. Dès son arrivée, je saluais Mme Swann, elle m′arrêtait et me disait: «Good morning» en souriant. Nous faisions quelques pas. Et je comprenais que ces canons selon lesquels elle s′habillait, c′était pour elle-même qu′elle y obéissait, comme à une sagesse supérieure dont elle eût été la grande prêtresse: car s′il lui arrivait qu′ayant trop chaud, elle entr′ouvrît, ou même ôtât, tout à fait et me donnât à porter sa jaquette qu′elle avait cru garder fermée, je découvrais dans la chemisette mille détails d′exécution qui avaient eu grande chance de rester inaperçus comme ces parties d′orchestre auxquelles le compositeur a donné tous ses soins, bien qu′elles ne doivent jamais arriver aux oreilles du public; ou dans les manches de la jaquette pliée sur mon bras je voyais, je regardais longuement par plaisir ou par amabilité, quelque détail exquis, une bande d′une teinte délicieuse, une satinette mauve habituellement cachée aux yeux de tous, mais aussi délicatement travaillée que les parties extérieures, comme ces sculptures gothiques d′une cathédrale dissimulées au revers d′une balustrade à quatre-vingts pieds de hauteur, aussi parfaites que les bas-reliefs du grand porche, mais que personne n′avait jamais vues avant qu′au hasard d′un voyage, un artiste n′eût obtenu de monter se promener en plein ciel, pour dominer toute la ville, entre les deux tours. Pero aun esto era ya mucho recordar. Ese recuerdo podía dar pábulo al poco amor que me inspiraba aún Gilberta. De modo que aunque ya no me eran dolorosas aquellas visitas, las espacié más todavía é hice por ver lo menos posible ala señora de Swann. Lo más que me permití, ya que seguía sin moverme de París, fueron algunos paseos en su compañía. Ahora ya habían vuelto los días buenos, y con ellos el calor. Sabía yo que la señora de Swann, antes de almorzar, salía un rato e iba a pasearse por la avenida del Bosque, junto a la Estrella, muy cerca del sitio que entonces se llamaba el Club de los Desharrapados, porque allí se solían colocar los pobres mirones que no conocían a los ricos más que de nombre; yo tenía que hacer a esa hora los días de entre semana, pero logré que los domingos me dejaran mis padres almorzar bastante después que ellos, a la una y cuarto, para poder ir antes a dar una vuelta. Y durante aquel mes de mayo no falté ningún domingo, porque Gilberta se había ido a pasar unos días al campo con unas amigas. Llegaba al Arco de Triunfo a eso de las doce. Me ponía al acecho a la entrada de la Avenida, sin quitar ojo de la esquina de la calle por donde habría de aparecer la señora ‘de Swann, que sólo tenía que andar unos cuantos metros desde su casa para llegar allí. A aquella hora muchos paseantes se retiraban ya a almorzar, de modo que quedaba poca gente, y en su mayor parte gente elegante. De repente se mostraba en la amarilla arena de la Avenida la señora de Swann, tardía, despaciosa y lozana, como flor hermosísima que no se abre hasta la hora de mediodía, desplegando una toilette siempre nueva y por lo general color malva; en seguida izaba y abría, sustentada en un largo pedúnculo, y en el momento de su más completa irradiación, el pabellón de seda de una amplia sombrilla del mismo tono que aquellos pétalos que se deshojaban en su falda. Rodeábala todo un séquito: Swann y cuatro o cinco caballeros de club que habían ido aquella mañana a verla a su casa o que la habían encontrado por el camino: la obediente aglomeración gris o negra de aquellos hombres ejecutaba los movimientos casi mecánicos de un marco inerte que encuadrara a Odette, de modo que aquella mujer, que tenía intensidad tan sólo en los ojos parecía como que miraba hacia adelante, allí entre todos esos hombres, como desde una ventana a la que se había acercado, y de ese modo surgía frágil, sin miedo, en la desnudez de sus suaves colores, cual aparición de un ser de distinta especie, de raza desconocida, y casi de bélica potencia, por lo cual compensaba ella sola lo numeroso de su escolta. Sonreía, Contenta por lo hermoso del día, por el sol, que aún no molestaba, con el aspecto de seguridad y de calma del creador que cumplió su obra y ya no se preocupa por nada más, convencida de que su toilette – aunque los vulgares transeúntes no lo apreciaran - era la más elegante de todas; la llevaba para placer suyo y de sus amigos, con naturalidad, sin atención exagerada, pero tampoco con total descuido; y no se oponía a que los lacitos de su blusa y de su falda flotaran levemente por delante de ella, como criaturas de cuya presencia se daba cuenta y a las que dejaba entregarse a sus juegos indulgentemente, y según su propio ritmo, con tal de que la siguieran en su marcha; hasta en la sombrilla color malva, que muchas veces traía cerrada al llegar, posaba, como en un ramito de violetas de Parma, aquella su mirada dichosa y tan suave, que cuando ya no se fijaba en sus amigos, sino en un objeto inanimado, aún parecía que estaba sonriendo. Así, reservaba la señora de Swann a su toilette ese adecuado terreno, ese intervalo de elegancia, cuya necesidad y espacio respetaban con cierta deferencia de profanos, confesión de su propia ignorancia, hasta los hombres que más familiarmente trataba Odette, y en el que reconocían a su amiga competencia y jurisdicción, como a un enfermo respecto a los cuidados especiales que su estado reclama o a una madre para con sus hijos. La señora de Swann evocaba aquella casa donde pasó una mañana tan dilatada y donde pronto entraría para almorzar, no sólo por la corte que la rodeaba, sin darse por enterada de la existencia de los transeúntes, y por la avanzada hora de su aparición, sino que la ociosa serenidad de su paseo, como el lento paseo por un jardín particular, indicaba lo próximo de aquella casa, y parecía como si la sombra íntima y fresca de sus habitaciones siguiera envolviéndola todavía. Pero por eso precisamente el ver a la señora de Swann me daba una sensación aún más plena de aire libre y de calor. A lo cual contribuía mi persuasión de que gracias a la liturgia y a los ritos en que tan versada estaba la señora de Swann existía entre su toilette y la estación del año y la hora del día un lazo necesario y único, de suerte que las florecillas de su rígido sombrero de paja y los lacitos de su traje se me antojaban aún más natural producto del mes de mayo que las flores de bosques y jardines; y para sentir la nueva inquietud de la primavera bastábame con alzar la vista hasta la estirada tela de su abierta sombrilla, que era un cielo cóncavo, clemente, móvil y azulado, un cielo más cercano que el otro. Porque esos ritos, aunque soberanos blasonaban, y lo mismo blasonaba la señora de Swann, de condescendiente obediencia a la mañana, a la primavera y al sol, que por cierto no se mostraban lo bastante lisonjeados de que una mujer tan elegante se hubiera acordado de ellos y escogido por su causa un traje más ligero y más claro (traje que al ensancharse en el cuello y en las mangas traía a la imaginación la idea de un suave mador en el cuello y las muñecas de Odette) y no agradecían como era debido todas aquellas atenciones, semejantes a la de una gran señora que se rebaja a ir al campo a ver a una familia ordinaria y conocida de todo el mundo y tiene la delicadeza de ponerse ese día especialmente un traje de campo. Yo la saludaba apenas llegaba; parábame ella y me decía, toda sonriente: Good morning! Andábamos un poco. Y me daba yo cuenta de que aquellos cánones a que se sujetaba Odette en su vestir los acataba por consideración consigo misma, como a divina doctrina de la que ella fuese gran sacerdotisa; porque si tenía calor y se desabrochaba la levita o se la quitaba, dándomela a mí para que se la llevara, descubría yo en la blusa mil detalles de ejecución que corrieron grave riesgo de ser ignorados, puesto que ella al salir de casa no pensaba en destaparse la blusa, semejantes a esas partes de orquesta que el compositor cuida con extremo celo aunque nunca hayan de llegar al oído del público; o bien me encontraba en las mangas de la chaqueta que llevaba al brazo con algún detalle exquisito, que admiraba yo largamente por gusto y por cumplido: una tira de delicioso tono de color, un raso malva, detalles ocultos por lo general a todas las miradas, pero trabajados con igual delicadeza que los elementos exteriores, cual esas esculturas góticas de una catedral disimuladas en la parte de dentro de una barandilla, a ochenta pies de altura, tan perfectas como los bajorrelieves del pórtico central, y que nadie viera hasta el día que un artista forastero las descubrió casualmente,, por haber logrado que lo dejaran subir allá arriba para pasearse por las alturas, entre las dos torres, y ver el panorama de la ciudad.
Ce qui augmentait cette impression que Mme Swann se promenait dans l′avenue du Bois comme dans l′allée d′un jardin à elle, c′était — pour ces gens qui ignoraient ses habitudes de «footing» — qu′elle fût venue à pieds, sans voiture qui suivît, elle que dès le mois de mai, on avait l′habitude de voir passer avec l′attelage le plus soigné, la livrée la mieux tenue de Paris, mollement et majestueusement assise comme une déesse, dans le tiède plein air d′une immense victoria à huit ressorts. A pieds, Mme Swann avait l′air, surtout avec sa démarche que ralentissait la chaleur, d′avoir cédé à une curiosité, de commettre une élégante infraction aux règles du protocole, comme ces souverains qui sans consulter personne, accompagnés par l′admiration un peu scandalisée d′une suite qui n′ose formuler une critique, sortent de leur loge pendant un gala et visitent le foyer en se mêlant pendant quelques instants aux autres spectateurs. Ainsi, entre Mme Swann et la foule, celle-ci sentait ces barrières d′une certaine sorte de richesse, lesquelles lui semblent les plus infranchissables de toutes. Le faubourg Saint-Germain a bien aussi les siennes, mais moins parlantes aux yeux et à l′imagination des «pannés». Ceux-ci auprès d′une grande dame, plus simple, plus facile à confondre avec une petite bourgeoise, moins éloignée du peuple, n′éprouveront pas ce sentiment de leur inégalité, presque de leur indignité, qu′ils ont devant une Mme Swann. Sans doute, ces sortes de femmes ne sont pas elles-mêmes frappées comme eux du brillant appareil dont elles sont entourées, elles n′y font plus attention, mais c′est à force d′y être habituées, c′est-à-dire d′avoir fini par le trouver d′autant plus naturel, d′autant plus nécessaire, par juger les autres êtres selon qu′ils sont plus ou moins initiés à ces habitudes du luxe: de sorte que (la grandeur qu′elles laissent éclater en elles, qu′elles découvrent chez les autres, étant toute matérielle, facile à constater, longue à acquérir, difficile à compenser), si ces femmes mettent un passant au rang le plus bas, c′est de la même manière qu′elles lui sont apparues au plus haut, à savoir immédiatement, à première vue, sans appel. Peut-être cette classe sociale particulière qui comptait alors des femmes comme lady Israels mêlée à celles de l′aristocratie et Mme Swann qui devait les fréquenter un jour, cette classe intermédiaire, inférieure au faubourg Saint-Germain, puisqu′elle le courtisait, mais supérieure à ce qui n′est pas du faubourg Saint-Germain, et qui avait ceci de particulier que déjà dégagée du monde des riches, elle était la richesse encore, mais la richesse devenue ductile, obéissant à une destination, à une pensée artistiques, l′argent malléable, poétiquement ciselé et qui sait sourire, peut-être cette classe, du moins avec le même caractère et le même charme, n′existe-t-elle plus. D′ailleurs, les femmes qui en faisaient partie n′auraient plus aujourd′hui ce qui était la première condition de leur règne, puisque avec l′âge elles ont, presque toutes, perdu leur beauté. Or, autant que du faîte de sa noble richesse, c′était du comble glorieux de son été mûr et si savoureux encore, que Mme Swann, majestueuse, souriante et bonne, s′avançant dans l′avenue du Bois, voyait comme Hypatie, sous la lente marche de ses pieds, rouler les mondes. Des jeunes gens qui passaient la regardaient anxieusement, incertains si leurs vagues relations avec elle (d′autant plus qu′ayant à peine été présentés une fois à Swann ils craignaient qu′il ne les reconnût pas), étaient suffisantes pour qu′ils se permissent de la saluer. Et ce n′était qu′en tremblant devant les conséquences, qu′ils s′y décidaient, se demandant si leur geste audacieusement provocateur et sacrilège, attentant à l′inviolable suprématie d′une caste, n′allait pas déchaîner des catastrophes ou faire descendre le châtiment d′un dieu. Il déclenchait seulement, comme un mouvement d′horlogerie, la gesticulation de petits personnages salueurs qui n′étaient autres que l′entourage d′Odette, à commencer par Swann, lequel soulevait son tube doublé de cuir vert, avec une grâce souriante, apprise dans le faubourg Saint-Germain, mais à laquelle ne s′alliait plus l′indifférence qu′il aurait eue autrefois. Elle était remplacée (comme s′il était dans une certaine mesure pénétré des préjugés d′Odette), à la fois par l′ennui d′avoir à répondre à quelqu′un d′assez mal habillé, et par la satisfaction que sa femme connût tant de monde, sentiment mixte qu′il traduisait en disant aux amis élégants qui l′accompagnaient: «Encore un! Ma parole, je me demande où Odette va chercher tous ces gens-là!» Cependant, ayant répondu par un signe de tête au passant alarmé déjà hors de vue, mais dont le cur battait encore, Mme Swann se tournait vers moi: «Alors, me disait-elle, c′est fini? Vous ne viendrez plus jamais voir Gilberte? Je suis contente d′être exceptée et que vous ne me «dropiez» pas tout à fait. J′aime vous voir, mais j′aimais aussi l′influence que vous aviez sur ma fille. Je crois qu′elle le regrette beaucoup aussi. Enfin, je ne veux pas vous tyranniser parce que vous n′auriez qu′à ne plus vouloir me voir non plus!» «Odette, Sagan qui vous dit bonjour», faisait remarquer Swann à sa femme. Et, en effet, le prince faisant comme dans une apothéose de théâtre, de cirque, ou dans un tableau ancien, faire front à son cheval dans une magnifique apothéose, adressait à Odette un grand salut théâtral et comme allégorique où s′amplifiait toute la chevaleresque courtoisie du grand seigneur inclinant son respect devant la Femme, fût-elle incarnée en une femme que sa mère ou sa sur ne pourraient pas fréquenter. D′ailleurs à tout moment, reconnue au fond de la transparence liquide et du vernis lumineux de l′ombre que versait sur elle son ombrelle, Mme Swann était saluée par les derniers cavaliers attardés, comme cinématographiés au galop sur l′ensoleillement blanc de l′avenue, hommes de cercle dont les noms, célèbres pour le public, — Antoine de Castellane, Adalbert de Montmorency et tant d′autres — étaient pour Mme Swann des noms familiers d′amis. Et, comme la durée moyenne de la vie, — la longévité relative, — est beaucoup plus grande pour les souvenirs des sensations poétiques que pour ceux des souffrances du cur, depuis si longtemps que se sont évanouis les chagrins que j′avais alors à cause de Gilberte, il leur a survécu le plaisir que j′éprouve, chaque fois que je veux lire, en une sorte de cadran solaire les minutes qu′il y a entre midi un quart et une heure, au mois de mai, à me revoir causant ainsi avec Mme Swann, sous son ombrelle, comme sous le reflet d′un berceau de glycines. Y a esa impresión que tenían las personas que no estaban en el secreto del footing diario de Odette, impresión de que se paseaba por la avenida del Bosque como por la vereda de un jardín suyo, contribuía el hecho de que aquella mujer; que desde el mes de mayo pasaba muelle y majestuosamente sentada, como una deidad, en la suave atmósfera de una victoria de ocho resortes, con el mejor tiro y las más elegantes libreas de París, iba ahora a pie y sin coche detrás. Cuando la señora de Swann iba así, a pie, con moderado paso por causa del calor, parecía haber cedido a la satisfacción de tina curiosidad, entregándose a una elegante infracción de las reglas del protocolo, como esos soberanos que, sin consultar a nadie y acompañados por la admiración de un séquito un tanto escandalizado, que no se atreve a formular ninguna crítica salen de su palco durante una función de gala para visitar el foyer, confundiéndose por unos minutos con los demás espectadores. Así, el público se daba cuenta de que entre ellos y la señora de Swann se alzaban esas barreras creadas por una determinada especie de riqueza, y que al parecer son las más infranqueables de todas. Porque también la gente del barrio de Saint–Germain tiene sus barreras, pero no tan patentes para los ojos y la imaginación de los “desharrapados”. Los cuales no sentirán al lado de una gran señora más sencilla, menos distante del pueblo, más fácil de confundir con una dama de la burguesía, ese sentimiento de desigualdad social, casi de indignidad, que experimentan cuando tienen delante a una señora de Swann. Indudablemente a esta clase de mujeres no las impresiona, como al público, el brillante aparato de que se rodean, ni siquiera se fijan en él, a fuerza de estar acostumbradas; y acaban por considerarlo naturalísimo y necesario y por juzgar a los demás seres con arreglo a su mayor o menor iniciación en estos hábitos de lujo; de suerte que (precisamente por ser la grandeza que ellas ostentan y que descubren en los demás completamente material, muy fácil de apreciar, muy larga de adquirir y difícil de compensar) si esas mujeres clasifican a un transeúnte en inferiorísimo rango, hácenlo del mismo modo que el transeúnte las puso a ellas en lugar muy encumbrado, es decir, inmediatamente, a primera vista y sin apelación posible. Quizá no exista ya, por lo menos con idéntico carácter y encanto, esa particularísima clase social en la que se codeaban entonces mujeres como lady Israels con otras de la aristocracia y con la señora de Swann, que más adelante habría de tratarlas a todas ellas; clase intermedia, inferior al barrio de Saint– Germain, puesto que lo cortejaba, pero superior a todo lo que no fuera barrio de Saint–Germain y que tenía por peculiar carácter el que, a pesar de estar más alta que la sociedad de los ricos, seguía siendo la riqueza, pero la riqueza dúctil, obediente a un designio, a un pensamiento artístico; el dinero maleable, poéticamente cincelado y que sabe sonreír. Además, que las mujeres que la constituían no pueden tener ya hoy la que era condición primordial de su imperio, puesto que casi todas perdieron con los años su belleza. Porque la señora de Swann iba encumbrada no sólo en su noble riqueza, sino en la gloriosa plenitud de su estío, maduro y sabroso, cuando al adelantarse, majestuosa, sonriente y benévola, por la avenida del Bosque veía, como Hipatias, rodar los mundos a sus pies. Había muchachos que pasaban mirándola ansiosamente, indecisos, dudando si sus vagas relaciones con ella (tanto más cuanto que apenas estaban presentados a Swann y temían que no los conociese ahora) eran motivo bastante para que se tomaran la libertad de saludarla. Y se decidían al saludo, temblorosos ante las consecuencias, preguntándose si su ademán de provocadora y sacrílega audacia atentado a la inviolable supremacía de una casta, no iba a desencadenar catástrofes o a atraerles un castigo divino. Pero el saludo no hacía sino determinar, como resorte de relojería, toda una serie de movimientos de salutación en aquellos muñecos que componían el séquito de Odette, empezando por Swann, que alzaba su chistera, forrada de cuero verde, con sonriente gracia, aprendida en el barrio de Saint–Germain, pero ya sin aquella indiferencia con que antaño la acompañaba Había substituido la tal indiferencia (como si en cierto modo se hubiera dejado penetrar por los prejuicios de Odette) con un sentimiento mixto de fastidio, por tener que saludar a una persona bastante mal vestida, y de satisfacción, al ver cuánta gente conocía su esposa; y traducía este doble sentimiento diciendo a los elegantes amigos que lo acompañaban: “¡Otro más! ¡La verdad es que yo no sé dónde va Odette a buscar esos tipos!” Entre tanto, la señora de Swann, después de haber contestado con una inclinación de cabeza al alarmado transeúnte, que ya se había perdido de vista, pero que aún seguiría emocionado, se volvía hacia mí, diciéndome: –¿De modo que se acabó? ¿No irá usted a ver a Gilberta ya nunca? Me alegro de ser yo una excepción y de que no me abandone” usted a mí por completo. Siempre me agrada verlo, pero también me gustaba la buena influencia que tenía usted en el ánimo de mi hija. Y se me figura que ella también lo siente. Pero no quiero tiranizarlo, no vaya a ser que tampoco quiera usted tratarse conmigo. Swann llamaba la atención a su esposa: –Odette, Sagan, que te saluda. En efecto, el príncipe, obligando a su caballo a dar la cara, en magnífica apoteosis, como en ejercicio de teatro o de circo, o en un cuadro antiguo, dedicaba a Odette un gran saludo teatral y como alegórico, amplificación de toda la caballerosa cortesía de un gran señor que se inclina respetuosamente delante de la Mujer, aunque sea personificada en una mujer con la que no puede tratarse su madre o su hermana. Y a cada momento saludaban a la señora de Swann, inconfundible en aquel fondo de líquida transparencia y de luminoso barniz de sombra que sobre ella derramaba su sombrilla, jinetes rezagados en aquella avanzada hora, que pasaban, como en el cinematógrafo, al galope por la `Avenida, inundada en sol claro; señoritos de círculo, cuyos nombres, célebres para el público – Antonio de Castellane, Adalberto de Montmorency–, eran para Odette familiares nombres de amigos. Y como la duración media de la vida –la longevidad relativa– es mucho mayor en lo que se refiere a los recuerdos de sensaciones poéticas que en lo relativo a′ las penas del corazón, sucede que hace ya mucho tiempo se desvanecieron los sufrimientos que me hizo pasar Gilberta; pero, en cambio, los sobrevive el placer que siento cada vez que quiero leer en una especie de reloj de sol los minutos que median entre las doce y cuarto y la una en las mañanas de mayo y me veo hablando con la señora de Swann al amparo de su sombrilla, como bajo el reflejo de un cenador de glicinas.
. . . Â…
J′étais arrivé à une presque complète indifférence à l′égard de Gilberte, quand deux ans plus tard je partis avec ma grand′mère pour Balbec. Quand je subissais le charme d′un visage nouveau, quand c′était à l′aide d′une autre jeune fille que j′espérais connaître les cathédrales gothiques, les palais et les jardins de l′Italie, je me disais tristement que notre amour, en tant qu′il est l′amour d′une certaine créature, n′est peut-être pas quelque chose de bien réel, puisque, si des associations de rêveries agréables ou douloureuses peuvent le lier pendant quelque temps à une femme jusqu′à nous faire penser qu′il a été inspiré par elle d′une façon nécessaire, en revanche si nous nous dégageons volontairement ou à notre insu de ces associations, cet amour comme s′il était au contraire spontané et venait de nous seuls, renaît pour se donner à une autre femme. Pourtant au moment de ce départ pour Balbec, et pendant les premiers temps de mon séjour mon indifférence n′était encore qu′intermittente. Souvent (notre vie étant si peu chronologique, interférant tant d′anachronismes dans la suite des jours), je vivais dans ceux, plus anciens que la veille ou l′avant-veille, où j′aimais Gilberte. Alors ne plus la voir m′était soudain douloureux, comme c′eût été dans ce temps-là. Le moi qui l′avait aimée, remplacé déjà presque entièrement par un autre, resurgissait, et il m′était rendu beaucoup plus fréquemment par une chose futile que par une chose importante. Par exemple, pour anticiper sur mon séjour en Normandie j′entendis à Balbec un inconnu que je croisai sur la digue dire: «La famille du directeur du ministère des Postes.» Or (comme je ne savais pas alors l′influence que cette famille devait avoir sur ma vie), ce propos aurait dû me paraître oiseux, mais il me causa une vive souffrance, celle qu′éprouvait un moi, aboli pour une grande part depuis longtemps, à être séparé de Gilberte. C′est que jamais je n′avais repensé à une conversation que Gilberte avait eue devant moi avec son père, relativement à la famille du «directeur du ministère des Postes». Or, les souvenirs d′amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire elles-mêmes régies par les lois plus générales de l′habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être, c′est justement ce que nous avions oublié (parce que c′était insignifiant et que nous lui avions ainsi laissé toute sa force). C′est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l′odeur de renfermé d′une chambre ou dans l′odeur d′une première flambée, partout où nous retrouvons de nous-même ce que notre intelligence, n′en ayant pas l′emploi, avait dédaigné, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore. Hors de nous? En nous pour mieux dire, mais dérobée à nos propres regards, dans un oubli plus ou moins prolongé. C′est grâce à cet oubli seul que nous pouvons de temps à autre retrouver l′être que nous fûmes, nous placer vis-à-vis des choses comme cet être l′était, souffrir à nouveau, parce que nous ne sommes plus nous, mais lui, et qu′il aimait ce qui nous est maintenant indifférent. Au grand jour de la mémoire habituelle, les images du passé pâlissent peu à peu, s′effacent, il ne reste plus rien d′elles, nous ne le retrouverions plus. Ou plutôt nous ne le retrouverions plus, si quelques mots (comme «directeur au ministère des Postes») n′avaient été soigneusement enfermés dans l′oubli, de même qu′on dépose à la Bibliothèque nationale un exemplaire d′un livre qui sans cela risquerait de devenir introuvable. Dos años después, cuando marché a Balbec con mi abuela, Gilberta me era ya casi por completo indiferente. Cuando me sentía yo dominado por el encanto de una cara nueva y esperanzado de conocer las catedrales góticas y los jardines y palacios de Italia con ayuda de otra muchacha distinta, se me ocurría pensar, melancólicamente, que nuestro amor, en cuanto amor por una determinada criatura, no debe de ser quizá cosa muy real, puesto que aunque lo enlacemos por ilusiones dolorosas o agradables durante algún tiempo a una mujer y vayamos hasta la creencia de que ella fué quien inspiró ese amor de un modo fatal, en cambio, cuando por voluntad o sin ella nos deshacemos de dichas asociaciones mentales, ese amor, cual si fuese espontáneo y salido únicamente de nosotros mismos, renace para entregarse a otra mujer. Sin embargo, en el momento de mi marcha a Balbec y en los primeros tiempos de mi estada allí la indiferencia mía – era tan sólo intermitente. Como nuestra vida es muy poco cronológica y entrevera tantos anacronismos en el sucederse de los días, yo a menudo vivía en horas más viejas que las del ayer o el anteayer, en horas de mi antiguo amor por Gilberta. Y entonces me daba pena no verla, cual me ocurría en aquellos tiempos pasados. El yo que la quiso, substituido ahora casi enteramente por otro, volvía a surgir, y más bien al conjuro de una cosa fútil que de una importante. Por ejemplo, y digo esto para anticipar algo referente a mi temporada en Normandía, oí en Balbec a un desconocido que pasaba por el paseo del dique: “La familia del subsecretario del Ministerio de Correos. ..” En aquel momento (como yo aún no sabía que dicha familia estaba llamada a tener gran influencia en mi vida) esas palabras debían haberme sido indiferentes, pero me dolieron mucho; dolor que sintió un yo, borrado hacía mucho tiempo, al verse separado de Gilberta. Y es que hasta ese instante no había vuelto a acordarme de una conversación que Gilberta mantuvo con su padre delante de mí, y que versaba sobre la “familia del subsecretario del Ministerio de Correos”. Porque los recuerdos de amor no′ son una excepción de las leyes generales de la memoria, leyes dominadas por las generales de la costumbre. Y como la costumbre lo debilita todo, precisamente lo que mejor nos recuerda a un ser es lo que teníamos olvidado (justamente porque era cosa insignificante y no le quitamos ninguna fuerza). Porque la mejor parte de nuestra memoria está fuera de nosotros, en una brisa húmeda de lluvia, en el olor a cerrado de un cuarto o en el perfume de una primera llamarada: allí dondequiera que encontremos esa parte de nosotros mismos de que no dispuso, que desdeñó nuestra inteligencia, esa postrera reserva del pasado, lo mejor, la que nos hace llorar una vez más cuando parecía agotado todo el llanto. ¿Fuera de nosotros? No, en nosotros, por mejor decir; pero oculta a nuestras propias miradas, sumida en un olvido más o menos hondo. Y gracias a ese olvido podemos de vez en cuando encontrarnos con el ser que fuimos y situarnos frente a las cosas lo mismo que él; sufrir de nuevo, porque ya no somos nosotros, sino él, y él arpaba eso que ahora nos es indiferente. En la plena luz de la memoria habitual las imágenes de lo pasado van palideciendo poco a poco, se borran, no dejan rastro, ya no las podremos encontrar. Es decir, no las podríamos encontrar si algunas palabras (como “subsecretario del Ministerio de Correos”) no se hubieran quedado cuidadosamente encerradas en el olvido, lo mismo que se deposita en la Biblioteca Nacional el ejemplar de un libro que sin esa precaución no se hallaría nunca.
Mais cette souffrance et ce regain d′amour pour Gilberte ne furent pas plus longs que ceux qu′on a en rêve, et cette fois au contraire parce qu′à Balbec, l′Habitude ancienne n′était plus là pour les faire durer. Et si ces effets de l′Habitude semblent contradictoires, c′est qu′elle obéit à des lois multiples. A Paris j′étais devenu de plus en plus indifférent à Gilberte, grâce à l′Habitude. Le changement d′habitude, c′est-à-dire la cessation momentanée de l′Habitude paracheva l′uvre de l′Habitude quand je partis pour Balbec. Elle affaiblit mais stabilise, elle amène la désagrégation mais la fait durer indéfiniment. Chaque jour depuis des années je calquais tant bien que mal mon état d′âme sur celui de la veille. A Balbec un lit nouveau à côté duquel on m′apportait le matin un petit déjeuner différent de celui de Paris, ne devait plus soutenir les pensées dont s′était nourri mon amour pour Gilberte: il y a des cas (assez rares, il est vrai) où la sédentarité immobilisant les jours, le meilleur moyen de gagner du temps, c′est de changer de place. Mon voyage à Balbec fut comme la première sortie d′un convalescent qui n′attendait plus qu′elle pour s′apercevoir qu′il est guéri. Pero ese dolor y ese rebrote de cariño a Gilberta fueron tan poco duraderos como los de los sueños, y eso debido a que en Balbec la vieja Costumbre no estaba presente para infundirles vida. Y si esos efectos de la Costumbre son aparentemente contradictorios, es porque está regida por leyes múltiples. En París se me fué haciendo Gilberta cada vez más indiferente gracias a la Costumbre. Y el cambio de costumbres, es decir, la cesación momentánea de la Costumbre, remató esa obra de la Costumbre cuando me fui a Balbec. Y es que el Hábito debilita, pero estabiliza: trae consigo la desagregación, pero la hace durar mucho. Hacía muchos años que mi estado de ánimo de hoy era un calco mejor o peor de mi estado de ánimo de ayer. Y en Balbec una cama nueva a la que me traían por las mañanas un desayuno distinto del de París ya no podía sustentar los pensamientos de que se nutría mi amor a Gilberta; se dan casos (raros, es verdad) en que, como el estado sedentario inmoviliza el curso de los días, el mejor medio de ganar tiempo es mudar de sitio. Mi viaje a Balbec fué como la primera salida de un convaleciente que sólo esperaba eso para darse cuenta de que ya está bueno.
Ce voyage, on le ferait sans doute aujourd′hui en automobile, croyant le rendre ainsi plus agréable. On verra, qu′accompli de cette façon, il serait même en un sens plus vrai puisque on y suivrait de plus près, dans une intimité plus étroite, les diverses gradations selon lesquelles change la surface de la terre. Mais enfin le plaisir spécifique du voyage n′est pas de pouvoir descendre en route et s′arrêter quand on est fatigué, c′est de rendre la différence entre le départ et l′arrivée non pas aussi insensible, mais aussi profonde qu′on peut, de la ressentir dans sa totalité, intacte, telle quelle était dans notre pensée quand notre imagination nous portait du lieu où nous vivions jusqu′au cur d′un lieu désiré, en un bond qui nous semblait moins miraculeux parce qu′il franchissait une distance que parce qu′il unissait deux individualités distinctes de la terre, qu′il nous menait d′un nom à un autre nom, et que schématise (mieux qu′une promenade où, comme on débarque où l′on veut, il n′y a guère plus d′arrivée) l′opération mystérieuse qui s′accomplissait dans ces lieux spéciaux, les gares, lesquels ne font pas presque partie pour ainsi dire de la ville mais contiennent l′essence de sa personnalité de même que sur un écriteau signalétique elles portent son nom. Hoy ese viaje se haría en automóvil, creyendo que así es más agradable. Claro que hecho de esa manera sería, en cierto sentido, de mayor veracidad, puesto que se podrían observar más de cerca y con estrecha intimidad las diversas gradaciones con que cambia la superficie de la tierra. Pero, al fin y al cabo. el placer específico de un viaje no estriba en poder apearse donde uno quiera ni en pararse cuando se está cansado, sino en hacer la diferencia que existe entre la partida y la llegada no todo lo insensible que nos sea dado, sino lo más profunda que podamos; en sentir esa distinción en toda su totalidad, intacta, tal y como existía en nuestro pensamiento cuando la imaginación nos llevaba del lugar habitado a la entraña del lugar deseado, de un salto milagroso, y milagroso no por franquear una gran distancia, sino porque unía dos individualidades distintas de la tierra llevándonos de un nombre a otro nombre; placer que esquematiza (mucho mejor que un paseo donde baja uno en el lugar que quiere y no hay llegada posible) esa operación misteriosa que se cumple en los parajes especiales llamados estaciones, las cuales, por así decirlo, no forman parte de la ciudad, sino que contienen toda la esencia de su personalidad, al igual que contienen su nombre en el cartel indicador.
Mais en tout genre, notre temps a la manie de vouloir ne montrer les choses qu′avec ce qui les entoure dans la réalité, et par là de supprimer l′essentiel, l′acte de l′esprit, qui les isola d′elle. On «présente» un tableau au milieu de meubles, de bibelots, de tentures de la même époque, fade décor qu′excelle à composer dans les hôtels d′aujourd′hui la maîtresse de maison la plus ignorante la veille, passant maintenant ses journées dans les archives et les bibliothèques et au milieu duquel le chef-d′uvre qu′on regarde tout en dînant ne nous donne pas la même enivrante joie qu′on ne doit lui demander que dans une salle de musée, laquelle symbolise bien mieux par sa nudité et son dépouillement de toutes particularités, les espaces intérieurs où l′artiste s′est abstrait pour créer. Pero nuestra época tiene en todo la manía de no querer mostrar las cosas sino en el ambiente que las rodea en la realidad, y con ello suprime lo esencial, esto es, el acto de la inteligencia que las aisló de lo real. Se “presenta” un cuadro entre muebles, figurillas y cortinas de la misma época, en medio de un decorado insípido que domina la señora de cualquier palacio de hoy, gracias a las horas pasadas en bibliotecas y archivos, aunque fuera hasta ayer una ignorante; y en ese ambiente, la obra magistral que admiramos al mismo tiempo de estar cenando no nos inspira el mismo gozo embriagador que se le puede pedir en la sala de un museo, sala que simboliza mucho mejor, –por su desnudez y su carencia de particularidades, los espacios interiores donde el artista se abstrajo para la creación.
Malheureusement ces lieux merveilleux que sont les gares, d′où l′on part pour une destination éloignée, sont aussi des lieux tragiques, car si le miracle s′y accomplit grâce auquel les pays qui n′avaient encore d′existence que dans notre pensée vont être ceux au milieu desquels nous vivrons, pour cette raison même il faut renoncer au sortir de la salle d′attente à retrouver tout à l′heure la chambre familière où l′on était il y a un instant encore. Il faut laisser toute espérance de rentrer coucher chez soi, une fois qu′on s′est décidé à pénétrer dans l′antre empesté par où l′on accède au mystère, dans un de ces grands ateliers vitrés, comme celui de Saint-Lazare où j′allai chercher le train de Balbec, et qui déployait au-dessus de la ville éventrée un de ces immenses ciels crus et gros de menaces amoncelées de drame, pareils à certains ciels, d′une modernité presque parisienne, de Mantegna ou de Véronèse, et sous lequel ne pouvait s′accomplir que quelque acte terrible et solennel comme un départ en chemin de fer ou l′érection de la Croix. Desgraciadamente, esos maravillosos lugares, las estaciones, de donde sale uno para un punto remoto, son también trágicos lugares; porque si en ellos se cumple el milagro por el cual las tierras que no existían más que en nuestro pensamiento serán las tierras donde vivamos, por esa misma razón es menester renunciar al salir de la sala de espera a vernos otra vez en la habitación familiar que nos cobijaba hacía un instante. Y hay que abandonar toda esperanza de volver a casa a acostarnos cuando se decide uno a penetrar en ese antro apestado, puerta de acceso al misterio, en uno de esos inmensos talleres de cristal, como la estación de Saint–Lazare, donde iba yo a buscar el tren de Balbec, y que desplegaba por encima de la despanzurrada ciudad uno de esos vastos cielos crudos y preñados de amontonadas amenazas dramáticas, como esos cielos, de modernidad casi parisiense, de Mantegna o del Veronés, cielo que no podía amparar sino algún acto terrible y solemne, como la marcha a Balbec o la erección de la Cruz.
Tant que je m′étais contenté d′apercevoir du fond de mon lit de Paris l′église persane de Balbec au milieu des flocons de la tempête, aucune objection à ce voyage n′avait été faite par mon corps. Elles avaient commencé seulement quand il avait compris qu′il serait de la partie et que le soir de l′arrivée on me conduirait à «ma» chambre qui lui serait inconnue. Sa révolte était d′autant plus profonde que la veille même du départ j′avais appris que ma mère ne nous accompagnerait pas, mon père, retenu au ministère jusqu′au moment où il partirait pour l′Espagne avec M. de Norpois ayant préféré louer une maison dans les environs de Paris. D′ailleurs la contemplation de Balbec ne me semblait pas moins désirable parce qu′il fallait l′acheter au prix d′un mal qui au contraire me semblait figurer et garantir, la réalité de l′impression que j′allais chercher, impression que n′aurait remplacée aucun spectacle prétendu équivalent, aucun «panorama» que j′eusse pu aller voir sans être empêché par cela même de rentrer dormir dans mon lit. Ce n′était pas la première fois que je sentais que ceux qui aiment et ceux qui ont du plaisir ne sont pas les mêmes. Je croyais désirer aussi profondément Balbec que le docteur qui me soignait et qui me dit s′étonnant, le matin du départ, de mon air malheureux: «Je vous réponds que si je pouvais seulement trouver huit jours pour aller prendre le frais au bord de la mer, je ne me ferais pas prier. Vous allez avoir les courses, les régates, ce sera exquis.» Pour moi j′avais déjà appris et même bien avant d′aller entendre la Berma, que quelle que fût la chose que j′aimerais, elle ne serait jamais placée qu′au terme d′une poursuite douloureuse au cours de laquelle il me faudrait d′abord sacrifier mon plaisir à ce bien suprême, au lieu de l′y chercher. Mi cuerpo no puso objeción alguna al tal viaje mientras que me contenté con mirar la iglesia persa de Balbec, rodeada de jirones de tempestad, desde mi cama de París. Pero empezaron cuando comprendió que lo del viaje también iba con él y que la noche de nuestra llegada a Balbec me llevarían a un “mi” cuarto que él no conocía. Aún fué más profunda su protesta cuando la víspera de nuestra salida me enteré de que mamá no nos acompañaría, porque mi padre, que tenía que quedarse en París, por asuntos del ministerio, hasta que emprendiera su viaje a España con el señor de Norpois, prefirió alquilar un hotelito cerca de París. Por lo demás, la contemplación de Balbec no se me antojaba menos codiciable por tener que comprarla a costa de un dolor: al contrario, ese dolor para mí representaba y garantizaba la realidad de la impresión que iba yo a buscar, impresión imposible de substituir con ningún espectáculo llamado equivalente, con ningún “panorama” que se pudiera ver sin que eso le impidiera a uno volver a acostarse a su cama. No era la primera vez que me daba yo cuenta de que los seres que aman no son los mismos seres que gozan. Yo creía tener un deseo tan fuerte de Balbec como el doctor que me asistía, el cual me dijo la mañana de mi marcha, todo extrañado de mi aspecto alicaído: “Le aseguro que si tuviera ocho días para irme a tomar el fresco a un puerto de mar no me haría rogar. Tendrá usted carreras de caballos, regatas, en fin, una cosa exquisita”. Pero ya sabía yo aun antes de ir a ver a la Berma, que el objeto de mi amoroso deseo, fuera el que fuese, habría de hallarse siempre al cabo de una penosa persecución, y en la tal persecución tendría que sacrificar mi placer a ese bien supremo, en vez de encontrarlo en ese bien supremo.
Ma grand′mère concevait naturellement notre départ d′une façon un peu différente et toujours aussi désireuse qu′autrefois de donner aux présents qu′on me faisait un caractère artistique, avait voulu pour m′offrir de ce voyage une «épreuve» en partie ancienne, que nous refissions moitié en chemin de fer, moitié en voiture le trajet qu′avait suivi Mme de Sévigné quand elle était allée de Paris à «L′Orient» en passant par Chaulnes et par «le Pont-Audemer». Mais ma grand′mère avait été obligée de renoncer à ce projet, sur la défense de mon père, qui savait, quand elle organisait un déplacement en vue de lui faire rendre tout le profit intellectuel qu′il pouvait comporter, combien on pouvait pronostiquer de trains manqués, de bagages perdus, de maux de gorge et de contraventions. Elle se réjouissait du moins à la pensée que jamais au moment d′aller sur la plage, nous ne serions exposés à en être empêchés par la survenue de ce que sa chère Sévigné appelle une chienne de carrossée, puisque nous ne connaîtrions personne à Balbec, Legrandin ne nous ayant pas offert de lettre d′introduction pour sa sur. (Abstention qui n′avait pas été appréciée de même par mes tantes Céline et Victoire lesquelles ayant connu jeune fille celle qu′elles n′avaient appelée jusqu′ici, pour marquer cette intimité d′autrefois que «Renée de Cambremer», et possédant encore d′elle de ces cadeaux qui meublent une chambre et la conversation mais auxquels la réalité actuelle ne correspond pas, croyaient venger notre affront en ne prononçant plus jamais chez Mme Legrandin mère, le nom de sa fille, et se bornant à se congratuler une fois sorties par des phrases comme: «Je n′ai pas fait allusion à qui tu sais», «je crois qu′on aura compris».) Mi abuela, claro es que miraba nuestro viaje de muy distinto modo, y deseosa, como siempre, de dar á todos los obsequios que se me hacían un carácter artístico, quiso, con objeto de regalarme una, “prueba” semiantigua de nuestra ruta, que siguiéramos, la mitad en tren y la mitad en coche, el itinerario de madama de Sévigné cuando fué de París a “L′Orient”, pasando par Chaulnes y por “Le Pon Audemer”. Pero hubo de renunciar a ese proyecto por prohibición expresa de mi padre, el cual sabía que cuando mi abuela organizaba un viaje con vistas a sacar de él todo el provecho intelectual posible,– podían pronosticarse trenes perdidos, equipajes extraviados, anginas e infracciones de reglamento. Pero la abuela tenía por lo menos el regocijo de pensar que allí en Balbec no corríamos el riesgo de vernos sorprendidos en el momento de salir para la playa por ninguna de esas personas que su amada Sevigné llamaba chienne de carossée, puesto que a nadie conocíamos en Balbec, ya que Legrandin no quiso ofrecernos una carta de presentación para su hermana (Esa abstención no la tomaron de la misma manera mis tías Celina y Victoria, que trataron cuando soltera a “Renata de Cambremer”, como ellas la llamaron hasta aquí, para marcar su intimidad de antaño, y que aún conservaban muchos regalos suyos de esos que adornan una habitación o una conversación, pero sin correspondencia ya con la realidad presente; y mis tías creían vengarse de la afrenta que se nos hizo guardándose de pronunciar en casa de la señora de Legrandin (madre) el nombre de su hija, y al salir de la casa se congratulaban de su hazaña con frases como: “No he hecho alusión a lo que tú sabes”, “Creo que se habrá dado cuenta”.)
Donc nous partirions simplement de Paris par ce train de une heure vingt-deux que je m′étais plu trop longtemps à chercher dans l′indicateur des chemins de fer où il me donnait chaque fois l′émotion, presque la bienheureuse illusion du départ, pour ne pas me figurer que je le connaissais. Comme la détermination dans notre imagination des traits d′un bonheur tient plutôt à l′identité des désirs qu′il nous inspire, qu′à la précision des renseignements que nous avons sur lui, je croyais connaître celui-là dans ses détails, et je ne doutais pas que j′éprouverais dans le wagon un plaisir spécial quand la journée commencerait à fraîchir, que je contemplerais tel effet à l′approche d′une certaine station; si bien que ce train réveillant toujours en moi les images des mêmes villes que j′enveloppais dans la lumière de ces heures de l′après-midi qu′il traverse, me semblait différent de tous les autres trains; et j′avais fini comme on fait souvent pour un être qu′on n′a jamais vu mais dont on se plaît à s′imaginer qu′on a conquis l′amitié, par donner une physionomie particulière et immuable à ce voyageur artiste et blond qui m′aurait emmené sur sa route, et à qui j′aurais dit adieu au pied de la cathédrale de Saint-Lô, avant qu′il se fût éloigné vers le couchant. De modo que saldríamos de París sencillamente en el tren de la una y veintidós, ese tren que, por haberlo buscado tantas veces en la Guía de ferrocarriles, donde me inspiraba siempre la emoción y casi la venturosa ilusión del viaje, se me antojaba cosa conocida. Como la, determinación en nuestra fantasía de los rasga 7 de la felicidad consiste más bien en su identidad con los deseos que nos inspira que en lo preciso de los datos que sobre ella tengamos, a mi se me figuraba que esa dicha del viaje la conocía en todos sus detalles, y no dudaba de que iba a sentir en t vagón un especial placer cuando el día comenzara a refrescar, o al contemplar en las cercanías de determinada estación un efecto de luz; así, que ese tren, por despertar siempre en mi animo las imágenes de las mismas ciudades, envueltas en la luz de la tarde, por donde va corriendo, me parecía diferente de todos los demás trenes; y como ocurre esas veces que sin conocer a tina persona nos complacemos en imaginarnos que hemos conquistado su amistad y le atribuimos unas facciones de acabé yo por inventar una fisonomía particular e inmutable a ese tren, viajero artista y rubio que me habría de llevar por su camino y del que me despediría al pie de la catedral de Saint– Ló, antes de que se perdiera en dirección a Occidente.
Comme ma grand′mère ne pouvait se résoudre à aller «tout bêtement» à Balbec, elle s′arrêterait vingt-quatre heures chez une de ses amies, de chez laquelle je repartirais le soir même pour ne pas déranger, et aussi de façon à voir dans la journée du lendemain l′église de Balbec, qui, avions-nous appris, était assez éloignée de Balbec-Plage, et où je ne pourrais peut-être pas aller ensuite au début de mon traitement de bains. Et peut-être était-il moins pénible pour moi de sentir l′objet admirable de mon voyage placé avant la cruelle première nuit où j′entrerais dans une demeure nouvelle et accepterais d′y vivre. Mais il avait fallu d′abord quitter l′ancienne; ma mère avait arrangé de s′installer ce jour-là même à Saint-Cloud, et elle avait pris, ou feint de prendre, toutes ses dispositions pour y aller directement après nous avoir conduits à la gare, sans avoir à repasser par la maison où elle craignait que je ne voulusse, au lieu de partir pour Balbec, rentrer avec elle. Et même sous le prétexte d′avoir beaucoup à faire dans la maison qu′elle venait de louer et d′être à court de temps, en réalité pour m′éviter la cruauté de ce genre d′adieux, elle avait décidé de ne pas rester avec nous jusqu′à ce départ du train où, dissimulée auparavant dans des allées et venues et des préparatifs qui n′engagent pas définitivement, une séparation apparaît brusquement, impossible à souffrir, alors qu′elle n′est déjà plus possible à éviter, concentrée tout entière dans un instant immense de lucidité impuissante et suprême. Como mi abuela no podía decidirse a ir así, “tontamente”, a Balbec, nos detendríamos en el camino en casa de una amiga suya, y ella se quedaría allí veinticuatro horas; pero yo me marcharía aquella misma tarde, para no dar molestias en aquella casa y además para poder dedicar el día siguiente a la visita de la iglesia de Balbec; porque nos habíamos enterado de que estaba bastante distante de Balbec–Plage, y quizá no me fuera posible ir allá una vez empezado mi tratamiento de baños. Y a mí me animaba un poco saber que el objeto admirable de mi viaje estaba colocado antes de esa dolorosa primera noche en que habría de entrar en una morada nueva y resignarme a vivir allí. Pero antes había que salir de la casa vieja: mi madre tenía –decidido instalarse aquel mismo día en Saint–Cloud, y adoptó. o fingió que adoptaba, todas las disposiciones necesarias para irse directamente a Saint–Cloud, después de dejarnos en la estación, sin tener que pasar por casa, porque tenía miedo de que yo, en vez de marcharme a Balbec, quisiera volverme con ella. Y con el pretexto de tener mucho que hacer en la casa nueva. y de que le faltaba tiempo, aunque en realidad para evitarme lo penoso de esa despedida, decidió no quedarse con nosotros hasta el momento en que arrancara el tren: porque entonces aparece bruscamente, imposible de soportar, cuando ya es inevitable y concentrada toda en un instante inmenso de lucidez e impotencia suprema, esa separación que se disimulaba en las idas y venidas de los preparativos, que no comprometen a nada definitivo.
Pour la première fois je sentais qu′il était possible que ma mère vécût sans moi, autrement que pour moi, d′une autre vie. Elle allait habiter de son côté avec mon père à qui peut-être elle trouvait que ma mauvaise santé, ma nervosité, rendaient l′existence un peu compliquée et triste. Cette séparation me désolait davantage parce que je me disais qu′elle était probablement pour ma mère le terme des déceptions successives que je lui avais causées, qu′elle m′avait tues et après lesquelles elle avait compris la difficulté de vacances communes; et peut-être aussi le premier essai d′une existence à laquelle elle commençait à se résigner pour l′avenir, au fur et à mesure que les années viendraient pour mon père et pour elle, d′une existence où je la verrais moins, où ce qui même dans mes cauchemars ne m′était jamais apparu, elle serait déjà pour moi un peu étrangère, une dame qu′on verrait rentrer seule dans une maison où je ne serais pas, demandant au concierge s′il n′y avait pas de lettres de moi. Por vez primera tuve la sensación de que mi madre podía vivir sin mí, consagrada a otra cosa, con otra vida distinta. Iba a estarse con mi padre, cuya existencia quizá consideraba mamá un poco complicada y entristecida por mi mal estado de salud y por mis nervios. Y aún me desesperaba más la separación porque pensaba yo que probablemente sería para mi madre el término de las sucesivas decepciones que yo le había ocasionado, y que ella supo callarse, decepciones que le hicieron comprender la imposibilidad de pasar el verano juntos; y quizá fuese también esa separación el primer ensayo de una existencia a la que empezaba ya a resignarse mi madre para lo por venir, según fueran llegando para papá y para ella los años de una vida en que yo había de verla mucho menos, vida en la que mamá sería para mí, cosa que ni aun en mis pesadillas se me había ocurrido, una persona un poco extraña, esa señora que entra sola en una casa donde yo no vivo y pregunta al portero si no ha habido carta mía.
Je pus à peine répondre à l′employé qui voulut me prendre ma valise. Ma mère essayait pour me consoler des moyens qui lui paraissaient les plus efficaces. Elle croyait inutile d′avoir l′air de ne pas voir mon chagrin, elle le plaisantait doucement: Apenas si pude responder al mozo que quiso cogerme la maleta. Mi madre, para consolarme, iba ensayando los medios que le parecían más eficaces. Juzgaba que de nada serviría aparentar que no se daba cuenta de mi pena, y la tomaba cariñosamente en broma:
— «Eh bien, qu′est-ce que dirait l′église de Balbec si elle savait que c′est avec cet air malheureux qu′on s′apprête à aller la voir? Est-ce cela le voyageur ravi dont parle Ruskin? D′ailleurs, je saurai si tu as été à la hauteur des circonstances, même loin je serai encore avec mon petit loup. Tu auras demain une lettre de ta maman.» –¿Qué diría la iglesia de Balbec si supiera que te dispones a ir a verla con esa cara tan triste? ¿Eres tú el viajero extasiado que cuenta Ruskin? Y ya sabré yo si –has sabido estar a la altura che las circunstancias; porque aunque desde lejos, no me separaré de mi cachorro. Mañana tendrás carta de mamá.
«Ma fille, dit ma grand′mère, je te vois comme Mme de Sévigné, une carte devant les yeux et ne nous quittant pas un instant.» –Hija mía –dijo mi abuela–, te veo como madama de Sevigné, con un mapa siempre delante y sin dejar de pensar en nosotros.
Puis maman cherchait à me distraire, elle me demandait ce que je commanderais pour dîner, elle admirait Françoise, lui faisait compliment d′un chapeau et d′un manteau qu′elle ne reconnaissait pas, bien qu′ils eussent jadis excité son horreur quand elle les avait vus neufs sur ma grand′tante, l′un avec l′immense oiseau qui le surmontait, l′autre chargé de dessins affreux et de jais. Mais le manteau étant hors d′usage, Françoise l′avait fait retourner et exhibait un envers de drap uni d′un beau ton. Quant à l′oiseau, il y avait longtemps que, cassé, il avait été mis au rancart. Et, de même qu′il est quelquefois troublant de rencontrer les raffinements vers lesquels les artistes les plus conscients s′efforcent, dans une chanson populaire, à la façade de quelque maison de paysan qui fait épanouir au-dessus de la porte une rose blanche ou soufrée juste à la place qu′il fallait — de même le nud de velours, la coque de ruban qui eussent ravi dans un portrait de Chardin ou de Whistler, Françoise les avait placés avec un goût infaillible et nasur le chapeau devenu charmant. Luego mamá hacía por distraerme: me preguntaba qué es lo que iba a cenar aquella noche, admiraba a Francisca y la cumplimentaba por aquel sombrero y aquel abrigo, que no reconocía a pesar de que le inspiraron horror cuando antaño se los vió puestos y nuevecitos a mi tía mayor: el sombrero, dominado por un gran pájaro, y el abrigo, con horribles dibujos y con azabaches. Pero como el abrigo estaba muy usado, Francisca lo mandó volver, y ahora mostraba su revés de paño liso de muy bonito color. Y el pájaro, roto ya hacía mucho tiempo, había ido a parar a un rincón. Y así como muchas veces nos desconcierta el encontrar esos refinamientos a que aspiran los artistas más conscientes en una canción popular o en la fachada de una casita de campo que despliega encima de la puerta, en el sitio justo donde debe estar, una rosa blanca o color de azufre, lo mismo supo colocar Francisca, con gusto infalible e ingenuo, en aquel sombrero, delicioso ahora, el lacito de terciopelo y la cinta que nos hubiesen seducido en un retrato de Chardin o de Whistler.
Pour remonter à un temps plus ancien, la modestie et l′honnêteté qui donnaient souvent de la noblesse souvent au visage de notre vieille servante ayant gagné les vêtements que, en femme réservée mais sans bassesse, qui sait «tenir son rang et garder sa place», elle avait revêtus pour le voyage afin d′être digne d′être vue avec nous sans avoir l′air de chercher à se faire voir, — Françoise dans le drap cerise mais passé de son manteau et les poils sans rudesse de son collet de fourrure, faisait penser à quelqu′une de ces images d′Anne de Bretagne peintes dans des livres d′Heures par un vieux maître, et dans lesquelles tout est si bien en place, le sentiment de l′ensemble s′est si également répandu dans toutes les parties que la riche et désuète singularité du costume exprime la même gravité pieuse que les yeux, les lèvres et les mains. Y remontándonos a un tiempo más antiguo, podría decirse que la modestia y la honradez, que a veces daban color de nobleza al rostro de nuestra vieja criada, habían conquistado también aquellas prendas, que, en su calidad de mujer reservada, pero sin bajeza, y que sabe “guardar su puesto y estar donde debe”, se puso para el viaje con objeto de poder presentarse dignamente en nuestra compañía y no de llamar la atención; de modo que Francisca, con aquella tela cereza, ya pasada, de su abrigo, y el suave pelo de su corbata de piel, recordaba a alguna de esas imágenes de Aria de Bretaña que pintó un maestro primitivo en un libro de horas, y donde todo está tan en su lugar y el sentimiento del conjunto tan bien distribuido en las partes, que la rica y desusada rareza del traje tiene la misma expresión de gravedad piadosa que los ojos, los labios y las manos.
On n′aurait pu parler de pensée à propos de Françoise. Elle ne savait rien, dans ce sens total où ne rien savoir équivaut à ne rien comprendre, sauf les rares vérités que le cur est capable d′atteindre directement. Le monde immense des idées n′existait pas pour elle. Mais devant la clarté de son regard, devant les lignes délicates de ce nez, de ces lèvres, devant tous ces témoignages absents de tant d′êtres cultivés chez qui ils eussent signifié la distinction suprême, le noble détachement d′un esprit d′élite, on était troublé comme devant le regard intelligent et bon d′un chien à qui on sait pourtant que sont étrangères toutes les conceptions des hommes, et on pouvait se demander s′il n′y a pas parmi ces autres humbles frères, les paysans, des êtres qui sont comme les hommes supérieurs du monde des simples d′esprit, ou plutôt qui, condamnés par une injuste destinée à vivre parmi les simples d′esprit, privés de lumière, mais qui pourtant plus naturellement, plus essentiellement apparentés aux natures d′élite que ne le sont la plupart des gens instruits, sont comme des membres dispersés, égarés, privés de raison, de la famille sainte, des parents, restés en enfance, des plus hautes intelligences, et auxquels — comme il apparaît dans la lueur impossible à méconnaître de leurs yeux où pourtant elle ne s′applique à rien — il n′a manqué, pour avoir du talent, que du savoir. Tratándose de Francisca no podía hablarse de pensamiento. No sabía nada, en ese sentido total en que no saber nada equivale a no comprender nada, excepto las pocas verdades que el corazón puede ganar directamente. Para ella no existía el mundo inmenso de las ideas. Pero ante la claridad de su mirar, ante los delicados trazos de nariz y labios, ante todos aquellos testimonios de que carecían personas cultas en cuyos rostros hubiesen significado distinción o noble desinterés de un alma escogida, sentíase uno desconcertado como cuando se ve ese mirar inteligente y bueno de un perro, que nos consta que nada sabe de los conceptos humanos; y era cosa de preguntarse si no hay entre nuestros humildes hermanos los campesinos seres que son como hombres superiores del mundo de las almas sencillas, o más bien seres que, condenados a vivir entre los simples, privados de luz, pero en el fondo más próximos parientes de las almas escogidas que la mayoría de las personas cultas, son como miembros dispersos, extraviados, faltos de razón, de la familia santa: padres, pero que no salieron de la infancia, de las más encumbrada inteligencias, y a los que no faltó para tener talento nada más que saber, como se nota en esa claridad de su mirada, tan inequívoca y que, sin embargo, a nada se aplica.
Ma mère voyant que j′avais peine à contenir mes larmes, me disait: «Régulus avait coutume dans les grandes circonstances . . . Et puis ce n′est pas gentil pour ta maman. Citons Madame de Sévigné, comme ta grand′mère: «Je vais être obligée de me servir de tout le courage que tu n′as pas.» Et se rappelant que l′affection pour autrui détourne des douleurs égoî²´es, elle tâchait de me faire plaisir en me disant qu′elle croyait que son trajet de Saint-Cloud s′effectuerait bien, qu′elle était contente du fiacre qu′elle avait gardé, que le cocher était poli, et la voiture confortable. Je m′efforçais de sourire à ces détails et j′inclinais la tête d′un air d′acquiescement et de satisfaction. Mais ils ne m′aidaient qu′à me représenter avec plus de vérité le départ de Maman et c′est le cur serré que je la regardais comme si elle était déjà séparée de moi, sous ce chapeau de paille rond qu′elle avait acheté pour la campagne, dans une robe légère qu′elle avait mise à cause de cette longue course par la pleine chaleur, et qui la faisaient autre, appartenant déjà à la villa de «Montretout» où je ne la verrais pas. Mi madre, viendo que me costaba trabajo retener las lágrimas, me decía: “Régulo, en las grandes ocasiones solía ...Además, no está bien hacer eso con su mamá. Vamos a citar a madama de Sevigné, como la abuela. Tendré que echar mano de todo el coraje que tú no tienes”. Y acordándose de que nuestro afecto a los demás desvía los dolores egoístas, intentaba animarme diciendo que su viaje a Saint–Cloud sería muy cómodo, que estaba contenta del carruaje que la iba a llevar, que el cochero era muy fino y el coche muy bueno. Yo, al oír esos detalles hacía por sonreír e inclinaba la cabeza en son de aquiescencia y contento. Pero no servían más que para representarme aún con más realidad la separación; y con el corazón en tuviese separada de mí, miraba a mamá con su sombrero redondo de paja, comprado para el campo, y su traje ligero, que se puso para aquel viaje en coche con tanto calor, y que así vestida parecía otra persona, perteneciente ya a aquel hotelito “Villa Montretout”, donde yo no había de verla.
Pour éviter les crises de suffocation que me donnerait le voyage, le médecin m′avait conseillé de prendre au moment du départ un peu trop de bière ou de cognac, afin d′être dans un état qu′il appelait «euphorie», où le système nerveux est momentanément moins vulnérable. J′étais encore incertain si je le ferais, mais je voulais au moins que ma grand′mère reconnût qu′au cas où je m′y déciderais, j′aurais pour moi le droit et la sagesse. Aussi j′en parlais comme si mon hésitation ne portait que sur l′endroit où je boirais de l′alcool, buffet ou wagon-bar. Mais aussitôt à l′air de blâme que prit le visage de ma grand′mère et de ne pas même vouloir s′arrêter à cette idée: «Comment, m′écriai-je, me résolvant soudain à cette action d′aller boire, dont l′exécution devenait nécessaire à prouver ma liberté puisque son annonce verbale n′avait pu passer sans protestation, comment tu sais combien je suis malade, tu sais ce que le médecin m′a dit, et voilà le conseil que tu me donnes!» Para evitar los ahogos que me causara el viaje, el médico me aconsejó que tomara en el momento de la salida urca buena cantidad de cerveza o coñac, con objeto deponerme en ese estado, que él llamaba de “euforia”, en que el sistema nervioso es momentáneamente menos vulnerable. Aún no sabía qué hacer, si tomarlo o no; pero por lo menos deseaba que, en caso de decidirme, mi abuela reconociera que procedía con juicio y motivo. Y hablé de ello como si sólo dudara respecto al sitio en donde había de ingerir el alcohol, si en el vagón bar o en la fonda de la estación. Pero en el rostro de mi abuela se pintó la censura y el deseo de no hablar siquiera de eso: “¡Cómo! –exclamé yo decidiéndome de pronto a esa acción de ira beber, cuya ejecución se requería ahora para probar mi libertad, puesto que su mero anuncio verbal había arrancado una protesta–. ¡Cómo! ¡Sabes lo delicado que estay y lo que me ha dicho el médica, y me das ese consejo!"
Quand j′eus expliqué mon malaise à ma grand′mère, elle eut un air si désolé, si bon, en répondant: «Mais alors, va vite chercher de la bière ou une liqueur, si cela doit te faire du bien» que je me jetai sur elle et la couvris de baisers. Et si j′allai cependant boire beaucoup trop dans le bar du train, ce fut parce que je sentais que sans cela j′aurais un accès trop violent et que c′est encore ce qui la peinerait le plus. Quand, à la première station je remontai dans notre wagon, je dis à ma grand′mère combien j′étais heureux d′aller à Balbec, que je sentais que tout s′arrangerait bien, qu′au fond je m′habituerais vite à être loin de maman, que ce train était agréable, l′homme du bar et les employés si charmants que j′aurais voulu refaire souvent ce trajet pour avoir la possibilité de les revoir. Ma grand′mère cependant ne paraissait pas éprouver la même joie que moi de toutes ces bonnes nouvelles. Elle me répondit en évitant de me regarder: Expliqué a la abuela mi malestar, y me dijo: “Anda entonces en seguida por cerveza o por licor, si es que te tiene que sentar bien”, con tal gesto de desesperación y de bondad, que me eché en sus brazos y le di muchos besos. Y si ¡u! a beber al bar del tren es porque me daba cuenta de que de no hacerlo me iba a dar un ahogo muy fuerte, y eso apenaría mucho más a mi abuela. Cuando en la primera estación volvía entrar en nuestro departamento, dije a la abuela que me alegraba mucho de ir a Balbec, que todo se arreglaría muy bien, que me acostumbraría a estar separado de mamá, que el tren era muy agradable y muy simpáticos el encargado del bar y los empleados; tanto, que me gustaría hacer el viaje a menudo para verlos. Sin embargo, parecía que todas estas buenas noticias no inspiraban a la abuela el mismo regocijo que a mí. Y contestó, mirando a otro lado
«— Tu devrais peut-être essayer de dormir un peu», et tourna les yeux vers la fenêtre dont nous avions baissé le rideau qui ne remplissait pas tout le cadre de la vitre, de sorte que le soleil pouvait glisser sur le chêne ciré de la portière et le drap de la banquette (comme une réclame beaucoup plus persuasive pour une vie mêlée à la nature que celles accrochées trop haut dans le wagon, par les soins de la Compagnie, et représentant des paysages dont je ne pouvais pas lire les noms) la même clarté tiède et dormante qui faisait la sieste dans les clairières. “Prueba a ver si puedes dormir un poco”, y apartó la vista hacia la ventanilla; habíamos bajado la cortina, pero no tapaba todo el cristal, de modo que el sol insinuaba en la brillante madera de la portezuela y en el paño de los asientos la misma claridad tibia y soñolienta que dormía la siesta allá fuera en los oquedales, claridad que era como un anuncio de la vida en el seno de la Naturaleza, mucho más persuasivo que los paisajes anunciadores colocados en lo alto del compartimiento, y cuyos nombres no podía yo leer porque los cuadros estaban muy arriba.
Mais quand ma grand′mère croyait que j′avais les yeux fermés, je la voyais par moments sous son voile à gros pois jeter un regard sur moi puis le retirer, puis recommencer, comme quelqu′un qui cherche à s′efforcer pour s′y habituer, à un exercice qui lui est pénible. Cuando mi abuela se figuró que tenía yo los ojos cerrados vi que, de cuando en cuando, de detrás de su velillo con grandes pintas negras salía una mirada que se posaba en mí, que se retiraba, y que volvía de nuevo, como persona que se esfuerza en hacer un ejercicio penoso para ir acostumbrándose.
Alors je lui parlais, mais cela ne semblait pas lui être agréable. Et à moi pourtant ma propre voix me donnait du plaisir, et de même les mouvements les plus insensibles, les plus intérieurs de mon corps. Aussi je tâchais de les faire durer, je laissais chacune de mes inflexions s′attarder longtemps aux mots, je sentais chacun de mes regards se trouver bien là où il s′était posé et y rester au delà du temps habituel. «Allons, repose-toi, me dit ma grand′mère. Si tu ne peux pas dormir lis quelque chose.» Et elle me passa un volume de Mme de Sévigné que j′ouvris, pendant qu′elle-même s′absorbait dans les Mémoires de Madame de Beausergent. Elle ne voyageait jamais sans un tome de l′une et de l′autre. C′était ses deux auteurs de prédilection. Ne bougeant pas volontiers ma tête en ce moment et éprouvant un grand plaisir à garder une position une fois que je l′avais prise, je restai à tenir le volume de Mme de Sévigné sans l′ouvrir, et je n′abaissai pas sur lui mon regard qui n′avait devant lui que le store bleu de la fenêtre. Mais contempler ce store me paraissait admirable et je n′eusse pas pris la peine de répondre à qui eût voulu me détourner de ma contemplation. La couleur bleue du store me semblait non peut-être par sa beauté mais par sa vivacité intense effacer à tel point toutes les couleurs qui avaient été devant mes yeux depuis le jour de ma naissance jusqu′au moment où j′avais fini d′avaler ma boisson et où elle avait commencé de faire son effet, qu′à côté de ce bleu du store, elles étaient pour moi aussi ternes, aussi nulles, que peut l′être rétrospectivement l′obscurité où ils ont vécu pour les aveugles-nés qu′on opère sur le tard et qui voient enfin les couleurs. Un vieil employé vint nous demander nos billets. Les reflets argentés qu′avaient les boutons en métal de sa tunique ne laissèrent pas de me charmer. Je voulus lui demander de s′asseoir à côté de nous. Mais il passa dans un autre wagon, et je songeai avec nostalgie à la vie des cheminots, lesquels passant tout leur temps en chemin de fer, ne devaient guère manquer un seul jour de voir ce vieil employé. Le plaisir que j′éprouvais à regarder le store bleu et à sentir que ma bouche était à demi ouverte commença enfin à diminuer. Je devins plus mobile; je remuai un peu; j′ouvris le volume que ma grand′mère m′avait tendu et je pus fixer mon attention sur les pages que je choisis çà et là. Tout en lisant je sentais grandir mon admiration pour Mme de Sévigné. Entonces le hablé, pero parece que no le gustó mucho. Y, sin embargo, a mí me causaba un gran placer mi propia voz, así como los movimientos más insensibles y recónditos de mi cuerpo. De manera que hacía por prolongarlo, dejaba a todas mis inflexiones de voz que se entretuvieran mucho rato en las palabras, y sentía que mis miradas se encontraban muy bien dondequiera que se posaran, y se estaban allá más tiempo del ordinario. “Vamos, descansa –dijo mi abuela–; si no puedes dormir, lee algo.” Me dió un libro de madama de Sevigné, y yo lo abrí mientras que ella se absorbía en la lectura de las Memorias de Madame de Beaitsergent. Nunca viajaba sin un libro de cada una de estas autoras. Eran sus predilectas. Como en aquel momento no quería mover la cabeza y me gustaba muchísimo guardar la misma postura que había tomado, me quedé con el libro de madama de Sevigné en la mano, sin abrirlo y sin posar en él mi mirada, que no tenía delante más que la cortina azul de la ventanilla. La contemplación de la tal cortina me parecía cosa admirable, y ni siquiera me habría dignado responder al que hubiese querido arrancarme de mi tarea. Parecíame que el color azul de la cortina, y no quizá por lo hermoso, sino por lo vivo, borraba todos los colores que tuve delante de los ojos desde el día que nací hasta el reciente momento en que acabé de beber y la bebida empezó a surtir efecto, y junto a aquel azul todos los demás coloridos se me antojaban tan apagados, tan fríos como debe de serlo retrospectivamente la obscuridad en que vivieron para los ciegos de nacimiento operados tardíamente y que ven por fin los colores. Entró un viejo empleado a pedirnos los billetes. Me encantaron los plateados reflejos que daban los botones de su cazadora. Quise rogarle que se sentara junto a nosotros. Pero pasó a otro vagón, y yo me puse a pensar con nostalgia en la vida de los empleados del ferrocarril, que, como se pasaban la vida en el tren, sin duda no dejarían de ver ni un solo día a aquel viejo revisor. Por fin empezó a menguar aquel placer que yo sentía en mirar la cortina azul y en tener la boca abierta. Sentí más ganas de moverme, y me agité un poco; abrí el libro que me diera mi abuela, y ya pude poner atención en las páginas, que iba escogiendo acá y acullá. Conforme leía vi cómo aumentaba mi admiración por madama de Sevigné.
Il ne faut pas se laisser tromper par des particularités purement formelles qui tiennent à l′époque, à la vie de salon et qui font que certaines personnes croient qu′elles ont fait leur Sévigné quand elles ont dit: «Mandez-moi ma bonne» ou «Ce comte me parut avoir bien de l′esprit», ou «faner est la plus jolie chose du monde». Déjà Mme de Simiane s′imagine ressembler à sa grand′mère parce qu′elle écrit: «M. de la Boulie se porte à merveille, monsieur, et il est fort en état d′entendre des nouvelles de sa mort», ou «Oh! mon cher marquis, que votre lettre me plaît! Le moyen de ne pas y répondre», ou encore: «Il me semble, monsieur, que vous me devez une réponse et moi des tabatières de bergamote. Je m′en acquitte pour huit, il en viendra d′autres . . .; jamais la terre n′en avait tant porté. C′est apparemment pour vous plaire.» Et elle écrit dans ce même genre la lettre sur la saignée, sur les citrons, etc., qu′elle se figure être des lettres de Mme de Sévigné. Mais ma grand′mère qui était venue à celle-ci par le dedans, par l′amour pour les siens, pour la nature, m′avait appris à en aimer les vraies beautés, qui sont tout autres. Elles devaient bientôt me frapper d′autant plus que Mme de Sévigné est une grande artiste de la même famille qu′un peintre que j′allais rencontrer à Balbec et qui eut une influence si profonde sur ma vision des choses, Elstir. Je me rendis compte à Balbec que c′est de la même façon que lui, qu′elle nous présente les choses, dans l′ordre de nos perceptions, au lieu de les expliquer d′abord par leur cause. Mais déjà cet après-midi-là, dans ce wagon, en relisant la lettre où apparaît le clair de lune: «Je ne pus résister à la tentation, je mets toutes mes coiffes et casques qui n′étaient pas nécessaires, je vais dans ce mail dont l′air est bon comme celui de ma chambre; je trouve mille coquecigrues, des moines blancs et noirs, plusieurs religieuses grises et blanches, du linge jeté par-ci par-là, des hommes ensevelis tout droits contre des arbres, etc.», je fus ravi par ce que j′eusse appelé un peu plus tard (ne peint-elle pas les paysages de la même façon que lui les caractères?) le côté Dostoski des Lettres de Madame de Sévigné. Es menester no dejarse engañar por particularidades de pura forma derivadas de la época y de la vida de sociedad de entonces, particularidades que mueven a mucha gente a creer que ya han hecho su poco de Sevigné con decir: “Mándeme usted mi criada”, o “Ese conde me pareció que tenía no poco ingenio”, o “La cosa más bonita de este mundo es poner el heno a secar”. Ya la señora de Simiane se figuraba que se parecía a su abuela, madama de Sevigné, por escribir: “El señor de la Boulie marcha a pedir de boca y está en buena disposición para oír la noticia de su muerte”, o “¡Cuánto me gusta su carta, querido marqués! ¿Cómo me arreglaré para no contestarla?” o “Me parece, caballero, que usted me debe una carta y que yo le debo cajitas de bergamota. Mando ocho, ya irán más...: la tierra nunca dió tanta bergamota. Indudablemente, lo hace para complacerlo a usted”. Y en el mismo estilo escribe sus cartas sobre la sangría los limones, etc., y se le figura que son cartas de madama de Sevigné. Pero mi abuela había llegado a madama de Sevigné por dentro, por el amor que tenía a los suyos y a la Naturaleza, y me enseñó a apreciar sus bellezas, que son muy distintas de las mencionadas. Iban a impresionarme mucho, y con más motivo, porque madama de Sevigné es una artista de la misma familia que un pintor que había de encontrarme en Balbec y que tuvo gran influencia en mi modo de ver las cosas, Elstir. En Balbec me di cuenta de que la Sevigné nos presenta las cosas igual que el pintor, es decir, con arreglo al orcen ce nuestras percepciones y no explicándolas primero por su causa. Pero ya aquella tarde, en el vagón, al releer la carta donde se habla de la noche de luna (“No pude resistir la tentación: me encasqueto papalinas y chismes que no eran necesarios y me voy al paseo, donde el aire es tan agradable como en mi alcoba; y me encuentro con mil simplezas, con frailes blancos y negros, con monjitas grises y blancas, con ropa blanca esparcida por aquí y por allá, con hombres amortajados, apoyados en el tronco de los árboles, etc.”), me sedujo eso que un poco más adelante hubiera yo llamado (porque pinta ella los paisajes lo mismo que el ruso los caracteres) el aspecto Dostoiewski de las Cartas de Madama de Sevigné.
Quand le soir, après avoir conduit ma grand′mère et être resté quelques heures chez son amie, j′eus repris seul le train, du moins je ne trouvai pas pénible la nuit qui vint; c′est que je n′avais pas à la passer dans la prison d′une chambre dont l′ensommeillement me tiendrait éveillé; j′étais entouré par la calmante activité de tous ces mouvements du train qui me tenaient compagnie, s′offraient à causer avec moi si je ne trouvais pas le sommeil, me berçaient de leurs bruits que j′accouplais comme le son des cloches à Combray tantôt sur un rythme, tantôt sur un autre (entendant selon ma fantaisie d′abord quatre doubles croches égales, puis une double croche furieusement précipitée contre une noire); ils neutralisaient la force centrifuge de mon insomnie en exerçant sur elle des pressions contraires qui me maintenaient en équilibre et sur lesquelles mon immobilité et bientôt mon sommeil se sentirent portés avec la même impression rafraîchissante que m′aurait donnée le repos dû à la vigilance de forces puissantes au sein de la nature et de la vie, si j′avais pu pour un moment m′incarner en quelque poisson qui dort dans la mer, promené dans son assoupissement par les courants et la vague, ou en quelque aigle étendu sur le seul appui de la tempête. Al finalizar la tarde dejé a mi abuela en casa de su amiga y estuve allí algunas horas; luego volví a tomar el tren yo solo, y la noche que siguió no se me hizo penosa, y fué porque no tenía que pasarla en la cárcel de una alcoba cuya misma somnolencia me tendría desvelado; me veía rodeado por la sedante actividad de todos los movimientos del tren, que me hacían compañía, que se brindaban a darme conversación si no me entraba sueño, meciéndome con sus ruidos, que yo acomodaba, como el sonar de las campanas de Combray, tan pronto a un ritmo como a otro (y según mi capricho, oía cuatro dobles corcheas iguales, y luego una doble corchea que se precipitaba furiosamente contra una semimínima); neutralizaban la fuerza centrífuga de mi insomnio ejerciendo sobre él presiones contrarias que me mantenían en equilibrio, y mi inmovilidad y mi sueño se sintieron sostenidos en esas presiones con la misma impresión de frescura que hubiese podido darme el descanso que debe causar la sensación de que no velan fuerzas enormes en el seno de la Naturaleza y de la vida, caso de haber podido encarnar por un momento en un pez que duerme en el mar paseado por las corrientes y las olas, o en un águila apoyada sólo en la tempestad.
Les levers de soleil sont un accompagnement des longs voyages en chemin de fer, comme les ufs durs, les journaux illustrés, les jeux de cartes, les rivières où des barques s′évertuent sans avancer. A un moment où je dénombrais les pensées qui avaient rempli mon esprit pendant les minutes précédentes, pour me rendre compte si je venais ou non de dormir (et où l′incertitude même qui me faisait me poser la question, était en train de me fournir une réponse affirmative), dans le carreau de la fenêtre, au-dessus d′un petit bois noir, je vis des nuages échancrés dont le doux duvet était d′un rose fixé, mort, qui ne changera plus, comme celui qui teint les plumes de l′aile qui l′a assimilé ou le pastel sur lequel l′a déposé la fantaisie du peintre. Mais je sentais qu′au contraire cette couleur n′était ni inertie, ni caprice, mais nécessité et vie. Bientôt s′amoncelèrent derrière elle des réserves de lumière. Elle s′aviva, le ciel devint d′un incarnat que je tâchais, en collant mes yeux à la vitre, de mieux voir car je le sentais en rapport avec l′existence profonde de la nature, mais la ligne du chemin de fer ayant changé de direction, le train tourna, la scène matinale fut remplacée dans le cadre de la fenêtre par un village nocturne aux toits bleus de clair de lune, avec un lavoir encrassé de la nacre opaline de la nuit, sous un ciel encore semé de toutes ses étoiles, et je me désolais d′avoir perdu ma bande de ciel rose quand je l′aperçus de nouveau, mais rouge cette fois, dans la fenêtre d′en face qu′elle abandonna à un deuxième coude de la voie ferrée; si bien que je passais mon temps à courir d′une fenêtre à l′autre pour rapprocher, pour rentoiler les fragments intermittents et opposites de mon beau matin écarlate et versatile et en avoir une vue totale et un tableau continu. En los largos viajes en ferrocarril la salida del sol es una compañía, como lo son los huevos duros, los periódicos ilustrados, los naipes y esos ríos donde hay unas barcas que hacen esfuerzo! inútiles por avanzar. En el mismo instante en que pasaba yo revista a los pensamientos que me llenaban el ánimo durante los minutos precedentes, para darme cuenta de si había dormido o no (y cuando la misma incertidumbre que me inspiraba la pregunta estaba dándome la respuesta afirmativa), vi en el cuadro de cristal de la ventanilla, por encima de un bosquecillo negro, unas nubes festoneadas, cuyo suave plumón tenía un color rosa permanente, muerto, de ese que no cambiará, como el color rosa ya asimilado por las plumas de un ala o por el lienzo al pastel donde lo puso el capricho del pintor. Pero yo sentí que, por el contrario, aquel colorido no era inercia ni capricho sino necesidad y vida. –Pronto fueron amontonándose detrás de el las reservas de luz. Cobró vida, el cielo se fué pintando de encarnado y yo pegué los ojos al cristal para verlo mejor, por que sabía que ese color tenía relación con la profunda Vida de la Naturaleza; pero la vía cambió de dirección, el tren dio vuelta, y en el marco de la ventana vino a substituir a aquel escenario matinal un poblado nocturno con los techos azulados de luna y con un lavadero lleno del ópalo nacarino de la noche, todo abrigado por un cielo tachonado de –estrellas; y ya me desesperaba de haber perdido mi franja de cielo rosa, cuando volví a verla, roja ya, en la ventanilla de enfrente, de donde se escapó en un recodo de la vía; así, que pasé el tiempo en correr de una a otra ventanilla para juntar y recomponer los fragmentos intermitentes y opuestos de mi hermosa aurora escarlata y versátil; y llegar a poseerla en visión total y cuadro continuo.
Le paysage devint accidenté, abrupt, le train s′arrêta à une petite gare entre deux montagnes. On ne voyait au fond de la gorge, au bord du torrent, qu′une maison de garde enfoncée dans l′eau qui coulait au ras des fenêtres. Si un être peut être le produit d′un sol dont on goûte en lui le charme particulier, plus encore que la paysanne que j′avais tant désiré voir apparaître quand j′errais seul du côté de Méséglise, dans les bois de Roussainville, ce devait être la grande fille que je vis sortir de cette maison et, sur le sentier qu′illuminait obliquement le soleil levant, venir vers la gare en portant une jarre de lait. Dans la vallée à qui ces hauteurs cachaient le reste du monde, elle ne devait jamais voir personne que dans ces trains qui ne s′arrêtaient qu′un instant. Elle longea les wagons, offrant du café au lait à quelques voyageurs réveillés. Empourpré des reflets du matin, son visage était plus rose que le ciel. Je ressentis devant elle ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur. Nous oublions toujours qu′ils sont individuels et, leur substituant dans notre esprit un type de convention que nous formons en faisant une sorte de moyenne entre les différents visages qui nous ont plu, entre les plaisirs que nous avons connus, nous n′avons que des images abstraites qui sont languissantes et fades parce qu′il leur manque précisément ce caractère d′une chose nouvelle, différente de ce que nous avons connu, ce caractère qui est propre à la beauté et au bonheur. Et nous portons sur la vie un jugement pessimiste et que nous supposons juste, car nous avons cru y faire entrer en ligne de compte le bonheur et la beauté quand nous les avons omis et remplacés par des synthèses où d′eux il n′y a pas un seul atome. C′est ainsi que bâille d′avance d′ennui un lettré à qui on parle d′un nouveau «beau livre», parce qu′il imagine une sorte de composé de tous les beaux livres qu′il a lus, tandis qu′un beau livre est particulier, imprévisible, et n′est pas fait de la somme de tous les chefs-d′uvre précédents mais de quelque chose que s′être parfaitement assimilé cette somme, ne suffit nullement à faire trouver, car c′est justement en dehors d′elle. Dès qu′il a eu connaissance de cette nouvelle uvre, le lettré, tout à l′heure blasé, se sent de l′intérêt pour la réalité qu′elle dépeint. Telle, étrangère aux modèles de beauté que dessinait ma pensée quand je me trouvais seul, la belle fille me donna aussitôt le goût d′un certain bonheur (seule forme, toujours particulière, sous laquelle nous puissions connaître le goût du bonheur), d′un bonheur qui se réaliserait en vivant auprès d′elle. Mais ici encore la cessation momentanée de l′Habitude agissait pour une grande part. Je faisais bénéficier la marchande de lait de ce que c′était mon être complet, apte à goûter de vives jouissances, qui était en face d′elle. C′est d′ordinaire avec notre être réduit au minimum que nous vivons, la plupart de nos facultés restent endormies parce qu′elles se reposent sur l′habitude qui sait ce qu′il y a à faire et n′a pas besoin d′elles. Mais par ce matin de voyage l′interruption de la routine de mon existence, le changement de lieu et d′heure avaient rendu leur présence indispensable. Mon habitude qui étaient sédentaire et n′était pas matinale, faisait défaut, et toutes mes facultés étaient accourues pour la remplacer, rivalisant entre elles de zèle, — s′élevant toutes, comme des vagues à un même niveau inaccoutumé — de la plus basse, à la plus noble, de la respiration, de l′appétit, et de la circulation sanguine à la sensibilité et à l′imagination. El paisaje se fué volviendo accidentado y abrupto, y el tren se detuvo en una pequeña estación situada entre dos montañas. Sólo se veía en el fondo de la garganta que formaban los dos montes, y al borde del torrente, la casa del guarda, hundida en el agua, que corría casi al ras de las ventanas. Y si es posible que una determinada tierra produzca un ser en el que se pueda saborear el particular encanto de ese terruño, la criatura esa debía de ser, en mayor grado aún que la campesina cuya aparición tanto deseaba yo cuando vagaba solo por el lado de Méséglise, esta moza alta que vi salir de la casita y encaminarse hacia la estación con su cántaro de leche, por el sendero iluminado oblicuamente por el naciente sol. En el seno de aquel valle, entre aquellas alturas que le ocultaban el resto del mundo, la muchacha no debía de ver a otras personas que a las que iban en esos trenes que se paraban allí un momento. Anduvo a lo largo del convoy ofreciendo café con leche a los pocos viajeros despiertos. Su rostro, coloreado con los reflejos matinales, era más rosado que el cielo. Sentí al verla ese deseo de vivir que en nosotros renace cada vez que recobramos la conciencia de la dicha y de la belleza. Nos olvidamos continuamente de que dicha y belleza son individuales, y en lugar suyo nos colocamos en el ánimo un tipo convencional formado por una especie de término medio de los diferentes rostros que nos han gustado y de los placeres que saboreamos, con lo cual no poseemos otra cosa sino imágenes abstractas, lánguidas y sosas, porque les falta cabalmente ese carácter de cosa nueva, distinta de todo lo que tenemos visto, ese carácter peculiar de la dicha y de la belleza. Y juzgamos la vida con un criterio pesimista y que consideramos justo porque se nos figura que para juzgar tuvimos bien en cuenta la felicidad y la hermosura, cuando en verdad las omitimos, las reemplazamos por síntesis que no tenían ni un átomo de ventura ni de belleza. Lo mismo ocurre con ese hombre tan leído que bosteza de aburrimiento cuando le hablan de un nuevo libro muy bueno, porque se imagina algo como un compuesto de todos los libros buenos que leyó, mientras que un libro realmente bueno es particular, imposible de prever, y no consiste en la suma de todas las precedentes obras maestras, sino en algo que no se logra con haberse asimilado perfectamente esa suma, porque está precisamente fuera de ella. Y en cuanto conoce la obra nueva ese hombre, hastiado hace un instante, siente interés por la realidad que en el libro se pinta. Así, aquella hermosa moza, que nada tenía que ver con los modelos de belleza trazados por mi imaginación en momentos de soledad, me dió en seguida la apetencia de una felicidad determinada (única forma, siempre particular, en que podemos conocer el sabor de la felicidad), de una felicidad que habría de realizarse con vivir a su lado. Pero en esto también entraba, y por mucho, la cesación del Hábito. Favorecía a la vendedora de leche la circunstancia de que tenía delante mi ser completo, apto para gozar los más hondos goces. Por lo general, vivimos con nuestro ser reducido al mínimum, y la mayoría de nuestras facultades están adormecidas, porque descansan en la costumbre, que ya sabe lo que hay que hacer y no las necesita. Pero en aquella mañana del viaje la interrupción de la rutina de mi vivir, y los cambios de lugar y de hora hicieron su presencia indispensable. Mi costumbre, que era sedentaria y no madrugaba, no estaba allí, y todas mis facultades anímicas acudieron a substituirla, rivalizando en ardor, elevándose todas, cono olas, al mismo desusado nivel, desde la más baja a la más, cable, desde el apetito y la circulación sanguínea a la, sensibilidad de la imaginación.
Je ne sais si, en me faisant croire que cette fille n′était pas pareille aux autres femmes, le charme sauvage de ces lieux ajoutait au sien, mais elle le leur rendait. La vie m′aurait paru délicieuse si seulement j′avais pu, heure par heure, la passer avec elle, l′accompagner jusqu′au torrent, jusqu′à la vache, jusqu′au train, être toujours à ses côtés, me sentir connu d′elle, ayant ma place dans sa pensée. Elle m′aurait initié aux charmes de la vie rustique et des premières heures du jour. Je lui fis signe qu′elle vînt me donner du café au lait. J′avais besoin d′être remarqué d′elle. Elle ne me vit pas, je l′appelai. Au-dessus de son corps très grand, le teint de sa figure était si doré et si rose qu′elle avait l′air d′être vue à travers un vitrail illuminé. Elle revint sur ses pas, je ne pouvais détacher mes yeux de son visage de plus en plus large, pareil à un soleil qu′on pourrait fixer et qui s′approcherait jusqu′à venir tout près de vous, se laissant regarder de près, vous éblouissant d′or et de rouge. Elle posa sur moi son regard perçant, mais comme les employés fermaient les portières, le train se mit en marche; je la vis quitter la gare et reprendre le sentier, il faisait grand jour maintenant: je m′éloignais de l′aurore. Que mon exaltation eût été produite par cette fille, ou au contraire eût causé la plus grande partie du plaisir que j′avais eu à me trouver près d′elle, en tous cas elle était si mêlée à lui, que mon désir de la revoir était avant tout le désir moral de ne pas laisser cet état d′excitation périr entièrement, de ne pas être séparé à jamais de l′être qui y avait même à son insu, participé. Ce n′est pas seulement que cet état fût agréable. C′est surtout que (comme la tension plus grande d′une corde ou la vibration plus rapide d′un nerf produit une sonorité ou une couleur différente), il donnait une autre tonalité à ce que je voyais, il m′introduisait comme acteur dans un univers inconnu et infiniment plus intéressant; cette belle fille que j′apercevais encore, tandis que le train accélérait sa marche, c′était comme une partie d′une vie autre que celle que je connaissais, séparée d′elle par un liseré, et où les sensations qu′éveillaient les objets n′étaient plus les mêmes; et d′où sortir maintenant eût été comme mourir à moi-même. Pour avoir la douceur de me sentir du moins attaché à cette vie il eût suffi que j′habitasse assez près de la petite station pour pouvoir venir tous les matins demander du café au lait à cette paysanne. Mais, hélas! elle serait toujours absente de l′autre vie vers laquelle je m′en allais de plus en plus vite et que je ne me résignais à accepter qu′en combinant des plans qui me permettraient un jour de reprendre ce même train et de m′arrêter à cette même gare, projet qui avait aussi l′avantage de fournir un aliment à la disposition intéressée, active, pratique, machinale, paresseuse, centrifuge qui est celle de notre esprit car il se détourne volontiers de l′effort qu′il faut pour approfondir en soi-même, d′une façon générale et désintéressée, une impression agréable que nous avons eue. Et comme d′autre part nous voulons continuer à penser à elle, il préfère l′imaginer dans l′avenir, préparer habilement les circonstances qui pourront la faire renaître, ce qui ne nous apprend rien sur son essence, mais nous évite la fatigue de la recréer en nous-même et nous permet d′espérer la recevoir de nouveau du dehors. Yo no sé si aquellos lugares acrecían su salvaje encanto haciéndome creer que la muchacha no era como las demás mujeres, pero ello es que la moza devolvía a los campos la seducción que ellos le prestaban. Y la vida me hubiera parecido deliciosa sólo con poder vivirla hora a hora con ella y acompañarla hasta el torrente, hasta la vaca, hasta el tren siempre a su lado, sintiendo que ella me conocía y que ocupaba yo un lugar de su pensamiento. Habriame iniciado en los encantos de la vida rústica y de las primeras horas del día. Le hice señas para que me trajera café con leche, (quería que se fijara en mí. Pero no me vió, y la llamé. Coronando su elevada estatura, mostraba su rostro tan áureo y rosado como si se la viese a través de una iluminada vidriera. Volvió sobre sus pasos; yo no podía separar la vista de su cara, cada vez más agrandada, como un sol que se pudiera mirar y que fuera aproximándose hasta llegar junto a uno, dejándose ver de cerca y cegando con oro y con rosa. Posó en mí su penetrante mirada; pero los mozos cerraron las portezuelas y el tren arrancó; vi cómo la muchacha salía de la estación y tomaba el sendero; ya había claridad completa me iba alejando de la aurora. No sé si mi exaltación la produjo aquella moza o si, al contrario, fué mi exaltado ánimo la causa principal del placer que sentí al verla; pero tan unidas estaban ambas cosas, que mi deseo de volverla a ver era ante todo el deseo moral de no dejar que esa excitación pereciese por completo y de no separarme para siempre del ser que tuvo parte en ella, aun sin saberlo. Y no era tan sólo porque aquel estado fuese agradable, sino que do mismo que la mayor tensión de una cuerda o la vibración más rápida de un nervio producen una sonoridad o un color diferentes) ese estado daba otra tonalidad a lo que yo veía y me introducía como actor en un universo desconocido e infinitamente más interesante; esa muchacha que aún vislumbraba yo conforme el tren aceleraba su andar, era como parte de una vida distinta de la que yo conocía, separada de ella por una orla, y donde las sensaciones provocadas por las cosas no eran igual – y, salir de allí me era morir. – Hubiese bastado, para sentirme por la menos en comunicación con esa vida, con habitar allí junto a la estación e ir todas las mañanas a pedir café con leche a la moza. Pero ¡ay!, que ella iba a estar siempre ausente de esta otra vida hacia la que me encaminaba yo cada vez con más velocidad, vida que me resignaba ahora a aceptar tan sólo porque estaba combinando planes para poder volver otro día a tomar el mismo tren y a pararme en la misma estación; ese proyecto tenía además la ventaja de ofrecer un alimento a esa disposición interesada, activa, práctica, madrugadora, maquinal, perezosa y centrífuga que tiene nuestro espíritu a desviarse del esfuerzo que es menester para profundizar en nosotros, de un modo general y desinteresado, una impresión agradable que tuvimos. Y como, por otra parte, queremos seguir pensando en ella, prefiere nuestro ánimo imaginarla en el futuro, preparar hábilmente las circunstancias más favorables a su renacer y con eso no nos enseña nada nuevo tocante a la esencia de esa impresión, pero nos ahorra el cansancio de volver a crearla en nosotros mismos y nos da esperanza de que otra vez la recibiremos de fuera.
Certains noms de villes, Vezelay ou Chartres, Bourges ou Beauvais servent à désigner, par abréviation, leur église principale. Cette acception partielle où nous le prenons si souvent, finit — s′il s′agit de lieux que nous ne connaissons pas encore, — par sculpter le nom tout entier qui dès lors quand nous voudrons y faire entrer l′idée de la ville — de la ville que nous n′avons jamais vue, — lui imposera — comme un moule, — les mêmes ciselures, et du même style, en fera une sorte de grande cathédrale. Ce fut pourtant à une station de chemin de fer, au-dessus d′un buffet, en lettres blanches sur un avertisseur bleu, que je lus le nom, presque de style persan, de Balbec. Je traversai vivement la gare et le boulevard qui y aboutissait, je demandai la grève pour ne voir que l′église et la mer; on n′avait pas l′air de comprendre ce que je voulais dire. Balbec-le-vieux, Balbec-en-terre, où je me trouvais, n′était ni une plage ni un port. Certes, c′était bien dans la mer que les pêcheurs avaient trouvé, selon la légende, le Christ miraculeux dont un vitrail de cette église qui était à quelques mètres de moi racontait la découverte; c′était bien de falaises battues par les flots qu′avait été tirée la pierre de la nef et des tours. Mais cette mer, qu′à cause de cela j′avais imaginée venant mourir au pied du vitrail, était à plus de cinq lieues de distance, à Balbec-plage, et, à côté de sa coupole, ce clocher que, parce que j′avais lu qu′il était lui-même une âpre falaise normande où s′amassaient les grains, où tournoyaient les oiseaux, je m′étais toujours représenté comme recevant à sa base la dernière écume des vagues soulevées, il se dressait sur une place où était l′embranchement de deux lignes de tramways, en face d′un Café qui portait, écrit en lettres d′or, le mot «Billard»; il se détachait sur un fond de maisons aux toits desquelles ne se mêlait aucun mât. Et l′église, — entrant dans mon attention avec le Café, avec le passant à qui il avait fallu demander mon chemin, avec la gare où j′allais retourner, — faisait un avec tout le reste, semblait un accident, un produit de cette fin d′après-midi, dans laquelle la coupe moelleuse et gonflée sur le ciel était comme un fruit dont la même lumière qui baignait les cheminées des maisons, mûrissait la peau rose, dorée et fondante. Mais je ne voulus plus penser qu′à la signification éternelle des sculptures, quand je reconnus les Apôtres dont j′avais vu les statues moulées au musée du Trocadéro et qui des deux côtés de la Vierge, devant la baie profonde du porche m′attendaient comme pour me faire honneur. La figure bienveillante, camuse et douce, le dos voûté, ils semblaient s′avancer d′un air de bienvenue en chantant l′Alleluia d′un beau jour. Mais on s′apercevait que leur expression était immuable comme celle d′un mort et ne se modifiait que si on tournait autour d′eux. Je me disais: c′est ici, c′est l′église de Balbec. Cette place qui a l′air de savoir sa gloire est le seul lieu du monde qui possède l′église de Balbec. Ce que j′ai vu jusqu′ici c′était des photographies de cette église, et, de ces Apôtres, de cette Vierge du porche si célèbres, les moulages seulement. Maintenant c′est l′église elle-même, c′est la statue elle-même, ce sont elles; elles, les uniques: c′est bien plus. Hay nombres de ciudades que sirven para designar, en abreviatura, su iglesia principal: Vecelay, Chartres, Bourges o Beauvais. Esta acepción parcial en que a mentido tomamos el nombre de la urbe acaba –cuando se trata de lugares aún desconocidos por esculpir el nombre entero; y desde ese instante, siempre que queremos introducir en el nombre la idea de la ciudad que aún no hemos visto, él le impone como un molde las mismas líneas, del mismo estilo, y la transforma en una especie de inmensa catedral. Y sin embargo, el nombre, casi de apariencia persa, de Balbec lo leí yo en una estación de ferrocarril, encima de la puerta de la fonda, escrito con letras blancas en el cartel azul. Crucé en seguida la estación y el boulevard que en ella termina, y pregunté por la playa, para no ver más que la iglesia y el mar; pero parecía como si no me entendiesen. Balbec el viejo Balbec de tierra, aquel en donde yo estaba, no era ni playa ni puerto. Cierto que ese Cristo milagroso, cuyo descubrimiento relataba la vidriera de esa iglesia que tenía a tinos metros de distancia, lo habían encontrado los pescadores, según la leyenda, en el mar, cierto que la piedra para la nave y para las torres la habían sacado de acantilados que azotaban las olas. Pero el mar, que por todas estas cosas me había yo figurado que iba a morir al pie de la vidriera, estaba a más de cinco leguas de distancia, en Balbec Plage; y esa cúpula, ese campanario, que por aquellas mis lecturas, en que se lo calificaba a él también de rudo acantilado normando donde crecían las hierbas y revoloteaban los pájaros, me imaginaba yo que recibía en su base el salpicar de las alborotadas olas, erguíase en una plaza donde empalmaban dos líneas de tranvías, frente a un café que tenía una muestra con letras doradas que decían: “Billar”, y se destacaba sobre un fondo de tejados sin sombra de mástil alguno. Y la iglesia se entró en mi atención juntamente con el café, con el transeúnte a quien pregunté por mi camino, con la estación donde tenía que volver, formando un conjunto con todo ello; así, que parecía un accidente, un producto de aquel atardecer, y la suave y henchida cúpula era, allí en el cielo, como un fruto cuya piel rosada, áurea y acuosa iba madurando por obra de la misma luz que bañaba las chimeneas de las casas. Pero en cuanto reconocí a los Apóstoles de piedra que ya había visto en vaciados del Museo del Trocadero, y que me esperaban, como para rendirme honores, a ambos lados de la Virgen, en el profundo hueco del pórtico, ya no quise pensar más que en la significación eterna de las esculturas. Con su rostro benévolo, chato y cariñoso y un poco inclinado hacia adelante, parecían avanzar en son de bienvenida, cantando el Aleluya de un día hermoso. Pero veiase que su expresión era inmutable como la de un cadáver y sólo se modificaba dando una vuelta a su alrededor. Decíame yo: “Ésta, ésta es la iglesia de Balbec. Este sitio, que parece consciente de su gloria, es el único lugar de este mundo que posee la iglesia de Balbec. Hasta ahora le, que he visto no erais más que fotografías de esta iglesia, de estos Apóstoles de esa Virgen del pórtico, tan célebres, o vaciados Pero ahora veo la iglesia misma y las estatuas de verdad: son ellas, las únicas, y esto ya es ver mucho más”.
C′était moins aussi peut-être. Comme un jeune homme un jour d′examen ou de duel, trouve le fait sur lequel on l′a interrogé, la balle qu′il a tirée, bien peu de chose, quand il pense aux réserves de science et de courage qu′il possède et dont il aurait voulu faire preuve, de même mon esprit qui avait dressé la Vierge du Porche hors des reproductions que j′en avais eues sous les yeux, inaccessible aux vicissitudes qui pouvaient menacer celles-ci, intacte si on les détruisait, idéale, ayant une valeur universelle, s′étonnait de voir la statue qu′il avait mille fois sculptée réduite maintenant à sa propre apparence de pierre, occupant par rapport à la portée de mon bras une place où elle avait pour rivales une affiche électorale et la pointe de ma canne, enchaînée à la Place, inséparable du débouché de la grand′rue, ne pouvant fuir les regards du café et du bureau d′omnibus, recevant sur son visage la moitié du rayon de soleil couchant — et bientôt, dans quelques heures de la clarté du réverbère — dont le bureau du Comptoir d′Escompte recevait l′autre moitié, gagnée en même temps que cette Succursale d′un ètablissement de crédit, par le relent des cuisines du pâtissier, soumise à la tyrannie du Particulier au point que, si j′avais voulu tracer ma signature sur cette pierre, c′est elle, la Vierge illustre que jusque-là j′avais douée d′une existence générale et d′une intangible beauté, la Vierge de Balbec, l′unique (ce qui, hélas! voulait dire la seule), qui, sur son corps encrassé de la même suie que les maisons voisines, aurait, sans pouvoir s′en défaire, montré à tous les admirateurs venus là pour la contempler, la trace de mon morceau de craie et les lettres de mon nom, et c′était elle enfin l′uvre d′art immortelle et si longtemps désirée, que je trouvais, métamorphosée ainsi que l′église elle-même, en une petite vieille de pierre dont je pouvais mesurer la hauteur et compter les rides. L′heure passait, il fallait retourner à la gare où je devais attendre ma grand′mère et Françoise pour gagner ensemble Balbec-Plage. Je me rappelais ce que j′avais lu sur Balbec, les paroles de Swann: «C′est délicieux, c′est aussi beau que Sienne.» Et n′accusant de ma déception que des contingences, la mauvaise disposition où j′étais, ma fatigue, mon incapacité de savoir regarder, j′essayais de me consoler en pensant qu′il restait d′autres villes encore intactes pour moi, que je pourrais prochainement peut-être pénétrer comme au milieu d′une pluie de perles dans le frais gazouillis des égouttements de Quimperlé, traverser le reflet verdissant et rose qui baignait Pont-Aven; mais pour Balbec dès que j′y étais entré ç‘avait été comme si j′avais entr′ouvert un nom qu′il eût fallu tenir hermétiquement clos et où, profitant de l′issue que je leur avais imprudemment offerte en chassant toutes les images qui y vivaient jusque-là, un tramway, un café, les gens qui passaient sur la place, la succursale du Comptoir d′Escompte, irrésistiblement poussés par une pression externe et une force pneumatique, s′étaient engouffrés à l′intérieur des syllabes qui, refermées sur eux, les laissaient maintenant encadrer le porche de l′église persane et ne cesseraient plus de les contenir. Y también quizá algo menos. Igual que un joven que en trance de examen o de duelo se encuentra con que la bala que tiró o la pregunta que le hicieren eran muy poca cosa comparadas con las reservas de ciencia y de valor que posee y que hubiera deseado mostrar, así mi alma que había plantado la Virgen del pórtico fuera de las reproducciones que tuve a la vista, inaccesible a las vicisitudes que pudiesen alcanzar a las fotografías, intacta aunque destruyeran su imagen. ideal, con valor universal, extrañabase ahora al ver la estatua que mil veces esculpiera en su imaginación reducida a su propia apariencia de piedra y a la misma distancia de mi mano que un cartel de elecciones pegado en la pared y la contera de mi bastón; allí sujeta a la plaza, inseparable del desembocar de la calle principal, sin poder huir de las miradas del café y del quiosco de los ómnibus compartiendo el rayo de sol poniente, y dentro de algunas horas la luz del farol, con las oficinas del Comptoir d′Escompte, envuelta, del mismo modo que esa sucursal de un establecimiento de crédito, en el olor de las cocinas del pastelero, y sometida a la tiranía de lo Particular, hasta tal punto, que si hubiera querido dibujar mi firma en la piedra, ella, la Virgen excelsa, revestida por mí hasta aquel instante de existencia general e intangible belleza, la Virgen de Balbec, la única do cual, ¡ay!, quería decir que no había otra), hubiese mostrado inevitablemente en su cuerpo, marchado por el mismo hollín que ensuciaba las casas vecinas, las huellas del yeso y las letras de mi nombre a todos los admiradores que allí iban a contemplarla; y a ella, a la obra de arte inmortal por tanto tiempo deseada, me la encontré metamorfoseada, al igual que la iglesia, en una viejecita de piedra cuya estatura se podía medir ,y cuvas arrugan se podían contar. Pasaba el tiempo; era menester volverse a la estación a esperar a mi abuela y a Francisca, para continuar todos hacia Balbec Plage. Me acordé de lo que había leído sobre Balbec y de las palabras de Swann: “Es delicioso, tan bello como Siena”. Y no quise echar la culpa de mi decepción más que a las contingencias, a la mala disposición de ánimo en que me hallaba. a mi fatiga y a no saber mirar bien; e hice por consolarme con la ¡den de que aún me quedaban otras ciudades intactas; que quizá muy pronto me sería dado penetrar en el seno de una lluvia de perlas, en el fresco y goteante murmullo de Quimperlé, o cruzar por el reflejo verdinoso y rosado que empapa a Pont Aven; pero por lo que hace a Balbec, en cuanto entré allí ocurrió como si hubiese entreabierto un nombre que había que tener herméticamente cerrado y como si, aprovechándose del portillo por mí abierto, se hubiesen introducido en el interior de sus sílabas, irresistiblemente empujados por una presión externa y una fuerza neumática, un tranvía, un café, la gente que pasaba por la plaza, la sucursal del Banco, arrojando de aquel nombre todas las imágenes que hasta entonces contuviera; y ahora esas sílabas habían vuelto a cerrarse y ahora ya todas aquellas cosas quedaban dentro, sin poder salirse nunca, sirviendo de marco a la iglesia.
Dans le petit chemin de fer d′intérêt local qui devait nous conduire à Balbec-Plage, je retrouvai ma grand′mère mais l′y retrouvai seule — car elle avait imaginé de faire partir avant elle pour que tout fût préparé d′avance (mais lui ayant donné un renseignement faux n′avait réussi qu′à faire partir dans une mauvaise direction), Françoise qui en ce moment sans s′en douter filait à toute vitesse sur Nantes et se réveillerait peut-être à Bordeaux. — A peine fus-je assis dans le wagon rempli par la lumière fugitive du couchant et par la chaleur persistante de l′après-midi (la première, hélas! me permettant de voir en plein sur le visage de ma grand′mère combien la seconde l′avait fatiguée), elle me demanda: «Hé bien, Balbec?» avec un sourire si ardemment éclairé par l′espérance du grand plaisir qu′elle pensait que j′avais éprouvé, que je n′osai pas lui avouer tout d′un coup ma déception. D′ailleurs, l′impression que mon esprit avait recherchée m′occupait moins au fur et à mesure que se rapprochait le lieu auquel mon corps aurait à s′accoutumer. Au terme, encore éloigné de plus d′une heure, de ce trajet, je cherchais à imaginer le directeur de l′hôtel de Balbec pour qui j′étais, en ce moment, inexistant, et j′aurais voulu me présenter à lui dans une compagnie plus prestigieuse que celle de ma grand′mère qui allait certainement lui demander des rabais. Il m′apparaissait empreint d′une morgue certaine, mais très vague de contours. Encontré a mi abuela en el tren de aquella línea secundaria que había de llevarnos a Balbec Plage, pero a ella sola; quiso andar por delante a Francisca para que todo estuviera preparado i nuestra llegada, pero le dió mal las señas y Francisca– tomó una dirección equivocada, y a estas horas debía de correr a toda velocidad hacia Nantes, y acaso se despertara en Burdeos. Apenas me senté en aquel compartimiento, todo lleno de fugitiva luz crepuscular y del persistente calor de la tarde (gracias a esa luz se me reveló en el rostro de la abuela lo mucho que la había cansado ese calor), cuando me preguntó: “¿Qué tal Balbec?”; y su sonrisa estaba tan iluminada por la esperanza de aquel placer que, en su opinión, debía yo de haber sentido, que no me atreví a confesarle de pronto mi decepción. Además, la impresión aquella que tanto había buscado mi alma me preocupaba y a cada vez menos, según se aproximaban los nuevos lugares a que habría de acostumbrarse mi cuerpo. Y al final de ese trayecto, que aún duraría más de una hora, hacía yo por imaginarme al director del hotel de Balbec, para el cual yo no existía aún, y hubiera deseado presentarme a ese personaje en compañía más prestigiosa que la de mi abuela, que de seguro le iba a pedir una rebaja.
A tout moment le petit chemin de fer nous arrêtait à l′une des stations qui précédaient Balbec-Plage et dont les noms mêmes (Incarville, Marcouville, Doville, Pont-à-Couleuvre, Arambouville, Saint-Mars-le-Vieux, Hermonville, Maineville) me semblaient étranges, alors que lus dans un livre ils auraient eu quelque rapport avec les noms de certaines localités qui étaient voisines de Combray. Mais à l′oreille d′un musicien deux motifs, matériellement composés de plusieurs des mêmes notes, peuvent ne présenter aucune ressemblance, s′ils diffèrent par la couleur de l′harmonie et de l′orchestration. De même, rien moins que ces tristes noms faits de sable, d′espace trop aéré et vide, et de sel, au-dessus desquels le mot ville s′échappait comme vole dans Pigeon-vole, ne me faisait penser à ces autres noms de Roussainville ou de Martinville, qui parce que je les avais entendu prononcer si souvent par ma grand′tante à table, dans la «salle», avaient acquis un certain charme sombre où s′étaient peut-être mélangés des extraits du goût des confitures, de l′odeur du feu de bois et du papier d′un livre de Bergotte, de la couleur de grès de la maison d′en face, et qui, aujourd′hui encore, quand ils remontent comme une bulle gazeuse, du fond de ma mémoire, conservent leur vertu spécifique à travers les couches superposées de milieux différents qu′ils ont à franchir avant d′atteindre jusqu′à la surface. Se me aparecía con vagos perfiles, pero con altivo empaque. A cada momento nuestro tren se paraba en una de las estaciones que precedían a Balbec Plage, y hasta sus nombres (Incarville, Marcouville, Doville, Pont–á–Couleuvre, Arambouville, Saint–Mars–le–Vieux, Hermonville, Maineville) me parecían ahora cosa extraña, mientras que leídos en un libro no se me hubiese escapado que tenían alguna relación con lugares cercanos a Balbec. Pero puede ocurrir que para el oído de un músico dos motivos compuestos materialmente de varias notas comunes quizá no ofrezcan ninguna semejanza sí difieren por el color de la armonía y de la orquestación. Y así, esos nombres tan tristes, hechos de arena, de espacios ventilados y abiertos, de sal, nombres de los que se escapaba su último elemento, ville como se escapa el vole final cuando se juega a Pigeon–vole, en nada me recordaban esos otros nombres parecidos de Roussainville o Martinville; porque estos últimos los había oído pronunciar tan a menudo por mi tía mayor cuando estábamos en la “sala”, sentados a la mesa, que llegaron a cobrar cierto sombrío encanto, en el que acaso se confundían sabores de confitura, olor a fuego de leña y a papa de Bergotte y el tono pizarroso de la casa de enfrente tanto, que hoy, cuando se remontan como una burbuja del fondo dé mi memoria, aún conservan su virtud específica a través de las superpuestas capas de ambientes distintos que hubieron de franquear para llegar a la superficie.
C′étaient, dominant la mer lointaine du haut de leur dune, ou s′accommodant déjà pour la nuit au pied de collines d′un vert cru et d′une forme désobligeante, comme celle du canapé d′une chambre d′hôtel où l′on vient d′arriver, composées de quelques villas que prolongeait un terrain de tennis et quelquefois un casino dont le drapeau claquait au vent fraîchissant, évidé et anxieux, de petites stations qui me montraient pour la première fois leurs hôtes habituels, mais me les montraient par leur dehors — des joueurs de tennis en casquettes blanches, le chef de gare vivant là, près de ses tamaris et de ses roses, une dame, coiffée d′un «canotier», qui, décrivant le tracé quotidien d′une vie que je ne connaîtrais jamais, rappelait son lévrier qui s′attardait et rentrait dans son chalet où la lampe était déjà allumée — et qui blessaient cruellement de ces images étrangement usuelles et dédaigneusement familières, mes regards inconnus et mon cur dépaysé. Mais combien ma souffrance s′aggrava quand nous eûmes débarqué dans le hall du grand hôtel de Balbec, en face de l′escalier monumental qui imitait le marbre, et pendant que ma grand′mère, sans souci d′accroître l′hostilité et le mépris des étrangers au milieu desquels nous allions vivre, discutait les «conditions» avec le directeur, sorte de poussah à la figure et à la voix pleines de cicatrices (qu′avait laissées l′extirpation sur l′une, de nombreux boutons, sur l′autre des divers accents dus à des origines lointaines et à une enfance cosmopolite), au smoking de mondain, au regard de psychologue, prenant généralement à l′arrivée de l′«omnibus», les grands seigneurs pour des râleux et les rats d′hôtel pour des grands seigneurs. Oubliant sans doute que lui-même ne touchait pas cinq cent francs d′appointements mensuels, il méprisait profondément les personnes pour qui cinq cents francs ou plutôt comme il disait «vingt-cinq louis» est «une somme» et les considérait comme faisant partie d′une race de parias à qui n′était pas destiné le Grand Hôtel. Il est vrai que dans ce Palace même, il y avait des gens qui ne payaient pas très cher, tout en étant estimés du directeur à condition que celui-ci fût certain qu′ils regardaient à dépenser non pas par pauvreté mais par avarice. Elle ne saurait en effet rien ôter au prestige, puisqu′elle est un vice et peut par conséquent se rencontrer dans toutes les situations sociales. La situation sociale était la seule chose à laquelle le directeur fît attention, la situation sociale, ou plutôt les signes qui lui paraissaient impliquer qu′elle était élevée, comme de ne pas se découvrir en entrant dans le hall, de porter des knickerbockers, un paletot à taille, et de sortir un cigare ceint de pourpre et d′or d′un étui en maroquin écrasé (tous avantages, hélas! qui me faisaient défaut). Il émaillait ses propos commerciaux d′expressions choisies, mais à contre-sens. Eran pueblecitos que desde el montículo arenoso en donde estaban enclavados dominaban el mar lejano, bien recogidos ya para pasar la noche al pie de unas colinas de crudo color verde y de rara forma, como el sofá de una habitación de hotel adonde acabamos de llegar; componíanse de unos cuantos hotelitos, con sus juegos de tenis, y a veces de un casino, cuya bandera restallaba a impulso del viento fresco, ansioso y vacío, y me mostraban por vez primera sus huéspedes habituales, pero sólo en su exterior apariencia: jugadores de tenis con gorras blancas; el jefe de estación, que vivía junto a sus rosales y sus tamariscos; una señora con sombrero canotier, que, describiendo el cotidiano trazado de fina vida que yo nunca conocería llamaba a su perro, que se había quedado atrás, y volvía a su chalet, donde ya estaba encendida la lámpara; y esas imágenes, tan extrañamente usuales y tan desdeñosamente familiares, heríanme en los sorprendidos ojos y en el nostálgico corazón. Pero aún sufrí más cuando nos apeamos en el hall del Gran Hotel de Balbec, frente ala escalera monumental imitando mármol, mientras que mi abuela, sin miedo a excitar la hostilidad y el desdén de las persona! Extrañas a cuyo lado íbamos a vivir, discutía las “condiciones” con el director, monigote rechoncho con el rostro y la voz llenos de cicatrices (en la cara, por la sucesiva extirpación de numerosos granos, y en el habla, por los diversos acentos que debía a su remota patria y su infancia cosmopolita), con su smoking de hombre de mundo y su mirar de psicólogo, que por lo general tomaba, a la llegada del ómnibus, a los grandes señores por miserables y a los tramposos por grandes señores. Olvidándose indudablemente de que a él no le pagaban ni siquiera quinientas. pesetas de sueldo, despreciaba profundamente a las personas para quienes quinientas pesetas, o “veinticinco luises”, como él decía, eran una cantidad respetable, y las consideraba como pertenecientes a una raza de parias indignos del Gran Hotel. Sin embargo, en aquel Palace había personas que pagaban poco y a pesar de ello gozaban la estima del director, pero siempre que éste estuviera convencido de que si reparaban en gastos no era por pobreza, sino por avaricia. Porque, en efecto la avaricia en nada menoscaba el prestigio de un individuo, pues es un vicio, y como tal se da en todas las clases sociales. Y la posición social era la única cosa en que se fijaba el director, o, mejor dicho, los indicios de que se gozaba una posición muy elevada, como el no descubrirse al penetrar en el hall, llevar knickerbockers o abrigo entallado, o sacar un cigarro con sortija encarnada y dorada, de una petaca de tafilete liso, preeminencias todas éstas de que yo carecía. Esmaltaba su conversación comercial con frases selectas, pero empleadas a tuertas.
Tandis que j′entendais ma grand′mère, sans se froisser qu′il l′écoutât son chapeau sur la tête et tout en sifflotant, lui demander avec une intonation artificielle: «Et quels sont . . . vos prix? . . . Oh! beaucoup trop élevés pour mon petit budget», attendant sur une banquette, je me réfugiais au plus profond de moi-même, je m′efforçais d′émigrer dans des pensées éternelles, de ne laisser rien de moi, rien de vivant, à la surface de mon corps — insensibilisée comme l′est celle des animaux qui par inhibition font les morts quand on les blesse, — afin de ne pas trop souffrir dans ce lieu où mon manque total d′habitude m′était rendu plus sensible encore par la vue de celle que semblait en avoir au même moment, une dame élégante à qui le directeur témoignait son respect en prenant des familiarités avec le petit chien dont elle était suivie, le jeune gandin qui, la plume au chapeau, rentrait en demandant «s′il avait des lettres», tous ces gens pour qui c′était regagner leur home que de gravir les degrés en faux marbre. Et en même temps le regard de Minos, Eaque et Rhadamante (regard dans lequel je plongeai mon âme dépouillée, comme dans un inconnu où plus rien ne la protégeait), me fut jeté sévèrement par des messieurs qui, peu versés peut-être dans l′art de «recevoir», portaient le titre de «chefs de réception»; plus loin, derrière un vitrage clos, des gens étaient assis dans un salon de lecture pour la description duquel il m′aurait fallu choisir dans le Dante, tour à tour les couleurs qu′il prête au Paradis et à l′Enfer, selon que je pensais au bonheur des élus qui avaient le droit d′y lire en toute tranquillité, ou à la terreur que m′eût causée ma grand′mère si, dans son insouci de ce genre d′impressions, elle m′eût ordonné d′y pénétrer. Mi abuela, sin darse por molesta porque el director la escuchaba sin quitarse el sombrero y silbando, le preguntaba, con entonación artificial: “¿Cuáles son los precios?... ¡Ah!, muy caros para mi presupuesto”; y yo, mientras; sentado en un banco, la oía, y me refugiaba en lo más hondo de mí mismo, esforzándome por emigrar hacia pensamientos de eternidad, por no dejar nada mío, nada vivo en la superficie de mi cuerpo –insensibilizada como la de esos animales que por inhibición se hacen los muertos al verse heridos–, con objeto de no sufrir tanto en aquel lugar, donde mi absoluta falta de costumbre se me hacía aún más sensible al ver lo muy acostumbrados que a él debían de estar esa dama elegante a quien el director testimoniaba su respeto permitiéndose familiaridades con el perrito que la seguía, aquel pisaverde que entraba, con su plumita en el sombrero, preguntando si no había cartas, y todas aquellas personas para quienes el acto de subir los escalones de imitación a mármol significaba volver a su home Al mismo tiempo, unos señores que, aunque muy poco versados probablemente en el arte de “recibir”, llevaban el título de “encargados de recepción” me lanzaban severamente la mirada de Minos, de Eaco y de Radamanto, mirada en la que se hundía mi alma desamparada como en desconocido abismo donde no tenía protección posible; más lejos, detrás de unos cristales, veíase a la gente sentada en un salón de lectura para cuya descripción me hubiera sido menester pedir a Dante, ya los colores con que pinta el Paraíso, ya los del Infierno, según pensara yo en la dicha de los elegidos que tenían derecho a entrar allí a leer con toda tranquilidad o en el terror que me causaría mi abuela si ella, tan despreocupada por este género de impresiones, me mandaba entrar en aquel salón.
Mon impression de solitude s′accrut encore un moment après. Comme j′avais avoué à ma grand′mère que je n′étais pas bien, que je croyais que nous allions être obligés de revenir à Paris, sans protester elle avait dit qu′elle sortait pour quelques emplettes, utiles aussi bien si nous partions que si nous restions (et que je sus ensuite m′être toutes destinées, Françoise ayant avec elle des affaires qui m′eussent manqué); en l′attendant j′étais allé faire les cent pas dans les rues encombrées d′une foule qui y maintenait une chaleur d′appartement et où était encore ouverts la boutique du coiffeur et le salon d′un pâtissier chez lequel des habitués prenaient des glaces, devant la statue de Duguay-Trouin. Elle me causa à peu près autant de plaisir que son image au milieu d′un «illustré», peut en procurer au malade qui le feuillette dans le cabinet d′attente d′un chirurgien. Je m′étonnais qu′il y eût des gens assez différents de moi pour que, cette promenade dans la ville, le directeur eût pu me la conseiller comme une distraction, et aussi pour que le lieu de supplice qu′est une demeure nouvelle pût paraître à certains «un séjour de délices» comme disait le prospectus de l′hôtel qui pouvait exagérer, mais pourtant s′adressait à toute une clientèle dont il flattait les goûts. Il est vrai qu′il invoquait, pour la faire venir au Grand-Hôtel de Balbec, non seulement «la chère exquise» et le «coup d′il féerique des jardins du Casino», mais encore les «arrêts de Sa Majesté la Mode, qu′on ne peut violer impunément sans passer pour un béotien, ce à quoi aucun homme bien élevé ne voudrait s′exposer». Le besoin que j′avais de ma grand′mère était grandi par ma crainte de lui avoir causé une désillusion. Elle devait être découragée, sentir que si je ne supportais pas cette fatigue c′était à désespérer qu′aucun voyage pût me faire du bien. Je me décidai à rentrer l′attendre; le directeur vint lui-même pousser un bouton: et un personnage encore inconnu de moi, qu′on appelait «lift» (et qui à ce point le plus haut de l′hôtel où serait le lanternon d′une église normande, était installé comme un photographe derrière son vitrage ou comme un organiste dans sa chambre), se mit à descendre vers moi avec l′agilité d′un écureuil domestique, industrieux et captif. Puis en glissant de nouveau le long d′un pilier il m′entraîna à sa suite vers le dôme de la nef commerciale. A chaque étage, des deux côtés de petits escaliers de communication, se dépliaient en éventails de sombres galeries, dans lesquelles portant un traversin, passait une femme de chambre. J′appliquais à son visage rendu indécis par le crépuscule, le masque de mes rêves les plus passionnés, mais lisais dans son regard tourné vers moi l′horreur de mon néant. Cependant pour dissiper, au cours de l′interminable ascension, l′angoisse mortelle que j′éprouvais à traverser en silence le mystère de ce clair-obscur sans poésie, éclairé d′une seule rangée verticale de verrières que faisait l′unique water-closet de chaque étage, j′adressai la parole au jeune organiste, artisan de mon voyage et compagnon de ma captivité, lequel continuait à tirer les registres de son instrument et à pousser les tuyaux. Je m′excusai de tenir autant de place, de lui donner tellement de peine, et lui demandai si je ne le gênais pas dans l′exercice d′un art, à l′endroit duquel, pour flatter le virtuose, je fis plus que manifester de la curiosité, je confessai ma prédilection. Mais il ne me répondit pas, soit étonnement de mes paroles, attention à son travail, souci de l′étiquette, dureté de son ou respect du lieu, crainte du danger, paresse d′intelligence ou consigne du directeur. Aun aumentó mi impresión de soledad al cabo de un momento. Como confesé a mi abuela que no me encontraba bien y que me parecía que tendríamos que volvernos a París, me dijo ella, sin protesta alguna, que iba a hacer unas compras, necesarias tanto en el caso de que nos quedáramos corno en el contrario (compras que, según luego averigüé, eran todas para mí, porque Francisca se había llevado muchas cosas que me hacían falta); yo, para esperarla, salí a dar una vuelta por las calles; tan llenas de gente estaban, que reinaba en ellas la misma calurosa atmósfera de una habitación; aun estaban abiertas algunas tiendas, la peluquería y una pastelería, donde tomaban helados los parroquianos, delante de la estatua de Duguay–Trouin. Estatua que me causó tanto agrado como puede causar el verla en fotografía al pobre enfermo que hojea un periódico ilustrado en la sala de espera de un cirujano. Y al pensar que el director me había aconsejado aquel paseo por la ciudad a título de distracción, y que ese lugar de suplicio que a uno le parece toda nueva morada era para ciertas personas “lugar de delicias”, como decía el prospecto del hotel, que quizá exagerara, pero que indudablemente expresaba halagadoramente la opinión de la clientela, me asombré de la diferencia que existía entre las demás personas y yo. Cierto que el prospecto invocaba para atraer la gente al Gran Hotel, no sólo la “exquisita cocina” y “la vista ideal de los jardines del Casino”, sino también “las leyes de Su Majestad la Moda, que no pueden violarse impunemente sin pasar por un beocio, a lo cual no quiere exponerse ninguna persona bien educada”. Mi deseo de ver a mi abuela era muy grande, porque tenía miedo de haberle causado una desilusión. Debía de estar descorazonada con la idea de que si yo no podía resistir el cansancio habría que desesperar de que me pudiese sentar bien ningún viaje. Resolví volver al hotel a esperarla; el director en persona dió a un timbre, y un personaje que para mí era desconocido, llamado lift (y que estaba instalado en lo más alto del hotel, en un lugar correspondiente a la linterna de una iglesia normanda, como un fotógrafo en su estudio de cristales o un organista en su cámara), empezó a descender hacia mí con la agilidad de una ardilla casera, industriosa y domesticada. Y luego, trepando a lo largo de un pilar, me arrastró hacia la bóveda de la comercial nave del edificio. En todos los pisos veíanse al pasar escaleritas de comunicación que se desplegaban en abanicos de sombríos pasillos; tina camarera pasaba con una almohada en la mano. Y yo ponía en aquellas caras, indecisas con luz crepuscular, toda mi apasionada ilusión, como un antifaz, pero leía en sus miradas el horror de mi insignificancia. Para disipar en el curso de la interminable ascensión la mortal angustia que me causaba el atravesar en silencio el misterio de aquel claroscuro sin poesía, iluminado tan sólo por una fila de vidrieras correspondientes a los water– closet de los pisos, dirigí la palabra al joven organista, al autor de mi viaje y compañero de cautiverio, que seguía manejando los registros y tubos de su instrumento. Me excusé por dejarle tan poco sitio, por la molestia que le daba, y le pregunté si no le incomodaba yo para el ejercicio de su arte; arte hacia el cual manifesté no sólo gran curiosidad, sino predilección, con objeto de lisonjear al virtuoso. Pero no me respondió, no sé si por la sorpresa que le causaron mis palabras, por la atención debida a su trabajo, por etiqueta, por sordera, por respeto al lugar en que estábamos, por miedo al peligro, por cortedad de inteligencia o por obediencia a la consigna del director.
Il n′est peut-être rien qui donne plus l′impression de la réalité de ce qui nous est extérieur, que le changement de la position, par rapport à nous, d′une personne même insignifiante, avant que nous l′ayons connue, et après. J′étais le même homme qui avait pris à la fin de l′après-midi le petit chemin de fer de Balbec, je portais en moi la même âme. Mais dans cette âme, à l′endroit où, à six heures, il y avait avec l′impossibilité d′imaginer le directeur, le Palace, son personnel, une attente vague et craintive du moment où j′arriverais, se trouvaient maintenant les boutons extirpés dans la figure du directeur cosmopolite (en réalité naturalisé Monégasque, bien qu′il fût — comme il disait parce qu′il employait toujours des expressions qu′il croyait distinguées, sans s′apercevoir qu′elles étaient vicieuses — «d′originalité roumaine») — son geste pour sonner le lift, le lift lui-même, toute une frise de personnages de guignol sortis de cette boîte de Pandore, qu′était le Grand-Hôtel, indéniables, inamovibles, et comme tout ce qui est réalisé, stérilisants. Mais du moins ce changement dans lequel je n′étais pas intervenu me prouvait qu′il s′était passé quelque chose d′extérieur à moi — si dénuée d′intérêt que cette chose fût en soi — et j′étais comme le voyageur qui, ayant eu le soleil devant lui en commençant une course, constate que les heures sont passées, quand il le voit derrière lui. J′étais brisé par la fatigue, j′avais la fièvre, je me serais bien couché, mais je n′avais rien de ce qu′il eût fallu pour cela. J′aurais voulu au moins m′étendre un instant sur le lit, mais à quoi bon puisque je n′aurais pu y faire trouver de repos à cet ensemble de sensations qui est pour chacun de nous son corps conscient, sinon son corps matériel, et puisque les objets inconnus qui l′encerclaient, en le forçant à mettre ses perceptions sur le pied permanent d′une défensive vigilante, auraient maintenu mes regards, mon ou tous mes sens, dans une position aussi réduite et incommode (même si j′avais allongé mes jambes) que celle du cardinal La Balue dans la cage où il ne pouvait ni se tenir debout ni s′asseoir. C′est notre attention qui met des objets dans une chambre, et l′habitude qui les en retire, et nous y fait de la place. De la place, il n′y en avait pas pour moi dans ma chambre de Balbec (mienne de nom seulement), elle était pleine de choses qui ne me connaissaient pas, me rendirent le coup d′il méfiant que je leur jetai et sans tenir aucun compte de mon existence, témoignèrent que je dérangeais le train-train de la leur. La pendule — alors qu′à la maison je n′entendais la mienne que quelques secondes par semaine, seulement quand je sortais d′une profonde méditation — continua sans s′interrompre un instant à tenir dans une langue inconnue des propos qui devaient être désobligeants pour moi, car les grands rideaux violets l′écoutaient sans répondre, mais dans une attitude analogue à celle des gens qui haussent les épaules pour montrer que la vue d′un tiers les irrite. Ils donnaient à cette chambre si haute un caractère quasi-historique qui eût pu la rendre appropriée à l′assassinat du duc de Guise, et plus tard à une visite de touristes, conduits par un guide de l′agence Cook, mais nullement à mon sommeil. J′étais tourmenté par la présence de petites bibliothèques à vitrines, qui couraient le long des murs, mais surtout par une grande glace à pieds, arrêtée en travers de la pièce et avant le départ de laquelle je sentais qu′il n′y aurait pas pour moi de détente possible. Je levais à tout moment mes regards, — que les objets de ma chambre de Paris ne gênaient pas plus que ne faisaient mes propres prunelles, car ils n′étaient plus que des annexes de mes organes, un agrandissement de moi-même, — vers le plafond surélevé de ce belvédère situé au sommet de l′hôtel et que ma grand′mère avait choisi pour moi; et, jusque dans cette région plus intime que celle où nous voyons et où nous entendons, dans cette région où nous éprouvons la qualité des odeurs, c′était presque à l′intérieur de mon moi que celle du vétiver venait pousser dans mes derniers retranchements son offensive, à laquelle j′opposais non sans fatigue la riposte inutile et incessante d′un reniflement alarmé. N′ayant plus d′univers, plus de chambre, plus de corps que menacé par les ennemis qui m′entouraient, qu′envahi jusque dans les os par la fièvre, j′étais seul, j′avais envie de mourir. Alors ma grand′mère entra; et à l′expansion de mon cur refoulé s′ouvrirent aussitôt des espaces infinis. Quizá no hay nada que dé mayor impresión de la realidad de las cosas exteriores que el modo como cambia de posición con respecto a nosotros una persona, por insignificante que sea, antes de haberla conocido y después. Era yo el mismo hombre que había tomado el tren para Balbec al caer de la tarde y seguía con la misma alma. Pero en esa alma, en aquel lugar que a las seis de la tarde contenía la expectación vaga y temerosa del momento de la llegada y la imposibilidad de imaginarme al director había ahora muchas cosas: los extirpados granos del rostro de aquel director cosmopolita (en realidad, naturalizado ciudadano de Mónaco, aunque era, como él decía, en su afán de usar expresiones distinguidas, sin darse cuenta de que eran defectuosas, de “originalidad” rumana), su ademán al pedir el lift, el propio ascensor, todo un friso de personajes de teatro guignol surgidos de aquella caja de Pandora llamada Gran Hotel, personajes innegables, inamovibles y esterilizantes, como todo lo que se ha movilizado ya. Pero, por lo menos, este cambio, en que yo no tuve intervención, me probaba que había ocurrido alguna cosa exterior a mí –por poco interés que tal cosa tuviera en sí misma y era yo como ese viajero que al comenzar su marcha tiene el sol delante y que luego, al verlo detrás de él, advierte que han pasado muchas horas. Estaba muerto de cansancio, tenía fiebre, y de buena gana me habría acostado, pero era imposible. Por lo menos hubiera deseado echarme un rato en la cama; pero de nada habría de servirme, porque no tenía medio de hacer descansar a ese conjunto de sensaciones que en cada uno de nosotros forman nuestro cuerpo consciente o nuestro cuerpo material, y porque los objetos desconocidos que lo rodeaban, al obligarlo a mantener siempre avizores sus percepciones, en actitud de vigilante defensiva, habrían colocado mi mirar y mi oír, mis sentidos todos, en posición tan estrecha e incómoda (aun estirando las piernas) como la del cardenal La Balue en la jaula aquella donde no podía estar de pie ni sentado. Nuestra atención es la que pone los objetos en un cuarto; el hábito es el que los quita y nos hace sitio. Para mí no había sitio en mi habitación de Balbec (mía sólo de nombre); estaba llena de cosas que no me conocían, que me devolvieron la desconfiada mirada que les eché, y que, sin hacer caso alguno de mi existencia, denotaron que yo venía a estorbar la suya, tan rutinaria. El reloj –en casa yo no oía el reloj más que unos cuantos minutos en cada semana, tan sólo cuando salía de alguna profunda meditación– siguió sin interrumpirse un instante, diciendo en .desconocido idioma frases que debían de ser muy poco amables para mí, porque los cortinones color de violeta lo escuchaban sin contestar nada, pero en actitud semejante ala de una persona que se encoge de hombros para indicar que le molesta la vista de un tercero. Aquellas cortinas prestaban a la habitación, tan alta, un carácter casi histórico, que la hacia muy adecuada a la escena del asesinato del duque de Guisa y luego a una visita de turistas guiados por un cicerone de la Agencia Cook, pero en ningún modo buena para que yo durmiera. Atormentábame la presencia de unos estantes con vitrinas que corrían a lo largo de las paredes; pero, sobre todo, había un gran espejo atravesado en medio de la habitación, cuya desaparición sería necesaria para que yo pudiese tener algún descanso. A cada momento alzaba la vista – que en mi cuarto de París no se sentía incomodada por los objetos exteriores, como no se sentía incomodada por mis propias pupilas, porque no eran aquellas cosas sino anejos de mis órganos, una ampliación de mi persona– hacia el techo sobrealzado de aquella torre de lo alto del hotel que escogiera mi abuela para habitación mía; y hasta regiones más íntimas que las de la vista y del oído, hasta esa región en que percibimos la calidad de los olores, casi en el interior de mí mismo, hasta mis últimas trincheras, lanzaba sus ataques el olor a petiveria, y yo les oponía, no sin cansarme, la respuesta inútil e incesante del alarmado resoplar. Y como no tenía alrededor ningún universo ni habitación alguna, como no tenía sino un cuerpo amenazado por los enemigos que me cercaban, invadido hasta los huesos por la fiebre, me sentí solo, tuve deseos de morir. Y entonces entró mi abuela, e infinitos espacios se abrieron para que pudiera expansionarse mi derrotado corazón.
Elle portait une robe de chambre de percale qu′elle revêtait à la maison chaque fois que l′un de nous était malade (parce qu′elle s′y sentait plus à l′aise, disait-elle, attribuant toujours à ce qu′elle faisait des mobiles égoî²´es), et qui était pour nous soigner, pour nous veiller, sa blouse de servante et de garde, son habit de religieuse. Mais tandis que les soins de celles-là, la bonté qu′elles ont, le mérite qu′on leur trouve et la reconnaissance qu′on leur doit augmentent encore l′impression qu′on a d′être, pour elles, un autre, de se sentir seul, gardant pour soi la charge de ses pensées, de son propre désir de vivre, je savais, quand j′étais avec ma grand′mère, si grand chagrin qu′il y eût en moi, qu′il serait reçu dans une pitié plus vaste encore; que tout ce qui était mien, mes soucis, mon vouloir, serait, en ma grand′mère, étayé sur un désir de conservation et d′accroissement de ma propre vie autrement fort que celui que j′avais de moi-même; et mes pensées se prolongeaient en elle sans subir de déviation parce qu′elles passaient de mon esprit dans le sien sans changer de milieu, de personne. Et — comme quelqu′un qui veut nouer sa cravate devant une glace sans comprendre que le bout qu′il voit n′est pas placé par rapport à lui du côté où il dirige sa main, ou comme un chien qui poursuit à terre l′ombre dansante d′un insecte, — trompé par l′apparence du corps comme on l′est dans ce monde où nous ne percevons pas directement les âmes, je me jetai dans les bras de ma grand′mère et je suspendis mes lèvres à sa figure comme si j′accédais ainsi à ce cur immense qu′elle m′ouvrait. Quand j′avais ainsi ma bouche collée à ses joues, à son front, j′y puisais quelque chose de si bienfaisant, de si nourricier, que je gardais l′immobilité, le sérieux, la tranquille avidité d′un enfant qui tette. Llevaba una bata de percal que solía ponerse en casa siempre que había algún enfermo (porque así estaba más a gusto, decía ella, atribuyendo siempre sus acciones a móviles egoístas), y que se vestía para asistirlos y velarlos; su delantal de criada y de enfermera, su hábito de Hermana de la Caridad. Pero así como las atenciones de las monjas, su bondad, su mérito y la gratitud que nos inspiran aumentan más y ellas somos otro ser, la impresión más la impresión de que para de sentirnos solos y la necesidad de guardarnos el peso de nuestros pensamientos y del deseo de vivir, sabía yo que cuando estaba con mi abuela, por muy gran pena que tuviera, aún se le abría una compasión mayor en su pecho; que todo lo mío, mis preocupaciones, mis anhelos, iría a apuntalarse en mi abuela, en su deseo de conservación y enriquecimiento de mi propia vida, aún más fuerte que el mío, y en ella se prolongaban mis pensamientos sin sufrir desviación alguna, porque al pasar de mi alma a la suya no cambiaban de medio ni de persona. Y –como el que quiere hacerse el nudo de la corbata delante de un espejo, sin darse cuenta de que la tira que tiene en la mano no está en el mismo lado que parece, o como el perro que persigue por el suelo la danzarina sombra de un insecto– yo, engañado por la apariencia del cuerpo, como ocurre en esté mundo, donde no vemos directamente las almas, me eché en brazos de mi abuela y pegué mis labios a su cara, como si de esa manera tuviese acceso al corazón inmenso que ella me ofrecía. Y cuando unía mi boca a sus mejillas y a su frente sacaba de allí tan bienhechora y nutritiva sensación, que me quedaba serió e inmóvil, con la tranquila avidez del niño que mama.
Je regardais ensuite sans me lasser son grand visage découpé comme un beau nuage ardent et calme, derrière lequel on sentait rayonner la tendresse. Et tout ce qui recevait encore, si faiblement que ce fût, un peu de ses sensations, tout ce qui pouvait ainsi être dit encore à elle, en était aussitôt si spiritualisé, si sanctifié que de mes paumes je lissais ses beaux cheveux à peine gris avec autant de respect, de précaution et de douceur que si j′y avais caressé sa bonté. Elle trouvait un tel plaisir dans toute peine qui m′en épargnait une, et, dans un moment d′immobilité et de calme pour mes membres fatigués, quelque chose de si délicieux, que quand, ayant vu qu′elle voulait m′aider à me coucher et me déchausser, je fis le geste de l′en empêcher et de commencer à me déshabiller moi-même, elle arrêta d′un regard suppliant mes mains qui touchaient aux premiers boutons de ma veste et de mes bottines. Luego estuve mirando sin cansarme su hermoso rostro con perfiles de nube ardiente y sosegada, tras el cual se sentían los rayos de la ternura. Y todo lo que recibía alguna sensación proveniente de ella, por débil que fuese, todo lo que se le podía decir, espiritualizábase inmediatamente, se santificaba tanto, que mis manos alisaban su hermoso pelo, que apenas si empezaba a blanquear, con el mismo cariño, precaución y respeto que si estuviera acariciando su bondad. Tenía tanto gusto en tomarse cualquier trabajo por ahorrármelo a mí, le parecía tan delicioso todo momento de calma e inmovilidad para mis cansados miembros, que ante el ademán que yo hice al ver que quería ayudarme a desnudarme y a descalzarme, para impedírselo y para empezar yo solo, me paró las manos que ya tocaban los primeros botones de mi chaqueta y mis botas, con una mirada de súplica.
— «Oh, je t′en prie, me dit-elle. C′est une telle joie pour ta grand′mère. Et surtout ne manque pas de frapper au mur si tu as besoin de quelque chose cette nuit, mon lit est adossé au tien, la cloison est très mince. D′ici un moment quand tu seras couché fais-le, pour voir si nous nous comprenons bien.» –Déjame, haz el favor –me dijo–. ¡Si vieras qué alegría tan grande es para mí! Y, sobre todo, no dejes de dar un golpecito en la pared si necesitas algo esta noche: mi cama está pegada a la tuya, y el tabique es muy delgado. Cuando te acuestes prueba a llamar para ver si nos entendernos bien.
Et, en effet, ce soir-là, je frappai trois coups — que une semaine plus tard quand je fus souffrant je renouvelai pendant quelques jours tous les matins parce que ma grand′mère voulait me donner du lait de bonne heure. Alors quand je croyais entendre qu′elle était réveillée — pour qu′elle n′attendît pas et pût, tout de suite après, se rendormir, — je risquais trois petits coups, timidement, faiblement, distinctement malgré tout, car si je craignais d′interrompre son sommeil dans le cas où je me serais trompé et où elle eût dormi, je n′aurais pas voulu non plus qu′elle continuât d′épier un appel qu′elle n′aurait pas distingué d′abord et que je n′oserais pas renouveler. Et à peine j′avais frappé mes coups que j′en entendais trois autres, d′une intonation différente de ceux-là, empreints d′une calme autorité, répétés à deux reprises pour plus de clarté et qui disaient: «Ne t′agite pas, j′ai entendu, dans quelques instants je serai là»; et bientôt après ma grand′mère arrivait. Je lui disais que j′avais eu peur qu′elle ne m′entendît pas ou crût que c′était un voisin qui avait frappé; elle riait: Y, en efecto, aquella noche di tres golpes, cosa que seguí haciendo la semana posterior, cuando estuve malo, todas las mañanas, porque mi abuela quería darme ella la leche muy temprano. Y entonces, cuando me parecía oír que ya se había despertado – para que no tuviera que esperar y pudiese dormirse otra vez en cuanto me diera la leche–, arriesgaba yo tres tímidos golpes, débiles, pero distintos, sin embargo, pues si bien temía interrumpir su sueño en caso de haberme equivocado y de que no estuviera despierta, tampoco quería que por no oírlos tuviese que acechar en espera de mi llamada, que yo ya no me atrevía a repetir. Apenas daba yo mis tres golpes, oía otros tres de entonación distinta, denotando tranquila autoridad, y que se repetían por dos veces para mayor claridad, y que decían: “No te muevas, ya te he oído, dentro de un momento estaré ahí”; y en seguida entraba mi abuela. Decíale yo que tenía miedo de que no me oyera bien o de que confundiera mis golpes con el llamar de alguna habitación vecina; ella se echaba a reír:
— «Confondre les coups de mon pauvre chou avec d′autres, mais entre mille sa grand′mère les reconnaîtrait! Crois-tu donc qu′il y en ait d′autres au monde qui soient aussi bêtas, aussi fébriles, aussi partagés entre la crainte de me réveiller et de ne pas être compris. Mais quand même elle se contenterait d′un grattement, on reconnaîtrait tout de suite sa petite souris, surtout quand elle est aussi unique et à plaindre que la mienne. Je l′entendais déjà depuis un moment qui hésitait, qui se remuait dans le lit, qui faisait tous ses manèges.» –¡Confundir los golpes de mi pobre chichito con otros! ¡Su abuela los distinguiría entre mil! ¿Te crees tú que existen otros en el mundo tan bobos, tan febriles, tan indecisos entre el temor a despertarme y el miedo a que no te oiga? Conocería la abuela a su ratita aunque no hiciera más que arañar la pared, por que no hay más que una ratita, y la pobre muy desgraciada. Y hace un rato que la oía yo dar vueltas en la cama, dudando y sin saber qué hacer.
Elle entr′ouvrait les persiennes; à l′annexe en saillie de l′hôtel, le soleil était déjà installé sur les toits comme un couvreur matinal qui commence tôt son ouvrage et l′accomplit en silence pour ne pas réveiller la ville qui dort encore et de laquelle l′immobilité le fait paraître plus agile. Elle me disait l′heure, le temps qu′il ferait, que ce n′était pas la peine que j′allasse jusqu′à la fenêtre, qu′il y avait de la brume sur la mer, si la boulangerie était déjà ouverte, quelle était cette voiture qu′on entendait: tout cet insignifiant lever de rideau, ce négligeable introî² du jour auquel personne n′assiste, petit morceau de vie qui n′était qu′à nous deux, que j′évoquerais volontiers dans la journée devant Françoise ou des étrangers en parlant du brouillard à couper au couteau qu′il y avait eu le matin à six heures, avec l′ostentation non d′un savoir acquis, mais d′une marque d′affection reçue par moi, seul; doux instant matinal qui s′ouvrait comme une symphonie par le dialogue rythmé de mes trois coups auquel la cloison pénétrée de tendresse et de joie, devenue harmonieuse, immatérielle, chantant comme les anges, répondait par trois autres coups, ardemment attendus, deux fois répétés, et où elle savait transporter l′âme de ma grand′mère tout entière et la promesse de sa venue, avec une allégresse d′annonciation et une fidélité musicale. Mais cette première nuit d′arrivée, quand ma grand′mère m′eut quitté, je recommençai à souffrir, comme j′avais déjà souffert à Paris au moment de quitter la maison. Peut-être cet effroi que j′avais — qu′ont tant d′autres — de coucher dans une chambre inconnue, peut-être cet effroi, n′est-il que la forme la plus humble, obscure, organique, presque inconsciente, de ce grand refus désespéré qu′opposent les choses qui constituent le meilleur de notre vie présente à ce que nous revêtions mentalement de notre acceptation la formule d′un avenir où elles ne figurent pas; refus qui était au fond de l′horreur que m′avait fait si souvent éprouver la pensée que mes parents mourraient un jour, que les nécessités de la vie pourraient m′obliger à vivre loin de Gilberte, ou simplement à me fixer définitivement dans un pays où je ne verrais plus jamais mes amis; refus qui était encore au fond de la difficulté que j′avais à penser à ma propre mort ou à une survie comme celle que Bergotte promettait aux hommes dans ses livres, dans laquelle je ne pourrais emporter mes souvenirs, mes défauts, mon caractère qui ne se résignaient pas à l′idée de ne plus être et ne voulaient pour moi ni du néant, ni d′une éternité où ils ne seraient plus. Entreabría las persianas; el sol estaba ya instalado en el tejado de la parte del hotel que formaba saliente, como un trastejador que madruga y empieza muy pronto su trabajo, hecho en silencio para no despertar a la ciudad que aun duerme, y que por su inmovilidad hace resaltar todavía más la agilidad del obrero. Me decía qué hora era, qué tiempo iba a hacer, que no me molestara en ir hasta la ventana porque el mar estaba muy brumoso, si ya habían abierto la panadería y cuál era el coche ese cuyo rodar se oía; insignificante prólogo, pobre introito del día, que nadie presencia; menudo sector de vida que era para nosotros dos solos y que luego había yo de evocar durante el día delante de Francisca o de personas extrañas, hablando de la espesísima niebla de las seis de la mañana no con la ostentación del que ha visto una cosa por sus propios ojos, sino con la del que ha recibido una prueba de cariño; suave momento matinal que comenzaba como una sinfonía por el diálogo rítmico de mis tres golpecitos, a los que respondía el tabique, tabique todo penetrado de cariño y alegría, armonioso, inmaterial, cantarino como los ángeles, con otros tres golpes, esperados con ansia, repetidos por dos veces, en los que sabía traducir la pared el alma entera de mí abuela y la promesa de que iba a venir, con gozo de anunciación y musical fidelidad. Pero la primera noche, cuando mi abuela me dejó solo, empecé de nuevo a padecer como en París cuando salí de casa. Quizá ese espanto que sentía yo –y sienten mucha s otras personas– de dormir en una alcoba desconocida no sea sino la forma humildísima, obscura, orgánica, casi inconsciente, de esa rotunda negativa opuesta por las cosas que constituyen lo mejor de nuestra vida presente a la posibilidad de que revistamos mentalmente con nuestra aceptación la fórmula de un porvenir donde ya no figuran ellas; negativa que era también la base de aquel horror que tantas veces me inspiró la idea de que mis padres habrían de morirse algún día, de que las necesidades de la vida me obligarían a vivir lejos de Gilberta, o de tener que instalarme definitivamente en un país donde no me sería dable ver a mis amigos; negativa que era igualmente motivo de que me costase tanto trabajo pensar en mi propia muerte o en una supervivencia, corno la que Bergotte prometía a los hombres en sus libros, en la que no me fuera posible llevarme conmigo mis recuerdos, mis defectos y mi carácter, los cuales no se resignaban a la idea de no ser y no aceptaban para mí ni la nada ni una eternidad donde ellos no existiesen.
Quand Swann m′avait dit à Paris, un jour que j′étais particulièrement souffrant: «Vous devriez partir pour ces délicieuses îles de l′Océanie, vous verrez que vous n′en reviendrez plus», j′aurais voulu lui répondre: «Mais alors je ne verrai plus votre fille, je vivrai au milieu de choses et de gens qu′elle n′a jamais vus.» Et pourtant ma raison me disait: «Qu′est-ce que cela peut faire, puisque tu n′en seras pas affligé? Quand M. Swann te dit que tu ne reviendras pas, il entend par là que tu ne voudras pas revenir, et puisque tu ne le voudras pas, c′est que, là-bas, tu seras heureux.» Car ma raison savait que l′habitude — l′habitude qui allait assumer maintenant l′entreprise de me faire aimer ce logis inconnu, de changer da place la glace, la nuance des rideaux, d′arrêter la pendule, — se charge aussi bien de nous rendre chers les compagnons qui nous avaient déplu d′abord, de donner une autre forme aux visages, de rendre sympathique le son d′une voix, de modifier l′inclination des curs. Certes ces amitiés nouvelles pour des lieux et des gens, ont pour trame l′oubli des anciennes; mais justement ma raison pensait que je pouvais envisager sans terreur la perspective d′une vie où je serais à jamais séparé d′êtres dont je perdrais le souvenir, et, c′est comme une consolation, qu′elle offrait à mon cur une promesse d′oubli qui ne faisait au contraire qu′affoler son désespoir. Ce n′est pas que notre cur ne doive éprouver lui aussi, quand la séparation sera consommée, les effets analgésiques de l′habitude; mais jusque-là il continuera de souffrir. Et la crainte d′un avenir où nous serons enlevés la vue et l′entretien de ceux que nous aimons et d′où nous tirons aujourd′hui notre plus chère joie, cette crainte, loin de se dissiper, s′accroît, si à la douleur d′une telle privation nous pensons que s′ajoutera ce qui pour nous semble actuellement plus cruel encore: ne pas la ressentir comme une douleur, y rester indifférent; car alors notre moi serait changé, ce ne serait plus seulement le charme de nos parents, de notre maîtresse, de nos amis, qui ne serait plus autour de nous, mais notre affection pour eux; elle aurait été si parfaitement arrachée de notre cur dont elle est aujourd′hui une notable part, que nous pourrions nous plaire à cette vie séparée d′eux dont la pensée nous fait horreur aujourd′hui; ce serait donc une vraie mort de nous-même, mort suivie, il est vrai, de résurrection, mais en un moi différent et jusqu′à l′amour duquel ne peuvent s′élever les parties de l′ancien moi condamnées à mourir. Ce sont elles, — même les plus chétives, comme les obscurs attachements aux dimensions, à l′atmosphère d′une chambre, — qui s′effarent et refusent, en des rébellions où il faut voir un mode secret, partiel, tangible et vrai de la résistance à la mort, de la longue résistance désespérée et quotidienne à la mort fragmentaire et successive telle qu′elle s′insère dans toute la durée de notre vie, détachant de nous à chaque moment des lambeaux de nous-mêmes sur la mortification desquels des cellules nouvelles multiplieront. Et pour une nature nerveuse comme était la mienne, c′est-à-dire chez qui les intermédiaires, les nerfs, remplissent mal leurs fonctions, — n′arrêtent pas dans sa route vers la conscience, mais y laissent au contraire parvenir, distincte, épuisante, innombrable et douloureuse, la plainte des plus humbles éléments du moi qui vont disparaître, — l′anxieuse alarme que j′éprouvais sous ce plafond inconnu et trop haut, n′était que la protestation d′une amitié qui survivait en moi, pour un plafond familier et bas. Sans doute cette amitié disparaîtrait, une autre ayant pris sa place (alors la mort, puis une nouvelle vie auraient, sous le nom d′Habitude, accompli leur uvre double); mais jusqu′à son anéantissement, chaque soir elle souffrirait, et ce premier soir-là surtout, mise en présence d′un avenir déjà réalisé où il n′y avait plus de place pour elle, elle se révoltait, elle me torturait du cri de ses lamentations chaque fois que mes regards, ne pouvant se détourner de ce qui les blessait, essayaient de se poser au plafond inaccessible. En París, un día que me encontraba yo muy mal, Swann me había dicho: “Debiera usted marcharse a esas maravillosas islas de Oceanía, vería usted cómo no volvía”; a mí me dieron ganas de contestarle: “¡Pero entonces ya no veré a su hija y viviré rodeado de cosas y gentes que ella nunca ha visto!” Y, sin embargo, la razón me decía: “¿Y qué más te da, si no por eso vas a estar apenado? Cuando Swann te dice que no volverás quiere decir que no querrás volver, y si no quieres volver es porque allí te sientes feliz”. Porque mi razón sabía que la costumbre –esa costumbre que ahora iba a ponerse a la empresa de inspirarme cariño a esta morada desconocida, de cambiar de sitio el espejo, de mudar el colorido de los cortinones y de parar el reloj se encarga igualmente de hacernos amables los compañeros que al principio nos desagradaban, de dar otra forma a los rostros, de que nos sea simpático un metal de voz, de modificar las inclinaciones del corazón. Claro que la trama de estas nuevas amistades con lugares y personas distintos consiste en el olvido de otros sitios y gentes; pero precisamente me decía mi raciocinio que podía considerar sin terror la perspectiva de una vida donde no existiesen unos seres de los que ya no me acordaría; y esa promesa de olvido que ofrecía a mi corazón a modo de consuelo servía, por el contrario, para desesperarme locamente. Y no es que nuestro corazón no caiga él también, una vez que la separación se ha consumado, bajo los analgésicos efectos del hábito; pero hasta que así ocurra sigue sufriendo. Y ese miedo a un porvenir en que ya no nos sea dado ver y hablar a los seres queridos, cuyo trato constituye hoy nuestra más íntima alegría, aún se aumenta en vez de disiparse, cuando pensamos que al dolor de tal privación vendrá a añadirse otra cosa que actualmente nos parece más terrible todavía: y es que no la sentiremos como tal dolor, que nos dejará indiferentes; porque entonces nuestro yo habrá cambiado y echaremos de menos en nuestro contorno no sólo el encanto de nuestros padres, de nuestra amada, de nuestros amigos, sino también el afecto que les teníamos; y ese afecto, que hoy en día constituye parte importantísima de nuestro corazón, se desarraigará tan perfectamente que podremos recrearnos con una vida que ahora sólo al imaginarla nos horroriza; será, pues, una verdadera muerte de nosotros mismos, muerte tras la que vendrá una resurrección, pero ya de un ser diferente y que no puede inspirar cariño a esas partes de mi antiguo yo condenadas a muerte. Y ellas –hasta las más ruines, como nuestro apego a las dimensiones y a la atmósfera de una habitación son las que se asustan y respingan, con rebeldía que debe interpretarse como un modo secreto, parcial, tangible y seguro de la resistencia a la muerte, de la larga resistencia desesperada y cotidiana a la muerte fragmentaria y sucesiva, tal como se insinúa en todos los momentos de nuestra vida, arrancándonos jirones de nosotros mismos y haciendo que en la muerta carne se multipliquen las células nuevas. Y en este caso de un temperamento nervioso como el mío, es decir, de una naturaleza donde los nervios, o sean los intermediarios, no cumplen bien sus funciones –no cortan el paso en su camino hacia la conciencia a las quejas de los más humildes elementos del yo que va a desaparecer, sino que las dejan llegar, claras, agotadoras, innumerables y dolorosas–, la ansiosa alarma que me sobrecogía al verme bajo aquel techo tan alto y desconocido no era otra cosa sino la protesta de un cariño que en mí perduraba hacia un techo bajo y familiar. Indudablemente, ese cariño desaparecería, en su lugar se colocaría otro (y la muerte, y tras él una nueva vida que se llamaba Costumbre, cumplirían su dúplice obra); pero hasta que aquel cariño llegara al aniquilamiento no pasaría noche sin padecer; y sobre todo, aquella primera noche, cuando se vió en presencia de un porvenir donde ya no se ‘(e reservaba sitio, se rebeló, me torturó con sus gritos de lamentación cada vez que mis miradas, sin poder apartarse de lo que les causaba pena, intentaban posarse en el inaccesible techo.
Mais le lendemain matin! — après qu′un domestique fut venu m′éveiller et m′apporter de l′eau chaude, et pendant que je faisais ma toilette et essayais vainement de trouver les affaires dont j′avais besoin dans ma malle d′où je ne tirais, pêle-mêle, que celles qui ne pouvaient me servir à rien, quelle joie, pensant déjà au plaisir du déjeuner et de la promenade, de voir dans la fenêtre et dans toutes les vitrines des bibliothèques comme dans les hublots d′une cabine de navire, la mer nue, sans ombrages et pourtant à l′ombre sur une moitié de son étendue que délimitait une ligne mince et mobile, et de suivre des yeux les flots qui s′élançaient l′un après l′autre comme des sauteurs sur un tremplin. A tous moments, tenant à la main la serviette raide et empesée où était écrit le nom de l′hôtel et avec laquelle je faisais d′inutiles efforts pour me sécher, je retournais près de la fenêtre jeter encore un regard sur ce vaste cirque éblouissant et montagneux et sur les sommets neigeux de ses vagues en pierre d′émeraude çà et là polie et translucide, lesquelles avec une placide violence et un froncement léonin, laissaient s′accomplir et dévaler l′écoulement de leurs pentes auxquelles le soleil ajoutait un sourire sans visage. Fenêtre à laquelle je devais ensuite me mettre chaque matin comme au carreau d′une diligence dans laquelle on a dormi, pour voir si pendant la nuit s′est rapprochée ou éloignée une chaîne désirée, — ici ces collines de la mer qui avant de revenir vers nous en dansant, peuvent reculer si loin que souvent ce n′était qu′après une longue plaine sablonneuse que j′apercevais à une grande distance leurs premières ondulations, dans un lointain transparent, vaporeux et bleuâtre comme ces glaciers qu′on voit au fond des tableaux des primitifs toscans. D′autres fois, c′était tout près de moi que le soleil riait sur ces flots d′un vert aussi tendre que celui que conserve aux prairies alpestres (dans les montagnes où le soleil s′étale çà et là comme un géant qui en descendrait gaiement, par bonds inégaux, les pentes), moins l′humidité du sol que la liquide mobilité de la lumière. Au reste, dans cette brêche que la plage et les flots pratiquent au milieu du monde pour du reste y faire passer, pour y accumuler la lumière, c′est elle surtout, selon la direction d′où elle vient et que suit notre il, c′est elle qui déplace et situe les vallonnements de la mer. La diversité de l′éclairage ne modifie pas moins l′orientation d′un lieu, ne dresse pas moins devant nous de nouveaux buts qu′il nous donne le désir d′atteindre, que ne ferait un trajet longuement et effectivement parcouru en voyage. Quand le matin le soleil venait de derrière l′hôtel, découvrant devant moi les grèves illuminées jusqu′aux premiers contreforts de la mer, il semblait m′en montrer un autre versant et m′engager à poursuivre, sur la route tournante de ses rayons, un voyage immobile et varié à travers les plus beaux sites du paysage accidenté des heures. Et dès ce premier matin le soleil me désignait au loin d′un doigt souriant ces cimes bleues de la mer qui n′ont de nom sur aucune carte géographique, jusqu′à ce qu′étourdi de sa sublime promenade à la surface retentissante et chaotique de leurs crêtes et de leurs avalanches, il vînt se mettre à l′abri du vent dans ma chambre, se prélassant sur le lit défait et égrenant ses richesses sur le lavabo mouillé, dans la malle ouverte, où par sa splendeur même et son luxe déplacé, il ajoutait encore à l′impression du désordre. Hélas, le vent de mer, une heure plus tard, dans la grande salle à manger, — tandis que nous déjeunions et que, de la gourde de cuir d′un citron, nous répandions quelques gouttes d′or sur deux soles qui bientôt laissèrent dans nos assiettes le panoche de leurs arêtes, frisé comme une plume et sonore comme une cithare, — il parut cruel à ma grand′mère de n′en pas sentir le souffle vivifiant à cause du châssis transparent mais clos qui, comme une vitrine, nous séparait de la plage tout en nous la laissant entièrement voir et dans lequel le ciel entrait si complètement que son azur avait l′air d′être la couleur des fenêtres et ses nuages blancs un défaut du verre. Me persuadant que j′étais «assis sur le môle» ou au fond du «boudoir» dont parle Beaudelaire, je me demandais si son «soleil rayonnant sur la mer» ce n′était pas — bien différent du rayon du soir, simple et superficiel comme un trait doré et tremblant — celui qui en ce moment brûlait la mer comme une topaze, la faisait fermenter, devenir blonde et laiteuse comme de la bière écumante comme du lait, tandis que par moments s′y promenaient çà et là de grandes ombres bleues, que quelque Dieu semblait s′amuser à déplacer, en bougeant un miroir dans le ciel. Malheureusement ce n′était pas seulement par son aspect que différait de la «salle» de Combray donnant sur les maisons d′en face, cette salle à manger de Balbec, nue, emplie de soleil vert comme l′eau d′une piscine, et à quelques mètres de laquelle, la marée pleine et le grand jour élevaient comme devant la cité céleste, un rempart indestructible et mobile d′émeraude et d′or. A Combray, comme nous étions connus de tout le monde, je ne me souciais de personne. Dans la vie de bains de mer on ne connaît que ses voisins. Je n′étais pas encore assez âgé et j′étais resté trop sensible pour avoir renoncé au désir de plaire aux êtres et de les posséder. Je n′avais pas l′indifférence plus noble qu′aurait éprouvée un homme du monde, à l′égard des personnes qui déjeunaient dans la salle à manger, ni des jeunes gens et des jeunes filles passant sur la digue, avec lesquels je souffrais de penser que je ne pourrais pas faire d′excursions, moins pourtant que si ma grand′mère, dédaigneuse des formes mondaines et ne s′occupant que de ma santé, leur avait adressé la demande, humiliante pour moi, de m′agréer comme compagnon de promenade. Soit qu′ils rentrassent vers quelque chalet inconnu, soit qu′ils en sortissent pour se rendre raquette en mains à un terrain de tennis, ou montassent sur des chevaux dont les sabots me piétinaient le cur, je les regardais avec une curiosité passionnée, dans cet éclairage aveuglant de la plage où les proportions sociales sont changées, je suivais tous leurs mouvements à travers la transparence de cette grande baie vitrée qui laissait passer tant de lumière. Mais elle interceptait le vent et c′était un défaut à l′avis de ma grand′mère qui, ne pouvant supporter l′idée que je perdisse le bénéfice d′une heure d′air, ouvrit subrepticement un carreau et fit envoler du même coup avec les menus, les journaux, voiles et casquettes de toutes les personnes qui étaient en train de déjeuner; elle-même, soutenue par le souffle céleste, restait calme et souriante comme sainte Blandine, au milieu des invectives qui, augmentant mon impression d′isolement et de tristesse, réunissaient contre nous les touristes méprisants, dépeignés et furieux. ¡Pero, en cambio, a la mañana siguiente...! Un criado me despertó y me trajo agua caliente; y mientras que me vestía e intentaba vanamente encontrar en mi baúl la ropa que me era necesaria, sin sacar otra cosa que un revoltijo de prendas que no eran las que yo buscaba, sentía un gran gozo al pensar en el placer del almuerzo y del paseo, al ver en el balcón y en los cristales de los estantes, como en los tragaluces de un camarote, un mar limpio sin mancha, aunque la mitad de su superficie, delimitada por una raya movediza y sutil, estaba en sombra, y al seguir con la vista las olas, que se lanzaban unas detrás de otras como saltarines en un trampolín. A cada momento, en la mano la toalla tiesa y almidonada, que llevaba escrito el nombre del hotel y que no me servía, a pesar de mis inútiles esfuerzos, para secarme, me llegaba hasta el balcón para lanzar otra ojeada a aquel vasto circo resplandeciente y montañoso, a aquellas nevadas cimas de sus olas de piedra esmeralda pulida y translúcida a trechos, olas que con plácida violencia y leonino ceño dejaban sus líquidos lomos erguirse, y desplomarse mientras que el sol los adornaba con una sonrisa independiente de todo rostro. A ese balcón habría yo de acercarme todas las mañanas como a la ventanilla de una diligencia donde se ha dormido, para ver si la noche nos acercó a una deseada cordillera o nos separó de ella; aquí esa cordillera la formaban las colinas del mar, que a veces, antes de volver hacia nosotros en son de danza, retroceden tanto que sólo se ven sus primeras ondulaciones al cabo de una vasta llanura de arena, en una lejanía vaporosa azulada y transparente, cual esos ventisqueros que hay en el fondo de los cuadros de los primitivos toscanos. En cambio, otras veces el sol venía a reír muy cerca de mí, encima de aquellas olas de verdor tan tierno como el que mantiene en las praderas alpinas (en esas montañas donde el sol se muestra aquí y allá cual gigante que va. bajando por sus laderas a saltos desiguales) más bien la líquida movilidad de la luz que la humedad del suelo. Claro que en esa brecha que abren playa y olas en el seno del resto del mundo, para que por allí penetre y allí se acumule la luz, la luz misma, según de donde provenga y según a donde miremos, ésa es la que hace y deshace las montañas y valles del mar. La diversidad de luz modifica la orientación de un lugar y nos ofrece nuevas metas, inspiradoras de nuevos deseos, en grado no menor que un trayecto largo y efectivamente realizado en un viaje. Por la mañana el sol venía de la parte de atrás del hotel, descubríame las iluminadas playas hasta llegar a los primeros contrafuertes del mar y parecía como si me mostrara una vertiente nueva de la cordillera, invitándome a emprender por el enrodado camino de sus rayos un viaje variado e inmóvil a través de los bellísimos rincones del accidentado paisaje de las horas. Y desde aquella primera mañana, el sol, con sonriente dedo, me señalaba allá a lo lejos esas cimas azuladas del mar que no tienen nombre en ningún mapa, hasta que, mareado de aquel sublime paseo por la caótica y ruidosa superficie de sus crestas y avalanchas, venia a ponerse al resguardo del viento allí a mi cuarto, pavoneándose en la deshecha cama, desgranando sus riquezas por el lavabo lleno de agua, por el baúl entreabierto, y aumentando aún más la impresión de ‘desorden por su mismo esplendor y su extemporáneo lujo. Una hora después estábamos almorzando en el gran comedor del hotel, y con la cantimplora de cuero de un limón echábamos unas gotitas de oro a aquellos dos lenguados que muy pronto dejaron en nuestros platos la panoja de sus espinas rizada como una pluma y sonora como una cítara; y la abuela se lamentaba de que no pudiésemos recibir el vivificador soplo del viento del mar por causa de la vidriera, transparente, pero cerrada, que nos separaba, como la puerta de una vitrina, de la playa, pero que encuadraba el cielo tan perfectamente que su azul parecía ser el color de la ventana y sus nubes blancas manchas del cristal. Persuadido de que estaba yo “sentado en el muelle” o en el fondo del boudoir de que nos habla Baudelaire, preguntándome si el “sol radiante sobre el mar”, del poeta, no era aquel –muy diferente de los rayos de por la tarde, sencillos y superficiales como doradas flechas temblorosas– que en ese momento quemaba el mar como un topacio, lo hacía fermentar, lo ponía blondo y lechoso como espumante cerveza o como hirviente leche, mientras que de vez en cuando se paseaban por su superficie grandes sombras azules, por obra indudablemente de algún Dios ocioso que se entretenía en hacer lunitas desde el cielo con un espejo. Desgraciadamente, no sólo por su aspecto se diferenciaba del comedor de Combray, sin más vista que las casas de enfrente, este gran comedor de Balbec, sin adornos; lleno de verde sol como el agua de una piscina, y que tenía allí a unos metros de distancia a la pleamar y a la claridad meridiana, las cuales alzaban como ante una ciudad celeste una muralla indestructible de esmeralda y oro. En Combray, como todo el mundo nos conocía, a mí nadie me preocupaba. Pero en la vida de playa no conoce uno más que a sus vecinos. Y yo era aún asaz joven y harto sensible para haber renunciado ya al deseo de agradar a las personas y de poseerlas. Y no sentía esa noble indiferencia que hubiera sentido un hombre de mundo ante la gente que estaba almorzando en el Comedor, ante los muchachos y las muchachas que se paseaban por el dique; y me hacía sufrir la idea de que no podría hacer excursiones con ellos, si bien esto me causaba menos pena que la que me habría ocasionado mi abuela si, despreciando las buenas formas y preocupada sólo por mi salud, hubiese ido a pedir a aquellos jóvenes que me aceptaran como compañero de paseos, cosa humillante para mí. Unos se encaminaban a un desconocido chalet; otros venían de sus casas raqueta en mano, camino del tenis; algunos montaban caballos cuyo pataleo me pisoteaba el corazón; y yo los miraba a todos con ardiente curiosidad, envueltos en aquella cegadora luminosidad de la playa, donde se transforman todas las proporciones sociales; seguía con la vista todas sus idas y venidas a través de aquel gran ventanal que dejaba penetrar tanta luz, pero que interceptaba el viento, gran defecto en opinión de mi abuela, que ya no pudo resistir la idea de que perdiese yo los beneficios de una hora de aire y abrió subrepticiamente uno de los cristales, con lo cual echaron a volar al mismo tiempo los menús los periódicos y los velos y gorras de las personas que estaban almorzando; pero ella, alentada por este soplo celeste, seguía, como Santa Blandina, tranquila y sonriente en medio de las invectivas que concitaban contra nosotros a todos los turistas, furiosos, despeinados y despectivos, y que acrecían mi impresión de aislamiento y tristeza.
Pour une certaine partie — ce qui, à Balbec, donnait à la population, d′ordinaire banalement riche et cosmopolite, de ces sortes d′hôtels de grand luxe, un caractère régional assez accentué — ils se composaient de personnalités éminentes des principaux départements de cette partie de la France, d′un premier président de Caen, d′un bâtonnier de Cherbourg, d′un grand notaire du Mans, qui à l′époque des vacances, partant des points sur lesquels toute l′année ils étaient disséminés en tirailleurs ou comme des pions au jeu de dames, venaient se concentrer dans cet hôtel. Ils y conservaient toujours les mêmes chambres, et, avec leurs femmes qui avaient des prétentions à l′aristocratie, formaient un petit groupe, auquel s′étaient adjoints un grand avocat et un grand médecin de Paris qui le jour du départ leur disaient: Muchos de los huéspedes del hotel eran personalidades eminentes de las provincias cercanas, circunstancia que daba al público del Palace de Balbec, que suele ser en esta clase de hoteles un público cosmopolita, de frívolos ricos, un carácter regional muy marcado: eran el presidente de la Audiencia de Caen, el decano del Colegio de Abogados de Cherburgo, un reputado notario del Mans, los cuales en la época del verano abandonaban sus respectivos puntos de residencia habitual, donde habían estado diseminados todo el invierno como tiradores en guerrilla o peones de damas, para ir a concentrarse en este hotel de Balbec. Se hacían reservar siempre las mismas habitaciones, y ellos y sus mujeres, que tenían pretensiones aristocráticas, formaban un grupo al que te agregaron un abogado y un médico célebres de París, que el día de la marcha decían a sus amigos provincianos:
— «Ah! c′est vrai, vous ne prenez pas le même train que nous, vous êtes privilégiés, vous serez rendus pour le déjeuner.» –¡Ah, es verdad! ¡Ustedes no toman el mismo tren que nosotros; ustedes son más privilegiados y estarán en sus casas a la hora de almorzar!
— «Comment, privilégiés? Vous qui habitez la capitale, Paris, la grand ville, tandis que j′habite un pauvre chef-lieu de cent mille âmes, il est vrai cent deux mille au dernier recensement; mais qu′est-ce à côté de vous qui en comptez deux millions cinq cent mille? et qui allez retrouver l′asphalte et tout l′éclat du monde parisien.» –¿Privilegiados nosotros? Eso ustedes, que viven en la capital, en la gran ciudad de París, mientras que yo vivo en una pobre ciudad de provincia que tiene cien mil almas de población; es decir, ciento dos mil, según el último censo; pero, de todos modos, no es nada comparado con los dos millones y medio de París. ¡Felices ustedes, que pronto verán el asfalto de París y el esplendor de su vida!
Ils le disaient avec un roulement d′r paysan, sans y mettre d′aigreur, car c′étaient des lumières de leur province qui auraient pu comme d′autres venir à Paris — on avait plusieurs fois offert au premier président de Caen un siège à la Cour de cassation — mais avaient préféré rester sur place, par amour de leur ville, ou de l′obscurité, ou de la gloire, ou parce qu′ils étaient réactionnaires, et pour l′agrément des relations de voisinage avec les châteaux. Plusieurs d′ailleurs ne regagnaient pas tout de suite leur chef-lieu. Y lo decían con un arrastrar de erres muy provinciano, sin acritud alguna, porque eran todos ellos notabilidades de provincia que hubiesen podido ir a París como tantos otros –al magistrado le habían ofrecido un puesto en el Tribunal Supremo–, pero que prefirieron quedarse donde estaban, ya por amor a su ciudad, o a la gloria, o a la vida obscura, ya por ser reaccionarios o por no renunciar a sus amistades de vecindad en los castillos de la región. Algunos de ellos no se iban directamente a su rincón cuando marchaban de Balbec.
Car, — comme la baie de Balbec était un petit univers à part au milieu du grand, une corbeille des saisons où étaient rassemblés en cercle les jours variés et les mois successifs, si bien que, non seulement les jours où on apercevait Rivelelle ce qui était signe d′orage, on y distinguait du soleil sur les maisons pendant qu′il faisait noir à Balbec, mais encore que quand les froids avaient gagné Balbec, on était certain de trouver sur cette autre rive deux ou trois mois supplémentaires de chaleur — ceux de ces habitués du Grand-Hôtel dont les vacances commençaient tard ou duraient longtemps, faisaient, quand arrivaient les pluies et les brumes, à l′approche de l′automne, charger leurs malles sur une barque, et traversaient rejoindre l′été à Rivelelle ou à Costedor. Ce petit groupe de l′hôtel de Balbec regardait d′un air méfiant chaque nouveau venu, et, ayant l′air de ne pas s′intéresser à lui, tous interrogeaient sur son compte leur ami le maître d′hôtel. Car c′était le même, — Aimé — qui revenait tous les ans faire la saison et leur gardait leurs tables; et mesdames leurs épouses, sachant que sa femme attendait un bébé, travaillaient après les repas chacune à une pièce de la layette, tout en nous toisant avec leur face à main, ma grand′mère et moi, parce que nous mangions des ufs durs dans la salade, ce qui était réputé commun et ne se faisait pas dans la bonne société d′Alençon. Ils affectaient une attitude de méprisante ironie à l′égard d′un Français qu′on appelait Majesté et qui s′était, en effet, proclamé lui-même roi d′un petit îlot de l′Océanie peuplé par quelques sauvages. Il habitait l′hôtel avec sa jolie maîtresse, sur le passage de qui quand elle allait se baigner, les gamins criaient: «Vive la reine!» parce qu′elle faisait pleuvoir sur eux des pièces de cinquante centimes. Le premier président et le bâtonnier ne voulaient même pas avoir l′air de la voir, et si quelqu′un de leurs amis la regardait, ils croyaient devoir le prévenir que c′était une petite ouvrière. Porque la bahía de Balbec era un pequeño universo aparte contenido en medio del grande, una canastilla de las estaciones del año, donde estaban formados en círculos los días distintos y los meses sucesivos; tanto, que cuando se veía Rivebelle, lo cual era señal de tempestad, se lo veía con las casas bañadas en sol, mientras que en Balbec estaba muy cerrado, y aun es más: cuando ya el frío había llegado a Balbec podía tenerse la seguridad de encontrar todavía en la orilla opuesta dos o tres meses suplementarios de calor; y cuando estos parroquianos del Gran Hotel, por haber salido a veranear muy tarde o por prolongar mucho su veraneo, se veían sorprendidos por las lluvias o las nieblas al acercarse ya el otoño, mandaban cargar sus equipajes en una barca y se iban a reunirse con el verano a otro punto de la bahía, Costedor o Rivebelle. Ese grupo del hotel de Balbec miraba con desconfianza a todo recién llegado, y aunque aparentaban no darle ninguna importancia, todos iban a pedir detalles sobre el nuevo huésped al maestresala, con el que tenían mucha confianza. El maestresala era todos los años el mismo Amando; iba al hotel para la temporada de verano y guardaba las mesas a aquellos parroquianos; y sus señoras esposas, como sabían que la mujer de Amando le iba a dar un heredero, se entretenían después de las comidas en confeccionar prendas para el niño, y de vez en cuando nos miraban de arriba abajo con sus impertinentes a mi abuela y a mí, desdeñosamente, porque comíamos huevos duros en la ensalada, cosa que se consideraba muy ordinaria y que no se practica en la buena sociedad de Alenzón. Afectaban una actitud de desdeñosa ironía hacia un francés al que llamaban Majestad, porque, en efecto; se había proclamado rey de un islote de Oceanía poblado por unos cuantos salvajes. Vivía en el hotel con su querida, que era muy guapa; cuando pasaba por la calle los chicos daban vítores a la reina, porque solía ella tirarles monedas dé dos reales. El magistrado y abogado de Cherburgo hacían como que ni siquiera la veían, y si algún amigo la miraba, se creían en el caso de advertirle que era una muchacha de oficio:
— «Mais on m′avait assuré qu′à Ostende ils usaient de la cabine royale.» –Pues me habían dicho que en Ostende utilizaban la caseta real.
— «Naturellement! On la loue pour vingt francs. Vous pouvez la prendre si cela vous fait plaisir. Et je sais pertinemment que lui avait fait demander une audience au roi qui lui a fait savoir qu′il n′avait pas à connaître ce souverain de Guignol. –No tiene nada de particular. La alquilan por veinte francos, y usted la puede utilizar si tiene ese gusto. Y a mí me consta que él pidió una audiencia al rey, el cual hizo poner en su conocimiento que no tenía por qué conocer a ese monarca de opereta.
— «Ah, vraiment, c′est intéressant! il y a tout de même des gens! . . . » –¡Ah, tiene gracia!...¡La verdad es que hay gentes ...!
Et sans doute tout cela était vrai, mais c′était aussi par ennui de sentir que pour une bonne partie de la foule ils n′étaient, eux, que de bons bourgeois qui ne connaissaient pas ce roi et cette reine prodigues de leur monnaie, que le notaire, le président, le bâtonnier, au passage de ce qu′ils appelaient un carnaval, éprouvaient tant de mauvaise humeur et manifestaient tout haut une indignation au courant de laquelle était leur ami le maître d′hôtel, qui, obligé de faire bon visage aux souverains plus généreux qu′authentiques, cependant tout en prenant leur commande, adressait de loin à ses vieux clients un clignement d′il significatif. Peut-être y avait-il aussi un peu de ce même ennui d′être par erreur crus moins «chic» et de ne pouvoir expliquer qu′ils l′étaient davantage, au fond du «Joli Monsieur!» dont ils qualifiaient un jeune gommeux, fils poitrinaire et fêtard d′un grand industriel et qui, tous les jours, dans un veston nouveau, une orchidée à la boutonnière, déjeunait au champagne, et allait, pâle, impassible, un sourire d′indifférence aux lèvres, jeter au Casino sur la table de baccarat des sommes énormes «qu′il n′a pas les moyens de perdre» disait d′un air renseigné le notaire au premier président duquel la femme «tenait de bonne source» que ce jeune homme «fin de siècle» faisait mourir de chagrin ses parents. Indudablemente, todo esto era cierto; pero también el despecho de darse cuenta de que para mucha gente ellos no eran más que unos burgueses que no se trataban con aquellos reyes tan pródigos de sus dineros contribuía a aquel mal humor del notario, del magistrado y jurisconsulto cuando pasaba lo que ellos llamaban la máscara, y aquella indignación que manifestaban en voz alta; de la cual indignación estaba bien enterado su amigo el maestresala, que, obligado a poner buena cara a aquellos soberanos, más generosos que auténticos, hacía desde lejos un guiño a sus viejos parroquianos mientras que recibía las órdenes de los reyes. Quizá también por la misma causa, por miedo de que ellos los consideraran menos chic, sin poder convencer a la gente de que estaba equivocada, calificaban de “¡Valiente personaje!” a un jovencito gomoso, juerguista y enfermo del pecho, hijo de un riquísimo industrial, que aparecía todos los días con un traje nuevo y su orquídea en el ojal, y que tomaba champaña en las comidas; luego se marchaba al Casino, pálido, impasible, en los labios una indiferente sonrisa, a tirar en la mesa del baccarat cantidades enormes, cantidades que “no podía permitirse aquel joven el lujo de derrochar”, según decía el notario al magistrado, con aire de muy enterado; y la señora del presidente sabía “de muy buena tinta” que aquel niño modernista estaba matando a disgustos a sus padres.
D′autre part, le bâtonnier et ses amis ne tarissaient pas de sarcasmes, au sujet d′une vieille dame riche et titrée, parce qu′elle ne se déplaçait qu′avec tout son train de maison. Chaque fois que la femme du notaire et la femme du premier président la voyaient dans la salle à manger au moment des repas, elles l′inspectaient insolemment avec leur face à main du même air minutieux et défiant que si elle avait été quelque plat au nom pompeux mais à l′apparence suspecte qu′après le résultat défavorable d′une observation méthodique on fait éloigner, avec un geste distant, et une grimace de dégoût. Además, la tertulia del abogado, lanzaba constantemente frases sarcásticas dedicadas a la señora anciana, muy rica y de título, porque tenía la costumbre de llevar consigo sus criados cuando salía de su casa. Siempre que la mujer del notario y del magistrado veían a aquella señora en el comedor la inspeccionaban insolentemente con sus lentes, con el mismo gesto escudriñador y desconfiado que si hubiera sido un plato de nombre pomposo, pero de apariencia sospechosa, que se manda retirar con ademán vago y cara de asco después del desfavorable resultado de una metódica observación.
Sans doute par là voulaient-elles seulement montrer, que s′il y avait certaines choses dont elles manquaient — dans l′espèce certaines prérogatives de la vieille dame, et être en relations avec elle — c′était non pas parce qu′elles ne pouvaient, mais ne voulaient pas les posséder. Mais elles avaient fini par s′en convaincre elles-mêmes; et c′est la suppression de tout désir, de la curiosité pour les formes de la vie qu′on ne connaît pas, de l′espoir de plaire à de nouveaux êtres, remplacés chez ces femmes par un dédain simulé, par une allégresse factice, qui avait l′inconvénient de leur faire mettre du déplaisir sous l′étiquette de contentement et se mentir perpétuellement à elles-mêmes, deux conditions pour qu′elles fussent malheureuses. Mais tout le monde dans cet hôtel agissait sans doute de la même manière qu′elles, bien que sous d′autres formes, et sacrifiait sinon à l′amour-propre, du moins à certains principes d′éducations ou à des habitudes intellectuelles, le trouble délicieux de se mêler à une vie inconnue. Sans doute le microcosme dans lequel la s′isolait la vieille dame n′était pas empoisonné de virulentes aigreurs comme le groupe où ricanaient de rage la femme du notaire et du premier président. Il était au contraire embaumé d′un parfum fin et vieillot mais qui n′était pas moins factice. Car au fond la vieille dame eût probablement trouvé à séduire, à s′attacher, en se renouvelant pour cela elle-même, la sympathie mystérieuse d′êtres nouveaux, un charme dont est dénué le plaisir qu′il y a à ne fréquenter que des gens de son monde et à se rappeler que, ce monde étant le meilleur qui soit, le dédain mal informé d′autrui est négligeable. Peut-être sentait-elle que, si elle était arrivée inconnue au Grand-Hôtel de Balbec elle eût avec sa robe de laine noire et son bonnet démodé fait sourire quelque noceur qui de son «rocking» eût murmuré «quelle purée!» ou surtout quelque homme de valeur ayant gardé comme le premier président entre ses favoris poivre et sel, un visage frais et des yeux spirituels comme elle les aimait, et qui eût aussitôt désigné à la lentille rapprochante du face à main conjugal l′apparition de ce phénomène insolite; et peut-être était-ce par inconsciente appréhension de cette première minute qu′on sait courte mais qui n′est pas moins redoutée — comme la première tête qu′on pique dans l′eau — que cette dame envoyait d′avance un domestique mettre l′hôtel au courant de sa personnalité et de ses habitudes, et coupant court aux salutations du directeur gagnait avec une brièveté où il y avait plus de timidité que d′orgueil sa chambre où des rideaux personnels remplaçant ceux qui pendaient aux fenêtres, des paravents, des photographies, mettaient si bien entre elle et le monde extérieur auquel il eût fallu s′adapter, la cloison de ses habitudes, que c′était son chez elle, au sein duquel elle était restée, qui voyageait plutôt qu′elle-même . . . Sin duda con eso querían dar a entender aquellas damas que si ellas carecían de algunas cosas –por ejemplo, de determinadas prerrogativas de aquella señora, y no la trataban– no era por imposibilidad, sino porque no querían′. Y ellas mismas acabaron por convencerse de que esto era verdad; y por eso, por ahogar todo deseo, toda curiosidad hacia las formas de vida que conocían, toda esperanza de ser agradables a personas nuevas, por haber reemplazado todo eso con un simulado desdén y una fingida alegría, notábase en aquellas mujeres el despecho so capa de contento y un perpetuo mentirse a sí mismas, cosas las dos que contribuían a amargarlas. Pero en aquel hotel todo el mundo procedía de la misma manera, aunque en otras formas, y sacrificaba, ya que no al amor propio, a determinados principios de buena educación, o a sus hábitos intelectuales, el delicioso riesgo de mezclarse a una vida desconocida. Indudablemente, el microcosmo donde se encerraba la vieja señora no estaba inficionado por la violenta acrimonia que dominaba en el grupo de rabiosas risitas de las mujeres del magistrado y del notario. Perfumábalo, por el contrario, un perfume viejo y rancio, pero también falso. Porque en el fondo a la señora vieja le hubiera gustado agradar, atraerse, renovándose para eso a sí misma, la misteriosa simpatía de personas nuevas; porque esto tiene unos encantos de que carece esa limitación de trato a las personas de su propio mundo social, con la constante preocupación de que como ese mundo es el mejor que existe no hay que hacer caso del desdén ignorante de los demás. Quizá se daba cuenta esa dama de que de haber llegado al Gran Hotel como una desconocida acaso su traje de lana negra y su aso sombrero pasado de moda hubiesen arrancado una sonrisa a algún calavera que desde su mecedora diría desdeñosamente: “¡Qué tipo!”, o a algún hombre de mérito que, como el magistrado, conservara aún entre sus patillas entrecanas una cara joven y unos ojos vivos de esos que a ella le gustaban, y que de seguro habría señalado a los cristales de aumento de los impertinentes de su cónyuge la aparición de aquel insólito fenómeno; y acaso no por otra cosa que por inconsciente aprensión a ese primer minuto, corto, ya se sabe, pero temido, sin embargo –como la primera vez que se mete la cabeza en el agua–, es por lo que esa señora mandaba por delante a un criado para hacer saber en el hotel quién era ella y cómo acostumbraba vivir; y más timidez que orgullo debía de haber en su costumbre de cortar en seco las salutaciones del director y subir ‘en seguida a su cuarto; cuarto que tenía arreglado con visillos de su propiedad, en lugar de los del hotel; con biombos, con fotografías, como interponiendo el muro de sus costumbres entre ella y ese mundo exterior al que hubiera sido preciso adaptarse; de tal suerte que lo que viajaba era su casa y ella dentro.
Dès lors, ayant placé entre elle d′une part, le personnel de l′hôtel et les fournisseurs de l′autre, ses domestiques qui recevaient à sa place le contact de cette humanité nouvelle et entretenaient autour de leur maîtresse l′atmosphère accoutumée, ayant mis ses préjugés entre elle et les baigneurs, insoucieuse de déplaire à des gens que ses amies n′auraient pas reçus, c′est dans son monde qu′elle continuait à vivre par la correspondance avec ses amies, par le souvenir, par la conscience intime qu′elle avait de sa situation, de la qualité de ses manières, de la compétence de sa politesse. Et tous les jours, quand elle descendait pour aller dans sa calèche faire une promenade, sa femme de chambre qui portait ses affaires derrière elle, son valet de pied qui la devançait semblaient comme ces sentinelles, qui aux portes d′une ambassade, pavoisée aux couleurs du pays dont elle dépend, garantissent pour elle, au milieu d′un sol étranger, le privilège de son exterritorialité. Elle ne quitta pas sa chambre avant le milieu de l′après-midi, le jour de notre arrivée et nous ne l′aperçûmes pas dans la salle à manger où le directeur, comme nous étions nouveaux venus, nous conduisit, sous sa protection, à l′heure du déjeuner comme un gradé qui mène des bleus chez le caporal tailleur pour les faire habiller; mais nous y vîmes, en revanche, au bout d′un instant un hobereau et sa fille, d′une obscure mais très ancienne famille de Bretagne, M. et Mlle de Stermaria dont on nous avait fait donner la table croyant qu′ils ne rentreraient que le soir. Venus seulement à Balbec pour retrouver des châtelains qu′ils connaissaient dans le voisinage, ils ne passaient dans la salle à manger de l′hôtel, entre les invitations acceptées au dehors et les visites rendues que le temps strictement nécessaire. C′était leur morgue qui les préservait de toute sympathie humaine, de tout intérêt pour les inconnus assis autour d′eux, et au milieu desquels M. de Stermaria gardait l′air glacial, pressé, distant, rude, pointilleux et malintentionné, qu′on a dans un buffet de chemin de fer au milieu de voyageurs qu′on n′a jamais vus, qu′on ne reverra pas, et avec qui on ne conçoit d′autres rapports que de défendre contre eux son poulet froid et son coin dans le wagon. A peine commencions-nous à déjeuner qu′on vint nous faire lever sur l′ordre de M. de Stermaria, lequel venait d′arriver et sans le moindre geste d′excuse à notre adresse, pria à haute voix le maître d′hôtel de veiller à ce qu′une pareille erreur ne se renouvelât pas, car il lui était désagréable que «des gens qu′il ne connaissait pas» eussent pris sa table. Y de ese modo, después de haber colocado entre su persona y los criados del hotel y los comerciantes que la surtían a sus propios servidores, para que ellos recibiesen el contacto de esa humanidad nueva y para que mantuvieran en torno de su arpa la atmósfera acostumbrada, interpuso sus prejuicios entre los demás bañistas y ella, y sin preocuparse de agradar o desagradar a personas que sus iguales no hubieran tratado siguió viviendo en su propio mundo social gracias a la correspondencia que sostenía con sus amigas y a la íntima conciencia que tenía de su posición, de la calidad de sus modales y de la eficacia de su buena, educación. Y cuando todos los días bajaba de su cuarto para ir a dar un paseo en su carretela, la doncella que la seguía con el abrigo y la manta, y el lacayo que la precedía, eran como esos centinelas que a la puerta de una embajada donde ondea la bandera del país que representa garantizan, allí en medio de una tierra extraña, el privilegio de su extraterritorialidad. El día que nosotros llegamos no salió hasta después de comer; así, que no la vimos en el comedor al entrar en él a la hora del almuerzo, bajo la protección del director, que nos acompañó aquel día hasta nuestra mesa, en calidad de huéspedes nuevos, como un oficial que lleva a los quintos al cabo–sastre para que les dé sus trajes; pero, en cambio, vimos a un hidalgo de familia muy antigua, aunque no linajuda, de Bretaña, acompañado de su hija, el señor y la señorita de Stermaria; a nosotros nos habían colocado en la mesa destinada a ellos, suponiendo que no iban a volver hasta la noche. Habían ido a Balbec con el único objeto de verse allí unos cuantos amigos suyos que poseían castillos en los alrededores, y entre las comidas a que los invitaban y las visitas que tenían que devolver no pasaban en el comedor del hotel sino el tiempo estrictamente necesario. Su orgullo los preservaba de toda simpatía humana y de todo interés por parte de los desconocidos que se sentaban a su alrededor; y el señor de Stermaria adoptaba entre aquella gente el aspecto glacial, rudo, precipitado, puntilloso y de mala intención que se suele tener en las fondas de las estaciones cuando se está entre viajeros que nunca vimos y que nunca volveremos a ver, y en los que no se piensa sino para conquistar antes que ellos el pollo fiambre y el rincón de ventanilla. Apenas habíamos empezado a almorzar nos hicieron levantarnos, por orden del señor de Stermaria, que acababa de entrar y que, sin darnos ninguna excusa, advirtió en alta voz al maestresala que tuviera cuidado de que no volviese a suceder aquello, porque no le gustaba que tomara su mesa “gente desconocida”.
Et certes dans le sentiment qui poussait une certaine actrice (plus connue d′ailleurs à cause de son élégance, de son esprit, de ses belles collections de porcelaine allemande que pour quelques rôles joués à l′Odéon), son amant, jeune homme très riche pour lequel elle s′était cultivée, et deux hommes très en vue de l′aristocratie à faire dans la vie bande à part, à ne voyager qu′ensemble, à prendre à Balbec leur déjeuner, très tard quand tout le monde avait fini; à passer la journée dans leur salon à jouer aux cartes, il n′entrait aucune malveillance, mais seulement les exigences du goût qu′ils avaient pour certaines formes spirituelles de conversation, pour certains raffinements de bonne chère, lequel leur faisait trouver plaisir à ne vivre, à ne prendre leurs repas qu′ensemble, et leur eût rendu insupportable la vie en commun avec des gens qui n′y avaient pas été initiés. Même devant une table servie, ou devant une table à jeu, chacun d′eux avait besoin de savoir que dans le convive ou le partenaire qui était assis en face de lui, reposaient en suspens et inutilisés un certain savoir qui permet de reconnaître la camelote dont tant de demeures parisiennes se parent comme d′un «moyen age» ou d′une «Renaissance» authentiques et, en toutes choses, des critériums communs à eux pour distinguer le bon et le mauvais. Sans doute ce n′était plus, dans ces moments-là, que par quelque rare et drôle interjection jetée au milieu du silence du repas ou de la partie, ou par la robe charmante et nouvelle que la jeune actrice avait revêtue pour déjeuner ou faire un poker, que se manifestait l′existence spéciale dans laquelle ces amis voulaient partout rester plongés. Mais en les enveloppant ainsi d′habitudes qu′ils connaissaient à fond, elle suffisait à les protéger contre le mystère de la vie ambiante. Pendant de longs après-midi, la mer n′était suspendue en face d′eux que comme une toile d′une couleur agréable accrochée dans le boudoir d′un riche célibataire, et ce n′était que dans l′intervalle des coups qu′un des joueurs n′ayant rien de mieux à faire, levait les yeux vers elle pour en tirer une indication sur le beau temps ou sur l′heure, et rappeler aux autres que le goûter attendait. Et le soir ils ne dînaient pas à l′hôtel où les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l′ombre, s′écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d′or la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges: (une grande question sociale de savoir si la paroi de verre protègera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger). En attendant peut-être parmi la foule arrêtée et confondue dans la nuit, y avait-il quelque écrivain, quelque amateur d′ichtyologie humaine, qui, regardant les mâchoires de vieux monstres féminins se refermer sur un morceau de nourriture engloutie, se complaisait à classer ceux-ci par race, par caractères innés et aussi par ces caractères acquis qui font qu′une vieille dame serbe dont l′appendice buccal est d′un grand poisson de mer, parce que depuis son enfance elle vit dans les eaux douces du faubourg Saint-Germain, mange la salade comme une La Rochefoucauld. Estaban también en el hotel una actriz (más conocida por su elegancia, por su talento y por su hermosa colección de porcelana alemana que por unos cuantos papeles desempeñados en el Odeón) con su querido, joven riquísimo, y ambos bienquistos con gente aristocrática; la pareja hacía vida aparte; viajaban juntos siempre y almorzaban ya muy tarde, cuando todo el mundo había terminado, y luego pasaban el día en su saloncito jugando a las cartas; y si vivían así no era por mala voluntad hacia los demás, sino por determinadas exigencias de su afición a ciertas formas ingeniosas de la conversación y a los refinamientos de la mesa, por lo cual sólo se encontraban a gusto viviendo y comiendo juntos, y se les hubiera hecho insoportable la compañía de gente no iniciada en sus gustos. Hasta cuando estaban delante de una mesa servida o de una mesita de juego necesitaban saber que aquel convidado o aquel compañero de juego de enfrente tenía, aunque en suspenso y sin ejercitarla en aquel momento, la ciencia que es menester para distinguir de las piezas auténticas la pacotilla que en muchas casas de París se hace pasar por “Edad Media” o “Renacimiento” y los mismos criterios que ellos dos para distinguir en toda cosa lo malo de lo bueno. En esos momentos de comida o de juego tan sólo se manifestaba ese género especial de existencia en que deseaban estar sumergidos aquellos amigos por alguna interjección rara y desusada que caía en medio del silencio del almuerzo o del juego, o por la elegancia y gusto del traje que se había puesto la actriz para comer o para hacer la partida de póker. Pero con eso les bastaba para rodearse de costumbres que conocían a fondo y que los protegían contra el misterio de la vida del ambiente. Durante tardes y tardes el mar que se veía por el balcón no era para ellos más que un cuadro de color agradable colgado en el gabinete de un solterón rico, y únicamente entre jugada y jugada, cuando no tenían otra cosa en que pensar, posaba alguno la vista en el horizonte marino, sin más objeto que hacer alguna observación respecto al tiempo o la hora y recordar a los demás que ya estaba esperando la merienda. Por la noche no solían cenar en el hotel, cuyo comedor, inundado por la luz eléctrica que manaba a chorros de los focos, se convertía en inmenso y maravilloso acuario; y los obreros, los pescadores y las familias de la clase media de Balbec se pegaban a las vidrieras, invisibles en la obscuridad de afuera, para contemplar cómo se mecía en oleadas de oro la vida lujosa de una gente tan extraordinaria para los pobres como la de los peces y moluscos extraños (buen problema social: a saber, si la pared de cristal protegerá por siempre el festín de esos animales maravillosos y si la pobre gente que mira con avidez desde la obscuridad no entrará al acuario a cogerlos para comérselos). Pero entretanto, quizá entre aquella multitud suspensa y atónita en medio de la obscuridad hubiese algún escritor o aficionado a la ictiología humana, que al ver cómo se cerraban las mandíbulas de viejos monstruos femeninos para tragarse un trozo de alimento acaso se complaciera en clasificar los dichos monstruos por razas, por caracteres innatos y también por esos caracteres adquiridos, gracias a los cuales una vieja dama servia cuyo apéndice bucal es el de un pez enorme come ensalada como una La Rochefoucauld porque desde su infancia vive en el agua dulce del barrio de Saint–Germain.
A cette heure-là on apercevait les trois hommes en smoking attendant la femme en retard laquelle bientôt, en une robe presque chaque fois nouvelle et des écharpes, choisies selon un goût particulier à son amant, après avoir de son étage, sonné le lift, sortait de l′ascenseur comme d′une boîte de joujoux. Et tous les quatre qui trouvaient que le phénomène international du Palace, implanté à Balbec, y avait fait fleurir le luxe plus que la bonne cuisine, s′engouffraient dans une voiture, allaient dîner à une demi-lieue de là dans un petit restaurant réputé où ils avaient avec le cuisinier d′interminables conférences sur la composition du menu, et la confection des plats. Pendant ce trajet la route bordée de pommiers qui part de Balbec n′était pour eux que la distance qu′il fallait franchir — peu distincte dans la nuit noire de celle qui séparait leurs domiciles parisiens du Café Anglais ou de la Tour d′Argent, avant d′arriver au petit restaurant élégant où tandis que les amis du jeune homme riche l′enviaient d′avoir une maîtresse si bien habillée, les écharpes de celle-ci tendaient devant la petite société comme un voile parfumé et souple, mais qui la séparait du monde. A aquella hora se veía a los tres amigos de la actriz, puestos de smoking, esperando a la damita, que después de haber pedido el lift desde su piso salía del ascensor como de una caja de juguetes casi siempre con traje y manteletas nuevos, escogidos con arreglo al peculiar gusto de su querido. Y los cuatro amigos, los cuales estimaban que el fenómeno internacional del Palace implantado en Balbec había contribuido a fomentar el lujo, pero no la buena cocina, se metían en un coche y se iban a cenar a media legua de allí, a un pequeño y reputado restaurante, en donde celebraban con el cocinero interminables conferencias relativas a la composición del menu y la confección de los platos. Durante aquel trayecto, el camino que desde Balbec los llevaba, con sus manzanos a los lados no era para ellos sino la distancia –muy poco diferente, en aquella negrura de la noche, de la que separaba sus domicilios en París del café Inglés o de la Tour d‘Argent– que era menester salvar para llegar hasta el restaurante elegante; y allí, mientras los amigos del joven ricacho le envidiaban una querida tan bien vestida, ella, al agitar sus manteletas, desplegaba ante el grupo como un velo perfumado y leve, pero que bastaba para separarlos del mundo.
Malheureusement pour ma tranquillité, j′étais bien loin d′être comme tous ces gens. De beaucoup d′entre eux je me souciais; j′aurais voulu ne pas être ignoré d′un homme au front déprimé, au regard fuyant entre les illères de ses préjugés et de son éducation, le grand seigneur de la contrée, lequel n′était autre que le beau-frère de Legrandin, venait quelquefois en visite à Balbec et, le dimanche, par la garden-party hebdomadaire que sa femme et lui donnaient, dépeuplait l′hôtel d′une partie de ses habitants, parce qu′un ou deux d′entre eux étaient invités à ces fêtes, et parce que les autres pour ne pas avoir l′air de ne pas l′être, choisissaient ce jour-là pour faire une excursion éloignée. Il avait, d′ailleurs, été le premier jour fort mal reçu à l′hôtel quand le personnel, frais débarqué de la Côte d′Azur, ne savait pas encore qui il était. Non seulement il n′était pas habillé en flanelle blanche, mais par vieille manière française, et ignorance de la vie des Palaces, entrant dans un hall où il y avait des femmes, il avait ôté son chapeau dès la porte, ce qui avait fait que le directeur n′avait même pas touché le sien pour lui répondre, estimant que ce devait être quelqu′un de la plus humble extraction, ce qu′il appelait un homme «sortant de l′ordinaire». Seule la femme du notaire s′était sentie attirée vers le nouveau venu qui fleurait toute la vulgarité gourmée des gens comme il faut et elle avait déclaré, avec le fond de discernement infaillible et d′autorité sans réplique d′une personne pour qui la première société du Mans n′a pas de secrets, qu′on se sentait devant lui en présence d′un homme d′une haute distinction, parfaitement bien élevé et qui tranchait sur tout ce qu′on rencontrait à Balbec et qu′elle jugeait infréquentable tant qu′elle ne le fréquentait pas. Ce jugement favorable qu′elle avait porté sur le beau-frère de Legrandin, tenait peut-être au terne aspect de quelqu′un qui n′avait rien d′intimidant, peut-être à ce qu′elle avait reconnu dans ce gentilhomme-fermier à allure de sacristain les signes maçonniques de son propre cléricalisme. Desgraciadamente para mi tranquilidad, distaba yo mucho de ser como toda aquella gente. Había algunos que me preocupaban; me hubiera gustado que se fijara en mí un hombre de deprimida frente, de mirar esquivo, que se deslizaba entre las anteojeras de sus prejuicios y de su buena educación, y que resultó ser el gran señor de la región, el cuñado de Legrandin, que solía ir a Balbec de visita, y que los domingos, con la garden party semanal que daban él y su mujer, despoblaba el hotel de buen número de sus huéspedes, porque dos o tres de entre ellos estaban realmente invitados a la fiesta, y otros, para que no pareciese que no lo estaban, se iban aquel día a hacer una excursión larga. Sin embargo, la primera vez que entró en el hotel fué muy mal recibido, porque el personal que acababa de llegar de la Costa Azul ignoraba quién era ese señor. Y no sólo no iba vestido de franela blanca, sino que, ateniéndose a los viejos usos franceses e ignorante de la vida de los Palaces, se quitó su sombrero al entrar en el hall porque Labia señoras; de modo que el director ni siquiera se llevó la mano a su cubrecabezas para saludarlo y juzgó que ese señor debía de ser persona de humildísima extracción, lo que él llamaba un hombre “de origen ordinario”. Tan sólo a la mujer del notario le llamó la atención el recién llegado, que trascendía a esa vulgaridad afectada de la gente elegante, y declaró, con esa base de infalible discernimiento y de autoridad indiscutible de una persona para quien no tiene secretos la alta, sociedad del departamento del Mans, que se veía perfectamente que tenían delante a un hombre de gran distinción, muy bien educado y en contraste notable con toda aquella gente que había en Balbec, y que ella juzgaba indigna de su trato mientras no la tratara. Aquel juicio favorable que pronunció con respecto al cuñado de Legrandin debía de tener fundamento en el aspecto apagado de su persona, que no imponía nada; o quizá fué que aquella señora reconoció en el hidalgo de cortijo con trazas de sacristán los signos masónicos de su propio clericalismo.
J′avais beau avoir appris que les jeunes gens qui montaient tous les jours à cheval devant l′hôtel étaient les fils du propriétaire véreux d′un magasin de nouveautés et que mon père n′eût jamais consenti à connaître, la «vie de bains de mer» les dressait, à mes yeux, en statues équestres de demi-dieux et le mieux que je pouvais espérer était qu′ils ne laissassent jamais tomber leurs regards sur le pauvre garçon que j′étais, qui ne quittait la salle à manger de l′hôtel que pour aller s′asseoir sur le sable. J′aurais voulu inspirer de la sympathie même à l′aventurier même qui avait été roi d′une île déserte en Océanie, même au jeune tuberculeux dont j′aimais à supposer qu′il cachait sous ses dehors insolents une âme craintive et tendre qui eût peut-être prodigué pour moi seul des trésors d′affection. D′ailleurs (au contraire de ce qu′on dit d′habitude des relations de voyage) comme être vu avec certaines personnes peut vous ajouter, sur une plage où l′on retourne quelquefois un coefficient sans équivalent dans la vraie vie mondaine, il n′y a rien, non pas qu′on tienne aussi à distance, mais qu′on cultive si soigneusement dans la vie de Paris, que les amitiés de bains de mer. Je me souciais de l′opinion que pouvaient avoir de moi toutes ces notabilités momentanées ou locales que ma disposition à me mettre à la place des gens et à recréer leur état d′esprit me faisait situer non à leur rang réel, à celui qu′ils auraient occupé à Paris par exemple et qui eût été fort bas, mais à celui qu′ils devaient croire le leur, et qui l′était à vrai dire à Balbec où l′absence de commune mesure leur donnait une sorte de supériorité relative et d′intérêt singulier. Hélas d′aucune de ces personnes le mépris ne m′était aussi pénible que celui de M. de Stermaria. De nada me sirvió el enterarme de que aquellos muchachos que todos los días montaban a caballo delante del hotel eran hijos del no muy reputado propietario de una tienda de novedades; gente que mi padre no hubiera consentido tratar: la vida “de baños de mar” los realzaba a mis ojos, los convertía en estatuas ecuestres de semidioses, y mi sola esperanza era que no dejaran nunca caer sus miradas sobre aquel muchacho que cuando salía del comedor del hotel era para ir a sentarse en la arena de la playa, sobre mí. Hubiera deseado hacerme simpático hasta al aventurero que fué rey de la isla desierta de Oceanía, hasta al joven tuberculoso, y me gustaba imaginarme que acaso bajo aquel exterior suyo tan insolente se ocultaba un alma tímida y cariñosa que hubiera podido prodigarme tesoros de afecto. Además (al revés de lo que se suele decir de las amistades de viaje), como el ser visto en compañía de determinadas personas puede darnos, para esa playa adonde hemos de volver más de una vez, un coeficiente sin equivalencia en la verdadera vida mundana, en la vida de París, no sólo no huye uno de esas amistades de baños, sino que las cultiva celosamente. Me preocupaba mucho la opinión que de mí pudieran formar todas aquellas notabilidades momentáneas o locales, a quienes situaba yo, debido a esa tendencia mía a colocarme en el mismo lugar de cada cual y a imaginar su estado de espíritu, no en su verdadero rango, en el que les hubiese correspondido en París, por ejemplo, sin duda muy bajo, sino en el que ellos se figuraban tener y en Balbec efectivamente tenían, porque allí la falta de una medida común para todos les daba una superioridad relativa y un singular interés. Y entre todas aquella personas no había ninguna cuyo desprecio me doliera más que el del señor de Stermaria.
Car j′avais remarqué sa fille, dès son entrée, son joli visage pâle et presque bleuté, ce qu′il y avait de particulier dans le port de sa haute taille, dans sa démarche, et qui m′évoquait avec raison son hérédité, son éducation aristocratique et d′autant plus clairement que je savais son nom, — comme ces thèmes expressifs inventés par des musiciens de génie et qui peignent splendidement le scintillement de la flamme, le bruissement du fleuve, et la paix de la campagne, pour les auditeurs qui en parcourant préalablement le livret, ont aiguillé leur imagination dans la bonne voie. La «race» en ajoutant aux charmes de Mlle de Stermaria l′idée de leur cause les rendait plus intelligibles, plus complets. Elle les faisait aussi plus désirables, annonçant qu′ils étaient peu accessibles, comme un prix élevé ajoute à la valeur d′un objet qui nous a plu. Et la tige héréditaire donnait à ce teint composé de sucs choisis la saveur d′un fruit exotique ou d′un cru célèbre. Porque desde que entró me había fijado en su hija, en su bonita cara, pálida, azulosa casi; en su alta estatura, tan noblemente llevada; en su singular porte; y todo ello me evocaba naturalmente su linaje, su educación aristocrática, y con mucho más motivo porque sabía su noble apellido; lo mismo que los oyentes de un concierto después de haber ojeado el programa, y cuando ya se aguijó su imaginación en el sentido allí indicado reconocen esos temas expresivos inventados por músicos de genio que pintan por espléndida manera el centellear de las llamas, el murmullo del río o la paz de los campos. La “raza” superponía a los encantos de la señorita de Stermaria la idea de su causa, y con ello los hacía más inteligibles y completos. Y también más codiciables, porque anunciaba que eran poco accesibles, igual que gana en valor un objeto que nos gusta cuando sabemos que cuesta mucho. Y aquel tronco de su linaje prestaba al color de su piel, compuesto de exquisitos zumos, el sabor de una fruta exótica o de un mosto célebre.
Or, un hasard mit tout d′un coup entre nos mains le moyen de nous donner à ma grand′mère et à moi, pour tous les habitants de l′hôtel, un prestige immédiat. En effet, dès ce premier jour, au moment où la vieille dame descendait de chez elle, exerçant, grâce au valet de pied qui la précédait, à la femme de chambre qui courait derrière avec un livre et une couverture oubliés, une action sur les âmes et excitant chez tous une curiosité et un respect auxquels il fut visible qu′échappait moins que personne M. de Stermaria, le directeur se pencha vers ma grand′mère, et par amabilité (comme on montre le Shah de Perse ou la Reine Ranavalo à un spectateur obscur qui ne peut évidemment avoir aucune relation avec le puissant souverain, mais peut trouver intéressant de l′avoir vu à quelques pas), il lui coula dans l′oreille: «La Marquise de Villeparisis», cependant qu′au même moment cette dame apercevant ma grand′mère ne pouvait retenir un regard de joyeuse surprise. Pues ocurrió que de pronto la casualidad puso entre nuestras manos, las mías y las de la abuela, la posibilidad de ganarnos un gran prestigio en opinión de la gente del hotel. En efecto, ya el primer día, cuando la vieja señora del título bajaba de su cuarto ejerciendo, gracias al lacayo que la precedía y a la doncella que corría detrás con un libro y una manta, que se habían olvidado, una viva impresión en todos los ánimos y excitando respeto y curiosidad, a los que visiblemente no escapaba ni siquiera el señor de Stermaria, el director del hotel se inclinó hacia la abuela y, por amabilidad do mismo que se enseña el shah de Persia o la reina Ranavalo a una persona humilde, que indudablemente no puede tener trato alguno con el poderoso soberano, pero que quizá tenga gusto en haberlo visto de cerca), deslizó en su oído estas palabras: “La marquesa de Villeparisis”; y al mismo tiempo, la dama, al ver a mi abuela no pudo contener una mirada de alegre sorpresa.
On peut penser que l′apparition soudaine, sous les traits d′une petite vieille, de la plus puissante des fées, ne m′aurait pas causé plus de plaisir, dénué comme j′étais, de tout recours pour m′approcher de Mlle de Stermaria, dans un pays où je ne connaissais personne. J′entends personne au point de vue pratique. Esthétiquement, le nombre des types humains est trop restreint pour qu′on n′ait pas bien souvent, dans quelque endroit qu′on aille, la joie de revoir des gens de connaissance, même sans les chercher dans les tableaux des vieux maîtres, comme faisait Swann. C′est ainsi que dès les premiers jours de notre séjour à Balbec, il m′était arrivé de rencontrer Legrandin, le concierge de Swann, et Mme Swann elle-même, devenus le premier garçon de café, le second un étranger de passage que je ne revis pas, et la dernière, un maître baigneur. Et une sorte d′aimantation attire et retient si inséparablement les uns auprès les autres certains caractères de physionomie et de mentalité que quand la nature introduit ainsi une personne dans un nouveau corps, elle ne la mutile pas trop. Legrandin changé en garçon de café gardait intacts sa stature, le profil de son nez et une partie du menton; Mme Swann dans le sexe masculin et la condition de maître baigneur avait été suivie non seulement par sa physionomie habituelle, mais même par une certaine manière de parler. Seulement elle ne pouvait pas m′être de plus d′utilité entourée de sa ceinture rouge, et hissant, à la moindre houle, le drapeau qui interdit les bains, car les maîtres-baigneurs sont prudents, sachant rarement nager, qu′elle ne l′eût pu dans la fresque de la Vie de Moî²¥ où Swann l′avait reconnue jadis sous les traits de la fille de Jethro. Tandis que cette Mme de Villeparisis était bien la véritable, elle n′avait pas été victime d′un enchantement qui l′eût dépouillée de sa puissance, mais était capable au contraire d′en mettre un à la disposition de la mienne qu′il centuplerait, et grâce auquel, comme si j′avais été porté par les ailes d′un oiseau fabuleux, j′allais franchir en quelques instants les distances sociales infinies, au moins à Balbec, — qui me séparaient de Mlle de Stermaria. Ya puede imaginarse que la repentina aparición del hada más influyente, bajo la apariencia de aquella viejecita no me habría causado alegría mayor allí en aquella tierra, donde no conocía a nadie, donde no tenía recurso alguno para acercarme a la señorita de Stermaria. Quiero decir que no conocía a nadie desde el punto de vista práctico. Porque estéticamente hablando, el número de tipos humanos es harto limitado para que no goce uno, sea cualquiera el sitio a donde se vaya, del placer de encontrarse con gente conocida, sin tener siquiera necesidad de ir a buscarla como hacía Swann con los cuadros antiguos. Y así, ya en los primeros días que pasamos en Balbec tuve ocasión de encontrarme con Legrandin, con el portero de los Swann y con la misma señora de Swann, convertidos, respectivamente, en un mozo de café, en un extranjero de paso, que no volví a ver, y en un bañero. Y hay una especie de imantación que atrae y retiene por manera tan inseparable, bien apretados unos junto a otros, determinados caracteres de fisonomía y mentalidad, que cuando la Naturaleza introduce del modo que yo digo a una persona en un cuerpo nuevo no la mutila mucho. El Legrandin mozo de café conservaba intactos su estatura, el perfil de la nariz y parte de la barbilla; la señora de Swann, en su nueva condición masculina de bañero, aún llevaba tras sí no sólo su fisonomía habitual, sino un modo especial de hablar. Sólo que no era más útil ahora, con su cinturón encarnado e izando al menor oleaje la banderola que prohibe los baños (porque los bañeros, como no suelen saber nadar, son muy prudentes), que en su estado antiguo femenino, en el fresco de la Vida de Moisés, donde antaño la reconociera Swann tras las facciones de la hija de Jetro. Mientras que esta señora de Villeparisis era la de verdad y no víctima de un encanto que la privara de su poder, sino, por el contrario, capaz de poner entre mis manos ‘una influencia que centuplicara la mía; y gracias a ella, como llevado en alas de un pájaro fabuloso, iba a serme posible franquear en unos instantes las distancias sociales infinitas –por lo meros en Balbec– que me separaban de la señorita de Stermaria.
Malheureusement, s′il y avait quelqu′un qui, plus que quiconque, vécût enfermé dans son univers particulier, c′était ma grand′mère. Elle ne m′aurait même pas méprisé, elle ne m′aurait pas compris, si elle avait su que j′attachais de l′importance à l′opinion, que j′éprouvais de l′intérêt pour la personne, de gens dont elle ne remarquait seulement pas l′existence et dont elle devait quitter Balbec sans avoir retenu le nom; je n′osais pas lui avouer que si ces mêmes gens l′avaient vu causer avec Mme de Villeparisis, j′en aurais eu un grand plaisir, parce que je sentais que la marquise avait du prestige dans l′hôtel et que son amitié nous eût posés aux yeux de M. de Stermaria. Non d′ailleurs que l′amie de ma grand′mère me représentât le moins du monde une personne de l′aristocratie: j′étais trop habitué à son nom devenu familier à mes oreilles avant que mon esprit s′arrêtât sur lui, quand tout enfant je l′entendais prononcer à la maison; et son titre n′y ajoutait qu′une particularité bizarre comme aurait fait un prénom peu usité, ainsi qu′il arrive dans les noms de rue où on n′aperçoit rien de plus noble, dans la rue Lord-Byron, dans la si populaire et vulgaire rue Rochechouart, ou dans la rue de Gramont que dans la rue Léonce-Reynaud ou la rue Hippolyte-Lebas. Mme de Villeparisis ne me faisait pas plus penser à une personne d′un monde spécial, que son cousin Mac-Mahon que je ne différenciais pas de M. Carnot, président de la République, comme lui, et de Raspail dont Françoise avait acheté la photographie avec celle de Pie IX. Ma grand′mère avait pour principe qu′en voyage on ne doit plus avoir de relations, qu′on ne va pas au bord de la mer pour voir des gens, qu′on a tout le temps pour cela à Paris, qu′ils vous feraient perdre en politesses, en banalités, le temps précieux qu′il faut passer tout entier au grand air, devant les vagues; et trouvant plus commode de supposer que cette opinion était partagée par tout le monde et qu′elle autorisait entre de vieux amis que le hasard mettait en présence dans le même hôtel la fiction d′un incognito réciproque, au nom que lui cita le directeur, elle se contenta de détourner les yeux et eut l′air de ne pas voir Mme de Villeparisis qui, comprenant que ma grand′mère ne tenait pas à faire de reconnaissances, regarda à son tour dans le vague. Elle s′éloigna, et je restai dans mon isolement comme un naufragé de qui a paru s′approcher un vaisseau, lequel a disparu ensuite sans s′être arrêté. Desgraciadamente, si alguien había que viviese más encerrado que nadie en su universo particular, ese alguien era mi abuela. Y no hubiese sido capaz de despreciarme, ni siquiera de comprenderme, en el caso de haberse enterado del interés que me inspiraban las personas aquellas del hotel y de la importancia que atribuía yo a su opinión; porque mi abuela apenas si se había dado cuenta de su existencia y se iría de Balbec sin acordarse del nombre de ninguna de ellas; no me atreví, pues, a confesarle la alegría tan grande que habría sido para mí el que toda esa gente la viera hablando con la marquesa, porque esta señora gozaba de gran prestigio en el hotel y su amistad nos habría colocado en muy buen lugar a los ojos del señor de Stermaria. Y no es que yo me representara, ni muchísimo menos, a la amiga de mi abuela como un prototipo de la aristocracia, porque estaba muy acostumbrado a su nombre, familiar para mis oídos antes de ponerme a pensar en él, cuando ya desde niño lo oía pronunciar en casa.: y su título no superponía al nombre nada más que una particularidad extraña, el mismo efecto que hubiera podido hacer un nombre de pila poco usado; cosa análoga a la que ocurre con esos nombres de calles, calle Lord Byron, calle Rochechouart, tan vulgar y populosa; calle de Grammont, que no nos parecen en ningún punto más nobles que la calle Leoncio Reynaud o la calle Hipólito Lebas. La señora de Villeparisis no me traía al ánimo la visión de un mundo especial, como no me la traía su primo Mac Mahon, al que yo no diferenciaba de Carnot, también presidente de la República; ni de Raspail, aquel Raspail cuyo retrato compraba Francisca en pareja con el de Pío IX. Mi abuela tenía la tesis de que en los viajes no se deben hacer amistades; que no se va al mar para ver gente (ya queda tiempo para eso en París), que los amigos le harían a uno perder en cumplidos y en frivolidades el tiempo precioso que nos es menester para pasarlo todo al aire libre, delante de las olas; y como le parecía más cómodo suponer que todo el mundo participaba de su dicha opinión, la cual autorizaba, entre amigos antiguos que se encontraban por casualidad en un mismo hotel, la ficción de un recíproco incógnito, al oír el nombre que le dijo el director volvió la vista a otro lado e hizo como que no veía a la señora de Villeparisis, que por su parte se dió cuenta de que mi abuela no tenía interés en reconocerla y, puso mirada distraída. Pasó, y yo seguí en mi aislamiento como un náufrago al que por un momento parecía que iba a acercarse ese barco que desaparece en el horizonte sin detenerse.
Elle prenait aussi ses repas dans la salle à manger, mais à l′autre bout. Elle ne connaissait aucune des personnes qui habitaient l′hôtel ou y venaient en visite, pas même M. de Cambremer; en effet, je vis qu′il ne la saluait pas, un jour où il avait accepté avec sa femme une invitation à déjeuner du bâtonnier, lequel, ivre de l′honneur d′avoir le gentilhomme à sa table, évitait ses amis des autres jours et se contentait de leur adresser de loin un clignement d′il pour faire à cet événement historique une allusion toutefois assez discrète pour qu′elle ne pût pas être interprétée comme une invite à s′approcher. La señora de Villeparisis comía también en el comedor del hotel, pero en el extremo opuesto. No conocía a ninguna de las personas que vivían en el hotel o que iban allí de visita, ni siquiera al señor de Cambremer; porque vi que este caballero no la saludaba un día en que fue a comer con su esposa al hotel, invitado por el abogado de Cherburgo, el cual, transportado por aquel honor de sentar a su mesa al noble, evitaba a sus amigos de todos los días y se limitaba a hacerles algún guiño desde lejos, manera de aludir a este acontecimiento histórico lo bastante discreta para que no pudiera tomarse como una invitación a acercarse a su mesa.
Eh bien, j′espère que vous vous mettez bien, que vous êtes un homme chic, lui dit le soir la femme du premier président. –¡Vamos, vamos, ya veo que no se coloca usted mal, que es usted un hombre chic! – le dijo aquella noche la mujer del magistrado.
— «Chic? pourquoi? demanda le bâtonnier, dissimulant sa joie sous un étonnement exagéré; à cause de mes invités? dit-il en sentant qu′il était incapable de feindre plus longtemps; mais qu′est-ce que ça a de chic d′avoir des amis à déjeuner? Faut bien qu′ils déjeunent quelque part! –¿Yo? ¿Por qué? –preguntó el abogado, disimulando su alegría con aquella exagerada sorpresa–. ¡Ah, por mis invitados! –añadió sin poder seguir fingiendo–. ¡Pero eso no tiene nada de chic, convidar a almorzar a unos amigos! En alguna parte tienen que almorzar.
— Mais si, c′est chic! C′était bien les de Cambremer, n′est-ce pas? Je les ai bien reconnus. C′est une marquise. Et authentique. Pas par les femmes.» –¡Vaya si es chic! ¿Eran los de Cambremer, no? Los he conocido. Es marquesa, y auténtica. Por la línea masculina.
— «Oh! c′est une femme bien simple, elle est charmante, on ne fait pas moins de façons. Je pensais que vous alliez venir, je vous faisais des signes . . . je vous aurais présenté! dit-il en corrigeant par une légère ironie l′énormité de cette proposition comme Assuérus quand il dit à Esther: «Faut-il de mes États vous donner la moitié!» — «Non, non, non, non, nous restons cachés, comme l′humble violette.» –Es una señora muy sencilla, encantadora, sin nada de cumplidos. Yo creía que iban ustedes a venir; les hice señas...; los habría presentado a ustedes –dijo, corrigiendo con cierto tono de ironía la enormidad de esta proposición, como Asuero cuando dice a Ester: “¿Tengo que darte la mitad de mis estados, no?" –No, no, no; nosotros nos estamos escondiditos, como la humilde violeta.
— «Mais vous avez eu tort, je vous le répète, répondit le bâtonnier enhardi maintenant que le danger était passé. Ils ne vous auraient pas mangés. Allons-nous faire notre petit bezigue?» –Pues les repito que han hecho ustedes mal –contestó el abogado, envalentonado porque ahora ya no había peligro–. No se los habrían comido a ustedes... ¿Qué, hacemos nuestra partidita de bezigue?
— Mais volontiers, nous n′osions pas vous le proposer, maintenant que vous traitez des marquises! –Con mucho gusto. No nos atrevíamos a proponérselo a usted, porque como ahora se trata con marquesas. . .
— «Oh! allez, elles n′ont rien de si extraordinaire. Tenez, j′y dîne demain soir. Voulez-vous y aller à ma place. C′est de grand cur. Franchement, j′aime autant rester ici.» –Bueno, bueno, no tiene nada de particular. Miren ustedes, mañana tengo que ir a cenar a su casa. Si ustedes quieren, les cedo el puesto. Lo digo de veras. Lo mismo me da quedarme aquí, con franqueza.
— «Non, non! . . . on ne me révoquerait comme réactionnaire, s′écria le président, riant aux larmes de sa plaisanterie. Mais vous aussi vous êtes reçu à Féterne», ajouta-t-il en se tournant vers le notaire. –No, no; me destituirían por reaccionario –exclamó el presidente, llorando casi de risa por su chiste–. ¿Y usted también va a Féterne o a casa de los de Cambremer, eh? – añadió, volviéndose hacia el notario.
— «Oh! je vais là les dimanches, on entre par une porte, on sort par l′autre. Mais ils ne déjeunent pas chez moi comme chez le bâtonnier.» –Sí, suelo ir los domingos: entrar y salir... Pero no los tengo a mi mesa, como el decano.
M. de Stermaria n′était pas ce jour-là à Balbec au grand regret du bâtonnier. Mais insidieusement il dit au maître d′hôtel: Aquel día no estaba en Balbec el señor de Stermaria, con harto sentimiento del abogado. Pero se las arregló para decir insidiosamente al maestresala
— «Aimé, vous pourrez dire à M. de Stermaria qu′il n′est pas le seul noble qu′il y ait eu dans cette salle à manger. Vous avez bien vu ce monsieur qui a déjeuné avec moi ce matin? Hein? petites moustaches, air militaire? Eh bien, c′est le marquis de Cambremer.» –Amando, puede usted contarle al señor de Stermaria que no es él el único aristócrata que hay en el comedor. ¿Vió usted a ese señor que almorzó conmigo esta mañana, ese del bigotito, de aspecto militar? Pues es el marqués de Cambremer.
— «Ah, vraiment? cela ne m′étonne pas!» –¡Ah, sí! No me extraña.
— « Ça lui montrera qu′il n′est pas le seul homme titré. Et attrape donc! Il n′est pas mal de leur rabattre leur caquet à ces nobles. Vous savez, Aimé, ne lui dites rien si vous voulez, moi, ce que j′en dis, ce n′est pas pour moi; du reste, il le connaît bien.» –Para que vea que no es él el único hombre con título. ¡Que aprenda! No es mala cosa eso de bajarles un poco los humos a esos aristócratas. Vamos, Amando, no le diga usted nada si no quiere, yo no lo digo por mí; además, conoce muy bien al marqués.
Et le lendemain, M. de Stermaria qui savait que le bâtonnier avait plaidé pour un de ses amis, alla se présenter lui-même. Al otro día, el señor de Stermaria, que sabía que el abogado había defendido el pleito de un amigo suyo, fué él mismo a presentarse.
— «Nos amis communs, les de Cambremer, voulaient justement nous réunir, nos jours n′ont pas coî­£idé, enfin je ne sais plus», dit le bâtonnier, qui comme beaucoup de menteurs s′imaginent qu′on ne cherchera pas à élucider un détail insignifiant qui suffit pourtant (si le hasard vous met en possession de l′humble réalité qui est en contradiction avec lui) pour dénoncer un caractère et inspirer à jamais la méfiance. –Nuestros amigos comunes los de Cambremer tenían precisamente intención de reunirnos un día, pero no hemos coincidido –dijo el abogado, que se imaginaba, como tantos embusteros, que nadie hará por dilucidar un detalle insignificante, sí, pero que basta (si el azar nos descubre la humilde realidad que está en contradicción con él) para que juzguemos el carácter de una persona y ésta nos inspire siempre desconfianza.
Comme toujours, mais plus facilement pendant que son père s′était éloigné pour causer avec le bâtonnier, je regardais Mlle de Stermaria. Autant que la singularité hardie et toujours belle de ses attitudes, comme quand les deux coudes posés sur la table, elle élevait son verre au-dessus de ses deux avant-bras, la sécheresse d′un regard vite épuisé, la dureté foncière, familiale, qu′on sentait, mal recouverte sous ses inflexions personnelles, au fond de sa voix, et qui avait choqué ma grand′mère, une sorte de cran d′arrêt atavique auquel elle revenait dès que dans un coup d′il ou une intonation elle avait achevé de donner sa pensée propre; tout cela ramenait la pensée de celui qui la regardait vers la lignée qui lui avait légué cette insuffisance de sympathie humaine, des lacunes de sensibilité, un manque d′ampleur dans l′étoffe qui à tout moment faisait faute. Mais à certains regards qui passaient un instant sur le fond si vite à sec de sa prunelle et dans lesquels on sentait cette douceur presque humble que le goût prédominant des plaisirs des sens donne à la plus fière, laquelle bientôt ne reconnaît plus qu′un prestige, celui qu′a pour elle tout être qui peut les lui faire éprouver, fût-ce un comédien ou un saltimbanque pour lequel elle quittera peut-être un jour son mari; à certaine teinte d′un rose sensuel et vif qui s′épanouissait dans ses joues pâles, pareille à celle qui mettait son incarnat au cur des nymphéas blancs de la Vivonne, je croyais sentir qu′elle eût facilement permis que je vinsse chercher sur elle le goût de cette vie si poétique, qu′elle menait en Bretagne, vie à laquelle, soit par trop d′habitude, soit par distinction innée, soit par dégoût de la pauvreté ou de l′avarice des siens, elle ne semblait pas trouver grand prix, mais que pourtant elle contenait enclose en son corps. Dans la chétive réserve de volonté qui lui avait été transmise et qui donnait à son expression quelque chose de lâche, peut-être n′eût-elle pas trouvé les ressources d′une résistance. Et surmonté d′une plume un peu démodée et prétentieuse, le feutre gris qu′elle portait invariablement à chaque repas me la rendait plus douce, non parce qu′il s′harmonisait avec son teint d′argent ou de rose, mais parce qu′en me la faisant supposer pauvre, il la rapprochait de moi. Obligée à une attitude de convention par la présence de son père, mais apportant déjà à la perception et au classement des êtres qui étaient devant elle des principes autres que lui, peut-être voyait-elle en moi non le rang insignifiant, mais le sexe et l′âge. Si un jour M. de Stermaria était sorti sans elle, surtout si Mme de Villeparisis en venant s′asseoir à notre table lui avait donné de nous une opinion qui m′eût enhardi à m′approcher d′elle, peut-être aurions-nous pu échanger quelques paroles, prendre un rendez-vous, nous lier davantage. Et, un mois où elle serait restée seule sans ses parents dans son château romanesque peut-être aurions-nous pu nous promener seuls le soir tous deux dans le crépuscule où luiraient plus doucement au-dessus de l′eau assombrie les fleurs roses des bruyères, sous les chênes battus par le clapotement des vagues. Ensemble nous aurions parcouru cette île empreinte pour moi de tant de charme parce qu′elle avait enfermé la vie habituelle de Mlle de Stermaria et qu′elle reposait dans la mémoire de ses yeux. Car il me semblait que je ne l′aurais vraiment possédée que là quand j′aurais traversé ces lieux qui l′enveloppaient de tant de souvenirs — voile que mon désir voulait arracher et de ceux que la nature interpose entre la femme et quelques êtres (dans la même intention qui lui fait, pour tous, mettre l′acte de la reproduction entre eux et le plus vif plaisir, et pour les insectes, placer devant le nectar le pollen qu′ils doivent emporter) afin que trompés par l′illusion de la posséder ainsi plus entière ils soient forcés de s′emparer d′abord des paysages au milieu desquels elle vit et qui plus utiles pour leur imagination que le plaisir sensuel, n′eussent pas suffi pourtant, sans lui, à les attirer. Yo estaba mirando, como siempre, y con más libertad ahora que su padre no la acompañaba, a la señorita de Stermaria. Ademanes siempre atractivos, de audaz singularidad, como cuando ponía los dos codos en la mesa y alzaba el vaso sostenido en ambas manos; mirar seco y vivo, que se agotaba pronto; dureza básica y familiar, mal encubierta por las inflexiones personales, en lo hondo de la voz, y un cierto canon atávico de tiesura, al que volvía en cuanto acababa de expresar su pensamiento en una mirada o en una entonación de voz; todo lo cual hacía pensar al que la contemplaba en ese linaje que le había legado tal insuficiencia de simpatía humana, tales lagunas de sensibilidad, tal falta de amplitud de carácter, constantemente perceptible. Pero unas miradas que cruzaban un momento por el seco fondo de sus pupilas, para apagarse en seguida, y en las que se delataba esa casi humilde dulzura que inspira la afición predominante a los placeres de los sentidos a la mujer más orgullosa (que algún día acabará por no dar valor más que a la persona que le proporcione esos placeres, aunque sea un cómico o un saltimbanqui, y quizá por fugarse con él, abandonando a su marido), y un color de rosa sensual y vivo que se difundía por sus pálidas mejillas, como el que colorea el corazón de los blancos nenúfares del Vivonne, me hicieron pensar en la posibilidad de que aquella muchacha me permitiese fácilmente ir a buscar en ella el sabor de aquella vida tan poética que hacía en Bretaña, vida que su cuerpo contenía y moldeaba, aunque ella parecía no darle mucho valor, fuese por costumbre, por distinción innata o por asco a la pobreza o a la avaricia de su familia. En aquella pobre reserva de voluntad que le habían legado, y que daba a su rostro cierta expresión como cíe cobardía, acaso no hubiese hallado la señorita Stermaria bastante apoyo para resistir. Aquel sombrero de fieltro gris con una pluma, un tanto presuntuosa y pasada de moda, que llevaba invariablemente siempre que se sentaba a la mesa, me la Hacía aún más simpática, y no porque armonizara con su cutis de plata o rosa, sino porque por él suponía yo que no era rica, y eso la acercaba algo a mí. La presencia de su padre la obligaba a una actividad convencional, pero ya debía de guiarse por principios distintos a los de su progenitor para mirar y clasificar a la gente que tenía delante, y quizá se había fijado en mí, no por mi insignificante rango social, pero acaso porque era yo hombre y joven; si algún día su padre la hubiera dejado en el hotel, y, sobre todo, si la señora de Villeparisis se hubiese sentado a nuestra mesa, con lo cual se formaría de nosotros una opinión favorable, que ya me animaría a acercarme a ella, acaso habríamos podido hablar un poco, convenir en volver a vernos y hacer amistad. Y luego más tarde, una temporada en que estuviese ella sola, sin sus padres, en su romántico castillo, nos pasearíamos los dos a la hora crepuscular, cuando lucieran suavemente las rosadas flores de los brezos por encima del agua sombría, al amparo de los robles, a cuyos pies rompían las olas. Y juntos los dos podríamos recorrer aquella isla, para mí tan llena de encanto porque había encerrado la vida habitual de la señorita de Stermaria y descansaba en la memoria de su mirada. Porque se me figuraba que no la poseería realmente sino después de haber atravesado aquellos lugares que la rodeaban de recuerdos, velo que mi deseo ansiaba arrancar, velo de esos que la Naturaleza interpone entre la mujer y algunos seres (con la misma intención con que coloca el acto de la reproducción entre los humanos y su más vivo placer, y entre los insectos y el néctar el polen que no tiene más remedio que llevarse), con objeto de que, engañados por la ilusión de poseerla así de modo más completo, tengan necesidad de apoderarse primero de los paisajes que rodean a la mujer, paisajes que serán más útiles a su imaginación que el placer sensual, pero que sin él no habrían tenido fuerza bastante para atraer al hombre.
Mais je dus détourner mes regards de Mlle de Stermaria, car déjà, considérant sans doute que faire la connaissance d′une personnalité importante était un acte curieux et bref qui se suffisait à lui-même et qui pour développer tout l′intérêt qu′il comportait n′exigeait qu′une poignée de mains et un coup d′il pénétrant sans conversation immédiate ni relations ultérieures, son père avait pris congé du bâtonnier et retournait s′asseoir en face d′elle, en se frottant les mains comme un homme qui vient de faire une précieuse acquisition. Quant au bâtonnier, la première émotion de cette entrevue une fois passée, comme les autres jours, on l′entendait par moments s′adressant au maître d′hôtel: Pero tuve que dejar de mirar a la señorita de Stermaria porque su padre, considerando sin duda que entrar en trato con una persona era un acto curioso y breve que se bastaba a sí mismo y que no exigía otra cosa para alcanzar su plenitud de interés que un apretón de manos y una mirada penetrante, sin más conversación inmediata ni relaciones ulteriores, se había despedido ya del abogado y tomó a sentarse enfrente de la muchacha frotándose las manos como el que acaba de hacer una preciosa adquisición. En cuanto al abogado, pasada la primera emoción de aquella entrevista, se le oía decir de vez en cuando al maestresala como todos los días
— «Mais moi je ne suis pas roi, Aimé; allez donc près du roi; dites, Premier, cela a l′air très bon ces petites truites-là, nous allons en demander à Aimé. Aimé cela me semble tout à fait recommandable ce petit poisson que vous avez là-bas: vous allez nous apporter de cela, Aimé, et à discrétion.» -Pero yo no soy rey, Amando; vaya usted, vaya usted a ver a Su Majestad. ¿No es verdad, mi querido presidente, que esas truchas tienen muy buena cara? Vamos a pedírselas a Amando. ¡Amando, tráiganos usted de ese pescado que hay allí, parece bueno; tráiganos todo lo que quiera!
Il répétait tout le temps le nom d′Aimé, ce qui faisait que quand il avait quelqu′un à dîner, son invité lui disait: «Je vois que vous êtes tout à fait bien dans la maison» et croyait devoir aussi prononcer constamment «Aimé» par cette disposition, où il entre à la fois de la timidité, de la vulgarité et de la sottise, qu′ont certaines personnes à croire qu′il est spirituel et élégant d′imiter à la lettre les gens avec qui elles se trouvent. Il le répétait sans cesse, mais avec un sourire, car il tenait à étaler à la fois ses bonnes relations avec le maître d′hôtel et sa supériorité sur lui. Et le maître d′hôtel lui aussi chaque fois que revenait son nom, souriait d′un air attendri et fier, montrant qu′il ressentait l′honneur et comprenait la plaisanterie. Estaba repitiendo siempre el nombre de Amando; de modo que cuando tenía algún invitado le decían: "Ya veo que conoce usted bien la casa"; y el convidado se ponía también él a decir constantemente `Amando′, por esa predisposición que tienen ciertas personas, y en la que entran la timidez, la vulgaridad y la tontería, a considerar que es un deber de ingenio y elegancia el imitar a la letra a las personas con quienes se está. Repetía el nombre sin cesar, pero con una sonrisita, porque su deseo era hacer ostentación de sus buenas relaciones con el maestresala y de su superioridad sobre él. Y el criado, por su parte, cada vez que se pronunciaba su nombre, sonreía también con cariño y orgullo indicando que se daba cuenta del honor que le hacían y que comprendía la broma.
Si intimidants que fussent toujours pour moi les repas, dans ce vaste restaurant, habituellement comble du grand-hôtel, ils le devenaient davantage encore quand arrivait pour quelques jours le propriétaire (ou directeur général élu par une société de commanditaires, je ne sais), non seulement de ce palace mais de sept ou huit autres, situés aux quatre coins de la France, et dans chacun desquels, faisant entre eux la navette, il venait passer, de temps en temps, une semaine. Alors, presque au commencement du dîner, apparaissait chaque soir, à l′entrée de la salle à manger, cet homme petit, à cheveux blancs, à nez rouge, d′une impassibilité et d′une correction extraordinaires, et qui était connu paraît-il, à Londres aussi bien qu′à Monte-carlo, pour un des premiers hôteliers de l′Europe. Une fois que j′étais sorti un instant au commencement du dîner, comme en rentrant, je passai devant lui, il me salua, mais avec une froideur dont je ne pus démêler si la cause était la réserve de quelqu′un qui n′oublie pas ce qu′il est, ou le dédain pour un client sans importance. Devant ceux qui en avaient au contraire une très grande, le Directeur général s′inclinait avec autant de froideur mais plus profondément, les paupières abaissées par une sorte de respect pudique, comme s′il eût eu devant lui, à un enterrement, le père de la défunte ou le Saint-Sacrement. Sauf pour ces saluts glacés et rares, il ne faisait pas un mouvement comme pour montrer que ses yeux étincelants qui semblaient lui sortir de la figure, voyaient tout, réglaient tout, assuraient dans «le Dîner au Grand-Hôtel» aussi bien le fini des détails que l′harmonie de l′ensemble. Il se sentait évidemment plus que metteur en scène, que chef d′orchestre, véritable généralissime. Jugeant qu′une contemplation portée à son maximum d′intensité, lui suffisait pour s′assurer que tout était prêt, qu′aucune faute commise ne pouvait entraîner la déroute et pour prendre enfin ses responsabilités, il s′abstenait non seulement de tout geste, même de bouger ses yeux pétrifiés par l′attention qui embrassaient et dirigeaient la totalité des opérations. Je sentais que les mouvements de ma cuiller eux-mêmes ne lui échappaient pas, et s′éclipsât-il dès après le potage, pour tout le dîner la revue qu′il venait de passer m′avait coupé l′appétit. Le sien était fort bon, comme on pouvait le voir au déjeuner qu′il prenait comme un simple particulier, à la même table que tout le monde, dans la salle à manger. Sa table n′avait qu′une particularité, c′est qu′à côté pendant qu′il mangeait, l′autre directeur, l′habituel, restait debout tout le temps à faire la conversation. Car étant le subordonné du Directeur général, il cherchait à le flatter et avait de lui une grande peur. La mienne était moindre pendant ces déjeuners, car perdu alors au milieu des clients, il mettait la discrétion d′un général assis dans un restaurant où se trouvent aussi des soldats à ne pas avoir l′air de s′occuper d′eux. Néanmoins quand le concierge, entouré de ses «chasseurs», m′annonçait: «Il repart demain matin pour Dinard. De là il va à Biarritz et après à Cannes», je respirais plus librement. Para mí eran siempre muy azorantes aquellos ratos de las comidas en el enorme comedor del gran hotel, por lo general lleno pero éranlo todavía más cuando iba al hotel a pasar unos días el amo (o director general elegido por la sociedad de accionistas, no sé exactamente) de aquel Palace y de otros seis o siete esparcidos por todos los rincones de Francia, el cual solía estar siempre danzando de hotel en hotel, para pasar una semana en cada uno de ellos. Entonces, apenas comenzada la cena, aparecía en la puerta del comedor aquel hombrecito de pelo cano y nariz roja, de impasibilidad y corrección extraordinarias, y que, según parece, estaba considerado como tino de los primeros hosteleros de Europa, lo mismo en Londres que en Montecarlo. Cierta vez que tuve que salir al empezar la cena, al volver pasé por delante de él, y me saludó, pero con suma frialdad, debida yo no sé si a la reserva del que no se olvida de quién es o al desdén que merece un parroquiano sin importancia. En cambio, ante las personas importantes el director general se inclinaba, fríamente también, pero con mayor rendimiento, caídos los párpados con alzo de púdico respeto,′ como si estuviera en un funeral delante del padre del muerto, o en presencia del Santísimo. Excepto estos pocos y fríos saludos, el director no hacia un solo movimiento, como para indicar que sus ojos, brillantes y saltones, lo veían todo. lo ordenaban todo y garantizaban en aquella “cena del Gran Hotel tanto la exquisitez de los detalles como la armonía del conjunto. Evidentemente, se sentía algo más que director de escena o de orquesta: se sentía verdadero generalísimo. Como estimaba que la mera contemplación llevada al máximum de intensidad le bastaba para cerciorarse de que todo estaba bien, de que no se había cometido ninguna falta que pudiera acarrear la derrota y de que podía cargar con las responsabilidades se abstenía del menor ademan, y ni siquiera movía los ojos, petrificados por la atención, que abarcaban y dirigían el conjunto de las operaciones. Yo tenía la sensación de que ni siquiera se le escapaban los movimientos de mi cuchara, y aunque se eclipsara en cuanto terminaba la sopa, la revista que acababa de pasar me había quitado el apetito para toda la cena. En cambio, él comía muy bien, según se podía observar al mediodía, porque el director almorzaba como un simple particular, en la misma mesa que todo el mundo, en el gran comedor. Sin otra particularidad que la de tener a su lado durante la comida al otro director, el de Balbec, que se estaba de pie dándole conversación. Porque como era subordinado del director general, le tenía mucho miedo y hacía lo posible por halagarlo. Yo, en el almuerzo me sentía menos atemorizado, porque entonces el director, sentado entre la demás gente, tenía la discreción del general que está en un restaurante donde comen también muchos soldados y aparenta que no se fija en ellos. Sin embargo, cuando el portero, con su corte de “botones”, me anunciaba: “Se va mañana a Dinard, y de allí irá a Biarritz y a Cannes”, yo respiraba mucho más holgadamente.
Ma vie dans l′hôtel était rendue non seulement triste parce que je n′y avais pas de relations, mais incommode, parce que Françoise en avait noué de nombreuses. Il peut sembler qu′elles auraient dû nous faciliter bien des choses. C′était tout le contraire. Les prolétaires s′ils avaient quelque peine à être traités en personnes de connaissance par Françoise et ne le pouvaient qu′à de certaines conditions de grande politesse envers elle, en revanche, une fois qu′ils y étaient arrivés, étaient les seules gens qui comptassent pour elle. Son vieux code lui enseignait qu′elle n′était tenue à rien envers les amis de ses maîtres, qu′elle pouvait si elle était pressée envoyer promener une dame venue pour voir ma grand′mère. Mais envers ses relations à elle, c′est-à-dire avec les rares gens du peuple admis à sa difficile amitié, le protocole le plus subtil et le plus absolu réglait ses actions. Ainsi Françoise ayant fait la connaissance du cafetier et d′une petite femme de chambre qui faisait des robes pour une dame belge, ne remontait plus préparer les affaires de ma grand′mère tout de suite après déjeuner, mais seulement une heure plus tard parce que le cafetier voulait lui faire du café ou une tisane à la caféterie, que la femme de chambre lui demandait de venir la regarder coudre et que leur refuser eût été impossible et de ces choses qui ne se font pas. D′ailleurs des égards particuliers étaient dus à la petite femme de chambre qui était orpheline et avait été élevée chez des étrangers auprès desquels elle allait passer parfois quelques jours. Cette situation excitait la pitié de Françoise et aussi son dédain bienveillant. Elle qui avait de la famille, une petite maison qui lui venait de ses parents et où son frère élevait quelques vaches, elle ne pouvait pas considérer comme son égale une déracinée. Et comme cette petite espérait pour le 15 août aller voir ses bienfaiteurs, Françoise ne pouvait se tenir de répéter: «Elle me fait rire. Elle dit: j′espère d′aller chez moi pour le 15 août. Chez moi, qu′elle dit! C′est seulement pas son pays, c′est des gens qui l′ont recueillie, et ça dit chez moi comme si c′était vraiment chez elle. Pauvre petite! quelle misère qu′elle peut bien avoir pour qu′elle ne connaisse pas ce que c′est que d′avoir un chez soi.» Mais si encore Françoise ne s′était liée qu′avec des femmes de chambre amenées par des clients, lesquelles dînaient avec elle aux «courriers» et devant son beau bonnet de dentelles et son fin profil la prenaient pour quelque dame noble peut-être, réduite par les circonstances, ou poussée par l′attachement à servir de dame de compagnie à ma grand′mère, si en un mot Françoise n′eût connu que des gens qui n′étaient pas de l′hôtel, le mal n′eût pas été grand, parce qu′elle n′eût pu les empêcher de nous servir à quelque chose, pour la raison qu′en aucun cas, et même inconnus d′elle, ils n′auraient pu nous servir à rien. Mais elle s′était liée aussi avec un sommelier, avec un homme de la cuisine, avec une gouvernante d′étage. Et il en résultait en ce qui concernait notre vie de tous les jours que, Françoise qui le jour de son arrivée, quand elle ne connaissait encore personne sonnait à tort et à travers pour la moindre chose, à des heures où ma grand′mère et moi nous n′aurions pas osé le faire, et, si nous lui en faisions une légère observation répondait: «Mais on paye assez cher pour ça», comme si elle avait payé elle-même; maintenant depuis qu′elle était amie d′une personnalité de la cuisine, ce qui nous avait paru de bon augure pour notre commodité, si ma grand′mère ou moi nous avions froid aux pieds, Françoise, fût-il une heure tout à fait normale, n′osait pas sonner; elle assurait que ce serait mal vu parce que cela obligerait à rallumer les fourneaux, ou gênerait le dîner des domestiques qui seraient mécontents. Et elle finissait par une locution qui malgré la façon incertaine dont elle la prononçait n′en était pas moins claire et nous donnait nettement tort: «Le fait est . . . » Nous n′insistions pas, de peur de nous en faire infliger une, bien plus grave: «C′est quelque chose! . . . » De sorte qu′en somme nous ne pouvions plus avoir d′eau chaude parce que Françoise était devenue l′amie de celui qui la faisait chauffer. Mi vida en el hotel era muy triste, porque no había hecho amistades, e incómoda porque, en cambio, Francisca había hecho muchas. Y aunque parece a primera vista que eso facilitaría las cosas, en realidad ocurría todo lo contrario. Los proletarios, si bien les costaba mucho que Francisca llegara a tratarlos como conocidos, y sólo lo lograban a costa de estar muy cumplidos con ella, en cuanto alcanzaban su favor eran las únicas personas que le merecían consideración. Su antiguo código le enseñaba que ella no debía nada a los amigos de sus amos y que si tenia prisa podía mandar a paseo a una señora que iba a visitar a mi abuela. Y, en cambio, con sus conocidos, es decir, con las pocas personas del pueblo admitidas a su difícil amistad, tenía vigente el más sutil e imperioso de los protocolos. Por ejemplo, Francisca había hecho amistad con el cafetero del hotel y con una doncella que confeccionaba trajes para una señora belga: pues ya no podía subir a arreglar las cosas de mi abuela inmediatamente después del almuerzo, sino al cabo de una hora; todo porque el cafetero quería hacerle café o tisana en su cocina, o porque la modista le pedía que fuera a verla coser, y a eso no se debe uno negar, no está bien negarse. Además, le merecía especiales atenciones la doncellita de la costura porque era huérfana y la había criado una familia extraña, con la que solía ir de vez en cuando a pasar unos días. Esta circunstancia excitaba en el ánimo de Francisca compasión y un tanto de benévolo desdén. Porque ella, que tenía familia y una casita heredada de sus padres, en donde su hermano criaba unas vacas, no podía considerar como igual suya a una muchacha sin parientes ni hogar. Y como la camarera estaba esperando que llegara el 15 de agosto para ver a sus protectores, Francisca no podía por menos de repetir: “¡Me da risa! Está diciendo que va a ir a su casa para el quince de agosto. ¡Y dice: “a mi casa”! Ni siquiera es su tierra – son gente que la recogió, y a eso lo llama su casa, como si fuera de verdad su casa. ¡Pobrecílla! ¡Ya tiene bastante trabajo con no darse cuenta de lo que es tener uno su casa!” Pero si Francisca no hubiera hecho amistad más que con las doncellas de los huéspedes que cenaban con ella en el “comedor de servidumbre”, y que la tomaban, al ver su hermosa papalina de encaje y su fino perfil por alguna dama, noble quizá, que por las circunstancias de la vida o por afecto servía de señora de compañía a mi abuela, es decir, si Francisca no se hubiese tratado más que con gente que no era del hotel, el mal no habría sido muy grande; porque como esa gente no nos servía para nada, conociérala o no Francisca, nos era lo mismo que los estorbara en su servicio. Pero era el caso que también se trataba con uno de los encargados de la bodega, con otro de la cocina y con una primera camarera de piso. Y el resultado fué, en lo que respecta a nuestra vida diaria. que Francisca, que el día de la llegada, cuando aún no conocía a nadie, llamaba por cualquier cosa a horas intempestivas en que no nos hubiéramos atrevido a hacerlo ni la abuela ni yo, y contestaba si se le hacía alguna observación, que para eso se pagaba muy caro, como si ella pagara de su bolsillo, ahora que era amiga de un personaje de la cocina, cosa que al principio nos pareció de buen agüero para nuestra comodidad, si la abuela o yo teníamos los pies fríos no se atrevía a llamar aunque fuera una hora muy normal, y afirmaba que no parecería bien porque tendrían que encender de nuevo el hornillo o porque interrumpiría la comida de los criados, que acaso se enfadaran. Y terminaba con una frase que, a pesar del modo incierto como la pronunciaba, era clarísima, y nos quitaba la razón: “El caso es. . .” No insistíamos por temor a que nos castigara con otra más grave: “Me parece que hay porqué.” Así, que resultaba que no podíamos pedir agua caliente porque Francisca se había hecho amiga del que tenía que calentar el agua.
A la fin nous aussi, nous fîmes une relation, malgré mais par ma grand′mère, car elle et Mme de Villeparisis tombèrent un matin l′une sur l′autre dans une porte et furent obligées de s′aborder non sans échanger au préalable des gestes de surprise, d′hésitation, exécuter des mouvements de recul, de doute et enfin des protestations de politesse et de joie comme dans certaines scènes de Molière où deux acteurs monologuant depuis longtemps chacun de son côté à quelques pas l′un de l′autre, sont censés ne pas s′être vus encore, et tout à coup s′aperçoivent, n′en peuvent croire leurs yeux, entrecoupent leurs propos, finalement parlent ensemble, le chur ayant suivi le dialogue et se jettent dans les bras l′un de l′autre. Mme de Villeparisis par discrétion voulut au bout d′un instant quitter ma grand′mère qui, au contraire, préféra la retenir jusqu′au déjeuner, désirant apprendre comment elle faisait pour avoir son courrier plus tôt que nous et de bonnes grillades (car Mme de Villeparisis, très gourmande, goûtait fort peu la cuisine de l′hôtel où l′on nous servait des repas que ma grand′mère citant toujours Mme de Sévigné prétendait être «d′une magnificence à mourir de faim»). Et la marquise prit l′habitude de venir tous les jours en attendant qu′on la servît, s′asseoir un moment près de nous dans la salle à manger, sans permettre que nous nous levions, que nous nous dérangions en rien. Tout au plus nous attardions-nous souvent à causer avec elle, notre déjeuner fini, à ce moment sordide où les couteaux traînent sur la nappe à côté des serviettes défaites. Pour ma part, afin de garder, pour pouvoir aimer Balbec, l′idée que j′étais sur la pointe extrême de la terre, je m′efforçais de regarder plus loin, de ne voir que la mer, d′y chercher des effets décrits par Beaudelaire et de ne laisser tomber mes regards sur notre table que les jours où y était servi quelque vaste poisson, monstre marin, qui au contraire des couteaux et des fourchettes était contemporain des époques primitives où la vie commençait à affluer dans l′Océan, au temps des Cimmériens, et duquel le corps aux innombrables vertèbres, aux nerfs bleus et roses avait été construit par la nature, mais selon un plan architectural, comme une polychrome cathédrale de la mer. Por fin, también nosotros hicimos una amistad, por mi abuela, pero sin proponérselo ella; porque una mañana se encontró de manos a boca, al ir a pasar una puerta, con la señora de Villeparisis, y no tuvieron más remedio que hablarse, pero después de muchos gestos de sorpresa y de vacilación, de ademanes de retroceso y de duda, y por último, de protestas de cortesía y regocijo, como en algunas obras de Moliére, donde hay dos actores que están monologando hace un rato cada uno por su lado y a dos pasos, haciendo como que no se ven, y que por fin se reconocen, no dan crédito a sus ojos, se quitan la palabra uno al otro, y por fin hablan los dos a la vez (después del monólogo, el coro), y se abren los brazos. La señora Villeparisis quiso, por discreción, despedirse en seguida de ¡ni abuela, pero ésta no lo consintió; la retuvo hasta que sirvieron el almuerzo, porque quería enterarse de cómo se las arreglaba la marquesa para que le llegara el correo antes que a nosotros y para que le sirvieran carné a la parrilla bien hecha (porque la señora de Villeparisis era buen tenedor y le gustaba poco la cocina del hotel, donde nos solían dar comidas que, según mi abuela, siempre con su manía de citar a madama de Sevigné, “eran tan magníficas que nos mataban de hambre”). Y la marquesa tomó la costumbre de venir todos los días a nuestra mesa del comedor, mientras que la servían, a pasar un rato con nosotros, pero sin consentir que nos levantáramos ni nos diéramos la menor molestia por ella. Lo único qué hacíamos era seguir sentados a la mesa, charlando con ella aunque va hubiésemos terminado de almorzar, en ese sórdido momento en que los cuchillos andan esparcidos por el mantel junto a las arrugadas servilletas. Yo, con objeto de no abandonar esa idea, que me hacía tener cariño a Balbec, de que estaba en una punta de la tierra, me esforzaba por mirar allá lejos, por no ver más que el mar, buscando los efectos de luz descritos por Baudelaire, de manera que mi vista no se posaba en la mesa a no ser aquellos días en que habían servido algún enorme pescado, monstruo marino que, al revés de tenedores o cuchillos, era contemporáneo de las épocas primitivas en que la vida comenzara a germinar en el océano, en tiempos de los Cimeríanos; monstruo marino cuyo cuerpo, de innumerables vértebras, de nervios azules y rosa, era obra de la Naturaleza, pero construido con arreglo a un arquitectónico plano como una policroma catedral de los mares.
Comme un coiffeur voyant un officier qu′il sert avec une considération particulière, reconnaître un client qui vient d′entrer et entamer un bout de causette avec lui, se réjouit en comprenant qu′ils sont du même monde et ne peut s′empêcher de sourire en allant chercher le bol de savon, car il sait que dans son établissement, aux besognes vulgaires du simple salon de coiffure, s′ajoutent des plaisirs sociaux, voire aristocratiques, tel Aimé, voyant que Mme de Villeparisis avait retrouvé en nous d′anciennes relations, s′en allait chercher nos rince-bouches avec le même sourire orgueilleusement modeste et savamment discret de maîtresse de maison qui sait se retirer à propos. On eût dit aussi un père heureux et attendri qui veille sans le troubler sur le bonheur de fiançailles qui se sont nouées à sa table. Du reste, il suffisait qu′on prononçât le nom d′une personne titrée pour qu′Aimé parût heureux, au contraire de Françoise devant qui on ne pouvait dire «le comte Un tel» sans que son visage s′assombrît et que sa parole devînt sèche et brève, ce qui signifiait qu′elle chérissait la noblesse, non pas moins que ne faisait Aimé, mais davantage. Puis Françoise avait la qualité qu′elle trouvait chez les autres le plus grand des défauts, elle était fière. Elle n′était pas de la race agréable et pleine de bonhomie dont Aimé faisait partie. Ils éprouvent, ils manifestent un vif plaisir quand on leur raconte un fait plus ou moins piquant, mais inédit qui n′est pas dans le journal. Françoise ne voulait pas avoir l′air étonné. On aurait dit devant elle que l′archiduc Rodolphe, dont elle n′avait jamais soupçonné l′existence, était non pas mort comme cela passait pour assuré, mais vivant, qu′elle eût répondu «Oui», comme si elle le savait depuis longtemps. Il est, d′ailleurs, à croire que pour que même de notre bouche à nous, qu′elle appelait si humblement ses maîtres et qui l′avions presque si entièrement domptée, elle ne pût entendre, sans avoir à réprimer un mouvement de colère, le nom d′un noble, il fallait que la famille dont elle était sortie, occupât dans son village une situation aisée, indépendante, et qui ne devait être troublée dans la considération dont elle jouissait que par ces mêmes nobles chez lesquels au contraire, dès l′enfance, un Aimé a servi comme domestique, s′il n′y a pas été élevé par charité. Pour Françoise, Mme de Villeparisis avait donc à se faire pardonner d′être noble. Mais, en France du moins, c′est justement le talent, comme la seule occupation, des grands seigneurs et des grandes dames. Françoise, obéissant à la tendance des domestiques qui recueillent sans cesse sur les rapports de leurs maîtres avec les autres personnes des observations fragmentaires dont ils tirent parfois des inductions erronées, comme font les humains sur la vie des animaux — trouvait à tout moment qu′on nous avait «manqué», conclusion à laquelle l′amenait facilement, d′ailleurs, autant que son amour excessif pour nous, le plaisir qu′elle avait à nous être désagréable. Mais ayant constaté, sans erreur possible, les mille prévenances dont nous entourait et dont l′entourait elle-même Mme de Villeparisis, Françoise l′excusa d′être marquise et comme elle n′avait jamais cessé de lui savoir gré de l′être, elle la préféra à toutes les personnes que nous connaissions. C′est qu′aussi aucune ne s′efforçait d′être aussi continuellement aimable. Chaque fois que ma grand′mère remarquait un livre que Mme de Villeparisis lisait ou disait avoir trouvé beaux des fruits que celle-ci avait reçus d′une amie, une heure après un valet de chambre montait nous remettre livre ou fruits. Et quand nous la voyions ensuite, pour répondre à nos remerciements, elle se contentait de dire, ayant l′air de chercher une excuse à son présent dans quelque utilité spéciale: «Ce n′est pas un chef-d′uvre, mais les journaux arrivent si tard, il faut bien avoir quelque chose à lire.» Ou: «C′est toujours plus prudent d′avoir du fruit dont on est sûr au bord de la mer.» «Mais il me semble que vous ne mangez jamais d′huîtres nous dit Mme de Villeparisis, (augmentant l′impression de dégoût que j′avais à cette heure-là, car la chair vivante des huîtres me répugnait encore plus que la viscosité des méduses ne me ternissait la plage de Balbec); elles sont exquises sur cette côte! Ah! je dirai à ma femme de chambre d′aller prendre vos lettres en même temps que les miennes. Comment, votre fille vous écrit tous les jours? Mais qu′est-ce que vous pouvez trouver à vous dire!» Ma grand′mère se tut, mais on peut croire que ce fut par dédain, elle qui répétait pour maman les mots de Mme de Sévigné: «Dès que j′ai reçu une lettre, j′en voudrais tout à l′heure une autre, je ne respire que d′en recevoir. Peu de gens sont dignes de comprendre ce que je sens.» Et je craignais qu′elle n′appliquât à Mme de Villeparisis la conclusion: «Je cherche ceux qui sont de ce petit nombre et j′évite les autres.» Elle se rabattit sur l′éloge des fruits que Mme de Villeparisis nous avait fait apporter la veille. Et ils étaient en effet si beaux que le directeur malgré la jalousie de ses compotiers dédaignés, m′avait dit: «Je suis comme vous, je suis plus frivole de fruit que de tout autre dessert.» Ma grand′mère dit à son amie qu′elle les avait d′autant plus appréciés que ceux qu′on servait à l′hôtel étaient généralement détestables. «Je ne peux pas, ajouta-t-elle, dire comme Mme de Sévigné que si nous voulions par fantaisie trouver un mauvais fruit, nous serions obligés de le faire venir de Paris.» «Ah, oui, vous lisez Mme de Sévigné. Je vous vois depuis le premier jour avec ses lettres» (elle oubliait qu′elle n′avait jamais aperçu ma grand′mère dans l′hôtel avant de la rencontrer dans cette porte). «Est-ce que vous ne trouvez pas que c′est un peu exagéré ce souci constant de sa fille, elle en parle trop pour que ce soit bien sincère. Elle manque de naturel.» Ma grand′mère trouva la discussion inutile et pour éviter d′avoir à parler des choses qu′elle aimait devant quelqu′un qui ne pouvait les comprendre, elle cacha, en posant son sac sur eux, les mémoires de Madame de Beausergent. Igual que un peluquero que al ver que ese militar al que está sirviendo con particular consideración reconoce a un parroquiano que acaba de entrar y se pone a charlar con él se regocija al darse cuenta de que pertenecen a la misma clase social y va todo sonriente por la jabonera, porque sabe que en su salón de peluquería se superponen a las vulgares tareas del oficio placeres sociales, aristocráticos casi, lo mismo Amando al ver que la señora de Villeparisis nos trataba como a amigos viejos vueltos a encontrar se marchaba en busca de los lavamanos con la misma sonrisa orgullosamente modesta y sabiamente discreta del ama de casa que sabe retirarse a tiempo. O diríase también un padre dichoso y enternecido que vigila, sin perturbarlos, unos amores venturosos que se han iniciado en su mesa. Además, bastaba con que se pronunciara delante de Amando el nombre de un título, para que en su rostro se pintara una expresión de felicidad, mientras que, por el contrario, cuando alguien decía en presencia de Francisca “el conde Tal...” se le ponía una cara muy tétrica y hablaba poco y secamente, lo cual no significaba que estimase la nobleza en menor grado que Amando, sino que aún la veneraba más. Además, Francisca tenía una cualidad que en los demás le parecía el defecto capital: era orgullosa. No pertenecía a la casta agradable y bonachona de Amando. Esta clase de personas sienten un gran placer, y lo manifiestan, al oír contar un sucedido más o menos gracioso, pero inédito, que no ha salido en los periódicos. Francisca nunca quería poner cara de asombro. Y si le hubieran dicho que el archiduque Rodolfo, cuya existencia ignoraba totalmente, no había muerto, como la gente se figuraba, sino que todavía vivía, habría respondido: “Sí”, como el que está, enterado ya hace tiempo de eso. E, indudablemente, si no podía oír, ni siquiera de nuestros labios, de labios de los que ella llamaba humildemente sus amos, de nosotros, que la habíamos domesticado, el nombre de un noble sin tener que reprimir un gesto de cólera, debía de ser porque su familia gozara allá en su pueblo una posición holgada e independiente, una consideración general tan sólo enturbiada por los nobles; mientras que un Amando ha servido desde chico en casa de esos nobles o se ha criado allí por caridad. De modo que para Francisca la señora de Villeparisis tenía que hacerse perdonar su calidad de noble. Pero en Francia, por lo menos, el talento es la única ocupación de los próceres y de las grandes señoras. Francisca, siguiendo la tendencia de los criados a estar siempre recogiendo observaciones fragmentarias respecto a las relaciones de sus amos con otras personas, observaciones de las que suelen sacar inducciones erróneas, como le pasa al hombre con la vida de los animales, se figuraba a cada momento que nos habían “faltado”, conclusión a que la empujaba con harta facilidad el exagerado amor que nos tenía y lo mucho que le gustaba decirnos cosas desagradables. Pero como advirtió, sin posibilidad de error, las mil atenciones que tenía con nosotros y hasta con ella, la señora de Villeparisis, le dispensó el ser marquesa, y como al mismo tiempo nunca había dejado de respetarla por ser marquesa, vino a resultar que la prefería a todos nuestros conocidos. Verdad es que ninguno nos demostraba tan solícita amabilidad. En cuanto que a mi abuela le llamaba la atención un libro que leía la marquesa o unas frutas que le había mandado una amiga, ya teníamos en nuestro cuarto al ayuda de cámara para traernos el libro o la fruta. Y luego, cuando la veíamos, para responder a nuestras gracias, se contentaba con decir, como el que quiere dar a su regalo la excusa de una utilidad especial “No es una gran cosa; pero como los periódicos llegan con tanto retraso, hay que tener algo para leer”. O “es una buena precaución contar con fruta segura cuando se está en un puerto de mar”. “Me parece que ustedes no comen ostras –nos dijo la señora de Villeparisis (y yo, que a aquella hora me sentía con el estómago poco asentado, aún tuve más asco, porque esa carne viva de las ostras me repugnaba en mayor grado todavía que la viscosidad de las medusas que me estropeaban la playa de Balbec)–; aquí son muy buenas. ¡Ah!, diré a mi doncella que recoja el correo de usted cuando vaya por el mío. ¿De modo que su hija de usted le escribe todos los días? z Y tienen ustedes siempre cosas que decirse?” Mi abuela se calló, yo creo que por desdén, porque solía repetir, refiriéndose a mamá, las palabras de madama de Sevigné: “Recibo una carta, y en seguida querría tener otra, no deseo otra cosa. Hay poca gente digna de comprender lo que siente mi alma”. Y tuve miedo de que no fuera a aplicar a la señora de Villeparisis la frase que sigue: “Y a esta minoría que me comprende la busco y a los demás les huyo”. Pero cambió de conversación para hacer el elogio de la fruta que nos había mandado la marquesa el día antes. Tan buena era, que el director, a pesar de ver sus compoteras despreciadas, acalló la envidia y me dijo: “Yo soy como usted, más goloso de fruta que de ningún otro postre”. Mi abuela dijo a su amiga que se la había agradecido todavía más porque la que daban en el hotel solía ser detestable. Y añadió –Yo no puedo decir, como madama de Sevigné, que si nos da el capricho de encontrar una fruta mala hay que mandarla traer de París. –¡Ah, sí, lee usted a madama de Sevigné! Ya la vi desde el primer día con sus Cartas (y se le olvidaba que no había visto a mi abuela en el hotel hasta aquel día que se encontraron de manos a boca). ¿No le parece a usted un poco exagerada esa preocupación constante por su hija? Me parece que es excesiva para ser sincera. Le falta naturalidad. Mi abuela consideró que toda discusión sería inútil, y para evitar que delante de personas incapaces de comprenderlas se hablase de cosas que a ella le gustaban, tapó con su saco de mano las Memorias de madame de Beaursergent, que llevaba consigo.
Quand Mme de Villeparisis rencontrait Françoise au moment (que celle-ci appelait «le midi») où, coiffée d′un beau bonnet et entourée de la considération générale elle descendait «manger aux courriers», Mme de Villeparisis l′arrêtait pour lui demander de nos nouvelles. Et Françoise, nous transmettant les commissions de la marquise: «Elle a dit: «Vous leur donnerez bien le bonjour», contrefaisait la voix de Mme de Villeparisis de laquelle elle croyait citer textuellement les paroles, tout en ne les déformant pas moins que Platon celles de Socrate ou saint Jean celles de Jésus. Françoise était naturellement très touchée de ces attentions. Tout au plus ne croyait-elle pas ma grand′mère et pensait-elle que celle-ci mentait dans un intérêt de classe, les gens riches se soutenant les uns les autres, quand elle assurait que Mme de Villeparisis avait été autrefois ravissante. Il est vrai qu′il n′en subsistait que de bien faibles restes dont on n′eût pu, à moins d′être plus artiste que Françoise, restituer la beauté détruite. Car pour comprendre combien une vieille femme a pu être jolie, il ne faut pas seulement regarder, mais traduire chaque trait. Cuando la señora de Villeparisis se encontraba a Francisca, a esa hora que ella llamaba “él mediodía”, cuando bajaba a comer a los courriers, con su hermoso gorro blanco y acariciada por la consideración general, la marquesa la paraba para preguntarle por nosotros. Luego Francisca nos transmitía los encargos de la señora: “Ha dicho: Déles usted los buenos días de mi parte”; e imitaba la voz de la señora de Villeparisis, cuyas palabras se figuraba ella que citaba textualmente y sin deformarlas, como Platón las de Sócrates o San Juan las de Jesús. A Francisca estas atenciones le llegaban muy al alma. Pero cuando mi abuela afirmaba que en su juventud la señora de Villeparisis había sido una mujer encantadora no lo creía, y se figuraba que mi abuela estaba mintiendo por interés de clase, por aquello de que los ricos se defienden unos a otros. Verdad que de aquella hermosura de antaño no subsistían sino débiles vestigios, y para reconstituir con ellos la belleza perdida había que ser más artista que Francisca. Porque si deseamos comprender lo bonita que ha sido una mujer no basta tan sólo con mirarla, sino que hay que traducir facción por facción.
«Il faudra que je pense une fois à lui demander si je me trompe et si elle n′a pas quelque parenté avec des Guermantes», me dit ma grand′mère qui excita par là mon indignation. Comment aurais-je pu croire à une communauté d′origine entre deux noms qui étaient entrés en moi l′un par la porte basse et honteuse de l′expérience, l′autre par la porte d′or de l′imagination? –A ver si algún día me acuerdo de preguntarle si no es una idea falsa mía eso de su parentesco con los “Guermantes” –me dijo la abuela, provocando con ello mi indignación. Porque, cómo era posible que yo creyera en una comunidad de origen entre dos nombres que entraron en mí por puertas tan distintas, el uno por la baja y vergonzosa puerta de la experiencia y el otro por la áurea puerta de la imaginación?
On voyait souvent passer depuis quelques jours, en pompeux équipage, grande, rousse, belle, avec un nez un peu fort, la princesse de Luxembourg qui était en villégiature pour quelques semaines dans le pays. Sa calèche s′était arrêtée devant l′hôtel, un valet de pied était venu parler au directeur, était retourné à la voiture et avait rapporté des fruits merveilleux (qui unissaient dans une seule corbeille, comme la baie elle-même, diverses saisons), avec une carte: «La princesse de Luxembourg», où étaient écrits quelques mots au crayon. A quel voyageur princier demeurant ici incognito, pouvaient être destinés ces prunes glauques, lumineuses et sphériques comme était à ce moment-là la rotondité de la mer, des raisins transparents suspendus au bois desséché comme une claire journée d′automne, des poires d′un outre-mer céleste? Car ce ne pouvait être à l′amie de ma grand′mère que la princesse avait voulu faire visite. Pourtant le lendemain soir Mme de Villeparisis nous envoya la grappe de raisins fraîche et dorée et des prunes et des poires que nous reconnûmes aussi, quoique les prunes eussent passé comme la mer à l′heure de notre dîner, au mauve et que dans l′outre-mer des poires flotassent quelques formes de nuages roses. Quelques jours après nous rencontrâmes Mme de Villeparisis en sortant du concert symphonique qui se donnait le matin sur la plage. Persuadé que les uvres que j′y entendais (le Prélude de Lohengrin, l′ouverture de Tannhauser, etc.) exprimaient les vérités les plus hautes, je tâchais de m′élever autant que je pouvais pour atteindre jusqu′à elles, je tirais de moi pour les comprendre, je leur remettais, tout ce que je recélais alors de meilleur, de plus profond. Hacía algunos días solía pasar por allí, en magnífico tren, la princesa de Luxemburgo, belleza alta y rubia, de nariz un tanto pronunciada; estaba pasando unas semanas en aquella tierra. Un día su carretela se paró delante del hotel; un lacayo entró a hablar con el director, y volvió al coche a recoger un canastillo de maravillosa fruta (canastillo que reunía en su regazo único, igual que la bahía, distintas estaciones del año), que dejó con una tarjeta en la que había unas palabras escritas con lápiz. Yo me pregunté a qué viajero principesco, que parase en el hotel de incógnito, podían ir dedicadas esas ciruelas glaucas, luminosas y esféricas, lo mismo que la redondez del mar en aquel momento; esas uvas transparentes que colgaban de la seca rama como un día claro del otoño; esas peras de celeste azul. Porque indudablemente la persona a quien venía a visitar la princesa no iba a ser la amiga de mi abuela. Sin embargo, al día siguiente por la tarde la señora de Villeparisis nos mandó aquel racimo de uvas fresco y dorado y unas peras y ciruelas que en seguida conocimos, aunque las ciruelas habían pasado ya, lo –mismo que el mar a la hora de nuestra cena, a un tono malva, y aunque en el profundo azul de las peras se viera flotar vagas formas de nubes rosadas. Unos días después nos encontramos con la marquesa de Villeparisis al salir del concierto sinfónico que tenía lugar por las mañanas en la playa. Convencido yo de que las obras que allí oía (el preludio de Lohengyin, la obertura de Tannhauser) eran expresión de excelsas verdades, hacía todo lo posible por ponerme a su altura, por llegar hasta ellas, y en mi deseo de comprenderlas, sacaba de mí mismo lo mejor y más hondo que en mi espíritu hubiese y se lo entregaba a ellas.
Or, en sortant du concert, comme, en reprenant le chemin qui va vers l′hôtel, nous nous étions arrêtés un instant sur la digue, ma grand′mère et moi, pour échanger quelques mots avec Mme de Villeparisis qui nous annonçait qu′elle avait commandé pour nous à l′hôtel des «Croque Monsieur» et des ufs à la crème, je vis de loin venir dans notre direction la princesse de Luxembourg, à demi-appuyée sur une ombrelle de façon à imprimer à son grand et merveilleux corps cette légère inclinaison, à lui faire dessiner cette arabesque si chère aux femmes qui avaient été belles sous l′Empire et qui savaient, les épaules tombantes, le dos remonté, la hanche creuse, la jambe tendue, faire flotter mollement leur corps comme un foulard, autour de l′armature d′une invisible tige inflexible et oblique, qui l′aurait traversé. Elle sortait tous les matins faire son tour de plage presque à l′heure où tout le monde après le bain remontait pour déjeuner et comme le sien était seulement à une heure et demie, elle ne rentrait à sa villa que longtemps après que les baigneurs avaient abandonné la digue déserte et brûlante. Mme de Villeparisis présenta ma grand′mère, voulut me présenter, mais dut me demander mon nom, car elle ne se le rappelait pas. Elle ne l′avait peut-être jamais su, ou en tous cas avait oublié depuis bien des années à qui ma grand′mère avait marié sa fille. Ce nom parut faire une vive impression sur Mme de Villeparisis. Cependant la princesse de Luxembourg nous avait tendu la main et, de temps en temps, tout en causant avec la marquise, elle se détournait pour poser de doux regards, sur ma grand′mère et sur moi, avec cet embryon de baiser qu′on ajoute au sourire quand celui-ci s′adresse à un bébé avec sa nounou. Même dans son désir de ne pas avoir l′air de siéger dans une sphère supérieure à la nôtre, elle avait sans doute mal calculé la distance, car, par une erreur de réglage, ses regards s′imprégnèrent d′une telle bonté que je vis approcher le moment où elle nous flatterait de la main comme deux bêtes sympathiques qui eussent passé la tête vers elle, à travers un grillage, au Jardin d′Acclimatation. Aussitôt du reste cette idée d′animaux et de Bois-de-Boulogne prit plus de consistance pour moi. C′était l′heure où la digue est parcourue par des marchands ambulants et criards qui vendent des gâteaux, des bonbons, des petits pains. Ne sachant que faire pour nous témoigner sa bienveillance, la princesse arrêta le premier qui passa; il n′avait plus qu′un pain de seigle, du genre de ceux qu′on jette aux canards. La princesse le prit et me dit: «C′est pour votre grand′mère.» Pourtant, ce fut à moi qu′elle le tendit, en me disant avec un fin sourire: «Vous le lui donnerez vous-même», pensant qu′ainsi mon plaisir serait plus complet s′il n′y avait pas d′intermédiaires entre moi et les animaux. D′autres marchands s′approchèrent, elle remplit mes poches de tout ce qu′ils avaient, de paquets tout ficelés, de plaisirs, de babas et de sucres d′orge. Elle me dit: «Vous en mangerez et vous en ferez manger aussi à votre grand′mère» et elle fit payer les marchands par le petit nègre habillé en satin rouge qui la suivait partout et qui faisait l′émerveillement de la plage. Puis elle dit adieu à Mme de Villeparisis et nous tendit la main avec l′intention de nous traiter de la même manière que son amie, en intimes et de se mettre à notre portée. Mais cette fois, elle plaça sans doute notre niveau un peu moins bas dans l′échelle des êtres, car son égalité avec nous fut signifiée par la princesse à ma grand′mère au moyen de ce tendre et maternel sourire qu′on adresse à un gamin quand on lui dit au revoir comme à une grande personne. Par un merveilleux progrès de l′évolution, ma grand′mère n′était plus un canard ou une antilope, mais déjà ce que Mme Swann eût appelé un «baby». Enfin, nous ayant quittés tous trois, la Princesse reprit sa promenade sur la digue ensoleillée en incurvant sa taille magnifique qui comme un serpent autour d′une baguette s′enlaçait à l′ombrelle blanche imprimée de bleu que Mme de Luxembourg tenait fermée à la main. C′était ma première altesse, je dis la première, car la princesse Mathilde n′était pas altesse du tout de façons. La seconde, on le verra plus tard, ne devait pas moins m′étonner par sa bonne grâce. Une forme de l′amabilité des grands seigneurs, intermédiaires bénévoles entre les souverains et les bourgeois me fut apprise le lendemain quand Mme de Villeparisis nous dit: «Elle vous a trouvés charmants. C′est une femme d′un grand jugement, de beaucoup de cur. Elle n′est pas comme tant de souverains ou d′altesses. Elle a une vraie valeur.» Et Mme de Villeparisis ajouta d′un air convaincu, et toute ravie de pouvoir nous le dire: «Je crois qu′elle serait enchantée de vous revoir.» Pues bien: salimos la abuela y yo del concierto, camino del hotel, y nos paramos un instante en el paseo a hablar con la señora de Villeparisis, la cual nos anunció que había encargado en el hotel, para nosotros, croque Monsieur y huevos a la crema; en esto vi venir de lejos, y en nuestra dirección, a la princesa de Luxemburgo, semiapoyada en la sombrilla para imprimir a su esbelto y bien formado cuerpo una leve inclinación, de modo que dibujara ese arabesco tan grato a las mujeres cuya beldad culminó en días del Imperio, y que sabían muy bien con sus hombros caídos, la espalda inclinada, las caderas metidas y -la pierna bien estirada hacer flotar su cuerpo muellemente, como un pañuelo de seda que ondulara alrededor de la armadura de un eje invisible, tieso y oblicuo. Salía todas las mañanas a dar una vuelta por la playa, casi a la misma hora en que todo el mundo se iba a almorzar, después del baño, y como ella se bañaba a la una y media volvía a su casa cuando ya hacía mucho rato que los bañistas habían abandonado el paseo del dique, desierto y echando fuego. La señora de Villeparisis presentó a mi abuela y quiso presentarme a mí; pero tuvo que preguntarme mi apellido, porque no se acordaba. O nunca lo supo, o se le había olvidado por los muchos años que habían pasado desde que mi abuela casara a su hija. Al parecer, mi nombre causó viva impresión a la señora de Villeparisis. La princesa de Luxemburgo nos tendió la mano, y luego, de vez en cuando, mientras hablaba con la marquesa, volvía la vista hacia nosotros y posaba en la abuela y en mí miradas cariñosas con ese embrión de beso que se añade a la sonrisa cuando mira uno a un bebé con su niñera. Y en su deseo de que no pareciera que se colocaba en una esfera superior a la nuestra, llegó a un error de cálculo, porque debió de medir mal la distancia y su mirada se impregno de tal bondad que vi acercarse el momento en que nos hiciese caricias con la mano, como a dos animalitos simpáticos que asoman la cabeza por entre los barrotes de su jaula, en el jardín de Aclimatación. Y esa idea de animales y de Bosque de Boulogne tomó en seguida gran consistencia en mi ánimo. A aquella hora recorrían, voceando, el paseo del dique multitud de vendedores ambulantes, que llevaban pasteles, bombones y bollos. La princesa, no sabiendo qué hacer para darnos pruebas de su benevolencia, llamó al primero de ellos que pasaba por allí; no tenía más que un pan de centeno de ese que se echa a los patos. La princesa lo cogió y me dijo: "Para su abuela de usted". Pero me lo entregó a mí, y añadió, con fina sonrisa: "Déselo usted mismo", figurándose, sin duda, que mi alegría sería más completa si no había intermediarios entre los animalitos y yo. Se acercaron otros vendedores, y la princesa me llenó los bolsillos de todas las cosas que llevaban: cajitas atadas con una cinta, barquillos, babas y barritas de caramelos. Me dijo: "Cómaselo usted y dé también algo a su abuela"; y mandó a aquel negrito vestido de raso rojo que la seguía por todas partes y era el pasmo de la playa que pagara a los vendedores. Luego se despidió de la señora de Villeparisis y nos tendió la mano con intención de tratarnos igual que a su amiga, cono íntimos, y de ponerse a nuestra altura. Pero esta vez debió de colocar nuestro nivel en la escala de los seres un poco más bajo de lo justo, porque la princesa significó a mi abuela su igualdad con nosotros por medio de esa sonrisa maternal y tierna que pone uno para despedirse de un chiquillo como si fuera una persona mayor. De modo que, por un maravilloso progreso de la evolución, mi abuela no era ya pato o antilope, sino un baby, como hubiese dicho la `señora de Swann. Y por fin se separó de nosotros tres y prosiguió su paseo por el soleado dique, encorvado el magnífico cuerpo, que se enlazaba, cual serpiente a una varita, a la sombrilla blanca con dibujos azules que la princesa llevaba cerrada. Era la primera alteza con quien hablé; y digo la primera porque la princesa Matilde no tenía por sus modales nada de alteza. Ya se verá más adelante cómo mi segunda alteza habría de sorprenderme también por su amabilidad. Al otro día la señora de Villeparisis me dió a conocer una de las formas que adopta la amabilidad de los grandes señores, como benévolos intermediarios entre los soberanos y los burgueses, diciéndome: “Hará hecho ustedes excelente impresión a su alteza. Es una mujer de mucho discernimiento y de gran corazón. No es como tantos reyes y príncipes, no; tiene un valor positivo”. Y la señora de Villeparisis añadió, muy convencida y contentísima por poder decirnos estas palabras: “Creo que se alegrará mucho de volver a ver a ustedes”.
Mais ce matin-là même en quittant la princesse de Luxembourg, Mme de Villeparisis me dit une chose qui me frappa davantage et qui n′était pas du domaine de l′amabilité. Pero aquella misma mañana que nos encontramos con la princesa de Luxemburgo, la señora de Villeparisis me dijo una cosa que me chocó mucho más porque ya se sal, de los puros dominios de la amabilidad.
— Est-ce que vous êtes le fils du directeur au Ministère? me demanda-t-elle. Ah! il paraît que votre père est un homme charmant. Il fait un bien beau voyage en ce moment. –¿De modo que su padre de usted es el jefe del Ministerio de Relaciones Extranjeras, no? He oído decir que muy simpático. Ahora está haciendo es un hombre un viaje muy bonito.
Quelques jours auparavant nous avions appris par une lettre de maman que mon père et son compagnon M. de Norpois avaient perdu leurs bagages. Pocos días antes nos habíamos enterado por una carta de mamá de que mi padre y su compañero– de viaje, el señor de Norpois, habían perdido sus equipajes.
— Ils sont retrouvés, ou plutôt ils n′ont jamais été perdus, voici ce qui était arrivé, nous dit Mme de Villeparisis, qui sans que nous sussions comment, avait l′air beaucoup plus renseigné que nous sur les détails du voyage. Je crois que votre père avancera son retour à la semaine prochaine car il renoncera probablement à aller à Algésiras. Mais il a envie de consacrer un jour de plus à Tolède car il est admirateur d′un élève de Titien dont je ne me rappelle pas le nom et qu′on ne voit bien que là. –Ya los han encontrado, o, mejor dicho, no llegaron a perderse; realmente, lo que ha ocurrido es eso –dijo la señora de Villeparisis, que, sin que pudiéramos explicárnoslo, parecía estar mucho mejor informada que nosotros de todos los detalles del viaje– . Me parece que su padre de usted adelantará su regreso y volverá la semana que viene; creo que renuncia a ir a Algeciras Pero tiene lanas de dedicar otro día a Toledo, porque es gran admirador de un discípulo del Ticiano, no me acuerdo cómo se llama, que no se puede ver bien más que en Toledo.
Et je me demandais par quel hasard dans la lunette indifférente à travers laquelle Mme de Villeparisis considérait d′assez loin l′agitation sommaire, minuscule et vague de la foule des gens qu′elle connaissait, se trouvait intercalé à l′endroit où elle considérait mon père, un morceau de verre prodigieusement grossissant qui lui faisait voir avec tant de relief et dans le plus grand détail tout ce qu′il avait d′agréable, les contingences qui le forçaient à revenir, ses ennuis de douane, son goût pour le Greco, et changeant pour elle l′échelle de sa vision, lui montrait ce seul homme si grand au milieu des autres, tout petits, comme ce Jupiter à qui Gustave Moreau a donné, quand il l′a peint à côté d′une faible mortelle, une stature plus qu′humaine. Y yo me pregunté a qué casualidad se debía el hecho de que en aquel lente de indiferencia con el cual miraba desde lejos la señora de Villeparisis el rebullir sumario, minúsculo y vago de la gente que conocía se encontrase intercalado, precisamente en el sitio por donde se veía a mi padre, un trozo dé cristal de aumento tan fuerte que la hacía ver con gran relieve y en su menor detalle las buenas condiciones de mi padre, las contingencias que lo obligaban a volverse antes, las molestias de la aduana y su afición al Greco, y que, cambiando la escala de su visión, le mostraba tan sólo a aquel hombre como muy alto en medio de los demás humanos, muy pequeños, igual que ese Júpiter que Gustavo Moreau pintó, al lado de una mujer mortal, con estatura sobrehumana.
Ma grand′mère prit congé de Mme de Villeparisis pour que nous pussions rester à respirer l′air un instant de plus devant l′hôtel, en attendant qu′on nous fît signe à travers le vitrage que notre déjeuner était servi. On entendit un tumulte. C′était la jeune maîtresse du roi des sauvages, qui venait de prendre son bain et rentrait déjeuner. Mi abuela se despidió de la señora de Villeparisis con objeto de que pudiéramos estarnos todavía un rato al aire libre delante del hotel, hasta que nos hicieran seña por detrás de los cristales de que nos habían servido el almuerzo. En esto se oyó mucho bullicio. Era la joven amiga del rey de los salvajes, que volvía del baño en busca del almuerzo.
— Vraiment c′est un fléau, c′est à quitter la France! s′écria rageusement le bâtonnier qui passait à ce moment. –¡Qué vergüenza; verdaderamente es para marcharse de este país! –exclamó furioso el abogado de Cherburgo, que pasaba por allí en aquel momento.
Cependant la femme du notaire attachait des yeux écarquillés sur la fausse souveraine. Entre tanto, la mujer del notario ponía unos ojos de a cuarta para mirar bien a la joven soberana.
— Je ne peux pas vous dire comme Mme Blandais m′agace en regardant ces gens-là comme cela, dit le bâtonnier au président. Je voudrais pouvoir lui donner une gifle. C′est comme cela qu′on donne de l′importance à cette canaille qui naturellement ne demande qu′à ce que l′on s′occupe d′elle. Dites donc à son mari de l′avertir que c′est ridicule; moi je ne sors plus avec eux s′ils ont l′air de faire attention aux déguisés. –No se puede usted figurar cuánto me irrita ver a la señora Baldais mirando asía esa gentuza –dijo el abogado al presidente de la Audiencia–. De buena gana le daría un moquete. De esa manera, se da importancia a esa canalla, que no está deseando sino que se ocupen de ellos. Diga usted a su marido que le advierta lo ridículo que es eso; yo no vuelvo a salir con ellos si miran a los mamarrachos de esa manera.
Quant à la venue de la princesse de Luxembourg, dont l′équipage le jour où elle avait apporté des fruits, s′était arrêté devant l′hôtel, elle n′avait pas échappé au groupe de la femme du notaire, du bâtonnier et du premier président, déjà depuis quelque temps fort agitées de savoir si c′était une marquise authentique et non une aventurière que cette Madame de Villeparisis qu′on traitait avec tant d′égards, desquels toutes ces dames brûlaient d′apprendre qu′elle était indigne. Quand Mme de Villeparisis traversait le hall, la femme du premier président qui flairait partout des irrégulières, levait son nez sur son ouvrage et la regardait d′une façon qui faisait mourir de rire ses amies. En cuanto a la visita de la princesa de Luxemburgo aquel día que paró su coche delante del hotel y dejó el canastillo de fruta, no había escapado a la curiosidad del grupo formado por las mujeres del notario, el ahogado y el magistrado, ya muy preocupadas hacía tiempo por averiguar si era una marquesa auténtica o una aventurera aquella señora de Villeparisis, a quien todo el mundo trataba con suma consideración; aquellas señoras estaban deseando descubrir que la marquesa era indigna de tal respeto. Cuando la señora de Villeparisis atravesaba el hall, la mujer del magistrado, que veía por todas partes uniones ilegítimas levantaba la nariz de la labor que estuviese haciendo y la miraba con un gesto que hacía retorcerse de risa a sus amigas.
— Oh! moi, vous savez, disait-elle avec orgueil, je commence toujours par croire le mal. Je ne consens à admettre qu′une femme est vraiment mariée que quand on m′a sorti les extraits de naissance et les actes notariés. Du reste, n′ayez crainte, je vais procéder à ma petite enquête. -Lo que es yo, saben ustedes -decía con orgullo-, siempre empiezo por pensar mal. No consiento en darme por convencida de que una mujer está realmente casada como no me enseñen las partidas de nacimiento y el acta del juzgado. Pero no tengan ustedes cuidado, ya me enteraré yo.
Et chaque jour toutes ces dames accouraient en riant. Y todos los días aquellas señoras iban a su tertulia sonriéndose,
— Nous venons aux nouvelles. -Venimos por noticias.
Mais le soir de la visite de la princesse de Luxembourg, la femme du Premier mit un doigt sur sa bouche. Pero aquella tarde de la visita de la princesa de Luxemburgo la mujer del magistrado hizo un signo de misterio poniéndose un dedo en los labios.
— Il y a du nouveau. -¡Hay novedades!
— Oh! elle est extraordinaire, Mme Poncin! je n′ai jamais vu . . . mais dites, qu′y a-t-il? –¡Esta señora Poncin es enorme, nunca vi cosa parecida! Vamos a ver, ¿qué es lo que hay de nuevo?
— Hé bien, il y a qu′une femme aux cheveux jaunes, avec un pied de rouge sur la figure, une voiture qui sentait l′horizontale d′une lieue, et comme n′en ont que ces demoiselles, est venue tantôt pour voir la prétendue marquise. –Pues hay que una mujer de pelo rubio, con dos dedos de colorete y un coche que olía a cocotte desde una legua, de esos coches que sólo gastan esas damitas, estuvo hace un momento a ver a la llamada duquesa.
— Ouil you uouil! patatras! Voyez-vous ça! mais c′est cette dame que nous avons vue, vous vous rappelez bâtonnier, nous avons bien trouvé qu′elle marquait très mal mais nous ne savions pas qu′elle était venue pour la marquise. Une femme avec un nègre, n′est-ce pas? –¡Ah caramba, caramba, ya, ya! ¡Vamos, vamos! Sí, es esa señora que hemos visto, ¿no se acuerda usted, decano?, y que no nos hizo muy buena impresión; pero no sabíamos que había venido en busca de la marquesa. ¿Es una mujer que lleva un negrito, no?
— C′est cela même. –La misma.
— Ah! vous m′en direz tant. Vous ne savez pas son nom? –¡Ah, qué me dice usted! ¿Y no sabe usted cómo se llama?
— Si, j′ai fait semblant de me tromper, j′ai pris la carte, elle a comme nom de guerre la princesse de Luxembourg! Avais-je raison de me méfier! C′est agréable d′avoir ici une promiscuité avec cette espèce de Baronne d′Ange.» Le bâtonnier cita Mathurin Régnier et Macette au premier Président. –Sí; hice como que me equivocaba y cogí su tarjeta. Gasta como nombre de guerra el de princesa de Luxemburgo. ¿Qué? ¿No tenía yo motivo para pensar mal? ¡Sí que es agradable esto de tener que aguantar aquí esa promiscuidad con una especie de baronesa de Ange! El abogado citó al presidente de la Audiencia a Mathurin Regnier y a Macette.
Il ne faut, d′ailleurs, pas croire que ce malentendu fut momentané comme ceux qui se forment au deuxième acte d′un vaudeville pour se dissiper au dernier, Mme de Luxembourg, nièce du roi d′Angleterre et de l′empereur d′Autriche, et Mme de Villeparisis, parurent toujours quand la première venait chercher la seconde pour se promener en voiture deux drôlesses de l′espèce de celles dont on se gare difficilement dans les villes d′eaux. Les trois quarts des hommes du faubourg Saint-Germain passent aux yeux d′une bonne partie de la bourgeoisie pour des décavés crapuleux (qu′ils sont d′ailleurs quelquefois individuellement) et que, par conséquent, personne ne reçoit. La bourgeoisie est trop honnête en cela, car leurs tares ne les empêcheraient nullement d′être reçus avec la plus grande faveur là où elle ne le sera jamais. Et eux s′imaginent tellement que la bourgeoisie le sait qu′ils affectent une simplicité en ce qui les concerne, un dénigrement pour leurs amis particulièrement «à la côte», qui achève le malentendu. Si par hasard un homme du grand monde est en rapports avec la petite bourgeoisie parce qu′il se trouve, étant extrêmement riche, avoir la présidence des plus importantes sociétés financières, la bourgeoisie qui voit enfin un noble digne d′être grand bourgeois jurerait qu′il ne fraye pas avec le marquis joueur et ruiné qu′elle croit d′autant plus dénué de relations qu′il est plus aimable. Et elle n′en revient pas quand le duc, président du conseil d′administration de la colossale Affaire, donne pour femme à son fils, la fille du marquis joueur, mais dont le nom est le plus ancien de France, de même qu′un souverain fera plutôt épouser à son fils la fille d′un roi détrôné que d′un président de la république en fonctions. C′est dire que les deux mondes ont l′un de l′autre une vue aussi chimérique que les habitants d′une plage située à une des extrémités de la baie de Balbec, ont de la plage située à l′autre extrémité: de Rivebelle on voit un peu Marcouville l′Orgueilleuse; mais cela même trompe, car on croit qu′on est vu de Marcouville, d′où au contraire les splendeurs de Rivebelle sont en grande partie invisibles. Y no vaya a imaginarse que esa equivocación fué pasajera, como las que se forjan en el segundo acto de un vaudeville para disiparse en el tercero, no; cuando la princesa de Luxemburgo, sobrina del rey de Inglaterra y del emperador de Austria, venía al hotel a buscar a la señora de Villeparisis y salían las dos de paseo en coche, el grupo del magistrado siempre se figuró que eran aquellas dos damas dos tunantas de esas que tan difícil es esquivar en un punto de veraneo. Las tres cuartas partes de los aristócratas del barrio de Saint-Germain pasan a los ojos de la clase media por juerguistas arruinados do cual son a veces individualmente), que no pueden, por consiguiente, recibir en su casa. En eso la clase media es muy honrada, porque tales vicios, no son obstáculo para que esos hombres sean muy bien acogido en casas donde nunca entrarán los simples burgueses. Y lo: aristócratas se imaginan que la clase media sabe esto muy bien, „ afectan tal sencillez en aquello que a la aristocracia concierne, t," menosprecio por sus amigos que están más de moda, que la mala interpretación de los burgueses se justifica. Si por casualidad ocurre que un aristócrata tiene trato con la clase media porque es muy rico y preside varias sociedades financieras, los buenos burgueses, que por fin dan con un noble digno de ser de los suyos, jurarían que ese noble no quiere nada con un marqués arruinado y jugador, muy amable, y que por esa misma amabilidad se figuran ellos que no se trata con nadie. Y cuál no es su sorpresa cuando el duque, presidente del Consejo de administración de alguna empresa colosal, casa a su hijo con la hija del marqués, jugador, es cierto, pero cuyo apellido es el más viejo de Francia lo mismo que un rey prefiere dar por esposa a su heredero la hija de un rey destronado y no la de un presidente de la República. Es decir, que esos dos sectores del mundo tienen el uno del otro una visión igualmente quimérica que la que gozan los habitantes de una playa situada en un extremo de la bahía de Balbec del pueblo colocado en el lugar opuesto; desde Rivebelle se distingue un poco Marcouville l′Orgueilleuse, y eso engaña, porque así en Rivebelle se figuran que los ven desde Marcouville cuando en realidad en este pueblo la mayor parte de las magnificencias de Rivebelle son:
Le médecin de Balbec appelé pour un accès de fièvre que j′avais eu, ayant estimé que je ne devrais pas rester toute la journée au bord de la mer, en plein soleil, par les grandes chaleurs, et rédigé à mon usage quelques ordonnances pharmaceutiques, ma grand′mère prit les ordonnances avec un respect apparent où je reconnus tout de suite sa ferme décision de n′en faire exécuter aucune, mais tint compte du conseil en matière d′hygiène et accepta l′offre de Mme de Villeparisis de nous faire faire quelques promenades en voiture. J′allais et venais, jusqu′à l′heure du déjeuner, de ma chambre à celle de ma grand′mère. Elle ne donnait pas directement sur la mer comme la mienne mais prenait jour de trois côtés différents: sur un coin de la digue, sur une cour et sur la campagne, et était meublée autrement, avec des fauteuils brodés de filigranes métalliques et de fleurs roses d′où semblait émaner l′agréable et fraîche odeur qu′on trouvait en entrant. Et à cette heure où des rayons venus d′expositions, et comme d′heures différentes, brisaient les angles du mur, à côté d′un reflet de la plage, mettaient sur la commode un reposoir diapré comme les fleurs du sentier, suspendaient à la paroi les ailes repliées, tremblantes et tièdes d′une clarté prête à reprendre son vol, chauffaient comme un bain un carré de tapis provincial devant la fenêtre de la courette que le soleil festonnait comme une vigne, ajoutaient au charme et à la complexité de la décoration mobilière en semblant exfolier la soie fleurie des fauteuils et détacher leur passementerie, cette chambre que je traversais un moment avant de m′habiller pour la promenade, avait l′air d′un prisme où se décomposaient les couleurs de la lumière du dehors, d′une ruche où les sucs de la journée que j′allais goûter étaient dissociés, épars, enivrants et visibles, d′un jardin de l′espérance qui se dissolvait en une palpitation de rayons d′argent et de pétales de rose. Mais avant tout j′avais ouvert mes rideaux dans l′impatience de savoir quelle était la Mer qui jouait ce matin-là au bord du rivage, comme une néreide. Car chacune de ces Mers ne restait jamais plus d′un jour. Le lendemain il y en avait une autre qui parfois lui ressemblait. Mais je ne vis jamais deux fois la même. El médico de Balbec, a quien llamamos con motivo de un acceso de fiebre que tuve, estimó que no debía pasarme todo el día a la orilla del mar y a pleno sol con aquellos calores tan grandes, y escribió unas cuantas recetas farmacéuticas de cosas que yo había de tomar; mi abuela –cogió las recetas con aparente respeto, en el que yo discerní en seguida su firme propósito de no encargar ninguna de aquellas medicinas; pero en cambio tuvo muy en cuenta el consejo higiénico y aceptó el ofrecimiento de la señora de Villeparisis, que se brindó a llevarnos de paseo en su coche. Yo me pasaba el tiempo hasta que llegaba la hora de almorzar yendo y viniendo de mi cuarto al cuarto de la abuela. Este cuarto no daba frente al mar como el mío; tenía vistas a un rincón del dique, a un, patio y al campo; el mobiliario era también distinto, y había unos sillones bordados con filigranas metálicas y florcitas de color rosa, de las que parecía salir el olor fresco y grato que notaba uno al entrar en aquella habitación. En ese momento del día diferentes rayos de luz, que venía cada cual de una dirección, y al parecer de una hora distintas, quebraban los ángulos de las paredes y ponían encima de la cómoda, junto a un reflejo de la playa, un altarito de mayo todo salpicado de colorines, como las flores del camino; posaban en la pared las dos alas plegadas, trémulas y tibias, de una claridad siempre dispuesta a emprender el vuelo, o iban a calentar, como un baño, el cuadradito de alfombra provinciana que caía delante de la ventana del patio, y que estaba, festoneado de so? como una parra, y realzaban el encanto y la complejidad de la decoración mobiliaria. quitando a los sillones su corteza de seda florida y su pasamanería; de modo que aquella habitación que atravesaba Yo un momento antes de ir a vestirme para salir de paseo parecía un prisma que descomponía los colores de la luz exterior, una colmena donde se hallaban disociadas aún, desparramadas, visibles y embriagadoras, las mieles de la tarde que iba a disfrutar, o un jardín de la esperanza que se disolvía en rayos de plata y pétalos de rosas; pero lo primero que yo hacía era descorrer los visillos de mi balcón, con objeto de enterarme de cuál era el mar que estaba aquella mañana jugueteando, como una nereida en la tierra costeña. Porque cada uno de estos mares no estaba allí más que un día. Al siguiente ya había otro, muchas veces parecido. Pero nunca vi el mismo dos veces.
Il y en avait qui étaient d′une beauté si rare qu′en les apercevant mon plaisir était encore accru par la surprise. Par quel privilège, un matin plutôt qu′un autre, la fenêtre en s′entr′ouvrant découvrit-elle à mes yeux émerveillés la nymphe Glaukonomèné, dont la beauté paresseuse et qui respirait mollement, avait la transparence d′une vaporeuse émeraude à travers laquelle je voyais affluer les éléments pondérables qui la coloraient? Elle faisait jouer le soleil avec un sourire alangui par une brume invisible qui n′était qu′un espace vide réservé autour de sa surface translucide rendue ainsi plus abrégée et plus saisissante, comme ces déesses que le sculpteur détache sur le reste du bloc qu′il ne daigne pas dégrossir. Telle, dans sa couleur unique, elle nous invitait à la promenade sur ces routes grossières et terriennes, d′où, installés dans la calèche de Mme de Villeparisis, nous apercevions tout le jour et sans jamais l′atteindre la fraîcheur de sa molle palpitation. Los había de tan rara belleza, que al verlos se redoblaba aún mi placer por la sorpresa. Qué privilegio gozaba una determinada mañana sobre las demás, para que el balcón, al entreabrirse, descubriera a mis maravillados ojos a la ninfa Glauconómena, cuya perezosa hermosura y muelle respirar tenían la vaporosa transparencia de una esmeralda, a través de la cual veíanse afluir los elementos ponderables que le daban colorido? Hacía juguetear al sol, con sonrisa entibiada por invisible bruma, que no era otra cosa sino un espacio vacío reservado en torno de su superficie translúcida, la cual venía a ser por ende más abreviada y seductora, como esas diosas que el escultor destaca en medio de un bloque dejando todo el resto de la piedra sin desbastar siquiera. Y así, con su único color nos invitaba a pasear por los groseros caninos terrenos, desde los cuales, bien instalados nosotros en la carretela de la señora de Villeparisis, la veíamos toda la tarde, sin llegar nunca hasta la frescura de su blanda palpitación.
Mme de Villeparisis faisait atteler de bonne heure, pour que nous eussions le temps d′aller soit jusqu′à Saint-Mars-le-Vêtu, soit jusqu′aux rochers de Quetteholme ou à quelque autre but d′excursion qui, pour une voiture assez lente, était fort lointain et demandait toute la journée. Dans ma joie de la longue promenade que nous allions entreprendre, je fredonnais quelque air récemment écouté, et je faisais les cent pas en attendant que Mme de Villeparisis fût prête. Si c′était dimanche, sa voiture n′était pas seule devant l′hôtel; plusieurs fiacres loués attendaient non seulement les personnes qui étaient invitées au château de Féterne chez Mme de Cambremer, mais celles qui plutôt que de rester là comme des enfants punis déclaraient que le dimanche était un jour assommant à Balbec et partaient dès après déjeuner se cacher dans une plage voisine ou visiter quelque site, et même souvent quand on demandait à Mme Blandais si elle avait été chez les Cambremer, elle répondait péremptoirement: «Non, nous étions aux cascades du Bec», comme si c′était là la seule raison pour laquelle elle n′avait pas passé la journée à Féterne. Et le bâtonnier disait charitablement: La señora de Villeparisis mandaba enganchar temprano para que tuviésemos tiempo de ir hasta Saint–Mars–le–Vétu, hasta las peñas de Quetteholme, o a otro punto de excursión, que para un coche no muy rápido era lejano y requería el día entero. Yo, muy contento por el paseo que nos esperaba, tarareaba alguna de las últimas canciones que había oído y andaba arriba y abajo esperando que estuviese preparada la señora de Villeparisis. Los domingos, además de su coche, solía haber otros parados delante del hotel; eran carruajes de alquiler, que estaban esperando no sólo a las personas invitadas a ir al castillo de Féterne por la señora de Cambremer, sino también a otras que, con tal de no quedarse en el hotel como niños castigados, declaraban que el domingo era un día muy cargante en Balbec y se iban en cuanto almorzaban a esconderse en una playa cercana o a visitar algún lugar de los alrededores. Y muchas veces la mujer del notario, cuando le preguntaban si había estado en casa de los Cámbremer, respondía terminantemente: “No; estábamos en las cascadas del Bec”, como si ése hubiera sido el único motivo que tuvo para no pasar el día en el castillo de los Cambremer. Y el abogado decía, caritativamente:
— Je vous envie, j′aurais bien changé avec vous, c′est autrement intéressant. –Les tengo envidia. De buena gana hubiese cambiado con ustedes es más divertido.
A côté des voitures, devant le porche où j′attendais, était planté comme un arbrisseau d′une espèce rare un jeune chasseur qui ne frappait pas moins les yeux par l′harmonie singulière de ses cheveux colorés, que par son épiderme de plante. A l′intérieur, dans le hall qui correspondait au narthex ou église des Catéchumènes, des églises romanes, et où les personnes qui n′habitaient pas l′hôtel avaient le droit de passer, les camarades du groom «extérieur» ne travaillaient pas beaucoup plus que lui mais exécutaient du moins quelques mouvements. Il est probable que le matin ils aidaient au nettoyage. Mais l′après-midi ils restaient là seulement comme des choristes qui, même quand ils ne servent à rien, demeurent en scène pour ajouter à la figuration. Le Directeur général, celui qui me faisait si peur, comptait augmenter considérablement leur nombre l′année suivante, car il «voyait grand». Et sa décision affligeait beaucoup le Directeur de l′Hôtel, lequel trouvait que tous ces enfants n′étaient que des «faiseurs d′embarras» entendant par là qu′ils embarrassaient le passage et ne servaient à rien. Du moins entre le déjeuner et le dîner, entre les sorties et les rentrées des clients remplissaient-ils le vide de l′action, comme ces élèves de Mme de Maintenon qui sous le costume de jeunes israélites font intermède chaque fois qu′Esther ou Joad s′en vont. Mais le chasseur du dehors, aux nuances précieuses, à la taille élancée et frêle, non loin duquel j′attendais que la marquise descendît, gardait une immobilité à laquelle s′ajoutait de la mélancolie, car ses frères aînés avaient quitté l′hôtel pour des destinées plus brillantes et il se sentait isolé sur cette terre étrangère. Enfin Mme de Villeparisis arrivait. S′occuper de sa voiture et l′y faire monter eût peut-être dû faire partie des fonctions du chasseur. Mais il savait qu′une personne qui amène ses gens avec soi se fait servir par eux, et d′habitude donne peu de pourboires dans un hôtel, que les nobles de l′ancien faubourg Saint-Germain agissent de même. Mme de Villeparisis appartenait à la fois à ces deux catégories. Le chasseur arborescent en concluait qu′il n′avait rien à attendre de la marquise en laissant le maître d′hôtel et la femme de chambre de celle-ci, l′installer avec ses affaires, il rêvait tristement au sort envié de ses frères et conservait son immobilité végétale. Junto a los coches, delante del pórtico, en donde yo esperaba, estaba plantado, como un arbusto joven de rara especie, un botones que llamaba la atención visual tanto por la singular armonía de su encendido pelo como por su epidermis de planta. Dentro, en el hall, que correspondía al narthex o iglesia de los catecúmenos de las iglesias romanas, lugar donde tenían derecho a entrar las personas que no vivían en el hotel, había otros compañeros del groom exterior, que no trabajaban mucho más que el de afuera, pero que por lo menos ejecutaban algunos movimientos. Es muy probable que por la mañana ayudasen a la limpieza; pero por la tarde estaban allí sólo como esos coristas que aun cuando ya no sirven para nada, se quedan en escena para aumentar la comparsería. El director general, aquel que me daba a mí tanto miedo, tenía pensado aumentar el número de botones el año siguiente, porque veía las cosas en gran escala. Y su decisión contristó mucho al director del hotel, que estimaba a todos aquellos niños muy impertinentes, con lo que quería dar a entender que estorbaban el pase y no servían para nada. Pero, por lo menos en los espacios que mediaban entre almuerzo y cena, entre las entradas y salidas de las huéspedes, servían para llenar los vacíos de la acción, como esas discípulas de madama de Maintenon que, vestidas de jóvenes israelitas, bailan un intermedio cada vez que salen Éster o Joab. Pero el botones de afuera, tan rico de matices, de tan buen talle y estatura, ese groom junto al cual me paseaba yo esperando que bajara la marquesa, manteníase inmóvil, inmovilidad que se teñía de cierta melancolía porque sus hermanos mayores habían abandonado el hotel para más brillantes destinos y él se sentía aislado en aquella tierra extraña. Por fin llegaba la señora de Villeparisis. Acaso hubiera entrado en las funciones del botones el mandar acercar el coche y ayudar a la señora a subir, pero sabía que cuando una persona lleva consigo su servidumbre es para que sirvan ellos y suele dar pocas propinas en un hotel; y que esta última costumbre la comparten, por lo general, los nobles del viejo barrio de Saint–Germain. Y como la señora de Villeparisis pertenecía a la vez a estas dos clases de gente, el arbóreo groom deducía que no tenía nada que esperar de la marquesa, y dejaba a su mayordomo y a su doncella que la instalaran en el coche, sin salir de su vegetal inmovilidad, soñando tristemente en la envidiable suerte de sus hermanos.
Nous partions; quelque temps après avoir contourné la station du chemin de fer nous entrions dans une route campagnarde qui me devint bientôt aussi familière que celles de Combray, depuis le coude où elle s′amorçait entre des clos charmants jusqu′au tournant où nous la quittions et qui avait de chaque côté des terres labourées. Au milieu d′elles, on voyait çà et là un pommier privé il est vrai de ses fleurs et ne portant plus qu′un bouquet de pistils, mais qui suffisait à m′enchanter parce que je reconnaissais ces feuilles inimitables dont la large étendue, comme le tapis d′estrade d′une fête nuptiale maintenant terminée avait été tout récemment foulée par la traîne de satin blanc des fleurs rougissantes. Salíamos; al poco rato de haber rodeado la estación del ferrocarril entrábamos en un camino del campo que pronto se me hizo tan familiar como los de Combray, desde el recodo en que comenzaba a aventurarse por entre deliciosos cercados hasta la otra vuelta en que lo abandonábamos, cuando ya corría por entre tierras de labor. De cuando en cuando veíase en medio de esas tierras un manzano, sin flores, sí, tan sólo con un ramillete de pistilos, pero que era lo bastante para deleitarme porque allí reconocía yo esas hojas inimitables por cuya amplia superficie, igual que por la alfombra de estrado de una fiesta nupcial ya terminada, había pasado la cola de blanco raso de las florecillas rojizas.
Combien de fois à Paris dans le mois de mai de l′année suivante, il m′arriva d′acheter une branche de pommier chez le fleuriste et de passer ensuite la nuit devant ses fleurs où s′épanouissait la même essence crémeuse qui poudrait encore de son écume les bourgeons des feuilles et entre les blanches corolles desquelles il semblait que ce fût le marchand qui, par générosité envers moi, par goût inventif aussi et contraste ingénieux eût ajouté de chaque côté, en surplus, un seyant bouton rose; je les regardais, je les faisais poser sous ma lampe, — si longtemps que j′étais souvent encore là quand l′aurore leur apportait la même rougeur qu′elle devait faire en même temps à Balbec — et je cherchais à les reporter sur cette route par l′imagination, à les multiplier, à les étendre dans le cadre préparé, sur la toile toute prête, de ces clos dont je savais le dessin par cur et que j′aurais tant voulu, qu′un jour je devais, — revoir, — au moment où avec la verve ravissante du génie, le printemps couvre leur canevas de ses couleurs. Al año siguiente, en París cuando llegó el mes de mayo, más de una vez compré una rama de manzano en una tienda de florista y me pasé la noche delante de esas flores, en las que triunfaba esa misma esencia blanquecina que aún espolvorearía con su espuma los brotes de las hojas; y parecía que entre las blancas corolas había ido poniendo de propina el comerciante, para tener una generosidad conmigo, y por gusto de inventiva y de contraste ingenioso, unos capullitos rosa, que caían muy bien; las miraba, las ponía a la luz de la lámpara –y tanto y tanto, que muchas veces aun me estaba así cuando–el alba les traía el mismo reflejo rojizo que debía de estar naciendo en Balbec–, y mi imaginación trataba de colocarlas otra vez en aquel camino, de multiplicarlas y extenderlas en el marco ya preparado, en el lienzo ya listo, formado por aquellos cercados cuyo dibujo me sabia yo de memoria, cercados que yo ansiaba ver –algún día había de lograrlo–en el momento en que la primavera cubre su tela de colores con la deliciosa fantasía del genio.
Avant de monter en voiture j′avais composé le tableau de mer que j′allais chercher, que j′espérais voir avec le «soleil rayonnant», et qu′à Balbec je n′apercevais que trop morcelé entre tant d′enclaves vulgaires et que mon rêve n′admettait pas, de baigneurs, de cabines, de yacht de plaisance. Mais quand la voiture de Mme de Villeparisis étant parvenue au haut d′une côte, j′apercevais la mer entre les feuillages des arbres, alors sans doute de si loin disparaissaient ces détails contemporains qui l′avaient mise comme en dehors de la nature et de l′histoire, et je pouvais en regardant les flots m′efforcer de penser que c′était les mêmes que Leconte de Lisle nous peint dans l′Orestie quand «tel qu′un vol d′oiseaux carnassiers dans l′aurore», les guerriers chevelus de l′héroî°µe Hellas «de cent mille avirons battaient le flot sonore». Mais en revanche je n′étais plus assez près de la mer qui ne me semblait pas vivante, mais figée, je ne sentais plus de puissance sous ses couleurs étendues comme celles d′une peinture entre les feuilles où elle apparaissait aussi inconsistante que le ciel, et seulement plus foncée que lui. Antes de subir al coche ya llevaba yo compuesto el cuadro de mar que iba a cruzar, en la esperanza de verlo a “sol radiante”, porque ese cuadro en Balbec se me ofrecía muy divertido por tantas cosas vulgares, bañistas, casetas y yates ele recreo, que mi ilusión se negaba a admitir. Pero cuando el coche de la señora de Villeparisis llegaba a lo alto de una loma y veía yo el mar entre el follaje de los árboles, entonces desaparecían con la lejanía los detalles contemporáneos que, por así decirlo, lo colocaban fuera de la Naturaleza y de la Historia, y al mirar las olas pensaba yo que eran las mismas que nos pinta Leconte de Lisle en la Orestíada, cuando los cabelludos guerreros de la heroica Hélade, “como bandadas de aves de presa a la hora del alba, hacen palpitar con mil remos el mar sonoro”. Pero, en cambio, estaba ahora muy lejos de la orilla, y el mar no se me representaba con vida, sino inmóvil, de modo que ya no sentía yo la fuerza oculta tras esos colores, extendidos, como los de una pintura, entre las hojas de los árboles, y el agua se aparecía tan inconsistente como el cielo, tan sólo un poco más obscura en, su azul.
Mme de Villeparisis voyant que j′aimais les églises me promettait que nous irions voir une fois l′une, une fois l′autre, et surtout celle de Carqueville «toute cachée sous son vieux lierre», dit-elle avec un mouvement de la main qui semblait envelopper avec goût la façade absente dans un feuillage invisible et délicat. Mme de Villeparisis avait souvent, avec ce petit geste descriptif, un mot juste pour définir le charme et la particularité d′un monument, évitant toujours les termes techniques, mais ne pouvant dissimuler qu′elle savait très bien les choses dont elle parlait. Elle semblait chercher à s′en excuser sur ce qu′un des châteaux de son père, et où elle avait été élevée, étant situé dans une région où il y avait des églises du même style qu′autour de Balbec il eût été honteux qu′elle n′eût pas pris le goût de l′architecture ce château étant d′ailleurs le plus bel exemplaire de celle de la Renaissance. Mais comme il était aussi un vrai musée, comme d′autre part Chopin et Listz y avaient joué, Lamartine récité des vers, tous les artistes connus de tout un siècle écrit des pensées, des mélodies, fait des croquis sur l′album familial. Mme de Villeparisis ne donnait, par grâce, bonne éducation, modestie réelle, ou manque d′esprit philosophique, que cette origine purement matérielle à sa connaissance de tous les arts, et finissait par avoir l′air de considérer la peinture, la musique, la littérature et la philosophie comme l′apanage d′une jeune fille élevée de la façon la plus aristocratique dans un monument classé et illustre. On aurait dit qu′il n′y avait pas pour elle d′autres tableaux que ceux dont on a hérités. Elle fut contente que ma grand′mère aimât un collier qu′elle portait et qui dépassait de sa robe. Il était dans le portrait d′une bisale à elle, par Titien, et qui n′était jamais sorti de la famille. Comme cela on était sûr que c′était un vrai. Elle ne voulait pas entendre parler des tableaux achetés on ne sait comment par un Crésus, elle était d′avance persuadée qu′ils étaient faux et n′avait aucun désir de les voir, nous savions qu′elle-même faisait des aquarelles de fleurs, et ma grand′mère qui les avait entendu vanter lui en parla. Mme de Villeparisis changea de conversation par modestie, mais sans montrer plus d′étonnement ni de plaisir qu′une artiste suffisamment connue à qui les compliments n′apprennent rien. Elle se contenta de dire que c′était un passe-temps charmant parce que si les fleurs nées du pinceau n′étaient pas fameuses, du moins les peindre vous faisait vivre dans la société des fleurs naturelles, de la beauté desquelles, surtout quand on était obligé de les regarder de plus près pour les imiter, on ne se lassait pas. Mais à Balbec Mme de Villeparisis se donnait congé pour laisser reposer ses yeux. La señora de Villeparisis, al ver que me gustaban las iglesias, me prometía que iríamos viéndolas poco a poco; sobre todo, habia ver la de Carqueville, “toda envuelta en hiedra vieja” decia la señora marquesa; y hacía con la mano un movimiento como si se deleitase en cubrir la ausente fachada con invisible y delicado follaje. Eran muy frecuentes en la señora de Villeparisis o esos menudos ademanes descriptivos, o una frase exacta para definir el encanto y la singularidad de un monumento, evitando siempre los términos técnicos, pero sin poder disimular que conocía perfectamente las cosas de que estaba hablando. Y a modo de excusa alegaba que uno de los castillos de su padre, aquel en que ella se crió, estaba en una comarca en que había una iglesia del mismo estilo que las de los alrededores de Balbec, y hubiera sido una vergüenza que no se aficionara a la arquitectura; tanto más, cuanto que aquel castillo era el modelo más hermoso de los castillos del Renacimiento. Pero como resultaba que aquel castillo era además un verdadero museo que allí tocaron Chopin y Liszt, que allí recitó Lamartine y que todos los artistas célebres del siglo habían dejado pensamientos, melodías o dibujos en el álbum de la familia, la señora de Villeparisis, por gracia, por buena educación, por modestia real o por falta de espíritu filosófico, atribuía a esta causa, puramente material, su conocimiento de todas las bellas artes, y acababa por considerar pintura y música, literatura y la filosofía como particular atributo de una señorita educada del modo más aristocrático en un monumento ilustre y catalogado. Parecía que para ella no había más cuadros que los que se heredan. Se alegró mucho de que a mi abuela le gustara u n collar que llevaba y que le pasaba de la cintura. Ese collar figuraba en un retrato de una bisabuela suya, pintado por Ticiano, retrato que nunca salió de la familia; de modo que podía asegurarse que era un Ticiano auténtico. Porque la marquesa no quería oír hablar de cuadros comprados Dios sabe dónde por un Creso, y persuadida de antemano de que eran falsos, no sentía deseos de verlos; sabíamos nosotros que ella pintaba acuarelas de flores, y mi abuela, que había oído alabarlas, le habló de su afición. La señora de Villeparisis cambió de conversación, pero sin dar mayores muestras de sorpresa o de satisfacción que esos artistas conocidos a quienes los elogios no suenan a nada nuevo. Se contentó con decir que era un entretenimiento delicioso, porque aunque las flores nacidas de su pincel no sean gran cosa, por lo menos el tener que pintarlas le obliga a uno a vivir entre flores naturales, y éstas son tan hermosas, sobre todo cuando hay que mirarlas de cerca para copiarlas, que nunca cansan. Pero en Balbec la señora de Villeparisis se daba asueto para descansar la vista.
Nous fûmes étonnés, ma grand′mère et moi, de voir combien elle était plus «libérale» que même la plus grande partie de la bourgeoisie. Elle s′étonnait qu′on fût scandalisé des expulsions des jésuites, disant que cela s′était toujours fait, même sous la monarchie, même en Espagne. Elle défendait la République à laquelle elle ne reprochait son anticléricalisme que dans cette mesure: «Je trouverais tout aussi mauvais qu′on m′empêchât d′aller à la messe si j′en ai envie que d′être forcée d′y aller si je ne le veux pas», lançant même certains mots comme: «Oh! la noblesse aujourd′hui, qu′est-ce que c′est!» «Pour moi, un homme qui ne travaille pas, ce n′est rien», peut-être seulement parce qu′elle sentait ce qu′ils prenaient de piquant, de savoureux, de mémorable dans sa bouche. A la abuela y a mí nos asombró el ver que la marquesa era mucho más “liberal” que la mayor parte de la gente de clase media. Se admiraba la señora de Villeparisis de que causara escándalo la expulsión de los , jesuitas, y decía que eso se había hecho siempre, hasta en una monarquía, y hasta en España. Defendía la República, y el único reproche que dirigía al anticlericalismo se encerraba en estos mesurados términos: “Me parecería tan mal que no me dejaran ir a misa si quiero ir, como el que me obligasen a ir sin tener gana”; y de cuando en cuando lanzaba frases como: “¡Ah la nobleza hoy día es muy poca cosa!”, o “Para mí, un hombre que no trabaja no es nada”, quizá porque tenía conciencia de lo graciosas, significativas y memorables que eran esas palabras dichas por ella.
En entendant souvent exprimer avec franchise des opinions avancées — pas jusqu′au socialisme cependant qui était la bête noire de Mme de Villeparisis — précisément par une de ces personnes en considération de l′esprit desquelles, notre scrupuleuse et timide impartialité se refuse à condamner les idées des conservateurs, nous n′étions pas loin, ma grand′mère et moi, de croire qu′en notre agréable compagne, se trouvaient la mesure et le modèle de la vérité en toutes choses. Nous la croyions sur parole tandis qu′elle jugeait ses Titiens, la colonnade de son château, l′esprit de conversation de Louis-philippe. Mais — comme ces érudits qui émerveillent quand on les met sur la peinture égyptienne et les inscriptions étrusques, et qui parlant d′une façon si banale des uvres modernes que nous nous demandons si nous n′avons pas surfait l′intérêt des sciences où ils sont versés, puisque n′y apparaît pas cette même médiocrité qu′ils ont pourtant dû y apporter aussi bien que dans leurs niaises études sur Beaudelaire, — Mme de Villeparisis, interrogée par moi sur Chateaubriand, sur Balzac, sur Victor Hugo, tous reçus jadis par ses parents et entrevus par elle-même, riait de mon admiration, racontait sur eux des traits piquants comme elle venait de faire sur des grands seigneurs ou des hommes politiques, et jugeait sévèrement ces écrivains, précisément parce qu′ils avaient manqué de cette modestie, de cet effacement de soi, de cet art sobre qui se contente d′un seul trait juste et n′appuie pas, qui fuit plus que tout le ridicule de la grandiloquence, de cet à-propos, de ces qualités de modération de jugement et de simplicité, auxquelles on lui avait appris qu′atteint la vraie valeur: on voyait qu′elle n′hésitait pas à leur préférer des hommes qui, peut-être, en effet, avaient eu, à cause d′elles, l′avantage sur un Balzac, un Hugo, un Vigny, dans un salon, une académie, un conseil des ministres, Molé, Fontanes, Vitroles, Bersot, Pasquier, Lebrun, Salvandy ou Daru. A fuerza de oír expresar a menudo ideas avanzadas –pero sin llegar nunca al socialismo, que era la pesadilla de la señora de Villeparisis–, precisamente a tina de esas personas que por inspirarnos consideración, gracias a su talento, impulsan a nuestra escrupulosa y tímida imparcialidad a no condenar las ideas de los conservadores, la abuela y yo casi llegamos a creernos que nuestra agradable compañera poseía la medida y dechado de la verdad en todo. Le creíamos como artículo de fe todo lo que nos decía de sus Ticianos, de la galería de su castillo, del talento de conversación de Luis Felipe. Pero la señora de Villeparisis –al igual de esos eruditos que maravillan al verlos desenvolverse en el terreno de la pintura egipcia o las inscripciones etruscas, pero que hablan de las obras modernas de un modo tan superficial que nos hacen dudar si no habremos exagerado el interés de las ciencias que ellos dominan, porque al tratar de ellas no dejaron asomar esa mediocridad que era de esperar y que aparece en sus necios estudios sobre Baudelaire– cuando yo le preguntaba por Chateaubriand, por Balzac o Víctor Hugo, que ella conoció porque iban todos a casa de sus padres, se reía de mi admiración y contaba de ellos cosas de risa, lo mismo que había hecho un momento antes con los grandes señores y los políticos; y juzgaba con severidad a esos escritores, precisamente porque–carecían de esa modestia, de ese olvido de su valer, de ese arte sobrio que se satisface con. un solo trazo y no insiste, que huye sobre todo del ridículo de la grandilocuencia de esa oportunidad y de esas cualidades de moderación de juicio y sencillez que son exclusivo patrimonio, según le habían señalado a ella, del verdadero mérito; y se veía que la marquesa prefería a hombres que, quizá por dominar esas cualidades expuestas, llevaron ventaja a un Balzac, a un Hugo o a un Viny en un salón, en una academia o en un consejo de ministros hombres como Molé, Fontanes, Vitroles, Bersot, Pasquier, Lebrun, Salvandy o Daru.
«C′est comme les romans de Stendhal pour qui vous aviez l′air d′avoir de l′admiration. Vous l′auriez beaucoup étonné en lui parlant sur ce ton. Mon père qui le voyait chez M. Mérimée — un homme de talent au moins celui-là — m′a souvent dit que Beyle (c′était son nom) était d′une vulgarité affreuse, mais spirituel dans un dîner, et ne s′en faisant pas accroire pour ses livres. Du reste, vous avez pu voir vous-même par quel haussement d′épaules il a répondu aux éloges outrés de M. de Balzac. En cela du moins il était homme de bonne compagnie.» Elle avait de tous ces grands hommes des autographes, et semblait, se prévalant des relations particulières que sa famille avait eues avec eux, penser que son jugement à leur égard était plus juste que celui de jeunes gens qui comme moi n′avaient pas pu les fréquenter. «Je crois que je peux en parler, car ils venaient chez mon père; et comme disait M. Sainte-Beuve, qui avait bien de l′esprit, il faut croire sur eux ceux qui les ont vus de près et ont pu juger plus exactement de ce qu′ils valaient.» “Es lo mismo que esas novelas de Stendhal que a usted parece que le gustan tanto. Le hubiera asombrado hablándole a él en ese tono. Mi padre, que solía verlo en casa del señor Mérimée – ése sí que tenía talento, ve usted–, me ha dicho muchas veces que de porque se llamaba así, era terriblemente vulgar, pero muy ingenioso en la mesa, y no se hacia ilusiones respecto a sus libros. Es decir, usted mismo habrá visto cómo contestó encogiéndose de hombros a los desmesurados elogios del señor de Balzac. En esto, por lo menos, era hombre de buen tono.” Poseía autógrafos de todos esos literatos, y parecía muy convencida de que gracias a las relaciones particulares que su familia tuvo con estos artistas, ella los juzgaba con mayor justicia que los jovenzuelos como Yo, que no pudieron tratarlos. “Me parece que puedo hablar de ellos porque iban a casa de mi padre; y, corno decía el señor Sainte Beuve, que tenía mucha gracia, con respecto a esos escritores, hay que creer a los que los vieron de cerca y pudieron juzgar exactamente lo que valían."
Parfois, comme la voiture gravissait une route montante entre des terres labourées, rendant les champs plus réels, leur ajoutant une marque d′authenticité, comme la précieuse fleurette dont certains maîtres anciens signaient leurs tableaux, quelques bleuets hésitants pareils à ceux de Combray suivaient notre voiture. Bientôt nos chevaux les distançaient, mais, mais après quelques pas, nous en apercevions un autre qui en nous attendant avait piqué devant nous dans l′herbe son étoile bleue; plusieurs s′enhardissaient jusqu′à venir se poser au bord de la route et c′était toute une nébuleuse qui se formait avec mes souvenirs lointains et les fleurs apprivoisées. A veces, cuando el coche iba subiendo por una cuesta entre tierras labrantías, seguían a nuestro carruaje unos cuantos tímidos ancianos, parecidos a los de Combray, que daban mayor tono de realidad al campo y eran como señal de autenticidad, igual que esa preciosa florecilla con que firmaban sus cuadros algunos ‘pintores antiguos. El andar de nuestros caballos nos separaba de ellos muy pronto, pero a poco ya veíamos otro que nos esperaba y había plantado en la hierba su estrella azul; algunos se atrevían a llegarse al borde de la carretera, y con esas florecillas domésticas y con mis recuerdos lejanos se iba formando una nebulosa.
Nous redescendions la côte; alors nous croisions, la montant à pied, à bicyclette, en carriole ou en voiture, quelqu′une de ces créatures, — fleurs de la belle journée, mais qui ne sont pas comme les fleurs des champs, car chacune recèle quelque chose qui n′est pas dans une autre et qui empêchera que nous puissions contenter avec ses pareilles le désir qu′elle a fait naître en nous — quelque fille de ferme poussant sa vache ou à demi couchée sur une charrette, quelque fille de boutiquier en promenade, quelque élégante demoiselle assise sur le strapontin d′un landau, en face de ses parents. Certes Bloch m′avait ouvert une ère nouvelle et avait changé pour moi la valeur de la vie, le jour où il m′avait appris que les rêves que j′avais promenés solitairement du côté de Méséglise quand je souhaitais que passât une paysanne que je prendrais dans mes bras, n′étaient pas une chimère qui ne correspondait à rien d′extérieur à moi, mais que toutes les filles qu′on rencontrait, villageoises ou demoiselles étaient toutes prêtes à en exaucer de pareils. Et dussé-je, maintenant que j′étais souffrant et ne sortais pas seul, ne jamais pouvoir faire l′amour avec elles, j′étais tout de même heureux comme un enfant né dans une prison ou dans un hôpital et qui, ayant cru longtemps que l′organisme humain ne peut digérer que du pain sec et des médicaments, a appris tout d′un coup que les pêches, les abricots, le raisin, ne sont pas une simple parure de la campagne, mais des aliments délicieux et assimilables. Même si son geôlier ou son garde-malade ne lui permettent pas de cueillir ces beaux fruits, le monde cependant lui paraît meilleur et l′existence plus clémente. Car un désir nous semble plus beau, nous nous appuyons à lui avec plus de confiance quand nous savons qu′en dehors de nous la réalité s′y conforme, même si pour nous il n′est pas réalisable. Et nous pensons avec plus de joie à une vie où, à condition que nous écartions pour un instant de notre pensée le petit obstacle accidentel et particulier qui nous empêche personnellement de le faire, nous pouvons nous imaginer l′assouvissant. Pour les belles filles qui passaient, du jour où j′avais su que leurs joues pouvaient être embrassées, j′étais devenu curieux de leur âme. Et l′univers m′avait paru plus intéressant. Bajábamos la cuesta, y entonces nos cruzábamos ella a pie, en bicicleta, en un carricoche o en un carruaje, con alguna criatura –flores del día claro, pero que no son como las de los campos, porque cada cual encierra en sí una cosa que no existe en las demás, por lo cual no podemos satisfacer el deseo que nos inspire con una semejante suya–: moza de granja que arreaba su vaca, o medio acostada en una carreta; hija de tendero en asueto, o elegante señorita sentada en la banqueta del landó, enfrente de sus papás. Cierto que Bloch me abrió una era nueva y cambió para mí el valor de la vida el día que me enseñó que mis solitarios sueños en los paseos por el lado de Méséglise, cuando deseaba yo que pasara una moza del campo para cogerla en mis brazos, no! Eran pura quimera sin correspondencia alguna fuera de mí, sino que toda muchacha que uno se encontrara, campesina o ciudadana, estaba en disposición de satisfacer semejantes deseos. Y aunque ahora, por estar malo y no salir nunca solo, no podía disfrutar de esos placeres, sin embargo, me sentía alegre como niño nacido en una cárcel o en un hospital que, después de haberse figurado por mucho tiempo que el organismo humano no digiere más que pan seco y medicinas, se entera un día de que albaricoques, melocotones y uvas no son mero ornamento de los campos sino deliciosos alimentos asimilables. Y aunque el carcelero o el enfermero no le dejen coger esas frutas tan hermosas, el mundo ya le parece mejor y más clemente la vida. Porque un deseo se hermosea a nuestros ojos, y nos apoyamos en él con mayor confianza cuando la realidad externa se adapta a tal deseo, aun cuando no sea realizable para nosotros. Y pensamos con más alegría en una vida en que podamos imaginar la posibilidad de llegar a satisfacerlo, una vez que apartemos por un instante de nuestra mente el pequeño obstáculo accidental y particular que nos impide hacerlo en verdad. Y en lo que concierne a las guapas muchachas que veía yo pasar, desde el día que supe yo que aquellas mejillas podían besarse me entró curiosidad por su alma. Y el universo me pareció de más interés.
La voiture de Mme de Villeparisis allait vite. A peine avais-je le temps de voir la fillette qui venait dans notre direction; et pourtant — comme la beauté des êtres n′est pas comme celle des choses, et que nous sentons qu′elle est celle d′une créature unique, consciente et volontaire — dès que son individualité, âme vague, volonté inconnue de moi, se peignait en une petite image prodigieusement réduite, mais complète, au fond de son regard distrait, — aussitôt mystérieuse réplique des pollens tout préparés pour les pistils, je sentais saillir en moi l′embryon aussi vague, aussi minuscule, du désir de ne pas laisser passer cette fille, sans que sa pensée prît conscience de ma personne, sans que j′empêchasse ses désirs d′aller à quelqu′un d′autre, sans que je vinsse me fixer dans sa rêverie et saisir son cur. Cependant notre voiture s′éloignait, la belle fille était déjà derrière nous et comme elle ne possédait de moi aucune des notions qui constituent une personne, ses yeux qui m′avaient à peine vu, m′avaient déjà oublié. Était-ce parce que je ne l′avais qu′entreaperçue que je l′avais trouvée si belle. Peut-être. D′abord l′impossibilité de s′arrêter auprès d′une femme, le risque de ne pas la retrouver un autre jour lui donnent brusquement le même charme qu′à un pays la maladie ou la pauvreté qui nous empêchent de le visiter, ou qu′aux jours si ternes qui nous restent à vivre le combat où nous succomberons sans doute. De sorte que s′il n′y avait pas l′habitude, la vie devrait paraître délicieuse à des êtres qui seraient à chaque heure menacés de mourir, — c′est-à-dire à tous les hommes. Puis si l′imagination est entraînée par le désir de ce que nous ne pouvons posséder, son essor n′est pas limité par une réalité complètement perçue dans ces rencontres où les charmes de la passante sont généralement en relation directe avec la rapidité du passage. Pour peu que la nuit tombe et que la voiture aille vite, à la campagne, dans une ville, il n′y a pas un torse féminin mutilé comme un marbre antique par la vitesse qui nous entraîne et le crépuscule qui le noie, qui ne tire sur notre cur, à chaque coin de route, du fond de chaque boutique, les flèches de la Beauté, de la Beauté dont on serait parfois tenté de se demander si elle est en ce monde autre chose que la partie de complément qu′ajoute à une passante fragmentaire et fugitive notre imagination surexcitée par le regret. El coche de la señora de Villeparisis iba de prisa. Apenas si me daba tiempo a ver a la chiquilla que se encaminaba hacia nosotros; y, sin embargo, como la belleza de los seres humanos no es igual que la de las cosas, y sentimos muy bien que pertenece a una criatura única, consciente y de libre querer, en cuanto su individualidad, alma vaga, voluntad desconocida, se pintaba en imagen menuda prodigiosamente reducida, pero completa, en el fondo de su distraído mirar, inmediatamente –misteriosa réplica del polen preparado para el pistilosentía en mí el embrión vago, minúsculo también, de no dejar pasar a aquella muchacha sin que su pensamiento tuviera conciencia de mi persona, sin impedir que sus deseos se dirigieran a otro hombre, sin entrarme yo en esas ilusiones y señorear su corazón. Mientras tanto, el coche se alejaba, la muchacha se quedaba atrás, y como carecía con respecto a mí de toda noción de las que constituyen una persona, sus ojos, apenas vistos, ya me habían olvidado. ¿Me parecía tan hermosa quizá por haberla visto así, tan fugazmente? Puede ser. En primer término, la imposibilidad de pararnos junto a una mujer, el riesgo que corremos de no volver a encontrarla ningún día más, le infunden bruscamente el mismo encanto con que revisten a un determinado país la enfermedad o la falta de recursos que nos impiden visitarlo, o con que reviste a los días que nos quedan por vivir la idea del combate en que de seguro sucumbiremos. De modo que si no hubiera costumbre la vida debería parecer deliciosa a esos seres que estuviesen amenazados con morir en cualquier momento, es decir, a todos los humanos, Además, si la imaginación se siente arrastrada por el deseo de lo que no podemos poseer, su impulso no esta limitado por una realidad perfectamente percibida en esos encuentros en que los encantos de una mujer que vemos pasar suelen estar en relación directa con lo rápido de su paso. A poco que obscurezca, y con al de que el coche pava aprisa, en campo o en ciudad, no hay torso femenino mutilado, como un mármol antiguo, por la velocidad que nos arrastra y por el crepúsculo que lo ahoga, que no nos lance, desde un recodo del camino o desde el fondo de una tienda, las flechas de la Belleza; esa Belleza que sería cosa de preguntarse si en este mundo consiste en algo más que en la parte de complemento que nuestra imaginación, sobreexcitada por la pena, añade a una mujer que pasa, fragmentaria y fugitiva.
Si j′avais pu descendre parler à la fille que nous croisions, peut-être eussé-je été désillusionné par quelque défaut de sa peau que de la voiture je n′avais pas distingué? (Et alors, tout effort pour pénétrer dans sa vie m′eût semblé soudain impossible. Car la beauté est une suite d′hypothèses que rétrécit la laideur en barrant la route que nous voyions déjà s′ouvrir sur l′inconnu.) Peut-être un seul mot qu′elle eût dit, un sourire, m′eussent fourni une clef, un chiffre inattendus, pour lire l′expression de sa figure et de sa démarche, qui seraient aussitôt devenues banales. C′est possible, car je n′ai jamais rencontré dans la vie de filles aussi désirables que les jours où j′étais avec quelque grave personne que malgré les mille prétextes que j′inventais je ne pouvais quitter: quelques années après celle où j′allai pour la première fois à Balbec, faisant à Paris une course en voiture avec un ami de mon père et ayant aperçu une femme qui marchait vite dans la nuit, je pensai qu′il était déraisonnable de perdre pour une raison de convenances, ma part de bonheur dans la seule vie qu′il y ait sans doute, et sautant à terre sans m′excuser, je me mis à la recherche de l′inconnue, la perdis au carrefour de deux rues, la retrouvai dans une troisième, et me trouvai enfin, tout essoufflé, sous un réverbère, en face de la vieille Mme Verdurin que j′évitais partout et qui heureuse et surprise s′écria: Si yo hubiera podido bajar del carruaje y hablar con la muchacha que pasaba, quizá me habría desilusionado cualquier imperfección de su cutis, que desde el coche no se podía ver. (Y, entonces, de pronto, todo esfuerzo para penetrar en su vida habríaseme representado cosa imposible. Porque la belleza no es más que una serie de hipótesis y la fealdad la reduce interponiéndose en aquel camino que veíamos ya abrirse hacia lo desconocido.) Quizá una sola palabra suya, una sonrisa, me habrían dado una clave o cifra inesperada para comprender la expresión de su rostro o de su porte, que inmediatamente me parecerían ya superficiales. Es muy posible, porque en mi vida me he encontrado con muchachas tan deliciosas como esos días en que estaba yo con una persona muy seria, de la que no podía separarme a pesar de los mil pretextos que inventaba; algunos años después de mi primer viaje a Balbec, en París, iba yo en coche con un amigo de mi padre, cuando vi una mujer andando muy de prisa en la obscuridad de la noche; se me ocurrió que era disparatado el perder por un motivo de cortesía mi parte de felicidad en la única vida que hay indudablemente; me apeé sin excusa alguna y me eché en busca de la desconocida; se me perdió en los cruces de las calles, di con ella en un tercero, y por fin, todo sin aliento, me vi cara a cara con la vieja señora de Verdurin, de la cual iba yo siempre huyendo, y que me dijo, muy contenta y extrañada:
«Oh! comme c′est aimable d′avoir couru pour me dire bonjour.» “¡Qué amabilidad tan grande haber corrido para venir a saludarme!"
Cette année-là, à Balbec, au moment de ces rencontres, j′assurais à ma grand′mère, à Mme de Villeparisis qu′à cause d′un grand mal de tête, il valait mieux que je rentrasse seul à pied. Elles refusaient de me laisser descendre. Et j′ajoutais la belle fille (bien plus difficile à retrouver que ne l′est un monument, car elle était anonyme et mobile) à la collection de toutes celles que je me promettais de voir de près. Une pourtant se trouva repasser sous mes yeux, dans des conditions telles que je crus que je pourrais la connaître comme je voudrais. C′était une laitière qui vint d′une ferme apporter un supplément de crème à l′hôtel. Je pensai qu′elle m′avait aussi reconnu et elle me regardait, en effet, avec une attention qui n′était peut-être causée que par l′étonnement que lui causait la mienne. Or le lendemain, jour où je m′étais reposé toute la matinée quand Françoise vint ouvrir les rideaux vers midi, elle me remit une lettre qui avait été déposée pour moi à l′hôtel. Je ne connaissais personne à Balbec. Je ne doutai pas que la lettre ne fût de la laitière. Hélas, elle n′était que de Bergotte qui, de passage, avait essayé de me voir, mais ayant su que je dormais m′avait laissé un mot charmant pour lequel le liftman avait fait une enveloppe que j′avais cru écrite par la laitière. J′étais affreusement déçu, et l′idée qu′il était plus difficile et plus flatteur d′avoir une lettre de Bergotte, ne me consolait en rien qu′elle ne fût pas de la laitière. Cette fille-là même, je ne la retrouvai pas plus que celles que j′apercevais seulement de la voiture de Mme de Villeparisis. La vue et la perte de toutes accroissaient l′état d′agitation où je vivais et je trouvais quelque sagesse aux philosophes qui nous recommandent de borner nos désirs (si toutefois ils veulent parler du désir des êtres, car c′est le seul qui puisse laisser de l′anxiété, s′appliquant à de l′inconnu conscient. Supposer que la philosophie veut parler du désir des richesses serait trop absurde). Pourtant j′étais disposé à juger cette sagesse incomplète, car je me disais que ces rencontres me faisaient trouver encore plus beau un monde qui fait ainsi croître sur toutes les routes campagnardes des fleurs à la fois singulières et communes, trésors fugitifs de la journée, aubaines de la promenade, dont les circonstances contingentes qui ne se reproduiraient peut-être pas toujours m′avaient seules empêché de profiter, et qui donnent un goût nouveau à la vie. Aquel año, en Balbec, siempre que tenía alguno de esos encuentros, aseguraba a mi abuela y a su amiga que mejor sería que me volviese a pie yo solo. Pero no querían dejarme bajar. Y entonces añadía esa guapa moza (mucho más difícil de volver a encontrar que un monumento, porque era anónima y móvil), a la colección de todas aquellas otras muchachas que me tenía yo prometido ver algún día de cerca. Sin embargo, hubo una que pasó varias veces por delante de mí, y en tales circunstancias, se me figuró que podría conocerla como yo quisiese. Era una lechera que iba de una casa de labor a llevar al hotel la nata que se necesitaba. Me creí que me había conocido, y, en efecto, me miraba con una atención motivada probablemente por el asombro que le causaba la atención mía. Al otro día me estuve toda la mañana descansando, y cuando a las doce entró Francisca a descorrer las cortinas me entregó una carta que habían dejado para mí en el hotel. No conocía yo a nadie en Balbec. Y no dudé un instante que aquella carta era de la moza de la leche. Pero, por desgracia, no había nada de eso: Bergotte, de paso en Balbec, estuvo a visitarme, y al enterarse de que estaba descansando me dejó unas líneas muy amables; y el liftman puso en el sobre la dirección aquella que yo me figuré escrita por la lechera. Tuve una gran decepción, y la idea de que era cosa mucho más difícil y halagüeña tener una carta de Bergotte en nada me consoló de que no fuese de la lechera. Y ocurrió que a aquella muchacha no volví a verla más, como me sucedía con las otras que veía tan sólo yendo en coche. Y el ver a tanta moza y el perderlas a todas aumentaba el estado de agitación en que vivía; así, que llegué a juzgar muy sabios a esos filósofos que nos recomiendan que limitemos nuestros deseos (siempre que quieran hablar del deseo que nos inspiran las personas, porque ése es el único que, por aplicarse a lo desconocido consciente, puede causarnos ansiedad. Sería completamente absurdo suponer que la filosofía se refiera al deseo de las riquezas). Pero no me parecía del todo perfecto ese género de sabiduría, porque, al fin y al cabo, por esos encuentros se me aparecía más hermoso un mundo que deja crecer así en todos los caminos del campo unas flores tan vulgares y a la par tan raras, tesoros fugitivos del día, regalos del paseo, que dan sabor nuevo a la vida y que sólo por circunstancias contingentes que tal vez no se volvieran a repetir, no podía yo gozar ahora.
Mais peut-être, en espérant qu′un jour, plus libre, je pourrais trouver sur d′autres routes de semblables filles, je commençais déjà à fausser ce qu′a d′exclusivement individuel le désir de vivre auprès d′une femme qu′on a trouvé jolie, et du seul fait que j′admettais la possibilité de le faire naître artificiellement, j′en avais implicitement reconnu l′illusion. Pero quizá al esperar que algún día, con más libertad, pudiese yo encontrarme en otros caminos con muchachas de esas no hacía yo otra cosa sino empezar a falsear ese elemento, exclusivamente individual, que tiene el deseo de vivir junto a una mujer que nos pareció bonita; y por el mero hecho de admitir la posibilidad de que naciera artificialmente reconocía yo implícitamente su cualidad de ilusión.
Le jour que Mme de Villeparisis nous mena à Carqueville où était cette église couverte de lierre dont elle avait parlé et qui, bâtie sur un tertre, domine le village, la rivière qui le traverse et qui a conservé son petit pont du moyen âge, ma grand′mère, pensant que je serais content d′être seul pour regarder le monument, proposa à mon amie d′aller goûter chez le pâtissier, sur la place qu′on apercevait distinctement et qui sous sa patine dorée était comme une autre partie d′un objet tout entier ancien. Il fut convenu que j′irais les y retrouver. Dans le bloc de verdure devant lequel on me laissa, il fallait pour reconnaître une église faire un effort qui me fît serrer de plus près l′idée d′église; en effet, comme il arrive aux élèves qui saisissent plus complètement le sens d′une phrase quand on les oblige par la version ou par le thème à la dévêtir des formes auxquelles ils sont accoutumés, cette idée d′église dont je n′avais guère besoin d′habitude devant des clochers qui se faisaient reconnaître d′eux-mêmes, j′étais obligé d′y faire perpétuellement appel pour ne pas oublier, ici que le cintre de cette touffe de lierre était celui d′une verrière ogivale, là, que la saillie des feuilles était due au relief d′un chapiteau. Mais alors un peu de vent soufflait, faisait frémir le porche mobile que parcouraient des remous propagés et tremblants comme une clarté; les feuilles déferlaient les unes contre les autres; et frisssonnante, la façade végétale entraînait avec elle les piliers onduleux, caressés et fuyants. Un día la señora de Villeparisis nos llevó a Carqueville, donde estaba esa iglesia toda cubierta de hiedra de que nos hablara, iglesia colocada en un otero y que domina al pueblo y al río con su puentecito de la Edad Media; mi abuela, figurándose que me agradaría quedarme yo solo para ver el monumento, propuso a su arraiga que fuesen a merendar a la pastelería, a aquella placita que se veía perfectamente desde allí, y que con su pátina dorada era como una parte de un objeto antiguo, distinta de las demás. Quedamos en que yo iría a buscarlas. Para reconocer una iglesia en aquel bloque de verdura que tenía delante me fué menester un esfuerzo que me puso más en contacto con la idea de iglesia; en efecto, lo mismo que esos estudiantes que cogen mejor el sentido de una frase cuando por medio de un ejercicio de versión o de tema los obligan a despojarla de las formas a que están acostumbrados, yo, que no solía necesitar esa idea de iglesia al verme delante de torres que se daban a conocer por sí mismas, ahora tenía que llamarla en mi auxilio constantemente con objeto de no olvidarme de que el arco que formaba aquella parte de la hiedra era el de una vidriera ojival y de que aquel saliente de las hojas se debía al relieve de un capitel. Pero entonces se movía un poco de viento, y hacía estremecerse a todo aquel pórtico, que se llenaba de ondulaciones temblorosas y sucesivas como oleadas de luz; las hojas se estrellaban unas contra otras, y la fachada vegetal, toda trémula, arrastraba acariciadoramente tras ella los pilares ondulantes y huidizos.
Comme je quittais l′église, je vis devant le vieux pont des filles du village qui sans doute parce que c′était un dimanche se tenaient attifées, interpellant les garçons qui passaient. Moins bien vêtue que les autres, mais semblant les dominer par quelque ascendant, — car elle répondait à peine à ce qu′elles lui disaient — l′air plus grave et plus volontaire, il y en avait une grande qui assise à demi sur le rebord du pont, laissant pendre ses jambes, avait devant elle un petit pot plein de poissons qu′elle venait probablement de pêcher. Elle avait un teint bruni, des yeux doux, mais un regard dédaigneux de ce qui l′entourait, un petit nez d′une forme fine et charmante. Mes regards se posaient sur sa peau et mes lèvres à la rigueur pouvaient croire qu′elles avaient suivi mes regards. Mais ce n′est pas seulement son corps que j′aurais voulu atteindre, c′était aussi la personne, qui vivait en lui et avec laquelle il n′est qu′une sorte d′attouchement, qui est d′attirer son attention, qu′une sorte de pénétration, y éveiller une idée. Al salir de la iglesia vi delante del puente viejo a unas muchachas del pueblo, que, sin duda, por ser domingo, estaban muy emperejiladas, diciendo cosas a los mozos que pasaban por allí. Había una peor trajeada que las otras, pero que, al parecer, tenía algún ascendiente sobre ellas –porque apenas si contestaba a lo que le decían–;alta, de aspecto más serio y voluntarioso, medio sentada en el resalto del puente, con las piernas colgando; tenía delante un cacharrito lleno de peces, acabados de pescar por ella probablemente. Era de tez morena y de ojos suaves, pero con la mirada desdeñosa para lo que tenía alrededor; la nariz, menuda, muy fina y deliciosa de forma. Posé la vista en su cara, y en rigor mis labios pudieron creerse que habían ido detrás de mi mirada. Pero no sólo quería yo llegar a su cuerpo, sino a la persona que vivía en él, esa persona con la que parece que entra uno en contacto cuando llama su atención, y en la que nos parece que penetramos cuando le sugerimos una idea.
Et cet être intérieur de la belle pêcheuse, semblait m′être clos encore, je doutais si j′y étais entré, même après que j′eus aperçu ma propre image se refléter furtivement dans le miroir de son regard, suivant un indice de réfraction qui m′était aussi inconnu que si je me fusse placé dans le champ visuel d′une biche. Mais de même qu′il ne m′eût pas suffi que mes lèvres prissent du plaisir sur les siennes mais leur en donnassent, de même j′aurais voulu que l′idée de moi qui entrerait en cet être, qui s′y accrocherait, n′amenât pas à moi seulement son attention, mais son admiration, son désir, et le forçât à garder mon souvenir jusqu′au jour où je pourrais le retrouver. Cependant, j′apercevais à quelques pas la place où devait m′attendre la voiture de Mme de Villeparisis. Je n′avais qu′un instant; et déjà je sentais que les filles commençaient à rire de me voir ainsi arrêté. J′avais cinq francs dans ma poche. Je les en sortis, et avant d′expliquer à la belle fille la commission dont je la chargeais, pour avoir plus de chance qu′elle m′écoutât, je tins un instant la pièce devant ses yeux: Y aunque vi que mi propia imagen se reflejaba furtivamente en el espejo de la mirada de la hermosa pescadora, según un índice de refracción para mí tan desconocido como si se hubiese colocado en el campo visual de una cierva, aun dudé yo si había ‘penetrado en el ser interior de la moza, si no me seguía tan cerrado como antes. Pero a mí no me habría bastado con que mis labios bebiesen el placer de los suyos, sino que también los míos habían de darle a ella ese placer; y del mismo modo deseaba yo que la idea de mí entrara en ese ser, que se prendiera a él, no sólo me ganara su atención, sino también su admiración y su deseo, que la obligara a conservar mi recuerdo hasta el día en que pudiese volver a encontrarla. Mientras tanto, estaba viendo a unos pasos de allí el sitio en donde me habría de esperar el coche de la señora de Villeparisis. No tenía a mi disposición más que un momento; además, veía que las muchachas empezaban ya a reírse de verme parado. Llevaba cinco francos en el bolsillo. Los saqué, y antes de explicar a la moza lo que le iba a encargar, para tener más probabilidades de que me hiciera caso, le enseñé la moneda
— Puisque vous avez l′air d′être du pays, dis-je à la pêcheuse, est-ce que vous auriez la bonté de faire une petite course pour moi? Il faudrait aller devant un pâtissier qui est paraît-il sur une place, mais je ne sais pas où c′est, et où une voiture m′attend. Attendez! . . . pour ne pas confondre vous demanderez si c′est la voiture de la marquise de Villeparisis. Du reste vous verrez bien, elle a deux chevaux. –¿Querría usted hacerme un favor –dije a la pescadora–, ya que parece que es usted del pueblo? Es llegarse a fina pastelería que dicen que está en una plaza yo no sé dónde; debe de haber allí un coche esperándome. Mire usted: para no confundirse, pregunta usted si es el coche de la marquesa de Villeparisis. Pero no hay duda, ya lo verá usted; es un coche de dos caballos.
C′était cela que je voulais qu′elle sût pour prendre une grande idée de moi. Mais quand j′eus prononcé les mots «marquise» et «deux chevaux», soudain j′éprouvai un grand apaisement. Je sentis que la pêcheuse se souviendrait de moi et se dissiper avec mon effroi de ne pouvoir la retrouver, une partie de mon désir de la retrouver. Il me semblait que je venais de toucher sa personne avec des lèvres invisibles et que je lui avais plu. Et cette prise de force de son esprit, cette possession immatérielle, lui avait ôté de son mystère autant que fait la possession physique. Esto es lo que yo quería que ella supiera, para que formase de mí muy buena idea. Pero en cuanto pronuncié las palabras “marquesa” y “dos caballos”, de pronto me sentí muy tranquilo. Vi que la pescadora se acordaría de mí, y vi que se disipaba con mi temor a no volverla a encontrar nunca una parte de mi deseo de volverla a encontrar. Me pareció que acababa de tocar su persona con labios invisibles y que yo le había gustado. Y este violento adueñarme de su espíritu, esa posesión inmaterial le hicieron perder tanto misterio como le habría quitado la posesión física.
Nous descendîmes sur Hudimesnil; tout d′un coup je fus rempli de ce bonheur profond que je n′avais pas souvent ressenti depuis Combray, un bonheur analogue à celui que m′avaient donné, entre autres, les clochers de Martinville. Mais cette fois il resta incomplet. Je venais d′apercevoir, en retrait de la route en dos d′âne que nous suivions, trois arbres qui devaient servir d′entrée à une allée couverte et formaient un dessin que je ne voyais pas pour la première fois, je ne pouvais arriver à reconnaître le lieu dont ils étaient comme détachés mais je sentais qu′il m′avait été familier autrefois; de sorte que mon esprit ayant trébuché entre quelque année lointaine et le moment présent, les environs de Balbec vacillèrent et je me demandai si toute cette promenade n′était pas une fiction, Balbec un endroit où je n′étais jamais allé que par l′imagination, Mme de Villeparisis un personnage de roman et les trois vieux arbres la réalité qu′on retrouve en levant les yeux de dessus le livre qu′on était en train de lire et qui vous décrivait un milieu dans lequel on avait fini par se croire effectivement transporté. Bajamos hacia Hudimesnil; de repente me– invadió esa profunda sensación de dicha que no había tenido desde los días de Combray; una dicha análoga a la que me infundieron, entre otras cosas, los campanarios de Martinville. Pero esta vez esa sensación quedó incompleta. Acababa de ver a un lado de] camino en la escarpa por donde íbamos tres árboles que debían de servir de entrada a un paseo cubierto; no era la primera vez que veía ye aquel dibujo que formaban los tres árboles, y aunque no pude encontrar en mi memoria el lugar de donde parecían haberse escapado, sin embargo, me di cuenta de que me había sido muy familiar en tiempos pasados; de suerte que como mi espíritu titubeó entre un año muy lejano y el momento presente, los alrededores de Balbec vacilaron también, y me entraron dudas de si aquel paseo no era una ficción, Balbec un sitio donde nunca estuve sino en imaginación, la señora de Villeparisis un personaje de novela, y los tres árboles añosos, la realidad esa con que se encuentra uno al alzar la vista del libro que se estaba leyendo y que nos describía un ambiente en el cual se nos figuró que nos hallábamos de verdad.
Je regardais les trois arbres, je les voyais bien, mais mon esprit sentait qu′ils recouvraient quelque chose sur quoi il n′avait pas prise, comme sur ces objets placés trop loin dont nos doigts allongés au bout de notre bras tendu, effleurent seulement par instant l′enveloppe sans arriver à rien saisir. Alors on se repose un moment pour jeter le bras en avant d′un élan plus fort et tâcher d′atteindre plus loin. Mais pour que mon esprit pût ainsi se rassembler, prendre son élan, il m′eût fallu être seul. Que j′aurais voulu pouvoir m′écarter comme je faisais dans les promenades du côté de Guermantes quand je m′isolais de mes parents. Il me semblait même que j′aurais dû le faire. Je reconnaissais ce genre de plaisir qui requiert, il est vrai, un certain travail de la pensée sur elle-même, mais à côté duquel les agréments de la nonchalance qui vous fait renoncer à lui, semblent bien médiocres. Ce plaisir, dont l′objet n′était que pressenti, que j′avais à créer moi-même, je ne l′éprouvais que de rares fois, mais à chacune d′elles il me semblait que les choses qui s′étaient passées dans l′intervalle n′avaient guère d′importance et qu′en m′attachant à la seule réalité je pourrais commencer enfin une vraie vie. Je mis un instant ma main devant mes yeux pour pouvoir les fermer sans que Mme de Villeparisis s′en aperçût. Je restai sans penser à rien, puis de ma pensée ramassée, ressaisie avec plus de force, je bondis plus avant dans la direction des arbres, ou plutôt dans cette direction intérieure au bout de laquelle je les voyais en moi-même. Je sentis de nouveau derrière eux le même objet connu mais vague et que je pus ramener à moi. Cependant tous trois au fur et à mesure que la voiture avançait, je les voyais s′approcher. Où les avais-je déjà regardés? Il n′y avait aucun lieu autour de Combray, où une allée s′ouvrit ainsi. Le site qu′ils me rappelaient il n′y avait pas de place pour lui davantage dans la campagne allemande où j′étais allé une année avec ma grand′mère prendre les eaux. Fallait-il croire qu′ils venaient d′années déjà si lointaines de ma vie que le paysage qui les entourait avait été entièrement aboli dans ma mémoire et que, comme ces pages qu′on est tout d′un coup ému de retrouver dans un ouvrage qu′on s′imaginait n′avoir jamais lu, ils surnageaient seuls du livre oublié de ma première enfance. N′appartenaient-ils au contraire qu′à ces paysages du rêve, toujours les mêmes, du moins pour moi chez qui leur aspect étrange n′était que l′objectivation dans mon sommeil de l′effort que je faisais pendant la veille soit pour atteindre le mystère dans un lieu derrière l′apparence duquel je pressentais, comme cela m′était arrivé si souvent du côté de Guermantes, soit pour essayer de le réintroduire dans un lieu que j′avais désiré connaître et qui du jour où je l′avais connu n′avait paru tout superficiel, comme Balbec? N′étaient-ils qu′une image toute nouvelle détachée d′un rêve de la nuit précédente mais déjà si effacée qu′elle me semblait venir de beaucoup plus loin? Ou bien ne les avais-je jamais vus et cachaient-ils derrière eux comme tels arbres, telle touffe d′herbes que j′avais vus du côté de Guermantes un sens aussi obscur, aussi difficile à saisir qu′un passé lointain de sorte que, sollicité par eux d′approfondir une pensée, je croyais avoir à reconnaître un souvenir. Ou encore ne cachaient-ils même pas de pensées et était-ce une fatigue de ma vision qui me les faisait voir doubles dans le temps comme on voit quelquefois double dans l′espace? Je ne savais. Cependant ils venaient vers moi; peut-être apparition mythique, ronde de sorcières ou de nornes qui me proposait ses oracles. Je crus plutôt que c′étaient des fantômes du passé, de chers compagnons de mon enfance, des amis disparus qui invoquaient nos communs souvenirs. Comme des ombres ils semblaient me demander de les emmener avec moi, de les rendre à la vie. Dans leur gesticulation naîµ¥ et passionnée, je reconnaissais le regret impuissant d′un être aimé qui a perdu l′usage de la parole, sent qu′il ne pourra nous dire ce qu′il veut et que nous ne savons pas deviner. Bientôt à un croisement de routes, la voiture les abandonna. Elle m′entraînait loin de ce que je croyais seul vrai, de ce qui m′eût rendu vraiment heureux, elle ressemblait à ma vie. Miré los tres árboles; los veía perfectamente, pero mi ánimo tenía la sensación de que ocultaban alguna cosa que no podía él aprehender; así ocurre con objetos colocados a distancia, que, aunque estiremos el brazo, nunca logramos más que acariciar su superficie con la punta de los dedos, sin poder cogerlos. Y entonces descansa uno un momento para alargar luego el brazo con más fuerza aún, a ver si llega más allá. Pero para que mi espíritu hubiese podido hacer lo mismo y tomar impulso habría sido menester que estuviera yo solo. ¡Cuánto me hubiese alegrado de poder aislarme un rato, como en los paseos por el lado de Guermantes, cuando me separaba de mis padres! Parecía como si algo me mandara hacerlo. Reconocía yo esa clase de placer, que requiere, es cierto, un determinado trabajo del pensamiento replegándose sobre sí mismo; pero esfuerzo muy grato comparado con esas mediocres satisfacciones del abandono y la renuncia. Tal placer, de cuyo objeto apenas si tenía un vago presentimiento y casi necesitaba crearlo yo mismo, lo sentía en muy raras ocasiones; pero cada vez que así ocurría que habían pasado hasta entonces se me figuraba que las cosas no tenían importancia y que haciéndome a su realidad me sería dable comenzar por fin la verdadera vida. Me puse la mano delante de los ojos para poder tenerlos cerrados sin que la señora de Villeparisis se diera cuenta Por un momento no pensé en nada, y luego, con el pensamiento concentrado, recogido con más fuerza, salté hacia adelante en dirección a aquellos tres árboles, o, mejor dicho, en aquella dilección interior en donde yo los veía dentro de mí mismo. Otra vez sentí tras ellos la existencia de un objeto conocido, pero vago, que no pude atraerme. Entretanto, el coche andaba y yo los veía acercarse. ¿En dónde los había visto ya? En los alrededores de Combray no había ningún paseo que empezara así. Tampoco cabía el lugar que me recordaban en aquel campo alemán donde fui un año a tomar aguas con la abuela. ¿Sería acaso que venían de unos años muy remotos de mi vida, borrado ya enteramente en mi memoria el paisaje que los rodeaba, y que, igual que esas páginas que se encuentra uno de pronto, todo emocionado, en un libro que creíamos no haber leído, eran lo único que sobrenadaba del libro de mi primera infancia? ¿Formaban parte, por el contrario, de esos paisajes de ilusión, siempre idénticos, al menos para mí, porque en mi caso el aspecto extraño de esos paisajes no era más que la objetivación en sueños del esfuerzo que hacía cuando despierto por llegar hasta el misterio que se escondía tras las apariencias de un lugar determinado donde yo lo presentía, o de ese otro esfuerzo para volver a introducir el misterio en un sitio que estuve deseando conocer mucho tiempo, y que me pareció superficial en cuanto logré verlo, como me pasó con Balbec? ¿Eran imagen recién desprendida de un sueño de la noche anterior, pero tan borrosa que me parecía venir de mucho más lejos? ¿O sería quizá que no los había visto nunca y que ocultaban tras su realidad una significación obscura, tan difícil de descubrir como un remoto pasado, y por ello al solicitarme para que profundizara en un pensamiento se me figuraba que reconocía un recuerdo? ¿O acaso no encerraban pensamiento alguno y el cansancio de mi vista era la causa de que se me representaran dobles en el tiempo, como a veces ve uno doble en el espacio? No lo sabía: Mientras tanto iban viniendo hacia mí; aparición mítica acaso, ronda de brujas o de normas que me proponían sus oráculos. Yo me creí más bien que eran fantasmas del pasado, buenos compañeros de mi infancia, amigos desaparecidos que invocaban nuestros comunes recuerdos. Y lo mismo que sombras, parecía como que me pedían que los llevara conmigo, que los devolviera a la vida. En sus ademanes sencillos y fogosos percibía yo la impotente pena de un ser amado que perdió el uso de la palabra y se da cuenta de que no podrá decirnos lo que quiere y de que nosotros no sabremos adivinarlo. En una encrucijada el coche los dejó atrás. El coche, que me arrastraba en dirección opuesta a lo único que yo consideraba como cierto, a lo que me hubiera hecho feliz de verdad, y se parecía en eso a mi vida.
Je vis les arbres s′éloigner en agitant leurs bras désespérés, semblant me dire: ce que tu n′apprends pas de nous aujourd′hui tu ne le sauras jamais. Si tu nous laisses retomber au fond de ce chemin d′où nous cherchions à nous hisser jusqu′à toi, toute une partie de toi-même que nous t′apportions tombera pour jamais au néant. En effet, si dans la suite je retrouvai le genre de plaisir et d′inquiétude que je venais de sentir encore une fois, et si un soir — trop tard, mais pour toujours — je m′attachai à lui, de ces arbres eux-mêmes en revanche je ne sus jamais ce qu′ils avaient voulu m′apporter ni où je les avais vus. Et quand la voiture ayant bifurqué, je leur tournai le dos et cessai de les voir, tandis que Mme de Villeparisis, me demandant pourquoi j′avais l′air rêveur, j′étais triste comme si je venais de perdre un ami, de mourir moi-même, de renier un mort ou de méconnaître un Dieu. Vi cómo se alejaban los árboles, agitando desesperadamente sus brazos, cual si me dijeran: “Lo que tú no aprendas hoy de nosotros nunca lo podrás saber. Si nos dejas caer otra vez en el camino ese desde cuyo fondo queríamos izarnos a tu altura, toda una parte de ti mismo que nosotros te llevábamos volverá por siempre a la nada”. Y, en efecto, aunque más adelante encontré otra vez esa clase de placer y de inquietud que acababa de sentir, y una noche me entregué a él –tarde, sí, pero para siempre–, ello es que nunca supe lo que querían traerme esos árboles ni dónde los había visto. Y cuando el cache cambió de dirección, les volví la espalda y dejé de verlos, mientras que la señora de Villeparisis me preguntaba por qué estaba tan preocupado; me sentía tan triste como si acabara de morírseme un amigo, de morirme yo mismo, de renegar a un muerto o a un Dios.
Il fallait songer au retour. Mme de Villeparisis qui avait un certain sens de la nature, plus froid que celui de ma grand′mère mais qui sait reconnaître même en dehors des musées et des demeures aristocratiques, la beauté simple et majestueuse de certaines choses anciennes, disait au cocher de prendre la vieille route de Balbec, peu fréquentée, mais plantée de vieux ormes qui nous semblaient admirables. Ya era hora de pensar en la vuelta. La señora de Villeparisis, que sentía la Naturaleza con más frialdad que mi abuela, pero con sentido para apreciar no sólo en los museos y en los palacios aristocráticos la belleza majestuosa y sencilla de ciertas cosas antiguas, decía al cochero que tomara por el camino viejo de Balbec, muy poco frecuentado, pero que tenía a los lados dos hileras de olmos que nos parecían admirables.
Une fois que nous connûmes cette vieille route, pour changer, nous revînmes, à moins que nous ne l′eussions prise à l′aller, par une autre qui traversait les bois de Chantereine et de Canteloup. L′invisibilité des innombrables oiseaux qui s′y répondaient tout à côté de nous dans les arbres donnait la même impression de repos qu′on a les yeux fermés. Enchaîné à mon strapontin comme Prométhée sur son rocher, j′écoutais mes Océanides. Et, quand par hasard, j′apercevais l′un de ces oiseaux qui passait d′une feuille sous une autre, il y avait si peu de lien apparent entre lui et ces chants que je ne croyais pas voir la cause de ceux-ci dans ce petit corps sautillant, étonné et sans regard. Cuando ya conocimos bien esa carretera antigua volvíamos, para variar, si es que a la ida no pasábamos por allí, por otro camino que cruzaba los bosques de Chantereine y Canteloup. La invisibilidad de los innumerables pájaros que se respondían de árbol a árbol por todos lados daba la misma impresión de descanso que cuando sé tienen los ojos cerrados. Encadenado a mi banqueta del coche como Prometeo a su roca, iba yo escuchando a aquellas mis Oceánidas. Y cuando veía por casualidad a alguno de los pájaros pasar por detrás de unas hojas, había tan poca relación aparente entre él y sus trinos, que yo me resistía a ver en ese cuerpecillo saltarín, asustado y ciego, la causa de los cantos.
Cette route était pareille à bien d′autres de ce genre qu′on rencontre en France, montant en pente assez raide, puis redescendant sur une grande longueur. Au moment même, je ne lui trouvais pas un grand charme, j′étais seulement content de rentrer. Mais elle devint pour moi dans la suite une cause de joies en restant dans ma mémoire comme une amorce où toutes les routes semblables sur lesquelles je passerais plus tard au cours d′une promenade ou d′un voyage s′embrancheraient aussitôt sans solution de continuité et pourraient grâce à elle, communiquer immédiatement avec mon cur. Car dès que la voiture ou l′automobile s′engagerait dans une de ces routes qui auraient l′air d′être la continuation de celle que j′avais parcourue avec Mme de Villeparisis, ce à quoi ma conscience actuelle se trouverait immédiatement appuyée comme à mon passé le plus récent, ce serait (toutes les années intermédiaires se trouvant abolies) les impressions que j′avais eues par ces fins d′après-midi-là, en promenade près de Balbec, quand les feuilles sentaient bon, que la brume s′élevait et qu′au delà du prochain village, on apercevrait entre les arbres le coucher du soleil comme s′il avait été quelque localité suivante, forestière, distante et qu′on n′atteindra pas le soir même. Raccordées à celles que j′éprouvais maintenant dans un autre pays, sur une route semblable, s′entourant de toutes les sensations accessoires de libre respiration, de curiosité, d′indolence, d′appétit, de gaieté, qui leur étaient communes, excluant toutes les autres, ces impressions se renforceraient, prendraient la consistance d′un type particulier de plaisir, et presque d′un cadre d′existence que j′avais d′ailleurs rarement l′occasion de retrouver, mais dans lequel le réveil des souvenirs mettait au milieu de la réalité matériellement perçue une part assez grande de réalité évoquée, songée, insaisissable, pour me donner, au milieu de ces régions où je passais, plus qu′un sentiment esthétique, un désir fugitif mais exalté, d′y vivre désormais pour toujours. Que de fois pour avoir simplement senti une odeur de feuillée, être assis sur un strapontin en face de Mme de Villeparisis, croiser la princesse de Luxembourg qui lui envoyait des bonjours de sa voiture, rentrer dîner au grand-hôtel, ne m′est-il pas apparu comme un de ces bonheurs ineffables que ni le présent ni l′avenir ne peuvent nous rendre et qu′on ne goûte qu′une fois dans la vie. Aquel camino era como tantos otros de esta clase que suelen encontrarse en Francia; subía una cuesta bastante pendiente, y luego iba descendiendo muy poco a poco, en un trecho muy largo. En aquellos momentos no me parecía muy seductor, me alegraba de volver a casa. Pero más tarde se me convirtió en fuente de alegrías porque se me quedó en la memoria como un recuerdo, en el que irían a empalmarse todos los caminos parecidos por donde yo había de pasar más adelante en paseos o viajes, sin solución de continuidad, y que, gracias a él, podía ponerse en comunicación con mi corazón. Porque en cuanto el coche o el automóvil se entrara por una de esas carreteras que semejase continuación de la que recorríamos con la señora de Villeparisis, mi conciencia actual encontraría para apoyarse como en su más reciente pasado (abolidos todos los años intermedios) las impresiones que sentía en aquellos atardeceres paseando por los alrededores de Balbec cuando las hojas olían tan bien e iba elevándose la bruma, cuando más allá del primer pueblecillo la puesta de sol entre los árboles era como otro pueblo más, forestal, distante, al que no podríamos llegar aquella misma tarde. Y esas impresiones, enlazadas con las que experimentaba ahora en otras tierras y caminos semejantes a aquéllos rodeadas de todas las sensaciones accesorias de respirar libremente, de curiosidad, de indolencia, de apetito y de alegría, a ellas inherentes, habían de reforzarse, habían de adquirir la consistencia de un tipo particular de placer, casi de un marco de vida con el que rara vez volvería a encontrarme. y en el cual el despertar de los recuerdos colocaba en medio de la realidad percibida efectivamente una gran parte de realidad evocada, soñada e inasequible, que me inspiraba en esas regiones por donde cruzaba algo más que un sentimiento estético: el deseo pasajero, pero exaltado, de vivir allí para siempre. Y muchas veces la fragancia de una enramada ha bastado para que se me apareciera eso de ir sentado en una carretela frente a la marquesa de Villeparisis, y cruzarnos con la princesa de Luxemburgo, que le decía adiós desde su coche, y volver a cenar en el Gran Hotel, como felicidad inefable que ni el presente ni el porvenir pueden traernos y que no se disfruta más que una vez en la vida.
Souvent le jour était tombé avant que nous fussions de retour. Timidement je citais à Mme de Villeparisis en lui montrant la lune dans le ciel, quelque belle expression de Chateaubriand ou de Vigny, ou de Victor Hugo: «Elle répandait ce vieux secret de mélancolie» ou «pleurant comme Diane au bord de ses fontaines» ou «L′ombre était nuptiale, auguste et solennelle.» Muchas veces se hacía de noche antes de que estuviéramos de vuelta en Balbec. Yo, con mucha timidez, señalando a la lana, citaba a la señora de Villeparisis alguna frase bonita de Chateaubriand, de Vigny d de Hugo: “Difundía el viejo secreto de su melancolía”, o “Llorando cual Diana junto a sus fuentes”, o “La sombra era nupcial, augusta y solemne”.
— «Et vous trouvez cela beau? me demandait-elle, génial comme vous dites. Je vous dirai que je suis toujours étonnée de voir qu′on prend maintenant au sérieux des choses que les amis de ces messieurs, tout en rendant pleine justice à leurs qualités, étaient les premiers à plaisanter. On ne prodiguait pas le nom de génie comme aujourd′hui, où si vous dites à un écrivain qu′il n′a que du talent il prend cela pour une injure. Vous me citez une grande phrase de M. de Châteaubriand sur le clair de lune. Vous allez voir que j′ai mes raisons pour y être réfractaire. M. de Chateaubriand venait bien souvent chez mon père. Il était du reste agréable quand on était seul parce qu′alors il était simple et amusant, mais dès qu′il y avait du monde, il se mettait à poser et devenait ridicule; devant mon père, il prétendait avoir jeté sa démission à la face du roi et dirigé le conclave, oubliant que mon père avait été chargé par lui de supplier le roi de le reprendre; et l′avait entendu faire sur l′élection du pape les pronostics les plus insensés. Il fallait entendre sur ce fameux conclave M. de Blacas, qui était un autre homme que M. de Chateaubriand. Quant aux phrases de celui-ci sur le clair de lune elles étaient tout simplement devenues une charge à la maison. Chaque fois qu′il faisait clair de lune autour du château, s′il y avait quelque invité nouveau, on lui conseillait d′emmener M. de Chateaubriand prendre l′air après le dîner. Quand ils revenaient, mon père ne manquait pas de prendre à part l′invité: «M. de Chateaubriand a été bien éloquent?» — Oh! oui.» — Il vous a parlé du clair de lune.» — «Oui, comment savez-vous?» — «Attendez, ne vous a-t-il pas dit», et il lui citait la phrase. — «Oui, mais par quel mystère.» — «Et il vous a parlé même du clair de lune dans la campagne romaine.» — «Mais vous êtes sorcier.» Mon père n′était pas sorcier, mais M. de Chateaubriand se contentait de servir toujours un même morceau tout préparé. –¿Y eso le parece a usted bonito? –me preguntaba la marquesa–, ¿es decir, genial, según usted? Le diré a usted que a mi me asombra ver cómo se toman ahora en serio las cosas que los amigos de esos caballeros, aun haciendo plena justicia a sus méritos, eran los primeros en echar a broma. Entonces no se prodigaba el calificativo de genio como hoy, porque si ahora le dice usted a un escritor que no tiene más que talento, lo toma como una injuria. Me ha citado usted una gran frase del señor de Chateaubriand sobre la luz de la luna. Pues va usted a ver cómo ten– mis motivos para ser refractaria a su belleza. El señor de Chateaubriand iba mucho a casa de mi padre. Era simpático cuando no había gente, porque entonces se mostraba muy sencillo y entretenido; pero en cuanto había público comenzaba a darse tono y se ponía ridículo; sostenía delante de mi padre que le había tirado al rey a la cara su dimisión, y que había dirigido el cónclave, sin acordarse de que a mi propio padre le había encargado que suplicara al rey que lo volviese a aceptar y que había hecho pronósticos disparatados respecto a la elección del Papa. ¡Había que oír hablar de ese conclave al señor de Blacas que era otra clase de persona que el señor de Chateaubriand! Y las frases esas de la luna llenaron a ser en casa una institución gravosa. Siempre que había luna y hacía claro por los alrededores del castillo, si teníamos un invitado nuevo se le aconsejaba que se llevara al señor de Chateaubriand a dar una vuelta después de cenar. Y cuando volvían, a mi padre nunca se le olvidaba llevar aparte al invitado para decirle: “¿Qué, ha estado muy elocuente el señor de Chateaubriand?” “Sí, sí.” “¿Conque le ha hablado a usted de la luz de la luna?” “¿Y cómo lo sabe usted?” “A que le ha dicho a usted” (y mi padre citaba la frase). “Es verdad; pero, ¿cómo se las arregla usted para...?” “Y también le habrá hablado a usted de la luna en la campiña romana.” “¡Pero tiene usted poder de adivinación!” Mi padre no tenia tal facultad: era que el señor de Chateaubriand se contentaba con colocar siempre el mismo trocito, ya preparado.
Au nom de Vigny elle se mit à rire. Al oír el nombre de Vigny se echó a reír.
— Celui qui disait: «Je suis le comte Alfred de Vigny.» On est comte ou on n′est pas comte, ça n′a aucune espèce d′importance. –¡Ah, sí! Ese decía siempre: “Soy el conde Alfredo de Vigny”. Se puede ser conde o no, eso no tiene importancia.
Et peut-être trouvait-elle que cela en avait tout de même un peu, car elle ajoutait: Pero, sin embargo, debía de parecerle que alguna tenía, porque añadía luego:
— D′abord je ne suis pas sûre qu′il le fût, et il était en tout cas de très petite souche, ce monsieur qui a parlé dans ses vers de son «cimier de gentilhomme». Comme c′est de bon goût et comme c′est intéressant pour le lecteur! Comme c′est Musset, simple bourgeois de Paris, qui disait emphatiquement: «L′épervier d′or dont mon casque est armé.» Jamais un vrai grand seigneur ne dit de ces choses-là. Au moins Musset avait du talent comme poète. Mais à part Cinq-Mars je n′ai jamais rien pu lire de M. de Vigny, l′ennui me fait tomber le livre des mains. M. Molé, qui avait autant d′esprit et de tact que M. de Vigny en avait peu, l′a arrangé de belle façon en le recevant à l′Académie. Comment, vous ne connaissez pas son discours? C′est un chef-d′uvre de malice et d′impertinence.» Elle reprochait à Balzac qu′elle s′étonnait de voir admiré par ses neveux, d′avoir prétendu peindre une société «où il n′était pas reçu», et dont il a raconté mille invraisemblances. Quant à Victor Hugo, elle nous disait que M. de Bouillon, son père, qui avait des camarades dans la jeunesse romantique, était entré grâce à eux à la première d′Hernani mais qu′il n′avait pu rester jusqu′au bout, tant il avait trouvé ridicule, les vers de cet écrivain doué mais exagéré et qui n′a reçu le titre de grand poète qu′en vertu d′un marché fait, et comme récompense de l′indulgence intéressée qu′il a professée pour les dangereuses divagations des socialistes. –En primer término, no estoy segura de que lo fuese; y en todo caso no era de gran rama –el señor ese, que ha hablado en sus versos de su “cimera de noble”. ¡Qué interesante es eso para el lector, y de qué buen gusto! Es lo mismo que Musset, un sencillo burgués de París, que decía enfáticamente: “El gavilán de oro que adorna mi casco”. Un gran señor de verdad no dice nunca esas cosas. Pero por lo menos Musset tenía talento como poeta. Lo que es del otro, del señor de Vigny, nunca pude leer nada más que el Cincq Mars; sus otros libros se me caen de las manos. El señor de Molé, que tenía todo el ingenio y el tacto que le faltaba al señor de Vigny, lo arregló muy bien cuando entró en la Academia. ¿Cómo no conoce usted el discurso? Es una obra maestra de impertinencia y de malicia. Censuraba a Balzac, asombrándose de que admiraran sus sobrinos la pretensión de pintar una clase de la sociedad “donde no lo recibían” y de la que contó mil cosas inverosímiles. En cuanto a Víctor Hugo, nos decía que su padre, el señor de Bouillon, que tenía muchos amigos entre los jóvenes románticos, entró gracias a ellos al estreno de Hernani, pero no pudo aguantar hasta el final por lo ridículos que le parecieron los versos de ese escritor, que tenía talento, sí, pero tan exagerado, que si ha recibido el título de gran poeta es en virtud de un contrato ajustado, como recompensa a la interesada indulgencia que tuvo con las peligrosas divagaciones de los socialistas.
Nous apercevions déjà l′hôtel, ses lumières si hostiles le premier soir, à l′arrivée, maintenant protectrices et douces, annonciatrices du foyer. Et quand la voiture arrivait près de la porte, le concierge, les grooms, le lift, empressés, na, vaguement inquiets, de notre retard, massés sur les degrés à nous attendre, étaient devenus familiers, de ces êtres qui changent tant de fois au cours de notre vie, comme nous changeons nous-mêmes, mais dans lesquels au moment où ils sont pour un temps le miroir de nos habitudes, nous trouvons de la douceur à nous sentir fidèlement et amicalement reflétés. Nous les préférons à des amis que nous n′avons pas vus depuis longtemps, car ils contiennent davantage de ce que nous sommes actuellement. Seul «le chasseur» exposé au soleil dans la journée avait été rentré pour ne pas supporter la rigueur du soir, et emmailloté de lainages, lesquels joints à l′éplorement orangé de sa chevelure, et à la fleur curieusement rose de ses joues, faisaient au milieu du hall vitré, penser à une plante de serre qu′on protège contre le froid. Nous descendions de voiture, aidés par beaucoup plus de serviteurs qu′il n′était nécessaire, mais ils sentaient l′importance de la scène et se croyaient obligés d′y jouer un rôle. J′étais affamé. Aussi souvent pour ne pas retarder le moment de dîner, je ne remontais pas dans la chambre qui avait fini par devenir si réellement mienne que revoir les grands rideaux violets et les bibliothèques basses, c′était me retrouver seul avec ce moi-même dont les choses, comme les gens, m′offraient l′image, et nous attendions tous ensemble dans le hall que le maître d′hôtel vînt nous dire que nous étions servis. C′était encore l′occasion pour nous d′écouter Mme de Villeparisis. Ya veíamos el hotel y sus luces, tan hostiles la primera noche, la de la llegada, y ahora gratas y protectoras, anunciadoras del hogar. Y cuando el coche llegaba a la puerta, el portero, los grooms, el lift, solícitos, ingenuos, un poco inquietos por nuestra tardanza, allí apiñados en la escalinata, esperándonos, eran ya, convertidos en cosa familiar, seres de esos que cambian muchas veces en el curso de nuestra vida, conforme cambiamos nosotros, pero en los cuales nos encontramos con placer, fielmente, amistosamente, reflejados mientras que dure ese espacio de tiempo en que son espejo de nuestras costumbres. Y los preferimos a amigos que llevamos sin ver mucho tiempo, porque contienen en mayor proporción que ellos algo de lo que nosotros somos actualmente. Unicamente el botones, que estuvo todo el día aguantando el sol, había entrado, por miedo al fresco de la noche, y puesto allí en medio del hall de cristales, todo cubierto de lana, con su cabellera amarilla y la coriácea flor color rosa de su cara, traía sal ánimo el recuerdo de una planta de estufa protegida contra el rigor del frío. Bajábamos del coche ayudados por un número de criados mucho mayor del que en realidad hacía falta, pero era porque todos se daban cuenta de la importancia de la escena y deseaban representar algún papel en ella. Yo sentía un hambre atroz. Así que muchas veces, para no retrasar la cena, no subía a mi cuarto (el cual acabó ya por convertirse en mío de verdad, y ahora, al ver los cortinones de color violeta y las estanterías bajas, me encontraba a solas con ese yo nuestro que se reflejaba por fin en las cosas como en las personas de allí) y esperábamos los tres en él hall a que el maestresala viniese a decirnos que ya estábamos servidos. Era para –nosotros una ocasión más de oír a la señora de Villeparisis.
— Nous abusons de vous, disait ma grand′mère. –Estamos abusando de usted –decía mi abuela.
— Mais comment, je suis ravie, cela m′enchante, répondait son amie avec un sourire câlin, en filant les sons, sur un ton mélodieux, qui contrastait avec sa simplicité coutumière. –Nada de eso, estoy encantada, me gusta mucho –respondía su amiga con zalamera sonrisa, afinando la voz y en melodioso tono, que hacía contraste con su sencillez acostumbrada.
C′est qu′en effet dans ces moments-là elle n′était pas naturelle, elle se souvenait de son éducation, des façons aristocratiques avec lesquelles une grande dame doit montrer à des bourgeois qu′elle est heureuse de se trouver avec eux, qu′elle est sans morgue. Et le seul manque de véritable politesse qu′il y eût en elle était dans l′excès de ses politesses; car on y reconnaissait ce pli professionnel d′une dame du faubourg Saint-Germain, laquelle voyant toujours dans certains bourgeois, les mécontents qu′elle est destinée à faire certains jours, profite avidement de toutes les occasions où il lui est possible, dans le livre de compte de son amabilité avec eux, de prendre l′avance d′un solde créditeur, qui lui permettra prochainement d′inscrire à son débit, le dîner ou le raout où elle ne les invitera pas. Ainsi, ayant agi jadis sur elle une fois pour toutes, et ignorant que maintenant les circonstances étaient autres, les personnes différentes et qu′à Paris elle souhaiterait de nous voir chez elles souvent, le génie de sa caste poussait avec une ardeur fiévreuse Mme de Villeparisis comme si le temps qui lui était concédé pour être aimable était court, à multiplier avec nous, pendant que nous étions à Balbec, les envois de roses et de melons, les prêts de livres, les promenades en voiture et les effusions verbales. Et par là, — tout autant que la splendeur aveuglante de la plage, que le flamboiement multicolore et les lueurs sous-océaniques des chambres, tout autant même que les leçons d′équitation par lesquelles des fils de commerçants étaient déifiés comme Alexandre de Macédoine — les amabilités quotidiennes de Mme de Villeparisis et aussi la facilité momentanée, estivale, avec laquelle ma grand′mère les acceptait, sont restées dans mon souvenir comme caractéristiques de la vie de bains de mer. Y es que, en efecto, en esos instantes no era natural; se acordaba de su educación, de los modales aristocráticos con que una gran señora debe mostrar a la gente de clase media de que se alegra de estar un rato con ellos y que no es orgullosa. Y la única falta de verdadera cortesía que en ella se podía observar era precisamente su exceso de cortesía; porque en eso se transparentaba ese hábito profesional de la dama del barrio de Saint–Germain que sabe que a esos amigos suyos de la burguesía tendrá que dejarlos descontentos alguna vez, y aprovecha ávidamente todas las ocasiones en que le es posible inscribir en su libro de cuentas con ellos un anticipo de crédito que poco más tarde compense en el debe el hecho de no haberlos invitado a una reunión o a una comida. El genio de su casta social había moldeado antaño a la marquesa de un modo definitivo, y no sabía que las circunstancias eran ahora muy distintas y las personas muy otras, y que en París podría permitirse el gusto de vernos a menudo en su casa; de modo que ese genio de raza la′ impulsaba con febril ardor, como si el tiempo que se le concedía para ser amable fuera ya muy poco, a multiplicar con nosotros mientras estábamos en Balbec los regalos de rosas y de melones, los libros prestados, los paseos en coche y las efusiones verbales. Y de ahí que –al igual del esplendor deslumbrante de la playa, que el llamear multicolor y los reflejos suboceánicos de los cuartos del hotel, y que las lecciones de equitación con que unos hijos de comerciante eran, deificados cual Alejandro de Macedonia, se me hayan quedado en la memoria como características de la vida de playa las amabilidades diarias de la señora de Villeparisis y también la facilidad momentánea, estival, con que las aceptaba mi abuela.
— Donnez donc vos manteaux pour qu′on les remonte. –Dé usted los abrigos para que se los suban.
Ma grand′mère les passait au directeur, et à cause de ses gentillesses pour moi, j′étais désolé de ce manque d′égards dont il paraissait souffrir. Mi abuela se los daba al director, y yo, como estaba agradecido a él por sus atenciones conmigo, me desesperaba ante esa falta de consideración de mi abuela, que molestaba al director.
— Je crois que ce monsieur est froissé, disait la marquise. Il se croit probablement trop grand seigneur pour prendre vos châles. Je me rappelle le duc de Nemours quand j′étais encore bien petite entrant chez mon père qui habitait le dernier étage de l′hôtel Bouillon, avec un gros paquet sous le bras, des lettres et des journaux. Je crois voir le prince dans son habit bleu sous l′encadrement de notre porte qui avait de jolies boiseries, je crois que c′est Bagard qui faisait cela, vous savez ces fines baguettes si souples que l′ébéniste parfois leur faisait former des petites coques, et des fleurs, comme des rubans qui nouent un bouquet. «Tenez, Cyrus, dit-il à mon père, voilà ce que votre concierge m′a donné pour vous. Il m′a dit: «Puisque vous allez chez M. le comte, ce n′est pas la peine que je monte les étages, mais prenez garde de ne pas gâter la ficelle.» Maintenant que vous avez donné vos affaires, asseyez-vous, tenez, mettez-vous là, disait-elle à ma grand′mère en lui prenant la main. –Me parece que ese señor se ha molestado –decía la marquesa–. Probablemente es que se considera demasiado aristócrata para coger sus abrigos. Me acuerdo aún, era yo muy pequeñita, de cuando el duque de Némours entraba en casa de mi padre, que ocupaba el último piso del palacio Bouillon, con un gran paquete de cartas y periódicos debajo del brazo. Todavía me parece que veo al príncipe con su frac azul allí en la puerta (que por cierto tenía unos adornos muy bonitos en madera; creo que era Bagard quien hacia eso, esas molduritas tan finas, que el ebanista les daba forma de capullos y flores como los nudos que se hacen con la cinta para atar un ramo). “Tenga usted, Ciro –decía a mi padre–; esto me ha dado el portero para usted. Me ha dicho “Ya que va usted a casa del señor conde, no vale la pena de que suba Yo dos pisos más; pero tenga usted cuidado de no deshacer el nudo.” Bueno, ahora que ya se desembarazó usted de tos abrigos, siéntese usted aquí –decía a mi abuela cogiéndola de la mano.
— Oh! si cela vous est égal, pas dans ce fauteuil! Il est trop petit pour deux, mais trop grand pour moi seule, j′y serais mal. –No, en ese sillón, no, si le es a usted lo mismo. Es pequeño para dos, pero para mí sola es muy grande; no estaré a gusto.
— Vous me faites penser, car c′était tout à fait le même, à un fauteuil que j′ai eu longtemps mais que j′ai fini par ne pas pouvoir garder parce qu′il avait été donné à ma mère par la malheureuse duchesse de Praslin. Ma mère qui était pourtant la personne la plus simple du monde, mais qui avait encore des idées qui viennent d′un autre temps et que déjà je ne comprenais pas très bien, n′avait pas voulu d′abord se laisser présenter à Mme de Praslin qui n′était que Mlle Sebastiani, tandis que celle-ci, parce qu′elle était duchesse, trouvait que ce n′était pas à elle à se faire présenter. Et par le fait, ajoutait Mme de Villeparisis oubliant qu′elle ne comprenait pas ce genre de nuances, n′eût-elle été que Mme de Choiseul que sa prétention aurait pu se soutenir. Les Choiseul sont tout ce qu′il y a de plus grand, ils sortent d′une sur du roi Louis-le-Gros, ils étaient de vrais souverains en Basigny. J′admets que nous l′emportons par les alliances et l′illustration, mais l′ancienneté est presque la même. Il était résulté de cette question de préséance des incidents comiques, comme un déjeuner qui fut servi en retard de plus d′une grande heure que mit l′une de ces dames à accepter de se laisser présenter. Elles étaient malgré cela devenues de grandes amies et elle avait donné à ma mère un fauteuil du genre de celui-ci et où, comme vous venez de faire, chacun refusait de s′asseoir. Un jour ma mère entend une voiture dans la cour de son hôtel. Elle demande à un petit domestique qui c′est. «C′est Madame la duchesse de La Rochefoucauld, madame la comtesse.» — «Ah! bien, je la recevrai.» Au bout d′un quart d′heure, personne. «Hé bien, Madame la duchesse de La Rochefoucauld? où est-elle donc?» — «Elle est dans l′escalier, à souffle, madame la comtesse», répond le petit domestique qui arrivait depuis peu de la campagne où ma mère avait la bonne habitude de les prendre. Elle les avait souvent vu naître. C′est comme cela qu′on a chez soi de braves gens. Et c′est le premier des luxes. En effet, la duchesse de La Rochefoucauld montait difficilement, étant énorme, si énorme, que quand elle entra ma mère eut un instant d′inquiétude en se demandant où elle pourrait la placer. A ce moment le meuble donné par Mme de Praslin frappa ses yeux: «Prenez donc la peine de vous asseoir, dit ma mère en le lui avançant.» Et la duchesse le remplit jusqu′aux bords. Elle était, malgré cette importance, restée assez agréable. «Elle fait encore un certain effet quand elle entre», disait un de nos amis. «Elle en fait surtout quand elle sort», répondit ma mère qui avait le mot plus leste qu′il ne serait de mise aujourd′hui. Chez Mme de La Rochefoucauld même, on ne se gênait pas pour plaisanter devant elle qui en riait la première, ses amples proportions. «Mais est-ce que vous êtes seul?» demanda un jour à M. de La Rochefoucauld ma mère qui venait faire visite à la duchesse et qui, reçue à l′entrée par le mari, n′avait pas aperçu sa femme qui était dans une baie du fond. «Est-ce que Madame de La Rochefoucauld n′est pas là? je ne la vois pas.» — «Comme vous êtes aimable!» répondit le duc qui avait un des jugements les plus faux que j′aie jamais connus mais ne manquait pas d′un certain esprit. –Me recuerda usted, porque era exactamente igual que éste, un sillón que tuve mucho tiempo, pero que al cabo no pude conservar, porque se lo había regalado a mi madre la duquesa de Praslin. Mi madre, a pesar de ser la persona más sencilla del mundo, como tenía ideas de esas de otros tiempos y que a mí ya entonces no me entraban bien en la cabeza, no quiso a lo primero dejarse presentar a la duquesa de Praslin, que era una simple señorita Sebastiani, y ésta, por su parte, como era duquesa, se creía que ella no debía ser la que buscara la presentación. Y en realidad –añadía la señora de Villeparisis, olvidándose de que ella no distinguía ese género de matices– esa pretensión era insostenible como no hubiese sido una Choiseul. Los Choiseul son una casa de primera, proceden de una hermana del rey Luis el Gordo, eran soberanos de verdad en Basigny. Comprendo que nosotros le llevamos ventaja por nuestros enlaces y por el brillo, pero la antigüedad de las familias es poco más o menos la misma. Hubo incidentes cómicos por esta cuestión de precedencia, como un almuerzo que hubo que servir con un retraso de más de una hora, que fué todo el tiempo que se necesitó para convencer a una de esas señoras de que se dejara presentar. Pues a pesar de todo eso se hicieron muy amigas, y la duquesa regaló a mi madre un sillón como ése, en el que nadie se quería sentar, como le ha pasado a usted ahora. Un día mi madre oye entrar un coche en el patio de nuestra casa, y pregunta; a un criado quién es. “Es la, señora duquesa de La Rochefoucauld, señora condena.” “Muy bien, que suba.” Pasa un cuarto de hora, y no aparece nadie. “Bueno; pero, ¿dónde está la señora duquesa de La Rochefoucauld, no había venido?” “Está en la escalera, soplando, sin– poder subir más, señora condesa”, dijo el criadito, que hacía poco había llegado del campo, donde mi madre tenía la costumbre de buscar su servidumbre. Muchas veces eran gente que había visto nacer. Así es como puede uno tener criados decentes. Y ése es el primero de los lujos. Bueno; pues, en efecto, la duquesa de La Rochefoucauld iba subiendo con mucho trabajo, porque –era enorme; tan enorme, que, cuando entró, mi madre estuvo preocupada un momento pensando en dónde la acomodaría. En aquel instante cayó su mirada sobre el sillón que le había regalado la señora de Praslin. “Hálame usted el favor de sentarse”, dijo mi madre, empujando el sillón hacia la duquesa. La duquesa lo llenó hasta el borde. A pesar de ese aspecto imponente, era bastante agradable. Un amigo nuestro decía que al entrar en un salón siempre causaba efecto. “Sobre todo, al salir”, respondía mi madre, que muchas veces tenía salidas un poco atrevidas para nuestra época. Hasta en la misma casa de la duquesa se gastaba bromas relativas a sus enormes proporciones, y ella era la primera en reírse. Un día mi madre fué a visitar a la duquesa; a la puerta del salón la recibió el duque, y mi madre no vió a su esposa, que estaba en el vano de un balcón. “¿Está usted solo? Creí que estaba la duquesa, pero no la veo.” “¡Qué amable es usted!”, contestó el duque, que era un hombre de los de menos discernimiento que yo he conocido, pero que a veces tenía gracia.
Après le dîner, quand j′étais remonté avec ma grand′mère, je lui disais que les qualités qui nous charmaient chez Mme de Villeparisis, le tact, la finesse, la discrétion, l′effacement de soi-même n′étaient peut-être pas bien précieux puisque ceux qui les possédèrent au plus haut degré ne furent que des Molé et des Loménie, et que si leur absence peut rendre les relations quotidiennes désagréables, elle n′a pas empêché de devenir Chateaubriand, Vigny, Hugo, Balzac, des vaniteux qui n′avaient pas de jugement, qu′il était facile de railler, comme Bloch . . . Mais au nom de Bloch ma grand′mère se récriait. Et elle me vantait Mme de Villeparisis. Comme on dit que c′est l′intérêt de l′espèce qui guide en amour les préférences de chacun, et pour que l′enfant soit constitué de la façon la plus normale fait rechercher les femmes maigres aux hommes gras et les grasses aux maigres, de même c′était obscurément les exigences de mon bonheur menacé par le nervosisme, par mon penchant maladif à la tristesse, à l′isolement, qui lui faisaient donner le premier rang aux qualités de pondération et de jugement, particulières non seulement à Mme de Villeparisis mais à une société où je pourrais trouver une distraction, un apaisement, une société pareille à celle où l′on vit fleurir l′esprit d′un Doudan, d′un M. de Rémusat, pour ne pas dire d′un Beausergent, d′un Joubert, d′une Sévigné, esprit qui met plus de bonheur, plus de dignité dans la vie que les raffinements opposés lesquels ont conduit un Baudelaire, un Poë, un Verlaine, un Rimbaud, à des souffrances, à une déconsidération dont ma grand′mère ne voulait pas pour son petit-fils. Je l′interrompais pour l′embrasser et lui demandais si elle avait remarqué telle phrase que Mme de Villeparisis avait dite et dans laquelle se marquait la femme qui tenait plus à sa naissance qu′elle ne l′avouait. Ainsi soumettais-je à ma grand′mère mes impressions car je ne savais jamais le degré d′estime dû à quelqu′un que quand elle me l′avait indiqué. Chaque soir je venais lui apporter les croquis que j′avais pris dans la journée d′après tous ces êtres inexistants qui n′étaient pas elle. Une fois je luis dis:— «Sans toi je ne pourrai pas vivre. — Mais il ne faut pas, me répondit-elle d′une voix troublée. Il faut nous faire un cur plus dur que ça. Sans cela que deviendrais-tu si je partais en voyage. J′espère au contraire que tu serais très raisonnable et très heureux.» Después de cenar, cuando subía a mi cuarto con la abuela, le decía yo que las buenas cualidades con que nos seducía la señora de Villeparisis, tacto, finura, discreción, olvido de sí misma, no debían de ser de gran valor, puesto que la gente que sobresalía en esas condiciones no pasaron de ser Molés y Loménies, y, en cambio, el no tenerlas, por desagradable que fuera en el trato diario, no estorbó para llegar a lo que fueron Chateaubriand, Vigny, Hugo y Balzac, vanidosos de poco juicio que se prestaban mucho a la broma, como Bloch. Pero al oír el nombre de Bloch, mi abuela se indignaba. Y me hacía el elogio de la señora de Villeparisis. Como dicen que en materia amorosa lo que determina las preferencias de cada individuo es el interés de la especie, y que para que el niño tenga una constitución perfectamente normal el instinto lleva a las mujeres delgadas hacia los hombres gordos y al contrario, mi abuela, impulsada también aunque inconscientemente, por el interés de mi bienestar, amenazado por los nervios y por mi enfermiza tendencia a la tristeza y al aislamiento, colocaba en primera fila esas facultades de ponderación y de juicio, propias no sólo de la señora de Villeparisis, sino de una parte de la sociedad donde me era dable hallar distracción y tranquilidad; sociedad semejante a aquella en donde floreció el talento de un Doudan, de un Rémusat, por no decir de una Beausergent, de un Joubert o de una Sevigné, porque esa clase de talento proporciona mayor ventura y dignidad en la vida que los refinamientos opuestos, que llevaron a un Baudelaire, a un Poe, a un Verlaine o a un Rimbaud a sufrir dolores y desconsideraciones que mi abuela no quería para mí. Corté sus palabras para darle un abrazo, y le pregunté si se había fijado en algunas frases de la señora de Villeparisis, en las que se transparentaba la mujer que tiene su linaje en mucha más estima de lo que dice. Y así, sometía yo a mi abuela todas las impresiones, porque yo nunca sabía el grado de consideración debido a una persona hasta que ella me lo indicaba. Todas las noches le llevaba yo los apuntes que durante el día hiciera de los seres inexistentes que no eran la abuela misma. Una vez le dije que no podría vivir sin ella. –No, no, eso no –me contestó con voz alterada–. Hay que tener el corazón más fuerte. Porque entonces, ¿qué iba a ser de ti el día que yo me fuera de viaje? Al contrario, serás juicioso y feliz.
— Je saurais être raisonnable si tu partais pour quelques jours, mais je compterais les heures. –Sí, seré juicioso si te vas nada más que por unos días; pero me los pasaré contando las horas.
— Mais si je partais pour des mois . . . (A cette seule idée mon cur se serrait), pour des années . . . pour . . . –¿Y si me voy por unos meses... (sólo de oírlo se me encogía el corazón), o por años..., o por..–?
Nous nous taisions tous les deux. Nous n′osions pas nous regarder. Pourtant je souffrais plus de son angoisse que de la mienne. Aussi je m′approchai de la fenêtre et distinctement je lui dis en détournant les yeux: Los dos nos quedábamos callados y no nos atrevíamos á mirarnos. Pero a mí me causaba mayor dolor su angustia que la mía. Así, que me acerqué al balcón y dije a mi abuela muy distintamente, mirando a otro lado.
— Tu sais comme je suis un être d′habitudes. Les premiers jours où je viens d′être séparé des gens que j′aime le plus, je suis malheureux. Mais tout en les aimant toujours autant, je m′accoutume, ma vie devient calme, douce; je supporterais d′être séparé d′eux, des mois, des années. –Ya sabes tú que yo soy un ser de costumbres. Los primeros días que paso separado de las personas que más quiero estoy muy triste; pero luego, sin dejar de quererlas, me voy acostumbrando, la vida se vuelve otra vez tranquila y grata, y resistiría una separación de meses, de años...
Je dus me taire et regarder tout à fait par la fenêtre. Ma grand′mère sortit un instant de la chambre. Mais le lendemain je me mis à parler de philosophie, sur le ton le plus indifférent, en m′arrangeant cependant pour que ma grand′mère fît attention à mes paroles, je dis que c′était curieux, qu′après les dernières découvertes de la science, le matérialisme semblait ruiné, et que le plus probable était encore l′éternité des âmes et leur future réunion. Pero no pude seguir y me puse a mirar a la calle sin decir nada. La abuela salió de la habitación un momento. Al otro día empecé a hablar de filosofía con tono de gran indiferencia, pero arreglándomelas para que la abuela se fijara en mis palabras y dije que era muy curioso ver cómo después de los últimos descubrimientos científicos el materialismo estaba en ruinas, y que de nuevo se consideraba como muy probable la inmortalidad de las almas y su futura reunión en la otra vida.
Mme de Villeparisis nous prévint que bientôt elle ne pourrait nous voir aussi souvent. Un jeune neveu qui préparait Saumur, actuellement en garnison dans le voisinage, à Doncières, devait venir passer auprès d′elle un congé de quelques semaines et elle lui donnerait beaucoup de son temps. Au cours de nos promenades, elle nous avait vanté sa grande intelligence, surtout son bon cur; déjà je me figurais qu′il allait se prendre de sympathie pour moi, que je serais son ami préféré et quand, avant son arrivée, sa tante laissa entendre à ma grand′mère qu′il était malheureusement tombé dans les griffes d′une mauvaise femme dont il était fou et qui ne le lâcherait pas, comme j′étais persuadé que ce genre d′amour finissait fatalement par l′aliénation mentale, le crime et le suicide, pensant au temps si court qui était réservé à notre amitié, déjà si grande dans mon cur sans que je l′eusse encore vu, je pleurai sur elle et sur les malheurs qui l′attendaient comme sur un être cher dont on vient de nous apprendre qu′il est gravement atteint et que ses jours sont comptés. La señora de Villeparisis nos dijo que ahora ya no podríamos vernos tan a menudo porque un sobrino suyo que se preparaba para ingresar en la escuela de Saumur, y que estaba de guarnición cerca de Balbec, en Donciéres, iba a venir a pasar unas semanas de licencia con ella y le robaría mucho tiempo. Durante nuestros paseos la marquesa nos había hablado de su sobrino alabándonos su mucha inteligencia y, sobre todo, su buen corazón; yo me figuraba que le iba a inspirar simpatía, que sería su amigo favorito, y como antes de que llegara su tía dejó entrever a mi abuela que el muchacho, desgraciadamente, había caído en manos de una mala mujer que le había trastornado el seso y no lo soltaría nunca., yo, convencido de que esa clase de amores acaba fatalmente en locura, crimen o suicidio. me daba a pensar en el poco tiempo que estaba reservado a nuestra amistad, tan grande ya en mi alma aunque todavía no había visto al amigo, y sentía mucha pena por ella y por las desgracias que la esperaban, como ocurre con un ser querido del que nos acaban de decir que está gravemente enfermo y que tiene los días de vida contados.
Une après-midi de grande chaleur j′étais dans la salle à manger de l′hôtel qu′on avait laissée à demi dans l′obscurité pour la protéger du soleil en tirant des rideaux qu′il jaunissait et qui par leurs interstices laissaient clignoter le bleu de la mer, quand, dans la travée centrale qui allait de la plage à la route, je vis, grand, mince, le cou dégagé, la tête haute et fièrement portée, passer un jeune homme aux yeux pénétrants et dont la peau était aussi blonde et les cheveux aussi dorés que s′ils avaient absorbé tous les rayons du soleil. Vêtu d′une étoffe souple et blanchâtre comme je n′aurais jamais cru qu′un homme eût osé en porter, et dont la minceur n′évoquait pas moins que le frais de la salle à manger, la chaleur et le beau temps du dehors, il marchait vite. Ses yeux, de l′un desquels tombait à tout moment un monocle, étaient de la couleur de la mer. Chacun le regarda curieusement passer, on savait que ce jeune marquis de Saint-Loup-en-Bray était célèbre pour son élégance. Tous les journaux avaient décrit le costume dans lequel il avait récemment servi de témoin au jeune duc d′Uzès, dans un duel. Il semblait que la qualité si particulière de ses cheveux, de ses yeux, de sa peau, de sa tournure qui l′eussent distingué au milieu d′une foule comme un filon précieux d′opale azurée et lumineuse, engaîné dans une matière grossière, devait correspondre à une vie différente de celle des autres hommes. Et en conséquence quand avant la liaison dont Mme de Villeparisis se plaignait, les plus jolies femmes du grand monde se l′étaient disputé, sa présence, dans une plage par exemple, à côté de la beauté en renom à laquelle il faisait la cour, ne la mettait pas seulement tout à fait en vedette, mais attirait les regards autant sur lui que sur elle. A cause de son «chic», de son impertinence de jeune «lion», à cause de son extraordinaire beauté surtout, certains lui trouvaient même un air efféminé, mais sans le lui reprocher car on savait combien il était viril et qu′il aimait passionnément les femmes. C′était ce neveu de Mme de Villeparisis duquel elle nous avait parlé. Je fus ravi de penser que j′allais le connaître pendant quelques semaines et sûr qu′il me donnerait toute son affection. Il traversa rapidement l′hôtel dans toute sa largeur, semblant poursuivre son monocle qui voltigeait devant lui comme un papillon. Il venait de la plage, et la mer qui remplissait jusqu′à mi-hauteur le vitrage du hall lui faisait un fond sur lequel il se détachait en pied, comme dans certains portraits où des peintres prétendent sans tricher en rien sur l′observation la plus exacte de la vie actuelle, mais en choisissant pour leur modèle un cadre approprié, pelouse de polo, de golf, champ de courses, pont de yacht, donner un équivalent moderne de ces toiles où les primitifs faisaient apparaître la figure humaine au premier plan d′un paysage. Une voiture à deux chevaux l′attendait devant la porte; et tandis que son monocle reprenait ses ébats sur la route ensoleillée, avec l′élégance et la maîtrise qu′un grand pianiste trouve le moyen de montrer dans le trait le plus simple, où il ne semblait pas possible qu′il sût se montrer supérieur à un exécutant de deuxième ordre, le neveu de Mme de Villeparisis prenant les guides que lui passa le cocher, s′assit à côté de lui et tout en décachetant une lettre que le directeur de l′hôtel lui remit, fit partir les bêtes. Una tarde muy calurosa estaba yo en el comedor del hotel; lo habían dejado medio a obscuras para protegerlo del calor echando las cortinas, que el sol amarilleaba, y por entre sus intersticios dejaba pasar el azulado pestañeo del mar; en esto vi por el tramo central que va de la playa al camino a un muchacho alto, delgado, fino de cuello, cabeza ,orgullosamente echada hacia atrás, de mirar penetrante, dorada tez y pelo tan rubio como si hubiera absorbido todo el oro del sol. Llevaba un traje de tela muy fina, blancuzca, como nunca me figuré yo que se atreviera a llevarlo un hombre, y que evocaba por su ligereza el frescor del comedor a la par que el calor y el sol de fuera; iba andando de prisa. Tenía los ojos color de mar, y de uno de ellos se descolgaba a cada momento el monóculo. Todo el mundo se quedaba, mirándolo con curiosidad, porque sabían que este marquesito de Saint–Loupen–Bray era famoso por su elegancia. Los periódicos habían descrito el traje que llevó poco antes, cuando sirvió de testigo en un duelo al duque de Uzes. Parecía como si la calidad tan particular de su pelo, de sus ojos, de su tez y de su porte, que lo harían distinguirse en el seno de una multitud como precioso filón de ópalo luminoso y azulino embutido en una materia grosera, hubiese de corresponder a una vida distinta de la de los demás hombres. Y por eso, antes de aquellas relaciones que disgustaban a la señora de Villeparisis, cuando se lo, disputaban las mujeres más bonitas del gran mundo, su presencia, por ejemplo, en una playa al lado de la renombrada beldad a quien estaba haciendo la corte, no sólo ponía a ella en el foco de la atención, sino que atraía también muchas miradas sobre su persona. Por su gran chic, por su impertinencia de joven “gomoso”, por su hermosura física, había quien le encontraba un aspecto un tanto afeminado, pero sin echárselo en cara, porque era muy conocido su ánimo varonil y su apasionada afición a las mujeres. Aquel era el sobrino de que nos hablara la señora de Villeparisis. A mí me encantó la idea de que iba a tratarlo durante unas semanas, y estaba muy seguro de que me ganaría por completo su afecto. Atravesó todo el hotel como si fuera persiguiendo a su monóculo, que revoloteaba por delante de él como una mariposa. Venía de la playa, y el mar, cuya franja subía hasta la mitad de las vidrieras del hall, le formaba un fondo en el que se destacaba su figura, como esos retratos en que los pintores modernos, sin traicionar la observación exactísima de la vida actual, escogen para su modelo un marco apropiado: campo de polo, de golf o de carreras, o puente de yate, para dar un equivalente moderno de esos lienzos donde los primitivos plantaban una figura humana en el primer término de un paisaje. A la puerta lo esperaba un coche de dos caballos; y mientras que su monóculo volvía a danzar en la soleada calle, el sobrino de la señora de Villeparisis, con la misma elegancia y maestría que un pianista encuentra ocasión de mostrar en una cosa sencillísima en la que parecía imposible que pudiese revelarse superior a un ejecutante de segunda fila, cogió las bridas que le entregaba el cochero, se sentó a su lado, y al mismo tiempo que abría una carta que le entregara el director del hotel, hizo arrancar a los caballos.
Quelle déception j′éprouvai les jours suivants quand, chaque fois que je le rencontrai dehors ou dans l′hôtel, — le col haut, équilibrant perpétuellement les mouvements de ses membres autour de son monocle fugitif et dansant qui semblait leur centre de gravité, — je pus me rendre compte qu′il ne cherchait pas à se rapprocher de nous et vis qu′il ne nous saluait pas quoiqu′il ne pût ignorer que nous étions les amis de sa tante. Et me rappelant l′amabilité que m′avaient témoignée Mme de Villeparisis et avant elle M. de Norpois, je pensais que peut-être ils n′étaient que des nobles pour rire et qu′un article secret des lois qui gouvernent l′aristocratie doit y permettre peut-être aux femmes et à certains diplomates de manquer dans leurs rapports avec les roturiers, et pour une raison qui m′échappait, à la morgue que devait au contraire pratiquer impitoyablement un jeune marquis. Mon intelligence aurait pu me dire le contraire. Mais la caractéristique de l′âge ridicule que je traversais — âge nullement ingrat, très fécond — est qu′on n′y consulte pas l′intelligence et que les moindres attributs des êtres semblent faire partie indivisible de leur personnalité. Tout entouré de monstres et de dieux, on ne connaît guère le calme. Il n′y a presque pas un des gestes qu′on a faits alors qu′on ne voudrait plus tard pouvoir abolir. Mais ce qu′on devrait regretter au contraire c′est de ne plus posséder la spontanéité qui nous les faisait accomplir. Plus tard on voit les choses d′une façon plus pratique, en pleine conformité avec le reste de la société, mais l′adolescence est le seul temps où l′on ait appris quelque chose. Los días que siguieron tuve una gran decepción cada vez que me lo encontraba en el hotel o en la calle –cuellierguido, equilibrando constantemente los movimientos del cuerpo con arreglo a su monóculo bailarín y escurridizo, que parecía su centro de gravedad–, al darme cuenta de que no quería acercarse a. nosotros, y vi que no nos saludaba aunque sabía muy bien que éramos amigos de su tía. Y acordándome de lo amables que conmigo estuvieron la señora, de Villeparisis y antes el señor de Norpois, se me ocurrió que quizá no eran más que nobles de mentira, y que en las leyes que gobiernan a la aristocracia debe de haber un artículo secreto en que se permita a las damas y a algunos diplomáticos que falten en su trato con los plebeyos, por urea razón misteriosa, a esa altivez que un marquesito tiene que practicar implacablemente. Mi inteligencia me habría dicho todo lo contrario. –Cero la característica de esa edad ridícula por que yo pasaba –edad nada ingrata, sino muy fecunda– es que no se consulta a la inteligencia y que los mininos atributos de los humanos nos parece que forman arte indivisible de su personalidad. La tranquilidad es cosa desconocida, porque está uno siempre rodeado de monstruos y dioses. Y casi todos los ademanes que entonces hacemos querríamos suprimirlos más adelante. Cuando, al contrario, lo que debía lamentarse es no tener ya aquella espontaneidad que nos los inspiraba. Más tarde se ven las cosas de un modo más práctico, más en conformidad con las demás gentes, pero la adolescencia es la única época en que se aprende algo.
Cette insolence que je devinais chez M. de Saint-Loup, et tout ce qu′elle impliquait de dureté naturelle se trouva vérifiée par son attitude chaque fois qu′il passait à côté de nous, le corps aussi inflexiblement élancé, la tête toujours aussi haute, le regard impassible, ce n′est pas assez dire aussi implacable, dépouillé de ce vague respect qu′on a pour les droits d′autres créatures, même si elles ne connaissent pas votre tante et qui faisait que je n′étais pas tout à fait le même devant une vieille dame que devant un bec de gaz. Ces manières glacées étaient aussi loin des lettres charmantes que je l′imaginais encore il y a quelques jours, m′écrivant pour me dire sa sympathie, qu′est loin de l′enthousiasme de la Chambre et du peuple qu′il s′est représenté en train de soulever par un discours inoubliable la situation médiocre, obscure, de l′imaginatif qui après avoir ainsi rêvassé tout seul, pour son compte, à haute voix, se retrouve, les acclamations imaginaires une fois apaisées, gros Jean comme devant. Quand Mme de Villeparisis sans doute pour tâcher d′effacer la mauvaise impression que nous avaient causée ces dehors révélateurs d′une nature orgueilleuse et méchante nous reparla de l′inépuisable bonté de son petit-neveu (il était le fils d′une de ses nièces et était un peu plus âgé que moi) j′admirai comme dans le monde, au mépris de toute vérité, on prête des qualités de cur à ceux qui l′ont si sec, fussent-ils d′ailleurs aimables avec des gens brillants, qui font partie de leur milieu. Mme de Villeparisis ajouta elle-même, quoique indirectement, une confirmation aux traits essentiels, déjà certains pour moi de la nature de son neveu, un jour où je les rencontrai tous deux dans un chemin si étroit qu′elle ne put faire autrement que de me présenter à lui. Il sembla ne pas entendre qu′on lui nommait quelqu′un, aucun muscle de son visage ne bougea; ses yeux où ne brilla pas la plus faible lueur de sympathie humaine, montrèrent seulement dans l′insensibilité, dans l′inanité du regard, une exagération à défaut de laquelle, rien ne les eût différenciés de miroirs sans vie. Puis fixant sur moi ces yeux durs comme s′il eût voulu se renseigner sur moi, avant de me rendre mon salut, par un brusque déclenchement qui sembla plutôt dû à un réflexe musculaire qu′à un acte de volonté, mettant entre lui et moi le plus grand intervalle possible, allongea le bras dans toute sa longueur, et me tendit la main, à distance. Je crus qu′il s′agissait au moins d′un duel, quand le lendemain il me fit passer sa carte. Mais il ne me parla que de littérature, déclara après une longue causerie qu′il avait une envie extrême de me voir plusieurs heures chaque jour. Il n′avait pas, durant cette visite, fait preuve seulement d′un goût très ardent pour les choses de l′esprit, il m′avait témoigné une sympathie qui allait fort peu avec le salut de la veille. Quand je le lui eus vu refaire chaque fois qu′on lui présentait quelqu′un, je compris que c′était une simple habitude mondaine particulière à une certaine partie de sa famille et à laquelle sa mère qui tenait à ce qu′il fût admirablement bien élevé, avait plié son corps; il faisait ces saluts-là sans y penser plus qu′à ses beaux vêtements, à ses beaux cheveux; c′était une chose dénuée de la signification morale que je lui avais donnée d′abord, une chose purement apprise, comme cette autre habitude qu′il avait aussi de se faire présenter immédiatement aux parents de quelqu′un qu′il connaissait, et qui était devenue chez lui si instinctive, que me voyant le lendemain de notre rencontre, il fonça sur moi et, sans me dire bonjour, me demanda de le nommer à ma grand′mère qui était auprès de moi, avec la même rapidité fébrile que si cette requête eût été due à quelque instinct défensif, comme le geste de parer un coup ou de fermer les yeux devant un jet d′eau bouillante et sans le préservatif de laquelle il y eût péril à demeurer une seconde de plus. Esa insolencia que adivinaba yo en la persona del señor de Saint–Loup, con toda la rudeza natural que llevaba consigo, resultó comprobada, por la actitud que tomaba cada vez que pasaba por nuestro lado, con el cuerpo muy erguido, la cabeza echada atrás y la mirada impasible, más aún que impasible, y todavía no basta, implacable, porque de ella faltaba hasta ese vago respeto que se merecen los derechos de las demás criaturas aunque no conozcan a la tía de uno; ese derecho en virtud del cual mi actitud ante una señora anciana difería de mi actitud ante un farol. Esos modales de hielo estaban a mucha distancia de aquellas cartas encantadoras que, según me imaginaba yo unos días antes, habría de escribirme el marqués para decirme cuán simpático le era; a la misma que están las verdaderas ovaciones de la Cámara de la posición mediocre y pobre de un hombre de imaginación que se figura haber levantado los ánimos del Congreso y del pueblo con un discurso inolvidable, y que luego, después de haber soñado en alta voz, cuando se calman las falsas aclamaciones, se encuentra tan poca cosa como antes. Cuando la señora de Villeparisis, sin duda para tratar de borrar la mala impresión que nos había hecho la apariencia de su sobrino, y que revelaba un temperamento orgulloso y malo, vino a hablarnos de la inagotable bondad de su sobrino–nieto (porque era hijo de una sobrina suya, tenía unos años más que yo), me admiré de la facilidad con que se atribuyen en este mundo condiciones de buen corazón a los que más seco lo tienen, por más que en otras ocasiones sean amables con las personas brillantes que forman parte de su ambiente social. Y la misma señora de Villeparisis añadió, aunque indirectamente, una confirmación a esos rasgos esenciales del carácter de su sobrino, que a mí ya no me cabían dudas, un día en que me los encontré a los dos en un camino muy estrecho y no tuvo más remedio que presentarme a él. Pareció como que no oía que le estaban nombrando a una persona, pues no se movió ni un músculo de su rostro; ningún resplandor de simpatía humana cruzó por su mirada; sólo mostraron sus ojos una exageración en la insensibilidad e inanidad del mirar, sin lo cual no se hubieran diferenciado en nada de espejos sin vida. Luego, mirándome fijamente y con dureza, como si quisiera enterarse bien de quién era yo antes de devolverme su saludo, por un movimiento brusco, que más bien parecía efecto de un reflejo muscular que acto de voluntad, alargó el brazo en toda su longitud y me tendió la mano a distancia, creando entre él y yo el mayor intervalo posible. Cuando al día siguiente me pasaron su tarjeta creí que era para ¡in duelo. Pero no me habló más que de literatura, y después, de un largo rato de charla declaró que tenía muchos deseos de que todos los días pasáramos juntos algunas horas. En aquella visita no sólo dio pruebas de una afición vehemente a las cosas de la inteligencia, sino que me hizo patente una simpatía que se compaginaba muy mal con el saludo del día antes. Luego, cuando vi que saludaba de esa manera siempre que le presentaban a alguien, comprendí que era una simple costumbre de sociedad, propia de un sector de su familia y a cuya mecánica corporal lo había habituado su madre, que tenía interés en que estuviese admirablemente educado; hacía esos saludos sin fijarse en que los hacía, como no se fijaba en sus trajes o en sus caballos, siempre hermosos; eran cosa tan exenta de la significación moral que yo le atribuí al principio, y tan puramente artificial como otra costumbre que tenía: la de pedir que le presentaran inmediatamente a los padres de cualquier persona con quien trabara conocimiento, y tan instintiva ya, que al día siguiente de nuestra conversación, al verme se lanzó sobre mi, y sin decirme siquiera buenos días me pidió que le presentara a mi abuela, que estaba a mi lado, con la misma rapidez febril que si esa demanda obedeciese a algún instinto defensivo, como ese acto inconsciente de parar un golpe o de cerrar los ojos cuando vemos un chorro de agua hirviente, rapidez que nos preserva de un peligro que nos hubiera alcanzado un segundo después.
Les premiers rites d′exorcisme une fois accomplis, comme une fée hargneuse dépouille sa première apparence et se pare de grâces enchanteresses, je vis cet être dédaigneux devenir le plus aimable, le plus prévenant jeune homme que j′eusse jamais rencontré. «Bon, me dis-je, je me suis déjà trompé sur lui, j′avais été victime d′un mirage, mais je n′ai triomphé du premier que pour tomber dans un second car c′est un grand seigneur féru de noblesse et cherchant à le dissimuler.» Or, toute la charmante éducation, toute l′amabilité de Saint-Loup devait en effet, au bout de peu de temps, me laisser voir un autre être mais bien différent de celui que je soupçonnais. Y en cuanto pasaron los primeros ritos de exorcismos, lo mismo que un hada arisca se quita su primera apariencia y se presenta revestida de encantadoras gracias, vi cómo se convertía aquel ser desdeñoso en el muchacho más amable y más atento que conociera “Bueno –me dije para mí–, me he equivocado, fuí víctima de un espejismo; pero he triunfado del primero para caer en otro, porque seguramente éste es un gran señor enamorado de su nobleza y que quiere disimularla.” Y en efecto, al cabo de poco tiempo, por detrás de la encantadora educación de Saint–Loup y de toda su amabilidad había de transparentarse para mí otro ser, pero completamente distinto de lo que yo me sospechaba.
Ce jeune homme qui avait l′air d′un aristocrate et d′un sportsman dédaigneux n′avait d′estime et de curiosité que pour les choses de l′esprit, surtout pour ces manifestations modernistes de la littérature et de l′art qui semblaient si ridicules à sa tante; il était imbu d′autre part de ce qu′elle appelait les déclamations socialistes, rempli du plus profond mépris pour sa caste et passait des heures à étudier Nietsche et Proudhon. C′était un de ces «intellectuels» prompts à l′admiration qui s′enferment dans un livre, soucieux seulement de haute pensée. Même chez Saint-Loup l′expression de cette tendance très abstraite et qui l′éloignait tant de mes préoccupations habituelles, tout en me paraissant touchante m′ennuyait un peu. Je peux dire que, quand je sus bien qui avait été son père, les jours où je venais de lire des mémoires tout nourris d′anecdotes sur ce fameux comte de Marsantes en qui se résume l′élégance si spéciale d′une époque déjà lointaine, l′esprit empli de rêveries, désireux d′avoir des précisions sur la vie qu′avait menée M. de Marsantes, j′enrageais que Robert de Saint-Loup au lieu de se contenter d′être le fils de son père, au lieu d′être capable de me guider dans le roman démodé qu′avait été l′existence de celui-ci, se fût élevé jusqu′à l′amour de Nietsche et de Proudhon. Son père n′eût pas partagé mes regrets. Il était lui-même un homme intelligent, excédant les bornes de sa vie d′homme du monde. Il n′avait guère eu le temps de connaître son fils, mais avait souhaité qu′il valût mieux que lui. Et je crois bien que contrairement au reste de la famille, il l′eût admiré, se fût réjoui qu′il délaissât ce qui avait fait ses minces divertissements pour d′austères méditations, et, sans en rien dire, dans sa modestie de grand seigneur spirituel, eût lu en cachette les auteurs favoris de son fils pour apprécier de combien Robert lui était supérieur. Aquel joven, con su aspecto de aristócrata y de sportsman desdeñoso, no sentía curiosidad ni estima más que por las cosas de la inteligencia, especialmente por esas manifestaciones modernistas de la literatura y del arte, que tan ridículas parecían a su tía; además, estaba imbuido de lo que ella llamaba las declamaciones socialistas, poseído de un gran desprecio hacia su casta y se pasaba horas y horas estudiando a Nietzsche y a Proudhon. Era uno de esos “intelectuales”, muy prontos de admiración, que se encierran en un libro y no se preocupan más que de pensar elevadamente. Tanto, que la expresión en el joven Saint–Loup de esta tendencia muy abstracta, y que lo alejaba tanto de mis preocupaciones usuales, aunque me parecía conmovedora, me cansaba un poco. Y confieso que cuando me enteré bien de lo que había sido su padre, los días siguientes a mi lectura de unas memorias relativas a ese famoso conde de Marsantes, resumen de la elegancia especial de una época ya pasada, y me sentí con el ánimo lleno de sueños y deseoso de saber detalles de la vida que llevara el señor de Marsantes, me dió rabia que Roberto de Saint–Loup, en vez de limitarse a ser el hijo de su padre, en vez de ser capaz de guiarme por las páginas de aquella novela anticuada que fué su vida, se hubiese encumbrado hasta la admiración a Nietzsche y a Proudhon. Su padre no hubiera compartido esta idea mía. Era también hombre muy inteligente, que pasaba de las usuales fronteras de su vida de hombre de mundo. Apenas si tuvo tiempo de conocer a su hijo, pero su deseo vivísimo fué que valiera más que él. Y yo creo que, a diferencia de las demás personas de la familia, le hubiese admirado, alegrándose de que abandonara por la austera meditación aquellos motivos de liviana diversión que él tuvo, –y que sin decir nada, con su modestia de gran señor inteligente, habría leído a escondidas los autores favoritos de su hijo para apreciar bien la superioridad de Roberto.
Il y avait, du reste, cette chose assez triste, c′est que si M. de Marsantes à l′esprit fort ouvert, eût apprécié un fils si différent de lui, Robert de Saint-Loup parce qu′il était de ceux qui croient que le mérite est attaché à certaines formes d′art et de vie, avait un souvenir affectueux mais un peu méprisant d′un père qui s′était occupé toute sa vie de chasse et de course, avait bâillé à Wagner et raffolé d′Offenbach. Saint-Loup n′était pas assez intelligent pour comprendre que la valeur intellectuelle n′a rien à voir avec l′adhésion à une certaine formule esthétique, et il avait pour l′intellectualité de M. de Marsantes, un peu le même genre de dédain qu′auraient pu avoir pour Boieldieu ou pour Labiche, un fils Boieldieu ou un fils Labiche qui eussent été des adeptes de la littérature la plus symbolique et de la musique la plus compliquée. «J′ai très peu connu mon père, disait Robert. Il paraît que c′était un homme exquis. Son désastre a été la déplorable époque où il a vécu. Etre né dans le faubourg Saint-Germain et avoir vécu à l′époque de la Belle-Hélène, cela fait cataclysme dans une existence. Peut-être petit bourgeois fanatique du «Ring» eût-il donné tout autre chose. On me dit même qu′il aimait la littérature. Mais on ne peut pas savoir puisque ce qu′il entendait par littérature, se compose d′uvres périmées.» Et pour ce qui était de moi, si je trouvais Saint-Loup un peu sérieux, lui ne comprenait pas que je ne le fusse pas davantage. Ne jugeant chaque chose qu′au poids d′intelligence qu′elle contient, ne percevant pas les enchantements d′imagination que me donnaient certaines qu′il jugeait frivoles, il s′étonnait que moi — moi à qui il s′imaginait être tellement inférieur — je pusse m′y intéresser. Pero, en cambio, ocurría una cosa muy lamentable: mientras que el señor de Marsantes, por su amplitud de criterio, habría admirado a un hijo tan distinto de él como Roberto, en cambio mi amigo, como era de esas personas que se representan el mérito unido siempre a determinadas formas de arte y de vida, conservaba un recuerdo afectuoso, sí, pero un poco despectivo de aquel padre que no se preocupó en toda su vida más que de cacerías y carreras, que bostezaba oyendo a Wagner y tenía pasión por Offenbach. Saint– Loup no era lo bastante inteligente para comprender que el valor intelectual no tiene nada que ver con la adhesión a una determinada fórmula estética, y la intelectualidad de su padre le inspiraba un desdén análogo al que hubiesen podido sentir hacia Labiche o Boieldieu un hijo de Labiche o un hijo de Boieldieu que practicaran fervorosamente una literatura de lo más simbólico o una música de suma complicación. “Apenas si he conocido a mi padre –decía –Roberto–. Dicen que era un hombre exquisito. Su desgracia fué vivir en una época tan deplorable. Nacer en el barrio de Saint–Germain y vivir en la época de La hermosa Elena es una catástrofe para la vida de un hombre. Quizá de haber sido un burgués de poca monta, fanático del “Ring”, hubiese dado de sí otra cosa. Me dijeron que hasta le gustaba la literatura, aunque quién sabe si es verdad, porque lo que entendía por literatura es una serie de obras ya muertas." Conmigo ocurría que yo consideraba a Roberto un poquito demasiado serio, y él, en cambio, no comprendía por qué no tenía yo más seriedad. Juzgaba todas las cosas por el peso de inteligencia que contienen, y como no se daba cuenta de los encantos de imaginación que encierran ciertas cosas que él estimaba frívolas, se extrañaba de que a mí –porque me juzgaba muy superior a él– me pudieran interesar.
Dès les premiers jours Saint-Loup fit la conquête de ma grand′mère, non seulement par la bonté incessante qu′il s′ingéniait à nous témoigner à tous deux, mais par le naturel qu′il y mettait comme en toutes choses. Or, le naturel — sans doute parce que, sous l′art de l′homme, il laisse sentir la nature — était la qualité que ma grand′mère préférait à toutes, tant dans les jardins où elle n′aimait pas qu′il y eût, comme dans celui de Combray, de plates-bandes trop régulières, qu′en cuisine où elle détestait ces «pièces montées» dans lesquelles on reconnaît à peine les aliments qui ont servi à les faire, ou dans l′interprétation pianistique qu′elle ne voulait pas trop fignolée, trop léchée, ayant même eu pour les notes accrochées, pour les fausses notes de Rubinstein, une complaisance particulière. Ce naturel elle le goûtait jusque dans les vêtements de Saint-Loup, d′une élégance souple sans rien de «gommeux» ni de «compassé», sans raideur et sans empois. Elle prisait davantage encore ce jeune homme riche dans la façon négligente et libre qu′il avait de vivre dans le luxe sans «sentir l′argent», sans airs importants; elle retrouvait même le charme de ce naturel dans l′incapacité que Saint-Loup avait gardée et qui généralement disparaît avec l′enfance en même temps que certaines particularités physiologiques de cet âge — d′empêcher son visage de refléter une émotion. Quelque chose qu′il désirait par exemple et sur quoi il n′avait pas compté, ne fût-ce qu′un compliment, faisait se dégager en lui un plaisir si brusque, si brûlant, si volatile, si expansif, qu′il lui était impossible de le contenir et de le cacher; une grimace de plaisir s′emparait irrésistiblement de son visage; la peau trop fine de ses joues laissait transparaître une vive rougeur, ses yeux reflétaient la confusion et la joie; et ma grand′mère était infiniment sensible à cette gracieuse apparence de franchise et d′innocence, laquelle d′ailleurs chez Saint-Loup, au moins à l′époque où je me liai avec lui, ne trompait pas. Mais j′ai connu un autre être et il y en a beaucoup, chez lequel la sincérité physiologique de cet incarnat passager n′excluait nullement la duplicité morale; bien souvent il prouve seulement la vivacité avec laquelle ressentent le plaisir jusqu′à être désarmées devant lui et à être forcées de le confesser aux autres, des natures capables des plus viles fourberies. Mais où ma grand′mère adorait surtout le naturel de Saint-Loup, c′était dans sa façon d′avouer sans aucun détour la sympathie qu′il avait pour moi, et pour l′expression de laquelle il avait de ces mots comme elle n′eût pas pu en trouver elle-même, disait-elle, de plus justes et vraiment aimants, des mots qu′eussent contresignés «Sevigné et Beausergent»; il ne se gênait pas pour paisanter mes défauts — qu′il avait démêlés avec une finesse dont elle était amusée — mais comme elle-même aurait fait, avec tendresse, exaltant au contraire mes qualités avec une chaleur, un abandon qui ne connaissait pas les réserves et la froideur grâce auxquelles les jeunes gens de son âge croient généralement se donner de l′importance. Et il montrait à prévenir mes moindres malaises, à remettre des couvertures sur mes jambes si le temps fraîchissait sans que je m′en fusse aperçu, à s′arranger sans le dire à rester le soir avec moi plus tard, s′il me sentait triste ou mal disposé, une vigilance que, du point de vue de ma santé pour laquelle plus d′endurcissement eût peut-être été préférable, ma grand′mère trouvait presque excessive, mais qui comme preuve d′affection pour moi la touchait profondément. Ya desde los primeros días Saint–Loup conquistó a mi abuela, no sólo porque se ingeniaba para darnos incesantes pruebas de bondad, sino por la naturalidad con que lo hacía, como todas seas cosas. Y la naturalidad –sin duda porque en ella se siente la naturaleza bajo la capa del arte humano– era la cualidad favorita de mi abuela, tanto en los jardines, donde no le gustaba ver, como en el de Combray; arriates muy regulares, como en la cocina, en cuyo arte detestaba las “obras complicadas”, que apenas si dejan reconocer los alimentos con que están hechas, y lo mismo en interpretación pianística, que no le agradaba muy esmerada y lamida; hasta tal punto, que tenía particular complacencia por las notas enlazadas, por las notas falsas de Rubinstein. Saboreaba mi abuela esa naturalidad hasta en los trajes de Saint–Loup, de fina elegancia, sin ninguna “gomosería” ni “artificio”, sin almidón ni tiesura. Aun apreciaba más a aquel muchacho rico por la manera descuidada y libre que tenía de vivir con lujo, sin “olor a dinero”, sin darse ninguna importancia; y le parecía deliciosa esa naturalidad hasta cuando se manifestaba por la incapacidad –que Saint–Loup conservaba, y que, por lo general, desaparece con la niñez al propio tiempo que ciertas particularidades fisiológicas de esa edad de dominar el gesto de modo que no se reflejen las emociones en la cara. Cualquier cosa que deseara, cualquier cosa con la que no había contado, aunque fuera un cumplido, determinaba en él un placer tan brusco, tan fogoso, tan volátil y tan expansivo,, que le era imposible contener y ocultar su impresión; inmediatamente le señoreaba el rostro un gesto de agrado; tras la finísima piel de sus mejillas se transparentaba vivo rubor, y sus ojos reflejaban confusión y alegría; y a mi abuela la emocionaba mucho ese gracioso aire de franqueza y de inocencia, que en Saint–Loup, por lo menos en la época en que nos hicimos amigos, era del todo sincero. Pero he conocido a otra persona, y como ella hay muchas, cuyo pasajero rubor responde a una sinceridad fisiológica, pero no por eso excluye la doblez moral; y muchas veces es tan sólo muestra de cuán vivamente sensibles al placer, hasta el punto de verse desarmados delante de él y obligados a confesárselo a los demás, son ciertos caracteres capaces de las peores villanías. Pero donde más adoraba mi abuela la sencillez de Saint–Loup era en su manera de confesar sin rodeos lo simpático que yo le era, simpatía que expresaba con palabras tales que a ella misma decía que no se le habrían ocurrido otras más justas y cariñosas, palabras dignas de la firma “Sévigné y Beausergent”; no sentía cortedad para burlarse de mis defectos –que había discernido en seguida con finura que encantó a mi abuela–, pero cariñosamente, lo mismo que lo hubiera hecho ella, y exaltando luego mis buenas cualidades con acaloramiento y naturalidad, exentas por completo de esa reserva y frialdad con la que suelen creer que se dan importancia los mozos de sus años. Y mostraba tan vigilante atención para evitarme cualquier molestia, para echarme una manta por las piernas sin que yo me diera cuenta, en cuanto refrescaba, para quedarse conmigo más tarde que de costumbre si me veía triste o malhumorado, que a mi abuela ya llegó a parecerle excesiva desde el punto de vista de mi estado de salud – porque quizá me convenía menos mimo–; pero, en cambio, considerada como prueba de afecto a mí, le llegaba al corazón.
Il fut bien vite convenu entre lui et moi que nous étions devenus de grands amis pour toujours, et il disait «notre amitié» comme s′il eût parlé de quelque chose d′important et de délicieux qui eût existé en dehors de nous-mêmes et qu′il appela bientôt — en mettant à part son amour pour sa maîtresse — la meilleure joie de sa vie. Ces paroles me causaient une sorte de tristesse, et j′étais embarrassé pour y répondre, car je n′éprouvais à me trouver, à causer avec lui — et sans doute c′eût été de même avec tout autre — rien de ce bonheur qu′il m′était au contraire possible de ressentir quand j′étais sans compagnon. Seul, quelquefois, je sentais affluer du fond de moi quelqu′une de ces impressions qui me donnaient un bien-être délicieux. Mais dès que j′étais avec quelqu′un, dès que je parlais à un ami, mon esprit faisait volte-face, c′était vers cet interlocuteur et non vers moi-même qu′il dirigeait ses pensées et quand elles suivaient ce sens inverse, elles ne me procuraient aucun plaisir. Une fois que j′avais quitté Saint-Loup, je mettais, à l′aide de mots, une sorte d′ordre dans les minutes confuses que j′avais passées avec lui; je me disais que j′avais un bon ami, qu′un bon ami est une chose rare et je goûtais, à me sentir entouré de biens difficiles à acquérir, ce qui était justement l′opposé du plaisir qui m′était naturel, l′opposé du plaisir d′avoir extrait de moi-même et amené à la lumière quelque chose qui y était caché dans la pénombre. Si j′avais passé deux ou trois heures à causer avec Robert de Saint-Loup et qu′il eût admiré ce que je lui avais dit, j′éprouvais une sorte de remords, de regret, de fatigues de ne pas être resté seul et prêt enfin à travailler. Mais je me disais qu′on n′est pas intelligent que pour soi-même, que les plus grands ont désiré d′être appréciés, que je ne pouvais pas considérer comme perdues des heures où j′avais bâti une haute idée de moi dans l′esprit de mon ami, je me persuadais facilement que je devais en être heureux et je souhaitais d′autant plus vivement que ce bonheur ne me fût jamais enlevé que je ne l′avais pas ressenti. On craint plus que de tous les autres la disparition des biens restés en dehors de nous parce que notre cur ne s′en est pas emparé. Je me sentais capable d′exercer les vertus de l′amitié mieux que beaucoup (parce que je ferais toujours passer le bien de mes amis avant ces intérêts personnels auxquels d′autres sont attachés et qui ne comptaient pas pour moi) mais non pas de connaître la joie par un sentiment qui au lieu d′accroître les différences qu′il y avait entre mon âme et celles des autres — comme il y en a entre les âmes de chacun de nous — les effacerait. En revanche par moment ma pensée démêlait en Saint-Loup un être plus général que lui-même, le «noble», et qui comme un esprit intérieur mouvait ses membres, ordonnait ses gestes et ses actions; alors, à ces moments-là, quoique près de lui j′étais seul comme je l′eusse été devant un paysage dont j′aurais compris l′harmonie. Il n′était plus qu′un objet que ma rêverie cherchait à approfondir. A retrouver toujours en lui cet être antérieur, séculaire, cet aristocrate que Robert aspirait justement à ne pas être, j′éprouvais une vive joie, mais d′intelligence, non d′amitié. Dans l′agilité morale et physique qui donnait tant de grâce à son amabilité, dans l′aisance avec laquelle il offrait sa voiture à ma grand′mère et l′y faisait monter, dans son adresse à sauter du siège quand il avait peur que j′eusse froid, pour jeter son propre manteau sur mes épaules, je ne sentais pas seulement la souplesse héréditaire des grands chasseurs qu′avaient été depuis des générations les ancêtres de ce jeune homme qui ne prétendait qu′à l′intellectualité, leur dédain de la richesse qui, subsistant chez lui à côté du goût qu′il avait d′elle rien que pour pouvoir mieux fêter ses amis, lui faisait mettre si négligemment son luxe à leurs pieds; j′y sentais surtout la certitude ou l′illusion qu′avaient eu ces grands seigneurs d′être «plus que les autres», grâce à quoi ils n′avaient pu léguer à Saint-Loup ce désir de montrer qu′on est «autant que les autres», cette peur de paraître trop empressé, qui lui était en effet vraiment inconnue et qui enlaidit de tant de laideur et de gaucherie la plus sincère amabilité plébéienne. Quelquefois je me reprochais de prendre ainsi plaisir à considérer mon ami comme une uvre d′art, c′est-à-dire à regarder le jeu de toutes les parties de son être comme harmonieusement réglé par une idée générale à laquelle elles étaient suspendues mais qu′il ne connaissait pas et qui par conséquent n′ajoutait rien à ses qualités propres, à cette valeur personnelle d′intelligence et de moralité à quoi il attachait tant de prix. Muy pronto quedó convenido entre nosotros que éramos amigos íntimos y para siempre; Roberto hablaba de “nuestra amistad” como si se refiriera a alguna cosa importante y deliciosa que tuviese existencia fuera de nosotros mismos, y en seguida llegó a llamarla la mayor alegría de su vida: la mayor, claro es, después del amor que sentía por su querida. Sus palabra me causaban un sentimiento como de tristeza, y no sabía qué contestar, porque la verdad era que cuando estaba hablando con él –e indudablemente lo mismo me pasaba con los demás– no me era posible sentir esa felicidad que gozaba en cambio cuando estaba yo solo, sin compañía alguna. Porque en esos momentos en que no había nadie a mi lado, a veces sentía afluir de lo hondo de mi ser alguna impresión de esas que me causaban delicioso bienestar. Pero en cuanto estaba con alguien, en cuanto me ponía a hablar con un amigo, mi espíritu daba media vuelta, de modo que mis pensamientos se dirigían ya a mi interlocutor y no a mí, y en cuanto seguían ese orden inverso dejaban de procurarme placer alguno. Cuando me separaba de Saint–Loup iba yo poniendo cierto orden, con ayuda de las palabras, en aquellos minutos confusos que había pasado con él – me decía a mí mismo que tenía un amigo de verdad, que eso es una cosa rara; pero el sentirme rodeado de cosas difíciles de adquirir me causaba una sensación opuesta al placer que en mí era natural: opuesta al placer de haber extraído de mi alma para llevarla a plena claridad una cosa que estaba allí encerrada en su penumbra. Si me había pasado dos o tres horas hablando con Roberto de Saint–Loup, que admiró mucho lo que yo le dije, sentía luego una especie de remordimiento, de cansancio y de pesar por no haberme estado yo solo y en disposición de trabajar por fin. Entonces me replicaba que no sólo es uno inteligente para sí mismo, que a los espíritus más excelsos les gustó ser estimados, y que no podía considerar como horas perdidas aquéllas que pasé en construir un elevado concepto de mí en el ánimo de mi amigo; me convencía fácilmente de que debía tenerme por feliz y deseaba con vivo ardor no perder nunca ese .motivo de felicidad precisamente porque no la había sentido realmente. Los bienes cuya desaparición más teme uno son aquellos que existen fuera de nosotros porque el corazón no llegó a apoderarse de ellos. Me sabía yo capaz de poner en práctica todas las virtudes de la amistad mejor que muchos (porque yo siempre colocaba el bien de mis amigos por delante de mis intereses personales, de los cuales no prescinden nunca otras personas, y que para mí no existían); pero no podía alegrarme un sentimiento que en vez de agrandar las diferencias existentes entre mi alma y las de los demás –esas que existen entre todas las almas– , contribuiría a borrarlas. En cambio, a ratos mi pensamiento discernía en Saint– Loup un ser general, el “noble”, que a modo de espíritu interno regía el movimiento de sus miembros, ordenaba sus acciones y ademanes; y en esos momentos, aunque estaba en su compañía, me sentía solo como delante de un paisaje cuya armonía comprendiera mi ánimo. No era ya más que un objeto que mis ideas querían profundizar bien. Y experimentaba gran alegría, pero no de amistad, sino de inteligencia, cada vez que volvía a encontrar en mi amigo ese ser anterior, secular, el aristócrata que Roberto no quería ser. Y en la agilidad moral y física que revestía de tanta gracia a su amabilidad, en la soltura con que ofrecía su coche a mi abuela y la ayudaba a subir, en la destreza con que saltaba del pescante cuando temía que tuviese yo frío, para echarme por los hombros su propio abrigo, veía yo algo más que la flexibilidad hereditaria de esos grandes cazadores que desde muchas generaciones atrás eran los antepasados de ese muchacho que no aspiraba a otra cosa que a la intelectualidad, algo más que ese desdén hacia las riquezas, que en él se aliaba al amor a la riqueza porque dé esa manera podría obsequiar mejor a sus amigos y lo capacitaba para poner todo el lujo de que él disponía a sus pies con aire indiferente; veía yo sobre todo la certidumbre o la ilusión que tuvieron esos grandes señores de ser “más que los demás”, por lo cual no ligaron a Saint–Loup ese deseo de mostrar que se “es tanto como los demás”, ese miedo a mostrarse demasiado afectuoso, que en él no se daba nunca y que afea tan torpe y desdichadamente las más sinceras amabilidades plebeyas. Me censuraba yo a. veces por ese placer de tomar a mi amigo como una obra de arte, por considerar el funcionamiento de todas las partes de su persona como armoniosamente gobernado por una idea general de la que dependía, pero que a él le era desconocida, y que, por consecuencia, no añadía nada nuevo a sus cualidades peculiares, a ese valor personal de inteligencia y moralidad que en tanto estimaba Saint–Loup.
Et pourtant elle était dans une certaine mesure leur condition. C′est parce qu′il était un gentilhomme que cette activité mentale, ces aspirations socialistes, qui lui faisaient rechercher de jeunes étudiants prétentieux et mal mis, avaient chez lui quelque chose de vraiment pur et désintéressé qu′elles n′avaient pas chez eux. Se croyant l′héritier d′une caste ignorante et égoî²´e, il cherchait sincèrement à ce qu′ils lui pardonnassent ces origines aristocratiques qui exerçaient sur eux au contraire une séduction et à cause desquelles ils le recherchaient, tout en simulant à son égard la froideur et même l′insolence. Il était ainsi amené à faire des avances à des gens dont mes parents, fidèles à la sociologie de Combray, eussent été stupéfaits qu′il ne se détournât pas. Un jour que nous étions assis sur le sable, Saint-Loup et moi, nous entendîmes d′une tente de toile contre laquelle nous étions, sortir des imprécations contre le fourmillement d′israélites qui infestait Balbec. «On ne peut faire deux pas sans en rencontrer, disait la voix. Je ne suis pas par principe irréductiblement hostile à la nationalité juive, mais ici il y a pléthore. On n′entend que: «Dis donc Apraham, chai fu Chakop. On se croirait rue d′Aboukir.» L′homme qui tonnait ainsi contre Israël sortit enfin de la tente, nous levâmes les yeux sur cet antisémite. C′était mon camarade Bloch. Saint-Loup me demanda immédiatement de rappeler à celui-ci qu′ils s′étaient rencontrés au Concours Général où Bloch avait eu le prix d′honneur, puis dans une Université populaire. Y sin embargo, ese mérito personal suyo estaba en cierto modo condicionado por tal idea. Esa actividad mental, esas aspiraciones socialistas que lo impulsaban a reunirse con jóvenes estudiantes presuntuosos y mal vestidos, parecían en él mucho más puras y desinteresadas que en esos otros muchachos precisamente porque Roberto era un aristócrata. Como se consideraba heredero de una casta ignorante y egoísta, hacia Saint–Loup porque le perdonasen su origen aristocrático aquellos amigos, cuando precisamente lo buscaban ellos por la seducción que” les ofrecía su linaje, aunque lo disimulaban fingiéndose con él fríos y hasta insolentes. De donde resultaba que Saint– Loup era el que tenía que– dar los primeros pasos para buscarse unas amistades que hubieran dejado estupefactos a mis padres, porque, en su opinión y según la sociología de Combray, lo que hubiera debido hacer Roberto era huir de ellas. Un día estábamos los dos sentados en la arena de la playa, cuando oímos salir de una caseta de lona, a nuestro lado, imprecaciones contra el bullir de israelitas que infestaban a Balbec. “No se puede dar dos pasos sin tropezar con un judío. No es que yo sea irreductiblemente hostil por principios a la nacionalidad judía, pero aquí hay ya plétora de ellos. No se oye más que: “¡Eh, Efraim, mira, soy yo Jacob! Parece que está uno en la calle de Aboukir.” Por fin salió de la caseta el individuo que tronaba contra los judíos, y alzamos la vista para ver al antisemita. Era mi camarada Bloch. Saint–Loup me pidió en seguida que recordara a Bloch que se habían conocido en los exámenes del bachillerato, donde Bloch tuvo premio de honor, y luego en una Universidad popular.
Tout au plus souriais-je parfois de retrouver chez Robert les leçons des jésuites dans la gêne que la peur de froisser faisait naître chez lui, chaque fois que quelqu′un de ses amis intellectuels commettait une erreur mondaine, faisait une chose ridicule, à laquelle, lui, Saint-Loup, n′attachait aucune importance, mais dont il sentait que l′autre aurait rougi si l′on s′en était aperçu. Et c′était Robert qui rougissait comme si ç‘avait été lui le coupable, par exemple le jour où Bloch lui promettait d′aller le voir à l′hôtel, ajouta: Alguna vez me sonreía yo al observar en Roberto el rastro de las lecciones de los jesuitas: por ejemplo, en el azoramiento que le causaba el miedo a molestar a un amigo, cuando alguna de sus amistades intelectuales incurría en un error mundano o hacía una cosa ridícula, a lo que él no atribuía ninguna importancia, pero que hubiese hecho ruborizarse al otro, caso de haberse dado cuenta de la falta. Y Roberto era el que se ponía encarnado, como si fuese el culpable; así ocurrió, por ejemplo, el día que Bloch le prometió ir a verlo al hotel; diciéndole
— Comme je ne peux pas supporter d′attendre parmi le faux chic de ces grands caravansérails, et que les tziganes me feraient trouver mal, dites au «la» de les faire taire et de vous prévenir de suite. –Pero como no me gusta estar esperando entre el lujo falso de esos asilos de caravanas y los tziganes me ponen malo, haga usted el favor de decir al laift que los mande callar y que le avise a usted.
Personnellement, je ne tenais pas beaucoup à ce que Bloch vînt à l′hôtel. Il était à Balbec, non pas seul, malheureusement, mais avec ses surs qui y avaient elles-mêmes beaucoup de parents et d′amis. Or cette colonie juive était plus pittoresque qu′agréable. Il en était de Balbec comme de certains pays, la Russie ou la Roumanie, où les cours de géographie nous enseignent que la population israélite n′y jouit point de la même faveur et n′y est pas parvenue au même degré d′assimilation qu′à Paris par exemple. Toujours ensemble, sans mélange d′aucun autre élément, quand les cousines et les oncles de Bloch, ou leurs coreligionnaires mâles ou femelles se rendaient au Casino, les unes pour le «bal», les autres bifurquant vers le baccarat, ils formaient un cortège homogène en soi et entièrement dissemblable des gens qui les regardaient passer et les retrouvaient là tous les ans sans jamais échanger un salut avec eux, que ce fût la société des Cambremer, le clan du premier président, ou des grands et petits bourgeois, ou même de simples grainetiers de Paris, dont les filles, belles, fières, moqueuses et françaises comme les statues de Reims, n′auraient pas voulu se mêler à cette horde de fillasses mal élevées, poussant le souci des modes de «bains de mer» jusqu′à toujours avoir l′air de revenir de pêcher la crevette ou d′être en train de danser le tango. Quant aux hommes, malgré l′éclat des smokings et des souliers vernis, l′exagération de leur type faisait penser à ces recherches dites «intelligentes» des peintres qui, ayant à illustrer les Évangiles ou les Mille et Une Nuits, pensent au pays où la scène se passe et donnent à saint Pierre ou à Ali-Baba précisément la figure qu′avait le plus gros «ponte» de Balbec. Bloch me présenta ses surs, auxquelles il fermait le bec avec la dernière brusquerie et qui riaient aux éclats des moindres boutades de leur frère, leur admiration et leur idole. De sorte qu′il est probable que ce milieu devait renfermer comme tout autre, peut-être plus que tout autre, beaucoup d′agréments, de qualités et de vertus. Mais pour les éprouver, il eût fallu y pénétrer. Or, il ne plaisait pas il le sentait, il voyait là la preuve d′un antisémitisme contre lequel il faisait front en une phalange compacte et close où personne d′ailleurs ne songeait à se frayer un chemin. Yo no tenía ningún interés en que Bloch fuese a nuestro hotel. Estaba en Balbec; pero no él solo, sino con sus hermanas, que tenían una corte de parientes y amigos. Y esa colonia judía era más pintoresca que agradable. Ocurría con Balbec lo que ocurre, según las clases de geografía, con algunas naciones como Rusia o Rumania, esto es, que allí la población israelita no goza del mismo favor ni ha llegado al mismo grado de asimilación que en París, por ejemplo. Los parientes de Bloch iban siempre juntos, sin mezcla de ningún otro elemento; y cuando sus primas y sus tíos, con correligionarios de ambos sexos, se dirigían al Casino, las unas hacia “el baile” y los otros bifurcando hacia el baccarat, formaban una comitiva perfectamente homogénea y enteramente distinta de la gente que los veía pasar; gente que se los encontraba allí todos los años y que nunca cambiaba un saludo con ellos ni el círculo de los Cambremer, ni el clan del magistrado, ni burgueses ricos o pobres, ni siquiera los tratantes en granos de París, cuyas hijas, guapas, altivas, burlonas y francesas como la escultura de Reims, no querían mezclarse a esa horda de mozuelas mal educadas que llevaban la preocupación de la moda de “playa” hasta el punto de que siempre parecía que volvían de pescar quisquillas o de bailar el tango. En cuanto a los hombres, a pesar del brillo de los smokings y de los zapatos de charol, lo exagerado de su tipo traía a la memoria esas rebuscas llamadas “acertadas” de los pintores que, teniendo que ilustrar los Evangelios o Las mil y urna noches, piensan en el país donde ocurre la escena y ponen a San Pedro o a Alí Babá precisamente la misma cara que tenía el “tío” más gordo de Balbec. Bloch me presentó a sus hermanas; las trataba muy bruscamente, cortándoles la palabra de pronto; pero ellas se reían a carcajadas de cualquier fanfarronada de su hermano, el cual era objeto de su admiración e idolatría. De modo que es posible que el ambiente de esa familia tuviese como otro cualquiera, o aun en mayor grado, sus encantos, sus buenas cualidades y sus virtudes. Pero para sentir todo eso hubiera sido menester entrar en él. Y no agradaba a la gente, cosa que ellos notaban y en la que veían la prueba de un antisemitismo al que hacían frente en falange compacta y cerrada, falange en que además nadie intentaba abrirse paso.
Pour ce qui est de «la», cela avait d′autant moins lieu de me surprendre que quelques jours auparavant, Bloch m′ayant demandé pourquoi j′étais venu à Balbec (il lui semblait au contraire tout naturel que lui-même y fût) et si c′était «dans l′espoir de faire de belles connaissances», comme je lui avais dit que ce voyage répondait à un de mes plus anciens désirs, moins profond pourtant que celui d′aller à Venise, il avait répondu: «Oui, naturellement, pour boire des sorbets avec les belles madames, tout en faisant semblant de lire les Stones of Vena, de Lord John Ruskin, sombre raseur et l′un des plus barbifiants bonshommes qui soient.» Bloch croyait donc évidemment qu′en Angleterre, non seulement tous les individus du sexe mâle sont lords, mais encore que la lettre i s′y prononce toujours aí¬ Quant à Saint-Loup, il trouvait cette faute de prononciation d′autant moins grave qu′il y voyait surtout un manque de ces notions presque mondaines que mon nouvel ami méprisait autant qu′il les possédait. Mais la peur que Bloch apprenant un jour qu′on dit Venice et que Ruskin n′était pas lord, crût rétrospectivement que Robert l′avait trouvé ridicule fit que ce dernier se sentit coupable comme s′il avait manqué de l′indulgence dont il débordait et que la rougeur qui colorerait sans doute un jour le visage de Bloch à la découverte de son erreur, il la sentit par anticipation et réversibilité monter au sien. Car il pensait bien que Bloch attachait plus d′importance que lui à cette faute. Ce que Bloch prouva quelque temps après, un jour qu′il m′entendit prononcer «lift», en interrompant: Lo de lift pronunciado laift no me sorprendió, porque unos días antes Bloch me preguntó a qué había ido yo a Balbec (en cambio, la presencia suya allí le parecía naturalísima), si era con “la esperanza de hacer buenas amistades”; y como yo le respondiera que ese viaje obedecía a un deseo mío antiquísimo, aunque no tan fuerte como el que tenía de ir a Venecia, me repuso él: “Sí, claro, para tomar sorbetes con señoronas guapas y hacer como que se lee las Stones of Venaice, de lord John Ruskin, pelmazo aburridísimo, uno de los hombres más latosos que existen”. De manera que Bloch creía evidentemente que en Inglaterra todos los individuos del sexo masculino son lores, y además que la letra i se pronuncia siempre ai. A Saint–Loup este defecto de pronunciación no le pareció nada grave, porque lo consideraba como falta de una de esas nociones casi de buena sociedad, que mi amigo poseía a fondo y despreciaba afondo también. Pero el temor de que Bloch llegara a enterarse un día de que Ruskin no era lord y de que se dice Venice y se imaginara, retrospectivamente, que había hecho el ridículo delante de Roberto, lo puso en situación de culpable, cual si hubiese faltado a la indulgencia que siempre desbordaba y el rubor que algún día había dé asomar a las mejillas de Bloch cuando averiguara su error lo sintió él en su rostro anticipadamente y por reversibilidad. Porque pensaba, y con razón, que Bloch atribuía a esas cosas más importancia que él. Y así lo demostró Bloch algún tiempo después, un día que me oyó decir lift, interrumpiéndome.
— «Ah! on dit lift.» Et d′un ton sec et hautain:— «Cela n′a d′ailleurs aucune espèce d′importance.» Phrase analogue à un réflexe, la même chez tous les hommes qui ont de l′amour-propre, dans les plus graves circonstances aussi bien que dans les plus infimes; dénonçant alors aussi bien que dans celle-ci combien importante paraît la chose en question à celui qui la déclare sans importance; phrase tragique parfois qui la première de toutes s′échappe si navrante alors, des lèvres de tout homme un peu fier à qui on vient d′enlever la dernière espérance à laquelle il se raccrochait, en lui refusant un service: «Ah! bien, cela n′a aucune espèce d′importance, je m′arrangerai autrement»; l′autre arrangement vers lequel il est sans aucune espèce d′importance d′être rejeté étant quelquefois le suicide. –¡Ah, conque se dice lift! Y añadió, en tono seco y altanero –Lo mismo da, no tiene ninguna importancia. Frase que parece un movimiento reflejo; frase común a todos los hombres de mucho amor propio, lo mismo en las circunstancias más graves que en las más ínfimas de esta vida: frase que delata, corno en este caso, lo importante que parece la cosa de que se trate a aquél que la declara sin importancia; frase que es la primera que se escapa, y ¡cuán desgarradora entonces!, de los labios dé toda persona un poco orgullosa cuando al negarle un favor le acaban de arrancar la última esperanza a que se aferraba: “Bueno, lo mismo da, no tiene importancia, ya me las arreglaré de otra manera”; esa otra maniera, a la que se ve empujado por una cosa que no tiene importancia, puede ser el suicidio.
Puis Bloch me dit des choses fort gentilles. Il avait certainement envie d′être très aimable avec moi. Pourtant, il me demanda: «Est-ce par goût de t′élever vers la noblesse — une noblesse très à-côté du reste, mais tu es demeuré na— que tu fréquentes de Saint-Loup-en-Bray. Tu dois être en train de traverser une jolie crise de snobisme. Dis-moi es-tu snob? Oui n′est-ce pas?» Ce n′est pas que son désir d′amabilité eût brusquement changé. Mais ce qu′on appelle en un français assez incorrect «la mauvaise éducation» était son défaut, par conséquent le défaut dont il ne s′apercevait pas, à plus forte raison dont il ne crût pas que les autres pussent être choqués. Dans l′humanité, la fréquence des vertus identiques pour tous, n′est pas plus merveilleuse que la multiplicité des défauts particuliers à chacun. Sans doute, ce n′est pas le bon sens qui est «la chose du monde la plus répandue», c′est la bonté. Dans les coins les plus lointains, les plus perdus, on s′émerveille de la voir fleurir d′elle-même, comme dans un vallon écarté un coquelicot pareil à ceux du reste du monde, lui qui ne les a jamais vus, et n′a jamais connu que le vent qui fait frissonner parfois son rouge chaperon solitaire. Même si cette bonté, paralysée par l′intérêt, ne s′exerce pas, elle existe pourtant, et chaque fois qu′aucun mobile égoî²´e ne l′empêche de le faire, par exemple, pendant la lecture d′un roman ou d′un journal, elle s′épanouit, se tourne, même dans le cur de celui qui, assassin dans la vie, reste tendre comme amateur de feuilletons, vers le faible, vers le juste et le persécuté. Mais la variété des défauts n′est pas moins admirable que la similitude des vertus. Chacun a tellement les siens que pour continuer à l′aimer, nous sommes obligés de n′en pas tenir compte et de les négliger en faveur du reste. La personne la plus parfaite a un certain défaut qui choque ou qui met en rage. L′une est d′une belle intelligence, voit tout d′un point de vue élevé, ne dit jamais de mal de personne, mais oublie dans sa poche les lettres les plus importantes qu′elle vous a demandé elle-même de lui confier, et vous fait manquer ensuite un rendez-vous capital, sans vous faire d′excuses, avec un sourire, parce qu′elle met sa fierté à ne jamais savoir l′heure. Un autre a tant de finesse, de douceur, de procédés délicats, qu′il ne vous dit jamais de vous-même que les choses qui peuvent vous rendre heureux, mais vous sentez qu′il en tait, qu′il en ensevelit dans son cur, où elles aigrissent, de toutes différentes, et le plaisir qu′il a à vous voir lui est si cher qu′il vous ferait crever de fatigue plutôt que de vous quitter. Un troisième a plus de sincérité, mais la pousse jusqu′à tenir à ce que vous sachiez, quand vous vous êtes excusé sur votre état de santé de ne pas être allé le voir, que vous avez été vu vous rendant au théâtre et qu′on vous a trouvé bonne mine, ou qu′il n′a pu profiter entièrement de la démarche que vous avez faite pour lui, que d′ailleurs déjà trois autres lui ont proposé de faire et dont il ne vous est ainsi que légèrement obligé. Dans les deux circonstances, l′ami précédent aurait fait semblant d′ignorer que vous étiez allé au théâtre et que d′autres personnes eussent pu lui rendre le même service. Quant à ce dernier ami il éprouve le besoin de répéter ou de révéler à quelqu′un ce qui peut le plus vous contrarier, est ravi de sa franchise et vous dit avec force: «Je suis comme cela.» Tandis que d′autres vous agacent par leur curiosité exagérée, ou par leur incuriosité si absolue, que vous pouvez leur parler des événements les plus sensationnels sans qu′ils sachent de quoi il s′agit; que d′autres encore restent des mois à vous répondre si votre lettre a trait à un fait qui concerne vous et non eux, ou bien s′ils vous disent qu′ils vont venir vous demander quelque chose et que vous n′osiez pas sortir de peur de les manquer, ne viennent pas et vous laissent attendre des semaines parce que n′ayant pas reçu de vous la réponse que leur lettre ne demandait nullement, ils avaient cru vous avoir fâché. Et certains, consultant leur désir et non le vôtre, vous parlent sans vous laisser placer un mot s′ils sont gais et ont envie de vous voir, quelque travail urgent que vous ayez à faire, mais s′ils se sentent fatigués par le temps, ou de mauvaise humeur, vous ne pouvez pas tirer d′eux une parole, ils opposent à vos efforts une inerte langueur et ne prennent pas plus la peine de répondre, même par monosyllabes, à ce que vous dites que s′ils ne vous avaient pas entendus. Chacun de nos amis a tellement ses défauts que pour continuer à l′aimer nous sommes obligés d′essayer de nous consoler d′eux — en pensant à son talent, à sa bonté, à sa tendresse, — ou plutôt de ne pas en tenir compte en déployant pour cela toute notre bonne volonté. Malheureusement notre complaisante obstination à ne pas voir le défaut de notre ami est surpassée par celle qu′il met à s′y adonner à cause de son aveuglement ou de celui qu′il prête aux autres. Car il ne le voit pas ou croit qu′on ne le voit pas. Comme le risque de déplaire vient surtout de la difficulté d′apprécier ce qui passe ou non inaperçu, on devrait, au moins, par prudence, ne jamais parler de soi, parce que c′est un sujet où on peut être sûr que la vue des autres et la nôtre propre ne concordent jamais. Si on a autant de surprises qu′à visiter une maison d′apparence quelconque dont l′intérieur est rempli de trésors, de pinces-monseigneur et de cadavres quand on découvre la vraie vie des autres, l′univers réel sous l′univers apparent, on n′en éprouve pas moins si au lieu de l′image qu′on s′était faite de soi-même grâce à ce que chacun nous en disait, on apprend par le langage qu′ils tiennent à notre égard en notre absence, quelle image entièrement différente ils portaient en eux de nous et de notre vie. De sorte que chaque fois que nous avons parlé de nous, nous pouvons être sûrs que nos inoffensives et prudentes paroles, écoutées avec une politesse apparente et une hypocrite approbation ont donné lieu aux commentaires les plus exaspérés ou les plus joyeux, en tous cas les moins favorables. Le moins que nous risquions est d′agacer par la disproportion qu′il y a entre notre idée de nous-mêmes et nos paroles, disproportion qui rend généralement les propos des gens sur eux aussi risibles que ces chantonnements des faux amateurs de musique qui éprouvent le besoin de fredonner un air qu′ils aiment en compensant l′insuffisance de leur murmure inarticulé par une mimique énergique et un air d′admiration que ce qu′ils nous font entendre ne justifie pas. Et à la mauvaise habitude de parler de soi et de ses défauts il faut ajouter comme faisant bloc avec elle, cette autre de dénoncer chez les autres des défauts précisément analogues à ceux qu′on a. Or, c′est toujours de ces défauts-là qu′on parle, comme si c′était une manière de parler de soi, détournée, et qui joint au plaisir de s′absoudre celui d′avouer. D′ailleurs il semble que notre attention toujours attirée sur ce qui nous caractérise le remarque plus que toute autre chose chez les autres. Un myope dit d′un autre: «Mais il peut à peine ouvrir les yeux»; un poitrinaire a des doutes sur l′intégrité pulmonaire du plus solide; un malpropre ne parle que des bains que les autres ne prennent pas; un malodorant prétend qu′on sent mauvais; un mari trompé voit partout des maris trompés; une femme légère des femmes légères; le snob des snobs. Et puis chaque vice comme chaque profession, exige et développe un savoir spécial qu′on n′est pas fâché d′étaler. L′investi dépiste les investis, le couturier invité dans le monde n′a pas encore causé avec vous qu′il a déjà apprécié l′étoffe de votre vêtement et que ses doigts brûlent d′en palper les qualités, et si après quelques instants de conversation vous demandiez sa vraie opinion sur vous à un odontalgiste, il vous dirait le nombre de vos mauvaises dents. Rien ne lui paraît plus important, et à vous qui avez remarqué les siennes, plus ridicule. Et ce n′est pas seulement quand nous parlons de nous que nous croyons les autres aveugles; nous agissons comme s′ils l′étaient. Pour chacun de nous, un Dieu spécial est là qui lui cache ou lui promet l′inversibilité de son défaut, de même qu′il ferme les yeux et les narines aux gens qui ne se lavent pas sur la raie de crasse qu′ils portent aux oreilles et l′odeur de transpiration qu′ils gardent au creux des bras et les persuade qu′ils peuvent impunément promener l′une et l′autre dans le monde qui ne s′apercevra de rien. Et ceux qui portent ou donnent en présent de fausses perles s′imaginent qu′on les prendra pour des vraies. Bloch était mal élevé, névropathe, snob et appartenant à une famille peu estimée supportait comme au fond des mers les incalculables pressions que faisaient peser sur lui non seulement les chrétiens de la surface mais les couches superposées des castes juives supérieures à la sienne, chacune accablant de son mépris celle qui lui était immédiatement inférieure. Percer jusqu′à l′air libre en s′élevant de famille juive en famille juive eût demandé à Bloch plusieurs milliers d′années. Il valait mieux chercher à se frayer une issue d′un autre côté. Luego Bloch me dijo cosas muy amables. Se veía que deseaba estar muy atento conmigo. Sin embargo, me preguntó “Oye, ¿te tratas tanto con Saint–Loup–en–Bray por ganas de elevarte hacia la nobleza, aunque sea una nobleza un poco olvidada, porque tú eres muy cándido? ¡Debes de estar pasando una buena crisis de snobismo! ¿Qué, eres ya snob? Sí, ¿verdad?” Y no es que de pronto hubiese cambiado su deseo de estar amable, no. Pero eso que se llama en francés bastante incorrecto la “mala educación” era su defecto capital, y, por consecuencia, defecto del que no se daba cuenta: de modo que no creía que pudiera chocar a los demás. Tan maravillosa es en el género humano la frecuencia de virtudes idénticas para todos como la multiplicidad de defectos que parecen particulares de un ser determinado. Indudablemente, lo que más abunda no es el sentido común, como se suele decir, sino la bondad. Se asombra uno al verla florecer solitaria en los rincones más remotos y extraviados, como amapola de un valle apartado igual a todas las demás amapolas del mundo, ella que no las ha visto nunca y que jamás conoció otra cosa que el viento cuando estremece su encarnado capirote solitario. Aun cuando esa bondad, paralizada por el interés, no se ejercite, existe, y siempre que no le estorbe el movimiento un móvil egoísta, por ejemplo, durante la lectura de una novela o de un periódico, abre sus pétalos y se vuelve, hasta en el corazón del que, asesino en la realidad, conserva su sensibilidad tierna de lector de folletín, hacia el débil, hacia el justo o el perseguido. Pero no menos admirable que la semejanza de las virtudes es la variedad de los defectos. Todo el mundo tiene los suyos, y para seguir queriendo á una persona no tenemos más remedio que no hacer caso de ellos y desdeñarlos en favor de las demás cualidades. La persona más perfecta tiene siempre un determinado defecto que choca o da rabia . Este es un hombre extraordinariamente inteligente, lo juzga todo desde un punto de vista muy elevado, nunca habla mal de nadie, pero se le olvidan en el bolsillo las cartas que uno le confió porque él mismo se brindó a llevarlas, y luego nos hace perder una cita importantísima, sin excusarse siquiera sonriente, porque tiene a prurito el no saber nunca qué hora es. Otro hay finísimo, muy cariñoso, de tan delicadas maneras, que nunca os dirá dé vosotros mismos más que las cosas que puedan seros gratas; pero bien se siente que hay otras que, se calla; que se le quedan dentro, agriándose, otras cosas muy distintas, y tal placer tiene en véros, que antes lo mata a uno dé fatiga que dejarle solo. Un tercero, en cambio, tiene más sinceridad; pero la lleva al extremo, porque en ocasión en que nos excusamos de no haber ido a verlo porque estábamos malos insiste en que nos enteremos de que aquel mismo día nos vieron camino del teatro y con muy buena cara; o nos dice que apenas si le ha sido provechosa una gestión que hicimos por él, que ya otros tres le iban a hacer el mismo favor, y, por consiguiente, que tiene poco que agradecernos. En estos dos últimos casos el amigo de más arriba hubiese hecho como que no sabía que estuvimos en el teatro y se habría callado que otras personas le podían prestar el mismo favor. Y ese amigo sincero siente la imperiosa necesidad de ir a contar o a repetir a alguien la cosa que más nos contraría, se queda encantado de su franqueza y ‘dice firmemente: “Yo soy así”. Los hay que nos molestan con su curiosidad exagerada o con su absoluta falta de curiosidad, tan grande que ya puede uno hablarles de los más graves acontecimientos, seguro de que no saben de qué se trata; otros tardan meses en contestarnos si nuestra carta se refería a una cosa que a nosotros nos importaba y a ellos no; algunos nos anuncian que van a ir a preguntarnos una cosa, y cuando uno se queda en casa sin salir, por temor a que vengan y no nos hallen, resulta que nos hacen esperar semanas y semanas todo porque no contestamos a su carta, porque no era menester, y se figuran que nos hemos enfadado. Personas hay que consultan sus deseos y no los ajenos, de suerte que hablan sin dejarnos abrir la boca, cuando están contentas y tienen ganas de vernos; pero cuando se sienten cansadas por el tiempo, o de mal humor, no hay medio de sacarles una palabra, oponen a todo esfuerzo una lánguida inercia y no se toman la molestia de responder ni siquiera por monosílabos a lo que está uno diciendo, como si no Hubiesen oído. Cada uno de nuestros amigos tiene sus defectos y para seguir queriéndolo es menester hacer por consolarnos de esos defectos pensando en su talento, en su bondad o en su cariño; o prescindir de ellos desplegando toda nuestra buena voluntad en esta empresa Desgraciadamente, nuestra complaciente obstinación en no ver el defecto del amigo se ve siempre superada por la obstinación suya en mostrarlo, ya por ceguedad propia, ya porque crea que los ciegos somos nosotros. Porque o no ve él su defecto, o se imagina que no lo ven los demás. Como el peligro de desagradar proviene sobre todo de la dificultad de apreciar cuales cosas se notan y cuáles no, por lo menos por –prudencia no debiera uno hablar nunca de sí n mismo, porque ése es un tema donde de seguro la visión nuestra y la ajena no coinciden nunca. El descubrir la verdadera vida del prójimo, el universo real bajo el universo aparente, nos causa tanta sorpresa como visitar tina casa de buena apariencia y encontrarla llena de cadáveres, de riquezas y de ganzúas; y no es menor la sorpresa sentida cuando, en vez de la imagen nuestra que nos habíamos formado al oír hablar de nuestro carácter a los demás, nos enteramos, por lo que esas mismas personas dicen cuando no estamos delante, de la imagen enteramente distinta que en sí llevan de nosotros y de nuestra vida. De modo que cada vez que acabamos de hablar de nosotros no podemos saber si nuestras palabras, prudentes e inofensivas, escuchadas con aparente cortesía e hipócrita aprobación serán o no motivo de comentarios furiosos o regocijantes, pero desfavorables en todo caso. El menor de los peligros que corremos es el de irritar a los que nos oyen, cocí esa desproporción que hay siempre entre la idea que de nosotros tenemos y nuestras palabras; desproporción que convierte las cosas que dice la gente de sí misma en algo tan risible como esos canturreos de los falsos aficionados a la música que sienten necesidad de tararear tina melodía que les gusta, compensando la insuficiencia de su inarticulado murmullo con una mímica enérgica y un gesto de admiración en ningún modo justificado por lo que nos están cantando. A la mala costumbre de hablar de sí mismo y de los propios defectos hay que añadir, como formando bloque con ella, ese otro hábito de denunciar en los caracteres de los demás defectos análogos a los nuestros. Y se está constantemente hablando de los dichos defectos, como si fuera esto una especie de rodeo para hablar de sí mismo, en el que se juntan el placer de confesar y el de absolverse. Y es que nuestra atención, fija en lo más característico de nuestro ser, nota también esa cualidad en los demás mucho antes que las otras. Habrá miope que diga de otro–: “¡Si apenas puede abrir los ojos!”; a este enfermo del pecho le ofrece duda la integridad pulmonar del individuo más fuerte; un hombre poco aseado no hace más que hablar de los baños que no toman los demás; el que huele mal sostiene que allí donde está hay un olor que apesta; ve por todas partes maridos engañados el marido engañado, mujeres casquivanas la mujer casquivana, snobs el snob. Y pasa con cada vicio lo que con cada profesión, y es que exigen y desarrollan un determinado saber que se ostenta con gusto. El invertido descubre en seguida a los invertidos; el modista invitado a una reunión, apenas ha empezado a hablar con uno cuando ya está valorando la clase del paño de su traje, y se le van los dedos, sin querer, a palpar la tela y reconocer su calidad; y si se está un rato de conversación con un dentista y se le pregunta qué es lo que opina de uno, nos dirá cuántos dientes tenemos echados a. perder. Para él nada hay más importante; para vosotros, que ya os habéis fijado en la dentadura suya, nada más ridículo. Y no sólo nos figuramos que los demás son ciegos cuando nos ponemos a hablar de nosotros, sino que procedemos como si en realidad lo fueran. Para cada uno de nosotros parece que hay un dios que oculta su defecto o le promete su inversibilidad; ese dios que cierra los ojos y las narices a la gente que se lava, respecto a la raya de grasa que llevan en las orejas y al olor a sudor que echan, persuadiéndolos de que pueden pasear impunemente ambos defectos por el mundo sin que nadie los note. Y los que llevan perlas falsas o las regalan se figuran siempre que todos las tomarán por buenas. Bloch era un muchacho mal educado, neurasténico, snob y de familia poco estimada; de modo que soportaba como en el fondo del mar las incalculables presiones con que lo abrumaban no sólo los cristianos de la superficie, sino las capas superpuestas de castas judías superiores a la suya, cada una de las cuáles hacía pesar todo su desprecio sobre la in inmediatamente inferior. Para llegar hasta la región del aire libre atravesando familias y familias judías hubiese necesitado Bloch .millares de años. Así, que más valía buscarse la salida por otro lado.
Quand Bloch me parla de la crise de snobisme que je devais traverser et me demanda de lui avouer que j′étais snob, j′aurais pu lui répondre: «Si je l′étais, je ne te fréquenterais pas.» Je lui dis seulement qu′il était peu aimable. Alors il voulut s′excuser mais selon le mode qui est justement celui de l′homme mal élevé, lequel est trop heureux en revenant sur ses paroles de trouver une occasion de les aggraver. «Pardonne-moi, me disait-il maintenant chaque fois qu′il me rencontrait, je t′ai chagriné, torturé, j′ai été méchant à plaisir. Et pourtant — l′homme en général et ton ami en particulier est un si singulier animal — tu ne peux imaginer, moi qui te taquine si cruellement, la tendresse que j′ai pour toi. Elle va souvent quand je pense à toi, jusqu′aux larmes.» Et il fit entendre un sanglot. Cuando Bloch me habló de la crisis de snobismo que yo debía de estar pasando y me pidió que le confesara si era ya snob, pude haberle contestado muy bien: “Si lo fuese, no te trataría”. Pero me limité a decirle que era muy poco amable. Quiso excusarse, pero con arreglo a la táctica del mal educado, que se alegra mucho de desdecirse de sus palabras porque así tiene ocasión de agravarlas. –Perdóname –me decía ahora cada vez que me veía-, te he hecho sufrir, te he torturado, he sido malo contigo. Y sin embargo –porque el hombre en general, y tu amigo en particular, es un animal muy raro–, no te puedes imaginar el cariño que te tengo, yo que te hago rabiar tan cruelmente. Tanto, que a veces hasta lloro –pensando en ti. Y se le escapaba un sollozo.
Ce qui m′étonnait plus chez Bloch que ses mauvaises manières, c′était combien la qualité de sa conversation était inégale. Ce garçon si difficile qui des écrivains les plus en vogue disait: «C′est un sombre idiot, c′est tout à fait un imbécile», par moments racontait avec une grande gaieté des anecdotes qui n′avaient rien de drôle et citait comme «quelqu′un de vraiment curieux», tel homme entièrement médiocre. Cette double balance pour juger de l′esprit, de la valeur, de l′intérêt des êtres, ne laissa pas de m′étonner jusqu′au jour où je connus M. Bloch père. Lo que me extrañaba en Bloch aún más que sus malos modales era lo desigual de la calidad de su conversación. Aquel muchacho tan exigente, que llamaba estúpidos latosos e imbéciles a los′ escritores de fama, se ponía a veces a contar con tono muy divertido anécdotas que no tenían la menor gracia, y citaba a una persona enteramente mediocre como “sumamente curiosa”. Ese doble rasero para medir el ingenio, el mérito y el interés de las gentes me asombró hasta que conocí al señor Bloch padre.
Je n′avais pas cru que nous serions jamais admis à le connaître, car Bloch fils avait mal parlé de moi à Saint-Loup et de Saint-Loup à moi. Il avait notamment dit à Robert que j′étais (toujours), affreusement snob. «Si, si, il est enchanté de connaître M. LLLLegrandin», dit-il. Cette manière de détacher un mot était chez Bloch le signe à la fois de l′ironie et de la littérature. Saint-Loup qui n′avait jamais entendu le nom de Legrandin s′étonna: «Mais qui est-ce?» — «Oh! c′est quelqu′un de très bien», répondit Bloch en riant et en mettant frileusement ses mains dans les poches de son veston, persuadé qu′il était en ce moment en train de contempler le pittoresque aspect d′un extraordinaire gentilhomme provincial auprès de quoi ceux de Barbey d′Aurevilly n′étaient rien. Il se consolait de ne pas savoir peindre M. Legrandin en lui donnant plusieurs L et en savourant ce nom comme un vin de derrière les fagots. Mais ces jouissances subjectives restaient inconnues aux autres. S′il dit à Saint-Loup du mal de moi, d′autre part il ne m′en dit pas moins de Saint-Loup. Nous avions connu le détail de ces médisances chacun dès le lendemain, non que nous nous les fussions répétées l′un à l′autre, ce qui nous eût semblé très coupable, mais paraissait si naturel et presque si inévitable à Bloch que dans son inquiétude, et tenant pour certain qu′il ne ferait qu′apprendre à l′un ou à l′autre ce qu′ils allaient savoir, il préféra prendre les devants, et emmenant Saint-Loup à part lui avoua qu′il avait dit du mal de lui, exprès, pour que cela lui fût redit, lui jura «par le Kroniôn Zeus, gardien des serments», qu′il l′aimait, qu′il donnerait sa vie pour lui et essuya une larme. Le même jour, il s′arrangea pour me voir seul, me fit sa confession, déclara qu′il avait agi dans mon intérêt parce qu′il croyait qu′un certain genre de relations mondaines m′était néfaste et que je «valais mieux que cela». Puis, me prenant la main avec un attendrissement d′ivrogne, bien que son ivresse fût purement nerveuse: «Crois-moi, dit-il, et que la noire Ker me saisisse à l′instant et me fasse franchir les portes d′Hadès, odieux aux hommes, si hier en pensant à toi, à Combray, à ma tendresse infinie pour toi, à telles après-midi en classe que tu ne te rappelles même pas, je n′ai pas sangloté toute la nuit. Oui, toute la nuit, je te le jure, et hélas, je le sais car je connais les âmes, tu ne me croiras pas.» Je ne le croyais pas, en effet, et à ces paroles que je sentais inventées à l′instant même et au fur et à mesure qu′il parlait, son serment «par la Ker» n′ajoutait pas un grand poids, le culte hellénique étant chez Bloch purement littéraire. D′ailleurs dès qu′il commençait à s′attendrir et désirait qu′on s′attendrît sur un fait faux, il disait: «Je te le jure», plus encore pour la volupté hystérique de mentir que dans l′intérêt de faire croire qu′il disait la vérité. Je ne croyais pas ce qu′il me disait, mais je ne lui en voulais pas, car je tenais de ma mère et de ma grand′mère d′être incapable de rancune, même contre de bien plus grands coupables et de ne jamais condamner personne. Yo creí que nunca lograríamos el honor de conocerlo, por Bloch hijo había hablado mal de mí a Saint–Loup, y a mí me habló mal de Roberto. Le dijo que yo fui siempre terriblemente snob. “Sí, sí, está encantado porque conoce al señor Lengrandin Y lo pronunció con muchas eles, cosa que en Bloch era a la par indicio de ironía y de literatura. Saint–Loup, que nunca había oído ese nombre, se quedó asombrado: “¿Y quién es?” “¡Ah!, una persona muy bien”, respondió Bloch riéndose y metiéndose las manos en los bolsillos de la americana, convencido de que en aquel momento estaba contemplando el pintoresco aspecto de un extraordinario hidalgo de provincia, junto al cual no eran nada los Barbey d′Aurevilly. Se consolaba de no saber describir al señor Legrandin pronunciando su nombre con muchas eles y saboreándolo como un vino trasañejo. Pero esos goces eran puramente subjetivos y no llegaban a conocimiento de los demás A Saint–Loup le habló mal de mí y a mí no me habló mucho mejor de Saint– Loup. Nos enteramos detalladamente de estos chismes al día siguiente, y no porque nos fuésemos a contar Saint–Loup y de las palabras de Bloch, cosa que nos hubiera parecido fea, sino porque Bloch, figurándose que era natural y casi inevitable que así lo hiciéramos, inquieto y seguro de que no nos iba a decir nada que ya no supiésemos, prefirió tomar la delantera y, llevándose aparte a Saint–Loup, le confesó que había hablado mal de él adrede, para que se lo dijeran, y le juró por “el Cronion Zeus, guardián de los juramentos”, que lo quería mucho y que daría su vida por él, al mismo tiempo que se secaba una lágrima. Aquel mismo día se las arregló para verme a mí solo, se confesó, ‘, me dijo que lo había hecho en defensa de mi propio interés, porque él creía que cierta clase de relaciones mundanas me perjudicarían, y que yo valía “más que todo eso”. Luego, cogiéndome la mano con sentimentalismo de borracho, aunque su borrachera era de nervios, me dijo: “Créemelo, que la funesta Ker se apodere de mí al instante y me haga entrar por las puertas de Hades, odiosas a los humanos, si no es verdad que ayer, pensando en ti, en Combray, en el cariño que te tengo y en algunas tardes del colegio de las que tú ya no te acordarás siquiera, no me pasé toda la noche llorando. Sí, toda la noche, te lo juro; y lo peor es que no lo creerás, porque yo conozco el corazón humano”. Yo, en efecto, no me lo creía; y el juramento por “la Ker” no añadía peso alguno a esas palabras, que iba inventando según hablaba, porque el culto helénico era en Bloch puramente literario. Además en cuanto comenzaba a ponerse sentimental y deseaba hacer enternecerse a los demás por cualquier embuste, decía que lo juraba, más bien por histérica voluptuosidad de mentir que por tener interés en que le prestaran crédito. No creí nada de lo que me dijo, pero no le guardé rencor, porque había heredado yo de mi madre y de mi abuela la incapacidad para ese sentimiento, aun en el caso de culpas mucho mayores, y no sabía condenar a nadie.
Ce n′était du reste pas absolument un mauvais garçon que Bloch, il pouvait avoir de grandes gentillesses. Et depuis que la race de Combray, la race d′où sortaient des êtres absolument intacts comme ma grand′mère et ma mère, semble presque éteinte, comme je n′ai plus guère le choix qu′entre d′honnêtes brutes, insensibles et loyales, et chez qui le simple son de la voix montre bien vite qu′ils ne se soucient en rien de votre vie — et une autre espèce d′hommes qui tant qu′ils sont auprès de vous vous comprennent, vous chérissent, s′attendrissent jusqu′à pleurer, prennent leur revanche quelques heures plus tard en faisant une cruelle plaisanterie sur vous, mais vous reviennent, toujours aussi compréhensifs, aussi charmants, aussi momentanément assimilés à vous-même, je crois que c′est cette dernière sorte d′hommes dont je préfère, sinon la valeur morale, du moins la société. Además, el tal Bloch no era un mal muchacho del todo, y en ocasiones tenía rasgos de bondad. Y desde que se extinguió casi la raza de Combray, esa raza de la que salían seres absolutamente intactos, como mi madre y mi abuela, en esta vida no me ha sido dable elegir más que entre brutos honra os, insensibles y leales, que con sólo su metal de voz denotan que no se preocupan lo más mínimo de nuestra vida, y otra clase de hombres, que mientras están con nosotros nos comprenden, nos quieren, se enternecen con nuestras cosas casi hasta llorar y que aunque unas horas después se tomen la revancha haciendo un chiste cruel a costa nuestra, vuelven otra vez tan comprensivos, tan simpáticos, asimilados a uno por el momento como antes; y yo creo que prefiero, si no la moralidad, por lo menos el trato de esta segunda clase de gente.
Tu ne peux t′imaginer ma douleur quand je pense à toi, reprit Bloch. Au fond, c′est un côté assez juif chez moi, ajouta-t-il ironiquement en rétrécissant sa prunelle comme s′il s′agissait de doser au microscope une quantité infinitésimale de «sang juif» et comme aurait pu le dire mais ne l′eût pas dit — un grand seigneur français que parmi ses ancêtres tous chrétiens eût pourtant compté Samuel Bernard ou plus anciennement encore la Sainte Vierge de qui prétendent descendre, dit-on, les Lévy — qui reparaît: «J′aime assez, ajouta-t-il, faire ainsi dans mes sentiments la part assez mince, d′ailleurs, qui peut tenir à mes origines juives.» Il prononça cette phrase parce que cela lui paraissait à la fois spirituel et brave de dire la vérité sur sa race, vérité que par la même occasion il s′arrangeait à atténuer singulièrement, comme les avares qui se décident à acquitter leurs dettes mais n′ont le courage d′en payer que la moitié. Le genre de fraudes qui consiste à avoir l′audace de proclamer la vérité, mais en y mêlant, pour une bonne part des mensonges qui la falsifient, est plus répandu qu′on ne pense et même chez ceux qui ne le pratiquent pas habituellement, certaines crises dans la vie, notamment celles où une liaison amoureuse est en jeu, leur donnent l′occasion de s′y livrer. –No puedes imaginarte lo que sufro pensando en ti –siguió Bloch–. Quizá en el fondo sea debido a lo poco de judío que llevo dentro– añadió irónicamente, contrayendo la pupila como si tratase de dosificar al microscopio una cantidad infinitesimal de sangre judía, y lo mismo que habría podido decirlo –aunque éste no lo hubiese dicho– un gran señor francés que entre sus ascendientes, todos de cepa cristiana, quisiera contar a Samuel Bernard o a la Virgen Santísima, de la que se dicen descendientes los Levíes. –Me gusta –continuó– tener en cuenta, al analizar mis sentimientos, lo poco que puedan influir en ellos mis orígenes judíos. –Pronunció esa frase porque le parecía cosa gallarda y atrevida el decir la verdad sobre su linaje, verdad que al mismo tiempo atenuó mucho, como los avaros que se deciden a quitarse sus deudas de encima, pero no se resuelven a pagar más que la mitad. Esta clase de falsificaciones, que consiste en tener la audacia de proclamar la verdad, pero acompañándola en buena proporción de algunas mentiras que la adulteran, está más extendida de lo que se cree, y ocurre hasta en los que no la practican a menudo, cuando ciertas ocasiones de la vida, esencialmente unos amores, les dan pie para entregarse a ella.
Toutes ces diatribes confidentielles de Bloch à Saint-Loup contre moi, à moi contre Saint-Loup finirent par une invitation à dîner. Je ne suis pas bien sûr qu′il ne fit pas d′abord une tentative pour avoir Saint-Loup seul. La vraisemblance rend cette tentative probable, le succès ne la couronna pas, car ce fut à moi et à Saint-Loup que Bloch dit un jour: «Cher maître, et vous, cavalier aimé d′Arès, de Saint-Loup-en-Bray, dompteur de chevaux, puisque je vous ai rencontré sur le rivage d′Amphitrite, résonnant d′écume, près des tentes des Ménier aux nefs rapides, voulez-vous tous deux venir dîner un jour de la semaine chez mon illustre père, au cur irréprochable?» Il nous adressait cette invitation parce qu′il avait le désir de se lier plus étroitement avec Saint-Loup qui le ferait, espérait-il, pénétrer dans des milieux aristocratiques. Formé par moi, pour moi — ce souhait eût paru à Bloch la marque du plus hideux snobisme, bien conforme à l′opinion qu′il avait de tout un côté de ma nature qu′il ne jugeait pas, jusqu′ici du moins, le principal; mais le même souhait, de sa part, lui semblait la preuve d′une belle curiosité de son intelligence désireuse de certains dépaysements sociaux où il pouvait peut-être trouver quelque utilité littéraire. M. Bloch père quand son fils lui avait dit qu′il amènerait à dîner un de ses amis, dont il avait décliné sur un ton de satisfaction sarcastique le titre et le nom: «Le marquis de Saint-Loup-en-Bray» avait éprouvé une commotion violente. «Le marquis de Saint-Loup-en-Bray! Ah! bougre!» s′était-il écrié, usant du juron qui était chez lui la marque la plus forte de la déférence sociale. Et il avait jeté sur son fils, capable de s′être fait de telles relations, un regard admiratif qui signifiait: «Il est vraiment étonnant. Ce prodige est-il mon enfant?» et qui causa autant de plaisir à mon camarade que si cinquante francs avaient été ajoutés à sa pension mensuelle. Car Bloch était mal à l′aise chez lui et sentait que son père le traitait de dévoyé parce qu′il vivait dans l′admiration de Leconte de Lisle, Heredia et autres «bohèmes». Mais des relations avec Saint-Loup-en-Bray dont le père avait été président du Canal de Suez! (ah! bougre!) c′était un résultat «indiscutable». On regretta d′autant plus d′avoir laissé à Paris, par crainte de l′abîmer, le stéréoscope. Seul, M. Bloch, le père, avait l′art ou du moins le droit de s′en servir. Il ne le faisait du reste que rarement, à bon escient, les jours où il y avait gala et domestiques mâles en extra. De sorte que de ces séances de stéréoscope émanaient pour ceux qui y assistaient comme une distinction, une faveur de privilégiés, et pour le maître de maison qui les donnait un prestige analogue à celui que le talent confère et qui n′aurait pas pu être plus grand, si les vues avaient été prises par M. Bloch lui-même et l′appareil de son invention. «Vous n′étiez pas invité hier chez Salomon?» disait-on dans la famille. «Non, je n′étais pas des élus! Qu′est-ce qu′il y avait?» «Un grand tralala, le stéréoscope, toute la boutique.» «Ah! s′il y avait le stéréoscope, je regrette, car il paraît que Salomon est extraordinaire quand il le montre.» «Que veux-tu, dit M. Bloch à son fils, il ne faut pas lui donner tout à la fois, comme cela il lui restera quelque chose à désirer.» Il avait bien pensé dans sa tendresse paternelle et pour émouvoir son fils à faire venir l′instrument. Mais le «temps matériel» manquait, ou plutôt on avait cru qu′il manquerait; mais nous dûmes faire le dîner parce que Saint-Loup ne put se déplacer, attendant un oncle qui allait venir passer quarante-huit heures auprès de Mme de Villeparisis. Comme, très adonné aux exercices physiques, surtout aux longues marches, c′était en grande partie à pied, en couchant la nuit dans les fermes, que cet oncle devait faire la route, depuis le château où il était en villégiature, le moment où il arriverait à Balbec était assez incertain. Et Saint-Loup n′osant bouger me chargea même d′aller porter à Incauville, où était le bureau télégraphique, la dépêche que mon ami envoyait quotidiennement à sa maîtresse. L′oncle qu′on attendait s′appelait Palamède, d′un prénom qu′il avait hérité des princes de Sicile ses ancêtres. Et plus tard quand je retrouvai dans mes lectures historiques, appartenant à tel podestat ou tel prince de l′Église, ce prénom même, belle médaille de la Renaissance, — d′aucuns disaient un véritable antique, — toujours restée dans la famille, ayant glissé de descendant en descendant depuis le cabinet du Vatican jusqu′à l′oncle de mon ami, j′éprouvais le plaisir réservé à ceux qui ne pouvant faute d′argent constituer un médaillier, une pinacothèque, recherchent les vieux noms (noms de localités, documentaires et pittoresques comme une carte ancienne, une vue cavalière, une enseigne ou un coutumier, noms de baptême où résonne et s′entend, dans les belles finales françaises, le défaut de langue, l′intonation d′une vulgarité ethnique, la prononciation vicieuse selon lesquels nos ancêtres faisaient subir aux mots latins et saxons des mutilations durables devenues plus tard les augustes législatrices des grammaires) et en somme grâce à ces collections de sonorités anciennes se donnent à eux-mêmes des concerts, à la façon de ceux qui acquèrent des violes de gambe et des violes d′amour pour jouer de la musique d′autrefois sur des instruments anciens. Saint-Loup me dit que même dans la société aristocratique la plus fermée, son oncle Palamède se distinguait encore comme particulièrement difficile d′accès, dédaigneux, entiché de sa noblesse, formant avec la femme de son frère et quelques autres personnes choisies, ce qu′on appelait le cercle des Phénix. Là même il était si redouté pour ses insolences qu′autrefois il était arrivé que des gens du monde qui désiraient le connaître et s′étaient adressés à son propre frère, avaient essuyé un refus. «Non, ne me demandez pas de vous présenter à mon frère Palamède. Ma femme, nous tous, nous nous y attellerions, que nous ne pourrions pas. Ou bien vous risqueriez qu′il ne soit pas aimable et je ne le voudrais pas.» Au Jockey, il avait avec quelques amis désigné deux cents membres qu′ils ne se laisseraient jamais présenter. Et chez le comte de Paris il était connu sous le sobriquet du «Prince» à cause de son élégance et de sa fierté. Todas estas diatribas confidenciales de Bloch a Saint–Loup contra mí y a mí contra Saint–Loup acabaron invitándonos a ir a cenar a su casa. No me consta que antes no hiciera una tentativa para llevarse a Saint–Loup sólo. Verosímilmente esta tentativa debe de ser probable, pero no tuvo éxito, porque un día nos dijo a los dos: “Tú, maestro, y usted, caballero amado de Ares, de Saint–Loup– en–Bray, dominador de caballos, porque jinete os vi hoy en la ribera de Anfitrite, toda resonante de espuma, junto a la tienda de los Menier, los de las naves veloces, ¿quieren ustedes venir un día de esta semana a cenar a casa de mi ilustre padre, el del corazón irreprochable?” Nos invitaba porque así tenía esperanza de intimar más con Saint–Loup, que acaso le ayudara a penetrar en el mundo aristocrático. Ese deseo, en caso de haberlo concebido yo, le habría parecido a Bloch de un repugnante snobismo, muy de acuerdo con la opinión que tenía de un aspecto de mi personalidad, que, por lo menos hasta aquí, consideraba secundario; pero, en cambio, ese deseo sentido por él se le antojaba prueba de una admirable curiosidad de su inteligencia, ansiosa de ciertos cambios de región social que acaso le fueran de utilidad literaria. El señor Bloch padre, cuando le dijo su hijo que había invitado a cenar a un amigo suyo, cuyo nombre y título pronunció con tono de sarcástica satisfacción: “El marqués de Saint–Loup–en–Bray”, se sintió violentamente conmovido, y exclamó, usando de la interjección que en él indicaba la prueba máxima de deferencia social: “¡Caray! ¡El marqués de Saint-Loup–en–Bray!” Y lanzó a su hijo, a aquel ser capaz de echarse esos amigos, una mirada admirativa – que significaba: “Es un muchacho prodigioso. ¿Será posible que sea mi hijo?”; mirada que causó a mi compañero de estudios tanto agrado como si su padre le hubiese aumentado su asignación mensual en diez duros. Porque Bloch no se sentía muy considerado en su casa, y se daba cuenta de que su padre lo miraba como a un chico descarriado a causa de su constante admiración por Leconte de Lisle, Heredia y otros “bohemios”. Pero el tratarse con Saint–Loup, cuyo padre fue presidente del Canal de Suez, era un éxito indiscutible, ya lo creo. Todos lamentaron mucho haberse dejado en París por miedo de que se estropeara con el viaje, el estereoscopio. El señor Bloch era el único individuo de la familia que tenía el arte, o por lo menos el derecho, de manejar dicho aparato. Cosa que sólo hacía muy de tarde en tarde, después de pensarlo bien, los días de gala, en que alquilaban criados extraordinarios. De modo que de aquellas sesiones emanaba para los que a ellas asistían una como distinción a favor de privilegiados, y para el amo de la casa que las daba, prestigio análogo al que confiere el talento, y que no habría podido ser mayor aun cuando las vistas las hubiese tomado el propio señor Bloch y el aparato fuese de su invención. “¿No estuvisteis ayer en casa de Salomón?” decía algún pariente de los Bloch a otro. “No, yo no era de los elegidos. ¿Qué hubo?” “¡Huy!, gran aleo, el estereoscopio, todo el monumento.” “¡Ah!, pues entonces siento no haber estado, porque dicen que Salomón es único para explicar las vistas.” “¡Qué quieres! –dijo el Sr. Bloch a su hijo––, no hay que darlo todo de un golpe; así le quedará alguna cosa que ver en casa.” Se le había ocurrido, inspirada por su cariño paterno y por el deseo de enternecer a su hijo, la idea de mandar traer a Balbec el aparato. Pero no había “tiempo material”, o, mejor dicho, se creyó que no iba a haber tiempo. Pero hubo que celebrar la comida porque Saint–Loup no tenía momento libre; estaba esperando a un tío suyo que iba a ir a pasar dos días con la señora de Villeparisis. Como este señor era muy dado a los ejercicios físicos, sobre todo a las excursiones largas, la mayor parte del camino entre el castillo donde estaba veraneando y Balbec la haría a pie, durmiendo de noche en las casas de labor, de manera que no se sabía exactamente cuándo llegaría. Y Saint– Loup no se atrevía a moverse; tanto que me encargó a mí que fuese a Incauville, donde había telégrafo, a poner el telegrama que mandaba diariamente a su querida. El tío a quien esperaba mi amigo se llamaba Palamedio, nombre heredado de los príncipes de Sicilia, que eran ascendientes suyos. Más adelante, cuando me he encontrado en mis lecturas históricas con un podestá o un príncipe de la Iglesia que llevaba ese nombre, hermosa medalla del Renacimiento –hay quien dice que es antigua–, que nunca salió de la familia y que pasó de descendientes en descendientes desde el gabinete del Vaticano al tío de mi amigo, sentí el mismo placer reservado a esas personas que por no tener dinero bastante para formarse una colección de medallas o una pinacoteca, rebuscan nombres viejos (nombres de lugar, documentales y pintorescos como un mapa antiguo, una perspectiva caballera, una muestra de tienda o un fuero consuetudinario, nombre de pila donde se oye resonar, en las hermosas finales francesas, el defecto de habla, la entonación de una vulgaridad étnica, la pronunciación viciosa con que nuestros antepasados impusieron a los vocablos latinos y sajones mutilaciones persistentes que pasaron luego a ser augustas legisladoras de las gramáticas), y que gracias a esas colecciones de vocablos antiguos se dan conciertos a sí mismos, a la manera de los que se compran violas de gamba o de amor para tocar música antigua con instrumentos antiguos. Me dijo Saint–Loup que su tío se distinguía hasta en la sociedad aristocrática más imperante, por ser dificilísimamente accesible y muy desdeñoso: infatuado con su nobleza, formaba con su cuñada y otras cuantas personas selectas lo que la gente llamaba el círculo de los Fénix. Y tan temido era por sus insolencias, que se contaba cómo una vez unos aristócratas que querían conocerlo acudieron con esta demanda a su propio hermano, que se negó a hacerlo. “No, no me pida usted que le presente a mi hermano Palamedio. Aunque nos pusiéramos a la obra mi mujer y yo y todos, no sacaríamos nada. O se arriesga uno a que esté inoportuno, y no quiero dar lugar a eso." En el Jockey él y unos amigos habían hecho una lista de doscientos socios del Club a los que no se dejarían presentar nunca. Y en casa del conde de París lo conocían por el apodo del “Príncipe”, a causa de su elegancia y su orgullo.
Saint-Loup me parla de la jeunesse, depuis longtemps passée, de son oncle. Il amenait tous les jours des femmes dans une garçonnière qu′il avait en commun avec deux de ses amis, beaux comme lui, ce qui faisait qu′on les appelait «les trois Grâces». Saint–Loup me habló de la bien pasada juventud de su tío. Todos los días llevaba mujeres a un cuarto de soltero que tenía puesto con otros dos amigos de tan buena figura como él, por lo cual los llamaban las tres Gracias.
— «Un jour un des hommes qui est aujourd′hui des plus en vue dans le faubourg Saint-Germain, comme eût dit Balzac, mais qui dans une première période assez fâcheuse montrait des goûts bizarres avait demandé à mon oncle de venir dans cette garçonnière. Mais à peine arrivé ce ne fut pas aux femmes, mais à mon oncle Palamède, qu′il se mit à faire une déclaration. Mon oncle fit semblant de ne pas comprendre, emmena sous un prétexte ses deux amis, ils revinrent, prirent le coupable, le déshabillèrent, le frappèrent jusqu′au sang, et par un froid de dix degrés au-dessous de zéro le jetèrent à coups de pieds dehors où il fut trouvé à demi-mort, si bien que la justice fit une enquête à laquelle le malheureux eut toute la peine du monde à la faire renoncer. Mon oncle ne se livrerait plus aujourd′hui à une exécution aussi cruelle et tu n′imagines pas le nombre d′hommes du peuple, lui si hautain avec les gens du monde, qu′il prend en affection, qu′il protège, quitte à être payé d′ingratitude. Ce sera un domestique qui l′aura servi dans un hôtel et qu′il placera à Paris, ou un paysan à qui il fera apprendre un métier. C′est même le côté assez gentil qu′il y a chez lui, par contraste avec le côté mondain.» Saint-Loup appartenait, en effet, à ce genre de jeunes gens du monde, situés à une altitude où on a pu faire pousser ces expressions: «Ce qu′il y a même d′assez gentil chez lui, son côté assez gentil», semences assez précieuses, produisant très vite une manière de concevoir les choses dans laquelle on se compte pour rien, et le «peuple» pour tout; en somme tout le contraire de l′orgueil plébéien. Il paraît qu′on ne peut se figurer comme il donnait le ton, comme il faisait la loi à toute la société dans sa jeunesse. Pour lui en toute circonstance il faisait ce qui lui paraissait le plus agréable, le plus commode, mais aussitôt c′était imité par les snobs. S′il avait eu soif au théâtre et s′était fait apporter à boire dans le fond de sa loge, les petits salons qu′il y avait derrière chacune se remplissaient, la semaine suivante, de rafraîchissements. Un été très pluvieux où il avait un peu de rhumatisme il s′était commandé un pardessus d′une vigogne souple mais chaude qui ne sert que pour faire des couvertures de voyage et dont il avait respecté les raies bleues et oranges. Les grands tailleurs se virent commander aussitôt par leurs clients des pardessus bleus et frangés, à longs poils. Si pour une raison quelconque il désirait ôter tout caractère de solennité à un dîner dans un château où il passait une journée, et pour marquer cette nuance n′avait pas apporté d′habits et s′était mis à table avec le veston de l′après-midi, la mode devenait de dîner à la campagne en veston. Que pour manger un gâteau il se servît, au lieu de sa cuiller, d′une fourchette ou d′un couvert de son invention commandé par lui à un orfèvre, ou de ses doigts, il n′était plus permis de faire autrement. Il avait eu envie de réentendre certains quatuors de Beethoven (car avec toutes ses idées saugrenues il est loin d′être bête, et est fort doué) et avait fait venir des artistes pour les jouer chaque semaine, pour lui et quelques amis. La grande élégance fut cette année-là de donner des réunions peu nombreuses où on entendait de la musique de chambre. Je crois d′ailleurs qu′il ne s′est pas ennuyé dans la vie. Beau comme il a été, il a dû avoir des femmes! Je ne pourrais pas vous dire d′ailleurs exactement lesquelles parce qu′il est très discret. Mais je sais qu′il a bien trompé ma pauvre tante. Ce qui n′empêche pas qu′il était délicieux avec elle, qu′elle l′adorait, et qu′il l′a pleurée pendant des années. Quand il est à Paris, il va encore au cimetière presque chaque jour.» –Un día, un hombre que hoy está muy bien mirado en el barrio de Saint–Germain, como diría Balzac, pero que tuvo una primera época bastante molesta por sus extrañas aficiones, pidió a mi tío que lo dejara visitar aquel piso. Pero apenas llegó se declaró, no a ninguna mujer, sino a mi tío Palamedio. Éste hizo como que no entendía bien; llamó aparte, con un pretexto cualquiera, a sus dos amigos, y luego entre los tres cogieron al culpable, lo desnudaron, le dieron una buena paliza hasta qué le saltó sangre, y lo echaron afuera a puntapiés, y eso con un frío de diez, bajo cero; lo encontraron en la calle medio muerto; tanto, que la justicia abrió sumario, y al desgraciado le costó muchísimo que no siguiera la cosa adelante. Hoy día mi tío no sería capaz de un castigo tan cruel; al contrario, no te puedes imaginar el número de hombres del pueblo que protege, y se encariña con ellos, él tan orgulloso con los aristócratas, aunque luego le paguen de mala manera. A veces a un criado que lo ha servido en un hotel le da una colocación en París; otras costea el aprendizaje de un oficio a un hombre del campo. Ese es el lado bueno de mi tío, por contraste con el aspecto del hombre de mundo. Porque Saint–Loup pertenecía a esa clase de muchachos aristócratas colocados en una altitud donde es posible que nazcan esas expresiones: “Es lo que tiene de bueno, ese es su lado bueno”, semillas harto preciosas que muy pronto– determinan una manera de concebir las cosas sin la– cual uno no vale nada y “el pueblo” lo es todo; es decir, todo lo contrario del orgullo plebeyo. Según me contaba Roberto, no es posible figurarse cómo su tío, cuando joven, daba el tono y dictaba la ley a todo el mundo. –Él, por su parte, hacía siempre lo que le parecía más agradable y cómodo, pero en seguida lo imitaban los snobs. Si se le ocurrió tener sed estando en el teatro y mandó que le trajeran algo que beber al palco, ya se sabía que a la semana siguiente en todos los antepalcos habría refrescos. Un verano muy lluvioso se sintió un poco reumático, y se encargó un gabán de vicuña muy fina, pero de mucho abrigo, que sólo se emplea para mantas de viaje, y respetó el dibujo de la tela a rayas azul y naranja. Los grandes sastres recibieron inmediatamente encargos de abrigos a rayas y con mucho pelo. Si por cualquier motivo quería quitar solemnidad a una comida en una casa de campo donde estaba pasando el día, y para indicar ese matiz no llevaba frac y se sentaba a la mesa de americana, se ponía de moda cenar de americana en las casas de campo. Comía un pastel, y si ‘en vez de cuchara utilizaba un tenedor o un cubierto de su invención, que había encargado a un platero, o lo cogía con los dedos, ya no era, lícito comer pasteles de otra manera. Sintió deseos de volver a oír determinados cuartetos de Beethoven (porque, con todas sus ideas absurdas, no es ningún bruto, ni mucho menos, y tiene talento), y mandó a unos músicos que fueran a su casa un día por semana para tocar esas obras, que oía él con unos cuantos amigos. Y aquel año se consideró como suprema elegancia dar reuniones íntimas donde se ejecutaba música de cámara. ¡Me parece que no debe de haberse aburrido en este mundo! ¡Con su buen tipo, las mujeres no le habrán faltado, no! Ahora, que no se sabe cuáles, porque es discretísimo. Yo sé que ha engañado mucho a mi pobre tía. Pero eso no obstaba para que fuese muy bueno con ella; la adoraba y la ha llorado muchos años. Cuando está en París suele ir al cementerio casi a diario.
Le lendemain du jour où Robert m′avait ainsi parlé de son oncle tout en l′attendant, vainement du reste, comme je passais seul devant le casino en rentrant à l′hôtel, j′eus la sensation d′être regardé par quelqu′un qui n′était pas loin de moi. Je tournai la tête et j′aperçus un homme d′une quarantaine d′années, très grand et assez gros, avec des moustaches très noires, et qui, tout en frappant nerveusement son pantalon avec une badine, fixait sur moi des yeux dilatés par l′attention. Par moments, ils étaient percés en tous sens par des regards d′une extrême activité comme en ont seuls devant une personne qu′ils ne connaissent pas des hommes à qui, pour un motif quelconque, elle inspire des pensées qui ne viendraient pas à tout autre, — par exemple des fous ou des espions. Il lança sur moi une suprême illade à la fois hardie, prudente, rapide et profonde, comme un dernier coup que l′on tire au moment de prendre la fuite, et après avoir regardé tout autour de lui, prenant soudain un air distrait et hautain, par un brusque revirement de toute sa personne il se tourna vers une affiche dans la lecture de laquelle il s′absorba, en fredonnant un air et en arrangeant la rose mousseuse qui pendait à sa boutonnière. Il sortit de sa poche un calepin sur lequel il eut l′air de prendre en note le titre du spectacle annoncé, tira deux ou trois fois sa montre, abaissa sur ses yeux un canotier de paille noire dont il prolongea le rebord avec sa main mise en visière comme pour voir si quelqu′un n′arrivait pas, fit le geste de mécontentement par lequel on croit faire voir qu′on a assez d′attendre, mais qu′on ne fait jamais quand on attend réellement, puis rejetant en arrière son chapeau et laissant voir une brosse coupée ras qui admettait cependant de chaque côté d′assez longues ailes de pigeon ondulées, il exhala le souffle bruyant des personnes qui ont non pas trop chaud mais le désir de montrer qu′elles ont trop chaud. J′eus l′idée d′un escroc d′hôtel qui, nous ayant peut-être déjà remarqués les jours précédents ma grand′mère et moi, et préparant quelque mauvais coup, venait de s′apercevoir que je l′avais surpris pendant qu′il m′épiait; pour me donner le change, peut-être cherchait-il seulement par sa nouvelle attitude à exprimer la distraction et le détachement, mais c′était avec une exagération si agressive que son but semblait au moins autant que de dissiper les soupçons que j′avais dû avoir, de venger une humiliation qu′à mon insu je lui eusse infligée, de me donner l′idée non pas tant qu′il ne m′avait pas vu, que celle que j′étais un objet de trop petite importance pour attirer l′attention. Il cambrait sa taille d′un air de bravade, pinçait les lèvres, relevait ses moustaches et dans son regard ajustait quelque chose d′indifférent, de dur, de presque insultant. Si bien que la singularité de son expression me le faisait prendre tantôt pour un voleur, et tantôt pour un aliéné. Pourtant sa mise extrêmement soignée était beaucoup plus grave et beaucoup plus simple que celles de tous les baigneurs que je voyais à Balbec, et rassurante pour mon veston si souvent humilié par la blancheur éclatante et banale de leurs costumes de plage. Mais ma grand′mère venait à ma rencontre, nous fîmes un tour ensemble et je l′attendais, une heure après, devant l′hôtel où elle était rentrée un instant, quand je vis sortir Mme de Villeparisis avec Robert de Saint-Loup et l′inconnu qui m′avait regardé si fixement devant le casino. Avec la rapidité d′un éclair son regard me traversa, ainsi qu′au moment où je l′avais aperçu, et revint, comme s′il ne m′avait pas vu se ranger, un peu bas, devant ses yeux, émoussé, comme le regard neutre qui feint de ne rien voir au dehors et n′est capable de rien dire au dedans, le regard qui exprime seulement la satisfaction de sentir autour de soi les cils qu′il écarte de sa rondeur béate, le regard dévot et confit qu′ont certains hypocrites, le regard fat qu′ont certains sots. Je vis qu′il avait changé de costume. Celui qu′il portait était encore plus sombre; et sans doute c′est que la véritable élégance est moins loin de la simplicité que la fausse; mais il y avait autre chose: d′un peu près on sentait que si la couleur était presque entièrement absente de ces vêtements, ce n′était pas parce que celui qui l′en avait bannie y était indifférent, mais plutôt parce que pour une raison quelconque il se l′interdisait. Et la sobriété qu′ils laissaient paraître semblait de celles qui viennent de l′obéissance à un régime, plutôt que du manque de gourmandise. Un filet de vert sombre s′harmonisait, dans le tissu du pantalon, à la rayure des chaussettes avec un raffinement qui décelait la vivacité d′un goût maté partout ailleurs et à qui cette seule concession avait été faite par tolérance, tandis qu′une tache rouge sur la cravate était imperceptible comme une liberté qu′on n′ose prendre. Al día siguiente de esta conversación que tuve con Roberto, mientras que él estaba esperando inútilmente a su tío, iba yo por delante del casino hacia el hotel, cuando tuve la sensación de que alguien que no estaba muy lejos de mí me miraba. Volví la cabeza y vi a un hombre de unos cuarenta años, muy alto y grueso, de bigotes muy negros; aquel señor se daba golpecitos en el pantalón, nerviosamente, con un junquillo y clavaba en mí unos ojos dilatados por la atención. Por esos ojos cruzaban de vez en cuando miradas de extremada actividad, propias sólo de los hombres que se ven delante de una persona desconocida, la cual, por cualquier motivo, les inspira ideas que no se le ocurrirían a otro, por ejemplo, locos o espías. Me lanzó una postrera ojeada, atrevida, prudente, rápida y profunda, todo a la vez, como la última estocada antes de emprender la fuga, y después de mirar a su alrededor adoptó una actitud de hombre distraído y altanero, y volviéndose bruscamente se puso a leer un cartel de teatro, absorbiéndose en esta tarea, mientras que tarareaba una canción y se arreglaba la rosa del ojal. Sacó del bolsillo un cuadernito e hizo como que tomaba nota de la función anunciada: miró el reloj dos o tres veces, y luego se echó más hacia la cara su sombrero de paja negra, prolongándose el ala con la mano puesta a modo de visera, cual si quisiese ver si venía el que esperaba; hizo un gesto de disgusto de esos que quieren dar a entender que ya se ha cansado uno de esperar, pero que no se hacen nunca cuando en realidad está uno esperando a alguien, y luego, echándose hacia atrás el sombrero, con lo cual dejó al descubierto un peinado de cepillo, al rape, pero con alitas onduladas a los lados, exhaló el resoplido que exhalan no las personas que tienen mucho calor, sino las que quieren aparentar que tienen mucho calor. Se me ocurrió que acaso fuera un ladrón de hotel, que habiéndose fijado en la abuela y en mí, preparaba algún golpe contra nosotros, y que ahora se había dado sorprendí en el momento que me espiaba, y quizá para despistarme adoptó aquella nueva actitud, que expresaba distracción e indiferencia, pero con tan agresiva exageración, que su objeto, más que el de disipar las sospechas que pudiera haberme inspirado, parecía el de vengar una humillación y darme a entender, no ya que no me había visto, sino que era yo un objeto de mínima importancia para atraer su atención. Erguía el cuerpo en son de bravata, repulgaba los labios, se retorcía el bigote e infundía a su mirada una nota de indiferencia de dureza casi insultante. Tanto, que aquella expresión tan singular me hizo pensar si sería un ladrón o un loco, Sin embargo, su manera de vestir era muy pulcra y mucho más seria y sencilla que la de todos los bañistas que se veían por Balbec, de modo que casi me justificaba a mí mi americana obscura, tan frecuentemente humillada por la resplandeciente blancura de los frívolos trajes de playa. Pero en esto mi abuela vino a mi encuentro, dimos una vuelta juntos, y luego me quedé esperándola a la puerta del hotel, donde entró un momento; en aquel instante vi que salía la señora de Villeparisis con Roberto de Saint–Loup y el desconocido que me estuvo mirando con tanta fijeza delante del casino. Su mirada me atravesó con la rapidez del relámpago, lo mismo que la primera vez que me tropecé con él, y luego, como si no me hubiera visto, volvió a colocarse aquella mirada delante de los ojos, un poco caída, ya sin filo. Como la mirada neutra que finge no haber visto nada afuera y no es capaz de decir nada adentro, la mirada que se limita a expresar la satisfacción de sentirse envuelta en las pestañas que entreabre, con su beatífica redondez, la mirada devota de ciertos hipócritas, la mirada estúpida de ciertos tontos. Vi que se había mudado de traje. El que llevaba ahora era más obscuro todavía; indudablemente, es que la elegancia verdadera está mucho más cerca de la sencillez que la falsa; pero había otro detalle: mirándolo desde más cerca, se veía, que si el color no asomaba por ningún lado en sus trajes, no es porque el que los llevaba no hiciera caso de colores y los desdeñara, sino porque se los tenía prohibidos por una razón cualquiera. Y la sobriedad de su porte más parecía obediencia a un régimen que falta de apetito. En el dibujo d,′. pantalón, una rayita de color verde obscuro armonizaba con el dibujo de los calcetines, refinamiento que delataba un buen gusto despierto, pero al que no dejaba alzar la cabeza más que en este detalle, por pura tolerancia; en la corbata, una pinta rosa casi imperceptible, como una libertad que casi no se atreve uno a tornarse.
— Comment, allez-vous, je vous présente mon neveu, le baron de Guermantes, me dit Mme de Villeparisis, pendant que l′inconnu, sans me regarder, grommelant un vague «Charmé», qu′il fit suivre de: «Heue, heue, heue», pour donner à son amabilité quelque chose de forcé, et repliant le petit doigt, l′index et le pouce, me tendait le troisième doigt et l′annulaire, dépourvus de toute bague, que je serrai sous son gant de Suède; puis sans avoir levé les yeux sur moi il se détourna vers Mme de Villeparisis. –Qué, ¿cómo está usted? Le presento a mi sobrino el barón de Guermantes –me dijo la señora de Villeparisis, mientras el desconocido, sin mirarme, murmuró un “¡Encantado!”, al que añadió unos gruñidos, para que su amabilidad pareciese cosa forzada; y doblando el dedo meñique, el índice y el pulgar, me tendió los otros dos, sin sortija alguna, que yo estreché, protegidos por su guante de piel de Suecia; luego, sin haber puesto los ojos en mi persona, se volvió hacia la señora de Villeparisis.
— Mon Dieu, est-ce que je perds la tête, dit celle-ci, voilà que je t′appelle le baron de Guermantes. Je vous présente le baron de Charlus. Après tout l′erreur n′est pas si grande, ajouta-t-elle, tu es bien un Guermantes tout de même. –¡Ay, Dios mío dónde tengo yo la cabeza! –dijo la marquesa –; te he llamado barón de Guermantes. Es el barón de Charlus a quien le presento a usted Después de todo, la equivocación no es muy grande –añadió–, porque tú también eres Guermantes.
Cependant ma grand′mère sortait, nous fîmes route ensemble. L′oncle de Saint-Loup ne m′honora non seulement pas d′une parole mais même d′un regard. S′il dévisageait les inconnus (et pendant cette courte promenade il lança deux ou trois fois son terrible et profond regard en coup de sonde sur des gens insignifiants et de la plus modeste extraction qui passaient), en revanche, il ne regardait à aucun moment, si j′en jugeais par moi, les personnes qu′il connaissait, — comme un policier en mission secrète mais qui tient ses amis en dehors de sa surveillance professionnelle. Les laissant causer ensemble, ma grand′mère, Mme de Villeparisis et lui, je retins Saint-Loup en arrière: A esto, había salido mi abuela, y comenzaron a andar todos juntos. El tío de Saint– Loup no me honró con una palabra, ni siquiera con una mirada. Miraba fijamente a algunos desconocidos (durante nuestro corto paseo lanzó dos o tres veces su terrible y profunda mirada, como para sondear a personas insignificantes y de humildísima extracción que con nosotros se cruzaban), pero en cambio no posaba los ojos nunca en los conocidos, lo mismo que un policía encargado de una misión secreta que excluye a sus amigos de su vigilancia profesional. Yo dejé que fueran hablando delante la señora de Villeparisis, mi abuela y él, y me quedé un poco atrás con Roberto
— Dites-moi, ai-je bien entendu, Madame de Villeparisis a dit à votre oncle qu′il était un Guermantes. –Oiga usted: ¿oí bien cuando dijo la marquesa a su tío que era un Guermantes?
— Mais oui, naturellement, c′est Palamède de Guermantes. –Claro, naturalmente: es Palamedio de Guermantes.
— Mais des mêmes Guermantes qui ont un château près de Combray et qui prétendent descendre de Geneviève de Brabant? –¿Pero de los mismos Guermantes que tienen un castillo junto a Combray y que se dicen descendientes de Genoveva de Brabante?
— Mais absolument: mon oncle qui est on ne peut plus héraldique vous répondrait que notre cri, notre cri de guerre qui devint ensuite Passavant était d′abord Combraysis, dit-il en riant pour ne pas avoir l′air de tirer vanité de cette prérogative du cri qu′avaient seules les maisons quasi-souveraines, les grands chefs des bandes. Il est le frère du possesseur actuel du château. –Exactamente; mi tío, que es de lo más heráldico que se puede ver le contestaría a usted que nuestro grito, nuestro grito de guerra, que más tarde fué Passavant, al principio era Combraysis – dijo riéndose, para que no pareciese que se envanecía por aquella prerrogativa del grito, propia sólo de las casas semirreales, de los grandes señores de la mesnada. Es hermano del actual dueño del castillo.
Ainsi s′apparentait et de tout près aux Guermantes, cette Mme de Villeparisis, restée si longtemps pour moi la dame qui m′avait donné une boîte de chocolat tenue par un canard, quand j′étais petit, plus éloignée alors du côté de Guermantes que si elle avait été enfermée dans le côté de Méséglise, moins brillante, moins haut située par moi que l′opticien de Combray, et qui maintenant subissait brusquement une de ces hausses fantastiques, parallèles aux dépréciations non moins imprévues d′autres objets que nous possédons, lesquelles — les unes comme les autres — introduisent dans notre adolescence et dans les parties de notre vie où persiste un peu de notre adolescence, des changements aussi nombreux que les métamorphoses d′Ovide. Así vino a emparentarse pronto con los Guermantes aquella señora de Villeparisis que por mucho tiempo estuvo siendo para mí tan sólo una señora que me regaló cuando yo era pequeño una cajita de chocolate con un pato, y tan alejada entonces del lado de Guermantes como si hubiera estado encerrada en el Méséglise, menos considerada y menos brillante a mis ojos que el óptico de Combray; y ahora tenía bruscamente una de esas alzas fantásticas paralelas a las depreciaciones, no menos imprevistas, de algunos objetos que poseemos, alzas y bajas que introducen en nuestra adolescencia y en aquellas partes de nuestra vida en que persista algo de nuestra adolescencia, mudanzas tan numerosas como las metamorfosis de Ovidio.
— Est-ce qu′il n′y a pas dans ce château tous les bustes des anciens seigneurs de Guermantes? –¿No están en ese castillo los bustos de todos los antiguos señores de Guermantes?
— Oui, c′est un beau spectacle, dit ironiquement Saint-Loup. Entre nous je trouve toutes ces choses-là un peu falotes. Mais il y a à Guermantes, ce qui est un peu plus intéressant! un portrait bien touchant de ma tante par Carrière. C′est beau comme du Whistler ou du Vélasquez, ajouta Saint-Loup qui dans son zèle de néophyte ne gardait pas toujours très exactement l′échelle des grandeurs. Il y a aussi d′émouvantes peintures de Gustave Moreau. Ma tante est la nièce de votre amie Madame de Villeparisis, elle a été élevée par elle, et a épousé son cousin qui était neveu aussi de ma tante Villeparisis, le duc de Guermantes actuel. –Sí, y es un hermoso espectáculo –dijo irónicamente Saint– Loup–. Aquí, para dicho entre nosotros, a mí me parecen esas cosas un tanto ridículas. Pero en Guermantes hay cosas de más interés: un retrato muy impresionante de mi tía, hecho por Carriére. Es tan hermoso como un Whistler o un Velázquez –añadió Saint–Loup, que, con su ardor de neófito, no guardaba muy exactamente la escala de las distancias–. Hay también cuadros muy curiosos de Gustavo Moreau. Mi tía la duquesa es sobrina de la señora de Villeparisis, su amiga de usted, y se educó con ella. Más tarde se unió en matrimonio con su primo, sobrino él también de mi tía Villeparisis, ti actual duque de Guermantes
— Et alors qu′est votre oncle? –¿Y entonces este tío de usted que está aquí ...?
— Il porte le titre de baron de Charlus. Régulièrement, quand mon grand-oncle est mort, mon oncle Palamède aurait dû prendre le titre de prince des Laumes, qui était celui de son frère avant qu′il devînt duc de Guermantes, car dans cette famille-là ils changent de nom comme de chemise. Mais mon oncle a sur tout cela des idées particulières. Et comme il trouve qu′on abuse un peu des duchés italiens, grandesses espagnoles, etc., et bien qu′il eût le choix entre quatre ou cinq titres de prince il a gardé celui de baron de Charlus, par protestation et avec une apparente simplicité où il ya beaucoup d′orgueil. Aujourd′hui, dit-il, tout le monde est prince, il faut pourtant bien avoir quelque chose qui vous distingue; je prendrai un titre de prince quand je voudrai voyager incognito. Il n′y a pas selon lui de titre plus ancien que celui de baron de Charlus; pour vous prouver qu′il est antérieur à celui des Montmorency, qui se disaient faussement les premiers barons de France, alors qu′ils l′étaient seulement de l′Ile-de-France, où était leur fief, mon oncle vous donnera des explications pendant des heures et avec plaisir parce que quoi qu′il soit très fin, très doué, il trouve cela un sujet de conversation tout à fait vivant, dit Saint-Loup avec un sourire. Mais comme je ne suis pas comme lui, vous n′allez pas me faire parler généalogie, je ne sais rien de plus assommant, de plus périmé, vraiment l′existence est trop courte. –Ése lleva el título de barón de Charlus. En realidad, a la muerte de mi tío–abuelo, mi tío Palamedio debió haber tomado el título de príncipe de los Laumes, que era el que ostentaba su hermano antes de ser duque de Guermantes, porque en esa familia cambian de título como de camisa. Pero mi tío tiene ideas propias sobre ese particular. Y como le parece que ya se abusa un poco de ducados italianos y grandezas de España, aunque pudo haber escogido entre cuatro o cinco títulos de príncipe, prefirió quedarse con el de barón de Charlus, a modo de protesta y con sencillez aparente, que en el fondo es orgullo, y mucho. “Hoy día –dice él–, todo el mundo es príncipe; así, que necesita uno distinguirse en algo; yo usaré mi título de príncipe cuando tenga que viajar de incógnito.” Según él, no hay título más antiguo que el de barón de Charlus; para demostrar que es anterior al de los Montmorency, que se decían los primeros barones de Francia, sin serlo, porque en realidad lo fueron de la Isla de Francia tan sólo, donde radicaba su feudo, mi tío se estará dando explicaciones horas y horas, y muy gustoso porque, aunque es hombre listo y de talento, le parece que ese tema de conversación interesa siempre –dijo Saint–Loup sonriendo–. Pero como a mí no me pasa lo que a él, no me haga usted hablar de genealogía; no conozco nada más latoso ni más muerto que eso, y en esta vida tiene uno muy poco tiempo para poder gastarlo en eso.
Je reconnaissais maintenant dans le regard dur qui m′avait fait retourner tout à l′heure près du casino celui que j′avais vu fixé sur moi à Tansonville au moment où Mme Swann avait appelé Gilberte. Ahora me di cuenta de que ese mirar duro que me había hecho volverme un rato antes, cuando pasaba por delante del Casino, era el mismo que se posó en mí hacía años, allá en Tansonville, cuando la señora de Swann llamó a Gilberta.
— Mais parmi les nombreuses maîtresses que vous me disiez qu′avait eues votre oncle, M. de Charlus, est-ce qu′il n′y avait pas Madame Swann? –¿No fué la señora de Swann una de esas numerosas queridas que me ha dicho usted que tuvo su tío el barón? –
— Oh! pas du tout! C′est-à-dire qu′il est un grand ami de Swann et l′a toujours beaucoup soutenu. Mais on n′a jamais dit qu′il fût l′amant de sa femme. Vous causeriez beaucoup d′étonnement dans le monde si vous aviez l′air de croire cela. No, nada de eso. Es muy amigo de Swann y lo ha defendido siempre mucho. Pero nunca se habló de que fuera querido de la señora de Swann. Causaría usted asombro si sostuviera esa opinión en un salón aristocrático.
Je n′osais lui répondre qu′on en aurait éprouvé bien plus à Combray si j′avais eu l′air de ne pas le croire. Yo no me atreví a contestarle que mayor asombro causaría en Combray sosteniendo la opinión contraria
Ma grand′mère fut enchantée de M. de Charlus. Sans doute il attachait une extrême importance à toutes les questions de naissance et de situation mondaine, et ma grand′mère l′avait remarqué, mais sans rien de cette sévérité où entrent d′habitude une secrète envie et l′irritation de voir un autre se réjouir d′avantages qu′on voudrait et qu′on ne peut posséder. Comme au contraire ma grand′mère contente de son sort et ne regrettant nullement de ne pas vivre dans une société plus brillante, ne se servait que de son intelligence pour observer les travers de M. de Charlus, elle parlait de l′oncle de Saint-Loup avec cette bienveillance détachée, souriante, presque sympathique, par laquelle nous récompensons l′objet de notre observation désintéressée du plaisir qu′elle nous procure, et d′autant plus que cette fois l′objet était un personnage dont elle trouvait que les prétentions sinon légitimes, du moins pittoresques, le faisaient assez vivement trancher sur les personnes qu′elle avait généralement l′occasion de voir. Mais c′était surtout en faveur de l′intelligence et de la sensibilité qu′on devinait extrêmement vives chez M. de Charlus, au contraire de tant de gens du monde dont se moquait Saint-Loup, que ma grand′mère lui avait si aisément pardonné son préjugé aristocratique. Celui-ci n′avait pourtant pas été sacrifié par l′oncle, comme par le neveu, à des qualités supérieures. M. de Charlus l′avait plutôt concilié avec elles. Possédant comme descendant des ducs de Nemours et des princes de Lamballe, des archives, des meubles, des tapisseries, des portraits faits pour ses ax par Raphaël, par Velasquez, par Boucher, pouvant dire justement qu′il visitait un musée et une incomparable bibliothèque, rien qu′en parcourant ses souvenirs de famille, il plaçait au contraire au rang d′où son neveu l′avait fait déchoir, tout l′héritage de l′aristocratie. Peut-être aussi moins idéologue que Saint-Loup, se payant moins de mots, plus réaliste observateur des hommes, ne voulait-il pas négliger un élément essentiel de prestige à leurs yeux et qui, s′il donnait à son imagination des jouissances désintéressées, pouvait être souvent pour son activité utilitaire un adjuvant puissamment efficace. Le débat reste ouvert entre les hommes de cette sorte et ceux qui obéissent à l′idéal intérieur qui les pousse à se défaire de ces avantages pour chercher uniquement à le réaliser, semblables en cela aux peintres, aux écrivains qui renoncent leur virtuosité, aux peuples artistes qui se modernisent, aux peuples guerriers prenant l′initiative du désarmement universel, aux gouvernements absolus qui se font démocratiques et abrogent de dures lois, bien souvent sans que la réalité récompense leur noble effort; car les uns perdent leur talent, les autres leur prédominance séculaire; le pacifisme multiplie quelquefois les guerres et l′indulgence la criminalité. Si les efforts de sincérité et d′émancipation de Saint-Loup ne pouvaient être trouvés que très nobles, à juger par le résultat extérieur, il était permis de se féliciter qu′ils eussent fait défaut chez M. de Charlus, lequel avait fait transporter chez lui une grande partie des admirables boiseries de l′hôtel Guermantes au lieu de les échanger comme son neveu contre un mobilier modern-style, des Lebourg et des Guillaumin. Il n′en était pas moins vrai que l′idéal de M. de Charlus était fort factice, et si cette épithète peut être rapprochée du mot idéal, tout autant mondain qu′artistique. A quelques femmes de grande beauté et de rare culture dont les ales avaient été deux siècles plus tôt mêlées à toute la gloire et à toute l′élégance de l′ancien régime, il trouvait une distinction qui le faisait pouvoir se plaire seulement avec elles et sans doute l′admiration qu′il leur avait vouée était sincère, mais de nombreuses réminiscences d′histoire et d′art évoquées par leurs noms y entraient pour une grande part, comme des souvenirs de l′antiquité sont une des raisons du plaisir qu′un lettré trouve à lire une ode d′Horace peut-être inférieure à des poèmes de nos jours qui laisseraient ce même lettré indifférent. Chacune de ces femmes à côté d′une jolie bourgeoise était pour lui ce qu′est à une toile contemporaine représentant une route ou une noce, ces tableaux anciens dont on sait l′histoire, depuis le Pape ou le Roi qui les commandèrent, en passant par tels personnages auprès de qui leur présence, par don, achat, prise ou héritage nous rappelle quelque événement ou tout au moins quelque alliance d′un intérêt historique, par conséquent des connaissances que nous avons acquises, leur donne une nouvelle utilité, augmente le sentiment de la richesse des possessions de notre mémoire ou de notre érudition. M. de Charlus se félicitait qu′un préjugé analogue au sien en empêchant ces quelques grandes dames de frayer avec des femmes d′un sang moins pur, les offrît à son culte intactes, dans leur noblesse inaltérée, comme telle façade du XVIIIe siècle soutenue par ses colonnes plates de marbre rose et à laquelle les temps nouveaux n′ont rien changé. A mi abuela le agradó mucho el señor de Charlus. Cierto que éste concedía suma importancia a las cuestiones de linaje y de posición social; mi abuela lo había notado; pero sin ese rigor en que, por lo general, suele haber mucho de envidia secreta y de irritación, por ver que otro disfruta preeminencias que uno desea sin poderlas poseer. Como mi abuela estaba, por el contrario, muy satisfecha de su suerte, y no echaba de menos absolutamente nada la vida de un medio social más brillante, no utilizaba más que su inteligencia para juzgar los defectos del señor de Charlus y hablaba de él con la generosa benevolencia, sonriente, casi simpática, con que recompensamos al objeto de nuestra observación desinteresada por el placer que nos procura; tanto más, cuanto que esta vez el objeto de observación era un personaje cuyas pretensiones, si no legitimas, por lo menos pintorescas, lo hacía destacarse claramente de las personas con quienes solía tratarse la abuela. Pero mi abuela le había perdonado en seguida su prejuicio aristocrático, especialmente por la viva inteligencia y sensibilidad que, al contrario de tanta gente de la aristocracia, de la que se burlaba Saint–Loup, se transparentaban tiras los modales del señor de Charlus. Pero la manía aristocrática no fué sacrificada por el tío, como lo había sido por el sobrino, a cualidades de orden superior. El señor de Charlus más bien había conciliado las dos cosas. Como descendiente de los duques de Nemours y de los príncipes de Lamballe, poseía archivos, muebles y tapices antiguos, retratos de sus antepasados, pintados por Rafael, por Velázquez o por Boucher; de modo que sólo con recorrer sus recuerdos de familia podía decir que visitaba un museo y una biblioteca de incomparable valor, y colocaba en aquel rango de donde su sobrino la destronó toda la herencia de la aristocracia. Además, como era menos ideólogo que Saint–Loup le pagaba menos de palabras, y observaba a los humanos con mayor realismo; no quería renunciar acaso a un elemento tan esencial de prestigio ante la generalidad de la gente, que, a más de dar a su imaginación desinteresados goces, podía ser ayuda poderosamente eficaz para su actividad utilitaria. Planteada queda la lucha entre los nobles de esta clase y los que, obedeciendo á su ideal interior, renuncian .a todas esas ventajas para poder realizarle; parecidos en esto a los pintores y a los músicos que renuncian a su virtuosismo, a los pueblos artistas que se modernizan, a los pueblos guerreros que toman la iniciativa del desarme universal y a los gobiernos absolutos que se hacen democráticos y revocan las leyes severas, muchas veces sin que la realidad recompense su noble esfuerzo; porque aquéllos pierden su talento y éstos su secular predominio; y el pacifismo multiplica en ocasiones las guerras, y la indulgencia aumenta la criminalidad. Como cosa muy noble debían considerarse los esfuerzos de sinceridad y emancipación de Saint–Loup; pero, a juzgar por el resultado exterior, había motivo para felicitarse de que no participara de esas ideas el señor de Charlus, porque así mandó trasladar a su casa gran parte de las admirables entabladuras del palacio de los Guermantes en vez de cambiarlas, como hizo su sobrino, por un mobiliario de estilo moderno, por Lebourgs y Guillaumin. También es verdad que el ideal del señor de Charlus era bastante falso, si es que este objetivo se puede aplicar a la palabra ideal, ya sea en sentido social o artístico. Había mujeres de gran belleza y refinada cultura, descendientes de aquellas damas que dos siglos antes estuvieron rodeadas de todo el lustre y elegancia del antiguo régimen, que le parecían tan distinguidas al señor de Charlus, que sólo en su compañía se encontraba a gusto; indudablemente, la admiración que por ellas sentía era sincera, pero entraban también por mucho en ese sentimiento numerosas reminiscencias de arte e historia evocadas por sus nombres, lo mismo que los recuerdos de la antigüedad son uno de los motivos del deleite con que lee un hombre culto una oda de Horacio, inferior acaso a algunas poesías de nuestros días que lo dejarían indiferente. Y para el señor de Charlus cada una de estas damas era .a una señora de la, clase media lo que un cuadro moderno que represente una carretera o una boda esa uno de esos cuadros antiguos, de historial perfectamente conocido, desde el rey o el Papa que lo encargaron, y que fué pasando de personaje en personaje, por donación, compra; robo o herencia, con lo cual nos recuerda acontecimientos o, por lo menos, algún enlace de interés histórico, y, por consiguiente, es adquisición de nuevos conocimientos y viene a cobrar una utilidad nueva aumentando el sentimiento de riqueza de nuestra memoria o de nuestra erudición. Y el señor de Charlus se alegraba mucho de que un prejuicio análogo al suyo apartara a esas damas del trato con mujeres de menor pureza de sangre, porque sí se ofrecían a su culto intactas, con inalterable nobleza, como esas fachadas del siglo XVIII sustentadas en columnas de mármol rosa y en las que no pudo hacer mella la época moderna.
M. de Charlus célébrait la véritable noblesse d′esprit et de cur de ces femmes, jouant ainsi sur le mot par une équivoque qui le trompait lui-même et où résidait le mensonge de cette conception bâtarde, de cet ambigu d′aristocratie, de générosité et d′art, mais aussi sa séduction, dangereuse pour des êtres comme ma grand′mère à qui le préjugé plus grossier mais plus innocent d′un noble qui ne regarde qu′aux quartiers et ne se soucie pas du reste, eût semblé trop ridicule, mais qui était sans défense dès que quelque chose se présentait sous les dehors d′une supériorité spirituelle, au point qu′elle trouvait les princes enviables par-dessus tous les hommes, parce qu′ils purent avoir un Labruyère, un Fénelon comme précepteurs. El señor de Charlus celebraba la verdadera nobleza de ánimo y de sentimientos de dichas damas, jugando con la palabra nobleza en esa frase equívoca, con la que se dejaba engañar y en la cual se apreciaba lo falso de ese bastardo concepto, de esa ambigua mezcla de aristocracia, de generosidad y de arte, pero frase seductora y peligrosa también para personas como mi abuela, que hubiese juzgado ridículo el prejuicio más inocente y tosco de un noble que no piensa más que en sus cuarteles sin preocuparse de otra cosa, pero que se veía indefensa en cuanto se le presentaba una cosa con apariencia de superioridad espiritual; hasta el extremo, que consideraba a los príncipes como los seres más envidiables del mundo porque pudieron tener a un La Bruyére o a un Fenelón por preceptores.
Devant le Grand-Hôtel, les trois Guermantes nous quittèrent; ils allaient déjeuner chez la princesse de Luxembourg. Au moment où ma grand′mère disait au revoir à Mme de Villeparisis et Saint-Loup à ma grand′mère, M. de Charlus qui jusque-là ne m′avait pas adressé la parole, fit quelques pas en arrière et arrivé à côté de moi: «Je prendrai le thé ce soir après dîner dans l′appartement de ma tante Villeparisis, me dit-il. J′espère que vous me ferez le plaisir de venir avec Madame votre grand′mère.» Et il rejoignit la marquise. Nos separamos delante del Gran Hotel, de los tres Guermantes, que iban a comer a casa de la princesa de Luxemburgo. Mientras que mi abuela se estaba despidiendo de la señora de Villeparisis y recibía el saludo de Roberto, el señor de Charlus, que hasta aquel momento no me había dirigido la palabra, dió unos pasos atrás y, poniéndose a mi lado, me dijo –Está tarde tomaré el té, después de comer, en el cuarto de mi tía Villeparisis. Espero que nos haga usted el favor de venir a acompañarnos con su señora abuela. Y se marchó con la marquesa.
Quoique ce fût dimanche, il n′y avait pas plus de fiacres devant l′hôtel qu′au commencement de la saison. La femme du notaire en particulier trouvait que c′était bien des frais que de louer chaque fois une voiture pour ne pas aller chez les Cambremer, et elle se contentait de rester dans sa chambre. Aunque era domingo, ya no había coches de alquiler delante del hotel. A la señora del notario le parecía que era mucho gasto eso de alquilar un coche todos los domingos para no ir a casa de los Cambremer, y se contentaba con estar en su cuarto.
— Est-ce que Mme Blandais est souffrante, demandait-on au notaire, on ne l′a pas vue aujourd′hui? –¿Está mala su señora? –le preguntaban al notario–. No la hemos visto hoy.
— Elle a un peu mal à la tête, la chaleur, cet orage. Il lui suffit d′un rien; mais je crois que vous la verrez ce soir. Je lui ai conseillé de descendre. Cela ne peut lui faire que du bien. –Le duele un poco la cabeza; debe de ser por el calor o la tormenta. Con cualquier cosa se pone así; pero esta noche la verán ustedes, porque le he aconsejado que baje. Le sentará bien.
J′avais pensé qu′en nous invitant ainsi chez sa tante, que je ne doutais pas qu′il eût prévenue, M. de Charlus eût voulu réparer l′impolitesse qu′il m′avait témoignée pendant la promenade du matin. Mais quand arrivé dans le salon de Mme de Villeparisis, je voulus saluer le neveu de celle-ci, j′eus beau tourner autour de lui qui, d′une voix aiguë, racontait une histoire assez malveillante pour un de ses parents, je ne pus pas attraper son regard; je me décidai à lui dire bonjour et assez fort, pour l′avertir de ma présence, mais je compris qu′il l′avait remarquée, car avant même qu′aucun mot ne fût sorti de mes lèvres, au moment où je m′inclinais je vis ses deux doigts tendus pour que je les serrasse, sans qu′il eût tourné les yeux ou interrompu la conversation. Il m′avait évidemment vu, sans le laisser paraître, et je m′aperçus alors que ses yeux qui n′étaient jamais fixés sur l′interlocuteur, se promenaient perpétuellement dans toutes les directions, comme ceux de certains animaux effrayés, ou ceux de ces marchands en plein air qui, tandis qu′ils débitent leur boniment et exhibent leur marchandise illicite, scrutent, sans pourtant tourner la tête, les différents points de l′horizon par où pourrait venir la police. Cependant j′étais un peu étonné de voir que Mme de Villeparisis heureuse de nous voir venir, ne semblait pas s′y être attendue, je le fus plus encore d′entendre M. de Charlus dire à ma grand′mère: «Ah! c′est une très bonne idée que vous avez eue de venir, c′est charmant, n′est-ce pas, ma tante?» Sans doute avait-il remarqué la surprise de celle-ci à notre entrée et pensait-il en homme habitué à donner le ton, le «la», qu′il lui suffisait pour changer cette surprise en joie d′indiquer qu′il en éprouvait lui-même, que c′était bien le sentiment que notre venue devait exciter. En quoi il calculait bien, car Mme de Villeparisis qui comptait fort son neveu et savait combien il était difficile de lui plaire, parut soudain avoir trouvé à ma grand′mère de nouvelles qualités et ne cessa de lui faire fête. Mais je ne pouvais comprendre que M. de Charlus eût oublié en quelques heures l′invitation si brève, mais en apparence si intentionnelle, si préméditée qu′il m′avait adressée le matin même et qu′il appelât «bonne idée» de ma grand′mère, une idée qui était toute de lui. Avec un scrupule de précision que je gardai jusqu′à l′âge où je compris que ce n′est pas en la lui demandant qu′on apprend la vérité sur l′intention qu′un homme a eue et que le risque d′un malentendu qui passera probablement inaperçu est moindre que celui d′une naîµ¥ insistance: «Mais, monsieur, lui dis-je, vous vous rappelez bien, n′est-ce pas, que c′est vous qui m′avez demandé que nous vinssions ce soir?» Aucun son, aucun mouvement ne trahirent que M. de Charlus eût entendu ma question. Ce que voyant je la répétai comme les diplomates ou ces jeunes gens brouillés qui mettent une bonne volonté inlassable et vaine à obtenir des éclaircissements que l′adversaire est décidé à ne pas donner. M. de Charlus ne me répondit pas davantage. Il me sembla voir flotter sur ses lèvres le sourire de ceux qui de très haut jugent les caractères et les éducations. Yo me figuré que al invitarnos a tomar el té en el cuarto de su tía, a la que indudablemente habría anunciado nuestra visita, el señor de Charlus quería reparar la descortesía que me mostró durante todo el paseo de por la mañana. Pero cuando entramos en el salón de la señora de Villeparisis su sobrino estaba contando con voz chillona una historia en la que quedaba bastante desairado un pariente suyo, y no pude lograr que me mirara siquiera, a pesar de las vueltas que di a su alrededor; entonces me decidí a saludarlo, y muy fuerte para que se enterara de mi presencia; pero comprendí que ya la había notado, porque en el momento de inclinarme, y antes de pronunciar una palabra, vi que me tendía los dos dedos para que los estrechara, sin volver la mirada ni interrumpir la conversación. Evidentemente, me había visto, sin darse, por enterado; noté que su mirar no estaba nunca fijo en su interlocutor y se paseaba constantemente en todas direcciones, como el de un animal asustado o el de un charlatán de plazuela, que mientras que está echando su discurso y enseñando su ilícita mercancía, escruta, sin volver la cabeza por eso, los diversos puntos del horizonte por donde pudiera llegar la policía. Sin embargo, me extrañó un poco que la señora de Villeparisis, aunque muy contenta de vernos, parecía como que no lo esperaba; y aún me extrañó más lo que dijo a mi abuela el señor de Charlus: “¡Ah!, han hecho ustedes muy bien en venir, es una idea excelente, ¿verdad, tía?” Indudablemente, el señor de Charlus había notado la sorpresa de su tía cuando entramos, y creyó, como hombre acostumbrado a dar el tono, el “la”, que bastaba para transformar esta sorpresa en alegría con indicar que él se veía sorprendido también, y que ése era en efecto el sentimiento que lógicamente debía despertar nuestra visita. Y calculó bien, porque su tía, que tenía en mucho a su sobrino y sabía lo difícil que era agradarle, parece como que encontró en mi abuela nuevos encantos y estuvo atentísima con ella. Pero yo no llegaba a comprender que al señor de Charlus se le hubiese olvidado en el transcurso de unas horas la invitación tan breve, pero aparentemente tan intencional, que me había hecho aquella misma mañana, y que llamara “una buena idea” de mi abuela a una idea, que era completamente suya. Y entonces le dije, con un escrúpulo de precisión que me duró hasta la edad en que me di cuenta de que no se entera uno de la verdadera intención que tuvo una persona preguntándoselo a ella, y que más vale correr el riesgo de una mala interpretación, que pasará inadvertida, en vez de insistir cándidamente: “¿Pero se acordará usted de que esta mañana me dijo que viniéramos a pasar un rato con ustedes, no es verdad?” El señor de Charlus no pronunció una palabra ni hizo gesto alguno que indicaran que se había enterado de mi pregunta. Entonces la repetí, como los diplomáticos o los novios reñidos, que con buena voluntad incansable se empeñan inútilmente en solicitar explicaciones que el otro está decidido a no dar. Tampoco me respondió el señor de Charlus. Me pareció ver flotar por sus labios la sonrisa de los que juzgan de los caracteres y educaciones ajenos desde muy alto.
Puisqu′il refusait toute explication, j′essayai de m′en donner une, et je n′arrivai qu′à hésiter entre plusieurs dont aucune ne pouvait être la bonne. Peut-être ne se rappelait-il pas ou peut-être c′était moi qui avais mal compris ce qu′il m′avait dit le matin . . . Plus probablement par orgueil ne voulait-il pas paraître avoir cherché à attirer des gens qu′il dédaignait, et préférait-il rejeter sur eux l′initiative de leur venue. Mais alors, s′il nous dédaignait, pourquoi avait-il tenu à ce que nous vinssions ou plutôt à ce que ma grand′mère vînt, car de nous deux ce fut à elle seule qu′il adressa la parole pendant cette soirée et pas une seule fois à moi. Causant avec la plus grande animation avec elle ainsi qu′avec Mme de Villeparisis, caché en quelque sorte derrière elles, comme il eût été au fond d′une loge, il se contentait seulement, détournant par moments le regard investigateur de ses yeux pénétrants, de l′attacher sur ma figure, avec le même sérieux, le même air de préoccupation, que si elle eût été un manuscrit difficile à déchiffrer. Ya que él se negaba a dar explicación, quise yo encontrar una, por mi parte; pero no logré más que quedarme vacilando entre varias explicaciones, ninguna buena probablemente. Quizá es que ya no se acordaba de lo que dijo, o que yo había entendido mal sus palabras de por la mañana. Más probable sería que, por su mucho orgullo, no quisiera dejar ver que había solicitado la compañía de gente que desdeñaba, y prefiriendo atribuirnos la iniciativa de nuestra visita. Pero entonces, si nos desdeñaba, ¿por qué quiso que fuéramos al cuarto de su tía, mejor dicho, que fuera mi abuela, porque sólo a ella le dirigió la palabra en toda la tarde y a mí no me habló ni una sola vez? Charlaba muy animadamente con ella y con la señora de Villeparisis, y parecía como que se ocultaba detrás de esa conversación como en el fondo de un palco; en cuanto a mi persona, se limitaba de vez en cuando a desviar hacia ella la investigadora mirada de sus penetrantes ojos y a posarla en mi rostro con la misma seriedad y preocupación que si estuviera leyendo un manuscrito difícil de descifrar.
Sans doute s′il n′avait pas eu ces yeux, le visage de M. de Charlus était semblable à celui de beaucoup de beaux hommes. Et quand Saint-Loup en me parlant d′autres Guermantes me dit plus tard: «Dame, ils n′ont pas cet air de race, de grand seigneur jusqu′au bout des ongles, qu′a mon oncle Palamède», en confirmant que l′air de race et la distinction aristocratiques n′étaient rien de mystérieux et de nouveau, mais qui consistaient en des éléments que j′avais reconnus sans difficulté et sans éprouver d′impression particulière, je devais sentir se dissiper une de mes illusions. Mais ce visage, auquel une légère couche de poudre donnait un peu l′aspect d′un visage de théâtre, M. de Charlus avait beau en fermer hermétiquement l′expression, les yeux étaient comme une lézarde, comme une meurtrière que seule il n′avait pu boucher et par laquelle, selon le point où on était placé par rapport à lui, on se sentait brusquement croisé du reflet de quelque engin intérieur qui semblait n′avoir rien de rassurant, même pour celui qui, sans en être absolument maître, le porterait en soi, à l′état d′équilibre instable et toujours sur le point d′éclater; et l′expression circonspecte et incessamment inquiète de ces yeux, avec toute la fatigue qui, autour d′eux, jusqu′à un cerne descendu très bas, en résultait pour le visage, si bien composé et arrangé qu′il fût, faisait penser à quelque incognito, à quelque déguisement d′un homme puissant en danger, ou seulement d′un individu dangereux, mais tragique. J′aurais voulu deviner quel était ce secret que ne portaient pas en eux les autres hommes et qui m′avait déjà rendu si énigmatique le regard de M. de Charlus quand je l′avais vu le matin près du casino. Mais avec ce que je savais maintenant de sa parenté, je ne pouvais plus croire ni que ce fût celui d′un voleur, ni, d′après ce que j′entendais de sa conversation, que ce fût celui d′un fou. S′il était si froid avec moi, alors qu′il était tellement aimable avec ma grand′mère, cela ne tenait peut-être pas à une antipathie personnelle, car d′une manière générale, autant il était bienveillant pour les femmes, des défauts de qui il parlait sans se départir, habituellement, d′une grande indulgence, autant il avait à l′égard des hommes, et particulièrement des jeunes gens, une haine d′une violence qui rappelait celle de certains misogynes pour les femmes. De deux ou trois «gigolos» qui étaient de la famille ou de l′intimité de Saint-Loup et dont celui-ci cita par hasard le nom, M. de Charlus dit avec une expression presque féroce qui tranchait sur sa froideur habituelle: «Ce sont de petites canailles.» Je compris que ce qu′il reprochait surtout aux jeunes gens d′aujourd′hui, c′était d′être trop efféminés. «Ce sont de vraies femmes», disait-il avec mépris. Mais quelle vie n′eût pas semblé efféminée auprès de celle qu′il voulait que menât un homme et qu′il ne trouvait jamais assez énergique et virile? (lui-même dans ses voyages à pied, après des heures de course, se jetait brûlant dans des rivières glacées.) Il n′admettait même pas qu′un homme portât une seule bague. Mais ce parti pris de virilité ne l′empêchait pas d′avoir des qualités de sensibilité des plus fines. A Mme de Villeparisis qui le priait de décrire pour ma grand′mère un château où avait séjourné Mme de Sévigné, ajoutant qu′elle voyait un peu de littérature dans ce désespoir d′être séparée de cette ennuyeuse Mme de Grignan: Indudablemente, si no hubiera sido por aquellos ojos, la cara del señor de Charlus se parecería a la de tantos hombres agraciados como andan por el mundo. Y cuando más adelante me dijo Saint– Loup; refiriéndose a. los otros Guermantes: “No tienen ese aire de raza de gran señor hasta la punta de los dedos de mi tío Palamedio′”, sentí que se disipaba una de mis ilusiones, porque esas palabras me confirmaron que el aire de raza y la distinción aristocrática no son cosa misteriosa y nueva sino que consisten en elementos que yo distinguía fácilmente sin que me hicieran gran impresión. Pero de nada servía que el señor de Charlus cerrara herméticamente la expresión de aquel su rostro, que se parecía un poco a una cara de cómico por la leve capa de polvos que lo cubría, porque los ojos eran a modo de rendija o aspillera que no pudo tapar, y por allí salían, hacia uno u otro lado, según la posición que se ocupara, reflejos de algún bélico ingenio interior, de una máquina alarmante hasta para aquel que la llevaba dentro de sí sin dominarla, en estado de equilibrio inestable y siempre a punto de estallar; y la expresión circunspecta y constantemente inquieta de esos ojos, de la que resultaba un gran cansancio, manifestado en las ojeras, muy dilatadas, para todo el rostro, por muy arreglado y compuesto que estuviera, traía ala mente ideas de incógnito, de un hombre poderoso que está en peligro y que se disfraza, o por lo menos de un individuo peligroso y trágico. Me habría gustado averiguar qué secreto era ese que no tenían los demás hombres y ese secreto por el que se me representó con carácter tan enigmático la mirada del señor de Charlus cuando lo vi por la mañana junto al Casino. Pero ahora que sabía ya de qué familia era, ya no podía seguir imaginándome que fuese un ladrón, ni, por lo que le oí hablar, un loco. Si estaba conmigo tan frío y en cambio tan amable con mi abuela, quizá no fuese por mera antipatía personal, porque en general era muy benévolo con las mujeres y hablaba de sus defectos casi siempre con gran indulgencia; pero, en cambio, en lo que se refiere a los hombres, especialmente a los jóvenes, daba muestras de tan violento odio como el de los misóginos a las mujeres. Dijo de dos o tres “polluelos” parientes o amigos de Saint–Loup, a quienes nombró Roberto casualmente: “Son unos canillitas”, con tono de ferocidad que contrastaba con su frialdad acostumbrada. Comprendí que lo que más reprochaba a los muchachos de hoy día era su afeminamiento. “Son mujeres de verdad”, decía despreciativamente. Pero comparada con aquella vida que él consideraba adecuada para un hombre, y que aun se le antojaba, poco enérgica y viril (en sus caminatas, después de horas y horas de marcha, todo acalorado, se bañaba en ríos helados), cualquier otra vida había de parecer afeminada. Ni siquiera admitía que un hombre llevara una sortija. Pero este prejuicio de la energía viril no era obstáculo a sus cualidades de finísima sensibilidad. La señora de Villeparisis le pidió que describiera a mi abuela un castillo donde estuvo madama de Sevigné, y al paso dijo que ella veía un poco de literatura en esa desesperación, por estar separada de persona tan aburrida como su hija madama de Grignan:
— «Rien au contraire, répondit-il, ne me semble plus vrai. C′était du reste une époque où ces sentiments-là étaient bien compris. L′habitant du Monomopata de Lafontaine, courant chez son ami qui lui est apparu un peu triste pendant son sommeil, le pigeon trouvant que le plus grand des maux est l′absence de l′autre pigeon, vous semblent peut-être, ma tante, aussi exagérés que Mme de Sévigné ne pouvant pas attendre le moment où elle sera seule avec sa fille. C′est si beau ce qu′elle dit quand elle la quitte: cette séparation me fait une douleur à l′âme que je sens comme un mal du corps. Dans l′absence on est libéral des heures. On avance dans un temps auquel on aspire.» Ma grand′mère était ravie d′entendre parler de ces Lettres, exactement de la façon qu′elle eût fait. Elle s′étonnait qu′un homme pût les comprendre si bien. Elle trouvait à M. de Charlus des délicatesses, une sensibilité féminines. Nous nous dîmes plus tard quand nous fûmes seuls et parlâmes tous les deux de lui qu′il avait dû subir l′influence profonde d′une femme, sa mère, ou plus tard sa fille s′il avait des enfants. Moi je pensai: «Une maîtresse» en me reportant à l′influence que celle de Saint-Loup me semblait avoir eue sur lui et qui me permettait de me rendre compte à quel point les femmes avec lesquelles ils vivent affinent les hommes. –Pues a mí me parece, por el contrario, muy de verdad –respondió el señor de Charlus–. Además, en aquella época esos sentimientos se comprendían muy bien. El habitante del Monomotapa, de La Fontaine, que va corriendo a casa de su amigo porque en sueños lo vió un poco triste, y el palomo que consideraba como la mayor desgracia la ausencia de su compañero, quizá le parezcan a usted, tía, tan exagerados como madama de Sevigné cuando no puede esperar tranquila el momento de quedarse sola con su hija. Y lo que dice al separarse es muy hermoso: esta separación me duele con tanta fuerza en el alma como si me doliera en el cuerpo. Durante la ausencia no escatima uno horas. Nos adelantamos hacia ese momento que constituye nuestra aspiración. Mi abuela estaba encantada de oír hablar de las Cartas de la misma manera que hubiese hablado ella. Le pareció ver en el señor de Charlus cualidades de delicadeza y sensibilidad femeninas. Luego, cuando ya estuvimos solos, la abuela y yo hablamos del señor de Charlus, coincidimos en que debía de haber habido alguna mujer que influyera mucho en su ánimo, bien fuese su madre, o quizá su hija, si es que había tenido hijos de su matrimonio. Yo me dije para mis adentros que podía ser una querida, pensando en la influencia que tuvo en Saint–Loup la suya, porque por este ejemplo de mi amigo vine yo a darme cuenta de lo mucho que puede afinar a un hombre la mujer con quien vive.
«Une fois près de sa fille elle n′avait probablement rien à lui dire», répondit Mme de Villeparisis. –Y luego, cuando estuviese con su hija, probablemente no tendría nada que decirle – repuso la señora de Villeparisis.
«Certainement si; fût-ce de ce qu′elle appelait «choses si légères qu′il n′y a que vous et moi qui les remarquions». Et en tous cas, elle était près d′elle. Et Labruyère nous dit que c′est tout: «Etre près des gens qu′on aime, leur parler, ne leur parler point, tout est égal.» Il a raison; c′est le seul bonheur, ajouta M. de Charlus d′une voix mélancolique; et ce bonheur-là, hélas, la vie est si mal arrangée qu′on le goûte bien rarement; Mme de Sévigné a été en somme moins à plaindre que d′autres. Elle a passé une grande partie de sa vie auprès de ce qu′elle aimait. –Sí que tendría, aunque no fuera más que esas “cosas tan insignificantes que sólo tú y yo sabemos apreciar”. Por lo pronto ya estaba a su lado. Y eso, como dice La Bruyére, es lo esencial. “Estar con los seres queridos, hablarles o no, lo mismo da.” Tiene razón, esa es la única felicidad –añadió el señor de Charlus con melancólica voz–; y la vida está tan mal arreglada, que esa felicidad la goza uno muy rara vez; madama de Sevigné es menos digna de compasión que los demás: ha pasado gran parte de su vida con el ser amado.
— Tu oublies que ce n′était pas de l′amour, c′était de sa fille qu′il s′agissait. –Pero no era amor: se trataba de su hija.
— Mais l′important dans la vie n′est pas ce qu′on aime, reprit-il d′un ton compétent, péremptoire et presque tranchant, c′est d′aimer. Ce que ressentait Mme de Sévigné pour sa fille peut prétendre beaucoup plus justement ressembler à la passion que Racine a dépeinte dans Andromaque ou dans Phèdre, que les banales relations que le jeune Sévigné avait avec ses maîtresses. De même l′amour de tel mystique pour son Dieu. Les démarcations trop étroites que nous traçons autour de l′amour viennent seulement de notre grande ignorance de la vie. –Lo importante en esta vida no es aquello en que se pone el amor, sino el sentir amor –respondió él en tono de enterado, terminante y decisivo–. El sentimiento de madama de Sevigné por su hija puede aspirar con mayor motivo a parecerse a la pasión que pintó Racine en Andromaque o en Phédre, que no las frívolas relaciones del joven Sevigné con sus queridas. Y lo mismo ocurre con el amor de algunos místicos a su Dios. Esas demarcaciones tan estrechas que trazamos alrededor del amor provienen únicamente de nuestra gran ignorancia de la vida.
«Tu aimes beaucoup Andromaque et Phèdre?» demanda Saint-Loup à son oncle, sur un ton légèrement dédaigneux. «Il y a plus de vérité dans une tragédie de Racine que dans tous les drames de Monsieur Victor Hugo», répondit M. de Charlus. «C′est tout de même effrayant le monde, me dit Saint-Loup à l′oreille. Préférer Racine à Victor c′est quand même quelque chose d′énorme!» Il était sincèrement attristé des paroles de son oncle, mais le plaisir de dire «quand même» et surtout «énorme» le consolait. –¿De modo que te gustan mucho Andromaque y Phédre? – preguntó Saint–Loup a su tío, con tono levemente desdeñoso. –Hay mucha más verdad en una tragedia de Racine que en todos los dramas de Víctor Hugo –repuso el señor de Charlus.. –¡La verdad es que la aristocracia es terrible! –me dijo Saint– Loup al oído–. ¡Preferir Racine a Víctor Hugo! ¡Hay que ver, es una cosa enorme! Las palabras de su tío lo habían contristado realmente; pero, se consoló con el placer de poder decir: “¡Hay que ver!”, y sobre todo, “¡enorme!"
Dans ces réflexions sur la tristesse qu′il y a à vivre loin de ce qu′on aime (qui devaient amener ma grand′mère à me dire que le neveu de Mme de Villeparisis comprenait autrement bien certaines uvres que sa tante, et surtout avait quelque chose qui le mettait bien au-dessus de la plupart des gens du club), M. de Charlus ne laissait pas seulement paraître une finesse de sentiment que montrent en effet rarement les hommes; sa voix elle-même, pareille à certaines voix de contralto en qui on n′a pas assez cultivé le médium et dont le chant semble le duo alterné d′un jeune homme et d′une femme, se posait au moment où il exprimait ces pensées si délicates, sur des notes hautes, prenait une douceur imprévue et semblait contenir des churs de fiancées, de surs, qui répandaient leur tendresse. Mais la nichée de jeunes filles que M. de Charlus, avec son horreur de tout efféminement, aurait été si navré, d′avoir l′air d′abriter ainsi dans sa voix, ne s′y bornait pas à l′interprétation, à la modulation, des morceaux de sentiment. Souvent tandis que causait M. de Charlus, on entendait leur rire aigu et frais de pensionnaires ou de coquettes ajuster leur prochain avec des malices de bonnes langues et de fines mouches. En esas reflexiones sobre lo triste que es vivir separado de aquello que amamos (reflexiones que hicieron decir a mi abuela que el sobrino de la señora de Villeparisis entendía algunas obras mucho mejor que su tía, y que estaba. en un nivel muy superior al de la mayor parte de los hombres de mundo), el señor de Charlus no sólo dejaba transparentar una finura de sentimiento muy poco usual en los hombres, sino que su voz, muy parecida a algunas voces de contralto en las que no está bastante cultivado el registro medio, y cuyo canto parece un dúo entre un muchacho y una mujer, iba a colocarse en las notas altas, en el momento en que expresaba estos pensamientos tan delicados, y cobraba imprevista dulzura, como si llevara dentro coros de voces de novia y de hermana, henchidos de ternura. Pero aquella nidada de doncellas que parecían escondidas en la voz del señor de Charlus, cosa que de haberla él notado le habría causado gran pesar, por lo mucho que odiaba todo afeminamiento, no se limitaba a interpretar y a modular aquellos pasajes sentimentales. Muchas veces, mientras que estaba hablando el señor de Charlus, se oía una risa aguda y fresca de colegialas o de coquetas burlándose del prójimo con malicias de chiquillas pícaras y deslenguadas.
Il raconta qu′une demeure qui avait appartenu à sa famille, où Marie-Antoinette avait couché, dont le parc était de Lenôtre, appartenait maintenant aux riches financiers Israël, qui l′avaient achetée. «Israël, du moins c′est le nom que portent ces gens, qui me semble un terme générique, ethnique, plutôt qu′un nom propre. On ne sait pas peut-être que ce genre de personnes ne portent pas de noms et sont seulement désignées par la collectivité à laquelle elles appartiennent. Cela ne fait rien! Avoir été la demeure des Guermantes et appartenir aux Israël!!! s′écria-t-il. Cela fait penser à cette chambre du château de Blois où le gardien qui le faisait visiter me dit: «C′est ici que Marie Stuart faisait sa prière; et c′est là maintenant où ce que je mets mes balais.» Naturellement je ne veux rien savoir de cette demeure qui s′est déshonorée, pas plus que de ma cousine Clara de Chimay qui a quitté son mari. Mais je conserve la photographie de la première encore intacte, comme celle de la princesse quand ses grands yeux n′avaient de regards que pour mon cousin. La photographie acquiert un peu de la dignité qui lui manque quand elle cesse d′être une reproduction du réel et nous montre des choses qui n′existent plus. Je pourrai vous en donner une, puisque ce genre d′architecture vous intéresse», dit-il à ma grand′mère. A ce moment apercevant que le mouchoir brodé qu′il avait dans sa poche laissait dépasser des liserés de couleur, il le rentra vivement avec la mine effarouchée d′une femme pudibonde mais point innocente dissimulant des appâts que, par un excès de scrupule, elle juge indécents. «Imaginez-vous, reprit-il, que ces gens ont commencé par détruire le parc de Lenôtre, ce qui est aussi coupable que de lacérer un tableau de Poussin. Pour cela, ces Israël devraient être en prison. Il est vrai, ajouta-t-il en souriant après un moment de silence, qu′il y a sans doute tant d′autres choses pour lesquelles ils devraient y être! En tous cas vous vous imaginez l′effet que produit devant ces architectures un jardin anglais. Contaba que una casa que fue de su familia, con el parque dibujado por Lenótre, y donde había dormido una vez María Antonieta, pertenecía actualmente a los ricos banqueros Israel, que la habían comprado: “Israel, ese es el hombre que llevan esas gentes; me parece más bien término genérico, étnico, que no un nombre propio. Puede que sea que esa clase de gente no tiene nombre y se la designa con el de la colectividad a que pertenece. Pero lo mismo ¡Haber sido propiedad de los Guermantes y pertenecer ahora a los Israel! –exclamó–. Eso me recuerda aquella habitación del castillo de Blois, de la que me decía el guarda que me iba guiando: “Aquí es donde rezaba María Estuardo; ahora yo la utilizo para poner las escobas”. Claro es que no quiero oír hablar nunca más de esa casa que se ha deshonrado, como no quiero oír hablar de mi prima Clara, de Chimay, que ha huido de su esposo. Conservo fotografías de la casa cuando aun estaba intacta y de la princesa cuando no tenía ojos más que para mi primo. La fotografía gana un poco de la dignidad que le falta cuando deja de ser reproducción de una realidad y nos enseña cosas que ya no existen. “Yo le daré a usted una, ya que le interesa ese estilo”, dijo a mi abuela. En aquel momento se fijó en que sobresalía un poco la orla de color del pañuelo bordado que llevaba en el bolsillo, y se apresuró a meterlo más adentro, con el gesto de susto de una mujer pudibunda, aunque no inocente, cuando, por exceso de escrúpulo, disimula algún atractivo físico que le parece indecente. –Imagínese usted que esa gente ha empezado por destruir el parque de Lenótre, cosa tan punible como hacer tiras un cuadro de Poussin. Ya por eso tendrían que estar en la cárcel los tales Israel. Claro es –añadió, sonriéndose, tras un momento de silencio– que indudablemente había otros muchos motivos para que estén en la cárcel. En todo caso, figúrese usted el efecto que hace delante de un edificio de ese estilo un parque a la inglesa.
— Mais la maison est du même style que le Petit-Trianon, dit Mme de Villeparisis, et Marie-Antoinette y a bien fait faire un jardin anglais. –Pero la casa es del mismo estilo que el Pequeño Trianón – dijo la señora de Villeparisis, y María Antonieta mandó poner allí un jardín a la inglesa.
— Qui dépare tout de même la façade de Gabriel, répondit M. de Charlus. Évidemment ce serait maintenant une sauvagerie que de détruire le Hameau. Mais quel que soit l′esprit du jour, je doute tout de même qu′à cet égard une fantaisie de Mme Israël ait le même prestige que le souvenir de la Reine. –Sí, pero que echa a perder la fachada de Gabriel –respondió su sobrino–. Evidentemente, sería una salvajada hoy día mandar deshacer el Hameau. Pero cualesquiera que sean los gustos de hoy, no creo que un capricho de la señora de Israel tenga el mismo prestigio que un recuerdo de la reina.
Cependant ma grand′mère m′avait fait signe de monter me coucher, malgré l′insistance de Saint-Loup qui, à ma grande honte, avait fait allusion devant M. de Charlus à la tristesse que j′éprouvais souvent le soir avant de m′endormir et que son oncle devait trouver quelque chose de bien peu viril. Je tardai encore quelques instants, puis m′en allai, et fus bien étonné quand un peu après, ayant entendu frapper à la porte de ma chambre et ayant demandé qui était là, j′entendis la voix de M. de Charlus qui disait d′un ton sec: Mientras tanto, mi abuela me hizo señas para que subiera a acostarme, a pesar de la insistencia de Saint–Loup, que, con gran bochorno mío, aludió delante del señor de Charlus a la tristeza que me asaltaba muchas noches antes de dormirme, tristeza que debió de parecer a su tío cosa muy poco viril. Esperé un momento, y, por fin, me fui; y me quedé muy sorprendido cuando un rato después llamaron a la puerta, y al preguntar quién era oí la voz del señor de Charlus, que decía con tono seco.
— C′est Charlus. Puis-je entrer, monsieur? Monsieur, reprit-il du même ton une fois qu′il eut refermé la porte, mon neveu racontait tout à l′heure que vous étiez un peu ennuyé avant de vous endormir, et d′autre part que vous admiriez les livres de Bergotte. Comme j′en ai dans ma malle un que vous ne connaissez probablement pas, je vous l′apporte pour vous aider à passer ces moments où vous ne vous sentez pas heureux. –Soy yo, Charlus. ¿Se puede? Caballero –prosiguió en el mismo tono, una vez que estuvo dentro y la puerta cerrada–, mi sobrino contaba hace un instante que se sentía usted un poco desasosegado antes de dormirse, y decía también que admira usted mucho los libros de Bergotte. Y como tengo en el baúl una obra suya, que probablemente no conoce usted, se la he traído para que le ayude a pasar este rato malo que tiene usted.
Je remerciai M. de Charlus avec émotion et lui dis que j′avais au contraire eu peur que ce que Saint-Loup lui avait dit de mon malaise à l′approche de la nuit, m′eût fait paraître à ses yeux plus stupide encore que je n′étais. Di las gracias, muy emocionado, al señor de Charlus, y le dije que, al contrario, aquellas palabras de Saint–Loup sobre mi tristeza al llegar la noche me inspiraron el temor de que me juzgara más tonto aún de lo que yo era.
— Mais non, répondit-il avec un accent plus doux. Vous n′avez peut-être pas de mérite personnel, si peu d′êtres en ont! Mais pour un temps du moins vous avez la jeunesse et c′est toujours une séduction. D′ailleurs, monsieur, la plus grande des sottises, c′est de trouver ridicules ou blâmables les sentiments qu′on n′éprouve pas. J′aime la nuit et vous me dites que vous la redoutez; j′aime sentir les roses et j′ai un ami à qui leur odeur donne la fièvre. Croyez-vous que je pense pour cela qu′il vaut moins que moi. Je m′efforce de tout comprendre et je me garde de rien condamner. En somme ne vous plaignez pas trop, je ne dirai pas que ces tristesses ne sont pas pénibles, je sais ce qu′on peut souffrir pour des choses que les autres ne comprendraient pas. Mais du moins vous avez bien placé votre affection dans votre grand′mère. Vous la voyez beaucoup. Et puis c′est une tendresse permise, je veux dire une tendresse payée de retour. Il y en a tant dont on ne peut pas dire cela. –No, no –respondió con tono más cariñoso–. Quizá no tenga usted mérito personal, eso muy pocas personas lo tienen. Pero por lo menos tiene usted juventud, y la juventud es una gran seducción. Además, caballero, la mayor de las tonterías es considerar censurables o ridículas las cosas que uno no siente. A mí me gusta mucho la noche, y a usted le da miedo; a mí me agrada oler las rosas, y a un amigo mío ese olor le da fiebre. Y no crea que por eso me figuro que vale menos que yo. Yo hago por comprenderlo todo y me abstengo de condenar ninguna cosa. Pero no se queje usted mucho; no digo que no sean dolorosos esos accesos de tristeza; ya sé yo que hay cosas que los demás no comprenden y que hacen sufrir mucho. Pero por lo menos tiene usted su cariño muy bien empleado en la persona de su abuela. La ve usted mucho, y además es un afecto lícito, es decir, correspondido. Pero hay muchos de los que no se podría decir lo mismo.
Il marchait de long en large dans la chambre, regardant un objet, en soulevant un autre. J′avais l′impression qu′il avait quelque chose à m′annoncer et ne trouvait pas en quels termes le faire. A todo esto estaba dándose paseos por la habitación –de arriba abajo, mirando los objetos que había en el cuarto y cogiendo alguno para examinarlo. A mí me hacía la impresión de que tenía algo que anunciarme y no hallaba la manera de decírmelo.
«J′ai un autre volume de Bergotte ici, je vais vous le chercher», ajouta-t-il, et il sonna. Un groom vint au bout d′un moment. «Allez me chercher votre maître d′hôtel. Il n′y a que lui ici qui soit capable de faire une commission intelligemment, dit M. de Charlus avec hauteur. «Monsieur Aimé, Monsieur?» demanda le groom. «Je ne sais pas son nom, mais si, je me rappelle que je l′ai entendu appeler Aimé. Allez vite, je suis pressé.» «Il va être tout de suite ici, monsieur, je l′ai justement vu en bas», répondit le groom qui voulait avoir l′air au courant. Un certain temps se passa. Le groom revint. «Monsieur, M. Aimé est couché. Mais je peux faire la commission.» «Non, vous n′avez qu′à le faire lever.» «Monsieur, je ne peux pas, il ne couche pas là.» «Alors, laissez-nous tranquilles.» «Mais, monsieur, dis-je, le groom parti, vous êtes trop bon, un seul volume de Bergotte me suffira.» «C′est ce qui me semble, après tout.» M. de Charlus marchait. Quelques minutes se passèrent ainsi, puis, après quelques instants d′hésitation et se reprenant à plusieurs fois, il pivota sur lui-même et de sa voix redevenue cinglante, il me jeta: «Bonsoir, monsieur» et partit. Après tous les sentiments élevés que je lui avais entendu exprimer ce soir-là, le lendemain qui était jour de son départ, sur la plage, dans la matinée, au moment où j′allais prendre mon bain, comme M. de Charlus s′était approché de moi pour m′avertir que ma grand′mère m′attendait aussitôt que je serais sorti de l′eau, je fus bien étonné de l′entendre me dire, en me pinçant le cou, avec une familiarité et un rire vulgaires: –Tengo otro volumen de Bergotte aquí, voy a mandar que se lo traigan a usted –dijo. Llamó, y al cabo de un momento apareció un groom. –Vaya usted a buscarme al maestresala. Es el único de esta casa capaz de hacer un recado con cierto sentido común –añadió el señor de Charlus altivamente. –¿Al señor Amando, caballero? –preguntó el groom. –No sé cómo se llama; sí, creo que le he oído llamar Amando. Vaya ligero, que tengo prisa. –Subirá en seguida, señor; acabo de verlo abajo –contestó el groom, que quería echárselas de enterado. Pasó un rato, y el groom volvió a aparecer. –Caballero, el señor Amando está ya acostado. Pero yo puedo hacer el encargo. –No; mándele usted levantarse. –Es imposible, caballero; no duerme aquí. –Entonces, déjenos en paz. Yo dije al señor de Charlus cuando se hubo ido el groom: –Pero es usted amabilísimo, tengo bastante con un libro de Bergotte. –Sí, eso también es verdad. El señor de Charlus seguía dando paseos por la habitación. Transcurrieron unos minutos de esta manera, y luego, tras un momento de duda, se decidió a ejecutar la acción que había iniciado varias veces: girar sobre sus talones, lanzarme con una voz tan dura como cuando entró un “¡Buenas noches!” y salir de mi cuarto. A la mañana siguiente, el señor de Charlus, que había de marcharse ese día, se acercó a mí en la playa cuando yo iba a bañarme, con objeto de decirme de parte de mi abuela que me esperaba en cuanto saliera del agua; y después de los nobles sentimientos que había expresado la noche antes en mi cuarto, me chocó mucho oírle decir, pellizcándome el cuello, con una familiaridad y una risita muy vulgares.
— Mais on s′en fiche bien de sa vieille grand′mère, hein? petite fripouille! –¿Qué, toma usted el pelo a su abuela, eh, sinvergüencilla?
— Comment, monsieur, je l′adore! –¡Cómo! ¡La quiero muchísimo!
— Monsieur, me dit-il en s′éloignant d′un pas et avec un air glacial, vous êtes encore jeune, vous devriez en profiter pour apprendre deux choses, la première c′est de vous abstenir d′exprimer des sentiments trop naturels pour n′être pas sous-entendus; la seconde c′est de ne pas partir en guerre pour répondre aux choses qu′on vous dit avant d′avoir pénétré leur signification. Si vous aviez pris cette précaution, il y a un instant, vous vous seriez évité d′avoir l′air de parler à tort et à travers comme un sourd et d′ajouter par là un second ridicule à celui d′avoir des ancres brodées sur votre costume de bain. Je vous ai prêté un livre de Bergotte dont j′ai besoin. Faites-le moi rapporter dans une heure par ce maître d′hôtel au prénom risible et mal porté, qui je suppose n′est pas couché à cette heure-ci. Vous me faites apercevoir que je vous ai parlé trop tôt hier soir des séductions de la jeunesse, je vous aurais rendu meilleur service en vous signalant son étourderie, ses inconséquences et son incompréhension. J′espère, monsieur, que cette petite douche ne vous sera pas moins salutaire que votre bain. Mais ne restez pas ainsi immobile, vous pourriez prendre froid. Bonsoir, monsieur. –Caballero –me dijo, dando un paso atrás y con aire glacial– todavía todavía es usted joven y debe aprovecharlo para aprender dos cosas: la primera, abstenerse de expresar sentimientos que se sobrentienden porque son naturalísimos; la segunda, no lanzarse impetuosamente a responder a una cosa que le han dicho a usted, sin enterarse antes de su significación. Si hubiese usted tomado esta precaución hace un momento se habría usted evitado pasar por el trance de hablar a tontas y a locas como un sordo y de añadir con eso un ridículo más al ridículo de llevar esas anclas bordadas en el traje de baño. Necesito ese libro de Bergotte que le he prestado a usted. Mándemelo antes de una hora con el maestresala de ese nombre risible que tan ancho le viene: es de suponer que a estas horas no estará acostado. Recuerdo que anoche le hablé a usted antes de lo debido de las seducciones de la juventud, y veo que le habría a usted hecho un favor más grande señalándole el atolondramiento, la incomprensión y las inconsecuencias de la juventud. Tengo la esperanza, joven, de que esta pequeña ducha le será tan saludable como el baño. Pero no se quede usted tan parado, puede usted coger frío. ¡Buenos días!
Sans doute eut-il regret de ces paroles, car quelque temps après je reçus, — dans une reliure de maroquin sur le plat de laquelle avait été encastrée une plaque de cuir incisé qui représentait en demi-relief une branche de myosotis —e llivre qu′il m′avait prêté et que je lui avais fait remettre, non par Aimé qui se trouvait «de sortie», mais par le liftier. Indudablemente se arrepintió de esas palabras, porque algún tiempo más adelante recibí –con una encuadernación en tafilete que llevaba embutida en la tapa una placa de cuero representando una rama de miosotis en relieve– aquel libro que me prestó, y que yo le devolví en seguida, no por medio de Amando, que tenía “salida” aquel día, sino con el, chico del lift.




Troisième partie

[III]

Une fois M. de Charlus parti, nous pûmes enfin, Robert et moi, aller dîner chez Bloch. Or je compris pendant cette petite fête, que les histoires trop facilement trouvées drôles par notre camarade étaient des histoires de M. Bloch, père, et que l′homme «tout à fait curieux» était toujours un de ses amis qu′il jugeait de cette façon. Il y a un certain nombre de gens qu′on admire dans son enfance, un père plus spirituel que le reste de la famille, un professeur qui bénéficie à nos yeux de la métaphysique qu′il nous révèle, un camarade plus avancé que nous (ce que Bloch avait été pour moi) qui méprise le Musset de l′Espoir en Dieu quand nous l′aimons encore, et quand nous en serons venus au père Lecomte ou à Claudel ne s′extasiera plus que sur: Ya que se hubo marchado el señor de Charlus, Roberto y yo pudimos ir a cenar a casa de Bloch. Durante ese pequeño banquete me di cuenta de que aquellas historias que Bloch juzgaba tan divertidas sin serlo, y las personas insignificantes que él estimaba “muy curiosas”, eran historias y amigos del señor Bloch padre. Hay mucha gente que empezamos a admirar en nuestra infancia: un padre más ingenioso que el resto de la familia, un profesor que se lleva él los méritos de la metafísica que nos revela, o un compañero más adelantado que uno do que fué Bloch en mi caso), que desprecia al Musset de la esperanza en Dios cuando a nosotros aún nos gusta, y que, en cambio, cuando hayamos llegado al buen Leconte o a Claudel seguirá extasiándose con aquello de:
«A Saint-Blaise, à la Zuecca
Vous étiez, vous étiez bien aise».
en y ajoutant
«Padoue est un fort bel endroit
Ou de très grands docteurs en droit
. . . Mais j′aime mieux la polenta
. . . Passe dans son domino noir
La Toppatelle.
et de toutes les «Nuits» ne retient que
«Au Havre, devant l′Atlantique
A Venise, à l′affreux Lido.
Où vient sur l′herbe d′un tombeau
Mourir la pâle Adriatique.
A Saint-Blaise, á la Zuecca
Vous étiez, vous étiez bien aise.
y añadirá:
Padoue est un fort bel endroit
Oú de tres grands docteurs en droit...
Mais j′aime mieux la polenta...
Passe dans mon domino noir
La Toppatelle
Y de las Noches tan sólo se quedará con estos versos:
Au Havre devant l′Atlantique
A Venise, á l′affreux Lido,
Oú vient sur l′herbe d′un tombeau
Mourir le pále Adriatique
Or, de quelqu′un qu′on admire de confiance, on recueille, on cite avec admiration, des choses très inférieures à celles que livré à son propre génie on refuserait avec sévérité, de même qu′un écrivain utilise dans un roman sous prétexte qu′ils sont vrais, des «mots», des personnages, qui dans l′ensemble vivant font au contraire poids mort, partie médiocre. Les portraits de Saint Simon écrits par lui sans qu′il s′admire sans doute, sont admirables, les traits qu′il cite comme charmants de gens d′esprit qu′il a connus, sont restés médiocres ou devenus incompréhensibles. Il eût dédaigné d′inventer ce qu′il rapporte comme si fin ou si coloré de Mme Cornuel ou de Louis XIV, fait qui du reste est à noter chez bien d′autres et comporte diverses interprétations dont il suffit en ce moment de retenir celle-ci: c′est que dans l′état d′esprit où l′on «observe», on est très au-dessous du niveau où l′on se trouve quand on crée. Y ocurre que de estas personas que admira uno con tanta confianza se recogen y se citan cosas muy inferiores a otras que rechazaríamos muy severamente si nos dejáramos guiar por nuestro verdadero gusto, lo mismo que un escritor utiliza en una novela, con el pretexto de que son verdad, “palabras” y personajes que en un conjunto vivo son, por el contrario, peso muerto, parte mediocre. Los retratos de Saint–Simon que escribió sin admirarse él son admirables; pero los rasgos de ingenio de algunas personas que conoció y que cita como cosa deliciosa son hoy día mediocres o incomprensibles. Él no se hubiera dignado inventar las cosas de madama Cornuel o de Luis XIV, que cuenta como muy finas o pintorescas, lo cual se observa en otros muchos escritores y se brinda a varias interpretaciones; por el momento nos basta con suponer que cuando el escritor se halla en el estado de ánimo del que “observa”, está en nivel muy inferior al estado de espíritu del que crea.
Il y avait donc enclavé en mon camarade Bloch, un père Bloch, qui retardait de quarante ans sur son fils, débitait des anecdotes saugrenues, et en riait autant au fond de mon ami, que ne faisait le père Bloch extérieur et véritable, puisque au rire que ce dernier lâchait non sans répéter deux ou trois fois le dernier mot, pour que son public goûtât bien l′histoire, s′ajoutait le rire bruyant par lequel le fils ne manquait pas à table de saluer les histoires de son père. C′est ainsi qu′après avoir dit les choses les plus intelligentes, Bloch jeune, manifestant l′apport qu′il avait reçu de sa famille, nous racontait pour la trentième fois, quelques-uns des mots que le père Bloch sortait seulement (en même temps que sa redingote) les jours solennels où Bloch jeune amenait quelqu′un qu′il valait la peine d′éblouir: un de ses professeurs, un «copain» qui avait tous les prix, ou, ce soir-là, Saint-Loup et moi. Par exemple: «Un critique militaire très fort, qui avait savamment déduit avec preuves à l′appui pour quelles raisons infaillibles dans la guerre russo-japonaise, les Japonais seraient battus et les Russes vainqueurs», ou bien: «C′est un homme éminent qui passe pour un grand financier dans les milieux politiques et pour un grand politique dans les milieux financiers.» Ces histoires étaient interchangeables avec une du baron de Rothschild et une de sir Rufus Israel, personnages mis en scène d′une manière équivoque qui pouvait donner à entendre que M. Bloch les avait personnellement connus. Había, pues, dentro de mi compañero Bloch un Bloch padre retrasado cuarenta años con respecto al hijo, que contaba anécdotas ridículas, y que desde lo hondo de la persona de mi amigo se reía tanto como el Bloch padre exterior y real, porque a la risa que soltaba este último cuando se acababa la historieta, repitiendo dos o tres veces la frase final para que el público la saboreara bien, se sumaba la risa ruidosa con que el hijo saluda invariablemente en la mesa los cuentos paternales. Y por eso mi compañero Bloch, después de haber dicho cosas muy agudas, manifestaba su herencia de familia contándonos por trigésima vez algunas de esas gracias que el padre sacaba a relucir (juntamente con su levita) tan sólo los días solemnes en que Bloch hijo llevaba a casa a algún amigo digno de que se tomara el trabajo de deslumbrarlo: uno de sus profesores, un “compinche” que se llevaba todos los premios, etc.; aquella noche éramos Saint– Loup y yo. Eran cosas por este estilo: “Figúrense ustedes un crítico militar muy sabio que había deducido con gran golpe de pruebas las infalibles razones para que en la guerra ruso– japonesa los japoneses tuviesen que resultar vencidos y los rusos vencedores”. O esta otra: “Es un personaje eminente que pasa por gran financiero en los círculos políticos y por gran político en los círculos financieros”. Estas frases alternaban con dos anécdotas referentes al barón de Rothschild la una y a sir Rufus Israel la otra, personajes a quienes presentaba de un modo equívoco con objeto de que pudieran entenderse que Bloch padre había tratado personalmente a los dos millonarios.
J′y fus moi-même pris et à la manière dont M. Bloch père parla de Bergotte, je crus aussi que c′était un de ses vieux amis. Or, tous les gens célèbres, M. Bloch ne les connaissait que «sans les connaître», pour les avoir vus de loin au théâtre, sur les boulevards. Il s′imaginait du reste que sa propre figure, son nom, sa personnalité ne leur étaient pas inconnus et qu′en l′apercevant, ils étaient souvent obligés de retenir une furtive envie de le saluer. Les gens du monde, parce qu′ils connaissent les gens de talent, d′original, qu′ils les reçoivent à dîner, ne les comprennent pas mieux pour cela. Mais quand on a un peu vécu dans le monde, la sottise de ses habitants vous fait trop souhaiter de vivre, trop supposer d′intelligence, dans les milieux obscurs où l′on ne connaît que «sans connaître». J′allais m′en rendre compte en parlant de Bergotte. M. Bloch n′était pas le seul qui eût des succès chez lui. Mon camarade en avait davantage encore auprès de ses surs qu′il ne cessait d′interpeller sur un ton bougon, en enfonçant sa tête dans son assiette, il les faisait ainsi rire aux larmes. Elles avaient d′ailleurs adopté la langue de leur frère qu′elles parlaient couramment, comme si elle eût été obligatoire et la seule dont pussent user des personnes intelligentes. Quand nous arrivâmes, l′aînée dit à une de ses cadettes: «Va prévenir notre père prudent et notre mère vénérable.» «Chiennes, leur dit Bloch, je vous présente le cavalier Saint-Loup, aux javelots rapides qui est venu pour quelques jours de Doncières aux demeures de pierre polie, féconde en chevaux.» Comme il était aussi vulgaire que lettré, le discours se terminait d′habitude par quelque plaisanterie moins homérique: «Voyons, fermez un peu vos peplos aux belles agraffes, qu′est-ce que c′est que ce chichi-là? Après tout c′est pas mon père!» Et les demoiselles Bloch s′écroulaient dans une tempête de rires. Je dis à leur frère combien de joies il m′avait données en me recommandant la lecture de Bergotte dont j′avais adoré les livres. Yo también me dejé coger en este lazo, y por la manera que tenía de hablar de Bergotte me creí que era un viejo amigo suyo. Y en realidad, Bloch padre conocía a todas las celebridades “sin conocerlas”, por haberlas visto de lejos en el teatro o en la calle. Y llegaba a imaginarse que su propia figura, su nombre y su personalidad no les eran desconocidos a aquellos personajes, y que al verlo tenían que reprimir muchas veces un furtivo deseo de saludarlo. La gente de la aristocracia conoce a los hombres de talento directamente, los lleva a cenar a su casa, pero no por eso los comprende mejor. Y cuando ha vivido uno en ese ambiente, la estupidez de los individuos que lo forman inspira el deseo de verse en círculos sociales más modestos, en donde se conoce a los hombres de mérito “sin conocerlos”, círculos sociales que consideramos más inteligentes de lo que son. Ahora iba yo a darme cuenta de eso hablando de Bergotte. El señor Bloch padre no era el único que lograba éxito en su casa. Mi amigo todavía tenía más con sus hermanas; les hablaba constantemente en tono gruñón, metiendo la nariz en el plato, y ellas lloraban de risa. Habían adoptado el idioma de su hermano, que hablaban corrientemente, como si fuera obligatorio y el único propio de seres inteligentes. Cuando llegamos, la mayor dijo a una de las otras –Ve a avisar al sabio padre y a la venerable mamá. –Perras –les dijo Bloch–, os presento al caballero Saint– Loup, el de los dardos ligeros, que ha venido por unos días de Bonciéres, la villa de las casas de piedra fecunda en caballos. Como tenía Bloch tanta vulgaridad como cultura, sus discursos solían terminarse con alguna broma mucho menos homérica –Vamos, cerraos un poco más esos peplos de los bellos broches: ¿qué escándalo es ese? ¡Que te crees tú eso! Y las señoritas de Bloch se torcían entre tempestades de risa. Dije yo a su hermano las muchas alegrías que me había proporcionado el recomendarme que leyera a Bergotte, cuyos libros adoraba.
M. Bloch père qui ne connaissait Bergotte que de loin, et la vie de Bergotte que par les racontars du parterre, avait une manière tout aussi indirecte de prendre connaissance de ses uvres, à l′aide de jugements d′apparence littéraire. Il vivait dans le monde des à peu près, où l′on salue dans le vide, où l′on juge dans le faux. L′inexactitude, l′incompétence, n′y diminuent pas l′assurance, au contraire. C′est le miracle bienfaisant de l′amour-propre que peu de gens pouvant avoir les relations brillantes et les connaissances profondes, ceux auxquels elles font défaut se croient encore les mieux partagés parce que l′optique des gradins sociaux fait que tout rang semble le meilleur à celui qui l′occupe et qui voit moins favorisés que lui, mal lotis, à plaindre, les plus grands qu′il nomme et calomnie sans les connaître, juge et dédaigne sans les comprendre. Même dans les cas où la multiplication des faibles avantages personnels par l′amour-propre ne suffirait pas à assurer à chacun la dose de bonheur, supérieure à celle accordée aux autres, qui lui est nécessaire, l′envie est là pour combler la différence. Il est vrai que si l′envie s′exprime en phrases dédaigneuses, il faut traduire: «Je ne veux pas le connaître» par «je ne peux pas le connaître». C′est le sens intellectuel. Mais le sens passionné est bien: je ne veux pas le connaître. On sait que cela n′est pas vrai mais on ne le dit pas cependant par simple artifice, on le dit parce qu′on éprouve ainsi, et cela suffit pour supprimer la distance, c′est-à-dire pour le bonheur. El señor Bloch padre, que no conocía a Bergotte más que de lejos y que no sabía de su vida más que lo que había oído contar al público del anfiteatro, tenía también una manera completamente indirecta de enterarse de sus obras por medio de juicios ajenos de apariencia literaria. Vivís ese señor en el mundo de los poco más o menos, donde se saluda en el ‘vacío y se juzga en falso. Y lo raro es que en estos casos la inexactitud y la incompetencia no quitan seguridad a lo que se dice, antes al contrario. Como muy poca gente puede tener amistades de alcurnia y profunda cultura, resulta que, por milagro benéfico del amor propio, aquellas personas a quienes faltan esas cosas se consideran las más favorecidas porque la óptica de las escalas sociales hace suponer a todos que la mejor posición es la que uno ocupa, y tienen por mucho más desgraciados, por mucho menos afortunados y dignos de compasión a los seres superiores a ellos, y los mientan y los calumnian sin conocerlos, así como los juzgan y desdeñan sin haberlos comprendido. Y aun en los casos en que la multiplicación de los pocos méritos personales que uno tenga por el amor propio no baste para conquistar a cada cual la dosis de felicidad superior a la concedida a los demás, hay una cosa para colmar la diferencia, y es la envidia. Y si la envidia se expresa en frases desdeñosas, hay que traducir un “no quiero tratarlo” por un “no puedo tratarlo”. Ese es el sentido intelectual de la frase, pero su sentido pasional es realmente “no quiero tratarlo”. Sabe uno que eso no es verdad; pero, sin embargo, no se dice por mero artificio, se dice porque se siente, y ya eso basta para suprimir las distancias, esto es para ser feliz.
L′égocentrisme permettant de la sorte à chaque humain de voir l′univers étagé au-dessous de lui qui est roi, M. Bloch se donnait le luxe d′en être un impitoyable quand le matin en prenant son chocolat, voyant la signature de Bergotte au bas d′un article dans le journal à peine entr′ouvert, il lui accordait dédaigneusement une audience écourtée, prononçait sa sentence, et s′octroyait le confortable plaisir de répéter entre chaque gorgée du breuvage bouillant: «Ce Bergotte est devenu illisible. Ce que cet animal-là peut être embêtant. C′est à se désabonner. Comme c′est emberlificoté, quelle tartine!» Et il reprenait une beurrée. Gracias al egocentrismo, cualquier ser humano ve el universo tendido a sus pies, y él, rey. El señor Bloch padre se permitía el lujo de ser monarca implacable cuando por la mañana, mientras tomaba su chocolate, al ver en el periódico un artículo firmado por Bergotte, le concedía desdeñosamente una audiencia breve, pronunciaba su fallo y se daba el gustazo de repetir entre sorbo y sorbo del chocolate caliente: “¡Este Bergotte se ha vuelto ilegible! ¡Qué pelma es este tío bruto! Voy a dejar la suscripción. No cabe nada más embrollado que esta obra de confitería”. Y tomaba otra rebanada de pan con manteca.
Cette importance illusoire de M. Bloch père était d′ailleurs étendue un peu au delà du cercle de sa propre perception. D′abord ses enfants le considéraient comme un homme supérieur. Les enfants ont toujours une tendance soit à déprécier, soit à exalter leurs parents, et pour un bon fils, son père est toujours le meilleur des pères, en dehors même de toutes raisons objectives de l′admirer. Or celles-ci ne manquaient pas absolument pour M. Bloch, lequel était instruit, fin, affectueux pour les siens. Dans la famille la plus proche, on se plaisait d′autant plus avec lui que si dans la «société», on juge les gens d′après un étalon, d′ailleurs absurde, et selon des règles fausses mais fixes, par comparaison avec la totalité des autres gens élégants, en revanche dans le morcellement de la vie bourgeoise, les dîners, les soirées de famille tournent autour de personnes qu′on déclare agréables, amusantes, et qui dans le monde ne tiendraient pas l′affiche deux soirs. Enfin, dans ce milieu où les grandeurs factices de l′aristocratie n′existent pas, on les remplace par des distinctions plus folles encore. C′est ainsi que pour sa famille et jusqu′à un degré de parenté fort éloigné, une prétendue ressemblance dans la façon de porter la moustache et dans le haut du nez faisait qu′on appelait M. Bloch un «faux duc d′Aumale». (Dans le monde des «chasseurs» de cercle, l′un porte sa casquette de travers et sa vareuse très serrée de manière à se donner l′air, croit-il, d′un officier étranger, n′est-il pas une manière de personnage pour ses camarades?) Esa ilusoria importancia del señor Bloch padre se extendía un poco más allá del círculo de su propia percepción. En primer lugar, sus hijos lo consideraban corrió un hombre superior. Los hijos manifiestan siempre una tendencia a estimar a los padres menos de lo debido o a exaltar sus méritos, y para un buen hijo su padre será siempre el mejor de todos los padres, aparte de todas las razones objetivas que tenga para admirarlo. Y razones de esta índole había en el caso del señor Bloch, que era instruido, fino y cariñoso con los suyos. En el círculo de la familia íntima todo el mundo encontraba muy agradable su trato; porque ocurre que, si bien en la sociedad elegante se juzga a la gente con arreglo a un patrón, absurdo por lo demás, de reglas falsas, pero fijas, y por comparación con la totalidad de las demás personas elegantes. en cambio, en la vida tan fragmentada, de la clase media, las comidas y reuniones de familia giran siempre en torno a personas que se declaran agradables o divertidas, y que en el mundo elegante no se sostendrían ni dos noches. Y en ese ambiente burgués en que no existen las falsas grandezas de la aristocracia, se las substituye por distinciones mucho más absurdas aún. Y así ocurría que en la familia Bloch, y hasta un grado de parentesco bastante lejano, todos llamaban al padre de mi amigo “el falso duque de Aumale”, porque sostenían que se parecía a dicho personaje en la manera como llevaba el peinado, el bigote y la forma de la nariz. (¿No ocurre también en el círculo de los botones de un casino que ése que, lleva la gorra echada a un lado y la chaqueta muy entallada para echárselas de oficial extranjero, según él cree, es para sus camaradas casi un personaje?)
La ressemblance était des plus vagues, mais on eût dit que ce fût un titre. On répétait: «Bloch? lequel? le duc d′Aumale?» Comme on dit: «La princesse Murat? laquelle? la Reine (de Naples)?» Un certain nombre d′autres infimes indices achevaient de lui donner aux yeux du cousinage une prétendue distinction. N′allant pas jusqu′à avoir une voiture, M. Bloch louait à certains jours une victoria découverte à deux chevaux de la Compagnie et traversait le Bois de Boulogne, mollement étendu de travers, deux doigts sur la tempe, deux autres sous le menton et si les gens qui ne le connaissaient pas le trouvaient à cause de cela «faiseur d′embarras», on était persuadé dans la famille que pour le chic, l′oncle Salomon aurait pu en remontrer à Gramont-Caderousse. Il était de ces personnes qui quand elles meurent et à cause d′une table commune avec le rédacteur en chef de cette feuille, dans un restaurant des boulevards, sont qualifiés de physionomie bien connue des Parisiens, par la Chronique mondaine du Radical. M. Bloch nous dit à Saint-Loup et à moi que Bergotte savait si bien pourquoi lui M. Bloch ne le saluait pas que dès qu′il l′apercevait au théâtre ou au cercle, il fuyait son regard. Saint-Loup rougit, car il réfléchit que ce cercle ne pouvait pas être le Jockey dont son père avait été président. D′autre part ce devait être un cercle relativement fermé, car M. Bloch avait dit que Bergotte n′y serait plus reçu aujourd′hui. Aussi est-ce en tremblant de «sous-estimer l′adversaire» que Saint-Loup demanda si ce cercle était le cercle de la rue Royale, lequel était jugé «déclassant» par la famille de Saint-Loup et où il savait qu′étaient reçus certains israélites. «Non, répondit M. Bloch d′un air négligent, fier et honteux, c′est un petit cercle, mais beaucoup plus agréable, le cercle des ganaches. On y juge sévèrement la galerie.» «Est-ce que sir Rufus Israël n′en est pas président», demanda Bloch fils à son père, pour lui fournir l′occasion d′un mensonge honorable et sans se douter que ce financier n′avait pas le même prestige aux yeux de Saint-Loup qu′aux siens. En réalité, il y avait au Cercle des Ganaches non point sir Rufus Israël, mais un de ses employés. Mais comme il était fort bien avec son patron, il avait à sa disposition des cartes du grand financier, et en donnait une à M. Bloch, quand celui-ci partait en voyage sur une ligne dont sir Rufus était administrateur, ce qui faisait dire au père Bloch: «Je vais passer au cercle demander une recommandation de sir Rufus.» Et la carte lui permettait d′éblouir les chefs de train. Les demoiselles Bloch furent plus intéressées par Bergotte et revenant à lui au lieu de poursuivre sur les «Ganaches», la cadette demanda à son frère du ton le plus sérieux du monde car elle croyait qu′il n′existait pas au monde pour désigner les gens de talent d′autres expressions que celles qu′il employait: «Est-ce un coco vraiment étonnant, ce Bergotte. Est-il de la catégorie des grands bonshommes, des cocos comme Villiers ou Catulle.» «Je l′ai rencontré à plusieurs générales, dit M. Nissim Bernard. Il est gauche, c′est une espèce de Schlemihl.» Cette allusion au comte de Chamisso n′avait rien de bien grave, mais l′épithète de Schlemihl faisait partie de ce dialecte mi-allemand, mi-juif, dont l′emploi ravissait M. Bloch dans l′intimité, mais qu′il trouvait vulgaire et déplacé devant des étrangers. Aussi jeta-t-il un regard sévère sur son oncle. «Il a du talent, dit Bloch.» «Ah!» fit gravement sa sur comme pour dire que dans ces conditions j′étais excusable. «Tous les écrivains ont du talent», dit avec mépris M. Bloch père. «Il paraît même, dit son fils en levant sa fourchette et en plissant ses yeux d′un air diaboliquement ironique qu′il va se présenter à l′Académie.» «Allons donc il n′a pas un bagage suffisant, répondit M. Bloch le père qui ne semblait pas avoir pour l′Académie le mépris de son fils et de ses filles. Il n′a pas le calibre nécessaire.» «D′ailleurs l′Académie est un salon et Bergotte ne jouit d′aucune surface», déclara l′oncle à héritage de Mme Bloch, personnage inoffensif et doux dont le nom de Bernard eût peut-être à lui seul éveillé les dons de diagnostic de mon grand′père, mais eût paru insuffisamment en harmonie avec un visage qui semblait rapporté du palais de Darius et reconstitué par Mme Dieulafoy, si choisi par quelque amateur désireux de donner un couronnement oriental à cette figure de Suse, ce prénom de Nissim n′avait fait planer au-dessus d′elle les ailes de quelque taureau androcéphale de Khorsabad. Mais M. Bloch ne cessait d′insulter son oncle, soit qu′il fût excité par la bonhomie sans défense de son souffre-douleur soit que la villa étant payée par M. Nissim Bernard, le bénéficiaire voulût montrer qu′il gardait son indépendance et surtout qu′il ne cherchait pas par des cajoleries à s′assurer l′héritage à venir du richard. Celui-ci était surtout froissé qu′on le traitât si grossièrement devant le maître d′hôtel. Il murmura une phrase inintelligible où on distinguait seulement: «Quand les Meschorès sont là.» Meschorès désigne dans la Bible le serviteur de Dieu. Entre eux les Bloch s′en servaient pour désigner les domestiques et en étaient toujours égayés parce que leur certitude de n′être pas compris ni des chrétiens ni des domestiques eux-mêmes, exaltait chez M. Nissim Bernard et M. Bloch leur double particularisme de «maîtres» et de «juifs». Mais cette dernière cause de satisfaction en devenait une de mécontentement quand il y avait du monde. Alors M. Bloch entendant son oncle dire «Meschorès» trouvait qu′il laissait trop paraître son côté oriental, de même qu′une cocotte qui invite ses amies avec des gens comme il faut, est irritée si elles font allusion à leur métier de cocotte, ou emploient des mots malsonnants. Aussi, bien loin que la prière de son oncle produisît quelque effet sur M. Bloch, celui-ci, hors de lui, ne put plus se contenir. Il ne perdit plus une occasion d′invectiver le malheureux oncle. «Naturellement, quand il y a quelque bêtise prudhommesque à dire, on peut être sûr que vous ne la ratez pas. Vous seriez le premier à lui lécher les pieds s′il était là», cria M. Bloch tandis que M. Nissim Bernard attristé inclinait vers son assiette la barbe annelée du roi Sargon. Mon camarade depuis qu′il portait la sienne qu′il avait aussi crépue et bleutée ressemblait beaucoup à son grand-oncle. El parecido ese era muy vago, pero cualquiera hubiese dicho que se trataba de un título. Y se oía decir: “¿Qué Bloch, el duque de Aumale?”, lo –mismo que se dice: “¿Qué princesa Murat, la reina de Nápoles?” Había aún un cierto número de ínfimos indicios que a los ojos de su parentela lo revestían de una aparente distinción. Aunque no llegaba a tener coche, alquilaba ciertos días una victoria descubierta, de dos caballos, en la Compañía de Coches, y cruzaba por el Bosque de Boulogne muellemente tendido en el carruaje, apoyado el rostro en la mano, que se abría de modo que dos dedos tocaran en la sien y los otros quedaran bajo la barbilla; y aunque la gente que no lo conocía, al verlo en esa actitud lo tomaba por un presuntuoso, la familia estaba muy convencida de que en cuanto a chic el tío Salomón hubiera podido dar lecciones hasta a Gramont– Caderousse. Era una de esas personas que por haber comido muchas veces en un restaurante en la misma mesa que el redactor en jefe del Radical son calificadas, cuando llega el día de su muerte, como figuras muy conocidas′ en París, por la crónica, de sociedad de dicho periódico. El señor Bloch nos dijo a Saint–Loup y a mí que Bergotte sabía tan perfectamente las razones que tenía él, el señor Bloch, para no saludarlo cuando se encontraban en el teatro o en el círculo, que Bergotte en cuanto lo veía volvía la vista a otro lado. Saint– Loup se puso encarnado porque pensó en que ese círculo no podía ser el jockey, del cual había sido presidente su padre. Aunque ese círculo debía de ser bastante exigente en la admisión, porque el señor Bloch nos dijo que a Bergotte no lo recibirían aunque quisiera entrar. Así, que Saint–Loup, temblando de miedo a no “estimar en lo debido las fuerzas de su adversario”, preguntó si ese círculo era el de la calle Royale, considerado como “no de su clase” por la familia de Saint–Loup y en el que se había dejado entrar a algunos israelitas. –No –respondió el señor Bloch, con tono negligente, altivo y avergonzado–, es un círculo reducido, pero mucho más agradable, el. Círculo de los Pelmas. Allí se juzga muy severamente a la galería. –¿No es el presidente sir Rufus Israel? –preguntó Bloch a su padre, para darle pie a una mentira honrosa, sin que se le ocurriera que ese financiero no tenía para Saint– Loup la misma importancia que para él. En realidad, sir Rufus Israel –no formaba parte del Círculo de los Pelmas; el socio era un empleado de su casa. Pero este empleado, como estaba muy bienquisto con su patrón, disponía de tarjetas del gran financiero y daba una al señor Bloch cuando tenía que viajar por algunas de las líneas de ferrocarril de las que era administrador sir Rufus; de modo que Bloch padre decía: “Voy a pasarme por el Círculo para pedir una recomendación de sir Rufus”. Y con aquella tarjeta dejaba deslumbrados a los jefes del tren. Las señoritas de Bloch manifestaron mayor interés por Bergotte, y en vez de seguir hablando de “los Pelmas”, encauzaron la conversación hacia el escritor; la mayor preguntó a su hermano, con el tono más serio del mundo, porque se imaginaba que para designar a los hombres de talento no existían otros término que los que empleaba su hermano –¿Es un tío en verdad asombroso ese Bergotte?; Se lo puede poner a la altura de los tíos de primera, como Villiers o Catulle? –Lo he visto algunas veces en los estrenos –dijo el señor Nissim Bernard–. Es zurdo, se parece a Schlemihl. Esa alusión al cuento de Chamisso no era cosa grave ciertamente, pero el epíteto de Schlemihl formaba parte de ese dialecto semialemán, semijudio, cuyo empleo, en la intimidad de la familia, seducía al señor Bloch, pero que delante de extraños le parecía vulgar e inoportuno. Así, que lanzó a su tío una mirada severa. –Sí, tiene talento –dijo Bloch –¡Ah! ––dijo muy gravemente su hermana, como dando a entender que en ese caso mi admiración tenía excusa –Todos los escritores tienen talento –repuso despectivamente el señor Bloch padre. –Pues hasta parece que se va a presentar académico –dijo el muchacho, levantando el tenedor y frunciendo los ojos con aire de, diabólica ironía. –¡Quita allá! –respondió Bloch padre, que, por lo visto, no sentía por la Academia el mismo desprecio que sus hijos–. No tiene peso para académico. Le falta calibre. –Además, la Academia es un salón aristocrático, y Bergotte no tiene brillo aluno – declaró el señor Nissim Bernard, tío rico y futura herencia de la señora de Bloch. Era este personaje un ser inofensivo y tranquilo que sólo con su apellido hubiera despertado las dotes de diagnóstico antiisraelita de mi abuelo; pero el señor Bernard no estaba en realidad a la altura de aquel rostro, que parecía arrancado del palacio de Darío y reconstituido por la señora de Dieulafoy y en caso de que algún aficionado a asiriología hubiese querido dar un remate oriental a esta figura de Susa, lo habría salvado el nombre de Nissim, que se extendía sobre su persona como las alas de un toro androcéfalo de Korsabad. Bloch estaba siempre insultando a su tío, ya fuese porque lo irritaba el carácter bonachón e indefenso de su hazmerreír, ya porque como Nissim Bernard era el que pagaba el hotelito de Balbec, quisiera indicar al señor Bloch con sus insultos que él seguía tan independiente como siempre, y, sobre todo, que no aspiraba a ganarse con mimos la futura herencia del acaudalado tío. A′ éste lo que le molestaba era verse tratado tan groseramente delante del maestresala. Murmuró tina frase ininteligible, en la que sólo se distinguieron estas palabras “Cuando los Mescoreos están delante”. Con el nombre de Mescoreo se designa en la Biblia al siervo de Dios Los Bloch utilizaban en familia este término, siempre muy regocijados por la seguridad que tenían de que no los habían de entender ni los cristianos ni los criados, con lo cual se exaltaba en las personas de los señores Nissim Bernard y Bloch su doble particularismo de “amos” y de “judíos”. Pero esta última causa de satisfacción convertíase en motivo de enfado cuando había delante gente extraña. Entonces, el señor Bloch, al oír decir a su tío “los Mescoreos” se imaginaba que había descubierto más de lo justo su lado oriental, lo mismo que una cocotte que invita a una reunión a sus compañeras de profesión y a personas muy decentes se disgusta si sus amigas hacen alusión a su oficio de cocottes o sueltan alguna frase malsonante. Así, que la súplica de su tío no sólo no produjo efecto alguno al señor Bloch, sino que lo puso fuera de sí, sin poder contenerse, y ya no perdió ocasión de lanzar invectivas contra el desdichado Nissim. “Lo que es cuando hay alguna perogrullada estúpida que decir, no pierde usted ocasión de soltarla, no. Y usted sería el primero en lamerle los pies a Bergotte si estuviera aquí”, gritó el señor Bloch, mientras que su tío, muy contristado, inclinaba hacia su plato aquella ensortijada barba de rey Sargón. Mi compañero de colegio Bloch, desde que se había dejado la barba, se parecía mucho a su tío abuelo, porque la tenía también muy rizada y de tono azulado.
— «Comment, vous êtes le fils du marquis de Marsantes, mais je l′ai très bien connu», dit à Saint-Loup M. Nissim Bernard. Je crus qu′il voulait dire «connu» au sens où le père de Bloch disait qu′il connaissait Bergotte, c′est-à-dire de vue. Mais il ajouta: «Votre père était un de mes bons amis.» Cependant Bloch était devenu excessivement rouge, son père avait l′air profondément contrarié, les demoiselles Bloch riaient en s′étouffant. C′est que chez M. Nissim Bernard le goût de l′ostentation, contenu chez M. Bloch le père et chez ses enfants, avait engendré l′habitude du mensonge perpétuel. Par exemple, en voyage à l′hôtel, M. Nissim Bernard comme aurait pu faire M. Bloch le père, se faisait apporter tous ses journaux par son valet de chambre dans la salle à manger, au milieu du déjeuner, quand tout le monde était réuni pour qu′on vît bien qu′il voyageait avec un valet de chambre. Mais aux gens avec qui il se liait dans l′hôtel, l′oncle disait ce que le neveu n′eût jamais fait, qu′il était sénateur. Il avait beau être certain qu′on apprendrait un jour que le titre était usurpé, il ne pouvait au moment même résister au besoin de se le donner. M. Bloch souffrait beaucoup des mensonges de son oncle et de tous les ennuis qu′ils lui causaient. «Ne faites pas attention, il est extrêmement blagueur», dit-il à mi-voix à Saint-Loup qui n′en fut que plus intéressé, étant très curieux de la psychologie des menteurs. «Plus menteur encore que l′Ithaquesien Odysseus qu′Athènes appelait pourtant le plus menteur des hommes, compléta notre camarade Bloch.» «Ah! par exemple! s′écria M. Nissim Bernard, si je m′attendais à dîner avec le fils de mon ami! Mais j′ai à Paris chez moi, une photographie de votre père et combien de lettres de lui. Il m′appelait toujours mon oncle, on n′a jamais su pourquoi. C′était un homme charmant, étincelant. Je me rappelle un dîner chez moi, à Nice où il y avait Sardou, Labiche, Augier», «Molière, Racine, Corneille», continua ironiquement M. Bloch le père, dont le fils acheva l′énumération en ajoutant: «Plaute, Ménandre, Kalidasa.» M. Nissim Bernard blessé arrêta brusquement son récit et, se privant ascétiquement d′un grand plaisir, resta muet jusqu′à la fin du dîner. “¡Ah!, ¿conque es usted hijo del marqués de Marsantes? – dijo a Saint–Loup el señor Nissim Bernard–. Lo he conocido mucho.” Yo me creí que quería decir “conocido” en el mismo sentido que el padre de Bloch cuando afirmaba que conocía a Bergotte, esto es, de vista. Pero añadió: “Su padre de usted era muy buen amigo mío”. A todo esto Bloch se había puesto muy encarnado, a su padre se le avinagró el gesto, y las señoritas de la casa hacían por contener la risa. Y era porque ‘ese deseo de darse tono, contenido en Bloch padre y en sus hijos, en cambio en el caso del señor Nissim Bernard llegó a engendrar el hábito de la mentira perpetua. Por ejemplo, cuando viajaba y estaba parando en un hotel, Nissim Bernard hacía lo mismo que hubiera hecho Bloch padre: mandar que su ayuda de cámara le trajera todos los periódicos al comedor a la hora del almuerzo, cuando estaba lleno de gente, para que todo el mundo viera que viajaba con su ayuda de cámara. Pero a los huéspedes del hotel con quienes hacía amistad les decía el tío una cosa que nunca les hubiera dicho el sobrino: que′ era senador. Sabía perfectamente que algún día se enterarían de que ese título que se daba era usurpado, pero por el momento no podía resistirse a la necesidad imperiosa de llamarse senador. El señor Bloch padecía mucho con los embustes de su tío y con los disgustos que le ocasionaban. –No haga usted caso, es muy amigo de bromear –dijo por lo bajo a Saint–Loup, el cual sintió aún mayor interés por el viejo porque le preocupaba mucho la psicología de los embusteros. –Todavía más embustero que el Itacense Odiseo, al que llamaba Atenas el más embustero de los hombres –añadió mi compañero Bloch. –¡Vaya, vaya, quién me iba a decir que cenaría con el hijo de mi amigó! En mi casa de París tengo un retrato de su padre y muchas cartas suyas. Tenía la costumbre de llamarme siempre tío, yo no sé por qué. Era un hombre muy simpático, agradabilísimo Me acuerdo de una noche que cenó en. Niza, en mi casa...Estaban también aquella noche Sardou, Labiche, Augier. –Moliére, Racine, Corneille –continuó, irónicamente, el señor Bloch Y su hijo remató la enumeración añadiendo: –Plauto, Menandro, Kalidassa El señor Nissim Bernard, muy agraviado, cortó de pronto su relato y, privándose ascéticamente de un gran placer, no volvió a hablar hasta que la cena se terminó.
«Saint-Loup au casque d′airain, dit Bloch, reprenez un peu de ce canard aux cuisses lourdes de graisse sur lesquelles l′illustre sacrificateur des volailles a répandu de nombreuses libations de vin rouge.» –Saint–Loup, el del, bronceado casco –dijo Bloch–, sírvase un poco más de este pato de los muslos grasientos, sobre los que ha derramado el ilustre victimario de las aves numerosas libaciones de vino tinto.
D′habitude après avoir sorti de derrière les fagots pour un camarade de marque les histoires sur sir Rufus Israel et autres, M. Bloch sentant qu′il avait touché son fils jusqu′à l′attendrissement, se retirait pour ne pas se «galvauder» aux yeux du «potache». Cependant s′il y avait une raison tout à fait capitale, comme quand son fils par exemple fut reçu à l′agrégation, M. Bloch ajouta à la série habituelle des anecdotes cette réflexion ironique qu′il réservait plutôt pour ses amis personnels et que Bloch jeune fut extrêmement fier de voir débiter pour ses amis à lui: «Le gouvernement a été impardonnable. Il n′a pas consulté M. Coquelin! M. Coquelin a fait savoir qu′il était mécontent» (M. Bloch se piquait d′être réactionnaire et méprisant pour les gens de théâtre). Por lo general, el señor Bloch, después de haber sacado del fondo del baúl para un compañero notable de su hijo las anécdotas referentes a sir Rufus Israel y a otros personajes, se daba cuenta de que su hijo estaba ya satisfecho y conmovido por la fineza del papá, y se retiraba de la conversación para no “rebajarse” a los ojos del estudiante. Pero cuando había un motivo extraordinario, por ejemplo, cuando su hijo hizo el ejercicio de la agregación, el señor Bloch añadía a la serie habitual de anécdotas esta reflexión irónica, que de ordinario solía reservar para sus amigos personales y que ahora sacaba a relucir para los amigos de su hijo, con gran orgullo por parte de éste: “El Gobierno ha estado imperdonable. No ha consultado al señor Coquelin. Parece ser que el señor Coquelin ha dado a entender que está muy disgustado”. (Porque el padre de Bloch se las echaba de reaccionario y aparentaba desprecio a los cómicos.)
Mais les demoiselles Bloch et leur frère rougirent jusqu′aux oreilles tant ils furent impressionnés quand Bloch père pour se montrer royal jusqu′au bout envers les deux «labadens» de son fils, donna l′ordre d′apporter du champagne et annonça négligemment que pour nous «régaler», il avait fait prendre trois fauteuils pour la représentation qu′une troupe d′Opéra-Comique donnait le soir même au Casino. Il regrettait de n′avoir pu avoir de loge. Elles étaient toutes prises. D′ailleurs il les avait souvent expérimentées, on était mieux à l′orchestre. Seulement, si le défaut de son fils, c′est-à-dire ce que son fils croyait invisible aux autres, était la grossièreté, celui du père était l′avarice. Aussi, c′est dans une carafe qu′il fit servir sous le nom de champagne un petit vin mousseux et sous celui de fauteuils d′orchestre il avait fait prendre des parterres qui coûtaient moitié moins, miraculeusement persuadé par l′intervention divine de son défaut que ni à table, ni au théâtre (où toutes les loges étaient vides) on ne s′apercevrait de la différence. Quand M. Bloch nous eut laissé tremper nos lèvres dans les coupes plates que son fils décorait du nom de «cratères aux flancs profondément creusés», il nous fit admirer un tableau qu′il aimait tant qu′il l′apportait avec lui à Balbec. Il nous dit que c′était un Rubens. Saint-Loup lui demanda naîµ¥ment s′il était signé. M. Bloch répondit en rougissant qu′il avait fait couper la signature à cause du cadre, ce qui n′avait pas d′importance, puisqu′il ne voulait pas le vendre. Puis il nous congédia rapidement pour se plonger dans le Journal Officiel dont les numéros encombraient la maison et dont la lecture lui était rendue nécessaire, nous dit-il, «par sa situation parlementaire» sur la nature exacte de laquelle il ne nous fournit pas de lumières. «Je prends un foulard, nous dit Bloch, car Zephyros et Boréas se disputent à qui mieux mieux la mer poissonneuse, et pour peu que nous nous attardions après le spectacle, nous ne rentrerons qu′aux premières lueurs d′Eôs aux doigts de pourpre. A propos, demanda-t-il à Saint-Loup quand nous fûmes dehors et je tremblai car je compris bien vite que c′était de M. de Charlus que Bloch parlait sur ce ton ironique: «quel était cet excellent fantoche en costume sombre que je vous ai vu promener avant-hier matin sur la plage? » «C′est mon oncle», répondit Saint-Loup piqué. Malheureusement, une «gaffe» était bien loin de paraître à Bloch chose à éviter. Il se tordit de rire: «Tous mes compliments, j′aurais dû le deviner, il a un excellent chic, et une impayable bobine de gaga de la plus haute lignée». «Vous vous trompez du tout au tout, il est très intelligent», riposta Saint-Loup furieux. «Je le regrette car alors il est moins complet. J′aimerais du reste beaucoup le connaître car je suis sûr que j′écrirais des machines adéquates sur des bonshommes comme ça. Celui-là, à voir passer, est crevant. Mais je négligerais le côté caricatural, au fond assez méprisable pour un artiste épris de la beauté plastique des phrases, de la binette qui, excusez-moi, m′a fait gondoler un bon moment, et je mettrais en relief le côté aristocratique de votre oncle, qui en somme fait un effet buf, et la première rigolade passée, frappe par un très grand style. Mais, dit-il, en s′adressant cette fois à moi, il y a une chose dans un tout autre ordre d′idées, sur laquelle je veux t′interroger et chaque fois que nous sommes ensemble, quelque dieu, bienheureux habitant de l′Olympe, me fait oublier totalement de te demander ce renseignement qui eût pu m′être déjà et me sera sûrement fort utile. Quelle est donc cette belle personne avec laquelle je t′ai rencontré au Jardin d′Acclimatation et qui était accompagnée d′un monsieur que je crois connaître de vue et d′une jeune fille à la longue chevelure?» J′avais bien vu que Mme Swann ne se rappelait pas le nom de Bloch, puisqu′elle m′en avait dit un autre et avait qualifié mon camarade d′attaché à un ministère où je n′avais jamais pensé depuis à m′informer s′il était entré. Mais comment Bloch qui, à ce qu′elle m′avait dit alors, s′était fait présenter à elle pouvait-il ignorer son nom. J′étais si étonné que je restai un moment sans répondre. «En tous cas, tous mes compliments, me dit-il, tu n′as pas dû t′embêter avec elle. Je l′avais rencontrée quelques jours auparavant dans le train de Ceinture. Elle voulut bien dénouer la sienne en faveur de ton serviteur, je n′ai jamais passé de si bons moments et nous allions prendre toutes dispositions pour nous revoir quand une personne qu′elle connaissait eut le mauvais goût de monter à l′avant-dernière station.» Le silence que je gardais ne parut pas plaire à Bloch. «J′espérais, me dit-il, connaître grâce à toi son adresse et aller goûter chez elle plusieurs fois par semaine, les plaisirs d′Eros, chers aux Dieux, mais je n′insiste pas puisque tu poses pour la discrétion à l′égard d′une professionnelle qui s′est donnée à moi trois fois de suite et de la manière la plus raffinée entre Paris et le Point-du-Jour. Je la retrouverai bien un soir ou l′autre.» Pero las señoritas de Bloch y su hermano se ruborizaron hasta las orejas, tan grande fué su emoción, cuando Bloch padre, para mostrarse verdaderamente regio con los dos amigos viejos de su hijo, mandó traer champaña y anunció sin darle importancia que, con objeto de “obsequiarnos”; había tomado tres butaca para una función que daba aquella noche en el Casino una compañía de opereta. Lamentaba mucho no haber podido encontrar un palco. Ya no quedaban. Además, él lo sabía muy bien por experiencia, se está mucho mejor en butaca. Si el defecto del hijo, es decir, lo que el hijo se figuraba que los demás no veían, era la grosería, el del padre era la avaricia. Mí, que lo que él llamaba champaña era, en realidad, un vinillo espumoso que sirvieron en jarra, y las butacas se convirtieron realmente en asientos de parterre, que costaban la mitad; y el señor Bloch se quedó persuadido, por obra de la divina intervención de su defecto, de que no notaríamos la diferencia ni en la mesa ni en el teatro (donde, por cierto, vimos que todos los palcos estaban vacíos). El señor Bloch, después de habernos dejado que nos mojáramos los labios en las copas para champaña, que su hijo adornaba con el nombre de “cráteres de abiertos flancos”, nos hizo que admiráramos un cuadro tan estimado por él que lo llevaba a Balbec Dijo que era un Rubens. Saint–Loup, muy cándidamente, preguntó si estaba firmado. El señor Bloch contestó, poniéndose muy encarnado, que había tenido que mandar cortar la firma por el tamaño del marco, pero que eso no tenía importancia alguna porque no pensaba venderlo. Luego se despidió en seguida de nosotros para hundirse en el Journal Officiel; toda la casa estaba llena de números de dicha publicación, y su lectura le era necesaria, según nos dijo, por su “posición parlamentaria”, posición de la que no nos dió más detalles y cuyo valor exacto ignorábamos. –Voy a coger un pañuelo para el cuello –dijo Bloch–, porque Céfiro y Bóreas se están disputando furiosamente el mar fecundo, y si nos retrasamos un poco al salir del teatro volveremos a casa con las primeras luces de Eos, la de los dedos do púrpura. A propósito –preguntó a Saint–Loup, cuando salimos; (y yo me eché a temblar, porque comprendí que ese tono irónico se refería al señor de Charlus)–, ¿quién era ese excelente fantoche de traje lúgubre que iba usted paseando por la playa anteayer por la mañana? –Mi tío –respondió Saint–Loup, picado Desgraciadamente, Bloch no tenía miedo a las “planchas”, ni muchísimo menos, y se retorció de risa. –¡Ah!, lo felicito a usted, debió de habérseme ocurrido; mucho chic; tiene una cara inestimable de tonto de muy buena casa –Pues se equivoca usted de medio a medio, es muy inteligente –repuso Saint–Loup, furioso. –Lo siento, porque, entonces es menos completo. Me gustaría mucho conocerlo, porque estoy seguro de que tipos de esa especie me inspirarían grandes obras. Lo que es ése, sólo el verlo pasar es para reventar de risa. Pero dejaría a un lado la parte caricaturesca, en el fondo bastante despreciable para un artista enamorado de la belleza plástica de las frases, de esa cara ridícula que me ha hecho doblarme de risa, y usted me dispensará, para poner en relieve el lado aristocrático de su tío, que hace un efecto bestial, y en cuanto se pasa el primer regocijo, impresiona por su gran estilo. Pero ahora me acuerdo –dijo dirigiéndose a mí de una cosa que no tiene nada que ver con esto, y que quería preguntarte; pero siempre que nos hemos visto, algún dios, de los dichosos habitantes del Olimpo, me la ha quitado de la cabeza, y es lástima, porque el saberla pudo serme de utilidad en cierta ocasión, y aun quizá me lo sea. ¿Quién es esa señora tan guapa con quien te vi en el jardín de Aclimatación, acompañada por un caballero al que conozco de vista y por una muchacha de pelo muy largo? Yo había observado en aquella ocasión que la señora de Swann no se acordaba del nombre de Bloch, puesto que lo confundió con otro y calificó a mi amigo de agregado a no sé qué ministerio, dato este que yo no hice luego por averiguar si era cierto. Pero, ¿cómo es posible que Bloch, que, según me dijera entonces la señora de Swann, se había hecho presentar a ella, no supiera cómo se llamaba la dama? Tan asombrado me quedé, que estuve un momento sin contestar. –De todos modos, te felicito –me dijo–, porque no has debido de aburrirte con ella Yo me la había encontrado, unos días antes de veros, en el ferrocarril de circunvalación exterior. Y ella tuvo a bien mostrarse muy interior en aquel departamento del exterior con este tu amigo; nunca he pasado tan buen rato, y ya estábamos arreglándolo todo para volver a vernos otro día, cuando un conocido suyo tuvo la mala ocurrencia de subir a nuestro departamento en la penúltima estación. Mi silencio parece que no fué muy agradable a Bloch. –Tenía la esperanza –me dijo– de enterarme por ti de sus señas, con objeto de ir a su casa algunos días a la semana para disfrutar los goces de Eros, grato a los dioses; pero no insisto, ya que te ha dado por ser discreto con respecto a una profesional que se me entregó tres veces seguidas, y de un modo refinadísimo, en el espacio que media entre París y el Point du Jour. Yo daré con ella alguna noche.
J′allai voir Bloch à la suite de ce dîner, il me rendit ma visite, mais j′étais sorti et il fut aperçu, me demandant, par Françoise, laquelle par hasard bien qu′il fût venu à Combray ne l′avait jamais vu jusque-là. De sorte qu′elle savait seulement qu′un «des Monsieurs» que je connaissais était passé pour me voir, elle ignorait «à quel effet», vêtu d′une manière quelconque et qui ne lui avait pas fait grande impression. Or j′avais beau savoir que certaines idées sociales de Françoise me resteraient toujours impénétrables, qui reposaient peut-être en partie sur des confusions entre des mots, des noms qu′elle avait pris une fois, et à jamais, les uns pour les autres, je ne pus m′empêcher, moi qui avais depuis longtemps renoncé à me poser des questions dans ces cas-là, de chercher vainement, d′ailleurs, ce que le nom de Bloch pouvait représenter d′immense pour Françoise. Car à peine lui eus-je dit que ce jeune homme qu′elle avait aperçu était M. Bloch, elle recula de quelques pas tant furent grandes sa stupeur et sa déception. «Comment, c′est cela, M. Bloch!» s′écria-t-elle d′un air atterré comme si un personnage aussi prestigieux eût dû posséder une apparence qui «fît connaître» immédiatement qu′on se trouvait en présence d′un grand de la terre, et à la façon de quelqu′un qui trouve qu′un personnage historique n′est pas à la hauteur de sa réputation, elle répétait d′un ton impressionné, et où on sentait pour l′avenir les germes d′un scepticisme universel: «Comment c′est ça M. Bloch! Ah! vraiment on ne dirait pas à le voir.» Elle avait l′air de m′en garder rancune comme si je lui eusse jamais «surfait» Bloch. Et pourtant elle eut la bonté d′ajouter: «Hé bien, tout M. Bloch qu′il est, Monsieur peut dire qu′il est aussi bien que lui.» Poco después de dicha comida fui a vera Bloch, y él me devolvió la visita, pero en ocasión en que yo había salido; en el momento en que estaba preguntando por mí en el hotel pasó por allí Francisca, que no lo había visto nunca, aunque Bloch había estado varias veces en Combray. De modo que lo único que sabía nuestra criada .es que uno de los “señoritos” que yo conocía había ido a verme, no se sabe “con qué objeto”; su manera de vestir no tenía nada de particular y a Francisca no le hizo mucha impresión. Yo sabía muy bien que ciertas ideas sociales de Francisca serían siempre impenetrables para mí, porque probablemente estaban basadas en confusiones de palabras o de nombres, que ella trastrocaba; pero, sin embargo, y a pesar de haber renunciado hacía mucho tiempo a intrigarme por esas cosas, no pude por menos de preguntarme, inútilmente, qué cosa inmensa podría significar para Francisca el nombre de Bloch Porque apenas le hube dicho que aquel joven que había visto era el señor Bloch; retrocedió unos cuantas pasos dando muestras de grandísimo estupor y decepción. “¡Cómo!, ¿que ése es el señor Bloch?”, exclamó con semblante de consternación, como sí un personaje tan prestigioso hubiese debido tener un exterior que “revelara" inmediatamente la presencia de un grande hombre. Y lo mismo que aquel que descubre que un personaje histórico no está a la altura de su reputación,, repetía Francisca muy impresionada y en tono que descubría gérmenes de escepticismo universal para lo por venir: “¡Cómo!, ¿que ése es el señor Bloch? ¡Ah!, cualquiera lo hubiera dicho al verlo!" Y parecía como si me guardara rencor porque le había “falsificado” a Bloch. Pero tuvo la bondad de añadir: “¿Pues sabe usted lo que le digo? Que por muy Bloch que sea, el señorito es tan guapo como él”.
Elle eut bientôt à l′égard de Saint-Loup qu′elle adorait une désillusion d′un autre genre, et d′une moindre dureté: elle apprit qu′il était républicain. Or bien qu′en parlant par exemple de la Reine de Portugal, elle dît avec cet irrespect qui dans le peuple est le respect suprême «Amélie, la sur à Philippe», Françoise était royaliste. Mais surtout un marquis, un marquis qui l′avait éblouie, et qui était pour la République, ne lui paraissait plus vrai. Elle en marquait la même mauvaise humeur que si je lui eusse donné une boîte qu′elle eût cru d′or, de laquelle elle m′eût remercié avec effusion et qu′ensuite un bijoutier lui eût révélé être en plaqué. Elle retira aussitôt son estime à Saint-Loup, mais bientôt après la lui rendit, ayant réfléchi qu′il ne pouvait pas, étant le marquis de Saint-Loup être républicain, qu′il faisait seulement semblant, par intérêt, car avec le gouvernement qu′on avait, cela pouvait lui rapporter gros. De ce jour sa froideur envers lui, son dépit contre moi cessèrent. Et quand elle parlait de Saint-Loup, elle disait: «C′est un hypocrite», avec un large et bon sourire qui faisait bien comprendre qu′elle le «considérait» de nouveau autant qu′au premier jour et qu′elle lui avait pardonné. Con Saint–Loup, a quien adoraba, tuvo pronto otra desilusión, pero de distinta clase, y que le duró muy poco; se enteró de que era republicano. Porque Francisca, aunque al hablar, por ejemplo, de la reina de Portugal dijese: “Amelia, la hermana de Felipe”, con esa falta de respeto que es para las gentes del pueblo el supremo respeto, era monárquica. Pero, sobre todo, eso de que un marqués, y un marqués que la había deslumbrado, fuera republicano, era cosa inconcebible. Y la ponía de mal humor, lo mismo que si yo le hubiese regalado una cajita al parecer de oro, y ella, después de haberme dado las gracias muy efusivamente, se enterara por un joyero de que era chapeada. Retiró su estima a Saint–Loup, pero pronto volvió a concedérsela, porque pensó que un marqués de Saint–Loup no podía ser republicano y que su republicanismo era cosa fingida y por interés, porque de esa manera podía sacar más del Gobierno que entonces mandaba. En cuanto se le ocurrió eso cesó su frialdad con Roberto y su despecho conmigo. Y al hablar de Saint–Loup decía: “¡Es un hipócrita!”, con sonrisa benévola y generosa, que daba a entender que ella lo estimaba otra vez tanto como el primer día, y ya le había perdonado.
Or la sincérité et le désintéressement de Saint-Loup étaient au contraire absolus et c′était cette grande pureté morale qui, ne pouvant se satisfaire entièrement dans un sentiment égoî²´e comme l′amour, ne rencontrant pas d′autre part en lui l′impossibilité qui existait par exemple en moi de trouver sa nourriture spirituelle autre part qu′en soi-même, le rendait vraiment capable, autant que moi incapable, d′amitié. Y precisamente Saint–Loup era de una sinceridad y desinterés absolutos; y su gran pureza moral, que no podía satisfacerse enteramente en un sentimiento egoísta como el amor, y que no se veía en la imposibilidad, como a mí me pasaba, de encontrar alimento espiritual fuera de sí mismo, es lo que a él lo hacía tan capaz de amistad, mientras que yo era incapaz de tal sentimiento.
Françoise ne se trompait pas moins sur Saint-Loup quand elle disait qu′il avait l′air comme ça de ne pas dédaigner le peuple, mais que ce n′est pas vrai et qu′il n′y avait qu′à le voir quand il était en colère après son cocher. Il était arrivé en effet quelquefois à Robert de le gronder avec une certaine rudesse, qui prouvait chez lui moins le sentiment de la différence que de l′égalité entre les classes. «Mais, me dit-il en réponse aux reproches que je lui faisais d′avoir traité un peu durement ce cocher, pourquoi affecterais-je de lui parler poliment? N′est-il pas mon égal? N′est-il pas aussi près de moi que mes oncles ou mes cousins? Vous avez l′air de trouver que je devrais le traiter avec égards, comme un inférieur! Vous parlez comme un aristocrate», ajouta-t-il avec dédain. También se equivocaba Francisca con respecto a Saint–Loup cuando decía que así por fuera parecía como que no desdeñaba a la gente del pueblo, pero eso no era verdad, porque no había más que verlo cuando se enfadaba con su cochero. En efecto, algunas veces Roberto lo había regañado con cierta rudeza, pero ello no indicaba en Saint–Loup un sentimiento de diferencia de clases, sino más bien de igualdad. “¿Por qué –me contestó cuando yo le eché en cara que hubiese tratado tan duramente al cochero–, por qué voy a afectar con él cortesía? ¿No es un dial mío? ¿No está a la misma distancia de mí que mis tíos y mis primos? ¿De modo que le parece a usted que yo debía tratarlo con consideraciones, como a un inferior? Habla usted como un aristócrata”, añadió desdeñosamente.
En effet, s′il y avait une classe contre laquelle il eût de la prévention et de la partialité, c′était l′aristocratie, et jusqu′à croire aussi difficilement à la supériorité d′un homme du monde, qu′il croyait facilement à celle d′un homme du peuple. Comme je lui parlais de la princesse de Luxembourg que j′avais rencontrée avec sa tante: En efecto, si alguna clase social había contra la que tuviese Roberto pasión y parcialidad de ánimo era la aristocracia, hasta el punto de que sólo con gran dificultad admitía la superioridad de un hombre de mundo, y en cambio creía muy fácilmente en la de un hombre del pueblo. Le hablé de la princesa de Luxemburgo, a la que habíamos encontrado yendo con su tía
— Une carpe, me dit-il, comme toutes ses pareilles. C′est d′ailleurs un peu ma cousine. –Es un chorlito, como todas las de su clase. Es algo parienta mía.
Ayant un préjugé contre les gens qui le fréquentaient, il allait rarement dans le monde et l′attitude méprisante ou hostile qu′il y prenait, augmentait encore chez tous ses proches parents le chagrin de sa liaison avec une femme «de théâtre», liaison qu′ils accusaient de lui être fatale et notamment d′avoir développé chez lui cet esprit de dénigrement, ce mauvais esprit, de l′avoir «dévoyé», en attendant qu′il se «déclassât» complètement. Aussi bien des hommes légers du faubourg Saint-Germain étaient-ils sans pitié quand ils parlaient de la maîtresse de Robert. «Les grues font leur métier, disait-on, elles valent autant que d′autres; mais celle-là, non! Nous ne lui pardonnerons pas! Elle a fait trop de mal à quelqu′un que nous aimons.» Certes, il n′était pas le premier qui eût un fil à la patte. Mais les autres s′amusaient en hommes du monde, continuaient à penser en hommes du monde sur la politique, sur tout. Lui, sa famille le trouvait «aigri». Elle ne se rendait pas compte que pour bien des jeunes gens du monde, lesquels sans cela resteraient incultes d′esprit, rudes dans leurs amitiés, sans douceur et sans goût, — c′est bien souvent leur maîtresse qui est leur vrai maître et les liaisons de ce genre la seule école morale où ils soient initiés à une culture supérieure, où ils apprennent le prix des connaissances désintéressées. Même dans le bas-peuple (qui au point de vue de la grossièreté ressemble si souvent au grand monde), la femme, plus sensible, plus fine, plus oisive, a la curiosité de certaines délicatesses, respecte certaines beautés de sentiment et d′art que, ne les comprît-elle pas, elle place pourtant au-dessus de ce qui semblait le plus désirable à l′homme, l′argent, la situation. Or, qu′il s′agisse de la maîtresse d′un jeune clubman comme Saint-Loup ou d′un jeune ouvrier (les électriciens par exemple comptent aujourd′hui dans les rangs de la Chevalerie véritable), son amant a pour elle trop d′admiration et de respect pour ne pas les étendre à ce qu′elle-même respecte et admire; et pour lui l′échelle des valeurs s′en trouve renversée. A cause de son sexe même elle est faible, elle a des troubles nerveux, inexplicables, qui chez un homme, et même chez une autre femme, chez une femme dont il est neveu ou cousin auraient fait sourire ce jeune homme robuste. Mais il ne peut voir souffrir celle qu′il aime. Le jeune noble qui comme Saint-Loup a une maîtresse, prend l′habitude quand il va dîner avec elle au cabaret d′avoir dans sa poche le valérianate dont elle peut avoir besoin, d′enjoindre au garçon, avec force et sans ironie, de faire attention à fermer les portes sans bruit, à ne pas mettre de mousse humide sur la table, afin d′éviter à son amie ces malaises que pour sa part il n′a jamais ressentis, qui composent pour lui un monde occulte à la réalité duquel elle lui a appris à croire, malaises qu′il plaint maintenant sans avoir besoin pour cela de les connaître, qu′il plaindra même quand ce sera d′autres qu′elle qui les ressentiront. La maîtresse de Saint-Loup — comme les premiers moines du moyen âge, à la chrétienté — lui avait enseigné la pitié envers les animaux car elle en avait la passion, ne se déplaçant jamais sans son chien, ses serins, ses perroquets; Saint-Loup veillait sur eux avec des soins maternels et traitait de brutes les gens qui ne sont pas bons avec les bêtes. D′autre part, une actrice, ou soi-disant telle, comme celle qui vivait avec lui — qu′elle fût intelligente ou non, ce que j′ignorais — en lui faisant trouver ennuyeuse la société des femmes du monde et considérer comme une corvée l′obligation d′aller dans une soirée, l′avait préservé du snobisme et guéri de la frivolité. Si grâce à elle les relations mondaines tenaient moins de place dans la vie de son jeune amant, en revanche tandis que s′il avait été un simple homme de salon, la vanité ou l′intérêt auraient dirigé ses amitiés comme la rudesse les aurait empreintes, sa maîtresse lui avait appris à y mettre de la noblesse et du raffinement. Avec son instinct de femme et appréciant plus chez les hommes certaines qualités de sensibilité que son amant eût peut-être sans elle méconnues ou plaisantées, elle avait toujours vite fait de distinguer entre les autres celui des amis de Saint-Loup qui avait pour lui une affection vraie, et de le préférer. Elle savait le forcer à éprouver pour celui-là de la reconnaissance, à la lui témoigner, à remarquer les choses qui lui faisaient plaisir, celles qui lui faisaient de la peine. Et bientôt Saint-Loup, sans plus avoir besoin qu′elle l′avertît, commença à se soucier de tout cela et à Balbec où elle n′était pas, pour moi qu′elle n′avait jamais vu et dont il ne lui avait même peut-être pas encore parlé dans ses lettres, de lui-même il fermait la fenêtre d′une voiture où j′étais, emportait les fleurs qui me faisaient mal, et quand il eut à dire au revoir à la fois à plusieurs personnes, à son départ s′arrangea à les quitter un peu plus tôt afin de rester seul et en dernier avec moi, de mettre cette différence entre elles et moi, de me traiter autrement que les autres. Sa maîtresse avait ouvert son esprit à l′invisible, elle avait mis du sérieux dans sa vie, des délicatesses dans son cur, mais tout cela échappait à la famille en larmes qui répétait: «Cette gueuse le tuera, et en attendant elle le déshonore.» Il est vrai qu′il avait fini de tirer d′elle tout le bien qu′elle pouvait lui faire; et maintenant elle était cause seulement qu′il souffrait sans cesse, car elle l′avait pris en horreur et le torturait. Elle avait commencé un beau jour à le trouver bête et ridicule parce que les amis qu′elle avait parmi les jeunes auteurs et acteurs, lui avaient assuré qu′il l′était, et elle répétait à son tour ce qu′ils avaient dit avec cette passion, cette absence de réserves qu′on montre chaque fois qu′on reçoit du dehors et qu′on adopte des opinions ou des usages qu′on ignorait entièrement. Elle professait volontiers, comme ces comédiens, qu′entre elle et Saint-Loup le fossé était infranchissable, parce qu′ils étaient d′une autre race, qu′elle était une intellectuelle et que lui, quoi qu′il prétendît, était, de naissance, un ennemi de l′intelligence. Cette vue lui semblait profonde et elle en cherchait la vérification dans les paroles les plus insignifiantes, les moindres gestes de son amant. Mais quand les mêmes amis l′eurent en outre convaincue qu′elle détruisait dans une compagnie aussi peu faite pour elle les grandes espérances qu′elle avait, disaient-ils, données, que son amant finirait par déteindre sur elle, qu′à vivre avec lui, elle gâchait son avenir d′artiste, à son mépris pour Saint-Loup s′ajouta la même haine que s′il s′était obstiné à vouloir lui inoculer une maladie mortelle. Elle le voyait le moins possible tout en reculant encore le moment dd′une rupture définitive, laquelle me paraissait à moi bien peu vraisemblable. Saint-Loup faisait pour elle de tels sacrifices que, à moins qu′elle fût ravissante (mais il n′avait jamais voulu me montrer sa photographie, me disant: «D′abord ce n′est pas une beauté et puis elle vient mal en photographie, ce sont des instantanés que j′ai faits moi-même avec mon Kodak et ils vous donneraient une fausse idée d′elle»), il semblait difficile qu′elle trouvât un second homme qui en consentît de semblables. Je ne songeais pas qu′une certaine toquade de se faire un nom, même quand on n′a pas de talent, que l′estime, rien que l′estime privée, de personnes qui vous imposent, peuvent (ce n′était peut-être du reste pas le cas pour la maîtresse de Saint-Loup) être même pour une petite cocotte des motifs plus déterminants que le plaisir de gagner de l′argent. Saint-Loup qui sans bien comprendre ce qui se passait dans la pensée de sa maîtresse, ne la croyait pas complètement sincère ni dans les reproches injustes ni dans les promesses d′amour éternel, avait pourtant à certains moments le sentiment qu′elle romprait quand elle le pourrait, et à cause de cela, mû sans doute par l′instinct de conservation de son amour, plus clairvoyant peut-être que Saint-Loup n′était lui-même, usant d′ailleurs d′une habileté pratique qui se conciliait chez lui avec les plus grands et les plus aveugles élans du cur, il s′était refusé à lui constituer un capital, avait emprunté un argent énorme pour qu′elle ne manquât de rien, mais ne le lui remettait qu′au jour le jour. Et sans doute, au cas où elle eût vraiment songé à le quitter, attendait-elle froidement d′avoir «fait sa pelotte», ce qui avec les sommes données par Saint-Loup demanderait sans doute un temps fort court, mais tout de même concédé en supplément pour prolonger le bonheur de mon nouvel ami — ou son malheur. Como Saint–Loup tenía gran prevención contra los aristócratas, no solía ir a las reuniones de la alta sociedad, y cuando iba adoptaba una actitud despectiva u hostil, con lo cual aun se agudizaba el disgusto que su familia tenía por sus relaciones con una mujer de “teatro”, relaciones fatales, según sus parientes, y a las que atribuían el desarrollo en Roberto de ese espíritu denigrativo, de esa mala tendencia que, por lo pronto, va lo había “.desviado”, hasta que llegara a “sacarlo de su clase” por completo. Y por eso algunos aristócratas del barrio de Saint–Germain, hombres ligeros en. todo lo demás, hablaban sin compasión alguna de la querida de Saint–Loup. “Las cocottes, al fin y al cabo, trabajan en su oficio – decían– y son como otras cualesquiera, pero ésta no. No la perdonarnos. HA Hecho mucho daño a una persona queridísima para nosotros.” Verdad es que Roberto no era el único hombre que hubiese caído en las zarpas de una querida. Pero los demás seguían haciendo su divertida vida de hombres de mundo, y pensando como tales, en política y en todo. Pero a Roberto su familia lo encontraba “agriado”. No se daba cuenta de que para muchos muchachos de la aristocracia una querida es el verdadero maestro, y las relaciones de ese género son la única escuela de moral que los inicia en una cultura superior y en donde aprenden el valor de los conocimientos desinteresados; y sin eso seguirían toda su vida con el espíritu sin cultivar, muy toscos para la amistad, sin gusto y sin finura. Hasta en el pueblo bajo (que desde el punto de vista de la grosería se parece muchas veces al gran mundo), la mujer es más sensible, más fina, más amiga del ocio, y tiene curiosidad por determinadas bellezas y primores de arte y sentimiento, que coloca, aunque no las comprenda muy bien, por encima de aquellas cosas que más codiciables parecen al hombre: el dinero y la posición social. Así que, ya se trate de la querida de un joven clubman, como Saint– Loup, o de un muchacho artesano dos electricistas, por ejemplo, figuran hoy en las filas de la verdadera caballería; su amante le tiene admiración y respecto, que hace extensivos a las cosas que ella admira y respeta; por donde viene a trastrocarse para el hombre su escala de valores. Por su calidad de mujer, tiene perturbaciones nerviosas inexplicables, y que vistas en un hombre o en otra mujer cualquiera, en una mujer que sea prima suya o tía suya, habrían hecho sonreír a este robusto muchacho. Pero a la mujer que ama no puede verla sufrir. El joven aristócrata que tiene, como Saint–Loup tenía, una querida, se acostumbra cuando va a cenar con ella a un merendero a llevar en el bolsillo el valerianato, por si acaso ella lo necesita; dice al mozo, imperiosamente y sin ironía, que no haga ruido al cerrar las puertas, y le manda que no adorne la mesa con musgo húmedo; todo con objeto de evitar a su amiga esos sufrimientos que él no sintió nunca y que forman parte de un mundo oculto, en cuya realidad ella le enseñó a creer; y todos esos sufrimientos, que de esta manera aprende a compadecer sin conocerlos, los compadecerá también cuando los vea en otras personas. La querida de Saint–Loup enseñó a su amigo –lo mismo que se lo habían enseñado los monjes medievales a la Cristiandad– a ser bueno con los animales, porque ella tenía pasión por los bichos y siempre que iba de viaje llevaba consigo un perro, sus canarios y sus loros; Saint–Loup atendía a los animalitos con maternal cuidado y llamaba brutos a los que no trataban bien alas bestias. Además, una actriz, o una mujer que se titula actriz, como la que vivía con Saint–Loup, sea lista o no –cosa que yo ignoraba–, hace ver a su amigo que el trato con las damas aristocráticas es muy aburrido y que el hecho de asistir a una reunión mundana es una penitencia; y así, Roberto se libró del snobismo y se curó de la frivolidad. Gracias a ella, la vida del gran mundo′ tenía muy poca importancia en la existencia de Roberto, y en cambio su querida le había enseñado a poner en el trato con sus amigos sentimientos de nobleza y refinamiento, mientras que si hubiese seguido siendo un aristócrata puro se habría guiado para hacerse amigos por la vanidad y el interés, y sus amistades siempre tendrían un tinte de rudeza. Como por su instinto de mujer apreciaba en los hombres determinadas cualidades de sensibilidad, que se le hubieran escapado a su amante o que lo hubieran hecho reír, sabía distinguir y preferir en seguida de entre todos los demás al amigo de Saint–Loup que le tenía verdadero afecto. Y sabía obligar a su amante a que tuviera gratitud a ese amigo y se la demostrara, a fijarse en las cosas que le eran gratas y las que le molestaban. Y Saint–Loup, al cabo de muy poco tiempo y sin necesidad de que ella se lo advirtiera, empezó a preocuparse de todas esas cosas, y por eso, aunque su querida no estaba en Balbec ni me conocía, y aunque probablemente Roberto ni siquiera le había hablado de mí en sus cartas, él por su propio impulso tenía conmigo muchas delicadezas: cerraba cuidadosamente la ventanilla del coche, quitaba las flores cuyo aroma podía molestarme, y cuando estábamos juntos varios amigos se las arreglaba para despedirse antes de ellos y quedarse el último conmigo, diferenciándome así de los demás. Su querida le abrió el ánimo a lo invisible, infundió seriedad a su vida y delicadeza a su sentimiento; pero la familia, sin fijarse en nada de esto, repetía, llorando: “Esa bribona lo matará, y, por lo pronto, ya lo está deshonrando”. Verdad es que ya Roberto había sacado de aquella mujer todos los beneficios que podía darle, y ahora ella era para su querido motivo de incesantes sufrimientos, porque le había tomado odie y se complacía en torturarlo. Un buen día empezó a descubrir que Roberto era tonto y ridículo, sencillamente porque así se lo habían dicho algunos amigos de los que ella tenía entre los autores y actores de teatro; y repetía lo que le dijeron con la pasión y la falta de reserva que se muestran siempre que se escuchan y se adoptan opiniones y costumbres que provienen de otras personas, y que uno ignoraba por completo. Y profesaba la teoría, que era la teoría de sus amigos cómicos, de que entre Saint– Loup y ella había un foso infranqueable, porque eran de raza distinta: ella, una intelectual, y él, aunque aspirara a otra cosa, enemigo de la inteligencia por nacimiento. Este punto de vista le parecía muy profundo, y buscaba pruebas de su teoría en las palabras y ademanes más insignificantes de su querido. Pero cuando los mismos amigos la convencieron, además, de que estaba destruyendo, en una compañía tan poco adecuada para ella como la de Roberto, las grandes esperanzas artísticas que había inspirado, de que su querido la estaba perjudicando y de que echaba a perder su porvenir de artista viviendo con él, no sólo despreció a Saint–Loup, sino que le tomó odio, como si se empeñara en inocularle una enfermedad mortal. Lo veía lo menos posible, aunque iba aplazando el momento de la ruptura definitiva, que a mí me parecía muy poco verosímil. Saint–Loup hacía por ella tales sacrificios que, como no fuese una mujer maravillosa,(Roberto nunca había querido enseñarme su retrato, diciéndome “No es ninguna belleza, y, además, no sale bien en las fotografías; son instantáneas que he hecho yo con mí Kodak, y le darían a usted una idea falsa de ella), parecía difícil que encontrara otro hombre tan generoso. Yo no pensaba que la manía de hacerse una reputación, aunque no se tenga talento, y la estima, nada más que la estima, privada de las personas cuya opinión nos impone pueden ser (aunque acaso no ocurriera así con la querida de Saint–Loup), hasta para una cocotte–, motivos más eficaces que el gusto de ganar dinero. Saint–Loup, sin comprender muy bien lo que ocurría en el ánimo de su querida, no la consideraba del todo sincera, ni en los reproches injustos ni en las promesas de amor eterno, pero se daba cuenta a ratos de que rompería con él en cuanto pudiese; y por eso, impulsado sin duda por el instinto de conservación de su amor, más clarividente quizá que el mismo Saint–Loup, y usando de una habilidad práctica que en él se compaginaba muy bien con los mayores y más ciegos arrebatos sentimentales, se negó a crearle un capital, y aunque pidió prestada una cantidad enorme para que no faltase nada a su querida, le entregaba el dinero día por día. E indudablemente, en el caso de que la actriz hubiera pensado en dejarlo, tendría que esperar fríamente a “hacerse su fortunita”, lo cual, con las cantidades que le daba Saint–Loup, exigiría algún tiempo; corto, sí, pero al fin y al cabo un espacio de tiempo suplementario para prolongar la felicidad de mi amigo... o su desgracia.
Cette période dramatique de leur liaison, — et qui était arrivée maintenant à son point le plus aigu, le plus cruel pour Saint-Loup, car elle lui avait défendu de rester à Paris où sa présence l′exaspérait et l′avait forcé de prendre son congé à Balbec, à côté de sa garnison — avait commencé un soir chez une tante de Saint-Loup, lequel avait obtenu d′elle que son amie viendrait pour de nombreux invités dire des fragments d′une pièce symboliste qu′elle avait jouée une fois sur une scène d′avant-garde et pour laquelle elle lui avait fait partager l′admiration qu′elle éprouvait elle-même. Este período dramático de sus relaciones –que había llegado por entonces al punto extremo y más doloroso para Saint–Loup, pues ella le prohibió la estancia en París porque su presencia la exasperaba, y .le hizo pasar sus días de licencia en Balbec, a un paso de la ciudad donde estaba de guarnición– tuvo sus comienzos una noche en casa de una tía de Saint–Loup, que, gracias a las instancias de Roberto, invitó a la actriz a ir a recitar ante un público aristocrático fragmentos de una obra simbolista que había representado cierta vez en un teatro de tendencia avanzada; esta obra la admiraba ella mucho y transmitió a Saint–Loup su admiración.
Mais quand elle était apparue, un grand lys à la main, dans un costume copié de l′«Ancilla Domini» et qu′elle avait persuadé à Robert être une véritable «vision d′art», son entrée avait été accueillie dans cette assemblée d′hommes de cercles et de duchesses par des sourires que le ton monotone de la psalmodie, la bizarrerie de certains mots, leur fréquente répétition avaient changés en fous-rires d′abord étouffés, puis si irrésistibles que la pauvre récitante n′avait pu continuer. Le lendemain la tante de Saint-Loup avait été unanimement blâmée d′avoir laissé paraître chez elle une artiste aussi grotesque. Un duc bien connu ne lui cacha pas qu′elle n′avait à s′en prendre qu′à elle-même si elle se faisait critiquer. Pero cuando salió con una gran azucena en la mano, con traje copiado de la Ancilla Domini, y que, según había dicho a Roberto era una verdadera visión de arte, fué acogida con sonrisas por aquella asamblea de señores de casino y de duquesas, sonrisas que se trocaron primero en risas ahogadas, por el tono monótono de la salmodia, lo raro cíe algunas palabras y su frecuente repetición, y luego en risas tan irresistibles, que la pobre artista no pudo seguir. Al otro día la tía de Saint–Loup fué unánimemente censurada por haber dejado entrar en sus salones a una actriz tan grotesca. Un duque muy conocido no le ocultó que, si la criticaban, ella se tenía la culpa.
— Que diable aussi, on ne nous sort pas des numéros de cette force-là! Si encore cette femme avait du talent, mais elle n′en a et n′en aura jamais aucun. Sapristi! Paris n′est pas si bête qu′on veut bien le dire. La société n′est pas composée que d′imbéciles. Cette petite demoiselle a évidemment cru étonner Paris. Mais Paris est plus difficile à étonner que cela et il y a tout de même des affaires qu′on ne nous fera pas avaler. –¡Qué demonio, no hay que darle a uno números de ese empuje! Si por lo menos esa mujer tuviera algún talento; pero ni lo tiene ni lo tendrá nunca. ¡Qué caramba! En París no somos tan tontos como se suele creer. Esa jovencita debió de figurarse que iba a asombrar a París. Pero esa empresa es más difícil de lo que ella se imagina, y hay cosas que no nos harán tragar nunca.
Quant à l′artiste, elle sortit en disant à Saint-Loup: Y la actriz salió diciendo a Saint–Loup
— Chez quelles dindes, chez quelles garces sans éducation, chez quels goujats m′as-tu fourvoyée? J′aime mieux te le dire, il n′y en avait pas un des hommes présents qui ne m′eût fait de l′il, du pied, et c′est parce que j′ai repoussé leurs avances qu′ils ont cherché à se venger. –Pero ¿adónde me has traído? En esta casa no hay más que gansas y avestruces sin educación; es un hatajo de sinvergüenzas. Mira, te lo digo francamente: no hay uno de todos esos tipos que había ahí que no me haya hecho guiños, y como yo no les hice caso, han querido vengarse.
Paroles qui avaient changé l′antipathie de Robert pour les gens du monde en une horreur autrement profonde et douloureuse et que lui inspiraient particulièrement ceux qui la méritaient le moins, des parents dévoués qui délégués par la famille avaient cherché à persuader à l′amie de Saint-Loup de rompre avec lui, démarche qu′elle lui présentait comme inspirée par leur amour pour elle. Robert quoiqu′il eût aussitôt cessé de les fréquenter pensait, quand il était loin de son amie comme maintenant, qu′eux ou d′autres, en profitaient pour revenir à la charge et avaient peut-être reçu ses faveurs. Et quand il parlait des viveurs qui trompent leurs amis, cherchent à corrompre les femmes, tâchent de les faire venir dans des maisons de passe, son visage respirait la souffrance et la haine. Estas palabras trocaron la antipatía, de Roberto por los aristócratas en un sentimiento de horror, aún más hondo y doloroso; sentimiento que le inspiraban particularmente los que menos lo merecían, unos pobres parientes que, delegados por la familia, quisieron convencer a la querida de Saint–Loup de que debía romper con él; y ella hacía creer a Roberto que este paso no era desinteresado y que si lo daban sus parientes es porque estaban prendados de ella. Saint–Loup había dejado de tratarlos; pero cuando estaba separado de su querida, como ahora, pensaba que acaso ellos u otros habían vuelto a la carga y quizá logrado los favores de su amiga. Y cuando hablaba de los señoritos juerguistas que engañan a sus amigos, intentan corromper a las mujeres y hacerlas ir a casas de compromisos, se transparentaban en el rostro el dolor y el odio,
— Je les tuerais avec moins de remords qu′un chien qui est du moins une bête gentille, loyale et fidèle. En voilà qui méritent la guillotine, plus que des malheureux qui ont été conduits au crime par la misère et par la cruauté des riches. “Los mataría con menos remordimiento que a un perro, que al fin y al cabo es un animalito bueno, fiel y leal. Esa gente se merece la guillotina con mucho más motivo que los desgraciados que hicieron un crimen impulsados por la miseria y la crueldad de los ricos."
Il passait la plus grande partie de son temps à envoyer à sa maîtresse des lettres et des dépêches. Chaque fois que, tout en l′empêchant de venir à Paris, elle trouvait, à distance, le moyen d′avoir une brouille avec lui, je l′apprenais à sa figure décomposée. Comme sa maîtresse ne lui disait jamais ce qu′elle avait à lui reprocher, soupçonnant que, peut-être, si elle ne le lui disait pas, c′est qu′elle ne le savait pas et qu′elle avait simplement assez de lui, il aurait pourtant voulu avoir des explications, il lui écrivait: «Dis-moi ce que j′ai fait de mal. Je suis prêt à reconnaître mes torts», le chagrin qu′il éprouvait ayant pour effet de le persuader qu′il avait mal agi. Se pasaba el tiempo mandando a su querida cartas y telegramas. Ya le había prohibido que fuera a París, pero además siempre encontraba algún medio para teñir con él a distancia, y cuando así ocurría se lo notaba yo a Roberto en el descompuesto semblante. Como su querida no le decía nunca qué motivo de queja tenía, Saint–Loup, sospechando que si no se lo decía es porque en realidad ella no lo sabía tampoco y estaba ya cansada de él, pedía explicaciones y le escribía: “Dime qué es lo que he hecho. Estoy dispuesto a confesar mis faltas”. Porque la pena que sentía acababa por convencerlo de que había hecho algo malo.
Mais elle lui faisait attendre indéfiniment des réponses d′ailleurs dénuées de sens. Aussi c′est presque toujours le front soucieux et bien souvent les mains vides que je voyais Saint-Loup revenir de la poste où seul de tout l′hôtel avec Françoise, il allait chercher ou porter lui-même ses lettres, lui par impatience d′amant, elle par méfiance de domestique. (Les dépêches le forçaient à faire beaucoup plus de chemin.) Ella le hacía esperar mucho tiempo sus contestaciones, que además no tenían ningún sentido. Así, que casi siempre veía yo a Saint–Loup volver del correo con la frente arrugada, y muchas veces con las manos vacías; porque de toda la, gente del hotel, únicamente Saint–Loup y Francisca iban al correo a llevar y a recoger sus cartas: él, por impaciencia de enamorado; ella, por desconfianza de criada. (Y cuando telegrafiaba Roberto, aun tenía que andar mucho más.)
Quand quelques jours après le dîner chez les Bloch ma grand′mère me dit d′un air joyeux que Saint-Loup venait de lui demander si avant qu′il quittât Balbec elle ne voulait pas qu′il la photographiât, et quand je vis qu′elle avait mis pour cela sa plus belle toilette et hésitait entre diverses coiffures, je me sentis un peu irrité de cet enfantillage qui m′étonnait tellement de sa part. J′en arrivais même à me demander si je ne m′étais pas trompé sur ma grand′mère, si je ne la plaçais pas trop haut, si elle était aussi détachée que j′avais toujours cru de ce qui concernait sa personne, si elle n′avait pas ce que je croyais lui être le plus étranger, de la coquetterie. Unos días después de la cena en casa de Bloch, mi abuela me dijo, muy alegre, que Saint–Loup le había preguntado si no quería que la retratara antes de irse de Balbec; y cuando vi que se había puesto el mejor traje que tenía y que estaba dudando cuál peinado le sentaría mejor, me sentí un poco irritado de aquella niñería tan impropia de su carácter. Llegué hasta el punto de preguntarme si no estaría yo un poco equivocado con respecto a mi abuela, si no la había colocado más arriba de lo que se merecía; y me dije que quizá no era tan despreocupada de lo relativo a su persona como yo me figuré, y que acaso fuese coqueta, cosa que nunca creyera yo en ella.
Malheureusement, ce mécontentement que me causaient le projet de séance photographique et surtout la satisfaction que ma grand′mère paraissait en ressentir, je le laissai suffisamment apercevoir pour que Françoise le remarquât et s′empressât involontairement de l′accroître en me tenant un discours sentimental et attendri auquel je ne voulus pas avoir l′air d′adhérer. Desgraciadamente, mi descontento por el proyecto de sesión fotográfica, y sobre todo por la satisfacción que a mí abuela inspiraba, se transparentó con harta claridad para que Francisca lo notara y contribuyese involuntariamente a disgustarme más echándome un discursito sentimental y tierno, que fingí no tomar en consideración
— Oh! monsieur, cette pauvre madame qui sera si heureuse qu′on tire son portrait, et qu′elle va même mettre le chapeau que sa vieille Françoise, elle lui a arrangé, il faut la laisser faire, monsieur. –¡Pero, señorito, si la señora se alegrará tanto de que le saquen su retrato, y se va a poner el sombrero que le ha arreglado su servidora Francisca! Hay que dejarla, señorito.
Je me convainquis que je n′étais pas cruel de me moquer de la sensibilité de Françoise, en me rappelant que ma mère et ma grand′mère mes modèles en tout, le faisaient souvent aussi. Mais ma grand′mère s′apercevant que j′avais l′air ennuyé, me dit que si cette séance de pose pouvait me contrarier elle y renoncerait. Je ne le voulus pas, je l′assurai que je n′y voyais aucun inconvénient et la laissai se faire belle, mais crus faire preuve de pénétration et de force en lui disant quelques paroles ironiques et blessantes destinées à neutraliser le plaisir qu′elle semblait trouver à être photographiée, de sorte que si je fus contraint de voir le magnifique chapeau de ma grand′mère, je réussis du moins à faire disparaître de son visage cette expression joyeuse qui aurait dû me rendre heureux et qui, comme il arrive trop souvent tant que sont encore en vie les êtres que nous aimons le mieux, nous apparaît comme la manifestation exaspérante d′un travers mesquin plutôt que comme la forme précieuse du bonheur que nous voudrions tant leur procurer. Ma mauvaise humeur venait surtout de ce que cette semaine là ma grand′mère avait paru me fuir et que je n′avais pu l′avoir un instant à moi, pas plus le jour que le soir. Quand je rentrais dans l′après-midi pour être un peu seul avec elle, on me disait qu′elle n′était pas là; ou bien elle s′enfermait avec Françoise pour de longs conciliabules qu′il ne m′était pas permis de troubler. Et quand ayant passé la soirée dehors avec Saint-Loup je songeais pendant le trajet du retour au moment où j′allais pouvoir retrouver et embrasser ma grand′mère, j′avais beau attendre qu′elle frappât contre la cloison ces petits coups qui me diraient d′entrer lui dire bonsoir, je n′entendais rien; je finissais par me coucher, lui en voulant un peu de ce qu′elle me privât, avec une indifférence si nouvelle de sa part, d′une joie sur laquelle j′avais tant compté, je restais encore, le cur palpitant comme dans mon enfance, à écouter le mur qui restait muet et je m′endormais dans les larmes. Me convencí de que no era crueldad mía el burlarme de la sensibilidad de Francisca recordando que mi madre y mi abuela, mis modelos en todo, lo hacían también muchas veces. Pero mi abuela notó que yo tenía cara de enfadado, y me dijo que si lo de la fotografía me contrariaba lo dejaría. No quise que renunciara, le aseguré que no tenía nada que decir y la dejé que se compusiera; pero luego, figurándome que daba pruebas de fuerza y de penetración de espíritu, le dije unas cuantas frases irónicas y mortificantes, con objeto de neutralizar el placer que le causaba retratarse; de suerte que no tuve más remedio que ver el magnífico sombrero de mi abuela, pero por lo menos logré que se borrara de su semblante la expresión de gozo que para mí debía haber sido motivo de –alegría, pero que se me representó, como ocurre tantas veces en la vida de los seres más queridos, como manifestación exasperante de un mezquino defecto y no como preciosa forma de esa felicidad que para ellos deseamos. Mi mal humor provenía sobre todo de que aquella semana mi abuela parecía como que me huía, y no pude tenerla ningún rato para mí solo, ni de día ni de noche. Cuando por la tarde volvía al hotel para pasar un rato con ella, me decían que no estaba en casa o me la encontraba encerrada con Francisca y entregada a largos conciliábulos que no me era permitido interrumpir. Cuando salía con Saint–Loup después de cenar, durante el trayecto, de vuelta a casa, iba pensando en el momento de ver a mi abuela y poder darle un beso; pero ya en mi cuarto esperaba inútilmente esos golpecitos dados en el tabique que me indicaban que podía entrar a decirle las buenas noches; acababa por acostarme, un tanto enfadado con mi abuela, porque me privaba, con una indiferencia tan rara en ella, de una alegría que yo daba por segura; todavía me estaba un rato en la cama despierto, con el corazón palpitante como cuando era niño, con la atención puesta en el tabique, que seguía sin decir nada, y, por fin, me dormía llorando.
. . . Â…
Ce jour-là, comme les précédents, Saint-Loup avait été obligé d′aller à Doncières où en attendant qu′il y rentrât d′une manière définitive, on aurait toujours besoin de lui maintenant jusqu′à la fin de l′après-midi. Je regrettais qu′il ne fût pas à Balbec. J′avais vu descendre de voiture et entrer, les unes dans la salle de danse du Casino, les autres chez le glacier, des jeunes femmes qui, de loin, m′avaient paru ravissantes. J′étais dans une de ces périodes de la jeunesse, dépourvues d′un amour particulier, vacantes, où partout — comme un amoureux, la femme dont il est épris — on désire, on cherche, on voit la beauté. Qu′un seul trait réel — le peu qu′on distingue d′une femme vue de loin, ou de dos — nous permette de projeter la Beauté devant nous, nous nous figurons l′avoir reconnue, notre cur bat, nous pressons le pas, et nous resterons toujours à demi persuadés que c′était elle, pourvu que la femme ait disparu: ce n′est que si nous pouvons la rattraper que nous comprenons notre erreur. Aquel día, lo mismo que los anteriores, Saint–Loup había tenido que ir a Donciéres, pues aunque no Había llegado aún la fecha de volver a su guarnición de un modo definitivo, le reclamaban allí ciertos asuntos que lo entretendrían hasta anochecido Sentí que no estuviese en Balbec. Había yo visto bajar de sus coches a unas cuantas muchachas que de lejos me parecieron deliciosas, y que entraron las unas en el salón de baile del Casino y las otras en la nevería. Estaba yo en uno de esos períodos de la juventud en que no se tiene ningún amor particular, períodos vacantes; cuando en todas partes ve uno a la Belleza, la desea, la busca, lo mismo que hace el enamorado con la mujer amada. Basta con qué un solo trazo de realidad –lo poco que se distingue de una figura de mujer vista a lo lejos o de espaldas- nos permita proyectar por delante de nosotros nuestra ansia de Belleza, y ya se nos figura que la hemos encontrado; el corazón late con más celeridad, apresuramos el paso, y nos quedamos casi convencidos de que, en efecto, era ella si la mujer desaparece al volver una esquina; únicamente si llegamos a alcanzarla es cuando comprendemos nuestro error.
D′ailleurs, de plus en plus souffrant, j′étais tenté de surfaire les plaisirs les plus simples à cause des difficultés mêmes qu′il y avait pour moi à les atteindre. Des femmes élégantes, je croyais en apercevoir partout, parce que j′étais trop fatigué si c′était sur la plage, trop timide si c′était au Casino ou dans une pâtisserie, pour les approcher nulle part. Pourtant, si je devais bientôt mourir, j′aurais aimé savoir comment étaient faites de près, en réalité, les plus jolies jeunes filles que la vie pût offrir, quand même c′eût été un autre que moi, ou même personne, qui dût profiter de cette offre (je ne me rendais pas compte, en effet, qu′il y avait un désir de possession à l′origine de ma curiosité). J′aurais osé entrer dans la salle de bal, si Saint-Loup avait été avec moi. Seul, je restai simplement devant le Grand-Hôtel à attendre le moment d′aller retrouver ma grand′mère, quand, presque encore à l′extrémité de la digue où elles faisaient mouvoir une tache singulière, je vis s′avancer cinq ou six fillettes, aussi différentes, par l′aspect et par les façons, de toutes les personnes auxquelles on était accoutumé à Balbec, qu′aurait pu l′être, débarquée on ne sait d′où, une bande de mouettes qui exécute à pas comptés sur la plage, — les retardataires rattrapant les autres en voletant, — une promenade dont le but semble aussi obscur aux baigneurs qu′elles ne paraissent pas voir, que clairement déterminé pour leur esprit d′oiseaux. Además, como estaba cada vez más delicado, tenía yo tendencia a encarecer el valor de los más sencillos placeres precisamente por lo difícil que me era lograrlos. Por todas partes veía damas elegantes, debido a que nunca podía acercarme a ellas; en la playa, por hallarme muy cansado, y en el Casino o en una pastelería, por mi mucha timidez. Y si tenía que morirme pronto, me habría gustado saber cómo estaban hechas, vistas de cerca; y en la realidad, las muchachas más bonitas que podía brindarme la vida, aunque fuera otro y no yo, o aunque no fuera nadie, el que se aprovechara de su belleza (no me daba yo cuenta de que en el origen de mi curiosidad había un deseo de posesión). Si Saint–Loup hubiese estado conmigo, me habría atrevido a entrar en el salón del Casino. Pero yo solo me quedé parado delante del Grand Hotel, haciendo tiempo hasta que llegara la hora de ir a buscar a mi abuela; cuando, allá por la otra punta del paseo del dique, destacándose como una mancha singular y movible vi avanzar a cinco o seis muchachas tan distintas por sil aspecto y modales de todas las personas que solían verse por Balbec como hubiese podido serlo una bandada de gaviotas ‘venidas de Dios sabe dónde y que efectuara con ponderado paso –las que se que daban atrás alcanzaban a las otras de un vuelo– un paseo por la playa, paseo cuya finalidad escapaba a los bañistas, de los que no hacían ellas ningún caso, pero estaba perfectamente determinada en su alma de pájaros.
Une de ces inconnues poussait devant elle, de la main, sa bicyclette; deux autres tenaient des «clubs» de golf; et leur accoutrement tranchait sur celui des autres jeunes filles de Balbec, parmi lesquelles quelques-unes il est vrai, se livraient aux sports, mais sans adopter pour cela une tenue spéciale. Una de las desconocidas iba empujando una bicicleta; otras dos llevaban clubs de golf, y por su modo de vestir se distinguían claramente de las demás muchachas de Balbec, pues aunque entre éstas hubiera algunas que se dedicaban a los deportes, no adoptaban un traje especial para ese objeto.
C′était l′heure où dames et messieurs venaient tous les jours faire leur tour de digue, exposés aux feux impitoyables du face-à-main que fixait sur eux, comme s′ils eussent été porteurs de quelque tare qu′elle tenait à inspecter dans ses moindres détails, la femme du premier président, fièrement assise devant le kiosque de musique, au milieu de cette rangée de chaises redoutée où eux-mêmes tout à l′heure, d′acteurs devenus critiques, viendraient s′installer pour juger à leur tour ceux qui défileraient devant eux. Tous ces gens qui longeaient la digue en tanguant aussi fort que si elle avait été le pont d′un bateau (car ils ne savaient pas lever une jambe sans du même coup remuer le bras, tourner les yeux, remettre d′aplomb leurs épaules, compenser par un mouvement balancé du côté opposé le mouvement qu′ils venaient de faire de l′autre côté, et congestionner leur face), et qui, faisant semblant de ne pas voir pour faire croire qu′ils ne se souciaient pas d′elles, mais regardant à la dérobée pour ne pas risquer de les heurter, les personnes qui marchaient à leurs côtés ou venaient en sens inverse, butaient au contraire contre elles, s′accrochaient à elles, parce qu′ils avaient été réciproquement de leur part l′objet de la même attention secrète, cachée sous le même dédain apparent; l′amour — par conséquent la crainte — de la foule étant un des plus puissants mobiles chez tous les hommes, soit qu′ils cherchent à plaire aux autres ou à les étonner, soit à leur montrer qu′ils les méprisent. Chez le solitaire, la claustration même absolue et durant jusqu′à la fin de la vie, a souvent pour principe un amour déréglé de la foule qui l′emporte tellement sur tout autre sentiment, que, ne pouvant obtenir quand il sort l′admiration de la concierge, des passants, du cocher arrêté, il préfère n′être jamais vu d′eux, et pour cela renoncer à toute activité qui rendrait nécessaire de sortir. Era aquella la hora en que damas y caballeros veraneantes solían dar su paseo por allí, expuestos a los implacables rayos que sobre ellos lanzaba, como si todo el mundo tuviese alguna tacha particular que había que inspeccionar hasta en sus mínimos detalles, los impertinentes de la señora del presidente de sala, sentada muy tiesa delante del quiosco de la música., en el centro de esa tan temida fila de sillas a las que muy pronto habrían de venir a instalarse estos paseantes, para juzgar a su vez, convertidos de actores en espectadores, a los que por allí desfilaran. Toda esa gente que andaba por el paseo, balanceándose como si estuvieran en el puente de un barco (porque no sabían mover una pierna sin hacer al propio tiempo otra serie de cosas: menear los brazos, torcer la vista, echar atrás los hombros, compensar el movimiento que acababan de hacer con otro equivalente en el lado contrario, y congestionarse el rostro), hacían como que no veían a los demás para fingir que no se ocupaban de ellos, pero los miraban a hurtadillas para no tropezarse con los que andaban a derecha e izquierda o venían en dirección contraria, y precisamente por eso se tropezaban, se enredaban unos con otros, piles también ellos habían sido recíproco objeto de la misma atención secreta y oculta tras aparente desdén, por parte de los demás paseantes; porque el amor –y por consiguiente el temor– a la multitud es móvil poderosísimo para todos los hombres, ya quieran agradar o deslumbrar a los demás, ya deseen mostrarles su desprecio. El caso del solitario que se encierra absolutamente, y a veces por toda la vida, muchas veces tiene por base un amor desenfrenado a la multitud, amor mucho más fuerte que cualquier otro sentimiento, y que por no poder ganarse, cuando sale de casa, la admiración de la portera, de los transeúntes, del cochero de punto, prefiere que no lo vean nunca, y para ello renuncia a toda actividad que exija salir a la calle.
Au milieu de tous ces gens dont quelques-uns poursuivaient une pensée, mais en trahissaient alors la mobilité par une saccade de gestes, une divagation de regards, aussi peu harmonieuses que la circonspecte titubation de leurs voisins, les fillettes que j′avais aperçues, avec la maîtrise de gestes que donne un parfait assouplissement de son propre corps et un mépris sincère du reste de l′humanité, venaient droit devant elles, sans hésitation ni raideur, exécutant exactement les mouvements qu′elles voulaient, dans une pleine indépendance de chacun de leurs membres par rapport aux autres, la plus grande partie de leur corps gardant cette immobilité si remarquable chez les bonnes valseuses. Elles n′étaient plus loin de moi. Quoique chacune fût d′un type absolument différent des autres, elles avaient toutes de la beauté; mais, à vrai dire, je les voyais depuis si peu d′instants et sans oser les regarder fixement que je n′avais encore individualisé aucune d′elles. Sauf une, que son nez droit, sa peau brune mettait en contraste au milieu des autres comme dans quelque tableau de la Renaissance, un roi Mage de type arabe, elles ne m′étaient connues, l′une que par une paire d′yeux durs, butés et rieurs; une autre que par des joues où le rose avait cette teinte cuivrée qui évoque l′idée de géranium; et même ces traits je n′avais encore indissolublement attaché aucun d′entre eux à l′une des jeunes filles plutôt qu′à l′autre; et quand (selon l′ordre dans lequel se déroulait cet ensemble merveilleux parce qu′y voisinaient les aspects les plus différents, que toutes les gammes de couleurs y étaient rapprochées, mais qui était confus comme une musique où je n′aurais pas su isoler et reconnaître au moment de leur passage les phrases, distinguées mais oubliées aussitôt après), je voyais émerger un ovale blanc, des yeux noirs, des yeux verts, je ne savais pas si c′était les mêmes qui m′avaient déjà apporté du charme tout à l′heure, je ne pouvais pas les rapporter à telle jeune fille que j′eusse séparée des autres et reconnue. Et cette absence, dans ma vision, des démarcations que j′établirais bientôt entre elles, propageait à travers leur groupe un flottement harmonieux, la translation continue d′une beauté fluide, collective et mobile. En medio de todas aquellas gentes, algunas de las cuales iban pensando en alguna cosa, pero delatando entonces la movilidad de su ánimo por una serie de bruscos ademanes y una divagación de la mirada tan poco armoniosos como la circunspecta vacilación de sus vecinos, las muchachas que digo, con ese dominio de movimientos que proviene de la suma flexibilidad corporal y de un sincero desprecio por el resto de la Humanidad, andaban derechamente, sin titubeos ni tiesura, ejecutando exactamente los movimientos que querían, con perfecta independencia de cada parte de su persona con respecto a las demás, de suerte que la mayor parte dé su cuerpo conservaba esa inmovilidad tan curiosa propia de las buenas bailarinas de vals. Ya se iban acercando a mí. Cada una era de un tipo enteramente distinto de las demás, pero todas guapas; aunque, a decir verdad, hacía tan poco tiempo que las estaba viendo, y eso sin atreverme a mirarlas fijamente, que todavía no había individualizado a ninguna de ellas. No había más que una que, por su nariz recta y su tez morena, contrastaba vivamente con sus compañeras, como un rey Mago de tipo árabe en un cuadro del Renacimiento; a las demás las reconocía por un solo rasgo físico: a ésta, por sus ojos duros, resueltos y burlones; a aquélla, por los carrillos de color rosa tirando a cobrizo, tono que evocaba la idea del geranio, y ni siquiera esos rasgos los había yo atribuido indisolublemente a una muchacha determinada y distinta; y cuando (con arreglo al orden en que se iba desarrollando este maravilloso conjunto, en el que se tocaban los más opuestos aspectos y se unían las más diferentes gamas de color, pero todo ello confuso como una música en la que me fuese imposible aislar y reconocer las frases que iban pasando, perfectamente distintas, pero inmediatamente olvidadas) veía surgir un óvalo blanco, unos ojos azules o verdes, no sabía bien si esa cara y esa mirada eran las mismas que me sedujeron el momento antes, y me era imposible referirlas a una sola muchacha separada y distinta de las demás. Y, precisamente, el hecho de que en esta mi visión faltaran las demarcaciones que luego habría yo de fijar entre ellas propagaba en el grupo algo como una fluctuación armoniosa, la constante traslación de una belleza fluida, colectiva y móvil.
Ce n′était peut-être pas, dans la vie, le hasard seul qui, pour réunir ces amies les avait toutes choisies si belles; peut-être ces filles (dont l′attitude suffisait à révéler la nature hardie, frivole et dure), extrêmement sensibles à tout ridicule et à toute laideur, incapables de subir un attrait d′ordre intellectuel ou moral, s′étaient-elles naturellement trouvées, parmi les camarades de leur âge, éprouver de la répulsion pour toutes celles chez qui des dispositions pensives ou sensibles se trahissaient par de la timidité, de la gêne, de la gaucherie, par ce qu′elles devaient appeler «un genre antipathique», et les avaient-elles tenues à l′écart; tandis qu′elles s′étaient liées au contraire avec d′autres vers qui les attiraient un certain mélange de grâce, de souplesse et d′élégance physique, seule forme sous laquelle elles pussent se représenter la franchise d′un caractère séduisant et la promesse de bonnes heures à passer ensemble. Peut-être aussi la classe à laquelle elles appartenaient et que je n′aurais pu préciser, était-elle à ce point de son évolution où, soit grâce à l′enrichissement et au loisir, soit grâce aux habitudes nouvelles de sport, répandues même dans certains milieux populaires, et d′une culture physique à laquelle ne s′est pas encore ajoutée celle de l′intelligence, un milieu social pareil aux écoles de sculpture harmonieuses et fécondes qui ne recherchent pas encore l′expression tourmentée — produit naturellement, et en abondance, de beaux corps aux belles jambes, aux belles hanches, aux visages sains et reposés, avec un air d′agilité et de ruse. Et n′étaient-ce pas de nobles et calmes modèles de beauté humaine que je voyais là, devant la mer, comme des statues exposées au soleil sur un rivage de la Grèce? Si habían ido a reunirse en la vida aquellas amigas, todas guapas, para formar un grupo, quizá no era por puro efecto de la casualidad; acaso esas muchachas (que con sólo su actitud revelaban un modo de ser atrevido, frívolo y duro), sumamente sensibles a todo ridículo y fealdad e incapaces de sentirse atraídas por ninguna belleza de orden intelectual o moral, se encontraron un día con que entre todas sus compañeras se distinguían ellas por la repulsión que les inspiraban aquellas otras chicas que con su timidez, su encogimiento o sensibilidad, lo que ellas debían de llamar un “estilo antipático”, y no se juntaron con ellas; mientras que intimaron con otras muchachas que las atraían por su mezcla de gracia, de agilidad y belleza física, única forma con que se podía revestir; según ellas, un carácter franco y seductor, promesa de muy buenos ratos de amistosa compañía. Acaso fuese también que la clase social a que pertenecían, y que no pude precisar bien, se hallaba en ese punto de evolución en que, o bien por ser rica y ociosa, o bien por estar penetrada de las nuevas costumbres deportivas, tan difundidas hasta en ciertas capas del pueblo, y de una cultura física a la que queda aún por agregar la cultura intelectual se parecía un poco a esas escuelas de escultura armoniosas y fecundas que todavía no buscan la expresión atormentada, una clase social que produce naturalmente y en abundancia cuerpos hermosos, con piernas bonitas, con caderas bonitas, semblante tranquilo y sano y aire de astucia y agilidad. ¿Acaso no estaba yo viendo allí, delante del mar, nobles y serenos dechados de humana belleza, como estatuas colocadas al sol en la ribera de la tierra griega?
Telles que si, du sein de leur bande qui progressait le long de la digue comme une lumineuse comète, elles eussent jugé que la foule environnante était composée d′êtres d′une autre race et dont la souffrance même n′eût pu éveiller en elles un sentiment de solidarité, elles ne paraissaient pas la voir, forçaient les personnes arrêtées à s′écarter ainsi que sur le passage d′une machine qui eût été lâchée et dont il ne fallait pas attendre qu′elle évitât les piétons, et se contentaient tout au plus si quelque vieux monsieur dont elles n′admettaient pas l′existence et dont elles repoussaient le contact s′était enfui avec des mouvements craintifs ou furieux, précipités ou risibles, de se regarder entre elles en riant. Elles n′avaient à l′égard de ce qui n′était pas de leur groupe aucune affectation de mépris, leur mépris sincère suffisait. Mais elles ne pouvaient voir un obstacle sans s′amuser à le franchir en prenant leur élan ou à pieds joints, parce qu′elles étaient toutes remplies, exubérantes, de cette jeunesse qu′on a si grand besoin de dépenser même quand on est triste ou souffrant, obéissant plus aux nécessités de l′âge qu′à l′humeur de la journée, on ne laisse jamais passer une occasion de saut ou de glissade sans s′y livrer consciencieusement, interrompant, semant, sa marche lente — comme Chopin la phrase la plus mélancolique — de gracieux détours où le caprice se mêle à la virtuosité. La femme d′un vieux banquier, après avoir hésité pour son mari entre diverses expositions, l′avait assis, sur un pliant, face à la digue, abrité du vent et du soleil par le kiosque des musiciens. Le voyant bien installé, elle venait de le quitter pour aller lui acheter un journal qu′elle lui lirait et qui le distrairait, petites absences pendant lesquelles elle le laissait seul et qu′elle ne prolongeait jamais au delà de cinq minutes, ce qui lui semblait bien long, mais qu′elle renouvelait assez fréquemment pour que le vieil époux à qui elle prodiguait à la fois et dissimulait ses soins eût l′impression qu′il était encore en état de vivre comme tout le monde et n′avait nul besoin de protection. La tribune des musiciens formait au-dessus de lui un tremplin naturel et tentant sur lequel sans une hésitation l′aînée de la petite bande se mit à courir: elle sauta par-dessus le vieillard épouvanté, dont la casquette marine fut effleurée par les pieds agiles, au grand amusement des autres jeunes filles, surtout de deux yeux verts dans une figure poupine qui exprimèrent pour cet acte une admiration et une gaieté où je crus discerner un peu de timidité, d′une timidité honteuse et fanfaronne, qui n′existait pas chez les autres. «C′pauvre vieux, i m′fait d′la peine, il a l′air à moitié crevé», dit l′une de ces filles d′une voix rogommeuse et avec un accent à demi-ironique. Elles firent quelques pas encore, puis s′arrêtèrent un moment au milieu du chemin sans s′occuper d′arrêter la circulation des passants, en un conciliabule, un agrégat de forme irrégulière, compact, insolite et piaillant, comme des oiseaux qui s′assemblent au moment de s′envoler; puis elles reprirent leur lente promenade le long de la digue, au-dessus de la mer. Parecía como que la cuadrilla de mozas, que iba avanzando por el paseo cual luminoso cometa, estimara que aquella multitud que había alrededor se componía de seres de otra raza, de seres cuyo sufrir no les inspiraría sentimiento alguno de solidaridad, y hacían como que no veían a nadie, obligando a todas las personas paradas a apartarse lo mismo que cuando se viene encima una máquina sin gobierno y qué no se preocupa de choques con los transeúntes; a lo sumo cuando algún señor viejo, cuya existencia no admitían las jovenzuelas y cuyo contacto rehuían, escapaba con gestos de temor o indignación, precipitados o ridículos, se limitaban ellas a mirarse unas a otras, riéndose. No necesitaban afectar ningún desprecio por todo lo que no fuese su grupo, porque bastaba con su sincero desprecio. Pero no podían ver ningún obstáculo sin divertirse en saltárselo, tomando carrerilla o a pies juntos, porque estaban henchidas, rebosantes de esa juventud que es menester gastar en algo; tanto, que hasta cuando se está triste o malo, y obedeciendo más bien a las necesidades de la edad que al humor del día, no se deja pasar ocasión de dar un salto o echarse a resbalar sin aprovecharla concienzudamente, interrumpiendo así el lento paseo, sembrándolo de graciosos incidentes, en que se tocan virtuosismo y capricho, lo mismo que hace Chopin con la frase musical más melancólica. .La señora de un banquero ya muy viejo estuvo dudando en dónde colocar a su marido, y por fin lo sentó en su butaca plegable, dando cara al paseo, resguardado del aire y del sol por el quiosco de la música. Viéndolo ya bien instalado, acababa de marcharse en busca de un periódico para distraer con su lectura al esposo; estos cortos momentos en que lo dejaba solo, y que nunca duraban más de cinco minutos, cosa que a él le parecía mucho, los repetía la señora con bastante frecuencia, porque como deseaba prodigar a su viejo marido muchos cuidados y al propio tiempo disimularlos, de esa manera le daba la impresión de que aún se hallaba en estado de vivir como todo el mundo y no necesitaba protección. El quiosco de la música, al cual estaba arrimado el anciano, formaba una especie de trampolín natural y tentador; la primera muchacha de la cuadrilla echó a correr por el tablado de la música y dio un salto por encima del espantado viejo, rozándole la gorra con sus ágiles pies, todo ello con gran contentamiento de las otras muchachas, especialmente de unos ojuelos verdes pertenecientes a una cara de pepona, que expresaron ante aquel acto una admiración y alegría donde se me figuró a mí ver una cierta timidez vergonzosa y fanfarrona que no existía en las demás chiquillas. “¡Hay que ver ese pobre viejo, me da lástima, está medio cadáver va!”, dijo una de ellas con voz bronca y en tono semiirónico. Anduvieron unos pasos más y se pararon en conciliábulo, en medio del paseo, sin darse por enteradas de que estaban estorbando el paso, formando una masa irregular, compacta, insólita y vocinglera, al igual de los pájaros que se agrupan para echarse a volar; luego reanudaron su lento caminar a lo largo del paseo, dominando el mar.
Maintenant, leurs traits charmants n′étaient plus indistincts et mêlés. Je les avais répartis et agglomérés (à défaut du nom de chacune, que j′ignorais) autour de la grande qui avait sauté par dessus le vieux banquier; de la petite qui détachait sur l′horizon de la mer ses joues bouffies et roses, ses yeux verts; de celle au teint bruni, au nez droit, qui tranchait au milieu des autres; d′une autre, au visage blanc comme un uf dans lequel un petit nez faisait un arc de cercle comme un bec de poussin, visage comme en ont certains très jeunes gens; d′une autre encore, grande, couverte d′une pélerine (qui lui donnait un aspect si pauvre et démentait tellement sa tournure élégante que l′explication qui se présentait à l′esprit était que cette jeune fille devait avoir des parents assez brillants et plaçant leur amour-propre assez au-dessus des baigneurs de Balbec et de l′élégance vestimentaire de leurs propres enfants pour qu′il leur fût absolument égal de la laisser se promener sur la digue dans une tenue que de petites gens eussent jugée trop modeste); d′une fille aux yeux brillants, rieurs, aux grosses joues mates, sous un «polo» noir, enfoncé sur sa tête, qui poussait une bicyclette avec un dandinement de hanches si dégingandé, un air et employant des termes d′argot si voyous et criés si fort, quand je passai auprès d′elle (parmi lesquels je distinguai cependant la phrase fâcheuse de «vivre sa vie») qu′abandonnant l′hypothèse que la pélerine de sa camarade m′avait fait échafauder, je conclus plutôt que toutes ces filles appartenaient à la population qui fréquente les vélodromes, et devaient être les très jeunes maîtresses de coureurs cyclistes. En tous cas, dans aucune de mes suppositions, ne figurait celle qu′elles eussent pu être vertueuses. A première vue — dans la manière dont elles se regardaient en riant, dans le regard insistant de celle aux joues mates, — j′avais compris qu′elles ne l′étaient pas. D′ailleurs, ma grand-mère avait toujours veillé sur moi avec une délicatesse trop timorée pour que je ne crusse pas que l′ensemble des choses qu′on ne doit pas faire est indivisible et que des jeunes filles qui manquent de respect à la vieillesse, fussent tout d′un coup arrêtées par des scrupules quand il s′agit de plaisirs plus tentateurs que de sauter par dessus un octogénaire. Ahora ya habían dejado de ser confusas e indistintas sus encantadoras facciones. Las había yo repartido y aglomerado (a falta de nombres) alrededor de la mayor, la que saltó por encima del viejo banquero; una menudita, que destacaba sobre el fondo del mar sus carrillos frescos y llenos y sus ojos verdes; otra de tez morena y nariz muy recta, en fuerte contraste con sus compañeras; la tercera tenía la cara muy blanca, como un huevo, y la naricilla formaba un arco de círculo cual el pico de un polluelo –cara que suelen tener algunos jovencitos–; la cuarta era alta y se envolvía en una pelerina, cosa que le daba un aspecto de pobre y desmentía la elegancia de su tipo (tanto, que a mí no se me ocurrió más explicación sino que aquella muchacha debía de tener unos padres de buena posición y que ponían su amor propio muy por encima de los veraneantes de Balbec y de la elegancia del indumento de sus hijos, de modo que les era igual que la chica anduviera por el paseo vestida de una manera que hasta para gente insignificante hubiese resultado modesta); y, por último, una muchacha de mirar brillante y risueño, de mejillas llenas y sin brillo, con una especie de gorra de sport muy encasquetada; iba empujando una bicicleta con un meneo de caderas tan desmadejado, con tal facha y soltando tales vocablos de argot muy ordinarios, y a gritos, cuando pasé a su lado (sin embargo, distinguí entre sus palabras esa frase molesta de “vivir su vida”), que tuve que abandonar la hipótesis basada en la pelerina de su compañera, y llegué a la consecuencia de que esas chiquillas eran de ese público que va a los velódromos, probablemente jóvenes amigas de corredores ciclistas. Claro es que en ninguna de mis suposiciones entraba la, idea dé que fuesen muchachas decentes. A primera vista –en el insistente mirar de la que empujaba la bicicleta, en el modo que tenían de lanzarse ojeadas unas a otras riéndose– comprendí que no lo eran. Además, mi abuela había velado siempre sobre mí con tan timorata delicadeza, que yo llegué a creerme que todas las cosas que no deben hacerse forman un conjunto indivisible, y que unas muchachas que no respetan a la ancianidad es poco probable que se paren en obstáculos cuando se trate de placeres más tentadores que el de saltar por encima de un octogenario.
Individualisées maintenant, pourtant la réplique que se donnaient les uns aux autres leurs regards animés de suffisance et d′esprit de camaraderie, et dans lesquels se rallumaient d′instant en instant tantôt l′intérêt, tantôt l′insolente indifférence dont brillentt chacune, selon qu′il s′agissait de l′une de ses amies ou des passants, cette conscience aussi de se connaître entre elles assez intimement pour se promener toujours ensemble, en faisant «bande à part», mettaient entre leurs corps indépendants et séparés, tandis qu′ils s′avançaient lentement, une liaison invisible, mais harmonieuse comme une même ombre chaude, une même atmosphère, faisant d′eux un tout aussi homogène en ses parties qu′il était différent de la foule au milieu de laquelle se déroulait lentement leur cortège. Ahora ya las había individualizado; pero, sin embargo, la réplica que se daban unas a otras con los ojos, animados por un espíritu de suficiencia y compañerismo, en los que se encendía de cuando en cuando una chispa de interés o de insolente indiferencia, según se posaran en una de las amigas o en un transeúnte, y esa consciencia de conocerse con bastante intimidad para ir siempre juntas, formando “grupo aparte" creaba entre sus cuerpos separados e independientes, según iban avanzando por el paseo, un lazo invisible, pero armonioso, como una misma sombra cálida o una misma atmósfera que los envolviera, y formaba con todos ellos un todo homogéneo en sus partes y enteramente distinto de la multitud por entre la cual atravesaba calmosamente la procesión de muchachas.
Un instant, tandis que je passais à côté de la brune aux grosses joues qui poussait une bicyclette, je croisai ses regards obliques et rieurs, dirigés du fond de ce monde inhumain qui enfermait la vie de cette petite tribu, inaccessible inconnu où l′idée de ce que j′étais ne pouvait certainement ni parvenir ni trouver place. Toute occupée à ce que disaient ses camarades, cette jeune fille coiffée d′un polo qui descendait très bas sur son front, m′avait-elle vu au moment où le rayon noir émané de ses yeux m′avait rencontré. Si elle m′avait vu, qu′avais-je pu lui représenter? Du sein de quel univers me distinguait-elle? Il m′eût été aussi difficile de le dire que, lorsque certaines particularités nous apparaissent grâce au télescope, dans un astre voisin, il est malaisé de conclure d′elles que des humains y habitent, qu′ils nous voient, et quelles idées cette vue a pu éveiller en eux. Por un momento, cuando pasé junto a la muchacha carrilluda que iba empujando la bicicleta, mis miradas se cruzaron con las suyas, oblicuas y risueñas, que salían del .fondo de ese mundo inhumano en que se desarrollaba la vida de la pequeña tribu, inaccesible tierra incógnita a la que no llegaría yo nunca y en donde jamás tendría acogida la idea de mi existencia. La muchacha, que llevaba, un sombrero de punto muy encasquetado, iba muy preocupada con la conversación de sus compañeras, y yo me pregunté si es que me había visto cuando se posó en mí el negro rayo que de su mirar salía. Si me había visto, ¿qué le habría parecido yo? ¿Desde qué remoto fondo de un desconocido universo me estaba mirando? Y no supe contestarme, como no sabe uno qué pensar cuando, gracias al telescopio, se nos aparecen determinadas particularidades en un astro vecino, respecto ala posibilidad de que esté poblado y de que sus habitantes nos vean, ni de la idea que de nosotros se formen.
Si nous pensions que les yeux d′une telle fille ne sont qu′une brillante rondelle de mica, nous ne serions pas avides de connaître et d′unir à nous sa vie. Mais nous sentons que ce qui luit dans ce disque réfléchissant n′est pas dû uniquement à sa composition matérielle; que ce sont, inconnues de nous, les noires ombres des idées que cet être se fait, relativement aux gens et aux lieux qu′il connaît — pelouses des hippodromes, sable des chemins où, pédalant à travers champs et bois, m′eût entraîné cette petite péri, plus séduisante pour moi que celle du paradis persan, — les ombres aussi de la maison où elle va rentrer, des projets qu′elle forme ou qu′on a formés pour elle; et surtout que c′est elle, avec ses désirs, ses sympathies, ses répulsions, son obscure et incessante volonté. Je savais que je ne posséderais pas cette jeune cycliste si je ne possédais aussi ce qu′il y avait dans ses yeux. Et c′était par conséquent toute sa vie qui m′inspirait du désir; désir douloureux, parce que je le sentais irréalisable, mais enivrant, parce que ce qui avait été jusque-là ma vie ayant brusquement cessé d′être ma vie totale, n′étant plus qu′une petite partie de l′espace étendu devant moi que je brûlais de couvrir, et qui était fait de la vie de ces jeunes filles, m′offrait ce prolongement, cette multiplication possible de soi-même, qui est le bonheur. Et, sans doute, qu′il n′y eût entre nous aucune habitude — comme aucune idée — communes, devait me rendre plus difficile de me lier avec elles et de leur plaire. Mais peut-être aussi c′était grâce à ces différences, à la conscience qu′il n′entrait pas dans la composition de la nature et des actions de ces filles, un seul élément que je connusse ou possédasse, que venait en moi de succéder à la satiété, la soif, — pareille à celle dont brûle une terre altérée, — d′une vie que mon âme, parce qu′elle n′en avait jamais reçu jusqu′ici une seule goutte, absorberait d′autant plus avidement, à longs traits, dans une plus parfaite imbibition. Si pensáramos que los ojos de una muchacha no son más que brillantes redondeles de mica, no sentiríamos la misma avidez por conocer su vida y penetrar en ella. Pero nos damos cuenta de que lo que luce en esos discos de reflexión no proviene exclusivamente de su composición material; hay allí muchas cosas para nosotros desconocidas, negras sombras de las ideas que tiene esa persona de los seres y lugares que conoce –verdes pistas de los hipódromos, arena de los caminos, por donde me hubiese arrastrado, pedaleando a campo y a bosque traviesa, esta perimenudita, más seductora para mí que la del paraíso persa–, las sombras de la casa en donde va a penetrar ahora, los proyectos que hace o los proyectos que inspira; en esos redondeles de mica está ella, con sus deseos, sus simpatías, sus repulsiones, con su .incesante y obscura, voluntad. Así, que sabía yo que, de no poseer todo lo que en sus ojos se encerraba, nunca poseería a la joven ciclista. De suerte que lo que me inspiraba deseo era su vida entera; deseo doloroso por lo que tenía de irrealizable, pero embriagador, porque lo –que entonces había sido mi vida dejó bruscamente de ser mi vida total y se transformó en una parte mínima del espacio que se extendía ante mí y que yo ansiaba recorrer, espacio formado por la vida de esas muchachas, que me ofrecía esa prolongación y multiplicación posibles de sí mismo que constituyen la felicidad. E indudablemente la circunstancia de que no hubiera entre nosotros ninguna costumbre – ni ninguna idea– común había de hacerme más difícil el poder llegar a tratarlas y ganarme su simpatía. Pero gracias precisamente a esas diferencias, a la conciencia de que no entraba en la manera de ser en los actos de aquellas chicas un solo elemento de los que yo conocía o poseía, fué posible que en mi espíritu la saciedad se cambiara en sed –sed tan ardiente como la de la tierra seca–, sed de una vida que mi alma absorbería ávidamente, a grandes sorbos, en perfectísima imbibición, justamente porque nunca había probado una gota de esa vida.
J′avais tant regardé cette cycliste aux yeux brillants qu′elle parut s′en apercevoir et dit à la plus grande un mot que je n′entendis pas mais qui fit rire celle-ci. A vrai dire, cette brune n′était pas celle qui me plaisait le plus, justement parce qu′elle était brune, et que (depuis le jour où dans le petit raidillon de Tansonville, j′avais vu Gilberte), une jeune fille rousse à la peau dorée était restée pour moi l′idéal inaccessible. Mais Gilberte elle-même ne l′avais-je pas aimée surtout parce qu′elle m′était apparue nimbée par cette auréole d′être l′amie de Bergotte, d′aller visiter avec lui les cathédrales. Et de la même façon ne pouvais-je me réjouir d′avoir vu cette brune me regarder (ce qui me faisait espérer qu′il me serait plus facile d′entrer en relations avec elle d′abord), car elle me présenterait aux autres, à l′impitoyable qui avait sauté par-dessus le vieillard, à la cruelle qui avait dit: «Il me fait de la peine, ce pauvre vieux»; à toutes successivement, desquelles elle avait d′ailleurs le prestige d′être l′inséparable compagne. Et cependant, la supposition que je pourrais un jour être l′ami de telle ou telle de ces jeunes filles, que ces yeux dont les regards inconnus me frappaient parfois en jouant sur moi sans le savoir comme un effet de soleil sur un mur, pourraient jamais par une alchimie miraculeuse laisser transpénétrer entre leurs parcelles ineffables l′idée de mon existence, quelque amitié pour ma personne, moi-même je pourrais un jour prendre place entre elles, dans la théorie qu′elles déroulaient le long de la mer — cette supposition me paraissait enfermer en elle une contradiction aussi insoluble, que si devant quelque frise attique ou quelque fresque figurant un cortège, j′avais cru possible, moi spectateur, de prendre place, aimé d′elles, entre les divines processionnaires. Tanto miré a la ciclista de los ojos brillantes, que pareció darse cuenta y dijo a la mayor de todas una frase que la hizo reír y que yo no entendí. En verdad, esta morena no era la que más me gustaba, cabalmente por ser morena, pues (desde el día en que vi a Gilberta en el sendero de Tansonville) fué para mí el inaccesible ideal una muchacha de pelo rojo y tez dorada. Pero también a Gilberta la quise porque se me apareció con la aureola de ser amiga de Bergotte e ir con él a ver catedrales. Y lo mismo ahora tenía motivo para regocijarme porque esta morena me había mirado do cual me hacía suponer que me sería más fácil entrar en relaciones con ella primero), pues así me presentaría a las demás, a la implacable chiquilla que saltó por encima del viejo, a la otra tan cruel que dijo: “¡Me da lástima ese pobre viejo!”, a todas aquellas muchachas de cuya inseparable amistad podía gloriarse. Y, sin embargo, la suposición de que algún día podría ser amigo de una de esas muchachas, que esos ojos cuyo desconocido mirar venía hasta mí algunas veces acariciándome sin saberlo, como rayo de sol que se posa en una pared, llegasen a dejar penetrar, por milagrosa alquimia, entre sus inefables parcelas la noción de mi existencia y hasta algún afecto, de que quizá alguna vez me fuera dado estar entre ellas, formar parte de la teoría que iba desarrollándose sobre el fondo que ponía el mar, me pareció suposición absurda; suposición que contuviese en sí tina contradicción tan insoluble como si delante de un friso antiguo o de un fresco que figure el paso de una comitiva se me antojara posible el que yo, espectador, fuese a ocupar un sitio entre las divinas procesionantes, que me acogían con amor.
Le bonheur de connaître ces jeunes filles était-il donc irréalisable? Certes ce n′eût pas été le premier de ce genre auquel j′eusse renoncé. Je n′avais qu′à me rappeler, tant d′inconnues que, même à Balbec, la voiture s′éloignant à toute vitesse m′avait fait à jamais abandonner. Et même le plaisir que me donnait la petite bande noble comme si elle était composée de vierges helléniques, venait de ce qu′elle avait quelque chose de la fuite des passantes sur la route. Cette fugacité des êtres qui ne sont pas connus de nous, qui nous forcent à démarrer de la vie habituelle où les femmes que nous fréquentons finissent par dévoiler leurs tares, nous met dans cet état de poursuite où rien n′arrête plus l′imagination. Or dépouiller d′elle nos plaisirs, c′est les réduire à eux-mêmes, à rien. Offertes chez une de ces entremetteuses que, par ailleurs, on a vu que je ne méprisais pas retirées de l′élément qui leur donnait tant de nuances et de vague, ces jeunes filles m′eussent moins enchanté. Il faut que l′imagination, éveillée par l′incertitude de pouvoir atteindre son objet, crée un but qui nous cache l′autre, et en substituant au plaisir sensuel l′idée de pénétrer dans une vie, nous empêche de reconnaître ce plaisir, d′éprouver son goût véritable, de le restreindre à sa portée. La felicidad de conocer a aquellas muchachas era cosa irrealizable. Bien es verdad que no era la primera felicidad de este género a que había yo renunciado. Bastaba con recordar las muchas desconocidas que, hasta en el mismo Balbec., me había hecho dejar atrás para siempre el coche que corría a toda velocidad. Y el placer que me causaba la bandada de mocitas, noble como si estuviera compuesta de vírgenes helénicas, provenía de que tenía algo de pasajero, como las muchachas que me encontraba en los caminos. Esa fugacidad de los seres que no conocemos y que nos obligan a separarnos de la vida habitual, donde ya llegamos a saber los defectos de las mujeres que en ella tratamos, nos pone en un estado de persecución en que no –hay nada que pueda parar la imaginación. Y quitar a nuestros placeres el lado imaginativo es reducirlo a la nada. Mucho menos me hubiesen encantado esas muchachas en caso de que alguna de esas celestinas que, como ya se vió, no desdeñaba yo siempre, me las hubiera ofrecido separadas del elemento que ahora las revestía de tantos matices y tal vaguedad. Es menester que la imaginación, avivada por la incertidumbre de si podrá lograr su objeto, invente una finalidad que nos tape la otra, y substituyendo al placer sensual la idea de penetrar en una vida humana, no nos deje reconocer ese placer, saborear su verdadero gusto ni reducirlo a sus justas proporciones.
Il faut qu′entre nous et le poisson qui si nous le voyions pour la première fois servi sur une table ne paraîtrait pas valoir les mille ruses et détours nécessaires pour nous emparer de lui, s′interpose, pendant les après-midi de pêche, le remous à la surface duquel viennent affleurer, sans que nous sachions bien ce que nous voulons en faire, le poli d′une chair, l′indécision d′une forme, dans la fluidité d′un transparent et mobile azur. Es menester que entre nosotros y ese pescado, pescado que en el caso de haberlo visto por primera vez servido en una mesa no nos parecería digno de las mil artimañas y rodeos que su captura requiere, se interponga en las tardes de pesca el remolino de la superficie del agua, en el que asoman, sin que nosotros sepamos a ciencia cierta para qué nos van a servir, una carne brillante y una forma indecisa entre la fluidez de un azul móvil y transparente.
Ces jeunes filles bénéficiaient aussi de ce changement des proportions sociales caractéristiques de la vie des bains de mer. Tous les avantages qui dans notre milieu habituel nous prolongent, nous agrandissent, se trouvent là devenus invisibles, en fait supprimés; en revanche les êtres à qui on suppose indûment de tels avantages, ne s′avancent qu′amplifiés d′une étendue postiche. Elle rendait plus aisé que des inconnues et ce jour-là ces jeunes filles, prissent à mes yeux une importance énorme, et impossible de leur faire connaître celle que je pouvais avoir. A estas muchachas las favorecía también ese cambio de proporciones sociales característico de la vida de playa veraniega. Todas las preeminencias que en nuestro ambiente habitual nos sirven de prolongación y engrandecimiento se hacen invisibles ahora, se suprimen realmente, y en cambio los seres que, según suponemos nosotros, sin fundamento alguno, disfrutan de esas ventajas, se adelantan amplificados con falsa grandeza. Y por eso era muy fácil que unas desconocidas, en este caso las muchachas de la cuadrilla, adquirieran a mis ojos extraordinaria importancia y muy difícil que yo pudiese enterarlas de la importancia de mi persona.
Mais si la promenade de la petite bande avait pour elle de n′être qu′un extrait de la fuite innombrable de passantes, laquelle m′avait toujours troublé, cette fuite était ici ramenée à un mouvement tellement lent qu′il se rapprochait de l′immobilité. Or, précisément, que dans une phase aussi peu rapide, les visages non plus emportés dans un tourbillon, mais calmes et distincts, me parussent encore beaux, cela m′empêchait de croire, comme je l′avais fait si souvent quand m′emportait la voiture de Mme de Villeparisis, que, de plus près, si je me fusse arrêté un instant, tels détails, une peau grêlée, un défaut dans les ailes du nez, un regard bênet, la grimace du sourire, une vilaine taille, eussent remplacé dans le visage et dans le corps de la femme ceux que j′avais sans doute imaginés; car il avait suffi d′une jolie ligne de corps, d′un teint frais entrevu, pour que de très bonne foi j′y eusse ajouté quelque ravissante épaule, quelque regard délicieux dont je portais toujours en moi le souvenir ou l′idée préconçue, ces déchiffrages rapides d′un être qu′on voit à la volée, nous exposant ainsi aux mêmes erreurs que ces lectures trop rapides où, sur une seule syllabe et sans prendre le temps d′identifier les autres, on met à la place du mot qui est écrit, un tout différent que nous fournit notre mémoire. Il ne pouvait en être ainsi maintenant. J′avais bien regardé leurs visages; chacun d′eux je l′avais vu, non pas dans tous ses profils, et rarement de face, mais tout de même selon deux ou trois aspects assez différents pour que je pusse faire soit la rectification, soit la vérification et la «preuve» des différentes suppositions de lignes et de couleurs que hasarde la première vue, et pour voir subsister en eux, à travers les expressions successives, quelque chose d′inaltérablement matériel. Aussi, je pouvais me dire avec certitude que, ni à Paris, ni à Balbec, dans les hypothèses les plus favorables de ce qu′auraient pu être, même si j′avais pu rester à causer avec elles, les passantes qui avaient arrêté mes yeux, il n′y en avait jamais eu dont l′apparition, puis la disparition sans que je les eusse connues, m′eussent laissé plus de regrets que ne feraient celles-ci, m′eussent donné l′idée que leur amitié pût être une telle ivresse. Ni parmi les actrices, ou les paysannes, ou les demoiselles d pensionnat religieux, je n′avais rien vu d′aussi beau, imprégné d′autant d′inconnu, aussi inestimablement précieux, aussi vraisemblablement inaccessible. Elles étaient, du bonheur inconnu et possible de la vie, un exemplaire si délicieux et en si parfait état, que c′était presque pour des raisons intellectuelles que j′étais désespéré de ne pas pouvoir faire dans des conditions uniques, ne laissant aucune place à l′erreur possible, l′expérience de ce que nous offre de plus mystérieux la beauté qu′on désire et qu′on se console de ne posséder jamais, en demandant du plaisir — comme Swann avait toujours refusé de faire, avant Odette — à des femmes qu′on n′a pas désirées, si bien qu′on meurt sans avoir jamais su ce qu′était cet autre plaisir. Sans doute, il se pouvait qu′il ne fût pas en réalité un plaisir inconnu, que de près son mystère se dissipât, qu′il ne fût qu′une projection, qu′un mirage du désir. Mais, dans ce cas, je ne pourrais m′en prendre qu′à la nécessité d′une loi de la nature — qui si elle s′appliquait à ces jeunes filles, s′appliquerait à toutes — et non à la défectuosité de l′objet. Car il était celui que j′eusse choisi entre tous, me rendant bien compte, avec une satisfaction de botaniste, qu′il n′était pas possible de trouver réunies des espèces plus rares que celles de ces jeunes fleurs qui interrompaient en ce moment devant moi la ligne du flot de leur haie légère, pareille à un bosquet de roses de Pennsylvanie, ornement d′un jardin sur la falaise, entre lesquelles tient tout le trajet de l′océan parcouru par quelque steamer, si lent à glisser sur le trait horizontal et bleu qui va d′une tige à l′autre, qu′un papillon paresseux, attardé au fond de la corolle que la coque du navire a depuis longtemps dépassée, peut pour s′envoler en étant sûr d′arriver avant le vaisseau, attendre que rien qu′une seule parcelle azurée sépare encore la proue de celui-ci de la première pétale de la fleur vers laquelle il navigue. Pero si este desfile de la bandada de muchachas tenía la ventaja de ser un resumen de ese rápido pasar de mujeres fugitivas, que siempre me preocupó, en este caso el huidizo desfile se sujetaba a un ritmo tan lento que casi era inmovilidad. En una fase tan poco rápida los rostros de las muchachas no se me representaban como arrastrados por un torbellino, sino perfectamente distintos y serenos; y el hecho de que vistos así me pareciesen bellos excluía la posibilidad, posibilidad que se me ocurría muchas veces cuando veía pasar a las mozas yendo en el coche de la señora de Villeparisis, de que viéndolas más de cerca y parándome un momento viniese a descubrirse algún detalle, como la tez picada de viruelas, la conformación defectuosa de la nariz, la mirada sosa, la sonrisa desgraciada, o una cintura fea, en lugar de aquellos rasgos perfectos en la cara y el cuerpo de la mujer, que yo me había imaginado; solía ocurrirme que me bastaba con entrever una línea de cuerpo bonita o una tez fresca para que en seguida añadiese yo de muy buena fe unos hombros perfectos o una mirada deliciosa, que en realidad eran recuerdo o idea preconcebida mía, porque ese rápido descifrar de la significación de un ser que vemos al vuelo nos expone a errores idénticos a los de una lectura hecha de prisa, en la que nos basamos en una sola sílaba, sin tomarnos tiempo para reconocer las que siguen, y ponemos en lugar de la palabra realmente escrita otra que nos brinda nuestra memoria. Pero ahora no podía ocurrir lo mismo. Me había fijado muy bien en sus rostros, y aunque no los vi en todos sus posibles perfiles y no se me presentaron de cara sino rara vez, pude coger de cada uno de ellos dos o tres aspectos lo bastante distintos para poder hacer, o bien la rectificación, o bien la verificación y prueba de las diferentes suposiciones de líneas y colores que arriesgué a primera vista; y observé que subsistía en ellos a través de las expresiones sucesivas una inalterable materialidad. Así, que pude decirme con toda seguridad que ni aun en el caso de las más favorables hipótesis respecto a lo que hubieran podido ser, si yo hubiese logrado pararme a hablar con ellas, las mujeres fugitivas que me llamaban la atención en París o en Balbec, ninguna me había inspirado con su aparición, y en seguida con su desaparición sin darme lugar a conocerla, la misma nostalgia que tras sí me dejarían estas muchachas, y con ninguna de ellas se me ocurrió que su amistad fuera cosa tan embriagadora. Ni entre las actrices, ni entre las mozas del campo, ni entre las pensionistas de los colegios de monjas vi yo nunca nada tan bello, tan hondamente empapado de vida desconocida, tan inestimablemente precioso, tan verosímilmente inaccesible. Eran un ejemplar delicioso y en perfecto estado de la felicidad desconocida y posible de la vida; tanto, que casi fué por razones intelectuales por lo que me desesperé de miedo a no poder hacer en condiciones únicas, sin dejar posibilidad al error, la experiencia del máximo misterio que nos ofrece la belleza que deseamos; belleza que se consuela uno de no poseer nunca yendo a pedir placer –como Swann se negó siempre a hacer, antes de Odette–– a mujeres que no se desean, de manera que llega la muerte sin que sepamos a qué sabía el placer deseado. Podía ocurrir que en realidad tal placer no fuese un placer desconocido, que visto de cerca se disipara su misterio, y que sólo fuera proyección y espejismo del deseo. Pero si eso era cierto habría que atribuirlo a la necesidad de una ley de la naturaleza –que en el caso de aplicarse a estas muchachas se aplicaría igualmente a todas las del mundo–, pero no a lo defectuoso del objeto. Objeto que yo hubiera escogido entre otros muchos, pues me daba perfecta cuenta, con satisfacción de botánico, de que era imposible encontrar juntas especies más raras que las de estas flores tempranas que interrumpían en este momento, delante de mí, la línea del mar formando leve valladar que parecía hecho con rosales de Pensilvania que sirven de exorno a un jardín puesto en la brava ribera marina; a través de esos rosales se ve toda la extensión de océano que recorre un steamer deslizándose lentamente por la, raya azul y horizontal que va de tallo a tallo de rosal, y tan despacio marcha el barco, que esta mariposa que se quedó entre los pétalos de una flor que ya dejó atrás el navío puede esperar tranquilamente a que sólo la separe de la flor siguiente una parcela azul para echarse a volar en la seguridad de que llegará antes que el vapor.
Je rentrai parce que je devais aller dîner à Rivebelle avec Robert et que ma grand′mère exigeait qu′avant de partir, je m′étendisse ces soirs-là pendant une heure sur mon lit, sieste que le médecin de Balbec m′ordonna bientôt d′étendre à tous les autres soirs. Volví al hotel; aquel día tenía que ir a cenar a Rivebelle con Roberto, y mi abuela me exigía las noches que cenaba fuera que me estuviese una hora echado en mi cama antes de salir; luego, el médico de Balbec me ordenó que esta siesta fuese diaria.
D′ailleurs, il n′y avait même pas besoin pour rentrer de quitter la digue et de pénétrer dans l′hôtel par le hall, c′est-à-dire par derrière. En vertu d′une avance comparable à celle du samedi où à Combray on déjeunait une heure plus tôt, maintenant avec le plein de l′été les jours étaient devenus si longs que le soleil était encore haut dans le ciel, comme à une heure de goûter, quand on mettait le couvert pour le dîner au Grand-Hôtel de Balbec. Aussi les grandes fenêtres vitrées et à coulisses, restaient-elles ouvertes de plain-pied avec la digue. Je n′avais qu′à enjamber un mince cadre de bois pour me trouver dans la salle à manger que je quittais aussitôt pour prendre l′ascenseur. Aunque en realidad no era menester salir del paseo del dique y penetrar en el hotel por el hall, esto es, por la parte de detrás. Porque ahora, por ser pleno verano, y gracias a un adelanto comparable a los sábados de Combray, en que almorzábamos una hora antes, los días eran tan largos que el sol estaba aún bien alto, como en hora de merienda, cuando empezaban a poner las mesas de la cena en el Gran Hotel de Balbec. De suerte que los grandes ventanales del comedor, que daban al paseo del dique, estaban abiertos por completo hasta el suelo, y con levantar un poco el pie para saltar el reborde de madera de la ventana ya estaba en el comedor; lo atravesaba y me metía en el ascensor.
En passant devant le bureau j′adressai un sourire au directeur et sans l′ombre de dégoût, en recueillis un dans sa figure que, depuis que j′étais à Balbec, mon attention compréhensive injectait et transformait peu à peu comme une préparation d′histoire naturelle. Ses traits m′étaient devenus courants, chargés d′un sens médiocre, mais intelligible comme une écriture qu′on lit et ne ressemblaient plus en rien à ces caractères bizarres, intolérables que son visage m′avait présentés ce premier jour où j′avais vu devant moi un personnage maintenant oublié, ou si je parvenais à l′évoquer méconnaissable, difficile à identifier avec la personnalité insignifiante et polie dont il n′était que la caricature, hideuse et sommaire. Sans la timidité ni la tristesse du soir de mon arrivée, je sonnai le lift qui ne restait plus silencieux pendant que je m′élevais à côté de lui dans l′ascenseur, comme dans une cage thoracique mobile qui se fût déplacée le long de la colonne montante, mais me répétait: Al pasar por delante de la dirección dirigía. yo una sonrisa al director; recogía otra correspondiente en su rostro, sin sentir ya ni sombra de desagrado, porque desde que estaba en Balbec mi atención comprensiva había ido inyectándose poco a poco en aquella cara y transformándola como una preparación de historia natural. Sus rasgos fisonómicos eran ya para mí cosa corriente, se habían cargado de significación, mediocre sí, pero inteligible como letra que ya no se parecía a aquellos caracteres raros intolerables, que me presentó su rostro aquel primer día en que vi delante de mí a un personaje ya olvidado; personaje que cuando surgía al conjuro de mi evocación era ya desconocido y dificilísimo de identificar con la, personalidad insignificante y, pulida a la que servía de caricatura sumaria y deforme. Ya sin aquella timidez y tristeza de la noche de mi llegada al hotel hacía sonar el timbre del lift; y ahora el muchacho del ascensor no permanecía silencioso mientras que iba subiendo a su lado, como en una caja torácica móvil que corriera a lo largo de la columna, sino que me repetía:
«Il n′y a plus autant de monde comme il y a un mois. On va commencer à s′en aller, les jours baissent.» Il disait cela, non que ce fût vrai, mais parce qu′ayant un engagement pour une partie plus chaude de la côte, il aurait voulu que nous partîmes tous le plus tôt possible afin que l′hôtel fermât et qu′il eût quelques jours à lui, avant de «rentrer» dans sa nouvelle place. Rentrer et «nouvelle» n′étaient du reste pas des expressions contradictoires car, pour le lift, «rentrer» était la forme usuelle du verbe entier. La seule chose qui m′étonnât était qu′il condescendît à dire «place», car il appartenait à ce prolétariat moderne qui désire effacer dans le langage la trace du régime de la domesticité. Du reste, au bout d′un instant, il m′apprit que dans la «situation» où il allait «rentrer», il aurait une plus jolie «tunique» et un meilleur «traitement»; les mots «livrée» et «gages» lui paraissaient désuets et inconvenants. Et comme par une contradiction absurde, le vocabulaire a, malgré tout, chez les «patrons», survécu à la conception de l′inégalité, je comprenais toujours mal ce que me disait le lift. Ainsi la seule chose qui m′intéressât était de savoir si ma grand′mère était à l′hôtel. Or, prévenant mes questions, le lift me disait: «Cette dame vient de sortir de chez vous.» J′y étais toujours pris, je croyais que c′était ma grand-mère. «Non, cette dame qui est je crois employée chez vous.» Comme dans l′ancien langage bourgeois, qui devrait bien être aboli, une cuisinière ne s′appelle pas une employée, je pensais un instant: «Mais il se trompe nous ne possédons ni usine, ni employés.» Tout d′un coup, je me rappelais que le nom d′employé est comme le port de la moustache pour les garçons de café, une satisfaction d′amour-propre donnée aux domestiques et que cette dame qui venait de sortir était Françoise (probablement en visite à la caféterie ou en train de regarder coudre la femme de chambre de la dame belge), satisfaction qui ne suffisait pas encore au lift car il disait volontiers en s′apitoyant sur sa propre classe «chez l′ouvrier ou chez le petit» se servant du même singulier que Racine quand il dit: «le pauvre . . . ». Mais d′habitude, car mon zèle et ma timidité du premier jour étaient loin, je ne parlais plus au lift. C′était lui maintenant qui restait sans recevoir de réponses dans la courte traversée dont il filait les nuds à travers l′hôtel, évidé comme un jouet et qui déployait autour de nous, étage par étage, ses ramifications de couloirs dans les profondeurs desquels la lumière se veloutait, se dégradait, amincissait les portes de communication ou les degrés des escaliers intérieurs qu′elle convertissait en cette ambre dorée, inconsistante et mystérieuse comme un crépuscule, où Rembrandt découpe tantôt l′appui d′une fenêtre ou la manivelle d′un puits. Et à chaque étage une lueur d′or reflétée sur le tapis annonçait le coucher du soleil et la fenêtre des cabinets. “Ya no hay tanta gente como hace un mes. Empiezan ya a marcharse; los días van acortándose”. Y decía eso no porque fuese verdad, sino porque tenía una colocación en un hotel de un lugar más cálido de la costa, y su deseo habría sido que nos marcháramos todos para que así el hotel tuviera que cerrarse y le quedaran unos días de holganza antes de seguir en su nueva colocación. “Seguir” y “nueva” no eran en su lenguaje expresiones contradictorias, porque para él “seguir” era la forma usual del verbo empezar. Lo único que me extrañó es que tuviese la condescendencia de decir “colocación”, porque pertenecía a ese moderno proletariado que aspira a borrar en el habla toda huella de domesticidad. Pero en seguida me anunció que en el “empleo” en que iba a “seguir” tendría mejor traje y paga; y es que las palabras “uniforme” y “salario” le parecían anticuadas y poco discretas. Y como, por un caso de absurda contradicción, el vocabulario ha sobrevivido, a pesar de todo, en el ánimo de los “patronos” a la concepción de la desigualdad social, resultaba que yo siempre entendía de mala manera lo que me decía el lift. Lo que yo quería saber es si mi abuela estaba en el hotel. Y ya antes de que le preguntara nada, me decía el muchacho: “Esa señora acaba de salir de su cuarto”. Yo nunca caía en la cuenta y me figuraba que se refería a mi abuela. “No, esa señora que está empleada en casa de ustedes.” Como en el antiguo lenguaje burgués, que por lo visto debía de estar ya abolido, una cocinera no se denomina empleada, yo me paraba un momento a pensar: “Se ha equivocado, porque nosotros no tenemos ni fábrica ni empleados” De pronto se me venía alas mientes que el nombre de empleado es lo mismo que el bigote para los camareros de café: una satisfacción de amor propio que se da a los criados, y que esa señora que acababa de salir era Francisca (que probablemente habría ido a visitar al cafetero o a ver coser a la doncella de la señora belga); esa satisfacción aún no le parecía bastante al chico del lift, porque solía decir de la gente de su clase y edad, con tono de compasión “el obrero, el chico”, empleando el mismo singular colectivo que Racine cuando dice: “el pobre”. Pero, por lo general, como ya habían desaparecido la timidez y el deseo de agradar que sentí el primer día, ya no hablaba al lift. Y ahora él es el que se quedaba sin contestación durante aquella corta travesía, cuyos nudos tenía que ir filando, a través del hotel, hueco como un juguete, o que desplegaba a nuestro alrededor, o piso a piso, sus ramificaciones de pasillos; y allá al fondo la luz se aterciopelaba, se rebajaba, quitaba materialidad a las puertas de comunicación y a los escalones de las escaleras interiores, que convertía en un ámbar dorado inconsistente y misterioso, como uno de esos crepúsculos en que Rembrandt recorta el antepecho de una ventana o la cigüeñuela de un pozo. Y en cada piso un resplandor áureo en la alfombra del ascensor anunciaba la puesta de sol y las ventanas de los retretes.
Je me demandais si les jeunes filles que je venais de voir habitaient Balbec et qui elles pouvaient être. Quand le désir est ainsi orienté vers une petite tribu humaine qu′il sélectionne, tout ce qui peut se rattacher à elle devient motif d′émotion, puis de rêverie. J′avais entendu une dame dire sur la digue: «C′est une amie de la petite Simonet» avec l′air de précision avantageuse de quelqu′un qui explique: «C′est le camarade inséparable du petit La Rochefoucauld.» Et aussitôt on avait senti sur la figure de la personne à qui on apprenait cela une curiosité de mieux regarder la personne favorisée qui était «amie de la petite Simonet». Un privilège assurément qui ne paraissait pas donné à tout le monde. Car l′aristocratie est une chose relative. Et il y a des petits trous pas cher où le fils d′un marchand de meubles est prince des élégances et règne sur une cour comme un jeune prince de Galles. J′ai souvent cherché depuis à me rappeler comment avait résonné pour moi sur la plage, ce nom de Simonet, encore incertain alors dans sa forme que j′avais mal distinguée, et aussi quant à sa signification, à la désignation par lui de telle personne, ou peut-être de telle autre; en somme empreint de ce vague et de cette nouveauté si émouvants pour nous dans la suite, quand ce nom dont les lettres sont à chaque seconde plus profondément gravées en nous par notre attention incessante, est devenu (ce qui ne devait arriver pour moi, à l′égard de la petite Simonet, que quelques années plus tard) le premier vocable que nous retrouvions, soit au moment du réveil, soit après un évanouissement, même avant la notion de l′heure qu′il est, du lieu où nous sommes, presque avant le mot «je», comme si l′être qu′il nomme était plus nous que nous-même, et si après quelques moments d′inconscience, la trêve qui expire avant toute autre, est celle pendant laquelle on ne pensait pas à lui. Je ne sais pourquoi je me dis dès le premier jour que le nom de Simonet devait être celui d′une des jeunes filles, je ne cessai plus de me demander comment je pourrais connaître la famille Simonet; et cela par des gens qu′elle jugeât supérieurs à elle-même ce qui ne devait pas être difficile si ce n′étaient que de petites grues du peuple, pour qu′elle ne pût avoir une idée dédaigneuse de moi. Car on ne peut avoir de connaissance parfaite, on ne peut pratiquer l′absorption complète de qui vous dédaigne, tant qu′on n′a pas vaincu ce dédain. Or, chaque fois que l′image de femmes si différentes pénètre en nous, à moins que l′oubli ou la concurrence d′autres images ne l′élimine, nous n′avons de repos que nous n′ayons converti ces étrangères en quelque chose qui soit pareil à nous, notre âme étant à cet égard douée du même genre de réaction et d′activité que notre organisme physique, lequel ne peut tolérer l′immixtion dans son sein d′un corps étranger sans qu′il s′exerce aussitôt à digérer et assimiler l′intrus, la petite Simonet devait être la plus jolie de toutes — celle, d′ailleurs, qui, me semblait-il, aurait pu devenir ma maîtresse, car elle était la seule qui à deux ou trois reprises détournant à demi la tête, avait paru prendre conscience de mon fixe regard. Je demandai au lift s′il ne connaissait pas à Balbec, des Simonet. N′aimant pas à dire qu′il ignorait quelque chose, il répondit qu′il lui semblait avoir entendu causer de ce nom-là. Arrivé au dernier étage, je le priai de me faire apporter les dernières listes d′étrangers. Me preguntaba yo si las muchachas que acababa de ver vivirían en Balbec y quiénes serían. Cuando el deseo se orienta así hacia una pequeña tribu humana que uno ha seleccionado, todo lo que a ella se refiere viene a convertirse en motivo de emoción, y más luego, en motivo de ensoñaciones. Había yo oído decir en el paseo a una señora: “Es una amiga de la chica de Simonet”, con el mismo tono de presuntuosa precisión de una persona que dijese: “Es un camarada inseparable del chico de La Rochefoucauld”. Y en seguida se advirtió en la cara de la señora a quien se dirigían estas palabras la curiosidad y el deseo de mirar con mayor atención a la favorecida persona que era “amiga de la chica de Simonet”. Privilegio este que de seguro no se concedía a todo el mundo. Porque la aristocracia es una cosa relativa. Y hay huequecitos que no cuestan mucho donde el hijo de un mueblista es príncipe de elegancias y tiene su corte como un joven príncipe de Gales. Más adelante he hecho muchas veces por acordarme de cómo resonó para mí en la playa, al oírlo por primera vez, ese nombre de Simonet, incierto aún en su forma, que yo no distinguía bien, y también en su significación, en la posibilidad de que designara a una o a otra persona; teñido, en suma, con un tono de vaguedad y cosa nueva que luego, en el porvenir, nos habrá de conmover al recordarlo, porque ese nombre, cuyas letras se van grabando segundo a segundo, y cada vez más profundamente en nosotros, por obra de la incesante atención, llegará a ‘convertirse (con el de la chica de Simonet no me ocurrió eso hasta años más tarde) en el primer vocablo que encontremos en el momento del despertar o al recobrar mientes después de un desmayo, antes aún de la noción de la hora que sea y del luigar en que nos hallemos, antes de la palabra “yo”, corno si el, ser que designa ese nombre fuese más que nosotros mismos y como si después de un momento de inconsciencia esa tregua que acaba de expirar significara ante todo unos instantes en que dejamos de pensar en el nombre ese. No sé por qué desde el primer día se me antojó que alguna de esas muchachas debía de llamarse Simonet, y estaba siempre pensando en cómo podría llegar a conocer a la familia Simonet; y a conocerla por medio de alguna persona que ellos juzgaran superior, cosa no muy difícil si eran chiquillas fáciles de clase pobre, como yo suponía, con objeto de que no se formara de mí una idea desdeñosa. Porque no es posible llegar al conocimiento perfecto ni practicar la absorción completa de un ser que nos desdeña mientras no hayamos vencido ese desdén. Y cada vez que penetran en nuestro ánimo las imágenes de mujeres tan distintas ya no tenemos punto de reposo, a no ser que el olvido o la competencia de otras imágenes no las elimine, hasta que convirtamos a esas mujeres extrañas en algo parecido a nosotros mismos, porque nuestra alma tiene en estas cosas la misma facultad de reacción y actividad que el organismo físico, el cual no puede tolerar la intromisión en su seno de un cuerpo extraño sin intentar inmediatamente la digestión y asimilación del intruso; así, me figuraba yo que la pequeña Simonet debió de ser la más guapa de todas, y, además, la que acaso llegara alguna vez a querida mía, porque ella fué la única que se dió por enterada de la fijeza de mis miradas y medio volvió la cabeza por dos o tres, veces. Pregunté al lift si no conocía a algunos Simonet en Balbec. Como no le gustaba confesar que ignoraba ninguna cosa respondió que le parecía haber oído hablar de ese nombre. Cuando llegué al último piso le dije que me hiciera el favor de traerme las lisias últimas de las personas llegadas al hotel.
Je sortis de l′ascenseur, mais au lieu d′aller vers ma chambre je m′engageai plus avant dans le couloir, car à cette heure-là le valet de chambre de l′étage, quoiqu′il craignît les courants d′air, avait ouvert la fenêtre du bout, laquelle regardait, au lieu de la mer, le côté de la colline et de la vallée, mais ne les laissait jamais voir, car ses vitres, d′un verre opaque, étaient le plus souvent fermées. Je m′arrêtai devant elle en une courte station et le temps de faire mes dévotions à la «vue» que pour une fois elle découvrait au delà de la colline à laquelle était adossé l′hôtel et qui ne contenait qu′une maison posée à quelque distance mais à laquelle la perspective et la lumière du soir en lui conservant son volume donnait une ciselure précieuse et un écrin de velours comme à une de ces architectures en miniature, petit temple ou petite chapelle d′orfèvrerie et d′émaux qui servent de reliquaires et qu′on n′expose qu′à de rares jours à la vénération des fidèles. Mais cet instant d′adoration avait déjà trop duré, car le valet de chambre qui tenait d′une main un trousseau de clefs et de l′autre me saluait en touchant sa calotte de sacristain, mais sans la soulever à cause de l′air pur et frais du soir, venait refermer comme ceux d′une châsse les deux battants de la croisée et dérobait à mon adoration le monument réduit et la relique d′or. J′entrai dans ma chambre. Au fur et à mesure que la saison s′avança, changea le tableau que j′y trouvais dans la fenêtre. D′abord il faisait grand jour, et sombre seulement s′il faisait mauvais temps; alors, dans le verre glauque et qu′elle boursoufflait de ses vagues rondes, la mer, sertie entre les montants de fer de ma croisée comme dans les plombs d′un vitrail, effilochait sur toute la profonde bordure rocheuse de la baie des triangles empennés d′une immobile écume linéamentée avec la délicatesse d′une plume ou d′un duvet dessinés par Pisanello, et fixés par cet émail blanc, inaltérable et crémeux qui figure une couche de neige dans les verreries de Gallé. Salí del ascensor; pero en vez de encaminarme a mi cuarto seguí por el pasillo, porque a esta hora el criado del piso, aunque tenía miedo a las corrientes de aire, dejaba abierta la ventana que se abría al fondo del corredor; esta ventana no daba al mar, sino al valle y la colina, pero como casi siempre estaba cerrada y los cristales eran esmerilados no dejaba ver el paisaje. Hice estación por un momento delante de la ventana, rindiendo la devoción debida a la “vista”, que por una vez me descubría, más allá de ‘a colina a la que estaba adosado el hotel; en dicha colina no había más que una casita plantada a cierta distancia, y a esta hora la perspectiva y la luz de anochecido, sin quitarle nada de su volumen, la cincelaban preciosamente y le prestaban aterciopelado estuche, como uno de esos edificios en miniatura, templo o capillita de orfebrería y esmalte, que sirven de relicarios y que sólo se exponen a la veneración de los fieles en raras ocasiones. Pero ya había durado mucho ese instante de adoración, porque el criado que tenía en una mano un manojo de llaves y se llevaba la otra, para saludarme, a su casquete de sacristán., pero sin quitárselo, por causa del aire fresco de la noche, venía ya a cerrar las dos hojas de la ventana como quien cierra las dos hojas de un relicario y arrebataba así a mi adoración el reducido monumento y la áurea reliquia. Entraba yo en mi cuarto. Según se adelantaba el verano iba cambiando el cuadro que me encontraba en el balcón. A lo primero era aún de día y la habitación estaba muy clara, a no ser que estuviese nublado; entonces, en el glauco cristal, ampulosamente repleto de hinchadas olas, el mar, engastado en la armadura de hierro de la cristalería como entre los plomos de una vidriera, deshilachaba en toda la rocosa, orla de la bahía triángulos adornados de inmóvil espuma delineada con la finura de pluma o plumón salidos del lápiz de Pisanello, triángulos que parecían como solidificados en ese esmalte blanco, inalterable y espeso que figura una capa de nieve en los trabajos de vidriería de Gallé.
Bientôt les jours diminuèrent et au moment où j′entrais dans la chambre, le ciel violet semblait stigmatisé par la figure raide, géométrique, passagère et fulgurante du soleil (pareille à la représentation de quelque signe miraculeux, de quelque apparition mystique), s′inclinait vers la mer sur la charnière de l′horizon comme un tableau religieux au-dessus du maître-autel, tandis que les parties différentes du couchant exposées dans les glaces des bibliothèques basses en acajou qui couraient le long des murs et que je rapportais par la pensée à la merveilleuse peinture dont elles étaient détachées, semblaient comme ces scènes différentes que quelque maître ancien exécuta jadis pour une confrérie sur une châsse et dont on exhibe à côté les uns des autres dans une salle de musée les volets séparés que l′imagination seule du visiteur remet à leur place sur les prédelles du retable. Quelques semaines plus tard, quand je remontais, le soleil était déjà couché. Pareille à celle que je voyais à Combray au-dessus du Calvaire à mes retours de promenade et quand je m′apprêtais à descendre avant le dîner à la cuisine, une bande de ciel rouge au-dessus de la mer compacte et coupante comme de la gelée de viande, puis bientôt sur la mer déjà froide et bleue comme le poisson appelé mulet, le ciel du même rose qu′un de ces saumons que nous nous ferions servir tout à l′heure à Rivebelle ravivaient le plaisir que j′allais avoir à me mettre en habit pour partir dîner. Sur la mer, tout près du rivage, essayaient de s′élever, les unes par-dessus les autres, à étages de plus en plus larges, des vapeurs d′un noir de suie mais aussi d′un poli, d′une consistance d′agate, d′une pesanteur visible, si bien que les plus élevées penchant au-dessus de la tige déformée et jusqu′en dehors du centre de gravité de celles qui les avaient soutenues jusqu′ici, semblaient sur le point d′entraîner cet échafaudage déjà à demi-hauteur du ciel et de le précipiter dans la mer. La vue d′un vaisseau qui s′éloignait comme un voyageur de nuit me donnait cette même impression que j′avais eue en wagon, d′être affranchi des nécessités du sommeil et de la claustration dans une chambre. D′ailleurs je ne me sentais pas emprisonné dans celle où j′étais puisque dans une heure j′allais la quitter pour monter en voiture. Je me jetais sur mon lit; et, comme si j′avais été sur la couchette d′un des bateaux que je voyais assez près de moi et que la nuit on s′étonnerait de voir se déplacer lentement dans l′obscurité, comme des cygnes assombris et silencieux mais qui ne dorment pas, j′étais de tous côtés entouré des images de la mer. Pronto fueron acortándose los días, y en el momento de entrar en mi habitación el cielo violeta parecía como estigmatizado por la imagen rígida, geométrica, pasajera y fulgurante del sol (igual que si representase algún signo milagroso o aparición mística), y se inclinaba hacia el mar girando sobre la charnela del horizonte como un cuadro religioso colgado encima del altar mayor; mientras las partes diferentes del crepúsculo se exponían en los espejos de las librerías de caoba que corrían a lo largo de las paredes, y yo las refería con el pensamiento a la maravillosa pintura de la que parecían haberse desprendido, como esas diversas escenas que ejecutó un pintor primitivo para una hermandad en un relicario, y que ahora se exhiben en una sala de museo en tablas separadas, que sólo el visitante puede, a fuerza de imaginación, colocar en su sitio, en la predela del retablo. Unas semanas más tarde, al subir a mi cuarto, el sol ya se había puesto. Por encima del mar, compacto y recortado como una gelatina, había una franja de cielo rojo, semejante a la que veía yo en Combray extenderse sobre el Calvario cuando tornaba de mi paseo y me disponía a bajar a la cocina antes de cenar, y un momento después, sobre el mar frío y azulado como ese pescado que llaman mújol, el cielo, del mismo tono rosado que el salmón que habrían de servirnos poco después en Rivebelle, avivaba el placer que yo sentía al vestirme de frac para ir a cenar fuera. En el mar, y muy cerca de la orilla, se afanaban por elevarse unos encima de otros, a capas cada vez más anchas, vapores de un negro de hollín, pero con bruñido y consistencia de ágata, y que parecían pesar mucho; tanto, que los que estaban más altos se desviaban ya del tallo deforme y hasta del centro de gravedad que formaban –las capas que les servían de sostén, y parecía como que iban a arrastrar toda aquella armazón, que ya llegaba a la mitad del cielo, y a precipitarla en el mar. Veía un barco que iba alejándose como nocturno viajero, y eso me daba la misma impresión, que ya tuve en el tren, de estar liberado de las necesidades del sueño y del encierro en una habitación. Aunque en realidad no me sentía yo prisionero en mi cuarto, puesto que dentro de una hora iba a salir de él para montar en el coche. Me echaba en la cama, y me veía rodeado por todas partes de imágenes del mar, como si estuviese en la litera de uno de esos barcos que pasaban cerca de mí, de esos barcos que luego, por la noche, nos asombrarían con la visión de su lenta marcha por el seno de la obscuridad, como cisnes silenciosos y sombríos, pero bien despiertos.
Mais bien souvent ce n′était, en effet, que des images; j′oubliais que sous leur couleur se creusait le triste vide de la plage, parcouru par le vent inquiet du soir, que j′avais si anxieusement ressenti à mon arrivée à Balbec; d′ailleurs, même dans ma chambre, tout occupé des jeunes filles que j′avais vu passer, je n′étais plus dans des dispositions assez calmes ni assez désintéressées pour que pussent se produire en moi des impressions vraiment profondes de beauté. L′attente du dîner à Rivebelle rendait mon humeur plus frivole encore et ma pensée, habitant à ces moments-là la surface de mon corps que j′allais habiller pour tâcher de paraître le plus plaisant possible aux regards féminins qui me dévisageraient dans le restaurant illuminé, était incapable de mettre de la profondeur derrière la couleur des choses. Et si, sous ma fenêtre, le vol inlassable et doux des martinets et des hirondelles n′avait pas monté comme un jet d′eau, comme un feu d′artifice de vie, unissant l′intervalle de ses hautes fusées par la filée immobile et blanche de longs sillages horizontaux, sans le miracle charmant de ce phénomène naturel et local qui rattachait à la réalité les paysages que j′avais devant les yeux, j′aurais pu croire qu′ils n′étaient qu′un choix, chaque jour renouvelé, de peintures qu′on montrait arbitrairement dans l′endroit où je me trouvais et sans qu′elles eussent de rapport nécessaire avec lui. Une fois c′était une exposition d′estampes japonaises: à côté de la mince découpure de soleil rouge et rond comme la lune, un nuage jaune paraissait un lac contre lequel des glaives noirs se profilaient ainsi que les arbres de sa rive, une barre d′un rose tendre que je n′avais jamais revu depuis ma première boîte de couleurs s′enflait comme un fleuve sur les deux rives duquel des bateaux semblaient attendre à sec qu′on vînt les tirer pour les mettre à flot. Et avec le regard dédaigneux, ennuyé et frivole d′un amateur ou d′une femme parcourant, entre deux visites mondaines, une galerie, je me disais: «C′est curieux ce coucher de soleil, c′est différent, mais enfin j′en ai déjà vu d′aussi délicats, d′aussi étonnants que celui-ci.» J′avais plus de plaisir les soirs où un navire absorbé et fluidifié par l′horizon tellement de la même couleur que lui, ainsi que dans une toile apparaissait impressionniste, qu′il semblait aussi de la même matière, comme si on n′eût fait que découper son avant, et les cordages en lesquels elle s′était amincie et filigranée dans le bleu vaporeux du ciel. Parfois l′océan emplissait presque toute ma fenêtre, surélevée qu′elle était par une bande de ciel bordée en haut seulement d′une ligne qui était du même bleu que celui de la mer, mais qu′à cause de cela je croyais être la mer encore et ne devant sa couleur différente qu′à un effet d′éclairage. Un autre jour la mer n′était peinte que dans la partie basse de la fenêtre dont tout le reste était rempli de tant de nuages poussés les uns contre les autres par bandes horizontales, que les carreaux avaient l′air par une préméditation ou une spécialité de l′artiste, de présenter une «étude de nuages», cependant que les différentes vitrines de la bibliothèque montrant des nuages semblables mais dans une autre partie de l′horizon et diversement colorés par la lumière, paraissaient offrir comme la répétition, chère à certains maîtres contemporains, d′un seul et même effet, pris toujours à des heures différentes mais qui maintenant avec l′immobilité de l′art pouvaient être tous vus ensemble dans une même pièce, exécutés au pastel et mis sous verre. Et parfois sur le ciel et la mer uniformément gris, un peu de rose s′ajoutait avec un raffinement exquis, cependant qu′un petit papillon qui s′était endormi au bas de la fenêtre semblait apposer avec ses ailes au bas de cette «harmonie gris et rose» dans le goût de celles de Whistler, la signature favorite du maître de Chesca. Le rose même disparaissait, il n′y avait plus rien à regarder. Je me mettais debout un instant et avant de m′étendre de nouveau je fermais les grands rideaux. Au-dessus d′eux, je voyais de mon lit la raie de clarté qui y restait encore, s′assombrissant, s′amincissant progressivement, mais c′est sans m′attrister et sans lui donner de regret que je laissais ainsi mourir au haut des rideaux l′heure où d′habitude j′étais à table, car je savais que ce jour-ci était d′une autre sorte que les autres, plus long comme ceux du pôle que la nuit interrompt seulement quelques minutes; je savais que de la chrysalide de ce crépuscule se préparait à sortir, par une radieuse métamorphose, la lumière éclatante du restaurant de Rivebelle. Je me disais: «Il est temps»; je m′étirais, sur le lit, je me levais, j′achevais ma toilette; et je trouvais du charme à ces instants inutiles, allégés de tout fardeau matériel, où tandis qu′en bas les autres dînaient, je n′employais les forces accumulées pendant l′inactivité de cette fin de journée qu′à sécher mon corps, à passer un smoking, à attacher ma cravate, à faire tous ces gestes que guidait déjà le plaisir attendu de revoir cette femme que j′avais remarquée la dernière fois à Rivebelle, qui avait paru me regarder, n′était peut-être sortie un instant de table que dans l′espoir que je la suivrais; c′est avec joie que j′ajoutais à moi tous ces appâts pour me donner entier et dispos à une vie nouvelle, libre, sans souci, où j′appuierais mes hésitations au calme de Saint-Loup et choisirais entre les espèces de l′histoire naturelle et les provenances de tous les pays, celles qui, composant les plats inusités, aussitôt commandés par mon ami, auraient tenté ma gourmandise ou mon imagination. Y muchas veces, en efecto, no eran más que imágenes, porque yo me olvidaba de que por detrás de esos colores no había sino el triste vacío de la playa, barrida por ese viento inquiete de la noche que con tanta ansia sentí el día de mi llegada a Balbec; además, preocupado con la idea de las muchachas que vi pasar, ni siquiera allí en mi cuarto me sentía en disposición lo bastante tranquila y desinteresada para que pudiesen producirse en mi alma impresiones de belleza verdaderamente hondas. Con la espera de la cena en Rivebelle aun estaba de humor más frívolo y mi pensamiento residía en esos momentos en la superficie de mi cuerpo, el cuerpo que iba a vestir en seguida con objeto de que pareciese lo más agradable posible a las miradas femeninas que en mí se posaran en el iluminado restaurante; de modo que era incapaz de poner profundidad alguna tras los colores de las cosas. Y si no hubiera sido porque allí al pie de mi ventana el suave e incansable revuelo de vencejos y golondrinas se lanzaba como un surtidor, como un vivo fuego artificial, rellenando el intervalo de eso altos cohetes con la hilazón inmóvil y blanca de las largas estelas horizontales; sí no hubiera sido por el delicioso milagro de este fenómeno natural y local, que enlazaba con la realidad los paisajes que ante mi vista tenía, se me habría podido figurar que no eran otra cosa tos tales paisajes que una colección de cuadros, que se cambiaban a diario, expuestos por capricho en el lugar donde yo me hallaba y sin ninguna relación necesaria con él. A veces era una exposición de estampas japonesas; junto a la delgada oblea del sol, rojo y redondo como la luna, una nube amarilla semejaba un lago, y destacándose contra ella, cual si ‘fuesen árboles plantados en la orilla del imaginario lago, había unas espadañas negras; una barra de un rosa suave, tal como no la viera yo desde mi primera caja de pinturas, se inflaba a modo de río, y en sus riberas había unos barquitos que parecían estar en seco esperando que viniesen a tirar de ellos para ponerlas a flote. Y con el mirar desdeñoso, aburrido y frívolo de un aficionado o de una damisela que recorre entre dos visitas mundanas una galería de pintura, me decía yo: “Es curiosa la puesta de sol, muy particular; pero he visto otras tan delicadas y tan asombrosas como ésta”. Más me gustaban aquellas tardes en que aparecía, cual en cuadro impresionista; un barco absorbido y fluidificado por el horizonte, de un color tan de horizonte, que semejaba la misma materia que la lejanía, como si su proa y sus jarcias no fuesen otra cosa que recortes hechos en el azul vaporoso del cielo, que en ellos aun se hacía más sutil y afiligranado. A veces el océano llenaba casi toda mi ventana, adornada con urca franja de cielo, orlada en lo alto por una línea que era del mismo azul que el mar, por lo cual me figuraba yo que era mar también y atribuía su distinto tono a un efecto de luz. Otros días el mar pintábase tan sólo en la parte inferior de la ventana y todo el espacio restante lo llenaban infinitas nubes amontonadas unas contra otras en franjas horizontales, de suerte que parecía como si los cristales presentaran, con premeditación o por especialidad artística, un “estudio de nubes”, mientras que las vitrinas de las librerías mostraban nubes semejantes, pero de distintos lugares del horizonte y diversamente iluminadas, cual si ofreciesen esa repartición, tan grata a algunos maestros contemporáneos, de un mismo y único efecto tomado siempre a horas diferentes, pero que gracias a la inmovilidad del arte ‘podían verse ya ahora todos juntos en una misma habitación, ejecutados al ‘pastel y cada cual detrás de su cristal. ‘Había veces en que sobre mar y cielo, uniformemente grises, se posaba con exquisito refinamiento un ‘leve tono rosado, y una mariposa dormida en la parte baja de la ventana parecía significar con sus alas, allí al pie de esa “armonía gris y rosa”, al modo de las de Whistler, la firma favorita del maestro de Chelsea. Todo iba desapareciendo hasta el tono rosa, y ya no quedaba nada que mirar. Me levantaba ‘un momento, y antes de volver a acostarme echaba los cortinones de la ventana. Por encima de ellos, desde mi cama, veía la raya de claridad que quedaba ensombrecerse y atenuarse progresivamente; pero ninguna suerte de tristeza ni de nostalgia me daba el dejar morir en lo alto de las cortinas esa hora en que, por lo general, estaba sentado a la mesa, porque sabía yo que aquel día era distinto de los demás, mucho más largo, como los días polares, que la noche interrumpe sólo por unos momentos; sabía yo que de la crisálida de ese crepúsculo ya se disponía a salir, por radiante metamorfosis, la esplendorosa luz del restaurante de Rivebelle. Me decía. “Ya es hora”; me desperezaba en la cama, poníame en pie, daba remate a la tarea de componerme, y me parecían deliciosos esos instantes inútiles, aliviados de todo peso material, en los que yo empleaba, mientras que los demás estaban abajo cenando, todas las fuerzas acumuladas durante la inactividad del descanso tan sólo en secarme el cuerpo, en ponerme el smoking, en hacerme el lazo de la corbata, en todos esos movimientos dominados va por el esperado placer de ver de nuevo a una mujer en la que me había fijado la vez última que estuve en Rivebelle, que pareció que me miraba, y que si aquella noche salió por un momento del comedor fué acaso para ver si yo la seguía; y muy alegremente me revestía de todos esos atractivos para entregarme espontánea y completamente a una vida nueva, libre, sin preocupaciones, en la que me sería dable apoyar mis vacilaciones en la calma de Saint–Loup, en la que escogería de entre todas las especies de la Historia Natural venidas de todas las tierras aquellas que por ser componente de inusitados platos, inmediatamente encargados por mi amigo, tentaran más mi golosina o mi imaginación.
Et tout à la fin, les jours vinrent où je ne pouvais plus rentrer de la digue par la salle à manger, ses vitres n′étaient plus ouvertes, car il faisait nuit dehors, et l′essaim des pauvres et des curieux attirés par le flamboiement qu′ils ne pouvaient atteindre pendait, en noires grappes morfondues par la bise, aux parois lumineuses et glissantes de la ruche de verre. Y por fin llegaron los días en que ya no podía entrar en el hotel por los ventanales del comedor; no estaban abiertos porque era de noche, y todo un enjambre de pobres y de curiosos, atraídos por aquel resplandor para ellos inaccesible, se pegaba en negros racimos, ateridos por el cierzo, a las paredes luminosas y resbaladizas de la colmena de cristales.
On frappa; c′était Aimé qui avait tenu à m′apporter lui-même les dernières listes d′étrangers. Llamaron; era Amando, que quiso traerme él en persona las listas de los últimos huéspedes que habían llegado.
Aimé, avant de se retirer, tint à me dire que Dreyfus était mille fois coupable. «On saura tout, me dit-il, pas cette année, mais l′année prochaine: c′est un monsieur très lié dans l′état-major qui me l′a dit. Je lui demandais si on ne se déciderait pas à tout découvrir tout de suite avant la fin de l′année. Il a posé sa cigarette, continua Aimé en mimant la scène et en secouant la tête et l′index comme avait fait son client voulant dire: il ne faut pas être trop exigeant. «Pas cette année, Aimé, qu′il m′a dit en me touchant à l′épaule, ce n′est pas possible. Mais à Pâques, oui!» Et Aimé me frappa légèrement sur l′épaule en me disant: «Vous voyez je vous montre exactement comme il a fait», soit qu′il fût flatté de cette familiarité d′un grand personnage, soit pour que je pusse mieux apprécier en pleine connaissance de cause la valeur de l′argument et nos raisons d′espérer. Pero antes de retirarse no pudo por menos de decirme que Dreyfus era culpable y requeteculpable. “Ya se descubrirá todo – me dijo–; si no este año, el que viene; a mí me lo ha dicho un señor que tiene muy buenas relaciones en el Estado Mayor.” Yo le pregunté si no se decidirían a descubrirlo todo en seguida antes de fin de año. “Dejó el cigarrillo –continuó Amando, al mismo tiempo que imitaba la escena relatada, sacudiendo la cabeza y el índice como hiciera su cliente, para dar a entender que no había que ser tan exigente y me dijo, dándome un golpecito en el hombro: –Este año, no, Amando, no es posible; pero para la Pascua de Resurrección, sí.” Y Amando me dio también un golpecito en el hombro, diciéndome: “¿Ve usted?, eso es lo que me hizo el caballero”, ya porque le halagara aquella familiaridad del gran personaje, ya con objeto de que pudiese yo apreciar mejor y con pleno conocimiento de causa la fuerza del argumento y los motivos de esperanza que teníamos.
Ce ne fut pas sans un léger choc au cur qu′à la première page de la liste des étrangers, j′aperçus les mots: «Simonet et sa famille». J′avais en moi de vieilles rêveries qui dataient de mon enfance et où toute la tendresse qui était dans mon cur, mais qui éprouvée par lui ne s′en distinguait pas, m′était apportée par un être aussi différent que possible de moi. Cet être, une fois de plus je le fabriquais en utilisant pour cela le nom de Simonet et le souvenir de l′harmonie qui régnait entre les jeunes corps que j′avais vus se déployer sur la plage, en une procession sportive, digne de l′antique et de Giotto. Je ne savais pas laquelle de ces jeunes filles était Mlle Simonet, si aucune d′elles s′appelait ainsi, mais je savais que j′étais aimé de Mlle Simonet et que j′allais grâce à Saint-Loup essayer de la connaître. Malheureusement n′ayant obtenu qu′à cette condition une prolongation de congé, il était obligé de retourner tous les jours à Doncières; mais, pour le faire manquer à ses obligations militaires, j′avais cru pouvoir compter, plus encore que pour son amitié pour moi, sur cette même curiosité de naturaliste humain que si souvent, — même sans avoir vu la personne dont on parlait et rien qu′à entendre dire qu′il y avait une jolie caissière chez un fruitier, — j′avais eue de faire connaissance avec une nouvelle variété de la beauté féminine. Or, cette curiosité, c′est à tort que j′avais espéré l′exciter chez Saint-Loup en lui parlant de mes jeunes filles. Car elle était pour longtemps paralysée en lui par l′amour qu′il avait pour cette actrice dont il était l′amant. Et même l′eût-il légèrement ressentie qu′il l′eût réprimée, à cause d′une sorte de croyance superstitieuse que de sa propre fidélité pouvait dépendre celle de sa maîtresse. Aussi fût-ce sans qu′il m′eût promis de s′occuper activement de mes jeunes filles que nous partîmes dîner à Rivebelle. No dejé de sentir cierto golpecillo en el corazón cuando en la primera página de la lista me encontré con estas palabras: “Simonet y familia”. Llevaba yo en mis viejos ensueños que databan de mi infancia, y en estos ensueños toda la ternura que vivía en mi seno, pero que precisamente por ser mía no se distinguía de mi corazón, se me aparecía como traída por un ser enteramente distinto de mí. Y ese ser lo fabriqué ahora una vez más utilizando para ello el nombre de Simonet y el recuerdo de la armonía que reinaba entre aquellos cuerpos jóvenes que vi desfilar por la playa en procesión deportiva digna de la antigüedad y de Giotto. Yo no sabía cuál de las muchachas era la señorita de Simonet, ni siquiera si alguna de ellas se llamaba así, pero sabía ya que la señorita de Simonet me quería y que iba a hacer por trabar conocimiento con ella por mediación de Saint–Loup. Desgraciadamente, Roberto había obtenido una; prórroga de licencia, pero a condición de volver todos los días a Donciéres; yo me creí que, para hacerlo faltar a sus obligaciones militares, debía de contar, no sólo con su amistad por mí, sino con esa misma curiosidad de naturalista humano que tantas veces me despertó el deseo de conocer a una nueva variedad de la belleza femenina, aun sin haber visto a la persona de que se hablaba, sólo por oír decir que en tal frutería tenían una cajera muy guapa. Pero en vano esperé excitar esa curiosidad en el ánimo de Saint– Loup hablándole de las muchachas de mis pensamientos. En él estaba paralizada hacía mucho tiempo por el amor que tenía a la actriz aquella que era querida suya. Y aun cuando hubiese sentido levemente tal curiosidad habríale reprimido inmediatamente por una especie de supersticiosa creencia de que la fidelidad de su querida acaso podía depender de su propia fidelidad. Así, que nos marchamos a cenar a Rivebelle sin que Roberto me prometiera ocuparse con actividad de las muchachas del paseo.
Les premiers temps, quand nous arrivions, le soleil venait de se coucher, mais il faisait encore clair; dans le jardin du restaurant dont les lumières n′étaient pas encore allumées, la chaleur du jour tombait, se déposait, comme au fond d′un vase le long des parois duquel la gelée transparente et sombre de l′air semblait si consistante qu′un grand rosier appliqué au mur obscurci qu′il veinait de rose, avait l′air de l′arborisation qu′on voit au fond d′une pierre d′onyx. Bientôt ce ne fut qu′à la nuit que nous descendions de voiture, souvent même que nous partions de Balbec si le temps était mauvais et que nous eussions retardé le moment de faire atteler, dans l′espoir d′une accalmie. Mais ces jours-là, c′est sans tristesse que j′entendais le vent souffler, je savais qu′il ne signifiait pas l′abandon de mes projets, la réclusion dans une chambre, je savais que, dans la grande salle à manger du restaurant où nous entrerions au son de la musique des tziganes, les innombrables lampes triompheraient aisément de l′obscurité et du froid en leur appliquant leurs larges cautères d′or, et je montais gaiement à côté de Saint-Loup dans le coupé qui nous attendait sous l′averse. Depuis quelque temps, les paroles de Bergotte, se disant convaincu que malgré ce que je prétendais, j′étais fait pour goûter surtout les plaisirs de l′intelligence, m′avaient rendu au sujet de ce que je pourrais faire plus tard une espérance que décevait chaque jour l′ennui que j′éprouvais à me mettre devant une table à commencer une étude critique ou un roman. «Après tout, me disais-je, peut-être le plaisir qu′on a eu à l′écrire n′est-il pas le critérium infaillible de la valeur d′une belle page; peut-être n′est-il qu′un état accessoire qui s′y surajoute souvent, mais dont le défaut ne peut préjuger contre elle. Peut-être certains chefs-d′uvre ont-ils été composés en bâillant.» Ma grand′mère apaisait mes doutes en me disant que je travaillerais bien et avec joie si je me portais bien. Et, notre médecin ayant trouvé plus prudent de m′avertir des graves risques auxquels pouvait m′exposer mon état de santé, et m′ayant tracé toutes les précautions d′hygiène à suivre pour éviter un accident, — je subordonnais tous les plaisirs au but que je jugeais infiniment plus important qu′eux, de devenir assez fort pour pouvoir réaliser l′uvre que je portais peut-être en moi, j′exerçais sur moi-même depuis que j′étais à Balbec un contrôle minutieux et constant. On n′aurait pu me faire toucher à la tasse de café qui m′eût privé du sommeil de la nuit, nécessaire pour ne pas être fatigué le lendemain. Mais quand nous arrivions à Rivebelle, aussitôt, à cause de l′excitation d′un plaisir nouveau et me trouvant dans cette zone différente où l′exceptionnel nous fait entrer après avoir coupé le fil, patiemment tissé depuis tant de jours, qui nous conduisait vers la sagesse — comme s′il ne devait plus jamais y avoir de lendemain, ni de fins élevées à réaliser, disparaissait ce mécanisme précis de prudente hygiène qui fonctionnait pour les sauvegarder. Tandis qu′un valet de pied me demandait mon paletot, Saint-Loup me disait: Al principio del verano, cuando llegábamos, el sol acababa de ponerse, pero aun había claridad; en el jardín del restaurante, cuyas luces no estaban encendidas todavía, el calor del día caía y se depositaba como en el fondo de una copa, y el aire pegado a las paredes parecía una jalea consistente y sombría, de tal modo que un gran rosal que trepaba por la obscura tapia, veteándola de rosa, semejaba la arborización que se ve en el fondo de una piedra de ónice. Pero al poco tiempo, al bajar del coche en Rivebelle ya reinaba la noche, y también era casi de noche cuando salíamos de Balbec, sobre todo cuando había mal tiempo y retrasábamos el momento de mandar enganchar esperando un claro. Pero esos días oía yo el soplar del viento sin ninguna tristeza: sabía que no significaba el abandono de mis proyectos y la reclusión en el cuarto; sabía que en el gran comedor del restaurante, en donde entraríamos al son de la música de los tziganes, innumerables lámparas triunfarían fácilmente de la obscuridad y del frío aplicándoles sus anchos cauterios de oro; y alegremente montaba en el cupé, que aguantaba el chaparrón, y me sentaba junto a Roberto. Desde algún tiempo atrás aquellas frases de Bergotte cuando se decía convencido de que a pesar de mi opinión yo había nacido para saborear sobre todo los placeres de la inteligencia volvieron a darme esperanzas respecto a lo que pudiese hacer algún día en el terreno de la, literatura; pero tales esperanzas veíanse defraudadas a diario por el fastidio que sentía al sentarme a la mesa para comenzar un estudio crítico o una novela. “Después de todo –decíame yo–, quizá resulte que el criterio infalible para juzgar del valor de una: hermosa página no tenga nada que ver con el placer que se sintió al escribirla; acaso ese placer no sea más que un estado accesorio, que se superpone después, pero que en caso de faltar no indica nada en contra del valor de lo escrito. A lo mejor, algunas obras magistrales se escribieron entre bostezos.” Mi abuela calmaba mis dudas diciéndome que trabajaría bien y alegremente a condición de que mi salud fuese buena. Y como nuestro médico consideró lo más prudente avisarme de los graves riesgos a que podía exponerme mi estado de salud y me indicó todas las precauciones higiénicas a que debía atenerme para evitar cualquier accidente, yo subordinaba todo placer a una finalidad en mi opinión mucho más importante, la de llegar a ponerme bastante fuerte para poder realizar la obra que acaso llevaba en mí; así, que desde que estaba en Balbec yo mismo era el minucioso y constante inspector de mi propia salud. Por nada del mundo habría yo tocado la taza de café que podía quitarme el sueño de la noche, necesario para no sentirme fatigado al otro día. Pero cuando llegábamos a Rivebelle, en seguida, por la ex citación que me causaba el placer nuevo y por verme en esa zona distinta en la que nos introduce lo excepcional después ‘de haber cortado el hilo pacientemente tejido durante días y días, que nos llevaba hacia la cordura, como si ya no hubiese futuro ni elevados fines que realizar, desaparecía ese preciso mecanismo de prudente higiene que tenía por objeto servirles de salvaguardia. Cuando el criado me pedía mi abrigo, Saint–Loup me decía
— Vous n′aurez pas froid? Vous feriez peut-être mieux de le garder il ne fait pas très chaud. –¿No tendrá usted frío? Quizá sea mejor no quitárselo porque no hace mucho calor.
Je répondais: «Non, non,» et peut-être je ne sentais pas le froid, mais en tous cas je ne savais plus la peur de tomber malade, la nécessité de ne pas mourir, l′importance de travailler. Je donnais mon paletot; nous entrions dans la salle du restaurant aux sons de quelque marche guerrière jouée par les tziganes, nous nous avancions entre les rangées des tables servies comme dans un facile chemin de gloire, et, sentant l′ardeur joyeuse imprimée à notre corps, par les rythmes de l′orchestre qui nous décernait ses honneurs militaires et ce triomphe immérité, nous la dissimulions sous une mine grave et glacée, sous une démarche pleine de lassitude, pour ne pas imiter ces gommeuses de café-concert qui, venant de chanter sur un air belliqueux un couplet grivois, entrent en courant sur la scène avec la contenance martiale d′un général vainqueur. Yo contestaba que no, quizá porque no sentía el frío; pero, de todos modos, es que ya no sabía yo nada del temor a caer malo, de la necesidad de no morirme, de la importancia de trabajar. Entregaba yo mi abrigo y entrábamos en el comedor del restaurante a los sones de alguna marcha guerrera que tocaban los tziganes, atravesando por entre– las filas de mesas servidas como por un fácil camino de gloria, sintiendo el alegre ardor que infundían a nuestro cuerpo los ritmos de la orquesta que nos tributaba aquellos honores militares; pero ese inmerecido triunfe lo disimulábamos nosotros poniendo el gesto grave, glacial, andando con aire de cansancio, para no imitar a esos tipos de cafe–concierto que acaban de cantar una cancioncilla alegre con música belicosa y hacen su aparición en escena con el marcial continente de un general triunfante.
A partir de ce moment-là j′étais un homme nouveau, qui n′était plus le petit-fils de ma gran-‘mère et ne se souviendrait d′elle qu′en sortant, mais le frère momentané des garçons qui allaient nous servir. Desde este momento me convertía yo en un hombre nuevo, ya no era el nieto de mi abuela, ni me acordaría de ella hasta la salida; ahora era hermano momentáneo de los mozos que iban a servirnos.
La dose de bière, à plus forte raison de champagne, qu′à Balbec je n′aurais pas voulu atteindre en une semaine, alors pourtant qu′à ma conscience calme et lucide la saveur de ces breuvages représentassent un plaisir clairement appréciable mais aisément sacrifié, je l′absorbais en une heure en y ajoutant quelques gouttes de porto, trop distrait pour pouvoir le goûter, et je donnais au violoniste qui venait de jouer les deux «louis» que j′avais économisés depuis un mois en vue d′un achat que je ne me rappelais pas. Quelques-uns des garçons qui servaient, lâchés entre les tables, fuyaient à toute vitesse, ayant sur leur paumes tendues un plat que cela semblait être le but de ce genre de courses de ne pas laisser choir. Et de fait, les soufflés au chocolat arrivaient à destination sans avoir été renversés, les pommes à l′anglaise, malgré le galop qui avait dû les secouer, rangées comme au départ autour de l′agneau de Pauilhac. Je remarquai un de ces servants, très grand emplumé de superbes cheveux noirs, la figure fardée d′un teint qui rappelait davantage certaines espèces d′oiseaux rares que l′espèce humaine et qui, courant sans trêve et, eût-on dit, sans but, d′un bout à l′autre de la salle, faisait penser à quelqu′un de ces «aras» qui remplissent les grandes volières des jardins zoologiques de leur ardent coloris et de leur incompréhensible agitation. Bientôt le spectacle s′ordonna, à mes yeux du moins, d′une façon plus noble et plus calme. Toute cette activité vertigineuse se fixait en une calme harmonie. Je regardais les tables rondes, dont l′assemblée innombrable emplissait le restaurant, comme autant de planètes, telles que celles-ci sont figurées dans les tableaux allégoriques d′autrefois. D′ailleurs, une force d′attraction irrésistible s′exerçait entre ces astres divers et à chaque table les dîneurs n′avaient d′yeux que pour les tables où ils n′étaient pas, exception faite pour quelque riche amphitryon, lequel ayant réussi à amener un écrivain célèbre, s′évertuait à tirer de lui, grâce aux vertus de la table tournante, des propos insignifiants dont les dames s′émerveillaient. L′harmonie de ces tables astrales n′empêchait pas l′incessante révolution des servants innombrables, lesquels parce qu′au lieu d′être assis, comme les dîneurs, étaient debout évoluaient dans une zone supérieure. Sans doute l′un courait porter des hors-d′uvre, changer le vin, ajouter des verres. Mais malgré ces raisons particulières, leur course perpétuelle entre les tables rondes finissait par dégager la loi de sa circulation vertigineuse et réglée. Assises derrière un massif de fleurs, deux horribles caissières, occupées à des calculs sans fin semblaient deux magiciennes occupées à prévoir par des calculs astrologiques les bouleversements qui pouvaient parfois se produire dans cette voûte céleste conçue selon la science du moyen âge. Aquella cantidad de cerveza, y aún con más motivo de champaña, con la que no me atrevía en Balbec en toda una semana, porque aunque para mi conciencia tranquila y lúcida el sabor de esos brebajes representaba un placer claramente apreciable sabía sacrificarlo fácilmente, me la bebía en Rivebelle en tina hora, y todavía añadía unas gotas de oporto, pero tan distraído, que ni siquiera le sacaba gusto; y daba al violinista que acababa de tocar, los dos “luises” que había tardado dos meses en economizar para comprar alguna cosa que ahora se me había olvidado cuál pudiera ser. Algunos de los camareros, disparados por entre las mesas, huían a toda velocidad, y la finalidad de su carrera parecía ser el que no se cayera la bandeja que llevaban en la abierta palma de la mano. Y, en efecto, los soufflés de chocolate llegaban a su destino sin sufrir vuelco, y las patatas a la inglesa, a pesar del galope que debió de sacudirlas, venían hasta nosotros muy bien colocadas todas alrededor del cordero Pauilhac, lo mismo que cuando salieron. Me fijé en uno de esos criados, muy alto, empenachado con magnífica cabellera negra, la cara pintada de un color que recordaba, más que la especie humana, determinadas especies de aves raras, y que corría sin cesar, al parecer sin objeto alguno, de un lado para otro, trayendo a la memoria del que lo miraba el recuerdo de alguno de esos guacamayos que llenan toda la gran pajarera de un jardín zoológico con su colorido ardiente y su incomprensible agitación. Luego el espectáculo se ordenó, al menos para mis ojos, de un modo más noble y tranquilo. Aquella vertiginosa actividad fué plasmándose en calmosa armonía. Miré las redondas mesas, cuya innúmera tropa llenaba el restaurante, como otros tantos planetas, tal y como se los representa en los cuadros alegóricos de antaño. Y en verdad que entre estos astros diversos se ejercía una fuerza de atracción considerable, y los comensales de cada mesa no tenían ojos más que para las mesas de los demás, exceptuando algún rico anfitrión que logró llevar a cenar a algún escritor célebre y se esforzaba por sacarle del cuerpo, gracias a las virtudes de la mesa mágica, unas cuantas frases insignificantes que asombraban a las señoras. La armonía de estas mesas astrales no era obstáculo a la incesante rotación de los innumerables sirvientes, que por estar de pie, en vez de sentados, como los comensales, evolucionaban en una zona superior. Indudablemente éste corría a llevar los entremeses, aquél a cambiar el vino, el otro a poner más vasos. Pero a pesar de estas razones particulares, su perpetuo correr entre las redondas mesas acababa por determinar la ley de su circulación vertiginosa y reglamentada. Sentadas detrás de un macizo de flores, dos horribles cajeras, sumidas en cálculos interminables, parecían dos hechiceras que trabajaran en prever por medio de cálculos astrológicos los trastornos que pudiesen producirse en esta bóveda celeste concebida con arreglo a la ciencia medieval.
Et je plaignais un peu tous les dîneurs parce que je sentais que pour eux les tables rondes n′étaient pas des planètes et qu′ils n′avaient pas pratiqué dans les choses un sectionnement qui nous débarrasse de leur apparence coutumière et nous permet d′apercevoir des analogies. Ils pensaient qu′ils dînaient avec telle ou telle personne, que le repas coûterait à peu près tant et qu′ils recommenceraient le lendemain. Et ils paraissaient absolument insensibles au déroulement d′un cortège de jeunes commis qui, probablement n′ayant pas à ce moment de besogne urgente, portaient processionnellement des pains dans des paniers. Quelques-uns, trop jeunes, abrutis par les taloches que leur donnaient en passant les maîtres d′hôtel, fixaient mélancoliquement leurs yeux sur un rêve lointain et n′étaient consolés que si quelque client de l′hôtel de Balbec où ils avaient jadis été employés, les reconnaissant, leur adressait la parole et leur disait personnellement d′emporter le champagne qui n′était pas buvable, ce qui les remplissait d′orgueil. Y yo compadecía un tanto a todos los comensales, porque bien sabía que para ellos las redondas mesas no eran planetas y porque no había practicado en las cosas ese corte y sección que nos libra de su apariencia usual y nos deja ver las analogías. Estaban pensando esas personas que cenaban con Fulano y con Zutano que la comida les costaría tal cantidad y que al día siguiente habría que volver a empezar. Y al parecer permanecían absolutamente insensibles al desfile de una comitiva de criaditos que, probablemente por no tener en aquel momento otro que hacer más urgente, llevaban procesionalmente unos cestillos con pan. Algunos, muy jovencitos, embrutecidos por los pescozones que los maestresalas les daban al pasar, posaban melancólicamente sus miradas en algún ensueño remoto, y sólo se consolaban cuando algún parroquiano del hotel de Balbec, en donde ellos habían estado, los reconocía, les dirigía la palabra y les decía personalmente que se llevaran aquel champaña imbebible, cosa que los llenaba de orgullo.
J′entendais le grondement de mes nerfs dans lesquels il y avait du bien-être indépendant des objets extérieurs qui peuvent en donner et que le moindre déplacement que j′occasionnais à mon corps, à mon attention, suffisait à me faire éprouver, comme à un il fermé une légère compression donne la sensation de la couleur. J′avais déjà bu beaucoup de porto, et si je demandais à en prendre encore, c′était moins en vue du bien-être que les verres nouveaux m′apporteraient que par l′effet du bien-être produit par les verres précédents. Je laissais la musique conduire elle-même mon plaisir sur chaque note où, docilement, il venait alors se poser. Si, pareil à ces industries chimiques grâce auxquelles sont débités en grandes quantités, des corps qui ne se rencontrent dans la nature que d′une façon accidentelle et fort rarement, ce restaurant de Rivebelle réunissait en un même moment, plus de femmes au fond desquelles me sollicitaient des perspectives de bonheur que le hasard des promenades ou des voyages ne m′en eût fait rencontrer en une année, d′autre part, cette musique que nous entendions — arrangements de valses, d′opérettes allemandes, de chansons de cafés-concerts, toutes nouvelles pour moi — était elle-même comme un lieu de plaisir aérien superposé à l′autre et plus grisant que lui. Car chaque motif, particulier comme une une femme, ne réservait pas comme elle eût fait, pour quelque privilégié, le secret de volupté qu′il recélait: il me le proposait, me reluquait, venait à moi d′une allure capricieuse ou canaille, m′accostait, me caressait, comme si j′étais devenu tout d′un coup plus séduisant, plus puissant ou plus riche; je leur trouvais bien, à ces airs, quelque chose de cruel; c′est que tout sentiment désintéressé de la beauté, tout reflet de l′intelligence leur était inconnu; pour eux le plaisir physique existe seul. Et ils sont l′enfer le plus impitoyable, le plus dépourvu d′issues pour le malheureux jaloux à qui ils présentent ce plaisir, ce plaisir que la femme aimée goûte avec un autre — comme la seule chose qui existe au monde pour celle qui le remplit tout entier. Mais tandis que je répétais à mi-voix les notes de cet air, et lui rendais son baiser, la volupté à lui spéciale qu′il me faisait éprouver me devint si chère, que j′aurais quitté mes parents pour suivre le motif dans le monde singulier qu′il construisait dans l′invisible, en lignes tour à tour pleines de langeur et de vivacité. Quoiqu′un tel plaisir ne soit pas d′une sorte qui donne plus de valeur à l′être auquel il s′ajoute, car il n′est perçu que de lui seul, et quoique, chaque fois que dans notre vie, nous avons déplu à une femme qui nous a aperçu elle ignorât si à ce moment-là nous possédions ou non cette félicité intérieure et subjective qui, par conséquent, n′eût rien changé au jugement qu′elle porta sur nous, je me sentais plus puissant, presque irrésistible. Il me semblait que mon amour n′était plus quelque chose de déplaisant et dont on pouvait sourire mais avait précisément la beauté touchante, la séduction de cette musique, semblable elle-même à un milieu sympathique où celle que j′aimais et moi nous nous serions rencontrés, soudain devenus intimes. Oía yo el gruñido de mis nervios, en los cuales había ahora un bienestar independiente de los objetos exteriores que pudieran motivarlo; y para que dicho bienestar se hiciese sensible me bastaba con el más leve movimiento del cuerpo o de la atención lo mismo que le basta a un ojo cerrado con una ligera compresión para tener sensación de color. Ya había habido mucho oporto, y si pedía más no era pensando en el bienestar que habrían de darme los nuevos vasos del vino, sino por efecto del bienestar que me produjeran los vasos precedentes. Dejaba que la música, guiara mi placer hasta las notas e iba a posarse entonces dócilmente en ellas. Este restaurante de Rivebelle, al igual de esas industrias químicas gracias a las cuales se producen en grandes cantidades cuerpos que sólo de modo accidental y raramente se suelen encontrar en la Naturaleza, reunía en un solo momento muchas más mujeres, con perspectivas de felicidad solicitándome allá desde el fondo de sus cuerpo, que las que el azar de los caminos podría ofrecerme en todo un año; y además, la música que allí oíamos –arreglos de valses, de operetas alemanas, de canciones de café–concert, toda nueva para mí era por sí misma como otro lugar de placer aéreo superpuesto al terrenal y aún más embriagador. Porque cada tema, musical, particular como una hembra, no reservaba el secreto de su voluptuosidad, como ella hubiese hecho, a algún privilegiado, sino que me lo proponía, me miraba maliciosamente, se llegaba hasta mí con modales caprichosos o canallescos, me abordaba, acariciábame, cual si de pronto fuese yo más seductor, más poderoso o más rico que antes; encontraba yo a aquellas musiquillas un no sé qué de cruel; y es que para ellas era cosa desconocida todo sentimiento desinteresado de la belleza, todo reflejo de la inteligencia, y no existía otra cosa que el placer físico. Y son el infierno más implacable, más sin salida, para el infeliz celoso a quienes presentan ese placer, ese placer que la mujer querida está sintiendo con otro hombre; como la única cosa que existe en el mundo para el ser amado que la llena por entero. Y mientras que me repetía yo a media voz las notas de esas músicas y le devolvía su beso, la voluptuosidad especial y suya que me hacía sentir se me hizo tan grata, que hubiese sido capaz de abandonar a mis padres para irme, detrás del motivo, a ese mundo singular que iba construyendo en lo invisible con líneas plenas, ora de languidez, ora de vivacidad. Aunque ese placer no sea de tal linaje que añada más valor al ser a que se superpone, porque sólo él lo percibe, y aunque cada vez que en nuestra vida hemos desagradado a una mujer que nos estaba viendo ignorase ella si en ese momento poseíamos o no la felicidad interior y subjetiva, que por consiguiente en nada habría cambiado el juicio que le merecimos, ello es que yo me sentía con más fuerza, casi irresistible. Parecíame que mi amor no era ya cosa desagradable, que podía hacer reír, sino que estaba revestido de la conmovedora belleza, de la seducción de esa música que se asemeja a un ambiente simpático, en el que nos habíamos encontrado y nos hablamos hecho íntimos en seguida la mujer amada y yo.
Le restaurant n′était pas fréquenté seulement par des demi-mondaines, mais aussi par des gens du monde le plus élégant, qui y venaient goûter vers cinq heures ou y donnaient de grands dîners. Les goûters avaient lieu dans une longue galerie vitrée, étroite, en forme de couloir qui, allant du vestibule à la salle à manger, longeait sur un côté le jardin, duquel elle n′était séparée, sauf en exceptant quelques colonnes de pierre, que par le vitrage qu′on ouvrait ici ou là. Il en résultait outre de nombreux courants d′air, des coups de soleil brusques, intermittents, un éclairage éblouissant, empêchant presque de distinguer les goûteuses, ce qui faisait que, quand elles étaient là, empilées deux tables par deux tables dans toute la longueur de l′étroit goulot, comme elles châtoyaient à tous les mouvements qu′elles faisaient pour boire leur thé ou se saluer entre elles, on aurait dit un réservoir, une nasse où le pêcheur a entassé les éclatants poissons qu′il a pris, lesquels à moitié hors de l′eau et baignés de rayons miroitent aux regards en leur éclat changeant. A aquel restaurante solían ir no sólo demi–mondaines, sino también gente de la más elegante sociedad, que iban a merendar a las cinco o que daban allí comidas. Las mesas de merienda estaban colocadas en una larga galería cerrada con vidrieras, estrechas y en forma de pasillo, que ponía en comunicación el vestíbulo con el comedor; por un lado daba dicha galería al jardín, del que estaba separada únicamente por unas cuantas columnas y por las vidrieras, algunas de ellas abiertas. Le esta disposición resultaba que allí siempre había corrientes de aire, bruscas e intermitentes oleadas de sol, y una claridad tan cegadora que casi no se veía a las señoras que estaban merendando; de modo que las damiselas se apilaban de dos en dos mesas a lo largo del estrecho gollete, y como hacían visos a cada uno de sus ademanes para tomar el té o al saludarse unas a otras, la galería venía a asemejarse a un vivero de peces o a una nasa donde el pescador junta muchos pececillos que asoman la cabeza casi fuera del agua, y que bañados por el sol relucen con cambiantes reflejos.
Quelques heures plus tard, pendant le dîner qui lui, était naturellement servi dans la salle à manger, on allumait les lumières, bien qu′il fît encore clair dehors, de sorte qu′on voyait devant soi, dans le jardin, à côté de pavillons éclairés par le crépuscule et qui semblaient les pâles spectres du soir, des charmilles dont la glauque verdure était traversée par les derniers rayons et qui de la pièce éclairée par les lampes où on dînait, apparaissaient au delà du vitrage — non plus comme on aurait dit des dames qui goûtaient à la fin de l′après-midi, le long du couloir bleuâtre et or, dans un filet étincelant et humide — mais comme les végétations d′un pâle et vert aquarium géant à la lumière surnaturelle. On se levait de table; et si les convives, pendant le repas, tout en passant leur temps à regarder, à reconnaître, à se faire nommer les convives du dîner voisin, avaient été retenus dans une cohésion parfaite autour de leur propre table, la force attractive qui les faisait graviter autour de leur amphytrion d′un soir perdait de sa puissance, au moment où pour prendre le café ils se rendaient dans ce même couloir qui avait servi aux goûters; il arrivait souvent qu′au moment du passage, tel dîner en marche abandonnait l′un ou plusieurs de ses corpuscules, qui ayant subi trop fortement l′attraction du dîner rival se détachaient un instant du leur, où ils étaient remplacés par des messieurs ou des dames qui étaient venus saluer des amis, avant de rejoindre, en disant: «Il faut que je me sauve retrouver M. X . . . dont je suis ce soir l′invité.» Et pendant un instant on aurait dit de deux bouquets séparés qui auraient interchangé quelques-unes de leurs fleurs. Puis le couloir lui-même se vidait. Souvent, comme il faisait même après dîner encore un peu jour, on n′allumait pas ce long corridor, et côtoyé par les arbres qui se penchaient au dehors de l′autre côté du vitrage, il avait l′air d′une allée dans un jardin boisé et ténébreux. Parfois dans l′ombre une dîneuse s′y attardait. En le traversant pour sortir, j′y distinguai un soir, assise au milieu d′un groupe inconnu, la belle princesse de Luxembourg. Je me découvris sans m′arrêter. Elle me reconnut, inclina la tête en souriant; très au-dessus de ce salut, émanant de ce mouvement même, s′élevèrent mélodieusement quelques paroles à mon adresse, qui devaient être un bonsoir un peu long, non pour que je m′arrêtasse, mais seulement pour compléter le salut, pour en faire un salut parlé. Mais les paroles restèrent si indistinctes et le son que seul je perçus se prolongea si doucement et me sembla si musical, que ce fut comme si dans la ramure assombrie des arbres, un rossignol se fût mis à chanter. Si par hasard pour finir la soirée avec telle bande d′amis à lui que nous avions rencontrée, Saint-Loup décidait de nous rendre au Casino d′une plage voisine, et partant avec eux, s′il me mettait seul dans une voiture, je recommandais au cocher d′aller à toute vitesse, afin que fussent moins longs les instants que je passerais sans avoir l′aide de personne pour me dispenser de fournir moi-même à ma sensibilité — en faisant machine en arrière et en sortant de la passivité où j′étais pris comme dans un engrenage, — ces modifications que depuis mon arrivée à Rivebelle je recevais des autres. Le choc possible avec une voiture venant en sens inverse dans ces sentiers où il n′y avait de place que pour une seule et où il faisait nuit noire, l′instabilité du sol souvent éboulé de la falaise, la proximité de son versant à pic sur la mer, rien de tout cela ne trouvait en moi le petit effort qui eût été nécessaire pour amener la représentation et la crainte du danger jusqu′à ma raison. C′est que pas plus que ce n′est le désir de devenir célèbre, mais l′habitude d′être laborieux qui nous permet de produire une uvre, ce n′est l′allégresse du moment présent, mais les sages réflexions du passé, qui nous aident à préserver le futur. Or, si déjà en arrivant à Rivebelle, j′avais jeté loin de moi ces béquilles du raisonnement, du contrôle de soi-même qui aident notre infirmité à suivre le droit chemin, et me trouvais en proie à une sorte d′ataxie morale, l′alcool, en tendant exceptionnellement mes nerfs, avait donné aux minutes actuelles, une qualité, un charme, qui n′avaient pas eu pour effet de me rendre plus apte ni même plus résolu à les défendre; car en me les faisant préférer mille fois au reste de ma vie, mon exaltation les en isolait; j′étais enfermé dans le présent comme les héros, comme les ivrognes; momentanément éclipsé, mon passé ne projetait plus devant moi cette ombre de lui-même que nous appelons notre avenir; plaçant le but de ma vie, non plus dans la réalisation des rêves de ce passé, mais dans la félicité de la minute présente, je ne voyais pas plus loin qu′elle. De sorte que, par une contradiction qui n′était qu′apparente, c′est au moment où j′éprouvais un plaisir exceptionnel, où je sentais que ma vie pouvait être heureuse, où elle aurait dû avoir à mes yeux plus de prix, c′est à ce moment que, délivré des soucis qu′elle avait pu m′inspirer jusque-là, je la livrais sans hésitation au hasard d′un accident. Je ne faisais, du reste, en somme, que concentrer dans une soirée l′incurie qui pour les autres hommes est diluée dans leur existence entière où journellement ils affrontent sans nécessité le risque d′un voyage en mer, d′une promenade en aéroplane ou en automobile quand les attend à la maison l′être que leur mort briserait ou quand est encore lié à la fragilité de leur cerveau le livre dont la prochaine mise au jour est la seule raison de leur vie. Et de même dans le restaurant de Rivebelle, les soirs où nous y restions, si quelqu′un était venu dans l′intention de me tuer, comme je ne voyais plus que dans un lointain sans réalité ma grand-mère, ma vie à venir, mes livres à composer, comme j′adhérais tout entier à l′odeur de la femme qui était à la table voisine, à la politesse des maîtres d′hôtel, au contour de la valse qu′on jouait, que j′étais collé à la sensation présente, n′ayant pas plus d′extension qu′elle ni d′autre but que de ne pas en être séparé, je serais mort contre elle, je me serais laissé massacrer sans offrir de défense, sans bouger, abeille engourdie par la fumée du tabac, qui n′a plus le souci de préserver sa ruche. Unas horas después, durante la cena, que se servía, claro es, en el comedor, se encendían ya las luces, aunque afuera aún había claridad, de suerte que en el jardín veía uno, junto a pabellones iluminados por la luz crespuscular y que parecían pálidos espectros nocturnos, alamedas de glauco follaje atravesadas por los últimos rayos solares, y que vistas desde el iluminado comedor parecían, allí detrás de los cristales – no como las damas de la merienda en el pasillo azul y oro, peces dentro de una red húmeda y chispeante–, vegetaciones de un gigantesco acuario, verde y pálido, alumbradas con luz sobrenatural. Levantábase la gente de las mesas: los invitados, durante la cena se entretuvieron en mirar a los de la mesa de al lado, en preguntar quiénes eran, en reconocerlos, y estaban muy bien sujetos con perfecta cohesión allí alrededor de su mesa; pero la fuerza de atracción que los hacía gravitar entorno a su anfitrión de aquella noche perdía mucha potencia a la hora del café, que se servía en la misma galería de merendar; solía ocurrir que en el momento en que toda una mesa de invitados pasaba del comedor al pasillo, alguno o algunos de sus corpúsculos la abandonaban porque habían sufrido la fuerte atracción de la mesa de enfrente, y se desprendían de su grupo, en el que venían a substituirlos damas y caballeros de la cena rival, que se acercaban a saludar a unos amigos y se iban en seguida, diciendo “Bueno, me marcho en busca del señor X., es mi anfitrión de esta noche”. Y por un momento se podía pensar en dos ramilletes distintos que cambiaban entré sí algunas de sus flores. Luego la galería se quedaba también desierta. A veces, corno aún había luz hasta después de terminada la cena, el largo corredor se dejaba sin encender, y parecía, con aquellos árboles que se inclinaban al otro lado de las vidrieras, la alameda de un jardín frondoso y obscuro. Y alguna vez, entre sus sombras, quedaba, sentada a la mesa, una dama rezagada. Una noche, al atravesar la galería en busca de la salida, reconocí en medio de un grupo de gente desconocida a la hermosa princesa de Luxemburgo. Yo me quité el sombrero, sin pararme. La princesa me conoció e hizo, sonriente, una inclinación de cabeza y por encima de ese saludo, emanando del mismo movimiento, se elevaron melodiosamente algunas palabras a mí destinadas, que debía de ser un “¡buenas noches!”, un poco largo, no para que yo me detuviese, sino tan sólo para completar el saludo, para que fuese un saludo hablado. Pero las palabras quedáronse en tal vaguedad, y con tanta dulzura se prolongó el indistinto son con que a mí llegaron y que tan musical me pareció, que aquel saludo fué como si en el follaje sombrío del jardín hubiese roto a cantar un ruiseñor. Algunas veces Saint–Loup se encontraba con un grupo de amigos y decidía que fuésemos a acabar la noche en su compañía al Casino de alguna playa cercana; Roberto se iba solo con ellos y a mí me colocaba solo en un coche; pero yo recomendaba al cochero que fuese a toda velocidad con objeto de que se acortaran los instantes que tenía que pasarme sin tener la ayuda de nadie, para no tener que suministrar yo mismo a mi sensibilidad –dando marcha atrás y saliendo de la pasividad en que me veía cogido como en un engranaje– esas modificaciones que desde el momento de llegar a Rivebelle recibía yo de los demás. Ni; el posible choque con un coche que viniese en dirección contraria por aquellos angostos senderos, tan sumidos en la obscuridad; ni la poca firmeza del suelo, desmoronado a trechos hacia el acantilado; ni lo próximo de la ribera, cortada a pico, bastaba para provocar en mi ánimo el pequeño esfuerzo que se hubiese requerido para traer hasta mi inteligencia la representación y el temor del peligro. Y es que así como lo que nos posibilita la creación de una obra no es el deseo de celebridad, sino la costumbre de ser laborioso, igualmente ocurre que lo que nos sirve de ayuda para preservar de riesgo nuestro futuro no es la alegría del presente, sino la prudente reflexión de lo pasado. Yo al llega Rivebelle había arrojado muy lejos las muletas del razonamiento del cuidado de sí mismo, que ayudan a nuestra flaqueza a se el camino recto, y era presa de una especie de ataxia moral; añádase que el alcohol, poniéndome los nervios en tensión excepcional, infundió a los minutos actuales rica calidad y encanto, pero que no por eso me daban fuerza ni resolución para defenderlos; así, que estaba encerrado en el presente al modo de los héroes y los borrachos; mi pasado, en momentáneo eclipse, ya no proyectaba por delante de mí esa sombra suya que llamamos lo por venir, y yo colocando la finalidad de mi vida no en la realización de los ensueños de ese pasado, sino en la felicidad del minuto presente, no veía nada más allá de tal instante. De modo que por una contradicción, contradicción sólo aparente, en el mismo momento en que experimentaba desusado placer, cuando sentía que mi vida podría ser dichosa, es decir, cuando más valor debía de haberle concedido, iba yo, liberado ahora de las preocupaciones que me inspiraba, a entregarla sin vacilación al riesgo de un accidente. Y al obrar así no hacía otra cosa que concentrar en una noche la incuria que para los demás hombres está diluída en su existencia entera, en esa vida en la que afrontan a diario y sin necesidad los peligros de un viaje por mar, de un paseo en aeroplano o en automóvil, cuando en casa les está esperando un ser a quien destrozarían con su muerte, o cuando aun tienen confiado tan sólo a la fragilidad de su cerebro el libro cuyo remate es el único motivo de su existencia. Y así me pasaba a mí en el restaurante de Rivebelle las noches que nos quedábamos allí; como no se me representaban sino en una irreal lejanía la persona de mi abuela, de mi vida por venir; los libros que tenía que escribir, me unía yo por entero al aroma de la mujer que estaba en la mesa de al lado, a la corrección de los maestresalas, al contorno de vals que estaban tocando, y me quedaba apegado a la sensación presente sin más extensión por delante que la de esa sensación ni otro deseo que el no separarme de ella; así, que si en ese momento hubiese llegado alguien con designio de darme muerte, habríala yo recibido bien apretado contra esa sensación, sin defensa alguna, sin movimiento, abeja adormecida por el humo del tabaco, que ya no se cuida de poner a cubierto de daño la provisión de sus acumulados esfuerzos y la esperanza de su colmena.
Je dois du reste dire que cette insignifiance où tombaient les choses les plus graves, par contraste avec la violence de mon exaltation finissait par comprendre même Mlle Simonet et ses amies. L′entreprise de les connaître me semblait maintenant facile mais indifférente, car ma sensation présente seule, grâce à son extraordinaire puissance, à la joie que provoquaient ses moindres modifications et même sa simple continuité, avait de l′importance pour moi; tout le reste, parents, travail, plaisirs, jeunes filles de Balbec, ne pesait pas plus qu′un flocon d′écume dans un grand vent qui ne le laisse pas se poser, n′existait plus que relativement à cette puissance intérieure: l′ivresse réalise pour quelques heures l′idéalisme subjectif, le phénoménisme pur; tout n′est plus qu′apparences et n′existe plus qu′en fonction de notre sublime nous-même. Ce n′est pas, du reste, qu′un amour véritable, si nous en avons un, ne puisse subsister dans un semblable état. Mais nous sentons si bien, comme dans un milieu nouveau, que des pressions inconnues ont changé les dimensions de ce sentiment que nous ne pouvons pas le considérer pareillement. Ce même amour, nous le retrouvons bien, mais déplacé, ne pesant plus sur nous, satisfait de la sensation que lui accorde le présent et qui nous suffit, car de ce qui n′est pas actuel nous ne nous soucions pas. Malheureusement le coefficient qui change ainsi les valeurs ne les change que dans cette heure d′ivresse. Les personnes qui n′avaient plus d′importance et sur lesquelles nous soufflions comme sur des bulles de savon reprendront le lendemain leur densité; il faudra essayer de nouveau de se remettre aux travaux qui ne signifiaient plus rien. Chose plus grave encore, cette mathématique du lendemain, la même que celle d′hier et avec les problèmes de laquelle nous nous retrouverons inexorablement aux prises, c′est celle qui nous régit même pendant ces heures-là, sauf pour nous-même. S′il se trouve près de nous une femme vertueuse ou hostile, cette chose si difficile la veille — à savoir que nous arrivions à lui plaire, — nous semble maintenant un million de fois plus aisée sans l′être devenue en rien, car ce n′est qu′à nos propres yeux, à nos propres yeux intérieurs que nous avons changé. Et elle est aussi mécontente à l′instant même que nous nous soyons permis une familiarité que nous le serons le lendemain d′avoir donné cent francs au chasseur et, pour la même raison, qui pour nous a été seulement retardée: l′absence d′ivresse. Conviene decir que esa insignificancia en que caían las cosas más graves, por contraste con lo violento de mi exaltación, acabó por abarcar también a la señorita de Simonet y a sus amigas. El empeño de conocerlas se me antojaba ahora fácil, pero indiferente, porque lo único que para mí tenía importancia era mi sensación presente gracias a su extraordinaria fuerza, a la alegría que determinaban sus más mínimas modificaciones y hasta por el hecho de su mera continuidad; y todo lo demás, padres, trabajo, placeres, muchachas de Balbec, pesaba lo mismo que un poco de espuma en el seno de la fuerte ráfaga que no la deja posarse, y no existía sino en relación con esa interna potencia; porque la embriaguez realiza por unas horas el idealismo subjetivo, el fenomenalismo puro; todo se convierte en apariencias y existe únicamente en función de nuestro sublime yo. Y no quiere decir esto que un amor de verdad, si por acaso tal amor nos posee, sea incapaz de subsistir en semejante estado. Pero de tal manera sentimos, como si estuviésemos en una atmósfera nueva, que desconocidas presiones han cambiado las dimensiones de ese sentimiento, que ya se nos hace imposible seguir considerándolo como antes. Y nos encontramos, sí, con ese mismo amor, pero en lugar distinto, sin pesar sobre nosotros, satisfecho de la sensación que le concede el presente, y que nos basta porque no nos preocupa nada que no sea actual. Desgraciadamente, el coeficiente que así trastorna los valores sólo tiene poder durante unas horas de embriaguez. Mañana esas personas que no tenían importancia, a las que soplábamos como burbujas de jabón, habrán recobrado su plena densidad; menester será ponerse de nuevo a esos trabajos que ya no significaban nada. Y ocurre aún algo más grave, y es que esa matemática del otro día, la misma de ayer, con cuyos problemas tendremos que volver a entendérnoslas inexorablemente, es la misma que nos rige también durante las horas de embriaguez, para todos menos para nosotros mismos. Si anda por cerca de nosotros una mujer virtuosa u hostil, esa cosa tan difícil el día antes –lograr agradarla– nos parece ahora mucho más fácil sin serlo en realidad, porque si hemos cambiado es únicamente a nuestros propios ojos, para nuestra mirada interior. Y tan enfadada está ahora ella porque nos hemos permitido una familiaridad, como el día siguiente lo estaremos nosotros recordando que dimos a un botones cien francos de propina; y ambas cosas, por la misma razón, para nosotros un poco más retrasada: el no estar borrachos.
Je ne connaissais aucune des femmes qui étaient à Rivebelle, et qui parce qu′elles faisaient partie de mon ivresse comme les reflets font partie du miroir, me paraissaient mille fois plus désirables que la de moins en moins existante Mlle Simonet. Une jeune blonde, seule, à l′air triste, sous son chapeau de paille piqué de fleurs des champs me regarda un instant d′un air rêveur et me parut agréable. Puis ce fut le tour d′une autre, puis d′une troisième; enfin d′une brune au teint éclatant. Presque toutes étaient connues, à défaut de moi, par Saint-Loup. Yo no conocía a ninguna de las mujeres que estaban en Rivebelle, y que por la circunstancia de formar parte de mi embriaguez, como los reflejos forman parte del, espejo, se me antojaban mucho más codiciadas que aquella señorita de Simonet, cada vez menos existente. Una muchacha rubia, solitaria, de aire tristón, y que llevaba un sombrero de paja con florecillas campestres, me miró un instante con soñadora mirada, y me fué simpática. Lo mismo me ocurrió luego con otras dos, y por último, con una morena de magnífica tez. Yo no las conocía, pero Roberto trataba a casi todas ellas.
Avant qu′il eût fait la connaissance de sa maîtresse actuelle, il avait en effet tellement vécu dans le monde restreint de la noce, que de toutes les femmes qui dînaient ces soirs-là à Rivebelle et dont beaucoup s′y trouvaient par hasard, étant venues au bord de la mer, certaines pour retrouver leur amant, d′autres pour tâcher d′en trouver un, il n′y en avait guère qu′il ne connût pour avoir passé — lui-même ou tel de ses amis — au moins une nuit avec elles. Il ne les saluait pas si elles étaient avec un homme, et elles tout en le regardant plus qu′un autre parce que l′indifférence qu′on lui savait pour toute femme qui n′était pas son actrice, lui donnait aux yeux de celles-ci un prestige singulier, elles avaient l′air de ne pas le connaître. Et l′une chuchotait: «C′est le petit Saint-Loup. Il paraît qu′il aime toujours sa grue. C′est la grande amour. Quel joli garçon! Moi je le trouve épatant; et quel chic! Il y a tout de même des femmes qui ont une sacrée veine. Et un chic type en tout. Je l′ai bien connu quand j′étais avec d′Orléans. C′était les deux inséparables. Il en faisait une noce à ce moment-là! Mais ce n′est plus ça; il ne lui fait pas de queues. Ah! elle peut dire qu′elle en a une chance. Et je me demande qu′est-ce qu′il peut lui trouver. Il faut qu′il soit tout de même une fameuse truffe. Elle a des pieds comme des bateaux, des moustaches à l′américaine et des dessous sales! Je crois qu′une petite ouvrière ne voudrait pas de ses pantalons. Regardez-moi un peu quels yeux il a, on se jetterait au feu pour un homme comme ça. Tiens, tais-toi, il m′a reconnue, il rit, oh! il me connaissait bien. On n′a qu′à lui parler de moi.» Entre elles et lui je surprenais un regard d′intelligence. J′aurais voulu qu′il me présentât à ces femmes, pouvoir leur demander un rendez-vous et qu′elles me l′accordassent même si je n′avais pas pu l′accepter. Car sans cela leur visage resterait éternellement dépourvu dans ma mémoire, de cette partie de lui-même, — et comme si elle était cachée par un voile — qui varie avec toutes les femmes, que nous ne pouvons imaginer chez l′une quand nous ne l′y avons pas vue, et qui apparaît seulement dans le regard qui s′adresse à nous et qui acquiesce à notre désir et nous promet qu′il sera satisfait. Et pourtant même aussi réduit, leur visage était pour moi bien plus que celui des femmes que j′aurais su vertueuses et ne me semblait pas comme le leur, plat, sans dessous, composé d′une pièce unique et sans épaisseur. Sans doute il n′était pas pour moi ce qu′il devait être pour Saint-Loup qui par la mémoire sous l′indifférence, pour lui transparente, des traits immobiles qui affectaient de ne pas le connaître ou sous la banalité du même salut que l′on eût adressé aussi bien à tout autre, se rappelait, voyait, entre des cheveux défaits, une bouche pâmée et des yeux mi-clos, tout un tableau silencieux comme ceux que les peintres, pour tromper le gros des visiteurs revêtent d′une toile décente. Certes, pour moi au contraire qui sentais que rien de mon être n′avait pénétré en telle ou telle de ces femmes et n′y serait emporté dans les routes inconnues qu′elle suivrait pendant sa vie, ces visages restaient fermés. Mais c′était déjà assez de savoir qu′ils s′ouvraient pour qu′ils me semblassent d′un prix que je ne leur aurais pas trouvé s′ils n′avaient été que de belles médailles, au lieu de médaillons sous lesquels se cachaient des souvenirs d′amour. Quand à Robert, tenant à peine en place, quand il était assis, dissimulant sous un sourire d′homme de cour l′avidité d′agir en homme de guerre, à le bien regarder, je me rendais compte combien l′ossature énergique de son visage triangulaire devait être la même que celle de ses ancêtres, plus faite pour un ardent archer que pour un lettré délicat. Sous la peau fine, la construction hardie, l′architecture féodale apparaissaient. Sa tête faisait penser à ces tours d′antiques donjons dont les créneaux inutilisés restent visibles, mais qu′on a aménagées intérieurement en bibliothèque. Antes de haber conocido a la que entonces era su querida, Roberto había vivido tan dentro del restringido círculo de la vida alegre, que entre todas aquellas mujeres que solían ir a cenar a Rivebelle, y muchas de las cuales estaban allí por casualidad, porque habían ido en busca de un amante nuevo o en recobro de un amante perdido, no había una a la que no conociese por haber pasado, él o alguno de sus amigos, una noche con ella. Cuando estaban con un hombre, Roberto no las saludaba, y ellas, aunque lo miraban más que a otro cualquiera, porque su conocida indiferencia por toda mujer que no fuese su actriz lo revestía a los ojos de estas muchachas de singular prestigio, aparentaban no conocerlo. Había una que murmuraba: “Mira, mira a Saint–Loup. Dicen que sigue enamorado de su pendón. Es su gran pasión. ¡Buen mozo, eh! A mí me gusta mucho, con ese chic que tiene. ¡La verdad es que hay mujeres con una suerte atroz! ¡Y es chic en todo, sabes! Lo traté cuando estaba yo con d′Orleans, eran inseparables. Lo que es entonces se divertia de lo lindo, pero ahora ya no le hace ninguna infidelidad. Ya puede decir que tiene suerte. Y yo no sé por dónde la ve guapa. Tiene que ser un tonto de remate. Tiene unos pies como casas y bigotes a la americana, y es muy puerca. Sus pantalones no los tomaría ni una modistilla. Pero ¡fíjate qué ojos tan bonitos tiene él: es un hombre para hacer cualquier tontería! Mira, ya me ha conocido, ¿ves cómo se ríe? Ya lo creo que me ha conocido, háblale de mí y verás”. Y entonces sorprendía yo entre ellas y Roberto una mirada de inteligencia. Hubiese sido mi deseo que me presentara a esas mujeres, pedirles una cita y lograrla, aunque luego no pudiera yo acudir. Porque sin ello su rostro seguiría por siempre en mi memoria desprovisto de esa parte de sí mismo –que parece oculta tras un velo–, distinta en cada mujer, imposible de imaginar sin haberla visto y que únicamente se asoma en la mirada que nos dirige para acceder a nuestro deseo y prometernos que será satisfecho. Y sin embargo, su rostro, aunque así limitado, me decía a mí mucho más que el de las mujeres reputadas de virtuosas, y no se me representaba, como el de estas últimas, soso, sin nada debajo, compuesto de una pieza única y sin espesor. Indudablemente, esas caras no eran para mí lo mismo que debían de ser para Saint–Lóup, el cual por medio de la memoria, bajo aquella indiferencia, para él transparente, de las facciones inmóviles que afectaban no conocerlo o bajo la superficialidad del saludo. igual al que hubiese dirigido a cualquier otra persona, recordaba, veía una boca entreabierta, unos ojos a medio cerrar, todo ello en un cuadro silencioso, como esos que los pintores tapan con otro cuadro decente para engañar ala mayoría de los visitantes. En mi caso ocurría lo contrario, porque como me daba cuenta de que en ninguna de aquellas mujeres había entrado elemento alguno de mi ser y de que nada mío se llevarían por los desconocidos caminos que tomaran sus vidas, esos rostros seguían tan cerrados. Pero ya era algo saber que podían abrirse, porque así me parecían de un precio que nunca hubiesen alcanzado caso de ser únicamente hermosas medallas y no medallones con recuerdos de amor dentro. Roberto, entretanto, tenía que esforzarse para estarse quieto; disimulaba tras su sonrisa de hombre de corte su avidez por las acciones de hombre de guerra, y yo, mirándolo bien, me percataba de cuánto debía de parecerse la enérgica osamenta de su cara triangular a la de sus antepasados, mucho más apta para un fogoso arquero que para un hombre culto y delicado. Asomaban tras la fina piel la construcción átrevida, la feudal arquitectura. Su testa traía a la mente el recuerdo de esas torres del homenaje de los viejos castillos, con sus inutilizadas almenas aun visibles, arregladas interiormente para servir de bibliotecas.
En rentrant à Balbec, de telle de ces inconnues à qui il m′avait présenté je me redisais sans m′arrêter une seconde et pourtant sans presque m′en apercevoir: «Quelle femme délicieuse!» comme on chante un refrain. Certes, ces paroles étaient plutôt dictées par les dispositions nerveuses que par un jugement durable. Il n′en est pas moins vrai que si j′eusse eu mille francs sur moi et qu′il y eût encore des bijoutiers d′ouverts à cette heure-là, j′eusse acheté une bague à l′inconnue. Quand les heures de notre vie se déroulent ainsi que sur des plans trop différents, on se trouve donner trop de soi pour des personnes diverses qui le lendemain vous semblent sans intérêt. Mais on se sent responsable de ce qu′on leur a dit la veille et on veut y faire honneur. Al volver a Balbec iba yo diciéndome, con referencia a alguna de aquellas desconocidas a quienes me presentó: “¡Qué mujer tan deliciosa!”; y lo repetía sin parar, como el que canta un estribillo, sin darme cuenta casi. Claro es que esas palabras éranme dictadas antes por una predisposición nerviosa que por un juicio sólido. Pero eso no quita para que en el caso de haber llenado encima mil francos y estar abiertas a esas horas las joyerías no hubiese yo regalado una sortija a la damisela desconocida. Cuando las horas de nuestra vida se desarrollan como planos muy distintos, nos encontramos con que ayer nos prodigamos demasiado con personas que hoy nos parecen insignificantes. Pero se siente uno responsable de lo que se dijo y hay que hacer honor a ello.
Comme ces soirs-là je rentrais plus tard, je retrouvais avec plaisir dans ma chambre qui n′était plus hostile le lit où le jour de mon arrivée, j′avais cru qu′il me serait toujours impossible de me reposer et où maintenant mes membres si las cherchaient un soutien; de sorte que successivement mes cuisses, mes hanches, mes épaules tâchaient d′adhérer en tous leurs points aux draps qui enveloppaient le matelas, comme si ma fatigue, pareille à un sculpteur, avait voulu prendre un moulage total d′un corps humain. Mais je ne pouvais m′endormir, je sentais approcher le matin; le calme, la bonne santé n′étaient plus en moi. Dans ma détresse, il me semblait que jamais je ne les retrouverais plus. Il m′eût fallu dormir longtemps pour les rejoindre. Or, me fussé-je assoupi, que de toutes façons je serais réveillé deux heures après par le concert symphonique. Tout à coup je m′endormais, je tombais dans ce sommeil lourd où se dévoilent pour nous le retour à la jeunesse, la reprise des années passées, des sentiments perdus, la désincarnation, la transmigration des âmes, l′évocation des morts, les illusions de la folie, la régression vers les règnes les plus élémentaires de la nature (car on dit que nous voyons souvent des animaux en rêve, mais on oublie que presque toujours que nous y sommes nous-même un animal privé de cette raison qui projette sur les choses une clarté de certitude; nous n′y offrons au contraire, au spectacle de la vie, qu′une vision douteuse et à chaque minute anéantie pour l′oubli, la réalité précédente s′évanouissant devant celle qui lui succède comme une projection de lanterne magique devant la suivante quand on a changé le verre), tous ces mystères que nous croyons ne pas connaître et auxquels nous sommes en réalité initiés presque toutes les nuits ainsi qu′à l′autre grand mystère de l′anéantissement et de la résurrection. Rendue plus vagabonde par la digestion difficile du dîner de Rivebelle, l′illumination successive et errante de zones assombries de mon passé faisait de moi un être dont le suprême bonheur eût été de rencontrer Legrandin avec lequel je venais de causer en rêve. Como en tales noches me recogía yo mucho más tarde, en mi cuarto, que ya no me era hostil, me encontraba con sumo placer aquel lecho en el que según se me figuró el día de mi llegada nunca podría descansar, y al que se dirigían ahora mis fatigados miembros en busca de reposo; de modo que mis muslos, mis caderas, mis hombros, iban sucesivamente tratando de adherirse en todos sus puntos a las sábanas que envolvían el colchón, lo mismo que si mi fatiga, hecha escultor, quisiera sacar un vaciado completo de un cuerpo humano. Pero no podía dormirme, sentía ya acercarse la mañana; la calma, la buena salud habían huido de mí. Tan desconsolado estaba, que me parecía que nunca más habría de dar con ellas. Me hubiera sido menester dormir mucho rato para volver a cogerlas. Y aun cuando me quedase un poco adormilado, de todas maneras al cabo de dos horas vendría a despertarme el concierto sinfónico. De pronto me dormía, caía en ese pesado sueño que nos descubre tantos misterios; el retorno a la juventud, el remontar los años pasados, los sentimientos perdidos, la desencarnación, la transmigración de las almas, la evocación de los muertos, las ilusiones de la locura, la regresión hacia los reinos más elementales de la Naturaleza (porque suele decirse que muchas veces vemos animales en nuestros sueños, olvidándose de que en el sueño nosotros somos también un mero animal privado de la razón, que proyecta sobre las cosas una claridad de certidumbre; no ofrecemos al espectáculo de la vida más que una visión dudosa, borrada a cada instante por el olvido, porque la realidad precedente se desvanece ante la subsiguiente, como una proyección de linterna mágica cuando se quita el cristalito); todos esos misterios, en suma, que se nos figuran desconocidos y en los que en realidad nos iniciamos todas las noches, lo mismo que nos iniciamos en el otro gran misterio del aniquilamiento y la resurrección. La iluminación sucesiva y errante de las zonas ‘en sombra de mi pasado, iluminación aún más caprichosa por la difícil digestión de la comida de Rivebelle, convertíame en un ser cuya dicha suprema hubiese sido encontrarse con Legrandin, con el cual Legrandin acababa yo de hablar en sueños.
Puis, même ma propre vie m′était entièrement cachée par un décor nouveau, comme celui planté tout au bord du plateau et devant lequel pendant que, derrière, on procède aux changements de tableaux, des acteurs donnent un divertissement. Celui où je tenais alors mon rôle, était dans le goût des contes orientaux, je n′y savais rien de mon passé ni de moi-même, à cause de cet extrême rapprochement d′un décor interposé; je n′étais qu′un personnage qui recevait la bastonnade et subissais des châtiments variés pour une faute que je n′apercevais pas mais qui était d′avoir bu trop de porto. Tout à coup je m′éveillais, je m′apercevais qu′à la faveur d′un long sommeil, je n′avais pas entendu le concert symphonique. C′était déjà l′après-midi; je m′en assurais à ma montre, après quelques efforts pour me redresser, efforts infructueux d′abord et interrompus par des chutes sur l′oreiller, mais de ces chutes courtes qui suivent le sommeil comme les autres ivresses, que ce soit le vin qui les procure, ou une convalescence; du reste avant même d′avoir regardé l′heure j′étais certain que midi était passé. Hier soir, je n′étais plus qu′un être vidé, sans poids (et comme il faut avoir été couché pour être capable de s′asseoir et avoir dormi pour l′être de se taire), je ne pouvais cesser de remuer ni de parler, je n′avais plus de consistance, de centre de gravité, j′étais lancé, il me semblait que j′aurais pu continuer ma morne course jusque dans la lune. Or, si en dormant mes yeux n′avaient pas vu l′heure, mon corps avait su la calculer, il avait mesuré le temps non pas sur un cadran superficiellement figuré, mais par la pesée progressive de toutes mes forces refaites que comme une puissante horloge il avait cran par cran, laissé descendre de mon cerveau dans le reste de mon corps où elles entassaient maintenant jusque au-dessus de mes genoux l′abondance intacte de leurs provisions. S′il est vrai que la mer ait été autrefois notre milieu vital où il faille replonger notre sang pour retrouver nos forces, il en est de même de l′oubli, du néant mental; on semble alors absent du temps pendant quelques heures; mais les forces qui se sont rangées pendant ce temps-là sans être dépensées le mesurent par leur quantité aussi exactement que les poids de l′horloge où les croulants monticules du sablier. On ne sort, d′ailleurs, pas plus aisément d′un tel sommeil que de la veille prolongée, tant toutes choses tendent à durer et s′il est vrai que certains narcotiques font dormir, dormir longtemps est un narcotique plus puissant encore, après lequel on a bien de la peine à se réveiller. Pareil à un matelot qui voit bien le quai où amarrer sa barque, secouée cependant encore par les flots, j′avais bien l′idée de regarder l′heure et de me lever, mais mon corps était à tout instant rejeté dans le sommeil; l′atterrissage était difficile, et avant de me mettre debout pour atteindre ma montre et confronter son heure avec celle qu′indiquait la richesse de matériaux dont disposaient mes jambes rompues, je retombais encore deux ou trois fois sur mon oreiller. Además, mi propia vida se me ocultaba enteramente tras una decoración nueva, como la que suelen colocar casi junto a la batería para que los actores representen un intermedio mientras que detrás se está cambiando de cuadro. Ese intermedio, en el que yo hacía mi papel, era a la manera de un cuento oriental, y yo nada sabía de mi pasado ni de mi propia persona, debido a lo muy cerca que se hallaba la interpuesta decoración; no era yo más que un personaje que se llevaba todas las tundas y recibía castigos diversos por una falta que no se veía muy clara, pero que consistía en haber bebido más oporto de lo conveniente. De pronto me despertaba y me daba cuenta de que el concierto sinfónico ya había acabado y que gracias a un largo sueño no había oído nada. Era ya por la tarde; para convencerme miraba mi reloj, después de haber hecho unos esfuerzos para incorporarme, esfuerzos infructuosos primero y entrecortados por caídas en la almohada, esas breves caídas que son subsiguientes al sueño y a las restantes formas de embriaguez, ya sean debidas al vino, ya a una convalecencia; pero aun antes de mirar qué hora era, ya estaba seguro de que la mañana había pasado. Ayer noche no era yo más que un ser vacío, sin peso (y como para poder estar sentado es menester haberse acostado antes, y para ser capaz de callarse se requiere haber dormido bien); yo no podía por menos de agitarme y hablar; carecía de consistencia, de centro de gravedad, estaba ya disparado, y se me antojaba que hubiese podido continuar mi triste carrera hasta la misma luna. Y al dormir, cierto que mis ojos no habían visto el reloj, pero mi cuerpo supo calcular la hora, midió el tiempo, y no en esfera figurada superficialmente, sino por medio de la progresiva pesantez de todas mis fuerzas renovadas, que mi cerebro iba dejando caer punto por punto, como potente reloj hasta más abajo de las rodillas la intacta abundancia de sus provisiones. Si es exacto que el mar ha sido antaño nuestro medio vital y que en él es menester sumergirse para recobrar nuestras Ir lo mismo ocurre con el olvido, con la aniquilación mental; porque cuando nos dominan parece que está uno ausente del tiempo por unas horas; pero las fuerzas que durante ese espacio se fueron ordenando sin gastarse lo miden por su cantidad con la misma exactitud que las pesas del reloj o los ruinosos montículos de la ampolleta de arena. Por supuesto que tan difícil es salir de un sueño así como de una prolongada vigilia, porque todas las cosas tienden a durar, y si bien es cierto que algunos narcóticos hacen dormir, el mucho dormir es un narcótico más potente, y luego cuesta mucho trabajo despertarse. Era yo como el marinero que ve perfectamente el muelle adonde ha de amarrar su barca, cuando todavía la sacuden las olas; hacía intención de mirar la hora que era y levantarme, pero mi cuerpo veíase lanzado de nuevo a las oleadas del sueño; cosa difícil era el tomar tierra; y antes de incorporarme para ver el reloj y confrontar su hora con la que marcaba la riqueza de materiales de que disponían mis cansadas piernas, volvía a caer dos o tres veces en la almohada.
Enfin je voyais clairement: «deux heures de l′après-midi!» je sonnais, mais aussitôt je rentrais dans un sommeil qui cette fois devait être infiniment plus long, si j′en jugeais par le repos et la vision d′une immense nuit dépassée, que je trouvais au réveil. Pourtant comme celui-ci était causé par l′entrée de Françoise, entrée qu′avait elle-même motivée mon coup de sonnette. Ce nouveau sommeil qui me paraissait avoir dû être plus long que l′autre et avait amené en moi tant de bien-être et d′oubli, n′avait duré qu′une demi-minute. Por fin veía claramente: “¡Las dos de la tarde!” Llamaba, pero en seguida tornaba a sumirme en un sueño, que esta vez debía de ser mucho más largo, a juzgar por el descanso y la visión de una inmensa noche vencida con que me encontraba al despertar. Pero tal despertar debíase a la entrada de Francisca, entrada acarreada por mi campanillazo, y ese nuevo sueño que me pareció más largo que el otro y que tanto bienestar y olvido me causó no había durado más que medio minuto.
Ma grand-mère ouvrait la porte de ma chambre, je lui posais mille questions sur la famille Legrandin. Mi abuela abría la puerta, y yo le hacía algunas preguntas referentes a la familia Legrandin.
Ce n′est pas assez de dire que j′avais rejoint le calme et la santé, car c′était plus qu′une simple distance qui les avait la veille séparés de moi, j′avais eu toute la nuit à lutter contre un flot contraire, et puis je ne me retrouvais pas seulement auprès d′eux, ils étaient rentrés en moi. A des points précis et encore un peu douloureux de ma tête vide et qui serait un jour brisée, laissant mes idées s′échapper à jamais, celles-ci avaient une fois encore repris leur place, et retrouvé cette existence dont hélas jusqu′ici elles n′avaient pas su profiter. No sería bastante decir que había vuelto a, alcanzar la calma y la salud, porque la noche antes me separaba de ellas algo más que una simple distancia, y tuve que pasármela luchando contra una corriente contraria; y ahora no me sentía yo tan sólo a la vera de la calma y de la salud, sino que ambas estaban dentro de mí. Y en puntos determinados, un poco doloridos aún, de mi vacía cabeza, la cabeza que algún día habría de estallar, dejando huir mis ideas para siempre, estas ideas habían vuelto una vez más a ocupar su puesto y dado de nuevo con esa existencia que hasta ahora no supieron aprovechar.
Une fois de plus j′avais échappé à l′impossibilité de dormir, au déluge, au naufrage des crises nerveuses. Je ne craignais plus du tout ce qui me menaçait la veille au soir quand j′étais démuni de repos. Une nouvelle vie s′ouvrait devant moi; sans faire un seul mouvement, car j′étais encore brisé quoique déjà dispos, je goûtais ma fatigue avec allégresse; elle avait isolé et rompu les os de mes jambes, de mes bras, que je sentais assemblés devant moi, prêts à se rejoindre, et que j′allais relever rien qu′en chantant comme l′architecte de la fable. Por una vez más había yo escapado a la imposibilidad de dormir, a aquel desastre y naufragio de las crisis nerviosas. Ya no me inspiraba miedo alguno, lo mismo que la noche antes, cuando el verme falto de descanso me servía de amenaza. Se me abría una vida nueva; sin hacer un solo movimiento, porque todavía estaba tronchado, aunque ya bien dispuesto, saboreaba con delicia mi fatiga; ella me rompió y disgregó los huesos de brazos y piernas, pero yo los veía ahora a todos reunidos delante de mí, prontos a juntarse ‘de muevo, y sólo con cantar, como el arquitecto de la fábula, se pondrían otra vez en pie.
Tout à coup je me rappelai la jeune blonde à l′air triste que j′avais vue à Rivebelle et qui m′avait regardé un instant. Pendant toute la soirée, bien d′autres m′avaient semblé agréables, maintenant elle venait seule de s′élever du fond de mon souvenir. Il me semblait qu′elle m′avait remarqué, je m′attendais à ce qu′un des garçons de Rivebelle vînt me dire un mot de sa part. Saint-Loup ne la connaissait pas et croyait qu′elle était comme il faut. Il serait bien difficile de la voir, de la voir sans cesse. Mais j′étais prêt à tout pour cela, je ne pensais plus qu′à elle. La philosophie parle souvent d′actes libres et d′actes nécessaires. Peut-être n′en est-il pas de plus complètement subi par nous, que celui qui en vertu d′une force ascensionnelle comprimée pendant l′action, fait jusque-là une fois notre pensée au repos, remonter ainsi un souvenir nivelé avec les autres par la force oppressive de la distraction, et s′élancer parce qu′à notre insu il contenait plus que les autres un charme dont nous ne nous apercevons que vingt quatre heures après. Et peut-être n′y a-t-il pas non plus d′acte aussi libre, car il est encore dépourvu de l′habitude, de cette sorte de manie mentale qui dans l′amour, favorise la renaissance exclusive de l′image d′une certaine personne. De pronto me acordé de la rubita triste que vi en Rivebelle y que me había mirado un momento. Durante la noche otras muchas mujeres se me antojaron simpáticas, pero ahora ella era la única que surgía de lo hondo de mi recuerdo. Se me, imaginaba que se había fijado en mí, y esperaba que viniese un mozo del restaurante de Rivebelle a traerme una carta de su parte. Saint-Loup no la conocía, y en su opinión debía de ser una muchacha decente. Muy difícil sería verla., verla constantemente, pero yo estaba dispuesto a todo con tal de lograrlo, y no pensaba más que en ella. La filosofía suele hablar de actos libres y actos necesarios. Quizá no se da en nosotros acto más necesario que aquel por virtud del cual una fuerza ascensional comprimida durante la acción hace ascender, una vez que nuestro pensamiento está en reposo, a un recuerdo que estuvo nivelado con los otros por la fuerza opresiva de la distracción, y lo empuja hacia arriba, porque, sin que nosotros nos diésemos cuenta, contenía en mayor grado que los demás un encanto notado tan sólo veinticuatro horas después. Y quizá no exista tampoco acto más libre, porque aun está exento de costumbre, de una especie de manía mental que en amor sirve para favorecer el exclusivo revivir de una determinada persona.
Ce jour-là était justement le lendemain de celui où j′avais vu défiler devant la mer le beau cortège de jeunes filles. J′interrogeai à leur sujet plusieurs clients de l′hôtel, qui venaient presque tous les ans à Balbec. Ils ne purent me renseigner. Plus tard une photographie m′expliqua pourquoi. Qui eût pu reconnaître maintenant en elles, à peine mais déjà sorties d′un âge où on change si complètement, telle masse amorphe et délicieuse, encore tout enfantine, de petites filles que, quelques années seulement auparavant, on pouvait voir assises en cercle sur le sable, autour d′une tente: sorte de blanche et vague constellation où l′on n′eût distingué deux yeux plus brillants que les autres, un malicieux visage, des cheveux blonds, que pour les reperdre et les confondre bien vite au sein de la nébuleuse indistincte et lactée. Precisamente el día, anterior fué aquel en que vi desfilar por delante del mar la hermosa procesión de muchachas. Pregunté si las conocían a algunos parroquianos del hotel que solían ir casi todos los años a Balbec, pero no supieron decirme nada. Luego, más adelante, una fotografía vino a explicarme el porqué. ¿Quién era capaz de reconocer en ellas, recién salidas, pero salidas ya de una edad en que se cambian tan totalmente, a aquella masa amorfa y deliciosa, toda infantil aún, de niñas que unos años antes se sentaban en la arena formando corro alrededor de una caseta, especie de vaga y blanca constelación, donde si se discernían unos ojos más brillantes que los demás, una cara maliciosa, una melena rubia, era para volverlos a perder y a confundir en seguida en el seno de la nebulosa indistinta y láctea?
Sans doute en ces années-là encore si peu éloignées, ce n′était pas comme la veille dans leur première apparition devant moi, la vision du groupe, mais le groupe lui-même qui manquait de netteté. Alors, ces enfants trop jeunes étaient encore à ce degré élémentaire de formation où la personnalité n′a pas mis son sceau sur chaque visage. Comme ces organismes primitifs où l′individu n′existe guère par lui-même, est plutôt constitué par le polypier que par chacun des polypes qui le composent, elles restaient pressées les unes contre les autres. Parfois l′une faisait tomber sa voisine, et alors un fou rire qui semblait la seule manifestation de leur vie personnelle, les agitait toutes à la fois, effaçant, confondant ces visages indécis et grimaçants dans la gelée d′une seule grappe scintillatrice et tremblante. Dans une photographie ancienne qu′elles devaient me donner un jour, et que j′ai gardée, leur troupe enfantine offre déjà le même nombre de figurantes, que plus tard leur cortège féminin; on y sent qu′elles devaient déjà faire sur la plage une tache singulière qui forçait à les regarder; mais on ne peut les y reconnaître individuellement que par le raisonnement, en laissant le champ libre à toutes les transformations possibles pendant la jeunesse jusqu′à la limite où ces formes reconstituées empiétraient sur une autre individualité qu′il faut identifier aussi et dont le beau visage, à cause de la concomitance d′une grande taille et de cheveux frisés, a chance d′avoir été jadis ce ratatinement de grimace rabougrie présenté par la carte-album; et la distance parcourue en peu de temps par les caractères physiques de chacune de ces jeunes filles, faisant d′eux un critérium fort vague et d′autre part ce qu′elles avaient de commun et comme de collectif étant dès lors marqué, il arrivait parfois à leurs meilleures amies de les prendre l′une pour l′autre sur cette photographie, si bien que le doute ne pouvait finalement être tranché que par tel accessoire de toilette que l′une était certaine d′avoir porté, à l′exclusion des autres. Depuis ces jours si différents de celui où je venais de les voir sur la digue, si différents et pourtant si proches, elles se laissaient encore aller au rire comme je m′en étais rendu compte la veille, mais à un rire qui n′était pas celui intermittent et presque automatique de l′enfance, détente spasmodique qui autrefois faisait à tous moments faire un plongeon à ces têtes comme les blocs de vairons dans la Vivonne se dispersaient et disparaissaient pour se reformer un instant après; leurs physionomies maintenant étaient devenues maîtresses d′elles-mêmes, leurs yeux étaient fixés sur le but qu′ils poursuivaient; et il avait fallu hier l′indécision et le tremblé de ma perception première pour confondre indistinctement, comme l′avait fait l′hilarité ancienne et la vieille photographie — les sporades aujourd′hui individualisées et désunies du pâle madrépore. Indudablemente, en esos años pasados no sólo era la visión total del grupo la que carecía de perfecta nitidez, como noté yo el día antes, sino el grupo mismo. Entonces esas niñas eran aún muy jovencitas y se hallaban en ese grado elemental de formación en que la personalidad no puso aún a cada rostro su sello. Estaban todas apretadas unas contra otras, como esos organismos primitivos en los que el individuo no existe por sí mismo y está constituído antes por el polipero que por cada uno de los pólipos que entran en su composición. A veces una de las niñas empujaba a la que tenía al lado y la hacía caerse al suelo, y entonces una risa alocada, que parecía la sola manifestación de su vida personal, las agitaba a todas simultáneamente, borrando y confundiendo aquellos rostros indecisos y parleros en la masa de un racimo único, tembloroso y chispeante. En un retrato viejo que luego, andando el tiempo, me dieron ellas, y que he conservado, su tropa infantil constaba ya del mismo número de figurantas que la .procesión femenina que habían de constituir más adelante;; y se da uno cuenta de que ya entonces debían de formar las chiquillas en la playa un manchón particular que atraería la atención; pero, en dicho retrato sólo se las puede distinguir individualmente por medio del razonamiento, dejando campo libre a todas las transformaciones posibles durante la juventud, hasta ese límite en que las formas reconstituídas invaden ya otra personalidad que es menester diferenciar asimismo, personalidad cuyo lindo rostro tiene probabilidades, gracias a la concomitancia de una buena estatura y un pelo rizado, de haber sido antaño esa bolita gesticulante y avellanada que nos presenta el retrato viejo; y como la distancia recorrida en poco tiempo por los caracteres físicos de cada muchacha privaba de un criterio seguro para distinguirlos, y además como ya entonces estaba muy marcado en ellas aquello que de común y colectivo tenían, solía ocurrir a sus mejores amigas que en ese retrato las confundían unas con otras, hasta el punto que para decidir las dudas había que recurrir a un detalle de indumento que según alguna de ellas era exclusivamente suyo. Desde aquel tiempo, tan diferente del día en que me las encontré yo en el paseo, tan diferente, pero no muy distante, acostumbraban entregarse a la risa, como pude ver la anterior mañana; pero esa risa no era ya aquella intermitente y casi espasmódica de la infancia, aquella risa en la que antes se hundían a caca momento sus cabecitas para volver a surgir después, al modo de los bloques de pececillos del Vivonne, que se dispersaban y desaparecían por un instante y se juntaban en seguida; ahora sus fisonomías eran ya dueñas de sí; los ojos se clavaban en el blanco que perseguían, y el día antes fué lo indeciso y tembloroso de mi percepción primera lo que confundió indistintamente –como hacía la hilaridad de antaño y la fotografía descolorida– las esporadas, ahora individualizadas y desunidas, de la pálida madrépora.
Sans doute bien des fois, au passage de jolies jeunes filles, je m′étais fait la promesse de les revoir. D′habitude, elles ne reparaissent pas; d′ailleurs la mémoire qui oublie vite leur existence, retrouverait difficilement leurs traits; nos yeux ne les reconnaîtraient peut-être pas, et déjà nous avons vu passer de nouvelles jeunes filles que nous ne reverrons pas non plus. Mais d′autres fois et c′est ainsi que cela devait arriver pour la petite bande insolente, le hasard les ramène avec insistance devant nous. Il nous paraît alors beau, car nous discernons en lui, comme un commencement d′organisation, d′effort, pour composer notre vie; il nous rend facile, inévitable et quelquefois — après des interruptions qui ont pu faire espérer de cesser de nous souvenir — cruelle, la fidélité des images à la possession desquelles nous nous croirons plus tard avoir été prédestinés, et que sans lui nous aurions pu, tout au début, oublier, comme tant d′autres, si aisément. Es verdad que muchas veces, al ver pasar a unas muchachas bonitas, me hice promesa de volverlas a buscar. Pero por lo general no parecían; además, la memoria, que olvida pronto su existencia, difícilmente distinguiría sus facciones, acaso nuestros ojos no las conocieran ya; añádase a eso que habíamos visto pasar otras muchachas a las que tampoco volveríamos a encontrar. Pero otras veces, y eso es lo que sucedió con la insolente bandada de mocitas, el azar se obstina en ponérnoslas delante. Y entonces el azar se nos antoja muy bello, porque en él discernimos como un comienzo de organización, de esfuerzo para componer nuestra vida; y por él se nos convierte en cosa fácil, inevitable y a veces –tras las interrupciones que nos infundieron la esperanza de dejar de acordarnos– en cosa cruel, la fidelidad a unas imágenes a cuya posesión se nos figura más tarde que estábamos predestinados, y que, en verdad, de no haber sido por el azar, hubiéramos podido olvidar al principio como tantas otras.
Bientôt le séjour de Saint-Loup toucha à sa fin. Je n′avais pas revu ces jeunes filles sur la plage. Il restait trop peu l′après-midi à Balbec pour pouvoir s′occuper d′elles et tâcher de faire, à mon intention, leur connaissance. Le soir il était plus libre et continuait à m′emmener souvent à Rivebelle. Il y a dans ces restaurants, comme dans les jardins publics et les trains, des gens enfermés dans une apparence ordinaire et dont le nom nous étonne, si l′ayant par hasard demandé, nous découvrons qu′ils sont non l′inoffensif premier venu que nous supposions, mais rien de moins que le ministre ou le duc dont nous avons si souvent entendu parler. Déjà deux ou trois fois dans le restaurant de Rivebelle, nous avions, Saint-Loup et moi, vu venir s′asseoir à une table quand tout le monde commençait à partir un homme de grande taille, très musclé, aux traits réguliers, à la barbe grisonnante, mais de qui le regard songeur restait fixé avec application dans le vide. Un soir que nous demandions au patron qui était ce dîneur obscur, isolé et retardataire: «Comment, vous ne connaissiez pas le célèbre peintre Elstir?» nous dit-il. Swann avait une fois prononcé son nom devant moi, j′avais entièrement oublié à quel propos; mais l′omission d′un souvenir, comme celui d′un membre de phrase dans une lecture, favorise parfois non l′incertitude, mais l′éclosion d′une certitude prématurée. «C′est un ami de Swann, et un artiste très connu, de grande valeur», dis-je à Saint-Loup. Aussitôt passa sur lui et sur moi, comme un frisson, la pensée qu′Elstir était un grand artiste, un homme célèbre, puis, que nous confondant avec les autres dîneurs, il ne se doutait pas de l′exaltation où nous jetait l′idée de son talent. Sans doute, qu′il ignorât notre admiration, et que nous connaissions Swann, ne nous eût pas été pénible si nous n′avions pas été aux bains de mer. Mais attardés à un âge où l′enthousiasme ne peut rester silencieux, et transportés dans une vie où l′incognito semble étouffant, nous écrivîmes une lettre signée de nos noms, où nous dévoilions à Elstir dans les deux dîneurs assis à quelques pas de lui deux amateurs passionnés de son talent, deux amis de son grand ami Swann et où nous demandions à lui présenter nos hommages. Un garçon se chargea de porter cette missive à l′homme célèbre. Pronto tocó a su fin la estancia de Saint–Loup en Balbec. No volví a ver a las muchachas en la playa. Y Roberto estaba en Balbec muy poco tiempo, o durante la tarde, y no le daba lugar a ocuparse de mi asunto y hacer que se las presentaran, todo por mí. Por la noche tenía más libertad, y seguía llevándome a menudo a Rivebelle. En restaurantes como el de Rivebelle suele ocurrir, igual que en los jardines públicos y en los trenes, que nos encontramos con gente de exterior vulgar, cuyo nombre nos deja asombrados cuando, al preguntar casualmente quiénes son, venimos a descubrir que no se trata de los inofensivos insignificantes que nosotros suponíamos, sino de tal ministro o cual duque, que conocíamos de oídas. Saint–Loup y yo habíamos visto ya dos o tres veces en el restaurante de Rivebelle a un caballero alto, musculoso, de facciones correctas y barba gris, que iba a sentarse a su mesa cuando toda la gente empezaba a marcharse; tenía un mirar pensativo, constantemente clavado en el vacío. Una noche preguntamos al amo quién .era aquel señor aislado, desconocido y rezagado en la cena. “¡Ah!, ¿no lo conocen ustedes? Es Elstir, el pintor tan célebre.” Swann había dicho una vez aquel nombre delante de mí; pero yo no me acordaba en qué ocasión ni a qué propósito; sin embargo, suele suceder que la omisión de un recuerdo, por ejemplo, el– elemento de una frase en una lectura favorita, venga en favor, no de la incertidumbre, sino de una prematura seguridad. “Es amigo de Swann, un artista conocidísimo y de mucho mérito”, dije a Saint– Loup. Y en seguida nos cruzó por el ánimo, como un escalofrío, la idea de que Elstir era un gran artista, una celebridad; y en seguida pensamos que probablemente nos confundiría con los demás parroquianos del restaurante, sin sospechar el estado de exaltación en que nos pusiera la idea de su talento. Indudablemente, el hecho de que ignorase nuestra admiración por él y nuestra amistad con Swann no nos hubiese causado la menor pena a no ser porque estábamos en una playa de veraneo. Pero como nos hallábamos un poco retrasados para nuestros años, sin poder sujetar nuestro entusiasmo en silencio, y transportados a una vida de verano, donde el incógnito ahogaba escribimos una carta firmada por los dos, en la que revelábamos a Elstir que aquellos dos jóvenes sentados a unos pasos de su mesa eran dos admiradores entusiastas de su talento y dos amigos de su gran amigo Swann, y le manifestábamos nuestro deseo de saludarlo. Encargamos a un mozo que llevara la misiva al hombre célebre.
Célèbre, Elstir ne l′était peut-être pas encore à cette époque tout à fait autant que le prétendait le patron de l′établissement, et qu′il le fut d′ailleurs bien peu d′années plus tard. Mais il avait été un des premiers à habiter ce restaurant alors que ce n′était encore qu′une sorte de ferme et à y amener une colonie d′artistes (qui avaient du reste tous émigré ailleurs dès que la ferme où l′on mangeait en plein air sous un simple auvent, était devenue un centre élégant; Elstir lui-même ne revenait en ce moment à Rivebelle qu′à cause d′une absence de sa femme avec laquelle il habitait non loin de là). Mais un grand talent, même quand il n′est pas encore reconnu, provoque nécessairement quelques phénomènes d′admiration, tels que le patron de la ferme avait été à même d′en distinguer dans les questions de plus d′une Anglaise de passage, avide de renseignements sur la vie que menait Elstir, ou dans le nombre de lettres que celui-ci recevait de l′étranger. Alors le patron avait remarqué davantage qu′Elstir n′aimait pas être dérangé pendant qu′il travaillait, qu′il se relevait la nuit pour emmener un petit modèle poser nu au bord de la mer, quand il y avait clair de lune, et il s′était dit que tant de fatigues n′étaient pas perdues, ni l′admiration des touristes injustifiée, quand il avait dans un tableau d′Elstir reconnu une croix de bois qui était plantée à l′entrée de Rivebelle. Por aquella época Elstir quizá no fuese todavía todo lo célebre que aseguraba el amo del restaurante, aunque unos años más tarde logró gran celebridad. Pero él fué una de las primeras personas que concurrieron a aquel restaurante cuando no pasaba de ser una especie de casa de campo, y llevó allí una colonia de artistas dos cuales emigraron todos en cuanto aquella casa, donde se comía al aire libre, al abrigo de un simple sobradillo, se convirtió en lugar de moda); el mismo Elstir, si comía allí ahora, era porque su mujer, con la que vivía no lejos de Rivebelle, había salido de viaje. Pero el gran talento, aunque no sea todavía muy conocido, determina necesariamente algunos fenómenos que pudo distinguir el amo del restaurante de la primera época en las preguntas de más de una viajera inglesa, ávida de detalles sobre la vida que hacía Elstir, o en el gran número de cartas del extranjero que recibía el pintor. Entonces el huésped se fijó en lo poco que le gustaba a Elstir que lo molestaran mientras estaba trabajando, en que se levantaba a medianoche cuando hacía luna e iba a pintar a la orilla del mar con un modelo de desnudo; y acabó por reconocer que tantas fatigas valían la pena, y que la admiración de los turistas era justificada, un día que reconoció en un cuadro de Elstir una cruz de madera que se alzaba a la entrada de Rivebelle.
— C′est bien elle, répétait-il avec stupéfaction. Il y a les quatre morceaux! Ah! aussi il s′en donne une peine! –¡Qué bien está la cruz! –repetía estupefacto–, se ven los cuatro maderos. Pero hay que ver también el trabajo que le cuesta.
Et il ne savait pas si un petit «lever de soleil sur la mer» qu′Elstir lui avait donné, ne valait pas une fortune. Y no sabía a ciencia cierta si un “Amanecer en el mar” que le había regalado Elstir no valdría una fortuna.
Nous le vîmes lire notre lettre, la remettre dans sa poche, continuer à dîner, commencer à demander ses affaires, se lever pour partir, et nous étions tellement sûrs de l′avoir choqué par notre démarche que nous eussions souhaité maintenant, tout autant que nous l′avions redouté) de partir sans avoir été remarqués par lui. Nous ne pensions pas un seul instant à une chose qui aurait dû pourtant nous sembler la plus importante, c′est que notre enthousiasme pour Elstir, de la sincérité duquel nous n′aurions pas permis qu′on doutât et dont nous aurions pu, en effet, donner comme témoignage notre respiration entrecoupée par l′attente, notre désir de faire n′importe quoi de difficile ou d′héroî°µe pour le grand homme, n′était pas, comme nous nous le figurions, de l′admiration, puisque nous n′avions jamais rien vu d′Elstir; notre sentiment pouvait avoir pour objet l′idée creuse de «un grand artiste», non pas une uvre qui nous était inconnue. C′était tout au plus de l′admiration à vide, le cadre nerveux, l′armature sentimentale d′une admiration sans contenu, c′est-à-dire quelque chose d′aussi indissolublement attaché à l′enfance que certains organes qui n′existent plus chez l′homme adulte; nous étions encore des enfants. Elstir cependant allait arriver à la porte, quand tout à coup il fit un crochet et vint à nous. J′étais transporté d′une délicieuse épouvante comme je n′aurais pu en éprouver quelques années plus tard, parce que, en même temps que l′âge diminue la capacité, l′habitude du monde ôte toute idée de provoquer d′aussi étranges occasions, de ressentir ce genre d′émotions. Vimos cómo leía nuestra carta; se la metió en el bolsillo, siguió cenando, pidió su abrigo y su sombrero y se levantó; nosotros teníamos tal seguridad de haberlo molestado con nuestra demanda, que la misma cosa que antes nos daba tanto miedo, es decir, que se marchase sin haberse fijado en nosotros, era ahora nuestro mayor deseo No se nos ocurría una cosa en la que debíamos haber pensado, porque era muy importante: que nuestro entusiasmo por Elstir, de cuya sinceridad no permitiríamos a nadie que dudara y de la que nosotros no podíamos dudar, puesto que nos servía de testimonio el respirar entrecortado por la esperanza, el deseo de hacer algo difícil o heroico por el grande hombre, no era de admiración, como nosotros nos figurábamos, puesto que nunca habíamos visto nada suyo; nuestro sentimiento podía tener por norte la idea vacía de un “gran artista”, pero no una obra que no conocíamos. A lo sumo era una admiración en blanco, el marco nervioso, la armadura sentimental de una admiración sin contenido, esto es, cosa tan indisolublemente propia de la infancia, como determinados órganos que ya no existen en el hombre adulto; éramos aún unos niños. A todo esto, Elstir estaba ya cerca de la puerta, cuando de pronto cambió de rumbo y se vino para nosotros. Yo me vi arrebatado por un delicioso espanto de tal índole que unos años más tarde no podría sentirlo ya así, porque la capacidad para ese género de emociones disminuye con la edad, y la costumbre del trato de gentes nos quita toda idea de provocar tan extrañas ocasiones para esta emoción.
Dans les quelques mots qu′Elstir vint nous dire, en s′asseyant à notre table, il ne me répondit jamais, les diverses fois où je lui parlai de Swann. Je commençai à croire qu′il ne le connaissait pas. Il ne m′en demanda pas moins d′aller le voir à son atelier de Balbec, invitation qu′il n′adressa pas à Saint-Loup, et que me valurent, ce que n′aurait peut-être pas fait la recommandation de Swann si Elstir eût été lié avec lui (car la part des sentiments désintéressés est plus grande qu′on ne croit dans la vie des hommes) quelques paroles qui lui firent penser que j′aimais les arts. Il prodigua pour moi une amabilité, qui était aussi supérieure à celle de Saint-Loup que celle-ci à l′affabilité d′un petit bourgeois. A côté de celle d′un grand artiste, l′amabilité d′un grand seigneur, si charmante soit-elle, a l′air d′un jeu d′acteur, d′une simulation. Saint-Loup cherchait à plaire, Elstir aimait à donner, à se donner. Tout ce qu′il possédait, idées, uvres, et le reste qu′il comptait pour bien moins, il l′eût donné avec joie à quelqu′un qui l′eût compris. Mais faute d′une société supportable, il vivait dans un isolement, avec une sauvagerie que les gens du monde appelaient de la pose et de la mauvaise éducation, les pouvoirs publics un mauvais esprit, ses voisins, de la folie, sa famille de l′égoî²­e et de l′orgueil. En las frases que Elstir nos dirigió, después de haberse sentado a nuestra mesa, no se dió por enterado de las diversas alusiones que hice a Swann. Yo ya empecé a creer que no lo conocía. Sin embargo, me invitó a que fuese a verlo a su estudio de Balbec, invitación que no hizo a Saint–Loup, y que se debía a unas cuantas frases mías de las que dedujo el pintor que tenía cariño al arte; porque en la vida humana los sentimientos desinteresados juegan más papel de lo que suele creerse, y así logré con mis palabras lo que quizá no hubiese logrado con una recomendación de Swann, si es que Elstir era amigo suyo. Se mostró conmigo amabilísimo, con amabilidad superior a la de Saint– Loup y que estaba con respecto a ella en la misma relación que la de Roberto con la amabilidad de un hombre de la clase media. La amabilidad de un gran señor, por grande que sea, parece, comparada con la de un artista, cosa de comedia y simulación. Saint– Loup quería agradar. A Elstir le gustaba entregar, entregarse. Todo lo que tenía, ideas, obras, y las demás cosas, que estimaba en mucho menos, habríalo dado con alegría a alguien capaz de comprenderlo. Pero a falta de sociedad soportable vivía Elstir aislado, de un modo selvático, y a ese género de vida la gente elegante lo llamaba pose; los poderes públicos, mala índole; los vecinos, locura, y la familia, egoísmo y orgullo.
Et sans doute les premiers temps avait-il pensé, dans la solitude même, avec plaisir que, par le moyen de ses uvres, il s′adressait à distance, il donnait une plus haute idée de lui, à ceux qui l′avaient méconnu ou froissé. Peut-être alors vécut-il seul, non par indifférence, mais par amour des autres, et, comme j′avais renoncé à Gilberte pour lui réapparaître un jour sous des couleurs plus aimables, destinait-il son uvre à certains, comme un retour vers eux, où sans le revoir lui-même, on l′aimerait, on l′admirerait, on s′entretiendrait de lui; un renoncement n′est pas toujours total dès le début, quand nous le décidons avec notre âme ancienne et avant que par réaction il n′ait agi sur nous, qu′il s′agisse du renoncement d′un malade, d′un moine, d′un artiste, d′un héros. Mais s′il avait voulu produire en vue de quelques personnes, en produisant, lui avait vécu pour lui-même, loin de la société à laquelle il était indifférent; la pratique de la solitude lui en avait donné l′amour comme il arrive pour toute grande chose que nous avons crainte d′abord, parce que nous la savions incompatible avec de plus petites auxquelles nous tenions et dont elle nous prive moins qu′elle ne nous détache. Avant de la connaître, toute notre préoccupation est de savoir dans quelle mesure nous pourrons la concilier avec certains plaisirs qui cessent d′en être dès que nous l′avons connue. Indudablemente, en sus primeros tiempos de artista debió de serle grata la idea de que desde aquella soledad se dirigía a distancia, por medio de sus obras, a aquellas personas que lo habían menospreciado u ofendido, y les daba una alta idea de su persona. Quizá entonces vivía solitario no por indiferencia, sino por amor a los demás, y así como yo había renunciado a Gilberta con objeto de reaparecer algún día ante ella con más amables colores, Elstir destinaba su obra a ciertas personas, a modo de retorno hacia ellas, retorno en que, sin verlo, lo querrían, lo admirarían, hablarían de él; el renunciamiento sea de enfermo, de monje, de artista o de héroe, no siempre es total desde sus comienzos, cuando acabamos de decidirnos a renunciar con nuestra antigua alma y antes de que haya obrado en nosotros por reacción. Pero aun siendo cierto que quería producir con el ánimo puesto en personas determinadas, ello es que vivió para sí mismo, alejado de una sociedad que se le hizo indiferente; porque a fuerza de practicar la soledad llegó a enamorarse de ella, como ocurre con toda gran cosa que empezó por darnos miedo porque sabíamos que era incompatible con otras insignificantes a las que teníamos apego, esas cosas de las cuales parece que nos priva la soledad, cuando en realidad lo que hace es quitarnos el cariño a ellas. Y antes de conocer la soledad, toda nuestra preocupación estriba en saber hasta qué punto será conciliable con ciertos placeres que dejan de ser tales en cuanto trabamos conocimiento con ella.
Elstir ne resta pas longtemps à causer avec nous. Je me promettais d′aller à son atelier dans les deux ou trois jours suivants, mais le lendemain de cette soirée, comme j′avais accompagné ma grand-mère tout au bout de la digue vers les falaises de Canapville, en revenant, au coin d′une des petites rues qui débouchent perpendiculairement sur la plage, nous croisâmes une jeune fille qui, tête basse comme un animal qu′on fait rentrer malgré lui dans l′étable, et tenant des clubs de golf, marchait devant une personne autoritaire, vraisemblablement son «anglaise», ou celle d′une de ses amies, laquelle ressemblait au portrait de Jeffries par Hogarth, le teint rouge comme si sa boisson favorite avait été plutôt le gin que le thé, et prolongeant par le croc noir d′un reste de chique une moustache grise, mais bien fournie. La fillette qui la précédait, ressemblait à celle de la petite bande qui, sous un polo noir, avait dans un visage immobile et joufflu des yeux rieurs. Or, celle qui rentrait en ce moment avait aussi un polo noir, mais elle me semblait encore plus jolie que l′autre, la ligne de son nez était plus droite, à la base, l′aile en était plus large et plus charnue. Puis l′autre m′était apparue comme une fière jeune fille pâle, celle-ci comme une enfant domptée et de teint rose. Pourtant, comme elle poussait une bicyclette pareille et comme elle portait les mêmes gants de renne, je conclus que les différences tenaient peut-être à la façon dont j′étais placé et aux circonstances, car il était peu probable qu′il y eût à Balbec, une seconde jeune fille, de visage malgré tout si semblable, et qui dans son accoutrement réunît les mêmes particularités. Elle jeta dans ma direction un regard rapide; les jours suivants, quand je revis la petite bande sur la plage, et même plus tard quand je connus toutes les jeunes filles qui la composaient, je n′eus jamais la certitude absolue qu′aucune — d′elles même celle qui de toutes lui ressemblait le plus, la jeune fille à la bicyclette — fût bien celle que j′avais vue ce soir-là au bout de la plage, au coin de la rue, jeune fille, qui n′était guère, mais qui était tout de même un peu différente de celle que j′avais remarquée dans le cortège. Elstir no se estuvo mucho rato hablando con nosotros. Yo hice intención de ir a su estudio muy pronto; pero al siguiente día de nuestra conversación acompañé a mi abuela hasta el final del paseo del dique, camino de los acantilados de Canapville, y a la vuelta, en la esquina de una de las callecitas que desembocan perpendicularmente a la playa, nos cruzamos con una muchacha que, con la testa baja, como animalito a quien obligan a volver al establo sin tener ganas, y llevando en las manos sus clubs de golf, iba andando delante de una señora, que debía de ser su “inglesa” o una amiga suya que se parecía al retrato de Jeffries por Hogarth, con la cara encarnada, como si su bebida favorita fuese el gin y no el té, y que prolongaba con el negro garabato de una punta de chicote el bien poblado bigote gris. La muchachita que iba delante se parecía a una de las de mi bandada, a aquella del sombrero de estambre negro y de los ojos risueños que se abrían en un rostro mofletudo y quieto. Esta de ahora llevaba también un sombrero así, pero se me figuraba más guapa aún que la otra; la nariz era más recta de línea y de alas más amplias y carnosas en su base. Además, aquélla me la representé como a una muchacha orgullosa y pálida, mientras que ésta se me aparecía cual chiquilla domesticada de tez rosácea. Sin embargo, como ésta también iba empujando una bicicleta, igual que la otra, y llevaba asimismo guantes iguales,– de piel de reno, deduje que las diferencias por mí observadas debían de obedecer a mi distinta posición con respecto a ella y a las circunstancias, porque era muy poco probable que hubiese en Balbec otra muchacha tan parecida de fisonomía a aquélla y con las mismas particularidades de indumento. Echó una ojeada muy rápida hacia el sitio en donde yo estaba; ni los días siguientes, cuando volví a ver a la bandada de mocitas en la playa, ni aún más adelante, cuando llegué a conocer a todas las muchachas que la componían, pude tener la seguridad absoluta de que ninguna de ellas –ni siquiera la que más se parecía a la muchacha de la bicicleta- fuese aquella que y; esa tarde en la esquina de una calle, al final de la playa, muchacha muy poco diferente, es cierto, pero en todo caso algo diferente de la que me llamó la atención en la bandada.
A partir de cet après-midi-là, moi, qui les jours précédents avais surtout pensé à la grande, ce fut celle aux clubs de golf, présumée être Mlle Simonet qui recommença à me préoccuper. Au milieu des autres, elle s′arrêtait souvent, forçant ses amies qui semblaient la respecter beaucoup à interrompre aussi leur marche. C′est ainsi, faisant halte, les yeux brillants sous son «polo» que je la revois encore maintenant silhouettée sur l′écran que lui fait, au fond, la mer, et séparée de moi par un espace transparent et azuré, le temps écoulé depuis lors, première image, toute mince dans mon souvenir, désirée, poursuivie, puis oubliée, puis retrouvée, d′un visage que j′ai souvent depuis projeté dans le passé pour pouvoir me dire d′une jeune fille qui était dans ma chambre: «c′est elle!» Desde aquella tarde, yo, que los días anteriores me sentí preocupado principalmente por la muchacha mayor de todas, empecé a pensar en la de los clubs de golf, en la supuesta señorita de Simonet. Iba en medio del grupo, solía pararse a menudo, obligando a sus amigas, que parecían respetarla mucho, a interrumpir también su marcha. Y así la veo ahora, en el momento de hacer un alto en su paseo, brillantes los ojos al abrigo de su sombrero negro, destacada la silueta sobre el telón que pone al fondo el mar, y separada de mí por un espacio transparente y azul, que es el tiempo transcurrido desde entonces; primera imagen sutilísima en mi recuerdo, deseada, perseguida, olvidada y luego vuelta a encontrar, de un rostro tan frecuentemente proyectado por mi alma en los días pasados, que ya pude decir de esa muchacha que estaba en mi cuarto: “Ella es”.
Mais c′est peut-être encore celle au teint de géranium, aux yeux verts que j′aurais le plus désiré connaître. Quelle que fût, d′ailleurs, tel jour donné, celle que je préférais apercevoir, les autres, sans celle-là, suffisaient à m′émouvoir, mon désir même se portant une fois plutôt sur l′une, une fois plutôt sur l′autre, continuait — comme le premier jour ma confuse vision — à les réunir, à faire d′elles le petit monde à part, animé d′une vie commune qu′elles avaient, sans doute, d′ailleurs, la prétention de constituer, j′eusse pénétré en devenant l′ami de l′une elle — comme un pa raffiné ou un chrétien scrupuleux chez les barbares — dans une société rajeunissante où régnaient la santé, l′inconscience, la volupté, la cruauté, l′inintellectualité et la joie. Pero la muchacha a quien tenía yo más deseos de conocer seguía siendo la del cutis de geranio y los ojos verdes. Había, días en que me gustaba más ver a una muchacha determinada del grupo que a otra; pero fuese cual fuese la de mi mudable preferencia, las demás, aun sin aquella que por aquel día me agradaba más, siempre me hacían impresión, y mi deseo, a pesar de encaminarse especialmente hoy sobre ésta y mañana sobre aquella otra, seguía –seguía como el primer día de mi confusa visión– juntándolas a todas, formando con ellas un mundillo aparte, animado de vida común, que indudablemente tenían la pretensión de constituir; y si pudiese hacerme amigo de alguna de ellas, me sería dable penetrar – como un refinado pagano o un cristiano escrupuloso entra en el mundo bárbaro– en una sociedad toda llena de juventud, señoreada por la salud, la inconsciencia, la voluptuosidad, la crueldad, la ausencia de intelectualismo y la alegría.
Ma grand-mère, à qui j′avais raconté mon entrevue avec Elstir et qui se réjouissait de tout le profit intellectuel que je pouvais tirer de son amitié, trouvait absurde et peu gentil que je ne fusse pas encore allé lui faire une visite. Mais je ne pensais qu′à la petite bande, et incertain de l′heure où ces jeunes filles passeraient sur la digue, je n′osais pas m′éloigner. Ma grand-mère s′étonnait aussi de mon élégance car je m′étais soudain souvenu des costumes que j′avais jusqu′ici laissés au fond de ma malle. J′en mettais chaque jour un différent et j′avais même écrit à Paris pour me faire envoyer de nouveaux chapeaux, et de nouvelles cravates. Había contado a mi abuela la conversación con Elstir, y se alegró mucho del provecho intelectual que podía sacar de su trato; por eso le parecía absurdo y descortés que no hubiese ido ya a hacerle una visita. Pero yo tenía el pensamiento puesto exclusivamente en la bandada de muchachas, y como no sabía a qué hora pasarían por el paseo del muelle, no me atrevía a alejarme de allí. También se extrañaba mi abuela de mi elegancia, porque yo de pronto me había acordado de los trajes que hasta entonces durmieron en el fondo de mi baúl. Cada día me ponía uno diferente, y hasta escribí a París para que me enviasen sombreros y corbatas nuevos.
C′est un grand charme ajouté à la vie dans une station balnéaire comme était Balbec, si le visage d′une jolie fille, une marchande de coquillages, de gâteaux ou de fleurs, peint en vives couleurs dans notre pensée, est quotidiennement pour nous dès le matin le but de chacune de ces journées oisives et lumineuses qu′on passe sur la plage. Elles sont alors, et par là, bien que désuvrées, alertes comme des journées de travail, aiguillées, aimantées, soulevées légèrement vers un instant prochain, celui où tout en achetant des sablés, des roses, des ammonites, on se délectera à voir sur un visage féminin, les couleurs étalées aussi purement que sur une fleur. Mais au moins, ces petites marchandes, d′abord on peut leur parler, ce qui évite d′avoir à construire avec l′imagination les autres côtés que ceux que nous fournit la simple perception visuelle, et à recréer leur vie, à s′exagérer son charme, comme devant un portrait; surtout, justement parce qu′on leur parle, on peut apprendre où, à quelles heures on peut les retrouver. Or il n′en était nullement ainsi pour moi en ce qui concernait les jeunes filles de la petite bande. Leurs habitudes m′étant inconnues, quand certains jours je ne les apercevais pas, ignorant la cause de leur absence, je cherchais si celle-ci était quelque chose de fixe, si on ne les voyait que tous les deux jours, ou quand il faisait tel temps, ou s′il y avait des jours où on ne les voyait jamais. Je me figurais d′avance ami avec elles et leur disant «Mais vous n′étiez pas là tel jour?» «Ah! oui, c′est parce que c′était un samedi, le samedi nous ne venons jamais parce que . . . » Encore si c′était aussi simple que de savoir que le triste samedi il est inutile de s′acharner, qu′on pourrait parcourir la plage en tous sens, s′asseoir à la devanture du pâtissier, faire semblant de manger un éclair, entrer chez le marchand de curiosités, attendre l′heure du bain, le concert, l′arrivée de la marée, le coucher du soleil, la nuit sans voir la petite bande désirée. Mais le jour fatal ne revenait peut-être pas une fois par semaine. Il ne tombait peut-être pas forcément un samedi. Peut-être certaines conditions atmosphériques influaient-elles sur lui ou lui étaient-elles entièrement étrangères. Combien d′observations patientes mais non point sereines, il faut recueillir sur les mouvements en apparence irréguliers de ces mondes inconnus avant de pouvoir être sûr qu′on ne s′est pas laissé abuser par des coî­£idences, que nos prévisions ne seront pas trompées, avant de dégager les lois certaines, acquises au prix d′expériences cruelles, de cette astronomie passionnée. Me rappelant que je ne les avais pas vues le même jour qu′aujourd′hui, je me disais qu′elles ne viendraient pas, qu′il était inutile de rester sur la plage. Et justement je les apercevais. En revanche, un jour où, autant que j′avais pu supposer que des lois réglaient le retour de ces constellations j′avais calculé devoir être un jour faste, elles ne venaient pas. Mais à cette première incertitude si je les verrais ou non le jour même venait s′en ajouter une plus grave, si je les reverrais jamais, car j′ignorais en somme si elles ne devaient pas partir pour l′Amérique, ou rentrer à Paris. Cela suffisait pour me faire commencer à les aimer. On peut avoir du goût pour une personne. Mais pour déchaîner cette tristesse, ce sentiment de l′irréparable, ces angoisses, qui préparent l′amour, il faut — et il est peut-être ainsi, plutôt que ne l′est une personne, l′objet même que cherche anxieusement à étreindre la passion — le risque d′une impossibilité. Ainsi agissaient déjà ces influences qui se répètent au cours d′amours successives, pouvant du reste se produire mais alors plutôt dans l′existence des grandes villes au sujet d′ouvrières dont on ne sait pas les jours de congé et qu′on s′effraye de ne pas avoir vues à la sortie de l′atelier ou du moins qui se renouvelèrent au cours des miennes. Peut-être sont-elles inséparables de l′amour; peut-être tout ce qui fut une particularité du premier vient-il s′ajouter aux suivants, par souvenir, suggestion, habitude et à travers les périodes successives de notre vie donner à ses aspects différents un caractère général. Uno de los mayores encantos que se pueden superponer a la vida de una playa como Balbec es el de tener pintado en el pensamiento con vivos colores y como norte de cada uno de los días ociosos y luminosos que se pasan en la playa el rostro de una muchacha bonita, vendedora de conchas, de pastelillos o de flores. Entonces son los días, por la razón dicha, días desocupados, pero alegres como días de trabajo, días con una finalidad que los espolea, les sirve de imán y de soplo, y que está en un momento próximo, en ese momento en que a la par que compramos garapiñados, rosas o amonitas, nos deleitaremos en contemplar cómo se presentan los colores en un rostro femenino tan puramente como en una flor. Pero a esas vendedoras por lo menos se les puede hablar, lo cual nos evita el tener que construir con la imaginación los otros lados de su personalidad que no aparecen en la percepción visual, y nos ahorran el trabajo de inventar su vida y exagerar su seducción, como delante de un retrato; y sobre todo, y precisamente porque se les puede hablar, se entera uno de las horas a que se las puede ver. Pero en lo tocante a las muchachas de la bandada nada de eso ocurría. No conocía sus costumbres, y los días que no las veía, ignorante de la causa de su ausencia, me ponía a pensar si obedecería a un motivo fijo, si no se dejaban ver más que un día sí y otro no, o cuando hacía tal tiempo, o si había días en que no se las veía nunca. Me figuraba que era amigo suyo y les decía: “Tal día no estuvieron ustedes; ¿cómo fué eso?” “Ah, sí, es que era sábado, y los sábados no venimos nunca porque...” Y ojalá hubiese sido tan sencillo averiguar que el triste sábado era inútil empeñarse en buscar y que podía uno recorrer la playa de arriba abajo, sentarse delante de la pastelería como para comer un bizcocho, entrar en la tienda donde venden recuerdos de la playa, y esperar la hora del baño y del concierto, la subida de la marea y la puesta del sol, ver llegar– la noche sin que asomara la ansiada bandada. Pero ese día fatal quizá no se repetía sólo una vez por semana. Acaso no cayera forzosamente en sábado. ¡Quién sabe si no había determinadas circunstancias atmosféricas que influyesen en ese día, o que le fueran totalmente ajenas! ¡Qué caudal de observaciones pacientes, pero no serenas es menester ir recogiendo con respecto a los movimientos, en apariencia irregulares, de estos mundos desconocidos, antes de dar por seguro que no se dejó uno engañar por meras coincidencias y que nuestras previsiones no serán defraudadas, antes de formular las leyes ciertas, adquiridas a costa de experiencias crueles, que rigen esa astronomía de la pasión! Al recordar que no las había visto en tal día de la semana como hoy, me decía yo que ya no vendrían, que era inútil estarse en la playa. Y precisamente en ese momento asomaban ellas. En cambio, otro día que, con arreglo a las deducciones de las leyes que regulaban el retorno de estas constelaciones, consideré como día fasto, no venían. Pero aun había algo más que esta primera incertidumbre de si las vería o no en el espacio de veinticuatro horas: la incertidumbre mucho más grave de si volvería a verlas o no en absoluto, porque ignoraba yo si tendrían que marcharse a América o que volver a París. Ya esto bastaba para que empezara yo a quererlas. Puede ocurrir que se tenga simpatía por una persona y nada más. Pero para desatar esa tristeza, ese sentimiento de lo irreparable y esas angustias que sirven de preparación al amor, es menester que exista el riesgo de una imposibilidad (y acaso tal riesgo y no la persona amada es el objeto que la pasión quiere señorear). Así, obraban ya en mí esas influencias que se repiten en el curso de amores sucesivos, y que pueden darse; pero entonces, cuando se está en grandes ciudades, en el caso de modistillas que no se sabe el día que tienen libre, y que faltan un día, con gran susto nuestro, a la salida del obrador; influencias que se repiten, o al menos se renovaron en el curso de mis amores. Acaso sean inseparables del amor; quizá todo lo que fué una particularidad del amor primero venga a superponerse a los siguientes por recuerdo, sugestión o hábito y a través de los diversos períodos de nuestra vida preste a los diferentes aspectos de la pasión un carácter general.
Je prenais tous les prétextes pour aller sur la plage aux heures où j′espérais pouvoir les rencontrer. Les ayant aperçues une fois pendant notre déjeuner je n′y arrivais plus qu′en retard, attendant indéfiniment sur la digue qu′elles y passassent; restant le peu de temps que j′étais assis dans la salle à manger à interroger des yeux l′azur du vitrage; me levant bien avant le dessert pour ne pas les manquer dans le cas où elles se fussent promenées à une autre heure et m′irritant contre ma grand-mère, inconsciemment méchante, quand elle me faisait rester avec elle au delà de l′heure qui me semblait propice. Je tâchais de prolonger l′horizon en mettant ma chaise de travers; si par hasard j′apercevais n′importe laquelle des jeunes filles, comme elles participaient toutes à la même essence spéciale, c′était comme si j′avais vu projeté en face de moi dans une hallucination mobile et diabolique un peu de rêve ennemi et pourtant passionnément convoité qui l′instant d′avant encore, n′existait, y stagnant d′ailleurs d′une façon permanente, que dans mon cerveau. Yo me aprovechaba de cualquier pretexto para ir a la playa a las horas que tenía esperanza de encontrarlas. Como una vez las vi pasar mientras que estábamos alinorzando, ahora llegaba siempre tarde a almorzar, esperando indefinidamente en el paseo a ver si pasaban; el poco tiempo que estaba sentado a la mesa lo dedicaba a interrogar con la mirada el azul de la vidriera; me levantaba mucho antes del postre, para no perder la ocasión de verlas si acaso paseaban aquel día a otra hora, y llegaba a enfadarme con mi abuela, mala sin querer, cuando me hacía quedarme con ella más de la hora que a mí se me antojaba propicia. Para prolongar el horizonte ponía la silla un poco de lado; si por casualidad veía a alguna de las muchachas, como participaban todas de la misma especial esencia, sentía lo mismo que si hubiese sido proyectada allí enfrente de mí, en alucinación móvil y diabólica, algo de ese sueño enemigo, y sin embargo apasionadamente codiciado, que un momento antes no existía sino en mi cerebro, donde estaba estancado de manera permanente.
Je n′en aimais aucune les aimant toutes, et pourtant leur rencontre possible était pour mes journées le seul élément délicieux, faisait seule naître en moi de ces espoirs où on briserait tous les obstacles, espoirs souvent suivis de rage, si je ne les avais pas vues. En ce moment, ces jeunes filles éclipsaient pour moi ma grand-mère; un voyage m′eût tout de suite souri si ç‘avait été pour aller dans un lieu où elles dussent se trouver. C′était à elles que ma pensée s′était agréablement suspendue quand je croyais penser à autre chose ou à rien. Mais quand même ne le sachant pas, je pensais à elles, plus inconsciemment encore, elles, c′était pour moi les ondulations montueuses et bleues de la mer, le profil d′un défilé devant la mer. C′était la mer que j′espérais retrouver, si j′allais dans quelque ville où elles seraient. L′amour le plus exclusif pour une personne est toujours l′amour d′autre chose. Con estar enamorado de todas, no estaba enamorado de ninguna, y, sin embargo, el encuentro posible con ellas era el único elemento delicioso de mis días, lo único que me inspiraba esas esperanzas en las que habrían de estrellarse todos los obstaculos; esperanzas a las que sucedían transportes de cólera cuando me quedaba sin verlas. En ese momento las muchachas eclipsaban a mi abuela, y me habría agradado cualquier viaje que tuviese como meta un lugar en donde ellas se hallaran. Cuando creía yo que estaba pensando en cualquier cosa o en nada, en realidad estaba pensando en ellas. Pero cuando estaba pensando en ellas, aun sin saberlo, resultaba que, todavía más inconscientemente, ellas eran para mí estas ondulaciones montuosas y azules del mar, aquel perfil de su desfile por delante del mar. Si había de ir a alguna ciudad dad en donde ellas estuviesen, con lo que esperaba yo encontrarme era con el mar. Y es que el amor más exclusivo que se tenga a una persona es siempre amor y algo más.
Ma grand′mère me témoignait, parce que maintenant, je m′intéressais extrêmement au golf et au tennis et laissais échapper l′occasion de regarder travailler et entendre discourir un artiste qu′elle savait des plus grands, un mépris qui me semblait procéder de vues un peu éroites. J′avais autrefois entrevu aux Champs Élysées et je m′étais rendu mieux compte depuis qu′en étant amoureux d′une femme nous projetons simplement en elle un état de notre âme; que par conséquent l′important n′est pas la valeur de la femme mais la profondeur de l′état; et que les émotions qu′une jeune fille médiocre nous donne peuvent nous permettre de faire monter à notre conscience des parties plus intimes de nous-même, plus personnelles, plus lointaines, plus essentielles, que ne ferait le plaisir que nous donne la conversation d′un homme supérieur ou même la contemplation admirative de ses uvres. Mi abuela, como veía que ahora me interesaba yo en grado sumo por el golf y el tenis y dejaba pasar una ocasión de ver trabajara un artista de los más grandes y de escuchar sus palabras, me miraba con un poco de desprecio, que en mi opinión provenía de un punto de vista suyo demasiado estrecho. Ya entreví yo antes, .en los Campos Elíseos, una cosa de la que más tarde pude darme cuenta mejor, y es que cuando se está enamorado de una mujer se proyecta sencillamente sobre ella un estado de nuestra alma; por consiguiente, lo importante no es el valor de una mujer, sino la profundidad de dicho estado de ánimo; y las emociones que nos causa una muchacha mediocre acaso hagan salir a flor de nuestra conciencia partes de nosotros más íntimas y personales, más esenciales y remotas que el placer que se puede sacar de la conversación de un hombre superior o hasta de la misma contemplación admirativa de sus obras.
Je dus finir par obéir à ma grand-mère avec d′autant plus d′ennui qu′Elstir habitait assez loin de la digue, dans une des avenues les plus nouvelles de Balbec. La chaleur du jour m′obligea à prendre le tramway qui passait par la rue de la Plage, et je m′efforçais, pour penser que j′étais dans l′antique royaume des Cimmériens, dans la patrie peut-être du roi Mark ou sur l′emplacement de la forêt de Broceliande, de ne pas regarder le luxe de pacotille des constructions qui se développaient devant moi et entre lesquelles la villa d′Elstir était peut-être la plus somptueusement laide, louée malgré cela par lui, parce que de toutes celles qui existaient à Balbec, c′était la seule qui pouvait lui offrir un vaste atelier. Al cabo no tuve más remedio que obedecer a mi abuela, cosa doblemente molesta porque Elstir vivía bastante lejos del paseo del dique, en una de las más recientes avenidas de Balbec. Como hacía mucho calor, tuve que tomar el tranvía que pasa por la calle de la Playa, e hice esfuerzos para imaginarme que estaba en el antiguo reino de los Cimerios, quizá en la patria del rey Mark o en el mismo emplazamiento de la selva de Brocelianda, y para no mirar el lujo de pacotilla de los edificios que iban pasando; de todos ellos quizá la villa de Elstir era el más suntuosamente feo, y lo alquiló a pesar de eso porque era el único hotel de Balbec donde podía tener un estudio amplio.
C′est aussi en détournant les yeux que je traversai le jardin qui avait une pelouse — en plus petit comme chez n′importe quel bourgeois dans la banlieue de Paris, — une petite statuette de galant jardinier, des boules de verre où l′on se regardait, des bordures de bégonias et une petite tonnelle sous laquelle des rocking-chair étaient allongés devant une table de fer. Mais après tous ces abords empreints de laideur citadine, je ne fis plus attention aux moulures chocolat des plinthes quand je fus dans l′atelier; je me sentis parfaitement heureux, car par toutes les études qui étaient autour de moi, je sentais la possibilité de m′élever à une connaissance poétique, féconde en joies, de maintes formes que je n′avais pas isolées jusque-là du spectacle total de la réalité. Et l′atelier d′Elstir m′apparut comme le laboratoire d′une sorte de nouvelle création du monde, où, du chaos que sont toutes choses que nous voyons, il avait tiré, en les peignant sur divers rectangles de toile qui étaient posés dans tous les sens, ici une vague de la mer écrasant avec colère sur le sable son écume lilas, là un jeune homme en coutil blanc accoudé sur le pont d′un bateau. Le veston du jeune homme et la vague éclaboussante avaient pris une dignité nouvelle du fait qu′ils continuaient à être, encore que dépourvus de ce en quoi ils passaient pour consister, la vague ne pouvant plus mouiller, ni le veston habiller personne. Y así, volviendo la vista crucé el jardín de la casa, que tenía su poco de tierra vestida de césped –como una reducción de cualquier casa de burgués en los alrededores de París–, su estatuita de galán jardinero, unas bolas de cristal donde podía uno verse, arriates de begonias y un cenadorcito con unas cuantas mecedoras delante de una mesa de hierro. Pero pasados todos estos contornos empapados de fealdad ciudadana, cuando me vi en el estudio ya no me fijé en las molduras color chocolate de los zócalos y me sentí henchido de felicidad, porque, gracias a todos los estudios de color que tenía alrededor, me di cuenta de la posibilidad de elevarme a un conocimiento poético, fecundo en alegrías, de muchas formas que hasta entonces no había yo aislado del espectáculo total de la realidad. Y el taller de Elstir se me apareció cual laboratorio de una especie de nueva creación del mundo, en donde había sacado del caos en que se hallan todas las cosas que vemos, pintándolas en diversos rectángulos de telas que estaban colocados en todas formas; aquí, una ola que aplastaba colérica contra la arena su espuma de color lila; allá, un muchacho, vestido de dril blanco, puesto de codos en el puente de un barco. La americana del joven y la salpicadora ola habían cobrado nueva dignidad por el hecho de que seguían existiendo, aunque ya no eran aquello en que aparentemente consistían, puesto que la ola no podía mojar y la americana no podía vestir a nadie.
Au moment où j′entrai, le créateur était en train d′achever, avec le pinceau qu′il tenait dans sa main, la forme du soleil à son coucher. En el momento en que entré, el creador estaba rematando, con el pincel que tenía en la mano, la forma de un sol poniente.
Les stores étaient clos de presque tous les côtés, l′atelier était assez frais, et, sauf à un endroit où le grand jour apposait au mur sa décoration éclatante et passagère, obscur; seule était ouverte une petite fenêtre rectangulaire encadrée de chèvrefeuilles, qui après une bande de jardin, donnait sur une avenue; de sorte que l′atmosphère de la plus grande partie de l′atelier était sombre, transparente et compacte dans la masse, mais humide et brillante aux cassures où la sertissait la lumière, comme un bloc de cristal de roche dont une face déjà taillée et polie, çà et là, luit comme un miroir et s′irise. Tandis qu′Elstir sur ma prière, continuait à peindre, je circulais dans ce clair-obscur, m′arrêtant devant un tableau puis devant un autre. Los estores estaban echados en casi todas las ventanas, de suerte que la atmósfera del estudio era fresca y obscura, excepto en una parte de la habitación, donde la claridad del día ponía en la pared su decoración brillante y pasajera; no había abierta mías que una ventanita rectangular encuadrada de madreselvas, y por la que se veía una franja de jardín y al fondo una calle; de modo que el ambiente del estudio era, en su mayor parte, sombrío, transparente y compacto en su masa, pero húmedo y brillante en los rompientes, donde la luz le servía de engaste, como bloque de cristal de roca tallado y pulimentado a trechos, que se irisa y luce como un espejo. Mientras que Elstir seguía pintando, cediendo a mis ruegos, yo anduve por aquel claroscuro parándome delante de uno y otro cuadro.
Le plus grand nombre de ceux qui m′entouraient n′étaient pas ce que j′aurais le plus aimé à voir de lui, les peintures appartenant à ses première et deuxième manières, comme disait une revue d′Art anglaise qui traînait sur la table du salon du Grand Hôtel, la manière mythologique et celle où il avait subi l′influence du Japon, toutes deux admirablement représentées, disait-on, dans la collection de Mme de Guermantes. Naturellement, ce qu′il avait dans son atelier, ce n′était guère que des marines prises ici, à Balbec. Mais j′y pouvais discerner que le charme de chacune consistait en une sorte de métamorphose des choses représentées, analogue à celle qu′en poésie on nomme métaphore et que si Dieu le Père avait créé les choses en les nommant, c′est en leur ôtant leur nom, ou en leur en donnant un autre qu′Elstir les recréait. Les noms qui désignent les choses répondent toujours à une notion de l′intelligence, étrangère à nos impressions véritables et qui nous force à éliminer d′elles tout ce qui ne se rapporte pas à cette notion. La mayoría de los lienzos que me rodeaban no eran aquella parte de su obra que más ganas de ver tenía yo, porque me interesaban sobre todo su primera y segunda maneras, corno decía tina revista de arte inglesa que andaba rodando por la mesa del salón del Gran Hotel, la manera mitológica y la de influencia japonesa, representadas ambas perfectamente, decía el periódico, en la colección de la señora de Guermantes. Y, naturalmente, lo que más abundaba en su estudio eran marinas hechas en Balhec. Sin embargo, yo vi muy claro que el encanto de cada tina de esas marinas consistía en tina especie de metamorfosis de las cosas representadas, análoga a la que en poesía se denornina metáfora, y que si Dios creó las cosas al darles un nombre, ahora Elstir las volvía a crear quitándoles su denominación o llamándolas de otra manera. Los nombres que designan a las cosas responden siempre a una noción de la inteligencia ajena a nuestras verdaderas impresiones, y que nos obliga a eliminar de ellas todo lo que no se refiera a la dicha noción.
Parfois à ma fenêtre, dans l′hôtel de Balbec, le matin quand Françoise défaisait les couvertures qui cachaient la lumière, le soir quand j′attendais le moment de partir avec Saint-Loup, il m′était arrivé grâce à un effet de soleil, de prendre une partie plus sombre de la mer pour une côte éloignée, ou de regarder avec joie une zone bleue et fluide sans savoir si elle appartenait à la mer ou au ciel. Bien vite mon intelligence rétablissait entre les éléments la séparation que mon impression avait abolie. C′est ainsi qu′il m′arrivait à Paris, dans ma chambre, d′entendre une dispute, presque une émeute, jusqu′à ce que j′eusse rapporté à sa cause, par exemple une voiture dont le roulement approchait, ce bruit dont j′éliminais alors ces vociférations aiguës et discordantes que mon oreille avait réellement entendues — mais que mon intelligence savait que des roues ne produisaient pas. Mais les rares moments où l′on voit la nature telle qu′elle est, poétiquement, c′était de ceux-là qu′était faite l′uvre d′Elstir. Une de ses métaphores les plus fréquentes dans les marines qu′il avait près de lui en ce moment était justement celle qui, comparant la terre à la mer, supprimait entre elles toute démarcation. C′était cette comparaison, tacitement et inlassablement répétée dans une même toile qui y introduisait cette multiforme et puissante unité, cause, parfois non clairement aperçue par eux, de l′enthousiasme qu′excitait chez certains amateurs la peinture d′Elstir. Me había sucedido muchas veces en el hotel de Balbec, por la mañana cuando Francisca descorría las cortinas y entraba la luz, o por la tarde, mientras que esperaba la hora de salir con, Roberto, que gracias a un efecto de sol tomaba yo la parte más sombría del mar por una costa lejana, o me quedaba mirando con Viran satisfacción una zona azul y flúida sin saber si era de mar o de cielo. En seguida mi inteligencia restablecía entre los elementos aquella separación que la impresión aboliera. Así, me sucedía en París que en mi cuarto oía rumor de disputa y alboroto antes de referir a su causa., por ejemplo, el rodar de un coche que se iba acercando, aquel ruido, del que eliminaba entonces las vociferaciones agudas y discordantes que mi oído percibió indubitablemente, pero que mi inteligencia sabía bien que no las causaba un coche. Pero la obra de Elstir estaba hecha con los raros momentos en que se ve la Naturaleza cual ella es, poéticamente. Una de las metáforas más frecuentes en aquellas marinas que había por allí consistía justamente en comparar la tierra al mar, suprimiendo toda demarcación estre una y otro. Y esa Comparación tácita e incansablemente repetida en un mismo lienzo es lo que le infundía la multiforme y potente unidad, motivo, muchas veces no muy bien notado, del entusiasmo que excitaba en algunos aficionados la pintura de Elstir.
C′est par exemple à une métaphore de ce genre — dans un tableau, représentant le port de Carquethuit, tableau qu′il avait terminé depuis peu de jours et que je regardai longuement — qu′Elstir avait préparé l′esprit du spectateur en n′employant pour la petite ville que des termes marins, et que des termes urbains pour la mer. Soit que les maisons cachassent une partie du port, un bassin de calfatage ou peut-être la mer même s′enfonçant en golfe dans les terres ainsi que cela arrivait constamment dans ce pays de Balbec, de l′autre côté de la pointe avancée où était construite la ville, les toits étaient dépassés (comme ils l′eusent été par des cheminées ou par des clochers) par des mâts lesquels avaient l′air de faire des vaisseaux auxquels ils appartenaient, quelque chose de citadin, de construit sur terre, impression qu′augmentaient d′autres bateaux, demeurés le long de la jetée, mais en rangs si pressés que les hommes y causaient d′un bâtiment à l′autre sans qu′on pût distinguer leur séparation et l′interstice de l′eau, et ainsi cette flotille de pêche avait moins l′air d′appartenir à la mer que, par exemple, les églises de Criquebec qui, au loin, entourées d′eau de tous côtés parce qu′on les voyait sans la ville, dans un poudroiement de soleil et de vagues, semblaient sortir des eaux, soufflées en albâtre ou en écume et, enfermées dans la ceinture d′un arc-en-ciel versicolore, former un tableau irréel et mystique. Dans le premier plan de la plage, le peintre avait su habituer les yeux à ne pas reconnaître de frontière fixe, de démarcation absolue, entre la terre et l′océan. Des hommes qui poussaient des bateaux à la mer, couraient aussi bien dans les flots que sur le sable, lequel mouillé, réfléchissait déjà les coques comme s′il avait été de l′eau. La mer elle-même ne montait pas régulièrement, mais suivait les accidents de la grève, que la perspective déchiquetait encore davantage, si bien qu′un navire en pleine mer, à demi-caché par les ouvrages avancés de l′arsenal semblait voguer au milieu de la ville; des femmes qui ramassaient des crevettes dans les rochers, avaient l′air, parce qu′elles étaient entourées d′eau et à cause de la dépression qui, après la barrière circulaire des roches, abaissait la plage (des deux côtés les plus rapprochés de terre) au niveau de la mer, d′être dans une grotte marine surplombée de barques et de vagues, ouverte et protégée au milieu des flots écartés miraculeusement. Si tout le tableau donnait cette impression des ports où la mer entre dans la terre, où la terre est déjà marine, et la population amphibie, la force de l′élément marin éclatait partout; et près des rochers, à l′entrée de la jetée, où la mer était agitée, on sentait aux efforts des matelots et à l′obliquité des barques couchées en angle aigu devant la calme verticalité de l′entrepôt, de l′église, des maisons de la ville, où les uns rentraient, d′où les autres partaient pour la pêche, qu′ils trottaient rudement sur l′eau comme sur un animal fougueux et rapide dont les soubresauts, sans leur adresse, les eût jetés à terre. Une bande de promeneurs sortait gaiement en une barque secouée comme une carriole; un matelot joyeux, mais attentif aussi la gouvernait comme avec des guides, menait la voile fougueuse, chacun se tenait bien à sa place pour ne pas faire trop de poids d′un côté et ne pas verser, et on courait ainsi par les champs ensoleillés dans les sites ombreux, dégringolant les pentes. C′était une belle matinée malgré l′orage qu′il avait fait. Et même on sentait encore les puissantes actions qu′avait à neutraliser le bel équilibre des barques immobiles, jouissant du soleil et de la fraîcheur, dans les parties où la mer était si calme que les reflets avaient presque plus de solidité et de réalité que les coques vaporisées par un effet de soleil et que la perspective faisait s′enjamber les unes les autres. Ou plutôt on n′aurait pas dit d′autres parties de la mer. Car entre ces parties, il y avait autant de différence qu′entre l′une d′elles et l′église sortant des eaux, et les bateaux derrière la ville. L′intelligence faisait ensuite un même élément de ce qui était, ici noir dans un effet d′orage, plus loin tout d′une couleur avec le ciel et aussi verni que lui, et là si blanc de soleil, de brume et d′écume, si compact, si terrien, si circonvenu de maisons, qu′on pensait à quelque chaussée de pierres ou à un champ de neige, sur lequel on était effrayé de voir un navire s′élever en pente raide et à sec comme une voiture qui s′ébroue en sortant d′un gué, mais qu′au bout d′un moment, en y voyant sur l′étendue haute et inégale du plateau solide, des bateaux titubants, on comprenait, identique en tous ces aspects divers, être encore la mer. Así, por ejemplo, en un cuadro reciente, que representaba el puerto de Carquethuit, y que yo miré mucho rato, Elstir preparó el ánimo del espectador sirviéndose para el pueblecito de términos marinos exclusivamente y para el mar de términos urbanos. Por aquí las casas ocultaban una parte del puerto; más allá una dársena de calafateo o el mar penetraban en la. tierra formando golfo, cosa tan frecuente en esta costa; al otro lado de la punta avanzada en que estaba emplazado el pueblo asomaban por encima de los tejados (a modo de chimeneas o campanarios) unos mástiles que por estar así colocados parecían convertir a los barcos suyos en una cosa ciudadana, contruída en la misma tierra; esa impresión aun se afirmaba con otros barcos, formados a lo largo del muelle, pero tan apretados y juntos, que los hombres hablaban de uno a otro barco sin que se pudiese distinguir la separación entre las embarcaciones ni el intersticio del agua: así, que esa flotilla parecía una cosa menos marina que las iglesias de Criquebec, por ejemplo, las cuales allá lejos, ceñidas de mar por todos lados, porque se las veía sin la ciudad que estaba al pie, entre una vibración de sol y olas, hubiérase dicho surgían de las aguas, y que, hechas de yeso o espuma, encerradas en el ceñidor de un arco iris versicolor, formaban parte de un cuadro místico e irreal. En el primer término de la playa el pintor había sabido acostumbrar ala vista a no reconocer frontera fija, demarcación absoluta, entre tierra y océano. Había unos hombres empujando barcas para echarlas al agua, que lo mismo corrían entre las olas que por la arena; y esa arena mojada reflejaba los cascos de las embarcaciones como si fuese agua. Ni el mar siquiera asaltaba la tierra regularmente, sino con arreglo a los accidentes de la playa, que con la perspectiva aun eran más variados; de tal modo, que un barco en plena mar, semioculto por las obras avanzadas del arsenal, parecía que bogaba por medio de la ciudad; unas mujeres cogían quisquillas entre las peñas, y como estaban rodeadas de agua y la playa formaba una depresión casi al nivel del mar, pasada la barrera circular de rocas (en los dos lados más próximos a tierra), habríase dicho que se hallaban en una gruta marina dominada por las olas y las barcas, milagrosamente abierta y resguardada en medio de las separadas ondas. Si todo el cuadro daba esa impresión de los puertos donde el mar entra en la tierra y la tierra es ya marina y la población anfibia, la fuerza del elemento marino estalla por todas partes; junto a las rocas en la boca del muelle, donde el mar estaba movido, advertíase por los esfuerzos de los marineros y la oblicuidad de las barcas, inclinadas en ángulo agudo, en contraste con la tranquila verticalidad de los almacenes, de la iglesia y de las casas del pueblo, en el que entraban unas barcas mientras que otras salían a la pesca, que las embarcaciones trotaban rudamente por encima del agua como a lomos de un animal rápido y fogoso, que a no ser por su destreza de jinetes los hubiese tirado al suelo con sus corcovos. Una b: bandada de gente iba de paseo, muy contenta en una barca, con las mismas sacudidas que en un carricoche; la gobernaba como con riendas, sujetando la fogosa vela, un marinero alegre, pero muy atento; todos estaban muy bien colocados para que no hubiese más peso en un lado que en otro y no dieran un vuelco; y así corrían por las soleadas campiñas y los rincones umbríos, bajando las cuestas a toda velocidad. La mañana era muy hermosa a pesar de la tormenta que había habido. Y se veía la potente actividad matinal para neutralizar el hermoso equilibrio de las barcas inmóviles, que gozaban del sol y la frescura, en aquellas partes en que el mar estaba tan tranquilo que los reflejos casi tenían. mayor solidez y realidad que los cascos de las embarcaciones, vaporizados por un efecto de sol y montándose unos encima de otros a causa de la perspectiva. Y mejor aún se diría que aquellos trozos no eran ya otras partes distintas del mar. Porque había entre esa partes la misma diferencia que entre ellas y la iglesia que surgía del agua o los barcos que asomaban por detrás de los tejados. La inteligencia hacía en seguida un mismo elemento de lo que aquí era negro con efecto de tempestad, mas allá de un color de cielo y con el mismo barniz celeste, y en otro lado, tan blanco de bruma y espuma, tan compacto, tan terrícola, tan rodeado de casas, que traía al pensamiento un camino de piedra o un campo de nieve por el que subía cuesta arriba y en seco un barco, con gran susto del espectador, como un coche que da resoplidos al salir de un vado; pero al cabo de un instante, al ver en la alta y desigual extensión de aquella sólida planicie unos barcos que daban tumbos, se comprendía que aquello, idéntico en todos sus diversos aspectos, era aún el mar.
Bien qu′on dise avec raison qu′il n′y a pas de progrès, pas de découvertes en art, mais seulement dans les sciences, et que chaque artiste recommençant pour son compte, un effort individuel ne peut y être aidé ni entravé par les efforts de tout autre, il faut pourtant reconnaître, que dans la mesure où l′art met en lumière certaines lois, une fois qu′une industrie les a vulgarisées, l′art antérieur perd rétrospectivement un peu de son originalité. Depuis les débuts d′Elstir, nous avons connu ce qu′on appelle «d′admirables» photographies de paysages et de villes. Si on cherche à préciser ce que les amateurs désignent dans ce cas par cette épithète, on verra qu′elle s′applique d′ordinaire à quelque image singulière d′une chose connue, image différente de celles que nous avons l′habitude de voir, singulière et pourtant vraie et qui à cause de cela est pour nous doublement saisissante parce qu′elle nous étonne, nous fait sortir de nos habitudes, et tout à la fois nous fait rentrer en nous-même en nous rappelant une impression. Par exemple celle de ces photographies «magnifiques», illustrera une loi de la perspective, nous montrera telle cathédrale que nous avons l′habitude de voir au milieu de la ville, prise au contraire d′un point choisi d′où elle aura l′air trente fois plus haute que les maisons et faisant éperon au bord du fleuve d′où elle est en réalité distante. Or, l′effort d′Elstir de ne pas exposer les choses telles qu′il savait qu′elles étaient mais selon ces illusions optiques dont notre vision première est faite, l′avait précisément amené à mettre en lumière certaines de ces lois de perspective, plus frappantes alors, car l′art était le premier à les dévoiler. Un fleuve, à cause du tournant de son cours, un golfe à cause du rapprochement apparent des falaises, avaient l′air de creuser au milieu de la plaine ou des montagnes un lac absolument fermé de toutes parts. Dans un tableau pris de Balbec par une torride journée d′été un rentrant de la mer, semblait enfermé dans des murailles de granit rose, n′être pas la mer, laquelle commençait plus loin. La continuité de l′océan n′était suggérée que par des mouettes qui, tournoyant sur ce qui semblait au spectateur de la pierre, humaient au contraire l′humidité du flot. D′autres lois se dégageaient de cette même toile comme, au pied des immenses falaises, la grâce lilliputienne des voiles blanches sur le miroir bleu où elles semblaient des papillons endormis, et certains contrastes entre la profondeur des ombres et la pâleur de la lumière. Ces jeux des ombres, que la photographie a banalisés aussi, avaient intéressé Elstir au point qu′il s′était complu autrefois à prendre de véritables mirages, où un château coiffé d′une tour apparaissait comme un château circulaire complètement prolongé d′une tour à son faîte, et en bas d′une tour inverse, soit que la pureté extraordinaire d′un beau temps donnât à l′ombre qui se reflétait dans l′eau la dureté et l′éclat de la pierre, soit que les brumes du matin rendissent la pierre aussi vaporeuse que l′ombre. De même au delà de la mer, derrière une rangée de bois une autre mer commençait, rosée par le coucher du soleil et qui était le ciel. La lumière inventant comme de nouveaux solides, poussait la coque du bateau qu′elle frappait, en retrait de celle qui était dans l′ombre, et disposait comme les degrés d′un escalier de cristal la surface matériellement plane, mais brisée par l′éclairage de la mer au matin. Un fleuve qui passe sous les ponts d′une ville était pris d′un point de vue tel qu′il apparaissait entièrement disloqué, étalé ici en lac, aminci là en filet, rompu ailleurs par l′interposition d′une colline couronnée de bois où le citadin va le soir respirer la fraîcheur du soir; et le rythme même de cette ville bouleversée n′était assuré que par la verticale inflexible des clochers qui ne montaient pas, mais plutôt, selon le fil à plomb de la pesanteur marquant la cadence comme dans une marche triomphale, semblaient tenir en suspens au-dessous d′eux toute la masse plus confuse des maisons étagées dans la brume, le long du fleuve écrasé et décousu. Et (comme les premières uvres d′Elstir dataient de l′époque où on agrémentait les paysages par la présence d′un personnage) sur la falaise ou dans la montagne, le chemin, cette partie à demi-humaine de la nature, subissait comme le fleuve ou l′océan les éclipses de la perspective. Et soit qu′une arête montagneuse, ou la brume d′une cascade, ou la mer, empêchât de suivre la continuité de la route, visible pour le promeneur mais non pour nous, le petit personnage humain en habits démodés perdu dans ces solitudes semblait souvent arrêté devant un abîme, le sentier qu′il suivait finissant là, tandis que, trois cents mètres plus haut dans ces bois de sapins, c′est d′un il attendri et d′un cur rassuré que nous voyions reparaître la mince blancheur de son sable hospitalier au pas du voyageur, mais dont le versant de la montagne nous avait dérobé, contournant la cascade ou le golfe, les lacets intermédiaires. Aunque se diga, y con razón, que el progreso y los descubrimientos se dan en el dominio de la ciencia, pero no en el de las artes, y que todo artista empieza por sí mismo un esfuerzo individual al que no pueden ayudar ni estorbar los esfuerzos de ningún otro, sin embargó, es menester reconocer que en esa medida en que el arte sirve para poner de relieve determinadas leyes una vez que la industria las vulgariza, el arte anterior pierde retrospectivamente algo de su originalidad. Desde la época en que Elstir comenzó a pintar hemos visto muchas de esas llamadas “admirables” fotografías de paisajes y ciudades. Si se intenta precisar qué es lo que denominan admirable en este caso los aficionados, se echará de .ver que tal epíteto se suele aplicar a urca imagen rara de una cosa conocida, imagen distinta de las que vemos de ordinario, imagen singular y sin embargo real, y que precisamente por eso nos seduce doblemente, porque nos causa extrañeza, nos saca de nuestras costumbres y a la par nos entra en nosotros mismos al recordarnos una determinada impresión. Por ejemplo, alguna de esas magníficas fotografías servirá de ilustración a una ley de perspectiva, nos mostrará una catedral que estamos acostumbrados a ver en medio de una ciudad, cogida, por el contrario, desde un punto en que aparezca treinta veces más alta que las casas y formando espolón a la orilla del río, que en realidad está muy separado. Precisamente el esfuerzo de Elstir para no exponer las cosas tal y como sabía que eran, sino con arreglo a esas ilusiones ópticas que forman nuestra visión inicial, lo había llevado cabalmente a poner de relieve alguna de esas leyes de perspectiva, que entonces chocaban más porque el arte era el que primero las revelaba. Un río, debido al recodo que formaba′ su curso, parecía un lago cerrado por todas partes, allí en el seno de las llanuras o de las montañas, y el mismo efecto daba un golfo porque la ribera escarpada se tocaba casi aparentemente por los dos lados. En un cuadro, pintado en Balbec durante un tórrido día de verano, una entrante del mar, encerrado entre murallas de granito rosa, parecía no ser el mar, que aparentemente empezaba más allá. La continuidad del océano estaba sugerida únicamente por unas gaviotas que revoloteaban sobre aquello que al espectador le parecía piedra, pero en donde ellas aspiraban, por el contrario, la humedad marina. Aun había otras leyes de visión que derivaban de ese mismo cuadro, como la gracia liliputiense de las velas blancas al pie de los enormes acantilados, en aquel espejo azul donde estaban posadas como mariposas dormidas, o unos contrastes entre la profundidad de las sombras y la palidez de la luz. Esos juegos de sombra, que también ha vulgarizado la fotografía, interesaron a Elstir hasta tal punto, que en cierta época se complacía en sorprender verdaderos espejismos donde un castillo con su torre se representaba como un castillo completamente circular, prolongado en lo alto por una torre y abajo por otra torre inversa, ya porque la limpidez extraordinaria del aire diese a la sombra reflejada en el agua la dureza y el brillo de la piedra, ya porque las brumas matinales convirtiesen a la piedra en cosa tan vaporosa como la sombra. Asimismo, allá por detrás del mar, tras una hilera de bosques, comenzaba otro mar, rosado por la puesta de sol, y que era el cielo. La luz, como si inventara nuevos sólidos, empujaba la parte que iluminaba de un barco más atrás de la que se quedaba en sombra, y disponía como los peldaños de una escalera de cristal la superficie, materialmente plana, pero quebrada por el modo de iluminación, del mar matinal. Un río que transcurre por bajo los puentes de una ciudad estaba tomado de tal manera que aparecía totalmente dislocado, aquí explayándose en lago, allá hecho hilillos, en otra parte roto por la interposición de una colina coronada de bosque donde van por la noche los vecinos a tomar el fresco; y el ritmo de esta revuelta ciudad estaba asegurado tan sólo por la inflexible verticalidad de las torres, que no subían, sino que parecían caer con arreglo a la plomada de la pesantez, marcando la cadencia cual en una marcha triunfal, y tenían en suspenso allí por bajo de ellas toda la masa, más confusa, de las casas escalonadas en la bruma; a lo largo del río, aplastado y deshecho. Y (como las primeras obras de Elstir databan de la época en que exornaba los paisajes la presencia de un personaje) en la escarpada ribera o en la montaña, el camino, ese elemento semihumano de la Naturaleza, sufría, al igual del río o del océano, los eclipses de la perspectiva. Una cresta montañosa, la bruma de una cascada o el mar cortaban la continuidad de la senda, visible para el paseante, pero no para nosotros; así que el menudo personaje humano, vestido con anticuada moda y perdido en esas soledades, parecía estar parado delante de un abismo, como si el sendero por donde iba terminase allí; pero trescientos metros más allá, en el bosque de abetos, veíamos emocionados una cosa que nos serenaba el corazón, y es que reaparecía la estrecha blancura de la arena hospitalaria para los pasos del viandante, aquel camino cuyos recodos intermedios, que iban salvando la cascada o el golfo, nos ocultó el declive de la montaña.
L′effort qu′Elstir faisait pour se dépouiller en présence de la réalité de toutes les notions de son intelligence était d′autant plus admirable que cet homme qui, avant de peindre, se faisait ignorant, oubliait tout par probité, car ce qu′on sait n′est pas à soi, avait justement une intelligence exceptionnellement cultivée. Comme je lui avouais la déception que j′avais eue devant l′église de Balbec: «Comment, me dit-il, vous avez été déçu par ce porche, mais c′est la plus belle Bible historiée que le peuple ait jamais pu lire. Cette vierge et tous les bas-reliefs qui racontent sa vie, c′est l′expression la plus tendre, la plus inspirée de ce long poème d′adoration et de louanges que le moyen âge déroulera à la gloire de la Madone. Si vous saviez à côté de l′exactitude la plus minutieuse à traduire le texte saint, quelles trouvailles de délicatesse a eues le vieux sculpteur, que de profondes pensées, quelle délicieuse poésie! El esfuerzo que hacía Elstir por despojarse en presencia de la realidad de todas las nociones de su inteligencia era doblemente admirable, porque ese hombre –que antes de pintar se volvía ignorante, se olvidaba de todo por probidad, porque lo que se sabe no es de uno– tenía precisamente una inteligencia excepcionalmente cultivada. Le confesé yo la decepción que me había causado la iglesia de Balbec. “¡Cómo! –me dijo Elstir–, ¿que no le ha satisfecho a usted ese pórtico? Es la Biblia historiada más hermosa que un pueblo pudo leer nunca. La Virgen y los bajorrelieves donde se expone su vida constituyen la expresión más tierna e inspirada de ese largo poema de adoración y alabanza que la Edad Media va tendiendo a los pies de la madona. No puede usted imaginarse, además de su exactitud minuciosisima para traducir el texto santo, cuántos aciertos de delicadeza tuvo el viejo escultor, qué de pensamientos profundos y cuán encantadora poesía."
«L′idée de ce grand voile dans lequel les Anges portent le corps de la Vierge, trop sacré pour qu′ils osent le toucher directement (Je lui dis que le même sujet était traité à Saint-André-des-Champs; il avait vu des photographies du porche de cette dernière église mais me fit remarquer que l′empressement de ces petits paysans qui courent tous à la fois autour de la Vierge était autre chose que la gravité des deux grands anges presque italiens, si élancés, si doux); l′ange qui emporte l′âme de la Vierge pour la réunir à son corps; dans la rencontre de la Vierge et d′Elisabeth, le geste de cette dernière qui touche le sein de Marie et s′émerveille de le sentir gonflé; et le bras bandé de la sage-femme qui n′avait pas voulu croire, sans toucher, à l′Immaculée-Conception; et la ceinture jetée par la Vierge à saint Thomas pour lui donner la preuve de sa résurrection; ce voile aussi que la Vierge arrache de son sein pour en voiler la nudité de son fils d′un côté de qui l′Église recueille le sang, la liqueur de l′Eucharistie, tandis que, de l′autre, la Synagogue dont le règne est fini, a les yeux bandés, tient un sceptre à demi-brisé et laisse échapper avec sa couronne qui lui tombe de la tête, les tables de l′ancienne Loi; et l′époux qui aidant, à l′heure du Jugement dernier, sa jeune femme à sortir du tombeau lui appuie la main contre son propre cur pour la rassurer et lui prouver qu′il bat vraiment, est-ce aussi assez chouette comme idée, assez trouvé? Et l′ange qui emporte le soleil et la lune devenus inutiles puisqu′il est dit que la Lumière de la Croix sera sept fois plus puissante que celle des astres; et celui qui trempe sa main dans l′eau du bain de Jésus pour voir si elle est assez chaude; et celui qui sort des nuées pour poser sa couronne sur le front de la Vierge; et tous ceux qui penchés du haut du ciel, entre les balustres de la Jérusalem céleste lèvent les bras d′épouvante ou de joie à la vue des supplices des méchants et du bonheur des élus! Car c′est tous les cercles du ciel, tout un gigantesque poème théologique et symbolique que vous avez là. C′est fou, c′est divin, c′est mille fois supérieur à tout ce que vous verrez en Italie où d′ailleurs ce tympan a été littéralement copié par des sculpteurs de bien moins de génie. Il n′y a pas eu d′époque où tout le monde a du génie, tout ça c′est des blagues, ça serait plus fort que l′âge d′or. Le type qui a sculpté cette façade-là, croyez bien qu′il était aussi fort, qu′il avait des idées aussi profondes que les gens de maintenant que vous admirez le plus. Je vous montrerais cela, si nous y allions ensemble. Il y a certaines paroles de l′office de l′Assomption qui ont été traduites avec une subtilité qu′un Redon n′a pas égalée. Primero, la idea de ese gran velo donde llevan los ángeles el cuerpo de la Virgen, sacratísimo para que se atrevan a tocarlo directamente de dije yo que el mismo tema se hallaba tratado en Saint–André des Champs; pero Elstir, que había visto fotografías del pórtico de esta última iglesia, me hizo notar que aquella celosa diligencia con que rodean a la Virgen esos tipos de aldeanos era cosa muy distinta de la gravedad de los dos ángeles, tan finos y esbeltos, casi italianos, de la iglesia de Balbec); el ángel que se lleva el alma de la Virgen para reunirla con su cuerpo; el encuentro de la Virgen y Elisabet, con el ademán de esta segunda, que toca el seno de María y se maravilla al sentir su plenitud; el brazo tieso de la comadrona, que no quiso creer en la Inmaculada Concepción sin tocar; el ceñidor que echó la Virgen a Santo Tomás para darle la prueba de la resurrección; ese velo que se arranca la Virgen de su propio seno para velar la desnudez de su Hijo, que tiene a un lado a la Iglesia recogiendo su sangre, el licor de la Eucaristía, y al otro a la Sinagoga, cuyo reino terminó ya, vendados los ojos, con un cetro medio roto y con la corona cayéndosele de la cabeza, perdida, como las tablas de la Ley. “Y ese esposo que a la hora del juicio Final ayuda a su mujer a salir de la tumba y le pone la mano sobre su corazón para que se tranquilice y vea que late de verdad, ¿le parece a usted eso una tontería, una idea insignificante? Y no digo nada de ese ángel que se lleva el Sol y la Luna, inútiles ya porque ha sido dicho que la luz de la Cruz será siete veces más fuerte que la de los astros; y el otro que mete la mano en el agua del baño de Jesús a ver si está bastante caliente; y el que sale de entre las nubes para poner la corona en la frente de la Virgen; y aquellos que asoman allá en lo alto, entre los balaustres de la Jerusalén celeste, y alzan los brazos, de espanto o de alegría, al ver los suplicios de los malos y la bienaventuranza de los buenos. Porque en esa portada tiene usted todos los círculos celestiales, un gigantesco poema teológico y simbólico. Es un prodigio, una divinidad, mil veces superior a todo lo que pueda usted ver en Italia, donde muchos escultores de menos valía han copiado literalmente ese tímpano. Porque no ha habido ninguna época en que todo el mundo fuese genial; ¡qué tontería!, eso hubiese sido aún más hermoso que la edad de oro. Lo que es el individuo que esculpió esa fachada puede usted estar seguro de que era tan grande y tenía ideas tan profundas como cualquiera de los hombres de ahora que más admire usted. Ya se lo enseñaría yo a usted si fuésemos a verla juntos: Hay unas palabras del oficio de la Asunción traducidas con una sutileza que no ha sido igualada ni por un Redon."
Cette vaste vision céleste dont il me parlait, ce gigantesque poème théologique que je comprenais avoir été écrit là, pourtant quand mes yeux pleins de désirs s′étaient ouverts, devant la façade, ce n′est pas eux que j′avais vus. Je lui parlai de ces grandes statues de saints qui montées sur des échasses forment une sorte d′avenue. Y, sin embargo, cuando mis ojos, llenos de deseo, se abrieron delante de esa fachada no vi yo en ella aquella vasta visión celestial el gigantesco poema teológico que allí había escrito, según comprendía ahora. Le hablé de las grandes estatuas de santos que, subidas en zancos, forman una especie de avenida.
— Elle part des fonds des âges pour aboutir à Jésus-Christ, me dit-il. Ce sont d′un côté, ses ancêtres selon l′esprit, de l′autre, les Rois de Judas, ses ancêtres selon la chair. Tous les siècles sont là. Et si vous aviez mieux regardé ce qui vous a paru des échasses, vous auriez pu nommer ceux qui y étaient perchés. Car sous les pieds de Moî²¥, vous auriez reconnu le veau d′or, sous les pieds d′Abraham, le bélier, sous ceux de Joseph, le démon conseillant la femme de Putiphar. “Arrancan del fondo de los tiempos para llegar hasta Jesucristo –me dijo–. A un lado están sus antepasados del espíritu; al otro, los Reyes de Judea, sus antepasados de la carne. Todos los siglos se reunen allí. Y si se hubiera usted fijado mejor en eso que a usted le parecen zancos, habría usted sabido quiénes eran los que están encima. Porque Moisés tiene debajo de sus pies el becerro de oro; Abraham, el carnero; José, el demonio aconsejando a la mujer de Putifar."
Je lui dis aussi que je m′étais attendu à trouver un monument presque persan et que ç‘avait sans doute été là une des causes de mon mécompte. «Mais non, me répondit-il, il y a beaucoup de vrai. Certaines parties sont tout orientales; un chapiteau reproduit si exactement un sujet persan, que la persistance des traditions orientales ne suffit pas à l′expliquer. Le sculpteur a dû copier quelque coffret apporté par des navigateurs.» Et en effet il devait me montrer plus tard la photographie d′un chapiteau où je vis des dragons quasi chinois qui se dévoraient, mais à Balbec ce petit morceau de sculpture avait passé pour moi inaperçu dans l′ensemble du monument qui ne ressemblait pas à ce que m′avaient montré ces mots: «église presque persane». Le dije también que yo esperaba haberme encontrado con un monumento casi persa, y que ésa fué sin duda una de las causas de mi decepción. “No –me contestó–, eso tiene su parte de verdad. Algunas cosas son completamente orientales; hay un capitel que reproduce tan exactamente un tema persa, que es muy, difícil de explicar sólo por la persistencia de las tradiciones orientales. El escultor debió de copiar alguna arqueta que trajeron los navegantes.” En efecto, Elstir me mostró más adelante la fotografía de un capitel con tinos dragones casi chinos que se devoraban unos a otros: pero en Balbec ese trozo de escultora se me había escapado en el conjunto del monumento, que no se parecía a lo que me anunciaron estas palabras: “Iglesia casi persa”.
Les joies intellectuelles que je goûtais dans cet atelier ne m′empêchaient nullement de sentir, quoiqu′ils nous entourassent comme malgré nous, les tièdes glacis, la pénombre étincelante de la pièce, et au bout de la petite fenêtre encadrée de chèvrefeuilles, dans l′avenue toute rustique, la résistante sécheresse de la terre brûlée de soleil que voilait seulement la transparence de l′éloignement et de l′ombre des arbres. Peut-être l′inconscient bien-être que me causait ce jour d′été venait-il agrandir comme un affluent la joie que me causait la vue du «Port de Carquethuit». Los goces intelectuales que disfrutaba yo en aquel estudio no me estorbaban, en ningún modo, para sentir, aunque todo ello estaba alrededor nuestro como sin querer, la transparente tibieza de colores y la brillante penumbra de la habitación; y allá al fondo de la ventanita, ceñida de madreselvas, en la rústica avenida, veíase la resistente sequedad de la tierra quemada por el sol y velada tan sólo por la transparencia de la distancia y la sombra de los árboles. Acaso el inconsciente bienestar que en mí determinaba aquel día de verano servía para acrecer, como un afluente, la alegría que experimentaba al mirar el “Puerto de Carquethuit”.
J′avais cru Elstir modeste mais je compris que je m′étais trompé, en voyant son visage se nuancer de tristesse quand dans une phrase de remerciements je prononçai le mot de gloire. Ceux qui croient leurs uvres durables et c′était le cas pour Elstir — prennent l′habitude de les situer dans une époque où eux-mêmes ne seront plus que poussière. Et ainsi en les forçant à réfléchir au néant, l′idée de la gloire les attriste parce qu′elle est inséparable de l′idée de la mort. Je changeai de conversation pour dissiper ce nuage d′orgueilleuse mélancolie dont j′avais sans le vouloir chargé le front d′Elstir. «On m′avait conseillé, lui dis-je en pensant à la conversation que nous avions eue avec Legrandin à Combray et sur laquelle j′étais content d′avoir son avis, de ne pas aller en Bretagne, parce que c′était malsain pour un esprit déjà porté au rêve.» «Mais non, me répondit-il, quand un esprit est porté au rêve, il ne faut pas l′en tenir écarté, le lui rationner. Tant que vous détournerez votre esprit de ses rêves, il ne les connaîtra pas; vous serez le jouet de mille apparences parce que vous n′en aurez pas compris la nature. Si un peu de rêve est dangereux, ce qui en guérit, ce n′est pas moins de rêve, mais plus de rêve, mais tout le rêve. Il importe qu′on connaisse entièrement ses rêves pour n′en plus souffrir; il y a une certaine séparation du rêve et de la vie qu′il est souvent utile de faire si que je me demande si on ne devrait pas à tout hasard la pratiquer préventivement, comme certains chirurgiens prétendent qu′il faudrait, pour éviter la possibilité d′une appendicite future, enlever l′appendice chez tous les enfants. Yo me creía que Elstir era modesto; pero comprendí que me había equivocado al ver que por su rostro se difundió un matiz de tristeza cuando yo pronuncié, en una frase de gratitud, la palabra gloria. Aquellos artistas que consideran sus obras como cosas que han de durar –y Elstir era uno de ellos– se acostumbran a situarlas en una época en que ellos no serán ya más que polvo. Y por eso, porque los lleva a pensar en la nada, los contrista la idea de la gloria, inseparable de la idea de la muerte. Cambié de conversación para que se disipara aquella nube de orgullosa, melancolía que cargaba la frente de Elstir. “Me habían aconsejado –le dije, recordando la conversación que tuve con Legrandin– que no fuese á Bretaña porque no era sano para un ánimo inclinado a soñar.” “No –me respondió el pintor- cuando un alma tiende al ensueño, no hay que apartarla de él ni dárselo con ración. Mientras desvíe usted su alma de los ensueños se quedará sin conocerlos y será usted juguete de mil apariencias, porque no ha comprendido usted su naturaleza. Si se estima que soñar un poco es peligroso, lo que cure no habrá de ser soñar menos, sino soñar más, el pleno ensueño. Es menester que conozcamos muy bien nuestros ensueños para que no nos duelan; hay una separación de la vida y el ensueño tan útil de hacer, que muchas veces me digo si no se la debiera practicar preventivamente, por si acaso, como dicen algunos cirujanos que convendría cortar el apéndice a todos los niños para evitar la posibilidad de una apendicitis."
Elstir et moi nous étions allés jusqu′au fond de l′atelier, devant la fenêtre qui donnait derrière le jardin sur une étroite avenue de traverse, presque un petit chemin rustique. Nous étions venus là pour respirer l′air rafraîchi de l′après-midi plus avancé. Je me croyais bien loin des jeunes filles de la petite bande et c′est en sacrifiant pour une fois l′espérance de les voir, que j′avais fini par obéir à la prière de ma grand-mère et aller voir Elstir. Car où se trouve ce qu′on cherche on ne le sait pas, et on fuit souvent pendant bien longtemps le lieu où, pour d′autres raisons, chacun nous invite. Mais nous ne soupçonnons pas que nous y verrions justement l′être auquel nous pensons. Je regardais vaguement le chemin campagnard qui, extérieur à l′atelier, passait tout près de lui mais n′appartenait pas à Elstir. Tout à coup y apparut, le suivant à pas rapides, la jeune cycliste de la petite bande avec, sur ses cheveux noirs, son polo abaissé vers ses grosses joues, ses yeux gais et un peu insistants; et dans ce sentier fortuné miraculeusement rempli de douces promesses, je la vis sous les arbres, adresser à Elstir un salut souriant d′amie, arc-en-ciel qui unit pour moi notre monde terraqué à des régions que j′avais jugées jusque-là inaccessibles. Elle s′approcha même pour tendre la main au peintre, sans s′arrêter, et je vis qu′elle avait un petit grain de beauté au menton. «Vous connaissez cette jeune fille, monsieur?» dis-je à Elstir, comprenant qu′il pourrait me présenter à elle, l′inviter chez lui. Et cet atelier paisible avec son horizon rural s′était rempli d′un surcroît délicieux comme il arrive d′une maison où un enfant se plaisait déjà et où il apprend que, en plus, de par la générosité qu′ont les belles choses et les nobles gens à accroître indéfiniment leurs dons, se prépare pour lui un magnifique goûter. Elstir me dit qu′elle s′appelait Albertine Simonet et me nomma aussi ses autres amies que je lui décrivis avec assez d′exactitude pour qu′il n′eût guère d′hésitation. J′avais commis à l′égard de leur situation sociale une erreur, mais pas dans le même sens que d′habitude à Balbec. J′y prenais facilement pour des princes des fils de boutiquiers montant à cheval. Cette fois j′avais situé dans un milieu interlope des filles d′une petite bourgeoisie fort riche, du monde de l′industrie et des affaires. C′était celui qui de prime-abord m′intéressait le moins, n′ayant pour moi le mystère ni du peuple, ni d′une société comme celle des Guermantes. Et sans doute si un prestige préalable qu′elles ne perdraient plus ne leur avait été conféré, devant mes yeux éblouis, par la vacuité éclatante de la vie de plage, je ne serais peut-être pas arrivé à lutter victorieusement contre l′idée qu′elles étaient les filles de gros négociants. Je ne pus qu′admirer combien la bourgeoisie française était un atelier merveilleux de sculpture la plus généreuse et la plus variée. Que de types imprévus, quelle invention dans le caractère des visages, quelle décision, quelle fraîcheur, quelle naîµ¥té dans les traits. Les vieux bourgeois avares d′où étaient issues ces Dianes et ces nymphes me semblaient les plus grands des statuaires. Avant que j′eusse eu le temps de m′apercevoir de la métamorphose sociale de ces jeunes filles, et tant ces découvertes d′une erreur, ces modifications de la notion qu′on a d′une personne ont l′instantanéité d′une réaction chimique, s′était déjà installée derrière le visage d′un genre si voyou de ces jeunes filles que j′avais prises pour des maîtresses de coureurs cyclistes, de champions de boxe, l′idée qu′elles pouvaient très bien être liées avec la famille de tel notaire que nous connaissions. Je ne savais guère ce qu′était Albertine Simonet. Elle ignorait certes ce qu′elle devait être un jour pour moi. Même ce nom de Simonet que j′avais déjà entendu sur la plage, si on m′avait demandé de l′écrire je l′aurais orthographié avec deux n. ne me doutant pas de l′importance que cette famille attachait à n′en posséder qu′un seul. Au fur et à mesure que l′on descend dans l′échelle sociale, le snobisme s′accroche à des riens qui ne sont peut-être pas plus nuls que les distinctions de l′aristocratie, mais qui plus obscurs, plus particuliers à chacun, surprennent davantage. Peut-être y avait-il eu des Simonet qui avaient fait de mauvaises affaires ou pis encore. Toujours est-il que les Simonet s′étaient, paraît-il, toujours irrités comme d′une calomnie quand on doublait leur n. Ils avaient l′air d′être les seuls Simonet avec un n au lieu de deux, autant de fierté peut-être que les Montmorency d′être les premiers barons de France. Je demandai à Elstir si ces jeunes filles habitaient Balbec, il me répondit oui pour certaines d′entre elles. La villa de l′une était précisément située tout au bout de la plage, là où commencent les falaises du Canapville. Comme cette jeune fille était une grande amie d′Albertine Simonet, ce me fut une raison de plus de croire que c′était bien cette dernière que j′avais rencontrée, quand j′étais avec ma grand-mère. Certes il y avait tant de ces petites rues perpendiculaires à la plage où elles faisaient un angle pareil, que je n′aurais pu spécifier exactement laquelle c′était. On voudrait avoir un souvenir exact mais au moment même la vision a été trouble. Pourtant qu′Albertine et cette jeune fille entrant chez son amie fussent une seule et même personne, c′était pratiquement une certitude. Malgré cela tandis que les innombrables images que m′a présentées dans la suite la brune joueuse de golf, si différentes qu′elles soient les unes des autres, se superposent (parce que je sais qu′elles lui appartiennent toutes), et que si je remonte le fil de mes souvenirs, je peux, sous le couvert de cette identité et comme dans un chemin de communication intérieure, repasser par toutes ces images sans sortir d′une même personne, en revanche, si je veux remonter jusqu′à la jeune fille que je croisai le jour où j′étais avec ma grand-mère, il me faut ressortir à l′air libre. Je suis persuadé que c′est Albertine que je retrouve, la même que celle qui s′arrêtait souvent, au milieu de ses amies, dans sa promenade dépassant l′horizon de la mer; mais toutes ces images restent séparées de cette autre parce que je ne peux pas lui conférer rétrospectivement une identité qu′elle n′avait pas pour moi au moment où elle a frappé mes yeux; quoi que puisse m′assurer le calcul des probabilités, cette jeune fille aux grosses joues qui me regarda si hardiment au coin de la petite rue et de la plage et par qui je crois que j′aurais pu être aimé, au sens strict du mot revoir, je ne l′ai jamais revue. Habíamos ido Elstir y yo hasta el fondo del estudio, junto a la ventana que daba a la parte trasera del jardín, a un camino de atajo casi rústico. Nos habíamos acercado allí para respirar el aire fresco de la bien entrada tarde. Me figuraba yo estar muy lejos de la bandada de muchachas, y tuve que sacrificar por una vez la esperanza de verlas para obedecer a los ruegos de mi abuela e ir a visitar a Elstir. No sabe uno dónde se halla lo que anda buscando, y muchas veces se suele huir obstinadamente del lugar preciso al que, por otras razones, nos invitan todos a que vayamos. Pero nosotros no sospechamos que cabalmente allí veríamos al ser de nuestros pensamientos. Estaba yo mirando vagamente ese camino campestre que pasaba junto al estudio, pero por fuera y sin pertenecer ya a la casa de Elstir. De pronto, y recorriendo aquella trocha con paso rápido, asomó por allí la joven ciclista de la bandada, con su negro pelo, el sombrero encasquetado hasta los carrillos mofletudos y el mirar alegre y un tanto insistente; y en aquel afortunado sendero milagrosamente henchido de suaves promesas, bajo la sombra de los árboles, la vi que dirigía a Elstir un sonriente saludo de amiga, arco iris que para mí unió nuestro terráqueo mundo a regiones juzgadas hasta entonces inaccesibles. Se acercó para dar la mano al pintor, pero sin pararse, y vi que tenía un lunarcito en la barbilla. “¡Ah!, ¿con que conoce usted a esta muchacha?”, dije a Elstir, pensando que podría presentarme a ella, invitarla a venir a su casa. Y aquel estudio tranquilo con su rural horizonte se colmó de delicias, como ocurre con una casa en donde un niño que se encuentra allí muy a gusto se entera de que además, por la generosidad con que gustan las cosas bellas y las personas nobles de acrecentar indefinidamente sus dones, le van a preparar una magnífica merienda. Elstir me dijo que se llamaba Albertina Simonet, y me dió también los nombres de sus amigas, que le describí yo con exactitud bastante para que no cupiese duda había incurrido yo en un error con respecto a su posición social, pero un error contrario al usual en Balbec. Porque en Balbec tomaba fácilmente por príncipes a los hijos de un tendero que montaban a caballo. Y con las muchachas ocurrió que las coloqué en un medio social falso, cuando en realidad eran hijas de familias burguesas ricas del mundo de la industria y de los negocios. De ese mundo que a primera vista me interesaba menos que ninguno, puesto que no tenía para mí ni el misterio del pueblo ni el de una sociedad como la de los Guermantes. E indudablemente, de no haber sido porque aquella brillante vacuidad de la vida de playa les había conferido ante mis asombrados ojos un prestigio que ya no habrían de perder, acaso no hubiese yo logrado luchar victoriosamente contra la idea de que eran hijas de negociantes ricos. Me quedé admirado al ver cómo la clase media francesa era un maravilloso taller de escultura generosísima y en extremo variada. ¡Qué de tipo–imprevistos, cuánta invención en el carácter de los rostros, qué decisión, frescura y sencillez de facciones! Y aquellos burgueses viejos y avaros de los que habían nacido estas Dianas y ninfas me parecían los más geniales escultores del mundo. Y como esos descubrimientos de un error, esas modificaciones de la noción que formamos de una persona tienen la instantaneidad de las reacciones químicas, ocurrió que antes de haber tenido yo tiempo de darme cuenta de la metamorfosis social de estas muchachas, ya se había instalado detrás del rostro de un género tan golfo de aquellas muchachas, a quienes tomara yo por queridas de corredores ciclistas o de boxeadores, la idea de que podían ser muy bien amigas de la familia de cualquier notario conocido nuestro. Yo casi no sabía lo que era Albertina Simonet. Ella ignoraba, claro es, lo que algún día llegaría a ser para mí. Ni siquiera hubiese sabido yo entonces escribir como es debido el nombre de Simonet, porque le habría puesto dos n, sin sospechar la importancia que atribuía la familia a no tener más que una sola n. Porque a medida que se va bajando en la escala social el snobismo se agarra a naderías, que acaso no sean más tontas que las distinciones de la aristocracia, pero que sorprenden en mayor grado por ser más particulares y raras. Quizá había habido Simonet que anduvieran en malos negocios, o en cosa peor. Pero ello es que los Simonet siempre se habían enfadado, como por una calumnia, cuando se duplicaba su n. Y ponían ellos tanto orgullo en ser los único Simonet con una n en vez de dos, como acaso pueden poner los Montmorency en ser los primeros caballeros de Francia Pregunté a Elstir si esas muchachas vivían en Balbec, y me dijo que algunas de ellas sí El hotel de una muchacha de ésas estaba precisamente situado en un extremo de la playa, donde empiezan los acantilados de Canapville. Como esta muchacha era gran amiga de. Albertina Simonet, ya tuve un motivo más para creer que la joven de la bicicleta que me encontré cuando volvía de paseo con mi abuela era efectivamente Albertina. Claro es que había tantas calles perpendiculares a la playa y formando con ella el mismo ángulo, que era muy difícil especificar de cuál se trataba. Hubiese uno querido guardar un recuerdo exacto, pero en aquel preciso momento la visión estaba turbada. Sin embargo, prácticamente podía tenerse la certidumbre de que Albertina y aquella joven que iba a entrar en casa de su amiga eran la misma persona. Pero, a pesar de todo, mientras que las innumerables imágenes que más adelante me ofreció la morena jugadora de golf, por diferentes que fuesen unas de otras, se superponen (porque sé que todas son suyas), y cuando remonto el curso de mis recuerdos me es posible, tras esa cobertura de identidad, pasar y repasar, como por un camino de comunicación interior, por todas esas imágenes sin salir de la misma persona, en cambio, si quiero remontarme hasta la muchacha que vi yendo con mi abuela necesito dejar ese camino y salir al aire libre. Estoy convencido de que es Albertina la que encuentro, la misma que se paraba a menudo, entre todas sus amigas, en aquel paseo en que sus figuras se alzaban sobre la línea del horizonte marino; pero todas esas imágenes siguen separadas de la otra, porque no puedo conferirle retrospectivamente una identidad que no tenía en el momento que me saltó a la vista; y a pesar de todo lo que pueda asegurarme el cálculo de probabilidades, lo cierto es que a esa joven de las mejillas llenas, que me miró atrevidamente al doblar la esquina de la calle y de la playa, y que yo me figuré que podría quererme, no la he vuelto a ver nunca, en el sentido estricto de la frase “volver a ver”.
Mon hésitation entre les diverses jeunes filles de la petite bande lesquelles gardaient toutes un peu du charme collectif qui m′avait d′abord troublé, s′ajouta-t-il aussi à ces causes pour me laisser plus tard, même au temps de mon plus grand — de mon second — amour pour Albertine, une sorte de liberté intermittente, et bien brève, de ne l′aimer pas. Pour avoir erré entre toutes ses amies avant de se porter définitivement sur elle, mon amour garda parfois entre lui et l′image d′Albertine certain «jeu» qui lui permettait, comme un éclairage mal adapté, de se poser sur d′autres avant de revenir s′appliquer à elles; le rapport entre le mal que je ressentais au cur et le souvenir d′Albertine ne me semblait pas nécessaire, j′aurais peut-être pu le coordonner avec l′image d′une autre personne. Ce qui me permettait, l′éclair d′un instant, de faire évanouir la réalité, non pas seulement la réalité extérieure comme dans mon amour pour Gilberte (que j′avais reconnu pour un état intérieur où je tirais de moi seul la qualité particulière, le caractère spécial de l′être que j′aimais, tout ce qui le rendait indispensable à mon bonheur) mais même la réalité intérieure et purement subjective. Mi indecisión de sentimiento con respecto a las muchachas de la bandada, las cuales seguían teniendo algo de aquel colectivo encanto que me impresionó al principio, vino a añadirse a los antedichos motivos y me dejó más adelante, y hasta en la época de mi gran amor por Albertina –el segundo amor–, una especie de libertad intermitente y muy breve para no quererla. Mi amor, como había vagabundeado por entre todas sus amigas antes de dirigirse exclusivamente a ella, conservó a ratos entre él y la imagen de Albertina un cierto “resorte” que, como un aparato de proyección mal enfocado, le permitía posarse en las otras muchachas antes de adaptarse a ella; la relación entre la pena que yo sentía en el corazón y el recuerdo de Albertina no me parecía necesaria, y quizá hubiese podido coordinarla con la imagen de otra persona. Con lo cual lograba yo, por un instante fugaz como el relámpago, que se desvaneciera la realidad, y no sólo la realidad exterior, como en mi amor a Gilberta (cuando vi que era únicamente un estado interior del que yo extraía la calidad particular y el carácter especial del ser amado, todo aquello por lo que se hacía indispensable a mi felicidad), sino hasta la misma realidad interior y puramente subjetiva.
«Il n′y a pas de jour qu′une ou l′autre d′entre elles ne passe devant l′atelier et n′entre me faire un bout de visite», me dit Elstir, me désespérant ainsi par la pensée que si j′avais été le voir aussitôt que ma grand-mère m′avait demandé de le faire, j′eusse probablement depuis longtemps déjà, fait la connaissance d′Albertine. “No hay día que no pase alguna de ellas por delante del estudio y entre a hacerme compañía un rato”, me dijo Elstir; y me desesperé al pensar que si hubiera ido a verlo en seguida, como mi abuela me había dicho, probablemente y habría sido presentado a Albertina:
Elle s′était éloignée; de l′atelier on ne la voyait plus. Je pensai qu′elle était allée rejoindre ses amies sur la digue. Si j′avais pu m′y trouver avec Elstir, j′eusse fait leur connaissance. J′inventai mille prétextes pour qu′il consentît à venir faire un tour de plage avec moi. Je n′avais plus le même calme qu′avant l′apparition de la jeune fille dans le cadre de la petite fenêtre si charmante jusque-là sous ses chèvrefeuilles et maintenant bien vide. Elstir me causa une joie mêlée de torture en me disant qu′il ferait quelques pas avec moi, mais qu′il était obligé de terminer d′abord le morceau qu′il était en train de peindre. C′était des fleurs, mais pas de celles dont j′eusse mieux aimé lui commander le portrait que celui d′une personne, afin d′apprendre par la révélation de son génie ce que j′avais si souvent cherché en vain devant elles — aubépines, épines roses, bluets, fleurs de pommiers. Elstir tout en peignant me parlait de botanique, mais je ne l′écoutais guère; il ne se suffisait plus à lui-même, il n′était plus que l′intermédiaire nécessaire entre ces jeunes filles et moi; le prestige que quelques instants encore auparavant, lui donnait pour moi son talent, ne valait plus qu′en tant qu′il m′en conférait un peu à moi-même aux yeux de la petite bande à qui je serais présenté par lui. La cual había seguido andando y ya no se la veía desde el estudio. Yo me figuré que iba al paseo del dique en busca de sus amigas. Si hubiera sido posible ir allá con Elstir, podía haberme presentado. Inventé mil pretextos para que accediese a dar una vuelta conmigo por la playa. Ya no tenía yo aquella tranquilidad de antes de la aparición de la muchacha al mirar la ventanita, encantadora hasta aquel momento, con su marco de madreselvas, pero tan vacía ahora. Elstir me dió alegría y tortura juntas cuando me dijo que andaría un rato conmigo, pero que antes tenía que acabar el cuadro que tenía empezado. Era un cuadro de flores; pero de ninguna de esas flores cuyo retrato le habría yo encargado con más gusto que el de una persona, con objeto de descubrir por la revelación de su genio aquello que tartas veces había yo buscado inútilmente parado delante de ellas: espinos blancos y rosas, acianos y flor de manzano. Elstir, al mismo tiempo que pintaba me hablaba de botánica, pero yo apenas si le prestaba atención; y él por sí solo no me bastaba ya: ahora era únicamente el intermediario forzoso entre aquellas muchachas y yo; aquel prestigio con que lo veía yo revestido por su talento un instante antes, ahora sólo valía en cuanto que me confería a mí también un poco de prestigio a los ojos de las muchachas a quienes habría de presentarme.
J′allais et venais, impatient qu′il eût fini de travailler; je saisissais pour les regarder des études dont beaucoup tournées contre le mur, étaient empilées les unes sur les autres. Je me trouvais ainsi mettre au jour une aquarelle qui devait être d′un temps bien plus ancien de la vie d′Elstir et me causa cette sorte particulière d′enchantement que dispensent des uvres non seulement d′une exécution délicieuse mais aussi d′un sujet si singulier et si séduisant, que c′est à lui que nous attribuons une partie de leur charme, comme si, ce charme, le peintre n′avait eu qu′à le découvrir, qu′à l′observer, matériellement réalisé déjà dans la nature et à le reproduire. Que de tels objets puissent exister, beaux en dehors même de l′interprétation du peintre, cela contente en nous un matérialisme inné, combattu par la raison, et sert de contre-poids aux abstractions de l′esthétique. C′était, — cette aquarelle, — le portrait d′une jeune femme pas jolie, mais d′un type curieux, que coiffait un serre-tête assez semblable à un chapeau melon bordé d′un ruban de soie cerise; une de ses mains gantées de mitaines tenait une cigarette allumée, tandis que l′autre élevait à la hauteur du genou une sorte de grand chapeau de jardin, simple écran de paille contre le soleil. A côté d′elle, un porte-bouquet plein de roses sur une table. Souvent c′était le cas ici, la singularité de ces uvres, tient surtout à ce qu′elles ont été exécutées dans des conditions particulières dont nous ne nous rendons pas clairement compte d′abord, par exemple si la toilette étrange d′un modèle féminin, est un déguisement de bal costumé, ou si au contraire le manteau rouge d′un vieillard qui a l′air de l′avoir revêtu pour se prêter à une fantaisie du peintre, est sa robe de professeur ou de conseiller, ou son camail de cardinal. Le caractère ambigu de l′être dont j′avais le portrait sous les yeux, tenait sans que je le comprisse à ce que c′était une jeune actrice d′autrefois en demi-travesti. Mais son melon, sous lequel ses cheveux étaient bouffants, mais courts, son veston de velours sans revers ouvrant sur un plastron blanc me firent hésiter sur la date de la mode et le sexe du modèle, de façon que je ne savais pas exactement ce que j′avais sous les yeux, sinon le plus clair des morceaux de peinture. Et le plaisir qu′il me donnait était troublé seulement par la peur qu′Elstir en s′attardant encore me fît manquer les jeunes filles, car le soleil était déjà oblique et bas dans la petite fenêtre. Aucune chose dans cette aquarelle n′était simplement constatée en fait et peinte à cause de son utilité dans la scène, le costume parce qu′il fallait que la femme fût habillée, le porte-bouquet pour les fleurs. Le verre du porte-bouquet, aimé pour lui-même, avait l′air d′enfermer l′eau où trempaient les tiges des illets dans quelque chose d′aussi limpide, presque d′aussi liquide qu′elle; l′habillement de la femme l′entourait d′une manière qui avait un charme indépendant, fraternel, et si les uvres de l′industrie pouvaient rivaliser de charme avec les merveilles de la nature, aussi délicates, aussi savoureuses au toucher du regard, aussi fraîchement peintes que la fourrure d′une chatte, les pétales d′un illet, les plumes d′une colombe. La blancheur du plastron, d′une finesse de grésil et dont le frivole plissage avait des clochettes comme celles du muguet, s′étoilait des clairs reflets de la chambre, aigus eux-mêmes et finement nuancés comme des bouquets de fleurs qui auraient broché le linge. Et le velours du veston brillant et nacré, avait çà et là quelque chose de hérissé, de déchiqueté et de velu qui faisait penser à l′ébouriffage des illets dans le vase. Mais surtout on sentait qu′Elstir, insoucieux de ce que pouvait présenter d′immoral ce travesti d′une jeune actrice pour qui le talent avec lequel elle jouerait son rôle avait sans doute moins d′importance que l′attrait irritant qu′elle allait offrir aux sens blasés ou dépravés de certains spectateurs, s′était au contraire attaché à ces traits d′ambiguité comme à un élément esthétique qui valait d′être mis en relief et qu′il avait tout fait pour souligner. Le long des lignes du visage, le sexe avait l′air d′être sur le point d′avouer qu′il était celui d′une fille un peu garçonnière, s′évanouissait, et plus loin se retrouvait, suggérant plutôt l′idée d′un jeune efféminé vicieux et songeur, puis fuyait encore, restait insaisissable. Le caractère de tristesse rêveuse du regard, par son contraste même avec les accessoires appartenant au monde de la noce et du théâtre, n′était pas ce qui était le moins troublant. On pensait du reste qu′il devait être factice et que le jeune être qui semblait s′offrir aux caresses dans ce provocant costume avait probablement trouvé piquant d′y ajouter l′expression romanesque d′un sentiment secret, d′un chagrin inavoué. Au bas du portrait était écrit: Miss Sacripant, octobre 1872. Je ne pus contenir mon admiration. «Oh! ce n′est rien, c′est une pochade de jeunesse, c′était un costume pour une Revue des Variétés. Tout cela est bien loin.» «Et qu′est devenu le modèle?» Un étonnement provoqué par mes paroles précéda sur la figure d′Elstir l′air indifférent et distrait qu′au bout d′une seconde il y étendit. «Tenez, passez-moi vite cette toile, me dit-il, j′entends Madame Elstir qui arrive et bien que la jeune personne au melon n′ait joué, je vous assure, aucun rôle dans ma vie, il est inutile que ma femme ait cette aquarelle sous les yeux. Je n′ai gardé cela que comme un document amusant sur le théâtre de cette époque.» Et avant de cacher l′aquarelle derrière lui, Elstir qui peut-être ne l′avait pas vue depuis longtemps y attacha un regard attentif. «Il faudra que je ne garde que la tête, murmura-t-il, le bas est vraiment trop mal peint, les mains sont d′un commençant.» J′étais désolé de l′arrivée de Mme Elstir qui allait encore nous retarder. Le rebord de la fenêtre fut bientôt rose. Notre sortie serait en pure perte. Il n′y avait plus aucune chance de voir les jeunes filles, par conséquent plus aucune importance à ce que Mme Elstir nous quittât plus ou moins vite. Elle ne resta, d′ailleurs, pas très longtemps. Je la trouvai très ennuyeuse; elle aurait pu être belle, si elle avait eu vingt ans, conduisant un buf dans la campagne romaine; mais ses cheveux noirs blanchissaient; et elle était commune sans être simple, parce qu′elle croyait que la solennité des manières et la majesté de l′attitude étaient requises par sa beauté sculpturale à laquelle, d′ailleurs, l′âge avait enlevé toutes ses séductions. Elle était mise avec la plus grande simplicité. Et on était touché mais surpris d′entendre Elstir dire à tout propos et avec une douceur respectueuse comme si rien que prononcer ces mots lui causait de l′attendrissement et de la vénération: «Ma belle Gabrielle!» Plus tard, quand je connus la peinture mythologique d′Elstir, Mme Elstir prit pour moi aussi de la beauté. Je compris qu′à certain type idéal résumé en certaines lignes, en certaines arabesques qui se retrouvaient sans cesse dans son uvre, à un certain canon, il avait attribué en fait un caractère presque divin, puisque tout son temps, tout l′effort de pensée dont il était capable, en un mot toute sa vie, il l′avait consacrée à la tâche de distinguer mieux ces lignes, de les reproduire plus fidèlement. Ce qu′un tel idéal inspirait à Elstir, c′était vraiment un culte si grave, si exigeant, qu′il ne lui permettait jamais d′être content, c′était la partie la plus intime de lui-même: aussi n′avait-il pu le considérer avec détachement, en tirer des émotions jusqu′au jour où il le rencontra, réalisé au dehors, dans le corps d′une femme, le corps de celle qui était par la suite devenue Madame Elstir et chez qui il avait pu — comme cela ne nous est possible que pour ce qui n′est pas nous-mêmes — le trouver méritoire, attendrissant, divin. Quel repos, d′ailleurs, de poser ses lèvres sur ce Beau que jusqu′ici il fallait avec tant de peine extraire de soi, et qui maintenant mystérieusement incarné, s′offrait à lui pour une suite de communions efficaces. Elstir à cette époque n′était plus dans la première jeunesse où l′on attend que de la puissance de la pensée, la réalisation de son idéal. Il approchait de l′âge où l′on compte sur les satisfactions du corps pour stimuler la force de l′esprit, où la fatigue de celui-ci, en nous inclinant au matérialisme, et la diminution de l′activité à la possibilité d′influences passivement reçues commencent à nous faire admettre qu′il y a peut-être bien certains corps, certains métiers, certains rythmes privilégiés, réalisant si naturellement notre idéal, que même sans génie, rien qu′en copiant le mouvement d′une épaule, la tension d′un cou, nous ferions un chef-d′uvre; c′est l′âge où nous aimons à caresser la Beauté du regard, hors de nous, près de nous, dans une tapisserie, dans une belle esquisse de Titien découverte chez un brocanteur, dans une maîtresse aussi belle que l′esquisse de Titien. Quand j′eus compris cela, je ne pus plus voir sans plaisir Mme Elstir, et son corps perdit de sa lourdeur, car je le remplis d′une idée, l′idée qu′elle était une créature immatérielle, un portrait d′Elstir. Elle en était un pour moi et pour lui aussi sans doute. Les données de la vie ne comptent pas pour l′artiste, elles ne sont pour lui qu′une occasion de mettre à nu son génie. On sent bien à voir les uns à côté des autres dix portraits de personnes différentes peintes par Elstir, que ce sont avant tout des Elstir. Seulement, après cette marée montante du génie qui recouvre la vie, quand le cerveau se fatigue, peu à peu l′équilibre se rompt et comme un fleuve qui reprend son cours après le contreflux d′une grande marée, c′est la vie qui reprend le dessus. Or, pendant que durait la première période, l′artiste a, peu à peu, dégagé la loi, la formule de son don inconscient. Il sait quelles situations s′il est romancier, quels paysages s′il est peintre, lui fournissent la matière, indifférente en soi, mais nécessaire à ses recherches comme serait un laboratoire ou un atelier. Il sait qu′il a fait ses chefs d′uvre avec des effets de lumière atténuée, avec des remords modifiant l′idée d′une faute, avec des femmes posées sous les arbres ou à demi plongées dans l′eau, comme des statues. Un jour viendra où par l′usure de son cerveau, il n′aura plus devant ces matériaux dont se servait son génie, la force de faire l′effort intellectuel qui seul peut produire son uvre, et continuera pourtant à les rechercher, heureux de se trouver près d′eux à cause du plaisir spirituel, amorce du travail, qu′ils éveillent en lui; et les entourant d′ailleurs d′une sorte de superstition comme s′ils étaient supérieurs à autre chose, si en eux résidait déjà une bonne part de l′uvre d′art qu′ils porteraient en quelque sorte toute faite, il n′ira pas plus loin que la fréquentation, l′adoration des modèles. Il causera indéfiniment avec des criminels repentis, dont les remords, la régénération a fait l′objet de ses romans; il achètera une maison de campagne dans un pays où la brume atténue la lumière; il passera de longues heures à regarder des femmes se baigner; il collectionnera les belles étoffes. Et ainsi la beauté de la vie, mot en quelque sorte dépourvu de signification, stade situé en deçà de l′art et auquel j′avais vu s′arrêter Swann, était celui où par ralentissement du génie créateur, idolâtrie des formes qui l′avaient favorisé désir du moindre effort, devait un jour rétrograder peu à peu un Elstir. Iba y venía yo por el taller, impaciente, deseando que acabara de trabajar; de vez en cuando cogía algún estudio de color de los que estaban por allí, vueltos hacia la pared, unos encima de otros. Y de ese modo di con una acuarela que debía de ser de una época bastante antigua de Elstir, y que me encantó con esa sensación particular de delicia que causan las obras que además de una ejecución deliciosa tienen un asunto tan singular y seductor que a él atribuimos parte de su gracia, como si el pintor no hubiese tenido otro papel que descubrirla y observarla, realizada ya materialmente en la Naturaleza, y hacer una copia. El hecho de que puedan existir tales objetos, bellos por sí mismos, independientemente de la interpretación del pintor, viene a halagar en nosotros un materialismo innato, con el que lucha la razón–, y sirve de contrapeso a las abstracciones de la estética. Aquella acuarela era el retrato de una mujer joven, no precisamente guapa, pero de un tipo curioso, tocada con un sombrero que se parecía bastante a la forma del sombrero hongo, con una cinta de color cereza; en una de las manos, semicubiertas por mitones, tenía un cigarrillo encendido, y con la otra sostenía a la altura de la rodilla un gran sombrero de jardín, sencilla pantalla de paja para guardarse del sol junto a ella, en una mesa, había un florero lleno de rosas. Muchas veces, y así ocurría ahora, la impresión de rareza que causan estas obras proviene de que fueron ejecutadas en condiciones particulares, de las que no nos dimos cuenta clara en el primer momento; por ejemplo, la toilette extraña de un , modelo femenino es un disfraz para un baile de trajes, o, al contrario, el rojo manto de un viejo que parece cosa puesta tan sólo por prestarse a un capricho del pintor, resulta que es su toga de catedrático o de magistrado o la muceta de cardenal. El carácter ambiguo del ser cuyo retrato tenía yo delante consistía, sin comprenderlo yo muy bien, en que era una joven actriz de hacía años, a medio disfrazar. Pero el sombrero hongo, que cubría un pelo ahuecado, pero corto; su chaqueta de terciopelo, sin solapas, abierta para mostrar una blanca pechera, me hicieron vacilar con respecto a la fecha de la moda y al sexo del modelo; de modo que no sabía exactamente qué era lo que estaba mirando, es decir, no sabía sino que era una luminosísima pintura. Y el placer que sacaba de su contemplación enturbiábalo únicamente el miedo de que Elstir se entretuviera más y no encontrásemos a las muchachas, porque el sol ya iba sesgando y descendiendo en la ventanita. Ninguna de las cosas representadas en aquella acuarela lo estaba en calidad de dato real, pintado a causa de su utilidad en la escena: el traje, porque la dama tenía que llevar algún traje, y el florero, por las flores. El cristal del florero, amado por sí mismo, parecía como que encerrase el agua donde se hundían los tallos de los claveles en una materia casi tan límpida y tan líquida como ella, el vestido de la mujer la envolvía de una manera que tenía una gracia independiente, fraternal, y, si las obras de la industria pudieran competir en encanto con las maravillas de la Naturaleza, tan delicada, tan sabrosa al mirar, tan fresca y reciente cual la piel de una gata, unos pétalos de clavel y unas plumas de paloma. La blancura de la pechera, como de finísimo granizo, y que formaba en su frívolo plegado unas campanitas como las del lirio de los valles, se iluminaba con los claros reflejos de la habitación, reflejos agudos y tan finamente matizados cual ramitos de flores que recamaran la tela. Y el terciopelo de la chaqueta, brillante y nacarado, tenía de trecho en trecho un algo de picoteado; de velloso y erizado, que sugería la idea de los despeluzados claveles del florero. Pero sobre todo se veía que Elstir, sin importarle nada lo que pudiese tener de inmoral aquel disfraz de una actriz joven que sin duda daba más importancia que al talento de interpretación de su papel al picante atractivo que iba a ofrecer a los sentidos cansados o depravados de algunos espectadores, se había encariñado, por el contrario, con esos rasgos de ambigüedad, considerados como elemento estético que valía la pena de poner de relieve, e hizo todo lo posible por subrayarlos. Siguiendo las líneas del rostro, por momentos parecía que el sexo de la persona retratada iba a decidirse, y que era una muchacha un tanto viril; pero luego esa expresión de sexo se desvanecía, tornaba a asomar, sugiriendo ahora la idea de un joven afeminado, vicioso y soñador, y, por último, huía, inasequible. El carácter de soñadora tristeza de la mirada, por el contraste que hacía con los detalles reveladores de un mundo de teatro y juerga, no era lo menos inquietante del retrato. Aunque se le ocurría a uno que esa tristeza era de mentira y que aquel ser juvenil que parecía ofrecerse a la caricia en ese provocativo atavío creyó que debía de ser más gracioso aún si añadía la romántica expresión de un sentimiento secreto, de una pena oculta. Al pie del retrato estaban escritas estas palabras: “Miss Sacripant, octubre 1872”. No pude callar mi admiración. “Eso no es nada, un croquis de mi juventud, de un traje para una revista de varietés. Hace ya mucho de todo eso.” `¿Y qué ha sido del modelo?” El asombro que provocaron mis palabras sirvió de preludio en el rostro de Elstir a un gesto de indiferencia y distracción que adoptó inmediatamente. “Déme usted, déme usted ese lienzo en seguida, porque me parece que viene mi señora, y aunque esta joven del sombrero hongo no ha tenido nada que ver con mi vida, ¡en serio, eh! sin embargo, mi mujer no tiene por qué ver esa acuarela. La he guardado únicamente como documento curioso sobre el teatro de aquella época.” Y antes de ocultar la acuarela detrás de él, Elstir, que quizá no la había visto hacía tiempo, la miró atentamente: “No se puede guardar más que la cabeza –murmuró–; lo demás está muy mal pintado, las manos son de un principiante”. A mí me desesperó la llegada de la señora de Elstir, porque eso probablemente nos retrasaría más. El reborde de la ventana era ya de color rosa. Nuestra salida sería inútil. No había probabilidad alguna de ver a las muchachas, de modo que ya me daba lo mismo que la señora de Elstir se marchara en seguida o no. Pero se estuvo muy poco; me pareció una señora muy aburrida; hubiera sido guapa con veinte años menos, con rústica belleza de campesina, que lleva su buey por la campiña de Roma; pero ahora ya empezaba a encanecer; era ordinaria, sin sencillez, porque se imaginaba que la solemnidad de modales y la majestad de la actitud eran requisitos de su belleza escultural, que con la edad había perdido todos su encantos. Iba vestida sencillisimamente. Impresionaba y sorprendía a la par oír a Elstir llamar a su mujer “Mi Gabriela, mi Gabriela guapa” a cada momento y con respetuoso cariño, como si sólo con pronunciar esas palabras sintiera ternura y veneración. Más adelante, cuando conocí la pintura mitológica de Elstir, también para mí fue bella la señora de Elstir. Comprendí que el pintor había atribuído un carácter casi divino, a un determinado tipo ideal resumido en ciertas líneas, en ciertos arabescos que se repetían constantemente en su obra a un determinado canon, y todo el tiempo que tenía, todo el esfuerzo de pensamiento de que se sentía capaz, en una palabra, toda su vida, la consagró a la misión de distinguir mejor esas líneas y reproducirlas con mayor fidelidad. El culto que semejante ideal inspiraba a Elstir era tan grave y exigente que nunca lo dejaba estar contento, era la parte más íntima de sí; de modo que no pudo considerar ese ideal con verdadero desprendimiento y sacar de él emociones hasta el día que se lo encontró realizado exteriormente en el cuerpo de una mujer, en el cuerpo de la que había de ser la señora de Elstir, y ya en ella –como sólo es posible con lo que es distinto de nosotros– le pudo parecer su ideal valioso, enternecedor y divino. ¡Qué descanso tan grande el poder posar los labios en aquella Belleza que hasta entonces había que sacarse de la propia alma con tanto trabajo, y que ahora, misteriosamente encarnada, se le ofrecía para una serie de eficaces comuniones! Elstir en aquella época había salido ya de esa primera juventud en que se espera realizar el ideal sólo por la potencia de nuestro pensamiento. Iba acercándose a la edad en que cuenta uno con las satisfacciones del cuerpo para estimular las fuerzas del espíritu, cuando la fatiga del ánimo nos inclina al materialismo y la disminución de la, actividad a la posibilidad de influencias pasivamente recibidas, y empezamos ya a admitir que puede haber determinados cuerpos, determinados oficios, ritmos privilegiados que realicen con naturalidad tanta nuestro ideal, que aun sin genio, sólo con copiar el movimiento de un hombro, la tensión de un cuello, hagamos una obra maestra; es la edad en que nos complacemos en acariciar la Belleza, con la mirada, fuera de nosotros, junto a nosotros, en un tapiz o en un dibujo del Ticiano que descubrimos en casa de un anticuario, o en una querida tan hermosa como el dibujo del Ticiano. Cuando me di cuenta de esto, ya siempre me gustaba ver a la señora de Elstir; su cuerpo se aligeró porque yo lo llené de una idea, la idea de que era una criatura inmaterial, un retrato de Elstir. Lo era para mí y debía de serlo también para él. Los datos reales de la vida no tienen valor para el artista, son únicamente una ocasión para poner su genio de manifiesto. Cuando se ven juntos diez retratos de distintas personas hechos por Elstir, se aprecia en seguida que son ante todo Elstir. Sólo cuando después de haber subido esta marea del genio, que cubre la vida empieza ya a fatigarse el cerebro, se rompe el equilibrio y la vida recobra su primacía, como el río que sigue su curso tras el empuje de una marea contraria. Mientras que dura el primer período, el artista, poco a poco, ha extraído la ley y la fórmula de su inconsciente don artístico. Sabe cuáles son las situaciones en el caso de que sea novelista, o cuáles son los paisajes, si se trata de un pintor, que le proporcionarán la materia, indiferente en sí, pero tan indispensable para sus creaciones como un laboratorio o un estudio. Sabe que ha hecho sus obras con efectos de luz tenue, con remordimientos que mortifican la idea del pecado, con mujeres colocadas a la sombra de los árboles o con mujeres bañándose, como estatuas. Llegará un día en que, por el desgaste de su cerebro, ya no tendrá, al verse delante de esos materiales que su genio artístico utilizaba, el empuje necesario para el esfuerzo intelectual que se requiere para producir su obra, y, sin embargo, seguirá buscándolos, sentirá alegrías al verse junto a ellos por el placer espiritual, aliciente al trabajo, que en su ánimo provocan; y rodeándolos con un sentimiento como de superstición, cual si fuesen superiores a todas las demás cosas, cual si en ellos estuviese depositada y ya hecha una buena parte de la obra artística, no hará más que buscar y adorar los modelos. Se estará hablando indefinidamente con criminales arrepentidos, cuyos remordimientos y regeneración le sirvieron de asunto para sus novelas; comprará una casa de campo en región donde la bruma atenúe la fuerza de la luz; se pasará horas enteras viendo cómo se bañan las mujeres, o hará colección de telas antiguas., Y así, la belleza de la vida, palabras en cierto modo sin significación, lugar puesto del lado de acá del arte, y en donde vi que se paraba Swann, era también aquel lugar al que un día habría de ir retrocediendo poco a poco un Elstir, por debilitación de su genio creador, por idolatría de las formas que lo habían favorecido o por deseo del menor esfuerzo.
Il venait enfin de donner un dernier coup de pinceau à ses fleurs; je perdis un instant à les regarder; je n′avais pas de mérite à le faire, puisque je savais que les jeunes filles ne se trouveraient plus sur la plage; mais j′aurais cru qu′elles y étaient encore et que ces minutes perdues me les faisaient manquer que j′aurais regardé tout de même, car je me serais dit qu′Elstir s′intéressait plus à ses fleurs qu′à ma rencontre avec les jeunes filles. La nature de ma grand-mère, nature qui était juste l′opposé de mon total égoî²­e, se reflétait pourtant dans la mienne. Dans une circonstance où quelqu′un qui m′était indifférent, pour qui j′avais toujours feint de l′affection ou du respect, ne risquait qu′un désagrément tandis que je courais un danger, je n′aurais pas pu faire autrement que de le plaindre de son ennui comme d′une chose considérable et de traiter mon danger comme un rien, parce qu′il me semblait que c′était avec ces proportions que les choses devaient lui apparaître. Pour dire les choses telles qu′elles sont, c′est même un peu plus que cela, et pas seulement ne pas déplorer le danger que je courais moi-même, mais aller au devant de ce danger-là, et pour celui qui concernait les autres, tâcher au contraire, dussè-je avoir plus de chances d′être atteint moi-même, de le leur éviter. Cela tient à plusieurs raisons qui ne sont point à mon honneur. L′une est que si, tant que je ne faisais que raisonner, je croyais surtout tenir à la vie, chaque fois qu′au cours de mon existence, je me suis trouvé obsédé par des soucis moraux ou seulement par des inquiétudes nerveuses, quelquefois si puériles que je n′oserais pas les rapporter, si une circonstance imprévue survenait alors, amenant pour moi le risque d′être tué, cette nouvelle préoccupation était si légère, relativement aux autres, que je l′accueillais avec un sentiment de détente qui allait jusqu′à l′allégresse. Je me trouve ainsi avoir connu, quoique étant l′homme le moins brave du monde, cette chose qui me semblait quand je résonnais, si étrangère à ma nature, si inconcevable, l′ivresse du danger. Mais même fussé-je quand il y en a un, et mortel, qui se présente, dans une période entièrement calme et heureuse, je ne pourrais pas, si je suis avec une autre personne, ne pas la mettre à l′abri et choisir pour moi la place dangereuse. Quand un assez grand nombre d′expériences m′eurent appris que j′agissais toujours ainsi, et avec plaisir, je découvris et à ma grande honte, que contrairement à ce que j′avais toujours cru et affirmé j′étais très sensible à l′opinion des autres. Cette sorte d′amour-propre inavoué n′a pourtant aucun rapport avec la vanité ni avec l′orgueil. Car ce qui peut contenter l′une ou l′autre, ne me causerait aucun plaisir et je m′en suis toujours abstenu. Mais les gens devant qui j′ai réussi à cacher le plus complètement les petits avantages qui auraient pu leur donner une moins piètre idée de moi, je n′ai jamais pu me refuser le plaisir de leur montrer que je mets plus de soin à écarter la mort de leur route que de la mienne. Comme son mobile est alors l′amour-propre et non la vertu, je trouve bien naturel qu′en toute circonstance, ils agissent autrement. Je suis bien loin de les en blâmer, ce que je ferais, peut-être, si j′avais été mû par l′idée d′un devoir qui me semblerait dans ce cas être obligatoire pour eux aussi bien que pour moi. Au contraire, je les trouve fort sages de préserver leur vie, tout en ne pouvant m′empêcher de faire passer au second plan la mienne, ce qui est particulièrement absurde et coupable, depuis que j′ai cru reconnaître que celle de beaucoup de gens devant qui je me place quand éclate une bombe est plus dénuée de prix. D′ailleurs le jour de cette visite à Elstir les temps étaient encore loin où je devais prendre conscience de cette différence de valeur, et il ne s′agissait d′aucun danger, mais simplement, signe avant-coureur du pernicieux amour-propre, de ne pas avoir l′air d′attacher au plaisir que je désirais si ardemment plus d′importance qu′à la besogne d′aquarelliste qu′il n′avait pas achevée. Elle le fut enfin. Et, une fois dehors, je m′aperçus que — tant les jours étaient longs dans cette saison là — il était moins tard que je ne croyais; nous allâmes sur la digue. Que de ruses j′employai pour faire demeurer Elstir à l′endroit où je croyais que ces jeunes filles pouvaient encore passer. Lui montrant les falaises qui s′élevaient à côté de nous je ne cessais de lui demander de me parler d′elles, afin de lui faire oublier l′heure et de le faire rester. Il me semblait que nous avions plus de chance de cerner la petite bande en allant vers l′extrémité de la plage. «J′aurais voulu voir d′un tout petit peu près avec vous ces falaises», dis-je à Elstir, ayant remarqué qu′une de ces jeunes filles s′en allait souvent de ce côté. Et pendant ce temps-là, parlez-moi de Carquethuit. Ah! que j′aimerais aller à Carquethuit!» ajoutai-je sans penser que le caractère si nouveau qui se manifestait avec tant de puissance dans le «Port de Carquethuit» d′Elstir, tenait peut-être plus à la vision du peintre qu′à un mérite spécial de cette plage. «Depuis que j′ai vu ce tableau, c′est peut-être ce que je désire le plus connaître avec la Pointe-du-Raz qui serait, d′ailleurs, d′ici, tout un voyage.» «Et puis même si ce n′était pas plus près je vous conseillerais peut-être tout de même davantage Carquethuit, me répondit Elstir. La Pointe-du-Raz est admirable, mais enfin c′est toujours la grande falaise normande ou bretonne que vous connaissez. Carquethuit c′est tout autre chose avec ces roches sur une plage basse. Je ne connais rien en France d′analogue, cela me rappelle plûtot certains aspects de la Floride. C′est très curieux, et du reste extrêmement sauvage aussi. C′est entre Clitourps et Nehomme et vous savez combien ces parages sont désolés; la ligne des plages est ravissante. Ici, la ligne de la plage est quelconque; mais là-bas, je ne peux vous dire quelle grâce elle a, quelle douceur.» Por fin dió la última pincelada a las flores; me estuve mirándolas un momento; ahora ya no tenía mérito por perder tiempo en mirarlas, pues sabía que las muchachas ya no iban a estar en la playa; pero aun habiendo creído que seguían allí y que por esos minutos de contemplación no las alcanzara, hubiese mirado el cuadro, pensando que Elstir se interesaba más por sus flores que por mi encuentro con las muchachas. Porque el modo de ser de mi abuela, cabalmente opuesto a mi total egoísmo, se reflejaba sin embargo, en el mío. En cualquier circunstancia en que tina persona indiferente, pero a la que había yo tratado siempre con exterior afecto o respeto, no arriesgase más que una contrariedad mientras que yo me veía en un peligro, mi actitud no podía ser otra que la de compadecerla por su disgusto, como si se tratara de cosa considerable, y mirar mi peligro como una insignificancia; todo porque me parecía que a esa persona las cosas debian de representársele en esas proporciones. Y para decir las cosas como son, añadiré que aun iba más allá no sólo no deploraba el peligro mío, sino que le salía al encuentro, y en cambio con el peligro de los demás hacía por evitárselo, aunque hubiese probabilidades de que por ello viniese a recaer sobre mí. Eso obedece a varias razones que no me hacen mucho favor. Una de ellas es que mientras que no hacía más que raciocinar, se me figuraba tener apeo a la vida; pero cada vez que en el curso de mi existencia me he visto atormentado por preocupaciones morales o por meras inquietudes nerviosas, tan pueriles a veces que no me atrevería a contarlas, si surgía entonces una circunstancia imprevista que implicaba para mí riesgo de muerte, esa nueva preocupación era tan leve, en comparación con las otras, que la acogía con un sentimiento de descanso lindando con la alegría. Y así resultaba que yo, el hombre menos valiente del mundo, conocía esa cosa que tan inconcebible y que tan extraña a mi modo de ser se me representada en momentos de puro raciocinar: la embriaguez del peligro. Y en el momento en que surge un peligro, aunque sea mortal y aunque me halle yo en una etapa de mi vida sumamente tranquila y feliz, si estoy con otra persona no puedo por menos de ponerla al abrigo y coger para mí el lugar de peligro Cuando un número considerable de experiencias de esta índole me Hubo demostrado que yo siempre procedía así y con mucho gusto, descubrí, muy avergonzado, que, al revés de lo que creí y afirmé siempre, era muy sensible a las opiniones ajenas. Sin embargo, esta especie de amor propio no confesado no tiene nada que ver con la vanidad y el orgullo. Porque aquello con que se satisfacen orgullo o vanidad no me causa placer alguno y nunca me atrajo. Pero nunca pude negarme a mostrar a las mismas personas a las que logré ocultar por completo esos pequeños méritos míos, que acaso les hubieran hecho formar idea menos ruin de mí, que me preocupa más apartar la muerte de su camino que no del mío. Como el móvil de su conducta es entonces el amor propio y no la virtud, me parece muy natural que en cualquier otra circunstancia procedan de distinto modo. Nada más lejos de mi ánimo que censurarlas por eso; acaso lo haría si yo me hubiese visto impulsado por la idea de un deber, que en ese caso me parecería obligatorio para ellas lo mismo que para mí. Al contrario, las reputo por muy cuerdas por eso de guardar su vida, pero no puedo por menos de colocar el valor de la mía en segundo término; cosa particularmente absurda y culpable desde que me ha parecido descubrir que la vida de muchas personas que tapo con mi cuerpo cuando estalla una bomba vale menos que la mía. Por lo demás, el día de esta visita a Elstir aun faltaba mucho tiempo para que yo llegase a darme cuenta de esa diferencia de valor, y no se trataba de ningún peligro, sino sencillamente de una señal precursora del pernicioso amor propio: de aparentar que no concedía a aquel placer tan ardientemente codiciado por mí mayor importancia que a su trabajo de acuarelista, aun sin terminar. Pero por fin acabó el cuadro. Y cuando salirnos, como por entonces los días eran muy largos, me di cuenta de que no era tan tarde como yo creía; fuimos al paseo del dique. Eché mano de mil argucias para retener a Elstir en aquel sitio por donde suponía yo que aun podrían pasar las muchachas. Le enseñaba los acantilados que se alzaban junto a nosotros y le hacía que me hablara de ellos, con objeto de que se le olvidara la hora que era y se estuviese allí. Me parecía que teníamos más probabilidades de copar a la bandada de chiquillas encaminándonos hacia el final de la playa. “Me gustaría que viéramos de cerca estas rocas –dije a Elstir, porque me había fijado que una de las muchachas solía ir por ese lado–– Mientras tanto, cuénteme usted cosas de Carquethuit. ¡Cuánto me gustaría ir a Carquethuit! –añadí, sin pensar que el carácter nuevo, tan potentemente manifestado en el “Puerto de Carquethuit”, acaso provenía de la visión del pintor y no de ningún mérito especial de esa playa–. Desde que he visto el cuadro, las dos cosas que más ganas tengo de conocer son Carquethuit y la Punta de Raz, que desde aquí sería todo un viaje.” “Y aun cuando estuviera más cerca yo le aconsejaría a usted preferentemente Carquethuit –me respondió Elstir–. La Punta de Raz es admirable; pero al fin y al cabo es la costa escarpada normanda o bretona, que usted conoce ya, mientras que Carquethuit es muy distinto con esas rocas en la playa baja. No conozco en Francia nada parecido; me recuerda algunos aspectos de la Florida. Es curioso, ¿verdad?; también es un lugar en extremo salvaje. Está entre Clitourps y Nehomme; ya sabe usted cuán desolados son esos lugares, pero la línea de las playas es deliciosa. Aquí esa línea no dice nada; pero si viera lo graciosa y lo suave que es en esos sitios..."
Le soir tombait: il fallut revenir; je ramenais Elstir vers sa villa, quand tout d′un coup, tel Méphistophélès surgissant devant Faust, apparurent au bout de l′avenue — comme une simple objectivation irréelle et diabolique du tempérament opposé au mien, de la vitalité quasi-barbare et cruelle dont était si dépourvue ma faiblesse, mon excès de sensibilité douloureuse et d′intellectualité — quelques taches de l′essence impossible à confondre avec rien d′autre, quelques sporades de la bande zoophytique des jeunes filles, lesquelles avaient l′air de ne pas me voir, mais sans aucun doute n′en étaient pas moins en train de porter sur moi un jugement ironique. Sentant qu′il était inévitable que la rencontre entre elles et nous se produisît, et qu′Elstir allait m′appeler, je tournai le dos comme un baigneur qui va recevoir la lame; je m′arrêtai net et laissant mon illustre compagnon poursuivre son chemin, je restai en arrière, penché, comme si j′étais subitement intéressé par elle, vers la vitrine du marchand d′antiquités devant lequel nous passions en ce moment; je n′étais pas fâché d′avoir l′air de pouvoir penser à autre chose qu′à ces jeunes filles, et je savais déjà obscurément que quand Elstir m′appellerait pour me présenter, j′aurais la sorte de regard interrogateur qui décèle non la surprise, mais le désir d′avoir l′air surpris — tant chacun est un mauvais acteur ou le prochain un bon physiognomoniste; — que j′irais même jusqu′à indiquer ma poitrine avec mon doigt pour demander: «C′est bien moi que vous appelez» et accourir vite, la tête courbée par l′obéissance et la docilité, le visage dissimulant froidement l′ennui d′être arraché à la contemplation de vieilles faces pour être présenté à des personnes que je ne souhaitais pas de connaître. Cependant je considérais la devanture en attendant le moment où mon nom crié par Elstir viendrait me frapper comme une balle attendue et inoffensive. La certitude de la présentation à ces jeunes filles avait eu pour résultat, non seulement de me faire à leur égard, jouer, mais éprouver, l′indifférence. Désormais inévitable, le plaisir de les connaître fut comprimé, réduit, me parut plus petit que celui de causer avec Saint-Loup, de dîner avec ma grand-mère, de faire dans les environs des excursions que je regretterais d′être probablement, par le fait de relations avec des personnes qui devaient peu s′intéresser aux monuments historiques, contraint de négliger. D′ailleurs, ce qui diminuait le plaisir que j′allais avoir, ce n′était pas seulement l′imminence mais l′incohérence de sa réalisation. Des lois aussi précises que celles de l′hydrostatique, maintiennent la superposition des images que nous formons dans un ordre fixe que la proximité de l′événement bouleverse. Elstir allait m′appeler. Ce n′était pas du tout de cette façon que je m′étais souvent, sur la plage, dans ma chambre, figuré que je connaîtrais ces jeunes filles. Ce qui allait avoir lieu, c′était un autre événement auquel je n′étais pas préparé. Je ne reconnaissais ni mon désir, ni son objet; je regrettais presque d′être sorti avec Elstir. Mais, surtout, la contraction du plaisir que j′avais auparavant cru avoir, était due à la certitude que rien ne pouvait plus me l′enlever. Et il reprit comme en vertu d′une force élastique, toute sa hauteur, quand il cessa de subir l′étreinte de cette certitude, au moment où m′étant décidé à tourner la tête, je vis Elstir arrêté quelques pas plus loin avec les jeunes filles, leur dire au revoir. La figure de celle qui était le plus près de lui, grosse et éclairée par ses regards, avait l′air d′un gâteau où on eût réservé de la place pour un peu de ciel. Ses yeux, même fixes, donnaient l′impression de la mobilité comme il arrive par ces jours de grand vent où l′air, quoique invisible, laisse percevoir la vitesse avec laquelle il passe sur le fond de l′azur. Un instant ses regards croisèrent les miens, comme ces ciels voyageurs des jours d′orage qui approchent d′une nuée moins rapide, la côtoient, la touchent, la dépassent. Mais ils ne se connaissent pas et s′en vont loin l′un de l′autre. Tels nos regards furent un instant face à face, ignorant chacun ce que le continent céleste qui était devant lui contenait de promesses et de menaces pour l′avenir. Au moment seulement où son regard passa exactement sous le mien sans ralentir sa marche il se voila légèrement. Ainsi, par une nuit claire, la lune emportée par le vent passe sous un nuage et voile un instant son éclat, puis reparaît bien vite. Mais déjà Elstir avait quitté les jeunes filles sans m′avoir appelé. Elles prirent une rue de traverse, il vint vers moi. Tout était manqué. Anochecía y era menester volver; iba yo acompañando a Elstir hacia su hotel, cuando de repente, lo mismo que surge Mefistófeles delante de Fausto, asomaron al fondo de la avenida – como una mera objetivación irreal y diabólica del temperamento opuesto al mío, de aquella vitalidad cruel y casi bárbara que faltaba a mi flaqueza y a mi exceso de sensibilidad dolorosa y de intelectualismo– unos cuantos copos de esa materia imposible de confundir con ninguna otra, unas cuantas esporadas de la bandada zoofítica de muchachas, las cuales aparentaban no verme, pero en realidad debían de estar pronunciando irónicos juicios sobre mi persona. Al ver que el encuentro entre ellas y nosotros era inevitable, y pensando que Elstir me llamaría, me volví de espaldas, como el bañista hace para recibir la ola; me paré en seco y, dejando a mi ilustre compañero que siguiera su camino, me quedé atrás, como impulsado por súbito interés, mirando el escaparate de la tienda de antigüedades que allí había; me agradó esa posibilidad de aparentar que estaba pensando en otra cosa distinta de las tales muchachas; y ya presentía vagamente que cuando Elstir me llamara para presentarme a esas señoritas pondría yo esa mirada interrogadora que revela no la sorpresa, sino el deseo de hacerse el sorprendido (y esto, o porque todos somos muy malos actores o porque el prójimo es siempre muy buen fisonomista); y acaso llegara hasta ponerme un dedo en el pecho, como diciendo: “¿Es a mí a quien llama usted?”, para acudir luego con la cabeza dócilmente inclinada, muy obediente y disimulando con frío gesto la molestia que me causaba el verme arrancado de la contemplación de unas porcelanas antiguas para que me presentaran a unas personas que no me interesaba conocer. A todo esto, estaba mirando al escaparate en espera del momento en que mi nombre, lanzado a gritos por Elstir, viniese a herirme como una bala esperada e inofensiva. La certidumbre de ser presentado a las muchachas tuvo por resultado no sólo hacerme fingir indiferencia, sino sentirla realmente. El placer de conocerlas, como ahora era ya inevitable, se comprimió se redujo, me pareció más pequeño que el de hablar con Saint–Loup, cenar con mi abuela y hacer por los alrededores excursiones que seguramente echaría mucho de menos si tenía que abandonarlas por causa de mi trato con unas personas que no debían de interesarse nada por los monumentos artísticos. Además, lo que disminuía el placer que iba yo a tener era no sólo la inminencia, sino también la incoherencia de su realización. Unas leyes tan precisas como las de la hidrostática mantienen la superposición de imágenes que nosotros formamos en un orden fijo, que se trastorna cuando se avecina el acontecimiento. Elstir iba a llamarme. Pero no era de esta manera como yo me figuré muchas veces, en la playa o en mi cuarto, que habría de conocer a las muchachas. Lo que iba a suceder era otro acontecimiento para el que no estaba yo preparado. Ahora no reconocía yo ni mi deseo ni su objeto; casi sentía haber salido con Elstir. Pero, sobre todo, debíase la contracción de aquel placer que yo esperaba a la certidumbre de que no me lo podían quitar. Y volvió a cobrar toda su dimensión, como en virtud de una fuerza elástica, cuando ya no sufrió la presión de esa certidumbre, cuando me decidí a volver la cabeza y vi que Elstir, parado a unos pasos de allí, se estaba despidiendo de las muchachas. La cara de la muchacha que estaba más cerca del pintor, cara gruesa e iluminada por el mirar parecía una torta en la que se había reservado un huequecito a un trozo de cielo. Sus ojos, aunque quietos daban una impresión de movilidad, como ocurre esos días de mucho viento en que no se ve el aire, pero se nota la rapidez con que cruza sobre el fondo azul. Por un instante sus miradas se cruzaron col, las mías, como esos cielos anubarrados y corretones de los días de tormenta que se acercan a una nube menos rápida que ellos, se ponen a su lado, la tocan y siguen su camino. Pero no se conocen y se van en direcciones opuestas. Así, nuestras miradas estuvieron un momento frente a frente, ignorando ambas todas las promesas y amenazas para lo por venir que se encerraban en el continente celeste que tenían delante. Únicamente en el preciso instante en que su mirada pasó exactamente sobre la mía se veló levemente, pero sin aminorar su velocidad. Tal ocurre una noche clara cuando la luna, arrastrada por el viento, pasa tras una nube, vela por un minuto su resplandor y reaparece en seguida. Ya Elstir se había despedido de las muchachas sin llamarme. Se marcharon ellas por una calle transversal, y el pintor se acercó a mi. Todo estaba perdido.
J′ai dit qu′Albertine ne m′était pas apparue ce jour-là, la même que les précédents, et que chaque fois elle devait me sembler différente. Mais je sentis à ce moment que certaines modifications dans l′aspect, l′importance, la grandeur d′un être peuvent tenir aussi à la variabilité de certains états interposés entre cet être et nous. L′un de ceux qui jouent à cet égard le rôle le plus considérable est la croyance (ce soir-là la croyance puis l′évanouissement de la croyance, que j′allais connaître Albertine, l′avait, à quelques secondes d′intervalle, rendue presque insignifiante puis infiniment précieuse à mes yeux; quelques années plus tard, la croyance, puis la disparition de la croyance qu′Albertine m′était fidèle, amena des changements analogues). Ya he dicho que Albertina no se me representó ese día con la misma apariencia que los anteriores y que cada vez que la viera había de parecerme distinta. Pero en aquel momento me di cuenta de que algunas modificaciones del aspecto, la importancia y la magnitud de un ser pueden consistir en la variabilidad de determinados estados de espíritu interpuestos entre él y nosotros. Y uno de los que más papel juegan en esto es la creencia en determinada cosa (aquella noche, la creencia de que iba a conocer a Albertina unos segundos más tarde la convirtió a mis ojos en cosa insignificante, y el desvanecerse de semejante creencia le devolvió luego su carácter de cosa preciosa; años más tarde la creencia de que Albertina me era fiel, y luego la desaparición de esa idea, acarrearon análogas mudanzas).
Certes, à Combray déjà j′avais vu diminuer ou grandir selon les heures, selon que j′entrais dans l′un ou l′autre des deux grands modes qui se partageaient ma sensibilé, le chagrin de n′être pas près de ma mère, aussi imperceptible tout l′après-midi que la lumière de la lune tant que brille le soleil et, la nuit venue, régnant seul dans mon âme anxieuse à la place de souvenirs effacés et récents. Mais ce jour-là, en voyant qu′Elstir quittait les jeunes filles sans m′avoir appelé, j′appris que les variations de l′importance qu′ont à nos yeux un plaisir ou un chagrin peuvent ne pas tenir seulement à cette alternance de deux états, mais au déplacement de croyances invisibles, lesquelles par exemple nous font paraître indifférente la mort parce qu′elles répandent sur celle-ci une lumière d′irréalité, et nous permettent ainsi d′attacher de l′importance à nous rendre à une soirée musicale qui perdrait de son charme si, à l′annonce que nous allons être guillotinés, la croyance qui baigne cette soirée se dissipait tout à coup; ce rôle des croyances, il est vrai que quelque chose en moi le savait c′était la volonté, mais elle le sait en vain si l′intelligence, la sensibilité continuent à l′ignorer; celles-ci sont de bonne foi quand elles croient que nous avons envie de quitter une maîtresse à laquelle seule notre volonté sait que nous tenons. C′est qu′elles sont obscurcies par la croyance que nous la retrouverons dans un instant. Mais que cette croyance se dissipe, qu′elles apprennent tout d′un coup que cette maîtresse est partie pour toujours, alors l′intelligence et la sensibilité ayant perdu leur mise au point sont comme folles, le plaisir infime s′agrandit à l′infini. Claro que va en Combray había yo visto achicarse o agrandarse, según las horas, según entrase yo en una o en otra de las dos grandes modalidades que se repartían mi sensibilidad, la pena ele no estar con mi madre, por la tarde tan imperceptible como la luz de la luna mientras brilla el sol; pero que luego, cuando caía la noche, reinaba ella sola en mi alma ansiosa, en el mismo lugar donde estaban los recuerdos borrados y recientes. Pero aquel día, al ver que Elstir se separaba de las muchachas sin haberme llamado aprendí que las variaciones de la importancia que para nosotros tiene un placer o una pena pueden obedecer no salo a aquella alternativa de los dos estados de ánimo, sino también al cambiar de creencias invisibles; gracias a ellas, la muerte, por ejemplo, nos parece cosa indiferente porque ellas la revistieron con una luz de irrealidad, y así nos permiten que atribuyamos gran importancia al hecho de ir a un concierto de sociedad que perdería todo su encanto si de pronto, por el anuncio de que nos van a guillotinar, desapareciese la creencia que impregna la fiesta de esa noche; ese papel que desempeñan las creencias es muy cierto; en mí había algo que lo sabía, la voluntad; pero vano es que ella lo sepa si continúan ignorándolo la inteligencia y la sensibilidad; y estas dos facultades obran de muy buena fe cuando creen que sentimos ganas de abandonar a una querida a la cual sólo la voluntad sabe que tenemos mucho apego. Y es que están obscurecidas por la creencia, de que volveremos a encontrarla al cabo de un momento. Pero que se disipe tal creencia, que se enteren de pronto de que esa mujer se ha marchado para siempre, y entonces inteligencia y sensibilidad se ponen como locas, pierden su equilibrio, y el placer ínfimo se agranda hasta lo infinito.
Variation d′une croyance, néant de l′amour aussi, lequel, préexistant et mobile s′arrête à l′image d′une femme simplement parce que cette femme sera presque impossible à atteindre. Dès lors on pense moins à la femme qu′on se représente difficilement, qu′aux moyens de la connaître. Tout un processus d′angoisses se développe et suffit pour fixer notre amour sur elle, qui en est l′objet à peine connu de nous. L′amour devient immense, nous ne songeons pas combien la femme réelle y tient peu de place. Et si tout d′un coup, comme au moment où j′avais vu Elstir s′arrêter avec les jeunes filles, nous cessons d′être inquiets, d′avoir de l′angoisse, comme c′est elle qui est tout notre amour, il semble brusquement qu′il se soit évanoui au moment où nous tenons enfin la proie à la valeur de laquelle nous n′avons pas assez pensé. Que connaissais-je d′Albertine? Un ou deux profils sur la mer, moins beaux assurément que ceux des femmes de Véronèse que j′aurais dû, si j′avais obéi à des raisons purement esthétiques, lui préférer. Or, pouvais-je en d′autres raisons, puisque, l′anxiété tombée, je ne pouvais retrouver que ces profils muets, je ne possédais rien d′autre. Depuis que j′avais vu Albertine, j′avais fait chaque jour à son sujet des milliers de réflexions, j′avais poursuivi avec ce que j′appelais elle, tout un entretien intérieur, où je la faisais questionner, répondre, penser, agir, et dans la série indéfinie d′Albertines imaginées qui se succédaient en moi heure par heure, l′Albertine réelle, aperçue sur la plage, ne figurait qu′en tête, comme la créatrice d′un rôle, l′étoile, ne paraît, dans une longue série de représentations, que dans toutes les premières. Cette Albertine-là n′était guère qu′une silhouette, tout ce qui était superposé était de mon cru, tant dans l′amour les apports qui viennent de nous l′emportent — à ne se placer même qu′au point de vue quantité — sur ceux qui nous viennent de l′être aimé. Et cela est vrai des amours les plus effectifs. Il en est qui peuvent non seulement se former mais subsister autour de bien peu de chose, — et même parmi ceux qui ont reçu leur exaucement charnel. Un ancien professeur de dessin de ma grand′mère avait eu d′une maîtresse obscure une fille. La mère mourut peu de temps après la naissance de l′enfant et le professeur de dessin en eut un chagrin tel qu′il ne survécut pas longtemps. Dans les derniers mois de sa vie, ma grand′mère et quelques dames de Combray, qui n′avaient jamais voulu faire même allusion devant leur professeur à cette femme avec laquelle d′ailleurs il n′avait pas officiellement vécu et n′avait eu que peu de relations, songèrent à assurer le sort de la petite fille en se cotisant pour lui faire une rente viagère. Ce fut ma grand′mère qui le proposa, certaines amies se firent tirer l′oreille, cette petite fille était-elle vraiment si intéressante, était-elle seulement la fille de celui qui s′en croyait le père; avec des femmes comme était la mère, on n′est jamais sûr. Enfin on se décida. La petite fille vint remercier. Elle était laide et d′une ressemblance avec le vieux maître de dessin qui ôta tous les doutes; comme ses cheveux étaient tout ce qu′elle avait de bien, une dame dit au père qui l′avait conduite: «Comme elle a de beaux cheveux». Et pensant que maintenant, la femme coupable étant morte et le professeur à demi-mort, une allusion à ce passé qu′on avait toujours feint d′ignorer n′avait plus de conséquence, ma grand-mère ajouta: « Ça doit être de famille. Est-ce que sa mère avait ces beaux cheveux-là?» «Je ne sais pas, répondit naîµ¥ment le père. Je ne l′ai jamais vue qu′en chapeau.» ¡Mudanza de una creencia, vacío del amor también, que siendo cosa preexistente y móvil se posa en una mujer sencillamente porque esa mujer será casi inasequible! Y en seguida piensa uno más que en esa mujer, que difícilmente nos representamos en los medios de conocerla. Desarróllase todo un proceso de angustias, y él basta para sujetar nuestro amor a esa mujer objeto, apenas conocido, de un amor. La pasión llega a ser ‘inmensa, y se nos ocurre pensar cuán poco lugar ocupa dentro de ella la mujer real. Y si de pronto, como en aquel momento en que vi a Elstir pararse con las muchachas, cesa nuestra preocupación, cesa nuestra angustia, como todo nuestro amor era esa angustia, parece que de repente se haya desvanecido la pasión en el instante mismo en que su presa, esa presa en cuyo valor no hemos reflexionado mucho, está a nuestro alcance. ¿Qué es lo que conocía yo de Albertina? Dos o tres siluetas destacadas sobre el mar, de seguro mucho menos bellas que las de las mujeres del Veronés, las cuales hubieran debido ser preferidas en caso de obedecer yo a razones puramente estéticas. ¿Y qué otras razones podia yo tener, si una vez que mi angustia decaía no me encontraba con otra cosa que esas mudas siluetas, no poseía nada más? Desde que había visto a Albertina, todos los días me hacía mil figuraciones con respecto a ella, mantuve con lo que yo llamaba Albertina todo un coloquio interior, en el que yo le inspiraba preguntas y respuestas, pensamientos y acciones, y en la serie indefinida de Albertinas imaginadas que se sucedían en mi ánimo hora a hora, la Albertina de verdad, la que vi en la playa, no era más que la figura que iba a la cabeza, lo mismo que esa actriz famosa creadora de un personaje que no aparece más que en las primeras representaciones de la larga serie de ellas que alcanza una obra. Esta Albertina casi se reducía a una silueta; todo lo superpuesto a ella era de mi cosecha, porque así ocurre en amor: que las aportaciones que proceden de nosotros mismos triunfan –aunque sólo se mire desde el punto de vista de la cantidad– sobre las que nos vienen del ser amado. Y esto es cierto aun en los amores más efectivos. Los hay, hasta entre aquellos que ya tuvieron cumplimiento carnal, que pueden no sólo formarse, sino subsistir alrededor de muy poca cosa. Un profesor de dibujo de mi abuela tuvo una hija con una querida de muy baja clase. La madre murió a poco de nacer la niña, y con su muerte causó tal pena al profesor de dibujo, que no pudo sobrevivir mucho tiempo. En los últimos meses de su vida, mi abuela y algunas otras señoras de Combray, que nunca habían querido hacer alusión delante de su profesor a aquella mujer, con la que jamás vivió oficialmente y con la que no tuvo muchas relaciones, pensaron en asegurar el porvenir de la niña, contribuyendo cada cual con una cantidad para regalarle una renta vitalicia. Mi abuela fué quien lo propuso, y hubo algunas amigas que se hicieron de rogar bastante, alegando si en realidad valdría la pena preocuparse por la niña y que quién sabe si era hija siquiera del que se figuraba ser su padre; porque con mujeres como la madre no se puede tener ninguna seguridad. Por fin se decidieron. La niña fué a casa a dar las gracias. Era fea y tan parecida al viejo maestro de dibujo, que todas las dudas se disiparon; como lo único que tenía bonito era el pelo, una señora dijo a su padre, que iba acompañándola “¡Vaya un pelo más bonito que tiene!” Y mi abuela, considerando que ahora la mujer culpable ya estaba muerta y el profesor camino de la sepultura, y, por consiguiente, que una alusión a ese pasado que todos fingían ignorar no tenía ya gravedad, añadió: “¡Quizá sea de familia! ¿Tenía su madre el pelo así.” “No lo sé – respondió ingenuamente el padre–. Nunca la vi más que con el sombrero puesto”.
Il fallait rejoindre Elstir. Je m′aperçus dans une glace. En plus du désastre de ne pas avoir été présenté, je remarquai que ma cravate était tout de travers, mon chapeau laissait voir mes cheveux longs ce qui m′allait mal; mais c′était une chance tout de même qu′elles m′eussent, même ainsi, rencontré avec Elstir et ne pussent pas m′oublier; c′en était une autre que j′eusse ce jour-là, sur le conseil de ma grand′mère, mis mon joli gilet qu′il s′en était fallu de si peu que j′eusse remplacé par un affreux, et pris ma plus belle canne; car un événement que nous désirons, ne se produisant jamais comme nous avons pensé, à défaut des avantages sur lesquels nous croyions pouvoir compter, d′autres que nous n′espérions pas, se sont présentés, le tout se compense; et nous redoutions tellement le pire que nous sommes finalement enclins à trouver que dans l′ensemble pris en bloc, le hasard nous a, somme toute, plutôt favorisé. Había que volver con Elstir. Me vi la cara en un espejo del escaparate. A más del desastre de no haber sido presentado, observé que mi corbata estaba torcida y que la melena me asomaba por debajo del sombrero, cosa que me sentaba muy mal; pero, de todos modos, ya era una suerte que aun con esta facha las muchachas me hubieran visto en compañía de Elstir y no pudiesen olvidarme; también fué una suerte que aquella tarde, y por consejo de mi abuela, llevara el chaleco bonito, que estuve a punto de cambiarme por uno muy feo, y mi mejor bastón; porque como los acaecimientos que deseamos no se producen nunca conforme habíamos pensado, a falta de las ventajas con que creíamos contar se presentan otras que no esperábamos, y así todo se compensa; tanto miedo teníamos a lo peor que, después de todo, nos inclinamos a considerar que, bien mirado, la casualidad nos ha sido más favorable que adversa.
«J′aurais été si content de les connaître,» dis-je à Elstir en arrivant près de lui. «Aussi pourquoi restez-vous à des lieues?» Ce furent les paroles qu′il prononça, non qu′elles exprimassent sa pensée, puisque si son désir avait été d′exaucer le mien, m′appeler lui eût été bien facile, mais peut-être parce qu′il avait entendu des phrases de ce genre, familier aux gens vulgaires pris en faute, et parce que même les grands hommes sont, en certaines choses, pareils aux gens vulgaires, prennent les excuses journalières dans le même répertoire qu′eux, comme le pain quotidien chez le même boulanger; soit que de telles paroles qui doivent en quelque sorte être lues à l′envers puisque leur lettre signifie le contraire de la vérité soient l′effet nécessaire, le graphique négatif d′un réflexe. «Elles étaient pressées.» Je pensai que surtout elles l′avaient empêché d′appeler quelqu′un qui leur était peu sympathique; sans cela il n′y eût pas manqué, après toutes les questions que je lui avais posées sur elles, et l′intérêt qu′il avait bien vu que je leur portais. «Je vous parlais de Carquethuit, me dit-il, avant que je l′eusse quitté à sa porte. J′ai fait une petite esquisse où on voit bien mieux la cernure de la plage. Le tableau n′est pas trop mal, mais c′est autre chose. Si vous le permettez, en souvenir de notre amitié, je vous donnerai mon esquisse, ajouta-t-il, car les gens qui vous refusent les choses qu′on désire vous en donnent d′autres. “Me hubiera gustado conocerlas”, dije a Elstir cuando se acercó. “¿Entonoes, por qué se ha quedado usted a una legua?” Estas fueron las palabras que pronunció, no porque expresaron su pensamiento, puesto que, si él hubiera querido satisfacer mi deseo, nada más fácil que llamarme, sino quizá porque había oído semejante frase, muy familiar a las personas vulgares cogidas en falta, y porque hasta los grandes hombres son en ciertas cosas igual que la gente vulgar y buscan sus excusas corrientes en idéntico repertorio, igual que compran el pan cada día en el mismo horno; o quizá sea que tales palabras, que en cierta manera deben ser leídas al revés, puesto que su letra significa lo contrario de la verdad, sean efecto necesario, gráfico negativo de un movimiento reflejo. “Tenían prisa.” Yo, sobre todo, me figuré que las muchachas no lo habían dejado llamar a una persona que tan poco simpática les era; porque de no ser así, y después de tanta pregunta como le hice con respecto a ellas y del interés que vio que me inspiraban, me hubiese llamado. “Ibamos hablando de Craquethuit –me dijo en la puerta de casa, cuando iba a despedirme–. He hecho un dibujo donde se ve muy bien la línea de la playa. El cuadro no está mal, pero es otra cosa. Si usted lo quiere, en recuerdo de nuestra amistad le regalaré mi dibujo”, añadió, porque las personas que le niegan a uno aquello que desean le dan otra cosa.
«J′aurais beaucoup aimé, si vous en possédiez, avoir une photographie du petit portrait de Miss Sacripant! Mais qu′est-ce que c′est que ce nom?» «C′est celui d′un personnage que tint le modèle dans une stupide petite opérette». «Mais vous savez que je ne la connais nullement, monsieur, vous avez l′air de croire le contraire.» Elstir se tut. «Ce n′est pourtant pas Mme Swann avant son mariage», dis-je par une de ces brusques rencontres fortuites de la vérité, qui sont somme toute assez rares, mais qui suffisent après coup à donner un certain fondement à la théorie des pressentiments si on prend soin d′oublier toutes les erreurs qui l′infirmeraient. Elstir ne me répondit pas. C′était bien un portrait d′Odette de Crécy. Elle n′avait pas voulu le garder pour beaucoup de raisons dont quelques-unes sont trop évidentes. Il y en avait d′autres. Le portrait était antérieur au moment où Odette disciplinant ses traits avait fait de son visage et de sa taille cette création dont à travers les années, ses coiffeurs, ses couturiers, elle-même — dans sa façon de se tenir, de parler, de sourire, de poser ses mains, ses regards, de penser, — devaient respecter les grandes lignes. Il fallait la dépravation d′un amant rassasié pour que Swann préférât aux nombreuses photographies de l′Odette ne varietur qu′était sa ravissante femme, la petite photographie qu′il avait dans sa chambre, et où sous un chapeau de paille orné de pensées on voyait une maigre jeune femme assez laide, aux cheveux bouffants, aux traits tirés. “Lo que me gustaría mucho, si es que tiene usted alguna, es la fotografía del retratito de miss Sacripant. ¿Pero qué significa ese nombre?” “Es un personaje que representó el modelo del retrato en una zarzuela estúpida.” “Ya sabe usted que no la conozco, de veras; parece que usted no lo cree.” Elstir no dijo nada. “Porque me parece que no será la señora de Swann cuando estaba soltera”, dije yo, por uno de esos bruscos y fortuitos encuentros con la verdad, muy raros, sí, pero que cuando se dan bastan para servir de base a la teoría de los presentimientos con tal de que se echen en olvido todos los errores que la invalidan. Elstir no me contestó. Era, en efecto, un retrato de Odette de Crécy. No quiso ella conservarlo por muchas razones, algunas de suma evidencia. Pero además había otras. El retrato era anterior al momento en que Odette, disciplinando sus facciones, hizo con su cara y con su cuerpo esa creación que a través de los años habían de respetar en sus grandes líneas sus peluqueros y sus modistas, y también la misma Odette en su modo de andar, de hablar, de sonreír, de colocar las manos, de mirar y de pensar. Se necesitaba toda la depravación de un amante harto para que Swann prefiriese a las numerosas fotografías de la Odette ne varietur en que se había convertido su deliciosa mujer aquel retratito que tenía en su cuarto, en el que se veía, tocada con un sombrero de paja adornado de pensamientos, una joven bastante fea, con el pelo ahuecado y las facciones descompuestas.
Mais d′ailleurs le portrait eût-il été, non pas antérieur, comme la photographie préférée de Swann, à la systématisation des traits d′Odette en un type nouveau, majestueux et charmant, mais postérieur, qu′il eût suffi de la vision d′Elstir pour désorganiser ce type. Le génie artistique agit à la façon de ces températures extrêmement élevées qui ont le pouvoir de dissocier les combinaisons d′atomes et de grouper ceux-ci suivant un ordre absolument contraire, répondant à un autre type. Toute cette harmonie factice que la femme a imposée à ses traits et dont chaque jour avant de sortir elle surveille la persistance dans sa glace, chargeant l′inclinaison du chapeau, le lissage des cheveux, l′enjouement du regard, d′en assurer la continuité, cette harmonie, le coup d′il du grand peintre la détruit en une seconde, et à sa place il fait un regroupement des traits de la femme, de manière à donner satisfaction à un certain idéal féminin et pictural qu′il porte en lui. De même, il arrive souvent qu′à partir d′un certain âge, l′il d′un grand chercheur trouve partout les éléments nécessaires à établir les rapports qui seuls l′intéressent. Comme ces ouvriers et ces joueurs qui ne font pas d′embarras et se contentent de ce qui leur tombe sous la main, ils pourraient dire de n′importe quoi: cela fera l′affaire. Ainsi une cousine de la princesse de Luxembourg, beauté des plus altières, s′étant éprise autrefois d′un art qui était nouveau à cette époque, avait demandé au plus grand des peintres naturalistes de faire son portrait. Aussitôt l′il de l′artiste avait trouvé ce qu′il cherchait partout. Et sur la toile il y avait à la place de la grande dame un trottin, et derrière lui un vaste décor incliné et violet qui faisait penser à la place Pigalle. Mais même sans aller jusque-là, non seulement le portrait d′une femme par un grand artiste ne cherchera aucunement à donner satisfaction à quelques-unes des exigences de la femme — comme celles qui, par exemple, quand elle commence à vieillir la font se faire photographier dans des tenues presque de fillette qui font valoir sa taille restée jeune et la font paraître comme la sur ou même la fille de sa fille — celle-ci au besoin «fagotée» pour la circonstance, à côté d′elle — et mettra au contraire en relief les désavantages qu′elle cherche à cacher et qui comme un teint fiévreux voire verdâtre, le tentent d′autant plus parce qu′ils ont du «caractère»; mais ils suffisent à désenchanter le spectateur vulgaire et réduisent pour lui en miettes l′idéal dont la femme soutenait si fièrement l′armature et qui la plaçait dans sa forme unique, irréductible, si en dehors, si au-dessus du reste de l′humanité. Maintenant déchue, située hors de son propre type où elle trônait invulnérable, elle n′est plus qu′une femme quelconque en la supériorité de qui nous avons perdu toute foi. Ce type nous faisions tellement consister en lui, non seulement la beauté d′une Odette, mais sa personnalité, son identité, que devant le portrait qui l′a dépouillée de lui, nous sommes tentés de nous écrier non pas seulement: «Comme c′est enlaidi», mais: «Comme c′est peu ressemblant». Nous avons peine à croire que ce soit elle. Nous ne la reconnaissons pas. Et pourtant il y a là un être que nous sentons bien que nous avons déjà vu. Mais cet être-là ce n′est pas Odette; le visage de cet être, son corps, son aspect, nous sont bien connus. Ils nous rappellent, non pas la femme, qui ne se tenait jamais ainsi, dont la pose habituelle ne dessine nullement une telle étrange et provocante arabesque, mais d′autres femmes, toutes celles qu′à peintes Elstir et que toujours, si différentes qu′elles puissent être, il a aimé à camper ainsi de face, le pied cambré dépassant de la jupe, le large chapeau rond tenu à la main, répondant symétriquement à la hauteur du genou qu′il couvre à cet autre disque vu de face, le visage. Et enfin non seulement un portrait génial disloque le type d′une femme, tel que l′ont défini sa coquetterie et sa conception égoî²´e de la beauté mais s′il est ancien il ne se contente pas de vieillir l′original de la même manière que la photographie, en le montrant dans des atours démodés. Dans le portrait, ce n′est pas seulement la manière que la femme avait de s′habiller qui date, c′est aussi la manière que l′artiste avait de peindre. Cette manière, la première manière d′Elstir était l′extrait de naissance le plus accablant pour Odette parce qu′il faisait d′elle non pas seulement comme ses photographies d′alors une cadette de cocottes connues, mais parce qu′il faisait de son portrait le contemporain d′un des nombreux portraits que Manet ou Whistler ont peints d′après tant de modèles disparus qui appartiennent déjà à l′oubli ou à l′histoire. Además, aunque el retrato hubiese sido, no ya anterior, como la fotografía preferida de Swann, a la sistematización de las facciones de Odette en un tipo nuevo, lleno de majestad y encanto, sino posterior, con la sola visión de Elstir habría bastado para desorganizar ese tipo. El genio artístico obra a la manera de esas temperaturas sumamente elevadas que tienen fuerza para disociar las combinaciones de los átomos y agruparlos otra vez con arreglo a un orden enteramente contrario y que responda a otro tipo. Toda esa falsa armonía que la mujer impone a sus facciones y de cuya persistencia se asegura todos los días antes de salir, ladeándose un poco más el sombrero, alisándose el pelo y poniendo más alegre la mirada para asegurar su continuidad, la destruye la visión del pintor en un segundo y crea en su lugar una nueva agrupación de las facciones de la mujer, de modo que satisfaga un determinado ideal femenino y pictórico que él lleva dentro. Así suele ocurrir que al llegar a una cierta edad los ojos de un gran investigador encuentran por doquiera los elementos necesarios para fijar las únicas relaciones que le interesan. Como esos obreros y jugadores que no tienen escrúpulos y se contentan con lo que se les viene a la mano, podrían decir de cualquier cosa: “Sí, eso me sirve”. Y sucedió que una prima de la princesa de Luxemburgo, beldad muy orgullosa, se enamoró, ya hace años, de un arte que era nuevo en esa época, y encargó un retrato suyo al más célebre de los pintores naturalistas. En seguida la mirada del artista encontró lo que buscaba por todas partes. Y en el lienzo se veía un tipo de modistilla y por fondo una decoración ladeada, de color violeta, que recordaba la plaza Pigalle. Pero, sin llegar a eso, el retrato de una mujer por un gran artista no sólo no tenderá en ningún caso a satisfacer algunas de las exigencias de dicha mujer; como esas, por ejemplo, que la mueven, cuando empieza a entrar en años, a retratarse con trajes de jovencita que realzan su buen talle, juvenil aún, y la representan como a hermana de su hija o hija de su hija, (que si es menester figurará a su lado muy mal vestida, como conviene), sino que, por el contrario, querrá poner de relieve los rasgos desfavorables que ella desea ocultar, y que le tientan, como, por ejemplo, un color verdoso, porque tienen más carácter; pero eso basta para desencantar al espectador vulgar y para reducirle a migajas el ideal cuya armadura mantenía tan altivamente esa mujer, y que la colocaba, en su forma única e ireductible, aparte de la Humanidad y por encima de la Humanidad. Ahora ya se ve destronada, colocada fuera de su propio tipo, que era su invulnerable reino; no es más que una de tantas mujeres que no nos inspira ninguna fe en su superioridad. De tal manera identificábamos nosotros con ese tipo no sólo la belleza de una Odette, sino su personalidad y ser mismos, que al ver el retrato que le quita su carácter nos entran ganas de gritar que está mucho más fea de lo que es ella y sobre todo muy poco parecida. No la reconocemos. Sin embargo, nos damos cuenta de que allí hay un ser que hemos visto. Pero no es Odette; conocemos, sí, la cara, el cuerpo, el aspecto de ese ser. Y no nos recuerdan a la mujer que nunca se sentaba así, y cuya postura usual no dibujó nunca el extraño y provocativo arabesco que muestra en el cuadro, sino a otras mujeres, a todas las que pintó Elstir, y que siempre, por muy diferentes que fuesen, plantó así, de frente, con el pie combado asomando por debajo de la falda, y un gran sombrero redondo en la mano, respondiendo simétricamente, al nivel de la rodilla, que oculta, a ese otro disco visto de frente, el rostro. En suma, no sólo disloca un retrato genial el tipo de una mujer tal como lo definieron su coquetería y su concepción egoísta de la belleza, sino que además no se contenta con envejecer el original de la misma manera que la fotografía, esto es, presentándole con galas pasadas de moda. Porque en un retrato de pintor el tiempo lo indica más del modo de vestirse de la mujer, el estilo que por entonces tenía el artista. Este estilo, la primera manera de Elstir, era la partida de nacimiento más terrible para Odette, pues a ella la convertía, como sus fotografías de la misma época, en una principianta de las cocottss conocidas entonces; pero a su retrato lo hacia contemporáneo de uno de los numerosos retratos que Manet o Whistler pintaron con modelos ya desaparece, y que pertenecen al olvido o a la Historia.
C′est dans ces pensées silencieusement ruminées à côté d′Elstir tandis que je le conduisais chez lui, que m′entraînait la découverte que je venais de faire relativement à l′identité de son modèle, quand cette première découverte m′en fit faire une seconde, plus troublante encore pour moi, concernant l′identité de l′artiste. Il avait fait le portrait d′Odette de Crécy. Serait-il possible que cet homme de génie, ce sage, ce solitaire, ce philosophe à la conversation magnifique et qui dominait toutes choses fût le peintre ridicule et pervers, adopté jadis par les Verdurin. Je lui demandai s′il les avait connus, si par hasard ils ne le surnommaient pas alors M. Biche. Il me répondit que si, sans embarras, comme s′il s′agissait d′une partie déjà un peu ancienne de son existence et s′il ne se doutait pas de la déception extraordinaire qu′il éveillait en moi, mais levant les yeux, il la lut sur mon visage. Le sien eut une expression de mécontentement. Et comme nous étions déjà presque arrivés chez lui, un homme moins éminent par l′intelligence et par le cur, m′eût peut-être simplement dit au revoir un peu sèchement et après cela eût évité de me revoir. Mais ce ne fut pas ainsi qu′Elstir agit avec moi; en vrai maître — et c′était peut-être au point de vue de la création pure son seul défaut d′en être un, dans ce sens du mot maître, car un artiste pour être tout à fait dans la vérité de la vie spirituelle doit être seul, et ne pas prodiguer de son moi, même à des disciples — de toute circonstance, qu′elle fût relative à lui ou à d′autres, il cherchait à extraire pour le meilleur enseignement des jeunes gens la part de vérité qu′elle contenait. Il préféra donc aux paroles qui auraient pu venger son amour-propre celles qui pouvaient m′instruire. «Il n′y a pas d′homme si sage qu′il soit, me, dit-il qui n′ait à telle époque de sa jeunesse prononcé des paroles, ou même mené une vie, dont le souvenir lui soit désagréable et qu′il souhaiterait être aboli. Mais il ne doit pas absolument le regretter, parce qu′il ne peut être assuré d′être devenu un sage, dans la mesure où cela est possible, que s′il a passé par toutes les incarnations ridicules ou odieuses qui doivent précéder cette dernière incarnation-là. Je sais qu′il y a des jeunes gens, fils et petits-fils d′hommes distingués, à qui leurs précepteurs ont enseigné la noblesse de l′esprit et l′élégance morale dès le collège. Ils n′ont peut-être rien à retrancher de leur vie, ils pourraient publier et signer tout ce qu′ils ont dit, mais ce sont de pauvres esprits, descendants sans force de doctrinaires, et de qui la sagesse est négative et stérile. On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue sur les choses. Les vies que vous admirez, les attitudes que vous trouvez nobles n′ont pas été disposées par le père de famille ou par le précepteur, elles ont été précédées de débuts bien différents, ayant été influencées par ce qui régnait autour d′elles de mal ou de banalité. Elles représentent un combat et une victoire. Je comprends que l′image de ce que nous avons été dans une période première ne soit plus reconnaissable et soit en tous cas déplaisante. Elle ne doit pas être reniée pourtant, car elle est un témoignage que nous avons vraiment vécu, que c′est selon les lois de la vie et de l′esprit, que nous avons, des éléments communs de la vie, de la vie des ateliers, des coteries artistiques s′il s′agit d′un peintre, extrait quelque chose qui les dépasse.» Nous étions arrivés devant sa porte. J′étais déçu de ne pas avoir connu ces jeunes filles. Mais enfin maintenant il y aurait une possibilité de les retrouver dans la vie; elles avaient cessé de ne faire que passer à un horizon où j′avais pu croire que je ne les verrais plus jamais apparaître. Autour d′elles ne flottait plus comme ce grand remous qui nous séparait et qui n′était que la traduction du désir en perpétuelle activité, mobile, urgent, alimenté d′inquiétudes, qu′éveillaient en moi leur inaccessibilité, leur fuite peut-être pour toujours. Mon désir d′elles, je pouvais maintenant le mettre au repos, le garder en réserve, à côté de tant d′autres dont, une fois que je la savais possible, j′ajournais la réalisation. Je quittai Elstir, je me retrouvai seul. Alors tout d′un coup, malgré ma déception, je vis dans mon esprit tous ces hasards que je n′eusse pas soupçonné pouvoir se produire, qu′Elstir fût justement lié avec ces jeunes filles, que celles qui le matin encore étaient pour moi des figures dans un tableau ayant pour fond la mer, m′eussent vu, m′eussent vu lié avec un grand peintre, lequel savait maintenant mon désir de les connaître et le seconderait sans doute. Tout cela avait causé pour moi du plaisir, mais ce plaisir m′était resté caché; il était de ces visiteurs qui attendent, pour nous faire savoir qu′ils sont là, que les autres nous aient quitté, que nous soyions seuls. Alors nous les apercevons, nous pouvons leur dire: je suis tout à vous, et les écouter. Quelquefois entre le moment où ces plaisirs sont entrés en nous et le moment où nous pouvons y rentrer nous-même, il s′est écoulé tant d′heures, nous avons vu tant de gens dans l′intervalle que nous craignons qu′ils ne nous aient pas attendu. Mais ils sont patients, ils ne se lassent pas et dès que tout le monde est parti nous les trouvons en face de nous. Quelquefois c′est nous alors qui sommes si fatigués qu′il nous semble que nous n′aurons plus dans notre pensée défaillante assez de force pour retenir ces souvenirs, ces impressions, pour qui notre moi fragile est le seul lieu habitable, l′unique mode de réalisation. Et nous le regretterions car l′existence n′a guère d′intérêt que dans les journées où la poussière des réalités est mêlée de sable magique, où quelque vulgaire incident de la vie devient un ressort romanesque. Tout un promontoire du monde inaccessible surgit alors de l′éclairage du songe, et entre dans notre vie, dans notre vie où comme le dormeur éveillé nous voyons les personnes dont nous avions si ardemment rêvé que nous avions cru que nous ne les verrions jamais qu′en rêve. A estos pensamientos, silenciosamente rumiados junto a Elstir, mientras que lo iba acompañando, me arrastraba el descubrimiento recién hecho de la identidad de su modelo, cuando ese primer descubrimiento acarreó otro mucho más inquietante para mí, y referente a la identidad del artista. Había hecho el retrato de Odette de Crécy. ¿Sería, pues, posible que este hombre genial, este sabio, este solitario, este filósofo de magnífica conversación y que dominaba todas las cosas, fuera el ridículo y perverso pintor protegido antaño por los Verdurin? Le pregunté si no los había conocido y si no lo llamaban a él por entonces el señor Biche. Elstir me respondió que sí, sin dar muestra de confusión, como si se tratara de una parte ya vieja de su existencia; no sospechaba la decepción extraordinaria que en mi provocó, poco alzó la vista y la leyó en mi cara. En la suya se pintó un gesto de descontento. Como ya estábamos casi en su casa, otro hombre de menos inteligencia y corazón que él quizá se hubiera despedido secamente, sin más, y después hubiera hecho por no encontrarse conmigo. Pero Elstir no hizo eso; como verdadero maestro –quizá su único defecto desde el punto de vista de la creación pura era ser un maestro, en este sentido de la palabra maestro, porque un artista para entrar en la plena verdad de la vida espiritual debe estar solo y no prodigar lo suyo, ni siquiera a sus discípulos–, hacía por extraer de cualquier circunstancia, referente a él o a los demás, y para mejor enseñanza de los jóvenes, la parte de verdad que contenía. Y prefirió a frases que hubiesen podido vengar su: amor propio otras que me instruyeran. “No hay hombre –me dijo–, por sabio que sea, que en alguna época de su juventud no haya llevado una vida o no haya pronunciado unas palabras que no le gusta recordar y que quisiera ver borradas. Pero en realidad no debe sentirlo del todo, porque no se puede estar seguro de haber llegado a la sabiduría, en la medida de lo posible, sin pasar por todas las encarnaciones ridículas u odiosas que la preceden. Ya sé que hay muchachos, hijos y nietos de hombres distinguidos, con preceptores que les enseñan nobleza de alma y elegancia moral desde la escuela. Quizá no tengan nada que tachar de su vida, acaso pudiesen publicar sobre su firma lo que han dicho en su existencia, pero son pobres almas, descendíentes sin fuerza de gente doctrinaria, y de una sabiduría negativa y estéril. La sabiduría no se transmite, es menester que la descubra uno mismo después de un recorrido que nadie puede hacer en nuestro lugar, y que no nos puede evitar nadie, porque la sabiduría es una manera de ver las cosas. Las vidas que usted admira, esas actitudes que le parecen nobles, no las arreglaron el padre de familia o preceptor: comenzaron de muy distinto modo; sufrieron la influencia de lo que tenían alrededor, bueno o frívolo. Representan un combate y una victoria. Comprendo que ya no reconozcamos la imagen de lo que fuimos en un primer período de la vida y que nos sea desagradable. Pero no hay que renegar de ella, porque es un testimonio de que hemos vivido de verdad con arreglo alas leyes de la vida y piel espíritu y que de los elementos comunes de la vida, de la vida de los estudios de pintor, de los grupos artísticos, de un pintor se trata, hemos sacado alguna cosa superior.” Habíamos llegado a la puerta de su casa. Yo estaba muy decaído por no haber sido presentado a las muchachas. Pero ahora ya había alguna –posibilidad de encontrármelas en esta vida; dejaron de ser una visión pasajera por un horizonte en donde pude figurarme que no las vería dibujarse nunca más. Ahora ya no se agitaba en torno a. ellas esa especie de remolino que nos separaba, y que no era sino la traducción del deseo en perpetua actividad, móvil, urgente, nutrido de inquietudes, que en mí despertaba su calidad de inasequibles, acaso su posible desaparición para siempre. Este deseo podía ya echarlo a descansar, guardarlo en reserva junto a tantos otros cuya realización, una vez que la sabía posible, iba yo aplazando. Me separé de Elstir y me quedé solo. Y entonces, de pronto, y a pesar de mi decepción, vi toda esa serie de casualidades que yo no había sospechado: que Elstir fuese precisamente amigo de esas muchachas, que las que aquella misma mañana eran para mí figuras de un cuadro con el mar por fondo me hubiesen visto en compañía y amistoso coloquio con un gran pintor, el cual sabía ahora que yo deseaba conocerlas y sin duda secundaría mi deseo. Todo ello me había causado alegría, pero la alegría se estuvo oculta hasta entonces; era como esas visitas que esperan a que los demás se hayan ido y a que estemos solos para pasarnos recado de que están allí. Entonces los vemos, podemos decirles que estamos por completo a su disposición, escucharlos. A veces ocurre que entre el momento en que esas alegrías entraron en nosotros y el momento en que nosotros entramos en ellas han pasado tantas horas y hemos visto a tanta gente, que tenemos miedo de que no nos hayan aguardado. Pero tienen paciencia, no se cansan, y en cuanto los demás se han ido las vemos allí junto. Otras veces somos nosotros los que estamos tan cansados, que se nos figura que no tendremos fuerza bastante en nuestro desfallecido ánimo para retener esos recuerdos e impresiones que tienen por único modo de realización y por único lugar habitable nuestro frágil yo. Y lo sentiríamos mucho, porque la existencia apenas si tiene interés más que en esos días en que el polvo de las realidades está mezclado con un poco de arena mágica, cuando un vulgar incidente de la vida se convierte en episodio novelesco. Todo un promontorio del mundo inaccesible surge entonces de entre las luces del sueño y entra en nuestra vida; y entonces vemos en la vida, lo mismo que el durmiente despierto, a aquellas personas en las que soñamos con tanta fuerza que nos creímos que nunca habríamos de verlas sino en sueños.
L′apaisement apporté par la probabilité de connaître maintenant ces jeunes filles quand je le voudrais me fut d′autant plus précieux que je n′aurais pu continuer à les guetter les jours suivants, lesquels furent pris par les préparatifs du départ de Saint-Loup. Ma grand′mère était désireuse de témoigner à mon ami sa reconnaissance de tant de gentillesses qu′il avait eues pour elle et pour moi. Je lui dis qu′il était grand admirateur de Proudhon et je lui donnai l′idée de faire venir de nombreuses lettres autographes de ce philosophe qu′elle avait achetées; Saint-Loup vint les voir à l′hôtel, le jour où elles arrivèrent qui était la veille de son départ. Il les lut avidement, maniant chaque feuille avec respect, tâchant de retenir les phrases, puis s′étant levé, s′excusait déjà auprès de ma grand′mère d′être resté aussi longtemps, quand il l′entendit lui répondre: La tranquilidad que me trajo la posibilidad de conocer a esas muchachas cuando yo quisiera, me fué ahora mucho más preciosa porque, debido a los preparativos de marcha de Saint– Loup, no podía seguir acechando su paso como antes. Mi abuela tenía ganas de demostrar a mi amigo su agradecimiento por las muchas bondades que tuvo con nosotros. Yo le dije que Roberto era gran admirador de Proudhom y que podía pedir que le mandaran a Balbec buen número de cartas de ese filósofo, que mi abuela había comprado; Saint–Loup vino a verlas al hotel el día que llegaron, que era el de la víspera de su marcha. Las leyó ávidamente, manejando las hojas de papel con mucho respeto y procuró aprenderse frases de memoria; se levantó, excusándose por habernos entretenido tanto, cuando mi abuela le dijo:
— Mais non, emportez-les, c′est à vous, c′est pour vous les donner que je les ai fait venir. –No; lléveselas usted, son para usted; he mandado que me las envíen con ese objeto.
Il fut pris d′une joie dont il ne fut pas plus le maître que d′un état physique qui se produit sans intervention de la volonté, il devint écarlate comme un enfant qu′on vient de punir, et ma grand′mère fut beaucoup plus touchée de voir tous les efforts qu′il avait faits (sans y réussir) pour contenir la joie qui le secouait, que par tous les remerciements qu′il aurait pu proférer. Mais lui craignant d′avoir mal témoigné sa reconnaissance me priait encore de l′en excuser, le lendemain, penché à la fenêtre du petit chemin de fer d′intérêt local qu′il prit pour rejoindre sa garnison. Celle-ci était, en effet, très peu éloignée. Il avait pensé s′y rendre, comme il faisait souvent, quand il devait revenir le soir et qu′il ne s′agissait pas d′un départ définitif, en voiture. Mais il eût fallu cette fois-ci qu′il mît ses nombreux bagages dans le train. Et il trouva plus simple d′y monter aussi lui-même, suivant en cela l′avis du directeur qui consulté, répondit que, voiture ou petit chemin de fer, «ce serait à peu près équivoque». Il entendait signifier par là que ce serait équivalent (en somme, à peu près ce que Françoise eût exprimé en disant que «cela reviendrait du pareil au même»). Le entró tal alegría que no pudo dominarla, como no se puede dominar un estado físico que se produce sin intervención de la voluntad; se puso encarnado igual que un niño recién castigado, y a mi abuela le llegaron al alma, mucho más que las frases de gratitud que hubiera podido proferir, todos los esfuerzos inútiles que hizo para contener la alegría que lo agitaba. Pero él temía haber expresado mal su reconocimiento, y al día siguiente, en la estación, asomado a la ventanilla, en aquel tren de una línea secundaria que lo había de llevar a su guarnición, aún se excusaba por su torpeza. La ciudad en donde estaba su regimiento no distaba mucho de Balbec. Pensó en ir en coche, como solía hacer cuando tenía que volver por la noche y no se trataba de una marcha definitiva. Pero tenía que mandar por tren su gran equipaje. Y le pareció más sencillo ir él también en ferrocarril, acomodándose en esto al consejo del director del hotel, que respondió a la consulta de Roberto que tren o coche “vendría a ser equívoco”. Con lo cual quería dar a entender que sería equivalente (poco más o menos, lo que Francisca hubiese dicho: “Lo mismo da uno que otro”) .
«Soit, avait conclu Saint-Loup, je prendrai le petit «tortillard». Je l′aurais pris aussi si je n′avais été fatigué et aurais accompagné mon ami jusqu′à Doncières; je lui promis du moins, tout le temps que nous restâmes à la gare de Balbec, — c′est-à-dire que le chauffeur du petit train passa à attendre des amis retardataires, sans lesquels il ne voulait pas s′en aller, et aussi à prendre quelques rafraîchissements, — d′aller le voir plusieurs fois par semaine. Comme Bloch était venu aussi à la gare — au grand ennui de Saint-Loup, — ce dernier voyant que notre camarade l′entendait me prier de venir déjeuner, dîner, habiter à Doncières, finit par lui dire d′un ton extrêmement froid lequel était chargé de corriger l′amabilité forcée de l′invitation et d′empêcher Bloch de la prendre au sérieux: «Si jamais vous passez par Doncières une après-midi où je sois libre, vous pourrez me demander au quartier, mais libre, je ne le suis à peu près jamais.» Peut-être aussi Robert craignait-il que, seul, je ne vinsse pas et pensant que j′étais plus lié avec Bloch que je ne le disais, me mettait-il ainsi en mesure d′avoir un compagnon de route, un entraîneur.“Bueno –decidió Saint–Loup–, entonces tomaré el “galápago”. Yo también lo habría tomado para acompañar a mi amigo hasta Doncieres, pero estaba muy cansado; y durante el rato largo que pasamos en la estación –es decir, el tiempo que dedicó el maquinista a esperar a unos amigos retrasados, sin los que no quería marcharse, y a tomar algún refresco– prometí a Saint–Loup que iría a verlo varias veces por semana. Como Bloch había ido también a la estación –con gran disgusto de Saint-Loup–, éste, al ver que mi compañero de estudios lo estaba oyendo invitarme a ir a almorzar, a comer o hasta a vivir a Donciéres con él, no tuvo más remedio que decirle, con un tono sumamente frío, que tenía por objeto corregir la amabilidad forzada de la invitación, para que Bloch no la tornara en serio: “Si alguna vez pasa usted por Donciéres una tarde que esté yo libre, puede usted preguntar por mí en el cuartel, aunque casi siempre estoy ocupado”. Acaso también decía eso Roberto porque temía que yo solo no fuese, e imaginándose que yo tenía con Bloch más amistad de lo que yo decía, a sí me daba ocasión de tener un compañero de viaje que me animara a ir.
J′avais peur que ce ton, cette manière d′inviter quelqu′un en lui conseillant de ne pas venir, n′eût froissé Bloch, et je trouvais que Saint-Loup eût mieux fait de ne rien dire. Mais je m′étais trompé, car après le départ du train, tant que nous fîmes route ensemble jusqu′au croisement de deux avenues où il fallait nous séparer, l′une allant à l′hôtel, l′autre à la villa de Bloch, celui-ci ne cessa de me demander quel jour nous irions à Doncières, car après «toutes les amabilités que Saint-Loup lui avait faites», il eût été «trop grossier de sa part» de ne pas se rendre à son invitation. J′étais content qu′il n′eût pas remarqué, ou fût assez peu mécontent pour désirer feindre de ne pas avoir remarqué sur quel ton moins que pressant, à peine poli, l′invitation avait été faite. J′aurais pourtant voulu pour Bloch qu′il s′évitât le ridicule d′aller tout de suite à Doncières. Mais je n′osais pas lui donner un conseil qui n′eût pu que lui déplaire en lui montrant que Saint-Loup avait été moins pressant que lui n′était empressé. Il l′était beaucoup trop et bien que tous les défauts qu′il avait dans ce genre fussent compensés chez lui par de remarquables qualités que d′autres plus réservés n′auraient pas eues, il poussait l′indiscrétion à un point dont on était agacé. La semaine ne pouvait, à l′entendre, se passer sans que nous allions à Doncières (il disait nous, car je crois qu′il comptait un peu sur ma présence pour excuser la sienne). Tout le long de la route, devant le gymnase perdu dans ses arbres, devant le terrain de tennis, devant la maison, devant le marchand de coquillages, il m′arrêta, me suppliant de fixer un jour et comme je ne le fis pas, me quitta fâché en me disant: «A ton aise, messire. Moi en tous cas, je suis obligé d′y aller puisqu′il m′a invité.» Me daba miedo que esa manera de invitar a una persona, aconsejándole al mismo tiempo que no vaya, hubiese molestado a Bloch, y me parecía que Saint–Loup no debía haberle dicho nada. Pero me equivoqué, porque cuando el tren se marchó nosotros volvimos juntos un rato hasta el cruce de dos calles, una que llevaba hacia el hotel y la otra hacia la villa de Bloch, y éste no hizo en todo el camino más que preguntarme qué día iríamos a Donciéres, porque .después de “todas las amables invitaciones” que Saint–Loup le había hecho, sería “por su parte una grosería” no aceptar. Me alegré de que no hubiera notado el tono tan poco insistente, apenas cortés, con que se le hizo la invitación, o caso de haberlo notado, de que no se ofendiera y se diese por no enterado. Sin embargo, deseaba yo que Bloch no incurriera en el ridículo de ir pronto a Donciéres. Pero no me atrevía a darle un consejo que lo había de molestar forzosamente, haciéndole ver que Saint-Loup había estado mucho menos apremiante en su invitación que él en aceptarla. Estaba deseando ir porque, a pesar de que todos los defectos que en este respecto tenía estuviesen compensados por cualidades estimables, de que carecían personas más reservadas, ello es que Bloch llevaba su indiscreción a extremos irritantes. Según él, no podía pasar aquella semana sin que fuésemos a Donciéres (decía fuésemos s porque yo creo que contaba con que mi presencia atenuaría el mal efecto de la suya) . Por todo el camino, delante del gimnasio, oculto entre los árboles, delante de los campos de tenis, de la casa, del puesto de conchas, me fué parando para que fijáramos un día determinado; pero como yo no quise, se marchó enfadado, diciéndome: “Haz lo que te dé la gana, caballerito. Yo de todas maneras tengo que ir, puesto que me ha invitado”.
Saint-Loup avait si peur d′avoir mal remercié ma grand-mère qu′il me chargeait encore de lui dire sa gratitude le surlendemain, dans une lettre que je reçus de lui de la ville où il était en garnison et qui semblait sur l′enveloppe où la poste en avait timbré le nom, accourir vite vers moi, me dire qu′entre ses murs, dans le quartier de cavalerie Louis XVI, il pensait à moi. Le papier était aux armes de Marsantes dans lesquelles je distinguais un lion que surmontait une couronne fermée par un bonnet de pair de France. Saint–Loup Unía tanto miedo de no haber dado bien las gracias a mi abuela, que al otro día volvió a encargarme, una vez más, que le expresara su gratitud, en una carta suya escrita en Donciéres, y que parecía, tras aquel sobre donde la administración de Correos puso el nombre de la ciudad, venir corriendo hacia mí para decirme que entre sus murallas, en el cuartel de caballería Luis XVI, mi amigo pensaba en mí. El papel llevaba las armas de los Marsantes, en las que se distinguían un león y encima una corona formada con un birrete de par de Francia.
«Après un trajet qui, me disait-il, s′est bien effectué, en lisant un livre acheté à la gare, qui est par Arvède Barine (c′est un auteur russe je pense, cela m′a paru remarquablement écrit pour un étranger, mais donnez-moi votre appréciation, car vous devez connaître cela vous, puits de science qui avez tout lu), me voici revenu, au milieu de cette vie grossière, où hélas, je me sens bien exilé, n′y ayant pas ce que j′ai laissé à Balbec; cette vie où je ne retrouve aucun souvenir d′affection, aucun charme d′intellectualité; vie dont vous mépriseriez sans doute l′ambiance et qui n′est pourtant pas sans charme. Tout m′y semble avoir changé depuis que j′en étais parti, car dans l′intervalle, une des ères les plus importantes de ma vie, celle d′où notre amitié date, a commencé. J′espère qu′elle ne finira jamais. Je n′ai parlé d′elle, de vous, qu′à une seule personne, qu′à mon amie qui m′a fait la surprise de venir passer une heure auprès de moi. Elle aimerait beaucoup vous connaître et je crois que vous vous accorderiez car elle est aussi extrêmement littéraire. En revanche, pour repenser à nos causeries, pour revivre ces heures que je n′oublierai jamais, je me suis isolé de mes camarades, excellents garçons mais qui eussent été bien incapables de comprendre cela. Ce souvenir des instants passés avec vous, j′aurais presque mieux aimé, pour le premier jour, l′évoquer pour moi seul et sans vous écrire. Mais j′ai craint que vous, esprit subtil et cur ultrasensitif, ne vous mettiez martel en tête en ne recevant pas de lettre si toutefois vous avez daigné abaisser votre pensée sur le rude cavalier que vous aurez fort à faire pour dégrossir et rendre un peu plus subtil et plus digne de vous.» “Después de un viaje sin novedad –me decía–, dedicado a leer un libro que compré en la estación, escrito por Arvede Barine (un autor ruso creo; pero me ha parecido que para ser de un extranjero está muy bien escrito; dígame usted lo que opina, porque usted debe de conocerlo; usted, pozo de ciencia, que lo ha leído todo), aquí estoy otra vez en medio de esta vida grosera, y me siento muy solo porque no tengo nada de lo que me dejé en Balbec; una vida en la que no encuentro ningún recuerdo de afectos, ningún encanto intelectual; en un ambiente que usted despreciaría, pero que tiene su atractivo. Me parece que desde la última vez que salí de aquí todo ha cambiado, porque en este intervalo ha empezado una de las eras más importantes de mi vida, la de nuestra amistad. Espero que no se acabe nunca. No he hablado de ella más que a una persona, a mi amiga, que me ha dado la sorpresa de venir a pasar una hora conmigo. Le gustaría mucho conocerlo a usted y me parece que se entenderían muy bien, porque ella es muy dada a la literatura. En cambio, para tener espacio de pensar en nuestras conversaciones y revivir esas horas que nunca olvidaré; me aislo de mis compañeros, muchachos excelentes, pero que no comprenden esas cosas. Este recuerdo de los ratos pasados con usted hubiera yo preferido, por ser el primer día, evocarlo para mí solo, sin escribir. Pero temo que usted, espíritu sutil, corazón ultrasensitivo, entre en cuidado al no recibir carta, si es que se ha dignado usted humillar su pensamiento hasta ese rudo soldado que tanto trabajo le ha de costar pulir y desbastar para que sea un poco más sutil y digno de su amigo."
Au fond cette lettre ressemblait beaucoup par sa tendresse à celles que, quand je ne connaissais pas encore Saint-Loup, je m′étais imaginé qu′il m′écrirait, dans ces songeries d′où la froideur de son premier accueil m′avait tiré en me mettant en présence d′une réalité glaciale qui ne devait pas être définitive. Une fois que je l′eus reçue, chaque fois qu′à l′heure du déjeuner, on apportait le courrier, je reconnaissais tout de suite quand c′était de lui que venait une lettre, car elle avait toujours ce second visage qu′un être montre quand il est absent et dans les traits duquel (les caractères de l′écriture) il n′y a aucune raison pour que nous ne croyions pas saisir une âme individuelle aussi bien que dans la ligne du nez ou les inflexions de la voix. En el fondo esta carta se parecía mucho, por su tono de cariño, a aquellas que cuando no conocía aún a Saint–Loup me imaginé que habría de escribirme, en esas fantasías de mi imaginación de las que me sacó, su primitiva acogida poniéndome delante de una realidad glacial que no sería definitiva. Después de esta carta, cada vez que traían el correo a la hora del almuerzo yo salia seguida cuando había una carta suya, porque las de Roberto ostentaban siempre esa segunda fisonomía que nos muestra un ser que está ausente y en cuyas facciones (el carácter de letra) no hay motivo alguno para que no distingamos un alma individual; Como se distingue en la forma de la nariz o en las inflexiones de voz.
Je restais maintenant volontiers à table pendant qu′on desservait, et si ce n′était pas un moment où les jeunes filles de la petite bande pouvaient passer, ce n′était plus uniquement du côté de la mer que je regardais. Depuis que j′en avais vu dans des aquarelles d′Elstir, je cherchais à retrouver dans la réalité, j′aimais comme quelque chose de poétique, le geste interrompu des couteaux encore de travers, la rondeur bombée d′une serviette défaite où le soleil intercale un morceau de velours jaune, le verre à demi vidé qui montre mieux ainsi le noble évasement de ses formes et au fond de son vitrage translucide et pareil à une condensation du jour, un reste de vin sombre, mais scintillant de lumières, le déplacement des volumes, la transmutation des liquides par l′éclairage, l′altération des prunes qui passent du vert au bleu et du bleu à l′or dans le compotier déjà à demi dépouillé, la promenade des chaises vieillottes qui deux fois par jour viennent s′installer autour de la nappe dressée sur la table ainsi que sur un autel où sont célébrées les fêtes de la gourmandise et sur laquelle au fond des huîtres quelques gouttes d′eau lustrale restent comme dans de petits bénitiers de pierre, j′essayais de trouver la beauté là où je ne m′étais jamais figuré qu′elle fût, dans les choses les plus usuelles, dans la vie profonde des «natures mortes». Ahora solía quedarme sentado a la mesa, acabada la comida, mientras retiraban el servicio, y no me limitaba a mirar hacia el mar, a no ser en los momentos en que podían pasar las muchachas de mi bandada. Porque desde que había visto estas cosas en las acuarelas de Elstir me gustaba encontrar en la realidad, apreciándolo como elemento poético, aquel ademán interrumpido de los cuchillos atravesados en las mesas, la bombeada redondez de una servilleta desdoblada donde el sol intercala un retazo de amarillo terciopelo, la copa medio vacía que así delata mejor la noble amplitud de sus formas, y el fondo de su cristal translúcido, parecido a una condensación del día, un poco de vino obscuro, pero todo chispeante; el cambio de volúmenes y la transmutación de los líquidos por obra de la luz, esa alteración de las ciruelas que pasan del verde al azul y del azul al oro en el frutero casi vacío, el paseo de aquellas sillas, viejecitas que van dos veces al día a instalarse alrededor del mantel puesto en la mesa como en un altar en el que se celebran los ritos de la gula, y en el que hay unas ostras con unas gotas de agua lustral en el fondo como pilillas de agua bendita, y buscaba yo la belleza en donde menos me figuré que pudiese estar, en las cosas más usuales, en la vida profunda de los “bodegones” .
Quand quelques jours après le départ de Saint-Loup, j′eus réussi à ce qu′Elstir donnât une petite matinée où je rencontrerais Albertine, le charme et l′élégance tout momentanés qu′on me trouva au moment où je sortais du Grand-Hôtel (et qui était dus à un repos prolongé, à des frais de toilette spéciaux), je regrettai de ne pas pouvoir les réserver (et aussi le crédit d′Elstir) pour la conquête de quelque autre personne plus intéressante, je regrettai de consommer tout cela pour le simple plaisir de faire la connaissance d′Albertine. Mon intelligence jugeait ce plaisir fort peu précieux, depuis qu′il était assuré. Mais en moi la volonté ne partagea pas un instant cette illusion, la volonté qui est le serviteur, persévérant et immuable, de nos personnalités successives; cachée dans l′ombre, dédaignée, inlassablement fidèle, travaillant sans cesse, et sans se soucier des variations de notre moi, à ce qu′il ne manque jamais du nécessaire. Pendant qu′au moment où va se réaliser un voyage désiré, l′intelligence et la sensibilité commencent à se demander s′il vaut vraiment la peine d′être entrepris, la volonté qui sait que ces maîtres oisifs recommenceraient immédiatement à trouver merveilleux ce voyage, si celui-ci ne pouvait avoir lieu, la volonté les laisse disserter devant la gare, multiplier les hésitations; mais elle s′occupe de prendre les billets et de nous mettre en wagon pour l′heure du départ. Elle est aussi invariable que l′intelligence et la sensibilité sont changeantes, mais comme elle est silencieuse, ne donne pas ses raisons, elle semble presque inexistante; c′est sa ferme détermination que suivent les autres parties de notre moi, mais sans l′apercevoir tandis qu′elles distinguent nettement leurs propres incertitudes. Ma sensibilité et mon intelligence instituèrent donc une discussion sur la valeur du plaisir qu′il y aurait à connaître Albertine tandis que je regardais dans la glace de vains et fragiles agréments qu′elles eussent voulu garder intacts pour une autre occasion. Mais ma volonté ne laissa pas passer l′heure où il fallait partir, et ce fut l′adresse d′Elstir qu′elle donna au cocher. Mon intelligence et ma sensibilité eurent le loisir, puisque le sort en était jeté, de trouver que c′était dommage. Si ma volonté avait donné une autre adresse, elles eussent été bien attrapées. Algunos días después de la marcha de Saint–Loup logré que Elstir diera una reunión íntima donde había de encontrar a Albertina; al salir del Gran Hotel hubo quien me dijo que estaba yo muy elegante y con muy buena cara do cual se debía a un largo reposo y especiales cuidados de mi toilette, y yo sentí no poder reservar mi simpatía y mi elegancia (así como el crédito pie Elstir) para la conquista de una persona de más valía, y tener que consumir todo esa por el simple gusto de conocer a Albertina. Mi inteligencia consideraba ese placer muy poco valioso desde que lo tuvo asegurado. Pero mi voluntad no participó por un instante de esa ilusión, porque la voluntad es la servidora perseverante e inmutable de nuestras personalidades sucesivas; se oculta en la sombra, desdeñada, incansablemente fiel, y trabaja sin cesar y sin preocuparse de las variaciones de nuestro yo, para que no le falte nada de lo que necesita. En el momento de ir a realizar un ansiado viaje, mientras que la inteligencia y la sensibilidad empiezan a preguntarse si realmente vale la pena viajar, la voluntad, sabedora de que esos dos amos ociosos otra vez considerarían tal viaje como cosa maravillosa en caso de que no se llegara a efectuar, las deja divagar delante de la estación y entregarse a múltiples vacilaciones; y ella va tomando los billetes y nos coloca en el vagón para cuando llegue la hora de la marcha. Todo lo que tienen de mudables sensibilidad e inteligencia lo tiene ella de firme; pero como es callada y no expone sus motivos, parece casi que no existe, y las demás partes de nuestra personalidad obedecen las decisiones de la voluntad sin darse cuenta, mientras que en cambio perciben muy bien sus propias incertidumbres. Mi sensibilidad y mi inteligencia armaron, pues, una discusión respecto a la valía del placer que iba a sacar con la presentación a Albertina, mientras que yo miraba en el espejo aquellos vanos y frágiles adornos de mi persona, que ellas dos hubieran querido guardar intactos para otra ocasión. Pero mi voluntad no dejó que se pasara la hora de salida y dió al cochero las seña–, de Elstir. Y como ya la suerte estaba echada, mi inteligencia y mi sensibilidad se dieron el lujo de pensar que era lástima. Pero lo que es si mi voluntad hubiera dado otras señas, se habrían quedado con tres palmos de narices.
Quand j′arrivai chez Elstir, un peu plus tard, je crus d′abord que Mlle Simonet n′était pas dans l′atelier. Il y avait bien une jeune fille assise, en robe de soie, nu tête, mais de laquelle je ne connaissais pas la magnifique chevelure, ni le nez, ni ce teint et où je ne retrouvais pas l′entité que j′avais extraite d′une jeune cycliste se promenant coiffée d′un polo, le long de la mer. C′était pourtant Albertine. Mais même quand je le sus, je ne m′occupai pas d′elle. En entrant dans toute réunion mondaine, quand on est jeune, on meurt à soi-même, on devient un homme différent, tout salon étant un nouvel univers où, subissant la loi d′une autre perspective morale on darde son attention comme si elles devaient nous importer à jamais, sur des personnes, des danses, des parties de cartes, que l′on aura oubliées le lendemain. Obligé de suivre, pour me diriger vers une causerie avec Albertine, un chemin nullement tracé par moi et qui s′arrêtait d′abord devant Elstir, passait par d′autres groupes d′invités à qui on me nommait, puis le long du buffet, où m′étaient offertes, et où je mangeais, des tartes aux fraises, cependant que j′écoutais, immobile, une musique qu′on commençait d′exécuter je me trouvais donner à ces divers épisodes la même importance qu′à ma présentation à Mlle Simonet, présentation qui n′était plus que l′un d′entre eux et que j′avais entièrement oubliée avoir été, quelques minutes auparavant, le but unique de ma venue. D′ailleurs n′en est-il pas ainsi, dans la vie active, de nos vrais bonheurs, de nos grands malheurs. Au milieu d′autres personnes, nous recevons de celle que nous aimons la réponse favorable ou mortelle que nous attendions depuis une année. Mais il faut continuer à causer, les idées s′ajoutent les unes aux autres, développant une surface sous laquelle c′est à peine si de temps à autre vient sourdement affleurer le souvenir autrement profond mais fort étroit que le malheur est venu pour nous. Si, au lieu du malheur, c′est le bonheur il peut arriver que ce ne soit que plusieurs années après que nous nous rappelons que le plus grand événement de notre vie sentimentale s′est produit, sans que nous eussions le temps de lui accorder une longue attention, presque d′en prendre conscience, dans une réunion mondaine par exemple, et où nous ne nous étions rendus que dans l′attente de cet événement. Cuando al poco rato llegué a casa de Elstir, a lo primero creí que la señorita de Simonet no estaba en el estudio. Había allí, sí, es verdad, una joven sentada, con traje de seda y sin nada a la cabeza; pero para mí eran desconocidos aquel magnífico pelo y el color de la tez, en donde no encontré la misma esencia que había extraído de una muchacha ciclista que iba paseándose con su sombrero de punto, a orillas del mar. Sin embargo, aquélla era Albertina. Pero yo ni siquiera me ocupé de ella cuando me di cuenta. Cuando se es joven y se entra en una reunión mundana, muere uno para sí mismo, se convierte en un hombre diferente, porque todo salón es un nuevo universo, en el que, obedeciendo a la ley de otra perspectiva moral, clava uno su atención, como si nos fuesen a importar siempre, en personas, bailes y juegos de cartas que ya se habrán olvidado al otro día. Como para llegar hasta la meta de una conversación con Albertina me era menester tomar un camino que yo no había trazado, que se paraba primero delante de Elstir, luego ante otros grupos de invitados a quienes me iban presentado, después junto al buffet:que me ofrecía unos pasteles de fresa que me comí mientras que escuchaba inmóvil la música que empezaba a ejecutar, resultó que atribuí a todos estos episodios la misma importancia que a mi presentación a la señorita de Simonet, presentación que ya no era más que uno de tantos episodios, pues se me olvidó enteramente que unos minutos antes en eso estaba la finalidad de mi venida. Y eso ocurre también en la vida activa con nuestras verdaderas dichas y nuestras grandes desgracias. La mujer que amamos nos, da la respuesta favorable o moral que esperábamos hace un año en el momento en que nos encontramos rodeados de gente. Y hay que seguir hablando, las ideas se superponen unas a otras y desarrollan un plano superficial, en el que de cuando en cuando asoma el recuerdo, mucho más hondo, pero muy limitado, de que sobre nosotros se ha posado la desgracia. Y si es en vez de la desgracia la felicidad, puede ocurrir que pasen unos cuantos años antes de que nos acordemos de que el mayor acontecimiento de nuestra vida sentimental se produjo sin que tuviésemos tiempo de consagrarle mucha atención, ni casi de darnos cuenta, en una reunión mundana, a la que, sin embargo, no concurrimos sino en espera de ese acontecimiento.
Au moment où Elstir me demanda de venir pour qu′il me présentât à Albertine, assise un peu plus loin, je finis d′abord de manger un éclair au café et demandai avec intérêt à un vieux monsieur dont je venais de faire connaissance et auquel je crus pouvoir offrir la rose qu′il admirait à ma boutonnière, de me donner des détails sur certaines foires normandes. Ce n′est pas à dire que la présentation qui suivit ne me causa aucun plaisir et n′offrit pas à mes yeux, une certaine gravité. Pour le plaisir, je ne le connus naturellement qu′un peu plus tard, quand, rentré à l′hôtel, resté seul, je fus redevenu moi-même. Il en est des plaisirs comme des photographies. Ce qu′on prend en présence de l′être aimé, n′est qu′un cliché négatif, on le développe plus tard, une fois chez soi, quand on a retrouvé à sa disposition cette chambre noire intérieure dont l′entrée est «condamnée» tant qu′on voit du monde. Cuando Elstir me llamó para presentarme a Albertina, sentada un poco más allá, yo antes de ir acabé de comerme un pastel de café que tenía empezado y pregunté a un caballero viejo que me habían presentado, y al que creí oportuno ofrecer la rosa que admiraba en mi ojal, algunos detalles referentes a las ferias de Normandía. No quiere eso decir que la presentación a Albertina no me causara placer alguno y que no se me apareciera con cierta gravedad. Pero no me di cuenta de ese placer hasta un rato más tarde, cuando, de vuelta en el hotel y ya solo, volví otra vez a ser yo mismo. Pasa con las alegrías algo semejante a lo que ocurre con las fotografías. La que se hizo en presencia de la amada no es sino un clisé negativo, y se la revela más adelante, en casa, cuando tenemos a nuestra disposición esa cámara obscura interior cuya puerta está condenada mientras hay gente delante.
Si la connaissance du plaisir fut ainsi retardée pour moi de quelques heures, en revanche la gravité de cette présentation, je la ressentis tout de suite. Au moment de la présentation, nous avons beau nous sentir tout à coup gratifiés et porteurs d′un «bon», valable pour des plaisirs futurs, après lequel nous courions depuis des semaines, nous comprenons bien que son obtention met fin pour nous, non pas seulement à de pénibles recherches — ce qui ne pourrait que nous remplir de joie — mais aussi à l′existence d′un certain être celui que notre imagination avait dénaturé, que notre crainte anxieuse de ne jamais pouvoir être connus de lui avait grandi. Au moment où notre nom résonne dans la bouche du présentateur surtout si celui-ci l′entoure comme fit Elstir de commentaires élogieux — ce moment sacramentel, analogue à celui où, dans une féérie, le génie ordonne à une personne d′en être soudain une autre, celle que nous avons désiré d′approcher, s′évanouit; d′abord comment resterait-elle pareille à elle-même puisque — de par l′attention que l′inconnue est obligée de prêter à notre nom et de marquer à notre personne — dans les yeux hier situés à l′infini (et que nous croyions que les nôtres, errants, mal réglés, désespérés, divergents, ne parviendraient jamais à rencontrer) le regard conscient, la pensée inconnaissable que nous cherchions, vient d′être miraculeusement et tout simplement remplacée par notre propre image peinte comme au fond d′un miroir qui sourirait. Si l′incarnation de nous même en ce qui nous en semblait le plus différent, est ce qui modifie le plus la personne à qui on vient de nous présenter, la forme de cette personne reste encore assez vague; et nous pouvons nous demander si elle sera dieu, table ou cuvette. Mais, aussi agiles que ces ciroplastes qui font un buste devant nous en cinq minutes, les quelques mots que l′inconnue va nous dire, préciseront cette forme et lui donneront quelque chose de définitif qui exclura toutes les hypothèses auxquelles se livraient la veille notre désir et notre imagination. Sans doute, même avant de venir à cette matinée, Albertine n′était plus tout à fait pour moi ce seul fantôme digne de hanter notre vie que reste une passante dont nous ne savons rien, que nous avons à peine discernée. Sa parenté avec Mme Bontemps avait déjà restreint ces hypothèses merveilleuses, en aveuglant une des voies par lesquelles elles pouvaient se répandre. Au fur et à mesure que je me rapprochais de la jeune fille, et la connaissais davantage, cette connaissance se faisait par soustraction, chaque partie d′imagination et de désir étant remplacée par une notion qui valait infiniment moins, notion à laquelle il est vrai que venait s′ajouter une sorte d′équivalent, dans le domaine de la vie, de ce que les Sociétés financières donnent après le remboursement de l′action primitive, et qu′elles appellent action de jouissance. Son nom, ses parentés avaient été une première limite apportée à mes suppositions. Son amabilité tandis que tout près d′elle je retrouvais son petit grain de beauté sur la joue au-dessous de l′il fut une autre borne; enfin, je fus étonné de l′entendre se servir de l′adverbe parfaitement au lieu de tout à fait, en parlant de deux personnes, disant de l′une «elle est parfaitement folle, mais très gentille tout de même» et de l′autre «c′est un monsieur parfaitement commun et parfaitement ennuyeux». Si peu plaisant que soit cet emploi de parfaitement, il indique un degré de civilisation et de culture auquel je n′aurais pu imaginer qu′atteignait la bacchante à bicyclette, la muse orgiaque du golf. Il n′empêche d′ailleurs qu′après cette première métamorphose, Albertine devait changer encore bien des fois pour moi. Les qualités et les défauts qu′un être présente disposés au premier plan de son visage, se rangent selon une formation tout autre si nous l′abordons par un côté différent — comme dans une ville les monuments répandus en ordre dispersé sur une seule ligne, d′un autre point de vue s′échelonnent en profondeur et échangent leurs grandeurs relatives. Pour commencer je trouvai Albertine l′air assez intimidée à la place d′implacable; elle me sembla plus comme il faut que mal élevée à en juger par les épithètes de «elle a un mauvais genre, elle a un drôle de genre» qu′elle appliqua à toutes les jeunes filles dont je lui parlai; elle avait enfin comme point de mire du visage une tempe assez enflammée et peu agréable à voir, et non plus le regard singulier auquel j′avais toujours repensé jusque-là. Mais ce n′était qu′une seconde vue et il y en avait d′autres sans doute par lesquelles je devrais successivement passer. Ainsi ce n′est qu′après avoir reconnu non sans tâtonnements les erreurs d′optique du début qu′on pourrait arriver à la connaissance exacte d′un être si cette connaissance était possible. Mais elle ne l′est pas; car tandis que se rectifie la vision que nous avons de lui, lui-même qui n′est pas un objectif inerte change pour son compte, nous pensons le rattraper, il se déplace, et, croyant le voir enfin plus clairement, ce n′est que les images anciennes que nous en avions prises que nous avons réussi à éclaircir, mais qui ne le représentent plus. Pero si la conciencia de la alegría se retrasó para mí unas horas, en cambio la gravedad de esta presentación la sentí en seguida. En el momento de una presentación, en vano nos sentimos de pronto agraciados con un “billete” valedero para futuros placeres y tras el que corríamos semanas y semanas comprendemos muy bien que con su obtención se acaban para nosotros no sólo esas penosas rebuscas –lo cual sería motivo de regocijo–, sino también la existencia de un determinado ser, que nuestra imaginación había desnaturalizado; un ser que adquirió magnas proporciones merced a nuestro ansioso temor de no llegar a conocerlo nunca. En el momento en que nuestro nombre suena en labios del que presenta, sobre todo si éste lo rodea, cono hizo Elstir con el mío, de comentarios elogiosos –ese momento sacramental análogo al de la comedia de magia cuando el hada ordena a una persona que se convierta de repente en otra–, aquel ser a quien deseábamos acercarnos se desvanece; y es natural que no pueda seguir siendo la misma persona, puesto que –debido a la atención con que ha de escuchar nuestro nombre y con que ha de favorecernos– en esos ojos, ayer situados en el infinito (y que nosotros nos figuramos que no habrían de encontrarse nunca con los nuestros, errantes sin puntería, desesperados y di– hay ahora, como por arte de milagro, en vez de la Mirada consciente y el pensamiento incognoscible que buscábamos, una pequeña figura que parece pintada al fondo de un sonriente espejo, que es la nuestra. Si el vernos encarnados nosotros mismos en aquello que más distante se nos figuraba es lo que modifica más profundamente a la persona que acaban de presentarnos, la forma de esa persona aún se nos ofrece envuelta en vaguedad, y podemos preguntarnos si será un dios, una mesa o una palangana. Pero las primeras palabras que la desconocida nos diga, tan ágiles como esos escultores en cera que hacen un busto en cinco minutos, precisaran esa forma, le imprimirán un carácter definitivo, que excluirá todas las hipótesis a que se entregaban el día antes nuestro deseo y nuestra imaginación. Indudablemente, Albertina, ya antes de ir a esta reunión, no era para mí ese mero fantasma de una mujer que pasó, entrevista apenas y de la que nada sabemos, fantasma que nos acompañará en nuestra vida. Su parentesco con la señora de Bontemps había limitado esas hipótesis maravillosas y cegó una de las salidas por donde podían desparramarse. A medida que me acercaba a la muchacha y la iba conociendo más, tal conocimiento se realizaba por sustracción, pues iba quitando partes .de imaginación y deseo para poner en su lugar nociones qué .valían infinitamente menos; pero a esas nociones iban unidas unas cosas equivalentes, en el dominio de la vida, a las que dan las sociedades financieras cuando se ha reembolsado una acción, a eso que llaman acciones de disfrute. Su apellido, la calidad de sus padres, fueran ya una primera linde puesta a mis suposiciones. La amabilidad de que me dió muestras mientras que observaba yo de cerca el lunar que tenía en la mejilla, debajo de un ojo, fué otra limitación; y me extrañó oírle emplear el adverbio rematadamente en vez de muy, pues al hablar de dos personas decía de la una que era “rematadamente loca, pero muy buena”, y de la otra, que se trataba de “un señor rematadamente ordinario y rematadamente aburrido”. Y este uso del rematadamente, por poco agradable que resulte, indica un grado de civilización y de cultura al que nunca me figuré yo que llegaría la bacante de la bicicleta, la orgiástica musa del golf. Lo cual no quita para que después de esta metamorfosis aún cambiara Albertina para mí muchas veces. Las buenas y malas cualidades que un ser ofrece en el primer término de su rostro aparecen dispuestas en formación totalmente distinta si la abordamos por otro lado, igual que en una ciudad los monumentos diseminados en orden disperso en una sola línea se escalonan en profundidad mirándolos desde otra parte y cambian sus proporciones relativas. Al principio vi a Albertina más tímida que implacable, y me pareció educada, más bien que otra cosa, a juzgar por las frases de “tiene un tipo muy malo, tiene un tipo raro”, que aplicó a todas las muchachas de quienes le hablé; tenía, además, como punto de mira del rostro, una sien abultada y poco agradable de ver, y no encontré tampoco la singular mirada en que hasta entonces había yo pensado. Pero ésta no era sino una segunda visión, y había otras por las que tendría yo que ir pasando sucesivamente. De suerte que tan sólo después de haber reconocido, no sin muchos tanteos, los errores de óptica iniciales se puede llegar al conocimiento exacto de un ser, si es que ese conocimiento fuera posible. Pero no lo es; porque mientras que se rectifica la visión que de ese ser tenemos, él, que no es un objetivo inerte, va cambiando; nosotros pensamos darle alcance, pero muda de lugar, y cuando nos figuramos verlo por fin más claramente, resulta que lo que hemos aclarado son las imágenes viejas que del mismo teníamos antes, pero que ya no lo representan.
Pourtant, quelques déceptions inévitables qu′elle doive apporter, cette démarche vers ce qu′on n′a qu′entrevu, ce qu′on a eu le loisir d′imaginer, cette démarche est la seule qui soit saine pour les sens, qui y entretienne l′appétit. De quel morne ennui est empreinte la vie des gens qui par paresse ou timidité, se rendent directement en voiture chez des amis qu′ils ont connus sans avoir d′abord rêvé d′eux, sans jamais oser sur le parcours s′arrêter auprès de ce qu′ils désirent. Sin embargo, y no obstante las decepciones que trae consigo, este ir hacia lo que entrevimos, hacia lo que nos dimos el gusto de imaginar, es el único ejercicio sano para los sentidos y que mantenga su apetito despierto. La vida de esas personas que por pereza o timidez van derechas, en coche, a casa de unos amigos a quienes conocieron sin haber soñado antes en ellos, y que no se atreven nunca a pararse en el camino junto a una cosa que desean, está teñida de tristísimo tedio.
Je rentrai en pensant à cette matinée, en revoyant l′éclair au café que j′avais fini de manger avant de me laisser conduire par Elstir auprès d′Albertine, la rose que j′avais donnée au vieux monsieur, tous ces détails choisis à notre insu par les circonstances et qui composent pour nous, en un arrangement spécial et fortuit, le tableau d′une première rencontre. Mais ce tableau, j′eus l′impression de le voir d′un autre point de vue, de très loin de moi-même, comprenant qu′il n′avait pas existé que pour moi, quand quelques mois plus tard, à mon grand étonnement, comme je parlais à Albertine du premier jour où je l′avais connue, elle me rappela l′éclair, la fleur que j′avais donnée, tout ce que je croyais je ne peux pas dire n′être important que pour moi, mais n′avoir été aperçu que de moi, que je retrouvais ainsi, transcrit en une version dont je ne soupçonnais l′existence, dans la pensée d′Albertine. Dès ce premier jour, quand en entrant je pus voir le souvenir que je rapportais, je compris quel tour de muscade avait été parfaitement exécuté, et comment j′avais causé un moment avec une personne qui, grâce à l′habileté du prestidigitateur, sans avoir rien de celle que j′avais suivie si longtemps au bord de la mer, d′elle lui avait été substituée. J′aurais du reste pu le deviner d′avance, puisque la jeune fille de la plage avait été fabriquée par moi. Malgré cela, comme je l′avais, dans mes conversations avec Elstir, identifiée à Albertine, je me sentais envers celle-ci l′obligation morale de tenir les promesses d′amour faites à l′Albertine imaginaire. On se fiance par procuration, et on se croit obligé d′épouser ensuite la personne interposée. D′ailleurs, si avait disparu provisoirement du moins de ma vie, une angoisse qu′eût suffi à apaiser le souvenir des manières comme il faut, de cette expression «parfaitement commun» et de la tempe enflammée, ce souvenir éveillait en moi un autre genre de désir qui, bien que doux et nullement douloureux, semblable à un sentiment fraternel, pouvait à la longue devenir aussi dangereux en me faisant ressentir à tout moment le besoin d′embrasser cette personne nouvelle dont les bonnes façons et la timidité, la disponibilité inattendue, arrêtaient la course inutile de mon imagination, mais donnaient naissance à une gratitude attendrie. Et puis comme la mémoire commence tout de suite à prendre des clichés indépendants les uns des autres, supprime tout lien, tout progrès, entre les scènes qui y sont figurées, dans la collection de ceux qu′elle expose, le dernier ne détruit pas forcément les précédents. En face de la médiocre et touchante Albertine à qui j′avais parlé, je voyais la mystérieuse Albertine en face de la mer. C′était maintenant des souvenirs, c′est-à-dire des tableaux dont l′un ne me semblait pas plus vrai que l′autre. Pour en finir maintenant des souvenirs, c′est-à-dire des tableaux avec ce premier soir de présentation, en cherchant à revoir ce petit grain de beauté sur la joue au-dessous de l′il, je me rappelai que de chez Elstir quand Albertine était partie, j′avais vu ce grain de beauté sur le menton. En somme, quand je la voyais, je remarquais qu′elle avait un grain de beauté, mais ma mémoire errante le promenait ensuite sur la figure d′Albertine et le plaçait tantôt ici tantôt là. Volví al hotel pensando en aquella reunión, representándome el pastel de café que acabé de comerme antes de que Elstir me llevara hacia Albertina, la rosa que regalé al caballero viejo, todos esos detalles seleccionados sin participación nuestra por las circunstancias, y que para nosotros forman, en disposición especial y fortuita, el cuadro de una primera entrevista. Pero meses más adelante tuve la impresión de ver ese cuadro desde otro punto de vista, desde muy lejos de mi mismo, y comprendí que no sólo para mí había existido; porque hablando a Albertina del día que me la presentaron, ella, con gran asombro mío, se acordó del pastel de café, de la flor que regalé, de todo aquello que yo, aun sin considerarlo exclusivamente importante para mí, creí que nadie más que yo había visto, y me lo encontraba ahora transcrito en una versión de insospechada existencia en la mente de Albertina. Desde aquel primer día, cuando volví a casa y vi el recuerdo que traía de la reunión, comprendí que el escamoteo había sido perfectamente ejecutado y que hablé un rato con una persona que gracias a la habilidad del prestidigitador, y sin parecerse en nada a la que seguía yo por la orilla del mar, había puesto en lugar suyo. Bien es verdad que esto se me podía haber ocurrido por anticipado, puesto que la muchacha de la playa la habla fabricado yo. Pero, a pesar de eso, como en mis conversaciones con Elstir la había identificado con Albertina, tenía la obligación moral de mantener a esta muchacha las promesas de amor hechas a la Albertina imaginaria. Se desposa uno por procuración y luego nos creemos obligados a casarnos con la persona interpuesta. Por lo demás, si, provisionalmente al menos, se había desvanecido de mi vida aquella angustia que se calmó con sólo el recuerdo de los correctos modales de Albertina, de su frase “rematadamente ordinario” y de la sien abultada, este recuerdo ya despertó en mí un deseo de nuevo linaje, suave y nada doloroso por el momento, es verdad, pero que a la larga podía ser tan peligroso como la angustia pasada, asaltándome continuamente con la necesidad de besar a esa persona nueva que con sus buenos modos, su timidez y la inesperada facultad de disponer de ella paró el vano correr de mi imaginación, pero en cambio dió vida a un sentimiento de cariñosa gratitud. Y además, como la memoria empieza en seguida a tomar clisés independientes unos de otros, y suprime toda relación y continuidad entre las escenas que representan, en la colección de los que expone, el último no destruye forzosamente los precedentes. Frente a la mediocre y buena Albertina con quien yo hablé veía a la Albertina misteriosa con el mar por fondo. Eran todo recuerdos, es decir, cuadros que me parecían tan poco verdad, unos como otros. Y para acabar ya de hablar de aquella tarde de la presentación, diré que cuando quise ver en imaginación el lunarcillo que Albertina tenía en la mejilla, debajo de un ojo, me acordé de que al salir Albertina de casa de Elstir el lunar lo vi yo en la barbilla. Es decir, que cuando me la representaba veía que tenía un lunar; pero mi errabunda memoria lo paseaba por la cara de Albertina y lo colocaba ora en un lado, ora en otro.
J′avais beau être assez désappointé d′avoir trouvé en Mlle Simonet une jeune fille trop peu différente de tout ce que je connaissais, de même que ma déception devant l′église de Balbec ne m′empêchait pas de désirer aller à Quimperlé, à Pontaven et à Venise je me disais que par Albertine du moins, si elle-même n′était pas ce que j′avais espéré, je pourrais connaître ses amies de la petite bande. Pero de nada sirvió aquella desilusión mía al encontrarme en la señorita de Simonet con una muchacha muy poco diferente de las que yo conocía; lo mismo que mi decepción ante la iglesia de Balbec no me quitó las ganas de ir a Quimperlé, a Pontaven y a Venecia, me dije ahora que, aunque Albertina no era lo que yo me esperaba, por mediación suya podría al menos conocer a las muchachas de la cuadrilla.
Je crus d′abord que j′y échouerais. Comme elle devait rester fort longtemps encore à Balbec et moi aussi, j′avais trouvé que le mieux était de ne pas trop chercher à la voir et d′attendre une occasion qui me fît la rencontrer. Mais cela arrivât-il tous les jours, il était fort à craindre qu′elle se contentât de répondre de loin à mon salut, lequel dans ce cas, répété quotidiennement pendant toute la saison, ne m′avancerait à rien. Al principio creí que no lo lograría. Como ella y yo teníamos que estar aún bastante tiempo en Balbec, pensé que lo mejor sería no buscarla mucho y esperar la ocasión de encontrarme con ella. Pero aunque nos encontráramos a diario, era muy de temer que se contentara con responder a mi saludo, y yo no adelantaría nada repitiendo el saludo todos los días, durante el verano entero.
Peu de temps après, un matin où il avait plu et où il faisait presque froid, je fus abordé sur la digue par une jeune fille portant un toquet et un manchon, si différente de celle que j′avais vue à la réunion d′Elstir que reconnaître en elle la même personne semblait pour l′esprit une opération impossible; le mien y réussit cependant, mais après une seconde de surprise qui je crois n′échappa pas à Albertine. D′autre part me souvenant à ce moment-là des «bonnes façons» qui m′avaient frappé, elle me fit éprouver l′étonnement inverse par son ton rude et ses manières «petite bande». Au reste la tempe avait cessé d′être le centre optique et rassurant du visage, soit que je fusse placé de l′autre côté, soit que le toquet la recouvrît, soit que son inflammation ne fût pas constante. «Quel temps, me dit-elle, au fond l′été sans fin à Balbec est une vaste blague. Vous ne faites rien ici? On ne vous voit jamais au golf, aux bals du Casino; vous ne montez pas à cheval non plus. Comme vous devez vous raser. Vous ne trouvez pas qu′on se bêtifie à rester tout le temps sur la plage. Ah! vous aimez à faire le lézard. Vous avez du temps de reste. Je vois que vous n′êtes pas comme moi, j′adore tous les sports! Vous n′étiez pas aux courses de la Sogne? Nous y sommes allés par le tram et je comprends que ça ne vous amuse pas de prendre un tacot pareil! nous avons mis deux heures! J′aurais fait trois fois l′aller et retour avec ma bécane.» Moi qui avais admiré Saint-Loup quand il avait appelé tout naturellement le petit chemin de fer d′intérêt local, le tortillard, à cause des innombrables détours qu′il faisait, j′étais intimidé par la facilité avec laquelle Albertine disait le «tram», le «tacot». Je sentais sa maîtrise dans un mode de désignations où j′avais peur qu′elle ne constatât et ne méprisât mon infériorité. Encore la richesse de synonymes que possédait la petite bande pour désigner ce chemin de fer ne m′était-elle pas encore révélée. En parlant, Albertine gardait la tête immobile, les narines serrées, ne faisait remuer que le bout des lèvres. Il en résultait ainsi un son traînard et nasal dans la composition duquel entraient peut-être des hérédités provinciales, une affectation juvénile de flegme britannique, les leçons d′une institutrice étrangère et une hypertrophie congestive de la muqueuse du nez. Cette émission qui cédait bien vite du reste quand elle connaissait plus les gens et redevenait naturellement enfantine, aurait pu passer pour désagréable. Mais elle était particulière et m′enchantait. Chaque fois que j′étais quelques jours sans la rencontrer, je m′exaltais en me répétant: «On ne vous voit jamais au golf», avec le ton nasal sur lequel elle l′avait dit, toute droite sans bouger la tête. Et je pensais alors qu′il n′existait pas de personne plus désirable. Poco después, una mañana que había llovido y hacía casi frío, en el paseo del dique me abordó una muchacha con gorra y manguito, tan distinta de la que había visto en la reunión de Elstir, que parecía una operación imposible para el ánimo reconocer en ella a la misma persona; sin embargo, yo la reconocí, pero tras un segundo de sorpresa, que, según creo, no se le escapó a Albertina. Además, como en aquel momento me acordaba de los “buenos modos” que tanto me asombraron, ahora me chocó por lo contrario, por su tono rudo y sus modales de muchacha de la cuadrilla. Añádase que la sien ya no era el centro óptico y tranquilizador del rostro, bien porque la mirase yo desde otro lado, bien porque la ocultara la toca, o acaso porque la inflamación no era constante. “¡Vaya un tiempo, eh? Bien mirado, eso del verano interminable de Balbec es un camelo. ¿Y usted qué hace aquí? No se lo ve en ninguna parte: ni en el golf, ni en los bailes del Casino; ¡no monta usted a caballo! Debe usted de aburrirse mucho. ¿No le parece a usted que se idiotiza unjo con eso de estarse todo el día en la playa? ¿Le gusta a usted tomar el sol como los lagartos? ¡Bueno, hay tiempo para todo! Veo que no es usted como yo, que adoro todos los deportes. ¿No estuvo usted en las carreras de la Sogne? Nosotras fuimos en el tram, y me explico que no le guste a usted tomar un cacharro semejante. Hemos tardado dos horas. En el mismo tiempo hubiera yo ido y venido tres veces con mi máquina.” Admiré a Saint–Loup cuando había llamado a su tren, con toda naturalidad, el “galápago”, por lo despacio que andaba, y ahora me asusté al oír con qué facilidad decía Albertina traen y “cacharro”. Me di cuenta de su maestría en un modo de dominar las cosas en el que yo era positivamente inferior, y tuve miedo de que lo notara y me despreciara. Sin embargo, aún no se me había revelado toda la riqueza de sinónimos que poseía la cuadrilla para designar aquel tranvía extraurbano. Albertina tenía la cabeza quieta al hablar, las narices contraídas, y movía únicamente el borde de los labios. De lo cual resultaba una sonoridad nasal y lenta, en la que entraban probablemente como causas herencias de parla provinciana, juvenil afectación de la flema británica, lecciones de una institutriz extranjera y una hipertrofia congestiva de la mucosa nasal. Este modo de hablar, que desaparecía en seguida cuando iba conociendo a la gente y se volvía más natural y chiquilla, podía parecer desagradable. Pero era muy particular y a mí me encantaba. Cada vez que se me pasaban unos días sin verla, yo me repetía a mí mismo, todo exaltado “No se lo ve a usted nunca en el golf”, con el mismo tono nasal en que ella lo dijera, muy tiesa, sin mover la cabeza. Y entonces pensaba yo que no había ser más codiciable.
Nous formions ce matin-là un de ces couples qui piquent çà et là la digue de leur conjonction, de leur arrêt, juste le temps d′échanger quelques paroles avant de se désunir pour reprendre séparément chacun sa promenade divergente. Je profitai de cette immobilité pour regarder et savoir définitivement où était situé le grain de beauté. Or, comme une phrase de Vinteuil qui m′avait enchanté dans la Sonate et que ma mémoire faisait errer de l′andante au final jusqu′au jour où ayant la partition en main je pus la trouver et l′immobiliser dans mon souvenir à sa place, dans le scherzo, de même le grain de beauté que je m′étais rappelé tantôt sur la joue, tantôt sur le menton, s′arrêta à jamais sur la lèvre supérieure au-dessous du nez. C′est ainsi encore que nous rencontrons avec étonnement des vers que nous savons par cur, dans une pièce où nous ne soupçonnions pas qu′ils se trouvassent. Aquella mañana formábamos nosotros una de esas parejas que esmaltan el paseo de trecho en trecho con su coincidencia y parada durante el tiempo preciso para cambiar unas cuantas frases antes de separarse y volver a tomar cada cual su divergente camino Me aproveché de la inmovilidad para mirar bien y averiguar de un modo definitivo en, donde estaba el lunar. Y el lunar, lo mismo que una frase de la sonata de Vinteuil que me había encantado y que mi memoria paseó desde el andante al finale, hasta que un día, con la partitura en la mano, di con ella y la inmovilicé en mi recuerdo en su verdadero lugar, que era el scherza; el lunar, digo, que a veces se me representaba en el carrillo, y a veces en la barbilla, fué a posarse para siempre en la parte de arriba del labio, debajo de la nariz. Cosa semejante ocurre cuando, muy asombrados, nos encontramos con un verso que sabíamos de memoria en una obra a la que nunca sospechamos que pudiera pertenecer.
A ce moment, comme pour que devant la mer se multipliât en liberté, dans la variété de ses formes, tout le riche ensemble décoratif qu′était le beau déroulement des vierges, à la fois dorées et roses, cuites par le soleil et par le vent, les amies d′Albertine, aux belles jambes, à la taille souple, mais si différentes les unes des autres, montrèrent leur groupe qui se développa, s′avançant dans notre direction, plus près de la mer, sur une ligne parallèle. Je demandai à Albertine la permission de l′accompagner pendant quelques instants. Malheureusement elle se contenta de leur faire bonjour de la main. «Mais vos amies vont se plaindre si vous les laissez», lui-dis-je, espérant que nous nous promènerions ensemble. Un jeune homme aux traits réguliers, qui tenait à la main des raquettes, s′approcha de nous. C′était le joueur de baccarat dont les folies indignaient tant la femme du premier président. D′un air froid, impassible, en lequel il se figurait évidemment que consistait la distinction suprême, il dit bonjour à Albertine. «Vous venez du golf, Octave? lui demanda-t-elle. Ça a-t-il bien marché, étiez-vous en forme?» «Oh! ça me dégoûte, je suis dans les choux», répondit-il. «Est-ce qu′Andrée y était?» «Oui, elle a fait soixante-dix-sept.» «Oh! mais c′est un record.» «J′avais fait quatre-vingt-deux hier.» Il était le fils d′un très riche industriel qui devait jouer un rôle assez important dans l′organisation de la prochaine Exposition Universelle. Je fus frappé à quel point chez ce jeune homme et les autres très rares amis masculins de ces jeunes filles la connaissance de tout ce qui était vêtements, manière de les porter, cigares, boissons anglaises, cheveux, et qu′il possédait jusque dans ses moindres détails avec une infaillibilité orgueilleuse qui atteignait à la silencieuse modestie du savant — s′était développée isolément sans être accompagnée de la moindre culture intellectuelle. Il n′avait aucune hésitation sur l′opportunité du smoking ou du pyjama, mais ne se doutait pas du cas où on peut ou non employer tel mot, même des règles les plus simples du français. Cette disparité entre les deux cultures devait être la même chez son père, président du Syndicat des propriétaires de Balbec, car dans une lettre ouverte aux électeurs, qu′il venait de faire afficher sur tous les murs, il disait: «J′ai voulu voir le maire pour lui en causer, il n′a pas voulu écouter mes justes griefs.» Octave obtenait, au casino, des prix dans tous les concours de boston, de tango, etc., ce qui lui ferait faire s′il le voulait un joli mariage dans ce milieu des «bains de mer» où ce n′est pas au figuré mais au propre que les jeunes filles épousent leur «danseur». Il alluma un cigare en disant à Albertine: «Vous permettez», comme on demande l′autorisation de terminer tout en causant un travail pressé. Car il ne pouvait jamais «rester sans rien faire» quoique il ne fît d′ailleurs jamais rien. Et comme l′inactivité complète finit par avoir les mêmes effets que le travail exagéré, aussi bien dans le domaine moral que dans la vie du corps et des muscles, la constante nullité intellectuelle qui habitait sous le front songeur d′Octave avait fini par lui donner malgré son air calme, d′inefficaces démangeaisons de penser qui la nuit l′empêchaient de dormir, comme il aurait pu arriver à un métaphysicien surmené. En aquel momento, como para que pudiera multiplicarse en ‘libertad sobre el fondo del mar, en la variedad de sus formas, todo el rico conjunto decorativo que formaba el desfile magnífico de las vírgenes, a la par doradas y rosas, recocidas por el sol y el aire, las amigas de Albertina, con sus piernas esbeltas y sus talles gráciles, pero todas distintas, dejaron ver su grupo, que fué desarrollándose, avanzando en dirección nuestra, más cerca del mar, y paralelamente a él. Pedí permiso a Albertina para acompañarla un rato. Desgraciadamente, se limitó a decir adiós con la mano a sus compañeras. “Pero se van a quejar sus amigas si las abandona usted”, dije yo, en la esperanza de que pudiésemos pasear todos juntos. Un muchacho de facciones correctas, y que llevaba dos raquetas en la mano, se acercó a nosotros. Era el aficionado al baccarat, cuyas locuras traían tan indignada a la esposa del magistrado. Saludó a Albertina con un aire frío e impasible, que debía de considerar como signo de distinción suprema –¿Viene usted del golf, Octavio? –le preguntó ella–. ¿Qué tal hoy, estaba usted en forma? –No, es un asco, estoy tonto. –¿Y Andrea, estaba? –Sí, ha hecho setenta y siete. –¡Ah, es todo un récord! –Yo había hecho ayer ochenta y dos Era el hijo de un fabricante muy rico que había de tener gran participación en la organización de la próxima Exposición Universal. Me extrañó extraordinariamente ver cómo en aquel joven y en los otros pocos amigos masculinos de las muchachas se había desarrollado la ciencia de todo lo relativo a trajes, manera de vestir, cigarros, bebidas inglesas y caballos, ciencia que poseía hasta en sus menores detalles con orgullosa infalibilidad lindante con la silenciosa modestia del sabio; pero se había desarrollado aisladamente, sin ir acompañada de una mínima cultura intelectual. No tenía ninguna vacilación respecto a la oportunidad del smoking o del piyama; pero no sospechaba que hay palabras que unas veces pueden emplearse y otras no, e ignoraba las reglas gramaticales más sencillas. Esta disparidad entre las dos culturas debía de darse exactamente igual en su padre, presidente del Sindicato de Propietarios de Balbec, que decía a los electores, en una “carta abierta” que mandó pegar en las esquinas: “Yo he querido verlo (al alcalde) para hablarle; pero él no ha querido escuchar mis justas griefs” Octavio ganaba en el Casino todos los premios de boston, tango, etc., cosa que le facilitaría, si él quería, una buena boda en esa sociedad de “baños de mar”, donde muchas veces la pareja de una muchacha resulta ser su pareja de verdad y para siempre. Encendió un cigarro al mismo tiempo que decía a Albertina: “¡Si usted me permite...!”, lo mismo que se pide autorización para acabar, sin dejar de hablar, un trabajo urgente. Porque “él no podía estar sin hacer nada”, aunque en realidad nunca hizo nada. Y como la inactividad total acaba por tener los mismos efectos que el exagerado trabajo, así en la esfera de lo moral como en la del cuerpo y los músculos, 7a constante nulidad intelectual que se cobijaba tras la frente soñadora de Octavio le originó, a pesar de su aspecto de tranquilidad, comezones de pensar que le quitaran el sueño exactamente como hubiera podido ocurrirle a un metafísico rendido de ideas.
Pensant que si je connaissais leurs amis j′aurais plus d′occasions de voir ces jeunes filles, j′avais été sur le point de lui demander à être présenté. Je le dis à Albertine, dès qu′il fut parti en répétant: «Je suis dans les choux.» Je pensais lui inculquer ainsi l′idée de le faire la prochaine fois. «Mais voyons, s′écria-t-elle, je ne peux pas vous présenter à un gigolo! Ici ça pullule de gigolos. Mais ils ne pourraient pas causer avec vous. Celui-ci joue très bien au golf, un point c′est tout. Je m′y connais, il ne serait pas du tout votre genre». «Vos amies vont se plaindre si vous les laissez ainsi», lui dis-je, espérant qu′elle allait me proposer d′aller avec elle les rejoindre. «Mais non, elles n′ont aucun besoin de moi». Nous croisâmes Bloch qui m′adressa un sourire fin et insinuant, et, embarrassé au sujet d′Albertine qu′il ne connaissait pas ou du moins connaissait «sans la connaître», abaissa sa tête vers son col d′un mouvement raide et rébarbatif. «Comment s′appelle-t-il, cet ostrogoth-là», me demanda Albertine. Je ne sais pas pourquoi il me salue puisqu′il ne me connaît pas. Aussi je ne lui ai pas rendu son salut.» Je n′eus pas le temps de répondre à Albertine, car marchant droit sur nous: «Excuse-moi, dit-il, de t′interrompre, mais je voulais t′avertir que je vais demain à Doncières. Je ne peux plus attendre sans impolitesse et je me demande ce que Saint-Loup-en-bray doit penser de moi. Je te préviens que je prends le train de deux heures. A ta disposition.» Mais je me pensais plus qu′à revoir Albertine et à tâcher de connaître ses amies, et Doncières, comme elles n′y allaient pas et me ferait rentrer après l′heure où elles allaient sur la plage, me paraissait au bout du monde. Je dis à Bloch que cela m′était impossible. «Hé bien, j′irai seul. Selon les deux ridicules alexandrins du sieur Arouet, je dirai à Saint-Loup, pour charmer son cléricalisme: «Apprends que mon devoir ne dépend pas du sien, qu′il y manque s′il veut; je dois faire le mien.» «Je reconnais qu′il est assez joli garçon, me dit Albertine, mais ce qu′il me dégoûte!» Je n′avais jamais songé que Bloch pût être joli garçon; il l′était, en effet. Avec une tête un peu proéminente, un nez très busqué, un air d′extrême finesse et d′être persuadé de sa finesse, il avait un visage agréable. Mais il ne pouvait pas plaire à Albertine. C′était peut-être du reste à cause des mauvais côtés de celle-ci, de la dureté, de l′insensibilité de la petite bande, de sa grossièreté avec tout ce qui n′était pas elle. D′ailleurs plus tard quand je les présentai, l′antipathie d′Albertine ne diminua pas. Bloch appartenait à un milieu où, entre la blague exercée dans le monde et pourtant le respect suffisant des bonnes manières que doit avoir un homme qui a «les mains propres», on a fait une sorte de compromis spécial qui diffère des manières du monde et est malgré tout une sorte particulièrement odieuse de mondanité. Quand on le présentait, il s′inclinait à la fois avec un sourire de scepticisme et un respect exagéré et si c′était à un homme disait: «Enchanté, Monsieur», d′une voix qui se moquait des mots qu′elle prononçait mais avait conscience d′appartenir à quelqu′un qui n′était pas un mufle. Cette première seconde donnée à une coutume qu′il suivait et raillait à la fois (comme il disait le premier janvier: «Je vous la souhaite bonne et heureuse») il prenait un air fin et rusé et «proférait des choses subtiles» qui étaient souvent pleines de vérité mais «tapaient sur les nerfs» d′Albertine. Quand je lui dis ce premier jour qu′il s′appelait Bloch, elle s′écria: «Je l′aurais parié que c′était un youpin. C′est bien leur genre de faire les punaises.» Du reste, Bloch devait dans la suite irriter Albertine d′autre façon. Comme beaucoup d′intellectuels il ne pouvait pas dire simplement les choses simples. Il trouvait pour chacune d′elles un qualificatif précieux, puis généralisait. Cela ennuyait Albertine, laquelle n′aimait pas beaucoup qu′on s′occupât de ce qu′elle faisait, que quand elle s′était foulé le pied et restait tranquille, Bloch dît: «Elle est sur sa chaise longue, mais par ubiquité ne cesse pas de fréquenter simultanément de vagues golfs et de quelconques tennis.» Ce n′était que de la «littérature», mais qui, à cause des difficultés qu′Albertine sentait que cela pouvait lui créer avec des gens chez qui elle avait refusé une invitation en disant qu′elle ne pouvait pas remuer, eût suffi pour lui faire prendre en grippe la figure, le son de la voix, du garçon qui disait ces choses. Nous nous quittâmes, Albertine et moi, en nous promettant de sortir une fois ensemble. J′avais causé avec elle sans plus savoir où tombaient mes paroles, ce qu′elles devenaient, que si j′eusse jeté des cailloux dans un abîme sans fond. Qu′elles soient remplies en général par la personne à qui nous les adressons d′un sens qu′elle tire de sa propre substance et qui est très différent de celui que nous avions mis dans ces mêmes paroles, c′est un fait que la vie courante nous révèle perpétuellement. Mais si de plus nous nous trouvons auprès d′une personne dont l′éducation (comme pour moi celle d′Albertine) nous est inconcevable, inconnus les penchants, les lectures, les principes, nous ne savons pas si nos paroles éveillent en elle quelque chose qui y ressemble plus que chez un animal à qui pourtant on aurait à faire comprendre certaines choses. De sorte qu′essayer de me lier avec Albertine m′apparaissait comme une mise en contact avec l′inconnu sinon avec l′impossible, comme un exercice aussi malaisé que dresser un cheval, aussi reposant qu′élever des abeilles ou que cultiver des rosiers. Yo, pensando que si conocía a sus amigos tendría más ocasiones de ver a las muchachas, estuve a punto de pedir a Albertina que me presentara. Y se lo dije en cuanto que el joven se marchó repitiendo: “Estoy tonto”. Al decírselo lo hacía con intención de inculcarle la idea de presentármelo la primera vez que nos viéramos. –¿Pero qué dice usted? ¡No le voy a presentar un niño tonto! Aquí abundan mucho. Pero es una gente que no podría hablar con usted. Este juega muy bien al golf, es un punto del golf y nada más. Yo sé lo que me digo, no congeniarían ustedes. –Sus amigas de usted se van a quejar si las abandona –le dije, a ver si me proponía que fuéramos a buscarlas. –No, no me necesitan para nada. Nos cruzamos con Bloch, que me dedicó una sonrisa fina e insinuante, un poco azorada, con referencia a Albertina, a la que no conocía, o por lo menos si la conocía era sin conocerla por presentación; al propio tiempo inclinó la cabeza con tiesura y aspereza de movimiento. –¿Cómo se llama ese ostrogodo? –me preguntó Albertina–. Yo no sé por qué me saluda, porque no me conoce. Por eso no le he devuelto el saludo. Pero no tuve tiempo de contestar, porque Bloch vino derecho hacia nosotros, y me dijo –Perdona que te interrumpa, pero te prevengo que yo voy mañana a Donciéres. Esperar más me parece una descortesía, y no sé lo que pensará de mí Saint–Loup–en– Bray. Tomaré el tren de las dos, ya lo sabes. A tus órdenes. Pero yo ya no pensaba más que en ver a Albertina y conocer a sus amigas, y Donciéres, como no tenía nada que ver con ellas y me haría volver pasada la hora de ir a la playa, me pareció que estaba en el fin del mundo. Dije a Bloch que me era imposible. –Bueno, pues iré solo. Diré a Saint–Loup, para halagar su clericalismo, esos dos ridículos alejandrinos del llamado Arouet: Sabrás que mi deber no depende del tuyo. Que él haga lo que quiera. Yo con el mío cumplo. –Reconozco que es un buen mozo –dijo Albertina–; pero me revienta. A mí nunca se me había ocurrido que Bloch pudiese ser buen mozo; y, en efecto, lo era. Con su cabeza un poco prominente, su nariz repulgada, su aspecto de gran finura y de estar persuadido de ella, tenía una cara simpática. Pero no podía gustar a Albertina. Y quizá se debía eso al lado malo de la muchacha, a la dureza e insensibilidad de la cuadrilla mocil, a su grosería con todo lo que no fuese de su círculo. Más adelante, cuando los presenté, la antipatía de Albertina no bajó de punto. Bloch pertenecía a una clase social en la que se ha llegado a una especie de transacción entre el tono de broma del gran mundo y el respeto conveniente de las buenas maneras que debe tener todo hombre “con las manos limpias”, transacción que se diferencia de los modales del gran mundo, pero que no por eso deja de ser una especie sumamente odiosa de mundanismo. Cuando le presentaba, a alguien se inclinaba con exagerado respeto y sonrisa escéptica, y si se trataba de un hombre decía: “¡Mucho gusto, caballero!”, con voz que se burlaba de las palabras mismas que estaba pronunciando, pero que delataba la conciencia de que él no era ningún bruto. Tras este primer minuto consagrado a una costumbre que Bloch observaba, pero con cierta burla (como esa otra que tenía de decír el primero de año: “Le deseo a usted mil felicidades” ), comenzaba a desplegar unos modales finos y malignos y a “proferir cosas sutiles”, que muchas veces eran muy exactas, pero que, según decía Albertina, “le atacaban los nervios”. Cuando ese primer día le dije yo que se llamaba Bloch, exclamó Albertina: “¡Claro, habría apostado algo a que era judío! Se ve muy claro que es eso, hace las figuras de todos los de su raza”. Más adelante, Bloch habría de irritar a Albertina por otra cosa. Como ocurre a muchos intelectuales, le sucedía a Bloch que no podía decir sencillamente las cosas sencillas. Para cada una daba con su calificativo culto, y en seguida generalizaba. Esto molestaba mucho a Albertina, que no era amiga de que nadie se metiera en lo que hacía, porque una vez que se torció un pie y tuvo que estarse en casa, Bloch iba diciendo: “Está echada en la meridiana; pero por ubicuidad no deja de ir a vagos campos de golf y a remotos tenis”. Eso era pura “literatura”; pero como Albertina ‘ se daba cuenta de que esas palabras podían indisponerla con algunas personas que la habían invitado, y a quienes dijo que no podía moverse, con eso bastó para que tomara ojeriza a la cara y a la voz del muchacho que decía esas cosas. Nos separamos Albertina y yo con promesa de salir un día juntos. Había hablado con ella sin saber en dónde caían mis palabras ni adónde iban a parar, como el que tira piedras a un abismo insondable. Es un hecho constantemente observado en la vida corriente que la persona a quien van dirigidas nuestras palabras las llena de una significación que extrae ella de su propia substancia y que es muy distinta de aquella con que nosotros las pronunciamos. Pero si además resulta que nos encontramos junto a una persona cuya educación, aficiones, lecturas y principios nos son desconocidos (como me ocurría a mí con Albertina), no sabemos si nuestras palabras le harán más efecto que a un bicho a quien tuviera uno que explicar ciertas cosas. De modo que la empresa de intimar con Albertina se me representaba lo mismo que querer entrar en contacto con lo desconocido o lo imposible, al modo de un ejercicio violento como la doma de potros y descansado cual la cría de abejas o el cultivar rosas.
J′avais cru il y avait quelques heures qu′Albertine ne répondrait à mon salut que de loin. Nous venions de nous quitter en faisant le projet d′une excursion ensemble. Je me promis, quand je rencontrerais Albertine, d′être plus hardi avec elle, et je m′étais tracé d′avance le plan de tout ce que je lui dirais et même (maintenant que j′avais tout à fait l′impression qu′elle devait être légère) de tous les plaisirs que je lui demanderais. Mais l′esprit est influençable comme la plante, comme la cellule, comme les éléments chimiques, et le milieu qui le modifie si on l′y plonge, ce sont des circonstances, un cadre nouveau. Devenu différent par le fait de sa présence même, quand je me trouvai de nouveau avec Albertine, je lui dis tout autre chose que ce que j′avais projeté. Puis me souvenant de la tempe enflammée je me demandais si Albertine n′apprécierait pas davantage une gentillesse qu′elle saurait être désintéressée. Enfin j′étais embarrassé devant certains de ses regards, de ses sourires. Ils pouvaient signifier moeurs faciles mais aussi gaîté un peu bête d′une jeune fille sémillante mais ayant un fond d′honnêteté. Une même expression, de figure comme de langage, pouvant comporter diverses acceptions, j′étais hésitant comme un élève devant les difficultés d′une version grecque. Unas horas antes se me figuraba a mí que Albertina se limitaría a saludarme desde lejos. Y acabábamos de separarnos después de proyectar una excursión juntos. Me hice promesa de ser más atrevido con `Albertina la próxima vez que la viera, y formé por anticipado el plan de todo lo que .había de decirle y hasta de los favores que le pediría (ahora que ya tenía yo la impresión de que Albertina era un poco ligera) . Pero tan susceptible de influencias es el espíritu como una planta, una célula o los elementos químicos, y cuando se mete en un medio nuevo, que son las circunstancias y el ambiente, se modifica como aquéllos. Cuando volví a verme delante de Albertina, como por el mero hecho de su presencia ya era yo un ser distinto, le dije cosas muy otras de las que tenía pensadas. Luego, acordándome de la sien inflamada, pensé si Albertina no apreciaría más una frase amable que viese ella que era desinteresada. Y además me sentía un poco azorado ante algunas de sus sonrisas y miradas. Lo mismo podían significar ligereza de cascos que alegría tontona de una muchacha vivaracha, pero honrada en el fondo. Una misma expresión de cara o de lenguaje podía tener acepciones diversas, y yo dudaba como un estudiante duda delante de un ejercicio de versión griega.
Cette fois-là nous rencontrâmes presque tout de suite la grande Andrée, celle qui avait sauté par-dessus le premier président, Albertine dut me présenter. Son amie avait des yeux extraordinairement clairs, comme est dans un appartement à l′ombre l′entrée par la porte ouverte, d′une chambre où donnent le soleil et le reflet verdâtre de la mer illuminée. Esta vez nos encontramos en seguida con la muchacha alta, Andrea, la que había saltado por encima del viejo. Albertina tuvo que presentarme. Su amiga tenía unos ojos clarísimos; recordaban esas puertas abiertas que hay en un cuarto sombrío, y por las que se ve una habitación toda llena de sol y de reflejos verdosos del mar radiante.
Cinq messieurs passèrent que je connaissais très bien de vue depuis que j′étais à Balbec. Je m′étais souvent demandé qui ils étaient. «Ce ne sont pas des gens très chics, me dit Albertine en ricanant d′un air de mépris. Le petit vieux, qui a des gants jaunes, il en a une touche, hein, il dégotte bien, c′est le dentiste de Balbec, c′est un brave type; le gros c′est le maire, pas le tout petit gros, celui-là vous devez l′avoir vu, c′est le professeur de danses, il est assez moche aussi, il ne peut pas nous souffrir parce que nous faisons trop de bruit au Casino, que nous démolissons ses chaises, que nous voulons danser sans tapis, aussi il ne nous a jamais donné le prix quoique il n′y a que nous qui sachions danser. Le dentiste est un brave homme, je lui aurais fait bonjour pour faire rager le maître de danse, mais je ne pouvais pas parce qu′il y a avec eux M. de Sainte-Croix, le conseiller général, un homme d′une très bonne famille qui s′est mis du côté des républicains, pour de l′argent; aucune personne propre ne le salue plus. Il connaît mon oncle, à cause du gouvernement, mais le reste de ma famille lui a tourné le dos. Le maigre avec un imperméable, c′est le chef d′orchestre. Comment, vous ne le connaissez pas! Il joue divinement. Vous n′avez pas été entendre Cavalleria Rusticana? Ah! je trouve ça idéal! Il donne un concert ce soir, mais nous ne pouvons pas y aller parce que ça a lieu dans la salle de la Mairie. Au casino ça ne fait rien, mais dans la salle de la Mairie d′où on a enlevé le Christ, la mère d′Andrée tomberait en apoplexie si nous y allions. Vous me direz que le mari de ma tante est dans le gouvernement. Mais qu′est-ce que vous voulez? Ma tante est ma tante. Ce n′est pas pour cela que je l′aime! Elle n′a jamais eu qu′un désir, se débarrasser de moi. La personne qui m′a vraiment servi de mère, et qui a eu double mérite puisqu′elle ne m′est rien, c′est une amie que j′aime du reste comme une mère. Je vous montrerai sa photo.» Nous fûmes abordés un instant par le champion de golf et joueur de baccara, Octave. Je pensai avoir découvert un lien entre nous, car j′appris dans la conversation qu′il était un peu parent, et de plus assez aimé des Verdurin. Mais il parla avec dédain des fameux mercredis, et ajouta que M. Verdurin ignorait l′usage du smoking ce qui rendait assez gênant de le rencontrer dans certains «music-halls» où on aurait tant aimé ne pas s′entendre crier: «Bonjour galopin» par un monsieur en veston et en cravate noire de notaire de village. Puis Octave nous quitta, et bientôt après ce fut le tour d′Andrée, arrivée devant son chalet où elle entra sans que de toute la promenade elle m′eût dit un seul mot. Je regrettai d′autant plus son départ que tandis que je faisais remarquer à Albertine combien son amie avait été froide avec moi, et rapprochais en moi-même cette difficulté qu′Albertine semblait avoir à me lier avec ses amies, de l′hostilité contre laquelle pour exaucer mon souhait, paraissait s′être le premier jour heurté Elstir, passèrent des jeunes filles que je saluai, les demoiselles d′Ambresac, auxquelles Albertine dit aussi bonjour. Pasaron cinco individuos a los que conocía yo mucho de vista desde que estaba en Balbec; muchas veces me pregunté quiénes podrían ser. “No, es gente muy chic –me dijo Albertina, burlona y con aire de desprecio–. El viejecito del pelo teñido, que lleva guantes amarillos, hay que ver la facha que tiene, ¿eh?, es estupendo: es el dentista de Balbec, un buen hombre; el gordo es el alcalde, y ese otro gordo, más pequeñito, debe usted de haberlo visto, es el profesor de baile, un tío tonto que no nos puede ver porque en el Casino metemos mucho ruido, le estropeamos las sillas y queremos bailar sin alfombra; así, que nunca nos ha dado premio, aunque no hay nadie que sepa bailar más que nosotras. El dentista es buena persona; yo le hubiera dicho adiós para molestar al profesor de baile; pero no podía ser porque va con ellos el señor de Sainte– Croix, el diputado provincial, que es un individuo de muy buena familia, pero que se ha ido con los republicanos por el dinero; no lo saluda ninguna persona decente. Se trata con mi tío por las cosas del gobierno, pero el resto de mi familia le vuelve la espalda. Ese delgado, del impermeable, es el director de orquesta. ¿Pero no lo conoce usted? Dirige divinamente. ¿No ha ido usted a oír Cavalleria rusticana? Es una cosa ideal. Esta noche da un concierto, pero no podemos ir porque es en el Ayuntamiento. Al Casino sí se puede ir; pero en el salón del Ayuntamiento han quitado el Cristo que había, y si fuésemos le daría un ataque a la madre de Andrea. ¿Y usted me dirá que el marido de mi tía es del Gobierno, verdad? ¡Qué se le va a hacer! Mi tía es mi tía. Y no se crea usted por eso que la quiero. Nunca tuvo otro deseo que librarse de mí. La persona que me ha servido de madre realmente, y con doble mérito, porque no es nada mío, es una amiga, y claro, la quiero como a una madre. Ya le enseñaré su retrato.” Un momento después se nos acercó el campeón de golf y el jugador de baccarat, Octavio. Se me figuró haber descubierto entre él y yo un lazo común, porque, según deduje de la conversación, era un poco pariente de los Verdurin, que lo estimaban mucho. Pero habló desdeñosamente de los famosos miércoles, añadiendo que Verdurin ignoraba el uso del smoking, por lo cual era verdaderamente molesto encontrárselo en algunos music–halls, donde no tenía uno ganas de oírse llamar a gritos “¡Hola, galopín!”, por un señor de americana y corbata negra como notario de pueblo. Se marchó Octavio, y en seguida Andrea, al pasar por delante del chálet donde vivía, se entró en su casa, sin haberme dicho una sola palabra durante todo el paseo. Sentí mucho que se fuera; tanto más, porque mientras hablaba yo a Albertina de la frialdad de su amiga conmigo y cotejaba mentalmente esa dificultad que Albertina mostraba en hacerme amigo de sus amigas con la hostilidad aquella en que tropezó Elstir el primer día para presentarme, pasaron unas muchachas, las de Ambresac, a quienes saludé; Albertina también les dijo adiós.
Je pensai que ma situation vis-à-vis d′Albertine allait en être améliorée. Elles étaient les filles d′une parente de Mme de Villeparisis et qui connaissait aussi Mme de Luxembourg. M. et Mme d′Ambresac qui avaient une petite villa à Balbec, et excessivement riches, menaient une vie des plus simples, étaient toujours habillés, le mari du même veston, la femme d′une robe sombre. Tous deux faisaient à ma grand′mère d′immenses saluts qui ne menaient à rien. Les filles, très jolies, s′habillaient avec plus d′élégance mais une élégance de ville et non de plage. Dans leurs robes longues, sous leurs grands chapeaux, elles avaient l′air d′appartenir à une autre humanité qu′Albertine. Celle-ci savait très bien qui elles étaient. «Ah! vous connaissez les petites d′Ambresac. Hé bien, vous connaissez des gens très chics. Du reste, ils sont très simples, ajouta-t-elle comme si c′était contradictoire. Elles sont très gentilles mais tellement bien élevées qu′on ne les laisse pas aller au Casino, surtout à cause de nous, parce que nous avons trop mauvais genre. Elles vous plaisent? Dame, ça dépend. C′est tout à fait les petites oies blanches. Ça a peut-être son charme. Si vous aimez les petites oies blanches, vous êtes servi à souhait. Il paraît qu′elles peuvent plaire puisqu′il y en a déjà une de fiancée au marquis de Saint-Loup. Et cela fait beaucoup de peine à la cadette qui était amoureuse de ce jeune homme. Moi, rien que leur manière de parler du bout des lèvres m′énerve. Et puis elles s′habillent d′une manière ridicule. Elles vont jouer au golf en robes de soie. A leur âge elles sont mises plus prétentieusement que des femmes âgées qui savent s′habiller. Tenez Madame Elstir, voilà une femme élégante.» Je répondis qu′elle m′avait semblé vêtue avec beaucoup de simplicité. Albertine se mit à rire. «Elle est mise très simplement, en effet, mais elle s′habille à ravir et pour arriver à ce que vous trouvez de la simplicité, elle dépense un argent fou.» Les robes de Mme Elstir passaient inaperçues aux yeux de quelqu′un qui n′avait pas le goût sûr et sobre des choses de la toilette. Il me faisait défaut. Elstir le possédait au suprême degré, à ce que me dit Albertine. Je ne m′en étais pas douté ni que les choses élégantes mais simples qui emplissaient son atelier étaient des merveilles désirées par lui, qu′il avait suivies de vente en vente, connaissant toute leur histoire, jusqu′au jour où il avait gagné assez d′argent pour pouvoir les posséder. Mais là-dessus, Albertine aussi ignorante que moi, ne pouvait rien m′apprendre. Tandis que pour les toilettes, avertie par un instinct de coquette et peut-être par un regret de jeune fille pauvre qui goûte avec plus de désintéressement, de délicatesse chez les riches ce dont elle ne pourra se parer elle-même, elle sut me parler très bien des raffinements d′Elstir, si difficile qu′il trouvait toute femme mal habillée, et que mettant tout un monde dans une proportion, dans une nuance, il faisait faire pour sa femme à des prix fous des ombrelles, des chapeaux, des manteaux qu′il avait appris à Albertine à trouver charmants et qu′une personne sans goût n′eût pas plus remarqués que je n′avais fait. Du reste, Albertine qui avait fait un peu de peinture sans avoir d′ailleurs, elle l′avouait, aucune «disposition», éprouvait une grande admiration pour Elstir, et grâce à ce qu′il lui avait dit et montré, s′y connaissait en tableaux d′une façon qui contrastait fort avec son enthousiasme pour Cavalleria Rusticana. C′est qu′en réalité bien que cela ne se vît guère encore, elle était très intelligente et dans les choses qu′elle disait, la bêtise n′était pas sienne, mais celle de son milieu et de son âge. Elstir avait eu sur elle une influence heureuse mais partielle. Toutes les formes de l′intelligence n′étaient pas arrivées chez Albertine au même degré de développement. Le goût de la peinture avait presque rattrapé celui de la toilette et de toutes les formes de l′élégance, mais n′avait pas été suivi par le goût de la musique qui restait fort en arrière. Yo me creí que con esto iba a ganar a los ojos de Albertina. Eran hijas de una parienta de la marquesa de Villeparisis, conocidas también de la princesa de Luxemburgo. Los señores de Ambresac, gente riquísima; tenían un hotelito en Balbec, vivían con suma sencillez y vestían siempre lo mismo: el marido con su americana, y la señora con un traje obscuro. Ambos hacían a mi abuela saludos muy cumplidos, sin objeto alguno. Las hijas eran muy guapas y vestían con mayor elegancia; pero elegancia de ciudad y no de playa. Con sus faldas hasta el suelo y sus grandes sombreros no parecían de la misma humanidad que Albertina. La cual sabía muy bien quiénes eran aquellas muchachas. “Ah., ¿conque conoce a esas de Ambresac? Se trata usted con gente muy chic. Pues a pesar de eso son muy sencillas –añadió, como si ambas cosas fuesen contradictorias–. Son muy simpáticas, pero están tan perfectamente educadas, que no las dejan ir al Casino, sobre todo por nosotras, porque nosotras somos “muy mal tono”. ¿Le gustan a usted? A mí, según y cómo. Son los patitos blancos. Eso tiene su encanto. Si a usted le gustan los patitos blancos, no tiene usted más que pedir. Y parece que pueden gustar, porque una de ellas tiene ya novio, el marqués de Saint–Loup. Cosa que da mucha pena a la pequeña, que estaba enamorada del muchacho. A mí sólo con esa manera que tienen de hablar con el borde de los labios me ponen nerviosa. Y además visten ridículamente. Van a jugar al golf con traje de seda. A su edad van vestidas con más pretensiones que señoras que saben ya lo que es vestir. Ahí tiene usted la señora de Elstir: ésa sí que es elegante.” Contesté que a mí me había parecido que la esposa del pintor iba muy sencilla, y Albertina se echó a reír. “Sí, muy sencilla; pero viste deliciosamente, y para llegar a eso que le parece a usted sencillo gasta un disparate." Los trajes de la señora de Elstir, en efecto, no decían nada a una persona que no fuese de gusto muy seguro y sobrio en cosas de vestir. Yo carecía de esa cualidad. En cambio Elstir la poseía en grado sumo, según me dijo Albertina. Yo no lo había sospechado, como no sospeché ‘tampoco que las cosas elegantes, pero sencillas, que adornaban su estudio eran maravillas que el pintor codició largo tiempo, y de cuya historia y cambios de dueño estuvo al tanto, hasta que ganó bastante dinero para comprarlas. Pero en este sector Albertina era tan ignorante como yo y no podía enseñarme nada nuevo. Mientras que en lo del vestir, despabilada por su instinto de coqueta o quizá por el sentimiento de nostalgia de la muchacha pobre que saborea con desinterés y delicadeza en las personas ricas las cosas que ella no puede gastar, me habló muy bien de los refinamientos de Elstir, tan exigente que todas las mujeres le parecían mal vestidas, y que por considerar un mundo todo lo que fuese proporción y matiz tenía que encargar para su mujer sombrillas, sombreros y abrigos que le costaban un dineral, y cuya bellezas enseñó a apreciar a Albertina, aunque para una persona sin gusto eran letra muerta, como me pasó a mí. Además, Albertina, que pintaba un poco, pero sin tener, según confesión propia, ninguna “disposición”, sentía gran admiración por Elstir, y gracias a sus conversaciones con el pintor entendía de cuadros, lo cual contrastaba con su entusiasmo por Cavalleria rusticana. Y es que en realidad, y aunque eso no se veía muy bien, Albertina era muy inteligente, y en las cosas que decía las tonterías no eran suyas, sino de su ambiente y edad. Elstir ejerció en Albertina una influencia muy feliz, pero limitada. Todas las formas de inteligencia no habían alcanzado en Albertina igual desarrollo. La afición a la pintura casi se había puesto a la altura de la afición a las cosas de vestir y demás formas de elegancia, pero en la música se quedó muy atrás.
Albertine avait beau savoir qui étaient les Ambresac, comme qui peut le plus ne peut pas forcément le moins, je ne la trouvai pas, après que j′eusse salué ces jeunes filles, plus disposée à me faire connaître ses amies. «Vous êtes bien bon d′attacher, de leur donner de l′importance. Ne faites pas attention à elles, ce n′est rien du tout. Qu′est-ce que ces petites gosses peuvent compter pour un homme de votre valeur. Andrée au moins est remarquablement intelligente. C′est une bonne petite fille, quoique parfaitement fantasque, mais les autres sont vraiment très stupides.» Après avoir quitté Albertine, je ressentis tout à coup beaucoup de chagrin que Saint-Loup m′eût caché ses fiancailles, et fît quelque chose d′aussi mal que se marier sans avoir rompu avec sa maîtresse. Peu de jours après pourtant, je fus présenté à Andrée et comme elle parla assez longtemps, j′en profitai pour lui dire que je voudrais bien la voir le lendemain, mais elle me répondit que c′était impossible parce qu′elle avait trouvé sa mère assez mal et ne voulait pas la laisser seule. Deux jours après, étant allé voir Elstir, il me dit la sympathie très grande qu′Andrée avait pour moi; comme je lui répondais: «Mais c′est moi qui ai eu beaucoup de sympathie pour elle dès le premier jour, je lui avais demandé à la revoir le lendemain, mais elle ne pouvait pas.» «Oui, je sais, elle me l′a raconté, me dit Elstir, elle l′a assez regretté, mais elle avait accepté un pique-nique à dix lieues d′ici où elle devait aller en break et elle ne pouvait plus se décommander.» Bien que ce mensonge fût, Andrée me connaissant si peu, fort insignifiant, je n′aurais pas dû continuer à fréquenter une personne qui en était capable. Car ce que les gens ont fait, ils le recommencent indéfiniment. Et qu′on aille voir chaque année un ami qui les premières fois n′a pu venir à votre rendez-vous, ou s′est enrhumé, on le retrouvera avec un autre rhume qu′il aura pris, on le manquera à un autre rendez-vous où il ne sera pas venu, pour une même raison permanente à la place de laquelle il croit voir des raisons variées, tirées des circonstances. De nada sirvió que Albertina supiera quiénes eran las de Ambresac; pero como el que puede lo mucho no por eso puede también lo poco, después de mi saludo a esas señoritas no encontré a Albertina más animada a presentarme a sus amigas que antes. “Sí que es usted amable en concederles tanta importancia. No les haga usted caso, no valen nada. ¿Qué significan esas chiquillas para un hombre de mérito como usted? Andrea sí que es muy inteligente. Es muy buena muchacha, aunque rematadamente rara; pero las otras son realmente muy tontas.” Después de separarme de Albertina me puse a pensar en lo que me dijo respecto al noviazgo de Saint– Loup, y me dolió que Roberto me lo hubiese ocultado y que hiciera una cosa tan mal hecha como casarse antes de romper con su querida. Unos días después me presentaron á Andrea, y como estuvimos hablando un rato, me aproveché para decirle que me gustaría que nos viésemos al día siguiente; pero ella me respondió que era imposible porque había encontrado a su madre bastante mal y no quería dejarla sola. A los dos días fuí a ver a Elstir, el cual me habló de lo simpático que yo había sido a Andrea; yo le dije: “A mí sí que me ha resultado ella simpática desde el primer día; le pedí que nos viésemos, pero no podía ser, según me dijo”. “Sí, me lo ha contado –respondió Elstir–; lo sintió mucho; pero tenía aceptada una invitación a una comida de campo a diez leguas de Balbec, para ir en coche, y no podía volverse atrás.” Aunque semejante embuste, dado que Andrea me conocía muy poco, era cosa insignificante, yo no debí seguir tratándome con una persona capaz de eso. Porque lo que la gente hace una vez lo hace ciento. Y si todos los años fuera uno a ver a ese amigo que la primera vez no pudo acudir a una cita o se acatarró aquel día, lo volveríamos a encontrar con otro catarro, nos faltaría ala cita otra vez, y todo por una misma razón permanente que a él se le antojan razones variadas, ocasionadas por las circunstancias.
Un des matins qui suivirent celui où Andrée m′avait dit qu′elle était obligée de rester auprès de sa mère, je faisais quelques pas avec Albertine que j′avais aperçue, élevant au bout d′un cordonnet un attribut bizarre qui la faisait ressembler à l′«Idolâtrie» de Giotto; il s′appelle d′ailleurs un «diabolo» et est tellement tombé en désuétude que devant le portrait d′une jeune fille en tenant un, les commentateurs de l′avenir pourront disserter comme devant telle figure allégorique de l′Arêna, sur ce qu′elle a dans la main. Au bout d′un moment, leur amie à l′air pauvre et dur, qui avait ricané le premier jour d′un air si méchant: «Il me fait de la peine ce pauvre vieux» en parlant du vieux monsieur effleuré par les pieds légers d′Andrée, vint dire à Albertine: «Bonjour, je vous dérange». Elle avait ôté son chapeau qui la gênait, et ses cheveux comme une variété végétale ravissante et inconnue reposaient sur son front, dans la minutieuse délicatesse de leur foliation. Albertine, peut-être irritée de la voir tête nue, ne répondit rien, garda un silence glacial malgré lequel l′autre resta, tenue à distance de moi par Albertine qui s′arrangeait à certains instants pour être seule avec elle, à d′autres pour marcher avec moi, en la laissant derrière. Je fus obligé pour qu′elle me présentât de le lui demander devant l′autre. Alors au moment où Albertine me nomma, sur la figure et dans les yeux bleus de cette jeune fille à qui j′avais trouvé un air si cruel quand elle avait dit: «Ce pauvre vieux, y m′fait d′la peine», je vis passer et briller un sourire cordial, aimant, et elle me tendit la main. Ses cheveux étaient dorés, et ne l′étaient pas seuls; car si ses joues étaient roses et ses yeux bleus, c′était comme le ciel encore empourpré du matin où partout pointe et brille l′or. Una mañana, despues de aquel día en que Andrea me dijo que tenía que estarse con su madre, iba yo paseando un poco con Albertina, a la que me encontré lanzando al aire con un cordón de seda un extraño símbolo que la hacía asemejarse a la “Idolatría” de Giotto; era lo que se llama un dialvolo, y tan en desuso ha caído hoy ese juego, que los comentaristas del porvenir, cuando vean el retrato de una muchacha con, un diavolo en la mano, podrán disertar, como ante una figura alegórica de l′Arena, respecto al significado de ese objeto. Al cabo de un momento aquella amiga suya de aspecto pobre y seco, que el primer día que las vi se burló tan malignamente del pobre viejo cuya testa rozaron los ligeros pies de Andrea, se acercó y dijo a `Albertina: “Buenos días,;no te molesto?” Se había quitado el sombrero, que le estorbaba, y sus cabellos, como una variedad vegetal desconocida y deliciosa, le descansaban en la frente con toda la minuciosa delicadeza de su foliación; Albertina, quizá molesta por verla sin nada en la cabeza, no contestó, se mantuvo en un silencio glacial; pero, a pesar de todo, la otra se quedó, aunque Albertina la tenía a distancia arreglándoselas de modo que unos momentos andaba sola con ella .. otros conmigo; dejando a su amiga atrás. Y para que me presentara no tuve mas s remedio que pedírselo delante de la muchacha. Entonces, en el momento que Albertina dijo mi nombre, por la cara, por los ojos azules de aquella chiquilla que tan mala me pareció cuando dijo: “¡Pobre viejo, me da lástima!”, vi pasar y resplandecer una sonrisa cordial y amable, y la muchacha me tendió la mano. Tenia el pelo dorado, y no sólo el pelo; porque afinque la cara era de color de rosa y los ojos azules, se parecían al purpúreo cielo matinal, donde asoma y brilla el oro por doquiera.
Prenant feu aussitôt, je me dis que c′était une enfant timide quand elle aimait et que c′était pour moi, par amour pour moi, qu′elle était restée avec nous malgré les rebuffades d′Albertine, et qu′elle avait dû être heureuse de pouvoir m′avouer enfin, par ce regard souriant et bon qu′elle, serait aussi douce avec moi que terrible aux autres. Sans doute m′avait-elle remarqué sur la plage même quand je ne la connaissais pas encore et pensa-t-elle à moi depuis; peut-être était-ce pour se faire admirer de moi qu′elle s′était moquée du vieux monsieur et parce qu′elle ne parvenait pas à me connaître qu′elle avait eu les jours suivants l′air morose. De l′hôtel, je l′avais souvent aperçue le soir se promenant sur la plage. C′était probablement avec l′espoir de me rencontrer. Et maintenant, gênée par la présence d′Albertine autant qu′elle l′eût été par celle de toute la bande, elle ne s′attachait évidemment à nos pas malgré l′attitude de plus en plus froide de son amie que dans l′espoir de rester la dernière, de prendre rendez-vous avec moi pour un moment où elle trouverait moyen de s′échapper sans que sa famille et ses amies le sussent et me donner rendez-vous dans un lieu sûr avant la messe ou après le golf. Il était d′autant plus difficile de la voir qu′Andrée était mal avec elle et la détestait. Yo me entusiasmé en seguida, y me dije que debía de ser una niña tímida cuando sentía cariño, que por mí, por simpatía a mí se quedó con nosotros no obstante los sofiones de Albertina, y que sin duda se había alegrado mucho al poder confesarme por fin, con aquella mirada sonriente y buena, que sería tan cariñosa conmigo como terrible era con los demás. Indudablemente, me había visto en la playa cuando yo aún no la conocía, y desde entonces debió de estar pensando en mí; quizá se había burlado del viejo para .que Yo la admirara, y acaso porque no podía llegar a conocerme tuvo los días siguientes aquel aspecto melancólico. Muchas veces, desde el hotel la había visto pasearse por la playa. Probablemente lo hacía con la esperanza de encontrarme. Y ahora, molesta por la presencia de Albertina, como si ella sola hubiese sido toda la cuadrilla, no cabía duda que si se pegaba a nosotros sin hacer caso de la actitud cada vez más fría de su amiga era con la esperanza de quedarse la última, de citarse conmigo tara un rato en que pudiera escapar sin que se enteraran su familia y sus amigas, y darme cita en un sitio seguro antes de misa o después del golf Era muy difícil verla, porque Andrea estaba reñida con ella y la detestaba.
«J′ai supporté longtemps sa terrible fausseté, me dit-elle, sa bassesse, les innombrables crasses qu′elle m′a faites. J′ai tout supporté à cause des autres. Mais le dernier trait a tout fait déborder.» Et elle me raconta un potin qu′avait fait cette jeune fille et qui, en effet, pouvait nuire à Andrée. “He estado aguantando mucho tiempo –me dijo esta última– su terrible doblez, su bajeza y las innumerables porquerías que me ha hecho, y todo lo aguanté por las demás. Pero su última acción va ha colmado la medida.” Y me contó un chisme de esta muchacha que, en efecto, pudo haber perjudicado a Andrea.
Mais les paroles à moi promises par le regard de Gisèle pour le moment où Albertine nous aurait laissés ensemble, ne purent m′être dites, parce qu′Albertine, obstinément placée entre nous deux, ayant continué de répondre de plus en plus brièvement, puis ayant cessé de répondre du tout aux propos de son amie, celle-ci finit par abandonner la place. Je reprochai à Albertine d′avoir été si désagréable. «Cela lui apprendra à être plus discrète. Ce n′est pas une mauvaise fille mais elle est barbante. Elle n′a pas besoin de venir fourrer son nez partout. Pourquoi se colle-t-elle à nous sans qu′on lui demande. Il était moins cinq que je l′envoie paître. D′ailleurs, je déteste qu′elle ait ses cheveux comme ça, ça donne mauvais genre.» Je regardais les joues d′Albertine pendant qu′elle me parlait et je me demandais quel parfum, quel goût elles pouvaient avoir: ce jour-là elle était non pas fraîche, mais lisse, d′un rose uni, violacé, crémeux, comme certaines roses qui ont un vernis de cire. J′étais passionné pour elles comme on l′est parfois pour une espèce de fleurs. «Je ne l′avais pas remarqué», lui répondis-je. «Vous l′avez pourtant assez regardée, on aurait dit que vous vouliez faire son portrait», me dit-elle sans être radoucie par le fait qu′en ce moment ce fût elle-même que je regardais tant. «Je ne crois pourtant pas qu′elle vous plairait. Elle n′est pas flirt du tout. Vous devez aimer les jeunes filles flirt, vous. En tous cas, elle n′aura plus l′occasion d′être collante et de se faire semer, parce qu′elle repart tantôt pour Paris.» «Vos autres amies s′en vont avec elle.» «Non, elle seulement, elle et miss, parce qu′elle a à repasser ses examens, elle va potasser, la pauvre gosse. Ce n′est pas gai je vous assure. Il peut arriver qu′on tombe sur un bon sujet. Le hasard est si grand. Ainsi une de nos amies a eu: «Racontez un accident auquel vous avez assisté». Ça, c′est une veine. Mais je connais une jeune fille qui a eu à traiter (et à l′écrit encore): «D′Alceste ou de Philinte, qui préféreriez-vous avoir comme ami?» Ce que j′aurais séché là-dessus! D′abord en dehors de tout, ce n′est pas une question à poser à des jeunes filles. Les jeunes filles sont liées avec d′autres jeunes filles et ne sont pas censées avoir pour amis des messieurs. (Cette phrase en me montrant que j′avais peu de chance d′être admis dans la petite bande, me fit trembler.) Mais en tous cas, même si la question était posée à des jeunes gens, qu′est-ce que vous voulez qu′on puisse trouver à dire là-dessus? Plusieurs familles ont écrit au Gaulois pour se plaindre de la difficulté de questions pareilles. Le plus fort est que dans un recueil des meilleurs devoirs d′élèves couronnées, le sujet a été traité deux fois d′une façon absolument opposée. Tout dépend de l′examinateur. L′un voulait qu′on dise que Philinte était un homme flatteur et fourbe, l′autre qu′on ne pouvait pas refuser son admiration à Alceste, mais qu′il était par trop acariâtre et que comme ami il fallait lui préférer Philinte. Comment voulez-vous que les malheureuses élèves s′y reconnaissent quand les professeurs ne sont pas d′accord entre eux. Et encore ce n′est rien, chaque année ça devient plus difficile. Gisèle ne pourrait s′en tirer qu′avec un bon coup de piston.» Je rentrai à l′hôtel, ma grand′mère n′y était pas, je l′attendis longtemps; enfin, quand elle rentra, je la suppliai de me laisser aller faire dans des conditions inespérées une excursion qui durerait peut-être quarante-huit heures, je déjeûnai avec elle, commandai une voiture et me fis conduire à la gare. Gisèle ne serait pas étonnée de m′y voir; une fois que nous aurions changé à Doncières, dans le train de Paris, il y avait un wagon couloir où tandis que miss sommeillerait je pourrais emmener Gisèle dans des coins obscurs, prendre rendez-vous avec elle pour ma rentrée à Paris que je tâcherais de rapprocher le plus possible. Selon la volonté qu′elle m′exprimerait, je l′accompagnerais jusqu′à Caen ou jusqu′à Évreux, et reprendrais le train suivant. Tout de même, qu′eût-elle pensé si elle avait su que j′avais hésité longtemps entre elle et ses amies, que tout autant que d′elle j′avais voulu être amoureux d′Albertine, de la jeune fille aux yeux clairs, et de Rosemonde! J′éprouvais des remords, maintenant qu′un amour réciproque allait m′unir à Gisèle. J′aurais pu du reste lui assurer très véridiquement qu′Albertine ne me plaisait plus. Je l′avais vue ce matin s′éloigner en me tournant presque le dos, pour parler à Gisèle. Sur sa tête inclinée d′un air boudeur, ses cheveux qu′elle avait derrière, différents et plus noirs encore, luisaient comme si elle venait de sortir de l′eau. J′avais pensé à une poule mouillée et ces cheveux m′avaient fait incarner en Albertine une autre âme que jusque-là la figure violette et le regard mystérieux. Ces cheveux luisants derrière la tête c′est tout ce que j′avais pu apercevoir d′elle pendant un moment, et c′est cela seulement que je continuais à voir. Notre mémoire ressemble à ces magasins, qui, à leurs devantures, exposent d′une certaine personne, une fois une photographie, une fois une autre. Et d′habitude la plus récente reste quelque temps seule en vue. Tandis que le cocher pressait son cheval, j′écoutais les paroles de reconnaissance et de tendresse que Gisèle me disait, toutes nées de son bon sourire, et de sa main tendue: c′est que dans les périodes de ma vie où je n′étais pas amoureux et où je désirais de l′être, je ne portais pas seulement en moi un idéal physique de beauté qu′on a vu, que je reconnaissais de loin dans chaque passante assez éloignée pour que ses traits confus ne s′opposassent pas à cette identification, mais encore le fantôme moral — toujours prêt à être incarné — de la femme qui allait être éprise de moi, me donner la réplique dans la comédie amoureuse que j′avais tout écrite dans ma tête depuis mon enfance et que toute jeune fille aimable me semblait avoir la même envie de jouer, pourvu qu′elle eût aussi un peu le physique de l′emploi. De cette pièce, quelle que fût la nouvelle «étoile» que j′appelais à créer ou à reprendre le rôle, le scénario, les péripéties, le texte même, gardaient une forme ne varietur. Pero las palabras que me prometía la mirada de Giselia para cuando Albertina nos dejara solos no pudieron decirse, porque Albertina, colocada testarudamente entre los dos, contestó cada vez más brevemente a sus preguntas, y por fin acabó por no contestar nada, de modo que la otra tuvo que ceder el campo. Censuré a Albertina su conducta, tan poco agradable. “Así aprenderá a ser más discreta. No es mala muchacha, pero es muy latosa. No tiene por qué ir a meter la nariz en todas partes. ¿Por qué se pega a nosotros sin que nadie se lo pida? Ha faltado el canto de un duro para que la mande a freír espárragos. Además, no me gusta que lleve el pelo así, eso da muy mal tono.” Miraba yo las mejillas a Albertina mientras que estaba hablando, y me preguntaba qué perfume y qué sabor tendrían; aquel día no tenía la tez fresca, sino lisa, de color rosa uniforme, violáceo, espeso, como esas rosas que parecen barnizadas de cera. A mí me entusiasmaban como le entusiasma a uno muchas veces una determinada flor. “No me he fijado bien en ella”, respondí yo. “Pues la ha mirado bastante: parecía como si quisiera usted hacerle un retrato”, me dijo Albertina, sin dejarse ablandar por la circunstancia de que ahora era ella a quien yo miraba fijamente. “Y no creo que le gustara a usted. No es nada flirt, ¿sabe?. Y a ustedes se me figura que le gustan las muchachas que flirtean. De todos modos, no tendrá ya muchas ocasiones de ser Pegajosa y de recibir sofiones, porque se marcha pronto a París.” “¿Y las otras amigas de usted se van también con ella?” “No; ella sola con la miss, porque tiene que repetir su examen; la pobreza necesitar empollar mucho. Lo cual no es muy divertido. Puede suceder que le toque a una un buen tema. ¡Hay casualidades tan grandes!... A una amiga nuestra le tocó éste: “Refiera usted un accidente que haya presenciado”. ¡Eso es suerte! Pero conozco una muchacha que tuvo que disertar, y en el ejercicio escrito, sobre esta cosa: “¿De quién preferiría usted ser amiga, de Alcestes o de Philinte?” Lo que hubiera yo sudado con eso. En primer lugar, no es una pregunta para muchachas. Las muchachas tienen amistad con amigas, pero no se debe dar por supuesto que se tratan con hombres. (Esta frase me hizo temblar, porque me indicaba las pocas probabilidades que yo tenía de entrar a formar parte de la cuadrilla mocil.) Pero, en fin, aunque la pregunta se haga a muchachos, ¿qué es lo que se le ocurriría a usted decir de eso? Ha habido padres que han escrito al Gaulois quejándose de lo difíciles que son semejantes cuestiones. Y lo más curioso es que en una colección de los mejores ejercicios de alumnos premiados, el tema sale desarrollado dos veces y de dos maneras opuestas. Todo depende del catedrático. Uno quería que se dijese que Philinte era un hombre adulador y bellaco, y, en cambio otro reconocía que había que admirara Alcestes, pero censuraba su aspereza y opinaba que era preferible como amigo Philinte. ¿Cómo quiere usted que las infelices estudiantes sepan a qué atenerse, cuando los catedráticos no están de acuerdo? Y eso no es nada, cada año está más difícil. Lo que es Giselia no podrá salir bien como no sea por una buena recomendación.” Volví al hotel; mi abuela no estaba; la esperé un buen rato, y cuando llegó le supliqué que me dejara ir a una excursión, en condiciones inesperadas que acaso durase cuarenta y ocho horas; almorcé con ella, pedí un coche y mandé que me llevara a la estación. A Giselia no le extrañaría verme; cuando hubiésemos transbordado en Donciéres en el tren de París había un vagón con pasillo, y allí, aprovechándome del sueño de la miss, podríamos buscar un rincón donde escondernos, y me citaría con Giselia para mi vuelta a París, que procuraría yo se realizase lo antes posible. La acompañaría hasta Caen o Evreux, según lo que ella prefiriera, y luego volvería en el primer tren. ¡Qué hubiera dicho Giselia si hubiese sabido que estuve dudando mucho tiempo entre ella y sus amigas, y que tan pronto quise enamorarme de ella, como de Albertina, de la otra muchacha de los ojos claros, o de Rosamunda! Sentía remordimientos, ahora que un recíproco amor nos iba a unir a Giselia y a mí. En este momento hubiese yo podido asegurar a Giselia con toda veracidad que Albertina ya no me gustaba. La había visto aquella mañana cuando se volvía casi de espaldas a mí para hablar a Giselia. Inclinaba la cabeza con gesto enfurruñado, y el pelo, que llevaba echado atrás, más negro que nunca, y distinto de otras veces, brillaba cual si Albertina acabase de bañarse. Me recordó un pollo que sale del agua, y aquel pelo me hizo encarnar en Albertina otra alma distinta de la –que hasta entonces se ocultaba tras la cara de violeta y la misteriosa mirada. Por un instante todo lo que pude ver de Albertina fué ese pelo brillante, y eso era lo único que seguía viendo. Nuestra memoria se parece a esas tiendas que exponen en sus escaparates una fotografía de una persona y al día siguiente otra distinta, pero de la misma persona. Y por lo general la más reciente es la única que recordamos. Mientras que el cochero arreaba al caballo, yo ya escuchaba las frases de gratitud y cariño que me decía Giselia, y que brotaban todas de su sonrisa bondadosa y su mano tendida de antes; y es que en los períodos de mi vida en que yo estaba enamorado y quería estarlo, llevaba en mí no sólo un ideal físico de belleza entrevista, y que reconocía de lejos en toda mujer que pasaba a distancia bastante para que sus facciones confusas no se opusieran a la identificación, sino también el fantasma moral –dispuesto siempre a encarnarse– de la mujer que se iba a enamorar de mí y a decirme las réplicas en aquella comedia amorosa que tenía yo escrita en la cabeza desde niño, comedia que a mi parecer estaba deseando representar toda muchacha amable con tal de que tuviese un mínimum de disposiciones físicas para su papel. En esta obra, y cualquiera que fuese la nueva actriz que yo traía para que estrenara o repitiera ese papel, la escena, las peripecias y el texto conservaban una forma ne varietur.
Quelques jours plus tard, malgré le peu d′empressement qu′Albertine avait mis à nous présenter, je connaissais toute la petite bande du premier jour, restée au complet à Balbec (sauf Gisèle, qu′à cause d′un arrêt prolongé devant la barrière de la gare, et un changement dans l′horaire, je n′avais pu rejoindre au train, parti cinq minutes avant mon arrivée, et à laquelle d′ailleurs je ne pensais plus) et en plus deux ou trois de leurs amies qu′à ma demande elles me firent connaître. Et ainsi l′espoir du plaisir que je trouverais avec une jeune fille nouvelle venant d′une autre jeune fille par qui je l′avais connue, la plus récente était alors comme une de ces variétés de roses qu′on obtient grâce à une rose d′une autre espèce. Et remontant de corolle en corolle dans cette chaîne de fleurs, le plaisir d′en connaître une différente me faisait retourner vers celle à qui je la devais, avec une reconnaissance mêlée d′autant de désir que mon espoir nouveau. Bientôt je passai toutes mes journées avec ces jeunes filles. Unos días después, y a pesar de las pocas ganas que Albertina tenía de presentarnos, ya conocía yo a toda la mocil bandada del primer día, que continuaba en Balbec completa (menos Giselia, a la que no pude ver en la estación, pues, con motivo de una larga parada en el portazgo y de un cambio de horas, llegué cuando ya hacía cinco minutos que había salido el tren, y ahora ya no me acordaba de ella); además, conocí a dos o tres amigas suyas que me presentaron porque yo se lo pedí. De suerte que como la esperanza del placer que había de causarme el trato con una muchacha nueva provenía de otra muchacha que me la había presentado, la más reciente venía a ser como una de esas variedades de rosas que se obtienen gracias a una rosa de otra especie. Y pasando de corola en corola por esta cadena de flores, la alegría de conocer a una más me impulsaba a volverme hacia aquella a quien se la debía, con gratitud tan llena de deseo como mi nueva esperanza. Al poco tiempo me pasaba todo el día con estas muchachas.
Hélas! dans la fleur la plus fraîche on peut distinguer les points imperceptibles qui pour l′esprit averti dessinent déjà ce qui sera, par la dessiccation ou la fructification des chairs aujourd′hui en fleur, la forme immuable et déjà prédestinée de la graine. On suit avec délices un nez pareil à une vaguelette qui enfle délicieusement une eau matinale et qui semble immobile, dessinable, parce que la mer est tellement calme qu′on ne perçoit pas la marée. Les visages humains ne semblent pas changer au moment qu′on les regarde parce que la révolution qu′ils accomplissent est trop lente pour que nous la percevions. Mais il suffisait de voir à côté de ces jeunes filles leur mère ou leur tante, pour mesurer les distances que sous l′attraction interne d′un type généralement affreux, ces traits auraient traversées dans moins de trente ans, jusqu′à l′heure du déclin des regards, jusqu′à celle où le visage passé tout entier au-dessous de l′horizon, ne reçoit plus de lumière. Je savais que aussi profond, aussi inéluctable que le patriotisme juif, ou l′atavisme chrétien chez ceux qui se croient le plus libérés de leur race, habitait sous la rose inflorescence d′Albertine, de Rosemonde, d′Andrée, inconnus à elles-mêmes, tenu en réserve pour les circonstances, un gros nez, une bouche proéminente, un embonpoint qui étonnerait mais était en réalité dans la coulisse, prêt à entrer en scène, tout comme tel dreyfusisme, tel cléricalisme soudain, imprévu, fatal, tel héroî²­e nationaliste et féodal, soudainement issus à l′appel des circonstances d′une nature antérieure à l′individu lui-même, par laquelle il pense, vit, évolue, se fortifie ou meurt, sans qu′il puisse la distinguer des mobiles particuliers qu′il prend pour elle. Même mentalement, nous dépendons des lois naturelles beaucoup plus que nous ne croyons et notre esprit possède d′avance comme certain cryptogame, comme telle graminée, les particularités que nous croyons choisir. Mais nous ne saisissons que les idées secondes sans percevoir la cause première (race juive, famille française, etc.) qui les produisait nécessairement et que nous manifestons au moment voulu. Et peut-être, alors que les unes nous paraissent le résultat d′une délibération, les autres d′une imprudence dans notre hygiène, tenons-nous de notre famille, comme les papillonacées la forme de leur graine, aussi bien les idées dont nous vivons que la maladie dont nous mourrons. Pero, ¡ay!, que en la flor más fresca ya se pueden distinguir esos puntos imperceptibles que para un alma despierta dibujan lo que habrá de ser, por la desecación o fructificación de las carnes que hoy están en flor, la forma inmutable y ya predestinada de la simiente. Observa uno con deleite una naricilla parecida a una menuda ola deliciosamente henchida de agua matinal y que al parecer está inmóvil, y se puede dibujar porque el mar se muestra tan tranquilo y no se nota el mover de la marea. Los rostros humanos parece que no cambian cuando se los está mirando, porque la revolución que sufren es harto lenta para que podamos percibirla. Pero bastaba con ver junto a esas muchachas a sus madres o a sus tías para medir las distancias que por atracción interna de un tipo, generalmente horrible, habrían atravesado esas facciones en menos de treinta años, hasta la hora en que el mirar decae y el rostro que traspasó la línea del horizonte ya no recibe luz alguna. Yo sabía que lo mismo que existe, profundo e ineluctable, el patriotismo judío o el atavismo cristiano en aquellos que se consideran más libres del espíritu de raza, así bajo la rosada inflorescencia de Albertina, de Rosamunda, de Andrea, vivían sin que ellas lo supieran, y en reserva para las circunstancias, una nariz basta, una boca saliente y una gordura que extrañaría pero que en realidad se hallaba ya entre bastidores, dispuesta a salir a escena; igual que una vena de dreyfusismo, de clericalismo, repentina, imprevista, fatal; igual que un heroísmo nacionalista y feudal surgido de pronto al conjuro de las circunstancias, de una naturaleza anterior al individuo mismo, y con la cual piensa, vive evoluciona, se fortifica o muere el hombre sin poder distinguirla de los móviles particulares con que la confunde. Hasta mentalmente dependemos de las leyes naturales mucho más de lo que nos figuramos, y –nuestra alma posee por anticipado, como una criptógama o gramínea determinada, las particularidades que se nos antojan escogidas por nosotros: Pero no somos capaces de aprehender más que las ideas secundarias, sin llegar a la causa primera (raza judía, familia francesa, etc.) que las produce necesariamente, y que se manifiesta en el momento que se desee: Y puede ser que aunque algunos pensamientos no nos parezcan resultado de una deliberación y ciertas dolencias efecto de una falta de higiene, tanto las ideas de que vivimos como la enfermedad de que morimos nos vengan de familia, como a las plantas amariposadas la forma de su simiente.
Comme sur un plant où les fleurs mûrissent à des époques différentes, je les avais vues, en de vieilles dames, sur cette plage de Balbec, ces dures graines, ces mous tubercules, que mes amies seraient un jour. Mais qu′importait? en ce moment c′était la saison des fleurs. Aussi quand Mme de Villeparisis m′invitait à une promenade, je cherchais une excuse pour n′être pas libre. Je ne fis de visites à Elstir que celles où mes nouvelles amies m′accompagnèrent. Je ne pus même pas trouver un après-midi pour aller à Doncières voir Saint-Loup, comme je le lui avais promis. Les réunions mondaines, les conversations sérieuses, voire une amicale causerie, si elles avaient pris la place de mes sorties avec ces jeunes filles, m′eussent fait le même effet qui si à l′heure du déjeuner on nous emmenait non pas manger, mais regarder un album. Les hommes, les jeunes gens, les femmes vieilles ou mûres, avec qui nous croyons nous plaire, ne sont portés pour nous que sur une plane et inconsistante superficie parce que nous ne prenons conscience d′eux que par la perception visuelle réduite à elle-même; mais c′est comme déléguée des autres sens qu′elle se dirige vers les jeunes filles; ils vont chercher l′une derrière l′autre les diverses qualités odorantes, tactiles, savoureuses, qu′ils goûtent ainsi même sans le secours des mains et des lèvres; et, capables, grâce aux arts de transposition, au génie de synthèse où excelle le désir, de restituer sous la couleur des joues ou de la poitrine, l′attouchement, la dégustation, les contacts interdits, ils donnent à ces filles la même consistance mielleuse qu′ils font quand ils butinent dans une roseraie, ou dans une vigne dont ils mangent des yeux les grappes. Allí en la playa de Balbec, cual plantío donde las flores se dan en épocas diferentes, había yo visto esas secas simientes, esos blandos tubérculos que mis amigas serían algún día. ¿Pero qué importaba eso? Ahora era el momento de las flores. Así que cuando la señora de Villeparisis me invitaba a un paseo, buscaba yo una excusa para no ir. No hice a Elstir más visitas que aquellas en que me acompañaron mis amigas: Ni siquiera pude encontrar una tarde para ir a Donciéres a ver a Saint–Loup, como se lo había prometido. El haber querido sustituir mis paseos con aquellas muchachas por una reunión mundana, una conversación seria o un coloquio de amigos me hubiese hecho el mismo efecto que si a la hora del almuerzo lo llevaran a uno no a comer, sino a ver un álbum. Los hombres jóvenes o viejos, las mujeres maduras o ancianas que a nosotros se nos figuran simpáticos los llevamos en realidad en una superficie plana e inconsistente, porque sólo tenemos conciencia de ellos por medio de la percepción visual reducida a sí misma; pero, en cambio, cuando esta percepción se dirige a una muchacha, va como delegada por los demás sentidos, que de ese moda buscan en una y en otra las cualidades de olor, de tacto y sabor, y las disfrutan sin la ayuda de manos ni labios; y como son capaces, gracias a las artes de transposición y al genio de síntesis, en que tanto sobresale el deseo, de reconstituir tras el color de las mejillas o del pecho la sensación de tacto y sabor, los roces vedados, resulta que dan a esas muchachas la misma consistencia melosa que a las rosas o a las uvas, cuando andan merodeando por una rosaleda o una viña, y se comen las flores o las frutas con los ojos.
S′il pleuvait, bien que le mauvais temps n′effrayât pas Albertine qu′on voyait souvent dans son caoutchouc, filer en bicyclette sous les averses, nous passions la journée dans le casino où il m′eût paru ces jours-là impossible de ne pas aller. J′avais le plus grand mépris pour les demoiselles d′Ambresac qui n′y étaient jamais entrées. Et j′aidais volontiers mes amies à jouer de mauvais tours au professeur de danse. Nous subissions généralement quelques admonestations du tenancier ou des employés usurpant un pouvoir directorial parce que mes amies, même Andrée qu′à cause de cela j′avais cru le premier jour une créature si dionysiaque et qui était au contraire frêle, intellectuelle, et cette année-là fort souffrante, mais qui obéissait malgré cela moins à l′état de sa santé qu′au génie de cet âge qui emporte tout et confond dans la gaîté les malades et les vigoureux, ne pouvaient pas aller au vestibule à la salle des fêtes, sans prendre leur élan, sauter par-dessus toutes les chaises, revenir sur une glissade en gardant leur équilibre par un gracieux mouvement de bras, en chantant, mêlant tous les arts, dans cette première jeunesse, à la façon de ces poètes des anciens âges pour qui les genres ne sont pas encore séparés, et qui mêlent dans un poème épique les préceptes agricoles aux enseignements théologiques. Cuando llovía, aunque el mal tiempo no asustaba a Albertina y se la veía frecuentemente corriendo en bicicleta con su impermeable, aguantando los chaparrones, nos metíamos en el Casino que ahora me parecía imprescindible para semejantes días. Despreciaba profundamente a las señoritas de Ambresac porque no habían entrado allí nunca. Y ayudaba con mucho gusto a mis amigas a hacer malas pasadas al profesor de baile. Por lo general, nos ganábamos algunas amonestaciones del arrendatario o de los empleados, que usurpaban poderes dictatoriales, porque mis amigas, hasta la misma Andrea (que precisamente por lo del salto se me figuró el primer día una criatura tan dionisíaca, y era, por el contrario, frágil, intelectual, y aquel año muy enfermiza, pero que, a pesar de eso, obedecía más que a su estado de salud al genio de la edad, que lo arrastra todo y confunde en la alegría a sanos y enfermos), no podían ir del vestíbulo al salón de fiestas sin tomar carrerilla y saltar por encima de las sillas, y volvían dejándose resbalar, como si patinaran, y guardando el equilibrio con un gracioso movimiento del brazo,′ al propio tiempo que cantaban, mezclando así todas las artes en esta primera juventud, al modo de los poetas de los tiempos antiguos, para quienes los géneros no están aún separados y unen en un poema épico preceptos agrícolas y enseñanzas teológicas.
Cette Andrée qui m′avait paru la plus froide le premier jour était infiniment plus délicate, plus affectueuse, plus fine qu′Albertine à qui elle montrait une tendresse caressante et douce de grande sur. Elle venait au casino s′asseoir à côté de moi et savait — au contraire d′Albertine — refuser un tour de valse ou même si j′étais fatigué renoncer à aller au casino pour venir à l′hôtel. Elle exprimait son amitié pour moi, pour Albertine, avec des nuances qui prouvaient la plus délicieuse intelligence des choses du cur, laquelle était peut-être due en partie à son état maladif. Elle avait toujours un sourire gai pour excuser l′enfantillage d′Albertine qui exprimait avec une violence naîµ¥ la tentation irrésistible qu′offraient pour elle des parties de plaisir auxquelles elle ne savait pas, comme Andrée, préférer résolument de causer avec moi . . . Quand l′heure d′aller à un goûter donné au golf approchait, si nous étions tous ensemble à ce moment-là, elle se préparait, puis venant à Andrée: «Hé bien, Andrée, qu′est-ce que tu attends pour venir, tu sais que nous allons goûter au golf.» «Non, je reste à causer avec lui», répondait Andrée en me désignant. «Mais tu sais que Madame Durieux t′a invitée», s′écriait Albertine, comme si l′intention d′Andrée de rester avec moi ne pouvait s′expliquer que par l′ignorance où elle devait être qu′elle avait été invitée. «Voyons, ma petite, ne sois pas tellement idiote», répondait Andrée. Albertine n′insistait pas, de peur qu′on lui proposât de rester aussi. Elle secouait la tête: «Fais à ton idée, répondait-elle, comme on dit à un malade qui par plaisir se tue à petit feu, moi je me trotte, car je crois que ta montre retarde», et elle prenait ses jambes à son cou. «Elle est charmante, mais inou#187;, disait Albertine en enveloppant son amie d′un sourire qui la caressait et la jugeait à la fois. Si, en ce goût du divertissement Albertine avait quelque chose de la Gilberte des premiers temps c′est qu′une certaine ressemblance existe tout en évoluant, entre les femmes que nous aimons successivement, ressemblance qui tient à la fixité de notre tempérament parce que c′est lui qui les choisit, éliminant toutes celles qui ne nous seraient pas à la fois opposées et complémentaires, c′est-à-dire propres à satisfaire nos sens et à faire souffrir notre cur. Elles sont, ces femmes, un produit de notre tempérament, une image, une projection renversée, un «négatif» de notre sensibilité. De sorte qu′un romancier pourrait au cours de la vie de son héros, peindre presque exactement semblables ses successives amours, et donner par là l′impression non de s′imiter lui-même mais de créer, puisqu′il y a moins de force dans une innovation artificielle que dans une répétition destinée à suggérer une vérité neuve. Encore devrait-il noter dans le caractère de l′amoureux, un indice de variation qui s′accuse au fur et à mesure qu′on arrive dans de nouvelles régions, sous d′autres latitudes de la vie. Et peut-être exprimerait-il encore une vérité de plus si, peignant pour ses autres personnages des caractères, il s′abstenait d′en donner aucun à la femme aimée. Nous connaissons le caractère des indifférents, comment pourrions-nous saisir celui d′un être qui se confond avec notre vie, que bientôt nous ne séparons plus de nous-même, sur les mobiles duquel nous ne cessons de faire d′anxieuses hypothèses, perpétuellement remaniées. S′élançant d′au delà de l′intelligence, notre curiosité de la femme que nous aimons, dépasse dans sa course, le caractère de cette femme, nous pourrions nous y arrêter que sans doute nous ne le voudrions pas. L′objet de notre inquiète investigation est plus essentiel que ces particularités de caractère, pareilles à ces petits losanges d′épiderme dont les combinaisons variées font l′originalité fleurie de la chair. Notre radiation intuitive les traverse et les images qu′elle nous rapporte ne sont point celles d′un visage particulier mais représentent la morne et douloureuse universalité d′un squelette. Esa Andrea, que el primer día me pareció la más fría de todas, era muchísimo más delicada, afectuosa y fina que Albertina, a la que trataba con cariñosa y acariciadora ternura de hermana mayor. En el Casino iba a sentarse a mi lado y sabía –a diferencia de Albertina-prescindir de un vals o hasta de ir al Casino cuando yo no me encontraba bien, para venir al hotel. Expresaba su amistad a Albertina y a mí con matices que revelaban deliciosísirna comprensión de las cosas del afecto, comprensión acaso debida en parte a su estado enfermizo. Siempre sabía poner una sonrisa alegre para disculpar el infantilismo de Albertina, la cual expresaba con ingenua violencia la tentación irresistible que le ofrecían las diversiones, sin saber, como Andrea, renunciar a ellas y estarse mejor hablando conmigo. Cuando se acercaba la hora de una merienda en el golf, si estábamos todos juntos Albertina se preparaba y se acercaba a Andrea –Andrea, ¿qué estás esperando ahí? Ya sabes que hoy vamos a merendar al golf. –No; yo me quedo hablando con él –respondía Andrea, señalándome a mí. –Pero sabes que la señora de Durieux te ha invitado – exclamaba Albertina, como si la intención de Andrea de quedarse conmigo sólo se explicara por su ignorancia de que estaba invitada. –Bueno, hija, no seas tonta –respondía Andrea. Albertina no insistía más, temerosa de que le propusieran quedarse también. Sacudía la cabeza. –Pues salte con la tuya –respondía, corno se le dice a un enfermo que se reata por placer poco a poco–; yo me largo porque me parece que tu reloj va atrasado. Y salía a escape. “Es deliciosa, pero absurda”, decía Andrea, envolviendo a su amiga en una sonrisa que era a la par caricia y juicio. Si Albertina se parecía algo, en esta afición a las diversiones, a la Gilberta de la primera época, es porque hay una. cierta semejanza, aunque vaya evolucionando, entre las mujeres que nos enamoran sucesivamente, semejanza que proviene de la fijeza de nuestro temperamento, puesto que él es quien las escoge y elimina a todas aquellas que no sean a la vez opuestas y complementarias, es decir, adecuadas para dar satisfacción a nuestros sentidos y dolor a nuestro corazón. Son estas mujeres un producto de nuestro temperamento, una imagen, una proyección invertida, un “negativo” de nuestra sensibilidad. De modo que un novelista podría muy bien pintar durante el curso de la vida de su héroe casi exactamente iguales sus amores sucesivos, y con eso dar la impresión no de imitarse a sí mismo, sino de crear, puesto que menos fuerza demuestra una innovación artificial que una repetición destinada a sugerir una verdad nueva. Debería anotar además en o carácter del enamorado un índice de variación que se acusa a medida que va llegando a nuevas regiones y a otras latitudes de la vida. Y acaso lograría expresar una verdad más si pintara los caracteres de todos los personajes, pero guardándose de atribuir carácter alguno a la mujer amada. Porque conocemos nosotros el carácter de las personas que nos son indiferentes; pero cómo nos va a ser posible comprender el carácter de un ser que se confunde con nuestra vida, y que ya no llegamos a separar de nosotros y sobre cuyos móviles hacemos constantemente ansiosas hipótesis, perpetuamente retocadas? `Nuestra curiosidad por la mujer amada se lanza más allá de la inteligencia; en su carrera deja atrás el carácter de esa mujer, y aunque pudiéramos pararnos en ese punto, ya no nos darían ganas de hacerlo. El objeto de muestra inquietante investigación es más esencial que esas particularidades de carácter, semejantes a esos dibujillos de la epidermis cuyas variadas combinaciones forman la florida originalidad de la carne. Nuestra intuitiva radiación las atraviesa, y las imágenes que nos trae no son imágenes de un rostro determinado, sino que representan la triste y dolorosa universalidad de un esqueleto.
Comme Andrée était extrêmement riche, Albertine pauvre et orpheline, Andrée avec une grande générosité la faisait profiter de son luxe. Quant à ses sentiments pour Gisèle ils n′étaient pas tout à fait ceux que j′avais crus. On eut en effet bientôt des nouvelles de l′étudiante et quand Albertine montra la lettre qu′elle en avait reçue, lettre destinée par Gisèle à donner des nouvelles de son voyage et de son arrivée à la petite bande, en s′excusant sur sa paresse de ne pas écrire encore aux autres, je fus surpris d′entendre Andrée, que je croyais brouillée à mort avec elle, dire: «Je lui écrirai demain, parce que si j′attends sa lettre d′abord, je peux attendre longtemps, elle est si négligente.» Et se tournant vers moi elle ajouta: «Vous ne la trouveriez pas très remarquable évidemment, mais c′est une si brave fille et puis j′ai vraiment une grande affection pour elle.» Je conclus que les brouilles d′Andrée ne duraient pas longtemps. Como Andrea era muy rica y Albertina una pobre huérfana, Andrea, con suma generosidad, hacía que su amiga se aprovechara de su lujo. Los sentimientos que le inspiraba Giselia no eran exactamente los que yo me había figurado. Pronto se tuvieron noticias de la estudiante, y cuando Albertina enseñó la carta en la que Giselia daba noticias de su viaje y llegada a toda la cuadrilla, excusándose por no escribir a las demás, me sorprendió oír decir a Andrea, a la que yo suponía reñida mortalmente con Giselia: “Yo le voy a escribir mañana, porque si espero carta suya ya puedo esperar sentada, con lo perezosa que es”. Y añadió, volviéndose hacia mí: “Usted puede que no la haya considerado como una gran cosa; pero es una buena muchacha y yo la tengo en mucha estima”. De eso deduje que los enfados de Andrea no solían durar mucho.
Sauf ces jours de pluie, comme nous devions aller en bicyclette sur la falaise ou dans la campagne, une heure d′avance je cherchais à me faire beau et gémissais si Françoise n′avait pas bien préparé mes affaires. Or, même à Paris, elle redressait fièrement et rageusement sa taille que l′âge commençait à courber, pour peu qu′on la trouvât en faute, elle humble, elle modeste et charmante quand son amour-propre était flatté. Comme il était le grand ressort de sa vie, la satisfaction et la bonne humeur de Françoise étaient en proportion directe de la difficulté des choses qu′on lui demandait. Celles qu′elle avait à faire à Balbec étaient si aisées qu′elle montrait presque toujours un mécontentement qui était soudain centuplé et auquel s′alliait une ironique expression d′orgueil quand je me plaignais, au moment d′aller retrouver mes amies, que mon chapeau ne fût pas brossé, ou mes cravates en ordre. Elle qui pouvait se donner tant de peine sans trouver pour cela qu′elle eût rien fait, à la simple observation qu′un veston n′était pas à sa place, non seulement elle vantait avec quel soin elle l′avait «renfermé plutôt que non pas le laisser à la poussière», mais prononçant un éloge en règle de ses travaux, déplorait que ce ne fussent guère des vacances qu′elle prenait à Balbec, qu′on ne trouverait pas une seconde personne comme elle pour mener une telle vie. «Je ne comprends pas comment qu′on peut laisser ses affaires comme ça et allez-y voir si une autre saurait se retrouver dans ce pêle et mêle. Le diable lui-même y perdrait son latin.» Ou bien elle se contentait de prendre un visage de reine, me lançant des regards enflammés, et gardait un silence rompu aussitôt qu′elle avait fermé la porte et s′était engagée dans le couloir; il retentissait alors de propos que je devinais injurieux, mais qui restaient aussi indistincts que ceux des personnages qui débitent leurs premières paroles derrière le portant avant d′être entrés en scène. D′ailleurs, quand je me préparais ainsi à sortir avec mes amies, même si rien ne manquait et si Françoise était de bonne humeur elle se montrait tout de même insupportable. Car se servant de plaisanteries que dans mon besoin de parler de ces jeunes filles je lui avais faites sur elles, elle prenait un air de me révéler ce que j′aurais mieux su qu′elle si cela avait été exact, mais ce qui ne l′était pas car Françoise avait mal compris. Elle avait comme tout le monde son caractère propre; une personne ne ressemble jamais à une voie droite, mais nous étonne de ses détours singuliers et inévitables dont les autres ne s′aperçoivent pas et par où il nous est pénible d′avoir à passer. Chaque fois que j′arrivais au point: «Chapeau pas en place», «nom d′Andrée ou d′Albertine», j′étais obligé par Françoise de m′égarer dans les chemins détournés et absurdes qui me retardaient beaucoup. Il en était de même quand je faisais préparer des sandwichs au chester et à la salade et acheter des tartes que je mangerais à l′heure du goûter, sur la falaise, avec ces jeunes filles et qu′elles auraient bien pu payer à tour de rôle si elles n′avaient été aussi intéressées, déclarait Françoise au secours de qui venait alors tout un atavisme de rapacité et de vulgarité provinciales et pour laquelle on eût dit que l′âme divisée de la défunte Eulalie s′était incarnée plus gracieusement qu′en Saint-Eloi, dans les corps charmants de mes amies de la petite bande. J′entendais ces accusations avec la rage de me sentir buter à un des endroits à partir desquels le chemin rustique et familier qu′était le caractère de Françoise devenait impraticable, pas pour longtemps heureusement. Puis le veston retrouvé et les sandwichs prêts, j′allais chercher Albertine, Andrée, Rosemonde, d′autres parfois, et, à pied ou en bicyclette, nous partions. Como todos los días, excepto los de lluvia, íbamos en bicicleta a los acantilados o al campo, yo me dedicaba a componerme con una hora de anticipación y me lamentaba cuando Francisca no había preparado bien mis cosas. Y Francisca, aun en París, en cuanto la encontraban en falta, y a pesar de que los años ya la iban encorvando, se ponía muy tiesa, toda llena de orgullo y de rabia, ella, tan modesta, humilde y simpática cuando se veía halagado su amor propio. Como ese amor propio era el resorte capital de su vida, la satisfacción y el buen humor de Francisca estaban en razón directa de la dificultad de las cosas que le mandaban. Y las que tenía que hacer en Balbec eran tan fáciles, que Francisca casi siempre daba muestras de descontento, el cual se centuplicaba y crecía con irónica expresión de orgullo cuando yo me quejaba en el momento de ir en busca de mis amigas de que no me habia cepillado el sombrero o de que mis corbatas no estaban ordenadas. Ella, tan capaz de darse un gran trabajo y de decir luego que eso no era nada, al oír que una americana no estaba en su sitio, no sólo se jactaba del mucho cuidado con que “la guardó para que no cogiera polvo”, sino que pronunciaba elogio en regla de sus trabajos, diciendo que aquel descanso de Balbec no era descanso y que no había en el mundo dos personas capaces de soportar esa vida. “Yo no sé cómo puede uno dejar todo tirado por aquí y por allá, y luego a ver quién se las entiende con ese revoltijo. Hasta el diablo perdería el seso.” O se contentaba con poner cara de reina, lanzándome miradas incendiarias y manteniendo silencio absoluto, que rompía en cuanto salía del cuarto y empezaba a andar por el pasillo; entonces se oían por E′ corredor frases que debían ser injuriosas, pero indistintas, como las de esos personajes que pronuncian las primeras palabras de su papel detrás de un bastidor, antes de entrar en escena. Y siempre que me preparaba yo a salir con mis amigas, aunque no faltara nada y Francisca estuviese de buen humor, se mostraba insoportable. Porque yo, en mi necesidad de hablar de aquellas muchachas, había dicho a Francisca unas cuantas bromas a ellas referentes, y ahora nuestra criada me las repetía, pero con un tono como de revelarme cosas que no eran ciertas, porque Francisca me había entendido mal, pero que, aun en caso de haberlo sido, las hubiese sabido yo antes que ella. Tenía, como todo el mundo, su carácter peculiar; una persona no se parece nunca a un camino recto, sino que nos asombra con sus imprevistos e inevitables rodeos, que los demás no ven, y por los que nos cuesta mucho trabajo pasar. Cada vez que llegaba yo a lo de: "¡El sombrero no está en su sitio!", o "¡Por vida de Andrea o de Albertina!", Francisca me obligaba a perderme por caminos extraviados y absurdos que me hacían gastar mucho tiempo. Lo mismo sucedía cuando le mandaba preparar bocadillos de queso o ensalada o comprar tartas para comerlas con mis amigas a la hora de la merienda; Francisca decía que ellas debían corresponder y convidarme también si no fuesen tan interesadas, porque entonces la asaltaba un atavismo de rapacidad y vulgaridad provincianas, como si el alma de la difunta Eulalia, a quien tanto envidió, se hubiera ido a encarnar, más graciosamente que en San Eloy, en los deliciosos cuerpos de mis amigas. Oía yo esas acusaciones de rabia de sentir que había llegado a uno de esos sitios en que el camino rústico y familiar que era el carácter de Francisca se ponía impracticable, felizmente no por mucho tiempo. Y cuando la americana había parecido y los bocadillos estaban preparados, me iba en busca de Andrea, Albertina y Rosamunda, y a veces de algunas.
Autrefois j′eusse préféré que cette promenade eût lieu par le mauvais temps. Alors je cherchais à retrouver dans Balbec «le pays des Cimmériens», et de belles journées étaient une chose qui n′aurait pas dû exister là, une intrusion du vulgaire été des baigneurs dans cette antique région voilée par les brumes. Mais maintenant, tout ce que j′avais dédaigné, écarté de ma vue, non seulement les effets de soleil, mais même les régates, les courses de chevaux, je l′eusse recherché avec passion pour la même raison qu′autrefois je n′aurais voulu que des mers tempétueuses, et qui était qu′elles se rattachaient, les unes comme autrefois les autres à une idée esthétique. C′est qu′avec mes amies nous étions quelquefois allés voir Elstir, et les jours où les jeunes filles étaient là, ce qu′il avait montré de préférence, c′était quelques croquis d′après de jolies yachtswomen ou bien une esquisse prise sur un hippodrome voisin de Balbec. J′avais d′abord timidement avoué à Elstir que je n′avais pas voulu aller aux réunions qui y avaient été données. «Vous avez eu tort, me dit-il, c′est si joli et si curieux aussi. D′abord cet être particulier, le jockey, sur lequel tant de regards sont fixés, et qui devant le paddock est là morne, grisâtre dans sa casaque éclatante, ne faisant qu′un avec le cheval caracolant qu′il ressaisit, comme ce serait intéressant de dégager ses mouvements professionnels, de montrer la tache brillante qu′il fait et que fait aussi la robe des chevaux, sur le champ de courses. Quelle transformation de toutes choses dans cette immensité lumineuse d′un champ de courses où on est surpris par tant d′ombres, de reflets, qu′on ne voit que là. Ce que les femmes peuvent y être jolies! La première réunion surtout était ravissante, et il y avait des femmes d′une extrême élégance, dans une lumière humide, hollandaise, où l′on sentait monter dans le soleil même, le froid pénétrant de l′eau. Jamais je n′ai vu de femmes arrivant en voiture, ou leurs jumelles aux yeux, dans une pareille lumière qui tient sans doute à l′humidité marine. Ah! que j′aurais aimé la rendre; je suis revenu de ces courses, fou, avec un tel désir de travailler!» Puis il s′extasia plus encore sur les réunions du yachting que sur les courses de chevaux et je compris que des régates, que des meetings sportifs où des femmes bien habillées baignent dans la glauque lumière d′un hippodrome marin, pouvaient être pour un artiste moderne motifs aussi intéressants que les fêtes qu′ils aimaient tant à décrire pour un Véronèse ou un Carpaccio. «Votre comparaison est d′autant plus exacte, me dit Elstir, qu′à cause de la ville où ils peignaient, ces fêtes étaient pour une part nautiques. Seulement, la beauté des embarcations de ce temps-là résidait le plus souvent dans leur lourdeur, dans leur complication. Il y avait des joutes sur l′eau, comme ici, données généralement en l′honneur de quelque ambassade pareille à celle que Carpaccio a représentée dans la Légende de Sainte Ursule. Les navires étaient massifs, construits comme des architectures, et semblaient presque amphibies comme de moindres Venises au milieu de l′autre, quand amarrés à l′aide de ponts volants, recouverts de satin cramoisi et de tapis persans ils portaient des femmes en brocart cerise ou en damas vert, tout près des balcons inscrustés de marbres multicolores où d′autres femmes se penchaient pour regarder, dans leurs robes aux manches noires à crevés blancs serrés de perles ou ornés de guipures. On ne savait plus où finissait la terre, où commençait l′eau, qu′est-ce qui était encore le palais ou déjà le navire, la caravelle, la galéasse, le Bucentaure.» Albertine écoutait avec une attention passionnée ces détails de toilette, ces images de luxe que nous décrivait Elstir. «Oh! je voudrais bien voir les guipures dont vous me parlez, c′est si joli le point de Venise, s′écriait-elle; d′ailleurs j′aimerais tant aller à Venise.» Otras veces me hubiese gustado que los paseos fueran en días de mal tiempo. Entonces quería yo descubrir en Balbec “la tierra de los Cimerios”, y los días buenos eran una cosa que no debía existir allí, una intrusión del vulgar verano de los bañistas en esta vieja región de las brumas. Pero ahora, todo aquello que antes desdeñaba, sin hacerle caso, no sólo los efectos del sol, sino las regatas, las carreras de caballos, habríalo buscado con ansia por la misma razón que antes me impulsaba a desear únicamente mares tempestuosos, y es que tanto una cosa como otra se referían a una idea estética. Y es porque mis amigas y yo habíamos ido algunas tardes a ver a Elstir, y cuando las muchachas estaban allí, a Elstir lo que más le gustaba enseñarnos eran apuntes de lindas yachtwomen o dibujos hechos en un hipódromo de cerca de Balbec. Yo al principio confesé tímidamente a Elstir que no quise ir a las carreras que allí se habían celebrado. “Ha hecho usted mal –me dijo–, es muy curioso y muy bonito. En primer lugar, hay ese ser raro, el jockey, en el que se posan tantas miradas, y que está allí delante del paddock, serio, gris, con su casaca brillante, formando un todo con el caballo que retiene. ¡Ya ve usted si tendría interés sorprender sus movimientos profesionales, la mancha que ponen él y las cubiertas de los caballos en el campo de carreras, con tantas sombras y reflejos que sólo allí se ven! ¡Y qué bonitas suelen estar allí las mujeres! Sobre todo el primer día de carreras fué delicioso: había mujeres elegantísimas, en medio de una luz húmeda, holandesa, en la que se sentía subir, hasta en los mismos sitios del sol, el frío penetrante del agua. Nunca había visto ese tipo de mujer que llega en coche o la que está mirando con los gemelos, en una luz tan bonita, sin duda debida a la humedad del mar. ¡Cuánto me hubiera gustado pintarla! Volví de las carreras loco, con un deseo enorme de trabajar.” Se extasió aún más hablando de las regatas, y comprendí que tanto las carreras como las reuniones de yachting, todos los meetings deportivos donde hay mujeres elegantemente vestidas bañándose en la glauca luz de un hipódromo marino, pueden ser para un artista moderno temas tan interesantes como las fiestas aquellas que tanto gustaban de describirnos un Veronés o un Carpaccio. “Su comparación de usted es muy exacta – me dijo Elstir–, porque la ciudad donde ellos pintaban esas fiestas es en parte ciudad náutica. Ahora, que la belleza de las embarcaciones de aquella época consistía, por lo general, en su pesadez, en su complicación. Había torneos marítimos, como aquí, dados, por lo general, en honor de alguna embajada como la que Carpaccio representó en “La leyenda de Santa Ursula”. Los barcos eran macizos, construidos al modo de edificios, y casi parecían anfibios, como Venecias chicas dentro de la Venecia grande, cuando, unidos por puentes volantes y cubiertos de raso carmesí y de tapices persas, llevaban su carga de mujeres con trajes de brocado color cereza o de verde damasco junto a los grandes balcones incrustados de mármoles multicolores en donde estaban asomadas, mirando, otras damas, con sus trajes de negras mangas con vueltas blancas, bordadas de perlas o exornadas con encajes. No se sabía dónde acababa la tierra y dónde empezaba el agua, y ni si se estaba aún en un palacio o se había pasado ya al navío, a la carabela, a la galeaza, al Bucentauro”. Albertina escuchaba con ardorosa atención todos esos detalles de trajes e imágenes de lujo que nos describía Elstir. ¡Cuánto me gustaría ver esas blondas que dice usted! ¡Es tan bonito el punto de Venecia!... exclamó-. De qué buena gana iría a Venecia!” me iba en busca de Andrea, Albertina y Rosamunda, y a veces de algunas
«Vous pourrez peut-être bientôt, lui dit Elstir, contempler les étoffes merveilleuses qu′on portait là-bas. On ne les voyait plus que dans les tableaux des peintres vénitiens, ou alors très rarement dans les trésors des églises, parfois même il y en avait une qui passait dans une vente. Mais on dit qu′un artiste de Venise, Fortuny, a retrouvé le secret de leur fabrication et qu′avant quelques années les femmes pourront se promener, et surtout rester chez elles dans des brocarts aussi magnifiques que ceux que Venise ornait, pour ses patriciennes, avec des dessins d′Orient. Mais je ne sais pas si j′aimerai beaucoup cela, si ce ne sera pas un peu trop costume anachronique, pour des femmes d′aujourd′hui, même paradant aux régates, car pour en revenir à nos bateaux modernes de plaisance, c′est tout le contraire que du temps de Venise, «Reine de l′Adriatique». Le plus grand charme d′un yacht, de l′ameublement d′un yacht, des toilettes de yachting, est leur simplicité de choses de la mer, et j′aime tant la mer. Je vous avoue que je préfère les modes d′aujourd′hui aux modes du temps de Véronèse et même de Carpaccio. Ce qu′il y a de joli dans nos yachts — et dans les yachts moyens surtout, je n′aime pas les énormes, trop navires, c′est comme pour les chapeaux, il y a une mesure à garder — c′est la chose unie, simple, claire, grise, qui par les temps voilés, bleuâtres, prend un flou crémeux. Il faut que la pièce où l′on se tient ait l′air d′un petit café. Les toilettes des femmes sur un yacht c′est la même chose; ce qui est gracieux, ce sont ces toilettes légères, blanches et unies, en toile, en linon, en pékin, en coutil, qui au soleil et sur le bleu de la mer font un blanc aussi éclatant qu′une voile blanche. Il y a très peu de femmes du reste qui s′habillent bien, quelques-unes pourtant sont merveilleuses. Aux courses, Mlle Léa avait un petit chapeau blanc et une petite ombrelle blanche, c′était ravissant. Je ne sais pas ce que je donnerais pour avoir cette petite ombrelle.» J′aurais tant voulu savoir en quoi cette petite ombrelle différait des autres, et pour d′autres raisons, de coquetterie féminine, Albertine l′aurait voulu plus encore. Mais comme Françoise qui disait pour les soufflés: «C′est un tour de main», la différence était dans la coupe. «C′était, disait Elstir, tout petit, tout rond, comme un parasol chinois.» Je citai les ombrelles de certaines femmes, mais ce n′était pas cela du tout. Elstir trouvait toutes ces ombrelles affreuses. Homme d′un goût difficile et exquis, il faisait consister dans un rien qui était tout, la différence entre ce que portait les trois quarts des femmes et qui lui faisait horreur et une jolie chose qui le ravissait, et au contraire de ce qui m′arrivait à moi pour qui tout luxe était stérilisant, exaltait son désir de peintre «pour tâcher de faire des choses aussi jolies». «Tenez, voilà une petite qui a déjà compris comment étaient le chapeau et l′ombrelle, me dit Elstir en me montrant Albertine, dont les yeux brillaient de convoitise. «Comme j′aimerais être riche pour avoir un yacht, dit-elle au peintre. Je vous demanderais des conseils pour l′aménager. Quels beaux voyages je ferais. Et comme ce serait joli d′aller aux régates de Cowes. Et une automobile! Est-ce que vous trouvez que c′est joli les modes des femmes pour les automobiles» «Non, répondait Elstir, mais cela sera. D′ailleurs, il y a peu de couturière, un ou deux, Callot, quoique donnant un peu trop dans la dentelle, Doucet, Cheruit, quelquefois Paquin. Le reste sont des horreurs.» «Mais alors, il y a une différence immense entre une toilette de Callot et celle d′un couturier quelconque», demandai-je à Albertine. «Mais énorme, mon petit bonhomme, me répondit-elle. Oh! pardon. Seulement, hélas! ce qui coûte trois cents francs ailleurs coûte deux mille francs chez eux. Mais cela ne se ressemble pas, cela a l′air pareil pour les gens qui n′y connaissent rien.» »Parfaitement, répondit Elstir, sans aller pourtant jusqu′à dire que la différence soit aussi profonde qu′entre une statue de la cathédrale de Reims et de l′église Saint-Augustin.» «Tenez, à propos de cathédrales, dit-il en s′adressant spécialement à moi, parce que cela se référait à une causerie à laquelle ces jeunes filles n′avaient pas pris part et qui d′ailleurs ne les eût nullement intéressées, je vous parlais l′autre jour de l′église de Balbec comme d′une grande falaise, une grande levée des pierres du pays, mais inversement, me dit-il en me montrant une aquarelle, regardez ces falaises (c′est une esquisse prise tout près d′ici, aux Creuniers), regardez comme ces rochers puissamment et délicatement découpés font penser à une cathédrale.» En effet, on eût dit d′immenses arceaux roses. Mais peints par un jour torride, ils semblaient réduits en poussière, volatilisés par la chaleur, laquelle avait à demi bu la mer, presque passée, dans toute l′étendue de la toile, à l′état gazeux. Dans ce jour où la lumière avait comme détruit la réalité, celle-ci était concentrée dans des créatures sombres et transparentes qui par contraste donnaient une impression de vie plus saisissante, plus proche: les ombres. Altérées de fraîcheur, la plupart, désertant le large enflammé s′étaient réfugiées au pied des rochers, à l′abri du soleil; d′autres nageant lentement sur les eaux comme des dauphins s′attachaient aux flancs de barques en promenade dont elles élargissaient la coque, sur l′eau pâle, de leur corps verni et bleu. C′était peut-être la soif de fraîcheur communiquée par elles qui donnait le plus la sensation de la chaleur de ce jour et qui me fit m′écrier combien je regrettais de ne pas connaître les Creuniers. Albertine et Andrée assurèrent que j′avais dû y aller cent fois. En ce cas, c′était sans le savoir, ni me douter qu′un jour leur vue pourrait m′inspirer une telle soif de beauté, non pas précisément naturelle comme celle que j′avais cherchée jusqu′ici dans les falaises de Balbec, mais plutôt architecturale. Surtout moi qui, parti pour voir le royaume des tempêtes, ne trouvais jamais dans mes promenades avec Mme de Villeparisis où souvent nous ne l′apercevions que de loin, peint dans l′écartement des arbres, l′océan assez réel, assez liquide, assez vivant, donnant assez l′impression de lancer ses masses d′eau et qui n′aurais aimé le voir immobile que sous un linceul hivernal de brume, je n′eusse guère pu croire que je rêverais maintenant d′une mer qui n′était plus qu′une vapeur blanchâtre ayant perdu la consistance et la couleur. Mais cette mer, Elstir, comme ceux qui rêvaient dans ces barques engourdies par la chaleur, en avait, jusqu′à une telle profondeur, goûté l′enchantement qu′il avait su rapporter, fixer sur sa toile, l′imperceptible reflux de l′eau, la pulsation d′une minute heureuse; et on était soudain devenu si amoureux, en voyant ce portrait magique, qu′on ne pensait plus qu′à courir le monde pour retrouver la journée enfuie, dans sa grâce instantanée et dormante. “Quizá pueda usted ver pronto –le dijo Elstir– esas telas maravillosas que allí se llevaban. Hasta ahora sólo se veían en los cuadros de los pintores venecianos o en los tesoros de algunas iglesias; alguna salía a la venta de tarde en tarde. Pero dicen que un artista veneciano,Fortuny, ha dado con el secreto de su fabricación y que dentro de algunos años las mujeres podrán lucir en sus paseos, y sobre todo en su casa, brocados tan espléndidos como aquellos que Venecia adornaba con dibujos de Oriente para dedicárselos a sus damas patricias. Pero yo no sé si eso llegaría a gustarme del todo. Si no resultará un poco anacrónico para mujeres de hoy, aun luciéndose en unas regatas; porque, volviendo a nuestros barcos modernos de recreo, son todo lo contrario de los tiempos de Venecia, “reina del Adriático”. El encanto supremo de un yate, del modo de amueblar un yate, de las toilettes del yachting, es su sencillez de cosa marina, y ¡como a mí me gusta tanto el mar...! Confieso a ustedes que prefiero las modas de hoy a las modas de la época del Veronés y hasta de Carpaccio. Lo que tienen de bonito nuestros yates –sobre todo los medianos; a mí no me gustan los barcos enormes, grandotes; pasa como con los sombreros: hay que respetar un cierto límite de proporción– es esa cosa lisa, sencilla, clara, gris, que cuando el tiempo está velado toma una suavidad de crema. Es menester que la cámara donde esté uno parezca un café menudito. Y con los trajes femeninos en un yate pasa lo mismo; lo gracioso son esos trajes ligeros blancos, lisos, de hilo, de linón, de seda de China, de cutí, que con el sol y el azul del mar toman una blancura tan deslumbrante como una vela blanca. Claro que hay pocas mujeres que sepan vestir; pero, sin embargo, se ven algunas maravillosas. En las carreras estaba la señorita Lea con un sombrerito blanco y una sombrillita blanca también, que iba deliciosa. ¡Daría cualquier cosa por una sombrillita!” A mí me habría gustado saber en qué se distinguía esa sombrilla de las demás, y lo mismo le pasaba a Albertina, aunque por otras razones de coquetería femenina. Pero, lo mismo que decía Francisca refiriéndose a los soufflés, que era cosa de “coger el punto”, lo distintivo de esa sombrilla era el arte con que estaba cortada. “Era redondita, muy chica, como un quitasol chino”, dijo Elstir. Cité yo las sombrillas de algunas damas conocidas, pero no se parecían, según el pintor; Elstir consideraba todas esas sombrillas muy feas. Hombre de gusto muy exigente y exquisito, se fijaba en una nadería en la que estribaba toda la diferencia entre una cosa que llevaban las tres cuartas partes de las mujeres y a él le horrorizaba, y una cosa bonita; y, al contrario de lo que me pasaba a mí, para quien todo lujo era cosa esterilizadora, a él el lujo le exaltaba el deseo de pintar, “para hacer cosas tan bonitas”. –Ahí tiene usted, esta pequeña ha comprendido cómo eran el sombrero y la sombrilla que digo –me indicó Elstir, señalando a Albertina, en cuyos ojos brillaba la codicia. –¡Lo que me gustaría ser rica y tener un yate! –dijo ella al pintor–. Usted me daría consejos para amueblar el barco. ¡Y qué bonitos viajes haría! ¡Qué gusto poder ir a las regatas de Cowes! ¿Y un automóvil? ¿No le gustan a usted las modas de mujer para el automóvil? –No –respondió Elstir–, pero ya vendrá eso. Lo que pasa es que hay pocos modistas buenos... Callot, aunque abusa un poco del encaje; Doucet, Cheruit, y a ratos Paquin. Los demás son horribles. –¿De modo que entonces hay una diferencia enorme entre un traje de Callot y el de otro modista cualquiera? –pregunté yo a Albertina. –¡Pues claro, criatura, enorme! ¡Ay, usted dispense! Lo malo es que lo que en otra parte cuesta trescientos francos en su casa vale dos mil. Pero no se parecen nada; sólo resultan parecidos para la gente que no entiende. –Exactamente –dijo Elstir–, aunque no hasta el punto de que la diferencia sea tan honda como entre una estatua de la catedral de Reims y una de Saint–Augustin. Y a propósito de catedrales – añadió, volviéndose hacia mí, porque iba a hacer referencia a una conversación en que no habían intervenido las muchachas y que, además, no les hubiera interesado–: el otro día hablábamos de la iglesia de Balbec como de un enorme acantilado, un brote de piedra del país; ahora es al revés: mire usted –me dijo, enseñándome una acuarela– estos acantilados (es un apunte de muy cerca de aquí, de los Creuniers); ¡cómo recuerdan a una catedral estas rocas recortadas con tanta fuerza y tanta delicadeza! En efecto, parecían inmensos aros de bóveda de color rosa. Pero como los había pintado un día de calor tórrido, se ofrecían como reducidos a polvo, volatilizados por el calor, que casi se había embebido el mar, el cual figuraba en casi toda la extensión del lienzo en estado gaseoso. Aquel día la luz casi había destruido la realidad, y ésta se había concentrado en criaturas sombrías y transparentes que, por contraste, daban una impresión de vida más penetrante y próxima: las sombras. Sedientas de frescura, la mayor parte de ellas huyeron de la inflamada mar y se refugiaron al pie de las rocas, al abrigo del sol; otras nadaban lentamente por las aguas como delfines, pegándose a los flancos de las errantes barcas y alargando los casos de las embarcaciones con su cuerpo brillante y azulado. Quizá esa sed de frescura que comunicaban las sombras era lo que más contribuía a dar la sensación del calor del día, y por eso exclamé que sentía mucho no conocer ese sitio. Albertina y Andrea aseguraron que yo debía de haber ido por allí muchas veces. Y en este caso, sin saberlo ni sospecharlo quizá, algún día esos acantilados podrían darme esa sed de belleza, no natural como la que yo buscara hasta aquí en los de Balbec, sino más bien arquitectónica. Sobre todo, yo, que había ido a Balbec a ver el reino de las tempestades, y que en iris paseos con la señora de Villeparisis nunca encontraba el Océano (que muchas veces no veía más que de lejos, pintado entre los árboles) bastante real, líquido y vivo, dando verdaderamente la impresión de lanzar sus masas de agua– yo, que no hubiese querido ver el mar inmóvil sino cuando se cubriera con la invernal mortaja de la bruma, ¿cómo iba a imaginarme que ahora soñaría con un mar que era puro vapor blanquecino, sin consistencia ni color? Y es que Elstir, al modo de aquellas personas que se abandonaban a sus ensueños en las barcas, adormiladas de calor, saboreó el encanto del mar hasta enorme profundidad y supo traer al lienzo y fijar en él el imperceptible reflujo del agua, la pulsación de un momento de felicidad; y de pronto se sentía uno tan enamorado de ese mar, al ver su mágico retrato, que nuestro único pensamiento era correr el mundo para dar con aquel día huido, con toda la gracia instantánea y dormida.
De sorte que si avant ces visites chez Elstir, avant d′avoir vu une marine de lui où une jeune femme, en robe de barège ou de linon, dans un yacht arborant le drapeau américain, mit le «double» spirituel d′une robe de linon blanc et d′un drapeau dans mon imagination qui aussitôt couva un désir insatiable de voir sur le champ des robes de linon blanc et des drapeaux près de la mer, comme si cela ne m′était jamais arrivé, jusque-là, je m′étais toujours efforcé devant la mer, d′expulser du champ de ma vision, aussi bien que les baigneurs du premier plan, les yachts aux voiles trop blanches comme un costume de plage, tout ce qui m′empêchait de me persuader que je contemplais le flot immémorial qui déroulait déjà sa même vie mystérieuse avant l′apparition de l′espèce humaine et jusqu′aux jours radieux qui me semblaient revêtir de l′aspect banal de l′universel été de cette côte de brumes et de tempêtes, y marquer un simple temps d′arrêt, l′équivalent de ce qu′on appelle en musique une mesure pour rien, or maintenant c′était le mauvais temps qui me paraissait devenir quelque accident funeste, ne pouvant plus trouver de place dans le monde de la beauté: je désirais vivement aller retrouver dans la réalité ce qui m′exaltait si fort et j′espérais que le temps serait assez favorable pour voir du haut de la falaise les mêmes ombres bleues que dans le tableau d′Elstir. De suerte que si antes de esas ‘visitas a Elstir, antes de haber visto una marina suya donde había una muchacha con traje de linón o de barés, en un yate que arbolaba la bandera americana, y que puso el “duplicado” espiritual de un traje de linón blanco y de una bandera en mi imaginación, inmediatamente impulsada por un deseo insaciable hacia el dominio de los trajes de linón blanco y de las banderas marinas, como si nunca hubiera visto eso; antes, digo, de ese descubrimiento, yo, siempre que estaba delante del mar, me esforzaba por expulsar de mi campo visual los bañistas del primer término y los yates de velas tan blancas como un traje de playa, es decir, todo lo que me estorbaba para convencerme de que estaba contemplando las ondas inmemoriales que desplegaban su misteriosa vida aun antes de la aparición de la especie humana; y hasta los días de radiante luz se me antojaba que daban el aspecto frívolo del verano de todas partes a esa costa de tempestades y de nieblas, y no eran sino un simple tiempo de descanso, lo que en música se llama un compás de espera, mientras que ahora lo que se me representaba como funesto accidente era el mal tiempo, que no tenía lugar adecuado en el mundo de la belleza, y deseaba yo ardientemente ir a buscar en la realidad lo que tanto me exaltaba en el arte, y hasta la esperanza tenía de que el tiempo fuese lo bastante favorable para poder ver desde lo alto del acantilado las mismas sombras azules que había en el cuadro de Elstir.
Le long de la route, je ne me faisais plus d′ailleurs un écran de mes mains comme dans ces jours où concevant la nature comme animée d′une vie antérieure à l′apparition de l′homme, et en opposition avec tous ces fastidieux perfectionnements de l′industrie qui m′avaient fait jusqu′ici bâiller d′ennui dans les expositions universelles ou chez les modistes, j′essayais de ne voir de la mer que la section où il n′y avait pas de bateau à vapeur, de façon à me la représenter comme immémoriale, encore contemporaine des âges où elle avait été séparée de la terre, à tout le moins contemporaine des premiers siècles de la Grèce, ce qui me permettait de me redire en toute vérité les vers du «Père Leconte» chers à Bloch: Cuando iba por la carretera no hacía con las manos una pantalla protectora, como en esos días en que concebía a la Naturaleza cual si estuviese animada de una vida anterior a la aparición del hombre y opuesta a todos esos fastidiosos perfeccionamientos de la industria que hasta entonces me hacían bostezar en las exposiciones universales o en las tiendas de los modistas; esos días en que no quería ver más que la sección de mar en que no hubiera vapores, de modo que se me representara el Océano como inmemorial, contemporáneo aun de las edades en que estuvo separado de la tierra, por lo menos contemporáneo de los primeros siglos de Grecia, porque así podía decirme con toda verosimilitud los versos del “amigo Leconte de Lisle”, tan gratos a Bloch:
«Ils sont partis, les rois des nefs éperonnées
«Emmenant sur la mer tempétueuse hélas!
«Les hommes chevelus de l′Héroî°µe Helles.»
Partieron ya los reyes de tajantes navíos,
Y ¡ay! que se llevan por el mar tempestuoso
A los recios varones de la heroica Hélade.
Je ne pouvais plus mépriser les modistes puisque Elstir m′avait dit que le geste délicat par lequel elles donnent un dernier chiffonnement, une suprême caresse aux nuds ou aux plumes d′un chapeau terminé, l′intéresserait autant à rendre que celui des jockeys (ce qui avait ravi Albertine). Mais il fallait attendre mon retour, pour les modistes — à Paris — pour les courses et les régates, à Balbec où on n′en donnerait plus avant l′année prochaine. Même un yacht emmenant des femmes en linon blanc était introuvable. Ahora ya no podía yo despreciar a las sombrereras, puesto que Elstir me había dicho que ese delicado ademán con que hacen la última arruga, la suprema caricia a los lazos o a las plumas de un sombrero acabado, le interesaría tanto dibujarlo como las posturas de los jockeys (cosa que encantó a Albertina). Pero para las sombrereras había que esperar mi regreso a París, y para las carreras y regatas, mi regreso a Balbec al año siguiente, porque en aquella temporada ya no había más. Ni siquiera podía uno encontrar un yate con damas vestidas de blanco linón.
Souvent nous rencontrions les surs de Bloch que j′étais obligé de saluer depuis que j′avais dîné chez leur père. Mes amies ne les connaissaient pas. «On ne me permet pas de jouer avec des israélites», disait Albertine. La façon dont elle prononçait israélite au lieu d′izraélite aurait suffi à indiquer, même si on n′avait pas entendu le commencement de la phrase, que ce n′était pas de sentiments de sympathie envers le peuple élu qu′étaient animées ces jeunes bourgeoises, de familles dévotes, et qui devaient croire aisément que les juifs égorgeaient les enfants chrétiens. «Du reste, elles ont un sale genre, vos amies», me disait Andrée avec un sourire qui signifiait qu′elle savait bien que ce n′était pas mes amies. «Comme tout ce qui touche à la tribu», répondait Albertine sur le ton sentencieux d′une personne d′expérience. A vrai dire les surs de Bloch, à la fois trop habillées et à demi-nues, l′air languissant, hardi, fastueux et souillon ne produisaient pas une impression excellente. Et une de leurs cousines qui n′avait que quinze ans scandalisait le casino par l′admiration qu′elle affichait pour Mlle Léa, dont M. Bloch père prisait très fort le talent d′actrice, mais que son goût ne passait pas pour porter surtout du côté des messieurs. Solíamos cruzarnos con las hermanas de Bloch, y yo no tenía más remedio que saludarlas, desde que había cenado en casa de su padre. Mis amigas no las trataban. “No me dejan jugar con muchachas israelitas”, decía Albertina. La manera que tenía de pronunciar la palabra israelita, recalcando la s, ya hubiese bastado, aun sin oír la frase que iba a seguir, para indicar que no eran precisamente de simpatía los sentimientos que con respecto al pueblo elegido animaban a estas jóvenes burguesas, de familias devotas y que debían de creer sin dificultad que los judíos degollaban a los niños cristianos. “Además, tienen un tono repugnante esas amigas de usted”, me decía Andrea con una sonrisa que significaba que ella sabía muy bien que no eran amigas mías “Como todo lo que tenga algo que ver con la tribu”, añadía Albertina con la entonación sentenciosa de una persona de experiencia. A decir verdad, las hermanas de Blocb, que al par que llevaban demasiados trapos iban medio desnudas, con su aspecto lánguido atrevido, fastuoso y sucio, no cansaban muy buena impresión. Y tina prima de ellas, que no tenía más que quince años, escandalizaba a todo el Casino por su ostentosa admiración a la señorita Lea cuyo talento de actriz admiraba mucho Bloch padre, aunque a él no se le podía censurar como a sil sobrina, porque nadie decía que se inclinara más hacia los hombres.
Il y avait des jours où nous goûtions dans l′une des fermes-restaurants du voisinage. Ce sont les fermes dites des Ecorres, Marie-Thérèse, de la Croix d′Heuland, de Bagatelle, de Californie, de Marie-Antoinette. C′est cette dernière qu′avait adoptée la petite bande. Algunos días merendábamos en algún ventorrillo de los alrededores de Balbec. Eran establecimientos medio ventas medio granjas, y se llamaban Granja de los Ecorres, de María Teresa, de la Cruz d′Heulan, de Bagatelle, de California y de María Antonieta Esta última fué la que escogió nuestra cuadrilla.
Mais quelquefois au lieu d′aller dans une ferme, nous montions jusqu′au haut de la falaise, et une fois arrivés et assis sur l′herbe, nous défaisions notre paquet de sandwichs et de gâteaux. Mes amies préféraient les sandwichs et s′étonnaient de me voir manger seulement un gâteau au chocolat gothiquement historié de sucre ou une tarte à l′abricot. C′est qu′avec les sandwichs au chester et à la salade, nourriture ignorante et nouvelle, je n′avais rien à dire. Mais les gâteaux étaient instruits, les tartes étaient bavardes. Il y avait dans les premiers des fadeurs de crème et dans les secondes des fraîcheurs de fruits qui en savaient long sur Combray, sur Gilberte, non seulement la Gilberte de Combray mais celle de Paris aux goûters de qui je les avais retrouvés. Ils me rappelaient ces assiettes à petits fours, des Mille et une Nuits, qui distrayaient tant de leurs «sujets» ma tante Léonie quand Françoise lui apportait un jour Aladin ou la Lampe Merveilleuse, un autre Ali-Baba, le Dormeur éveillé ou Sinbad le Marin embarquant à Bassora avec toutes ses richesses. J′aurais bien voulu les revoir, mais ma grand′mère ne savait pas ce qu′elles étaient devenues et croyait d′ailleurs que c′était de vulgaires assiettes achetées dans le pays. N′importe, dans le gris et champenois Combray elles et leurs vignettes s′encastraient multicolores, comme dans la noire Eglise les vitraux aux mouvantes pierreries, comme dans le crépuscule de ma chambre les projections de la lanterne magique, comme devant la vue de la gare et du chemin de fer départemental les boutons d′or des Indes et les lilas de Perse, comme la collection de vieux Chine de ma grand-tante dans sa sombre demeure de vieille dame de province. Pero otras veces, en vez de ir a tina granja, subíamos hasta lo alto de los acantilados, y allá arriba, sentados en la hierba, deshacíamos nuestro paquete de sandwiches y pasteles. Mis amigas preferían los sandwiches y se extrañaban de que yo no comiera más que un pastel de chocolate, muy historiado de azúcar al modo gótico, o una tarta de albaricoque. Y es que con los bocadillos de queso o de ensalada, manjares nuevos e ignorantes, yo no tenía nada que hablar. Pero los pasteles eran muy sabios, y muy charlatanas las tartas. Había en los primeros ciertos empalagos de crema y en las segundas unas frescuras frutales que sabían muchas cosas de Combray, de Gilberta; no sólo de la Gilberta de Combray, sino de la de París, en cuyas meriendas los comía yo. Me recordaban esos platitos de postre de Las mil y una noches, que tanto distraían a mi tía Leoncia con sus “argumentos” cuando Francisca le llevaba, ora Aladino o La lámpara maravillosa, ora Alí Babá, El durmiente despierto, o Simbad el marino embarcándose en Basora con todos sus tesoros. Mucho me hubiese yo alegrado de volver a ver esos platos; pero mi abuela no sabía adónde habían ido a parar, y suponía además que eran ordinarios, comprados en la misma región. Pero eso no importaba; porque yo veía incrustarse aquellos platos con sus figuras multicolores en ese Combray champañés y grisáceo del mismo modo que estaban incrustadas en la iglesia las vidrieras de cambiante pedrería, las proyecciones de la linterna mágica en la luz crepuscular de mi cuarto, las orientales flores de botón de oro y las lilas de Persia delante de la estación y el ferrocarril del pueblo, y la colección de porcelana antigua de China de mi tía en su sombría casa de señora provinciana.
Etendu sur la falaise je ne voyais devant moi que des prés, et, au-dessus d′eux, non pas les sept ciels de la physique chrétienne, mais la superposition de deux seulement, un plus foncé — de la mer — et en haut un plus pâle. Nous goûtions, et si j′avais emporté aussi quelque petit souvenir qui pût plaire à l′une ou à l′autre de mes amies, la joie remplissait avec une violence si soudaine leur visage translucide en un instant devenu rouge, que leur bouche n′avait pas la force de la retenir et pour la laisser passer, éclatait de rire. Elles étaient assemblées autour de moi; et entre les visages peu éloignés les uns des autres, l′air qui les séparait traçait des sentiers d′azur comme frayés par un jardinier qui a voulu mettre un peu de jour pour pouvoir circuler lui-même au milieu d′un bosquet de roses. Echado en las rocas, no veía delante de mi más que unos prados, y por encima de ellos, no los siete cielos de la física cristiana, sino la superposición de dos únicos, uno más obscuro, el mar, y otro arriba, un poco más pálido. Merendábamos, y si yo había traído algún pequeño recuerdo que fuese del agrado de alguna de las muchachas, para regalárselo, la alegría henchía su traslúcido rostro, vuelto rojo de pronto, con tanta violencia, que la boca no podía contenerla, y para dejarla salir estallaba de risa. Estaban todas a mi alrededor, y entre sus caras, muy poco separadas unas de otras, el aire trazaba veredas azules„como jardinero que quiere abrir algún espacio para poder andar él en medio de un bosquecillo de rosas.
Nos provisions épuisées, nous jouions à des jeux qui jusque-là m′eussent paru ennuyeux, quelquefois aussi enfantins que «La Tour Prends-Garde» ou «A qui rira le premier», mais auxquels je n′aurais plus renoncé pour un empire; l′aurore de jeunesse dont s′empourprait encore le visage de ces jeunes filles et hors de laquelle je me trouvais déjà, à mon âge, illuminait tout devant elles, et, comme la fluide peinture de certains primitifs, faisait se détacher les détails les plus insignifiants de leur vie, sur un fond d′or. Pour la plupart les visages mêmes de ces jeunes filles étaient confondus dans cette rougeur confuse de l′aurore d′où les véritables traits n′avaient pas encore jailli. On ne voyait qu′une couleur charmante sous laquelle ce que devait être dans quelques années le profil n′était pas discernable. Celui d′aujourd′hui n′avait rien de définitif et pouvait n′être qu′une ressemblance momentanée avec quelque membre défunt de la famille auquel la nature avait fait cette politesse commémorative. Il vient si vite le moment où l′on n′a plus rien à attendre, où le corps est figé dans une immobilité qui ne promet plus de surprises, où l′on perd toute espérance en voyant, comme aux arbres en plein été des feuilles déjà mortes, autour de visages encore jeunes des cheveux qui tombent ou blanchissent, il est si court, ce matin radieux, qu′on en vient à n′aimer que les très jeunes filles, celles chez qui la chair comme une pâte précieuse travaille encore. Elles ne sont qu′un flot de matière ductile pétrie à tout moment par l′impression passagère qui les domine. On dirait que chacune est tour à tour une petite statuette de la gaîté, du sérieux juvénile, de la câlinerie, de l′étonnement, modelée par une expression franche, complète, mais fugitive. Cette plasticité donne beaucoup de variété et de charme aux gentils égards que nous montre une jeune fille. Certes ils sont indispensables aussi chez la femme, et celle à qui nous ne plaisons pas ou qui ne nous laisse pas voir que nous lui plaisons, prend à nos yeux quelque chose d′ennuyeusement uniforme. Mais ces gentillesses elles-mêmes à partir d′un certain âge, n′amènent plus de molles fluctuations sur un visage que les luttes de l′existence ont durci, rendu à jamais militant ou extatique. L′un — par la force continue de l′obéissance qui soumet l′épouse à son époux — semble, plutôt que d′une femme le visage d′un soldat; l′autre, sculpté par les sacrifices qu′a consentis chaque jour la mère pour ses enfants, est d′un apôtre. Un autre encore est, après des années de traverses et d′orages, le visage d′un vieux loup de mer, chez une femme dont les vêtements seuls révèlent le sexe. Et certes les attentions qu′une femme a pour nous, peuvent encore, quand nous l′aimons, semer de charmes nouveaux les heures que nous passons auprès d′elle. Mais elle n′est pas successivement pour nous une femme différente. Sa gaîté reste extérieure à une figure inchangée. Mais l′adolescence est antérieure à la solidification complète et de là vient qu′on éprouve auprès des jeunes filles ce rafraîchissement que donne le spectacle des formes sans cesse en train de changer, à jouer en une instable opposition qui fait penser à cette perpétuelle recréation des éléments primordiaux de la nature qu′on contemple devant la mer. Cuando se nos habían agotado los víveres jugábamos a juegos que antes me parecían tontos; juegos tan infantiles a veces como “La torre en guardia” o “Al que se ría primero”; pero ahora no habría yo renunciado a ellos por todo un imperio; la aurora de juventud que arrebolaba aún la cara de aquellas mozas, y que a mí, a mis años, ya no me alcanzaba, lo iluminaba todo delante de ellas y, lo mismo que la flúida pintura de algunos primitivos, hacía destacarse los detalles más insignificantes de su vida sobre un fondo de oro. Casi todos los rostros de las muchachas se confundían con aquel arrebol confuso de la aurora, del que aun no habían surgido las verdaderas facciones. Sólo se veía un color delicioso, tras el cual era imposible discernir lo que habría de ser el perfil unos años más adelante. El de hoy no era definitivo y muy bien podia ocurrir que fuese un parecido momentáneo –con algún pariente difunto al que quiso la Naturaleza dedicar ‘esta cortesía conmemorativa. Llega tan presto el instante en que ya no queda nada que esperar, cuando el cuerpo se concreta en una inmovilidad que no promete más sorpresas, cuando se pierde toda esperanza al ver, lo mismo que se ven las hojas muertas en los árboles del estío, cómo se cae el pelo o cómo encanece en cabezas juveniles, y es tan corta esta mañana radiante, que acaba uno por no gustar sino de las muchachitas muy jóvenes, en cuyos cuerpos está laborando aún la carne como preciosa pasta. No son más que una masa de materias dúctiles, trabajada a cada momento por la impresión pasajera que las domina. Parece que cada una de estas muchachas es sucesivamente una estatuilla de la alegría, de la seriedad juvenil, del mimo, del asombro; estatuilla modelada por una expresión franca, completa, pero fugitiva. Esa plasticidad presta suma variedad y encanto a las amables atenciones que con nosotros tiene una muchacha. Verdad es que también son indispensables en las mujeres, y que una mujer a quien no gustamos o que no nos demuestra que le agradamos, en seguida se nos hace fastidiosamente monótona. Pero tales atenciones, cuando ya se tiene cierta edad, no se pintan con blancas fluctuaciones en el rostro, porque éste–ya está endurecido para siempre por las luchas de la existencia y será eternamente militante o extático. Hay unos que, merced a la fuerza continua de esa obediencia que somete la esposa al esposo, parecen, más que cara de mujer, gesto de soldado; otro, trabajado por los sacrificios diarios que hizo una madre por sus hijos, es rostro de apóstol. Y alguno existe de mujer que, tras muchos años de trabajos y tempestades, se le puso cara de lobo de mar y sólo por los vestidos se conoce su femineidad. Claro que las atenciones de una mujer querida esmaltan de delicias las horas que a su lado pasamos. Pero no es ella para nosotros sucesivas mujeres diferentes Su alegría es una cosa externa, ajena a un rostro que no muda de expresión. Pero la adolescencia es anterior a la solidificación completa, y de ahí que se sienta junto a las muchachas jóvenes esa frescura que inspira el espectáculo de formas en constante cambio, jugando en una instable oposición que nos recuerda el perpetuo crear y recrear de los elementos primordiales de la Naturaleza que en el mar contemplamos.
Ce n′était pas seulement une matinée mondaine, une promenade avec Mme de Villeparisis que j′eusse sacrifiées au «furet» ou aux «devinettes» de mes amies. A plusieurs reprises Robert de Saint-Loup me fit dire que puisque je n′allais pas le voir à Doncières, il avait demandé une permission de vingt-quatre heures et la passerait à Balbec. Chaque fois je lui écrivis de n′en rien faire, en invoquant l′excuse d′être obligé de m′absenter justement ce jour-là pour aller remplir dans le voisinage un devoir de famille avec ma grand-mère. Sans doute me jugea-t-il mal en apprenant par sa tante en quoi consistait le devoir de famille et quelles personnes tenaient en l′espèce le rôle de grand-mère. Et pourtant je n′avais peut-être pas tort de sacrifier les plaisirs non seulement de la mondanité, mais de l′amitié à celui de passer tout le jour dans ce jardin. Les êtres qui en ont la possibilité — il est vrai que ce sont les artistes et j′étais convaincu depuis longtemps que je ne le serais jamais — ont aussi le devoir de vivre pour eux-mêmes; or l′amitié leur est une dispense de ce devoir, une abdication de soi. La conversation même qui est le mode d′expression de l′amitié est une divagation superficielle, qui ne nous donne rien à acquérir. Nous pouvons causer pendant toute une vie sans rien faire que répéter indéfiniment le vide d′une minute, tandis que la marche de la pensée dans le travail solitaire de la création artistique, se fait dans le sens de la profondeur, la seule direction qui ne nous soit pas fermée, où nous puissions progresser, avec plus de peine il est vrai, pour un résultat de vérité. Et l′amitié n′est pas seulement dénuée de vertu comme la conversation, elle est de plus funeste. Car l′impression d′ennui que ne peuvent pas ne pas éprouver auprès de leur ami, c′est-à-dire à rester à la surface de soi-même, au lieu de poursuivre leur voyage de découvertes dans les profondeurs, ceux d′entre nous dont la loi de développement est purement interne, cette impression d′ennui l′amitié nous persuade de la rectifier quand nous nous retrouvons seuls, de nous rappeler avec émotion les paroles que notre ami nous a dites, de les considérer comme un précieux apport alors que nous ne sommes pas comme des bâtiments à qui on peut ajouter des pierres du dehors, mais comme des arbres qui tirent de leur propre sève le nud suivant de leur tige, l′étage supérieur de leur frondaison. Je me mentais à moi-même, j′interrompais la croissance dans le sens selon lequel je pouvais en effet véritablement grandir, et être heureux, quand je me félicitais d′être aimé, admiré, par un être aussi bon, aussi intelligent, aussi recherché que Saint-Loup, quand j′adaptais mon intelligence non à mes propres obscures impressions que c′eût été mon devoir de démêler, mais aux paroles de mon ami à qui en me les redisant — en me les faisant redire par cet autre que soi-même qui vit en nous et sur qui on est toujours si content de se décharger du fardeau de penser — je m′efforçais de trouver une beauté, bien différente de celle que je poursuivais silencieusement quand j′étais vraiment seul, mais qui donnerait plus de mérite à Robert, à moi-même, à ma vie. Dans celle qu′un tel ami me faisait, je m′apparaissais comme douillettement préservé de la solitude, noblement désireux de me sacrifier moi-même pour lui, en somme incapable de me réaliser. Près de ces jeunes filles au contraire si le plaisir que je goûtais était égoî²´e, du moins n′était-il pas basé sur le mensonge qui cherche à nous faire croire que nous ne sommes pas irrémédiablement seuls et qui quand nous causons avec un autre nous empêche de nous avouer que ce n′est plus nous qui parlons, que nous nous modelons alors à la ressemblance des étrangers et non d′un moi qui diffère d′eux. Les paroles qui s′échangeaient entre les jeunes filles de la petite bande et moi étaient peu intéressantes, rares d′ailleurs, coupées de ma part de longs silences. Cela ne m′empêchait pas de prendre à les écouter quand elles me parlaient autant de plaisir qu′à les regarder, à découvrir dans la voix de chacune d′elles un tableau vivement coloré. C′est avec délices que j′écoutais leur pépiement. Aimer aide à discerner, à différencier. Dans un bois l′amateur d′oiseaux distingue aussitôt ces gazouillis particuliers à chaque oiseau, que le vulgaire confond. L′amateur de jeunes filles sait que les voix humaines sont encore bien plus variées. Chacune possède plus de notes que le plus riche instrument. Et les combinaisons selon lesquelles elle les groupe sont aussi inépuisables que l′infinie variété des personnalités. Quand je causais avec une de mes amies, je m′apercevais que le tableau original, unique de son individualité, m′était ingénieusement dessiné, tyranniquement imposé aussi bien par les inflexions de sa voix que par celles de son visage et que c′était deux spectacles qui traduisaient, chacun dans son plan, la même réalité singulière. Sans doute les lignes de la voix, comme celles du visage, n′étaient pas encore définitivement fixées; la première muerait encore, comme le second changerait. Comme les enfants possèdent une glande dont la liqueur les aide à digérer le lait et qui n′existe plus chez les grandes personnes, il y avait dans le gazouillis de ces jeunes filles des notes que les femmes n′ont plus. Et de cet instrument plus varié, elles jouaient avec leurs lèvres, avec cette application, cette ardeur des petits anges musiciens de Bellini, lesquelles sont aussi un apanage exclusif de la jeunesse. Plus tard ces jeunes filles perdraient cet accent de conviction enthousiaste qui donnait du charme aux choses les plus simples, soit qu′Albertine sur un ton d′autorité débitât des calembours que les plus jeunes écoutaient avec admiration jusqu′à ce que le fou rire se saisît d′elles avec la violence irrésistible d′un éternuement, soit qu′Andrée mît à parler de leurs travaux scolaires, plus enfantins encore que leurs jeux une gravité essentiellement puérile; et leurs paroles détonnaient, pareilles à ces strophes des temps antiques où la poésie encore peu différenciée de la musique se déclamait sur des notes différentes. Malgré tout la voix de ces jeunes filles accusait déjà nettement le parti-pris que chacune de ces petites personnes avait sur la vie, parti-pris si individuel que c′est user d′un mot bien trop général que de dire pour l′une: «elle prend tout en plaisantant»; pour l′autre: «elle va d′affirmation en affirmation»; pour la troisième: «elle s′arrête à une hésitation expectante». Les traits de notre visage ne sont guère que des gestes devenus, par l′habitude, définitifs. La nature, comme la catastrophe de Pompeíª comme une métamorphose de nymphe, nous a immobilisés dans le mouvement accoutumé. De même nos intonations contiennent notre philosophie de la vie, ce que la personne se dit à tout moment sur les choses. Sans doute ces traits n′étaient pas qu′à ces jeunes filles. Ils étaient à leurs parents. L′individu baigne dans quelque chose de plus général que lui. A ce compte, les parents ne fournissent pas que ce geste habituel que sont les traits du visage et de la voix, mais aussi certaines manières de parler, certaines phrases consacrées, qui presque aussi inconscientes qu′une intonation, presque aussi profondes, indiquent, comme elle, un point de vue sur la vie. Il est vrai que pour les jeunes filles, il y a certaines de ces expressions que leurs parents ne leur donnent pas avant un certain âge, généralement pas avant qu′elles soient des femmes. On les garde en réserve. Ainsi par exemple si on parlait des tableaux d′un ami d′Elsir, Andrée qui avait encore les cheveux dans le dos ne pouvait encore faire personnellement usage de l′expression dont usaient sa mère et sa sur mariée: «Il paraît que l′homme est charmant.» Mais cela viendrait avec la permission d′aller au Palais-Royal. Et déjà depuis sa première communion, Albertine disait comme une amie de sa tante, je «trouverais cela assez terrible.» On lui avait aussi donné en présent l′habitude de faire répéter ce qu′on disait pour avoir l′air de s′intéresser et de chercher à se former une opinion personnelle. Si on disait que la peinture d′un peintre était bien, ou sa maison jolie: «Ah! c′est bien, sa peinture? Ah! c′est joli, sa maison?» Enfin plus générale encore que n′est le legs familial, était la savoureuse matière imposée par la province originelle d′où elles tiraient leur voix et à même laquelle mordaient leurs intonations. Quand Andrée pinçait sèchement une note grave, elle ne pouvait faire que la corde périgourdine de son instrument vocal ne rendît un son chantant fort en harmonie d′ailleurs avec la pureté méridionale de ses traits; et aux perpétuelles gamineries de Rosemonde, la matière de son visage et de sa voix du Nord répondaient, quoiue elle en eût, avec l′accent de sa province. Entre cette province et le tempérament de la jeune fille qui dictait les inflexions je percevais un beau dialogue. Dialogue, non pas discorde. Aucune ne saurait diviser la jeune fille et son pays natal. Elle, c′est lui encore. Du reste cette réaction des matériaux locaux sur le génie qui les utilise et à qui elle donne plus de verdeur ne rend pas l′uvre moins individuelle et que ce soit celle d′un architecte, d′un ébéniste, ou d′un musicien, elle ne reflète pas moins minutieusement les traits les plus subtils de la personnalité de l′artiste, parce qu′il a été forcé de travailler dans la pierre meulière de Senlis ou le grès rouge de Strasbourg, qu′il a respecté les nuds particuliers au frêne, qu′il a tenu compte dans son écriture des ressources et des limites, de la sonorité, des possibilités, de la flûte ou de l′alto. Y no sólo sacrificaba yo una reunión mundana o un paseo con la señora de Villeparisis por el juego del hurón o de las adivinanzas con mis amigas. Saint–Lou.p me había mandado decir varias veces que, puesto que yo no iba a verlo a Donciéres, tenía pedida una licencia de veinticuatro horas, que pasaría en Balbec conmigo. Y yo siempre le escribía que no viniese, invocando el pretexto de que aquel día precisamente tenía que salir de Balbec para hacer una visita de cumplido con mi abuela. Y sin duda debió de pensar de mí muy mal al saber por su tía qué visita era ésa y qué personas eran las que yo tenía que acompañar, en vez de a mi abuela. Y, sin embargo, quizá no hacía yo del todo mal en sacrificar no sólo los placeres de la sociedad, sino los de la amistad, al gusto de pasar todo el día en ese jardín. Los seres que tienen la posibilidad de vivir para sí mismos –claro que esto seres son los artistas, y yo estaba convencido hacía mucho tiempo de que no lo sería nunca– tienen también el deber de vivir para sí mismos; y la amistad es una dispensa de ese deber, una abdicación personal. La conversación, el modo de expresión de la amistad, es una divagación superficial que no nos deja nada que ganar. Podemos estarnos hablando una vida sin hacer otra cosa que repetir indefinidamente la vacuidad de un minuto, mientras que el andar del pensamiento en el trabajo solitario dé la creación artística se cumple en sentido de profundidad, en la dirección única que no nos está cerrada y por la que podemos adelantar, aunque con mucho trabajo, es cierto, para lograr una verdad. Y la amistad no sólo carece de virtualidad, como la conversación, sino que además es funesta. Porque la impresión de aburrimiento, es decir, de quedarse en la superficie de sí mismo, en vez de continuar los viajes de exploración por dentro de las profundidades, que no puede por menos de sentir junto a un amigo cualquiera de nosotros que obedezca a una ley de desarrollo puramente interna, esa impresión de aburrimiento, digo, viene la amistad y nos convence para que la rectifiquemos cuando estamos solos, para que recordemos con emoción las palabras que nos dijo nuestro amigo, considerándolas como preciosos dones; cuando en realidad nosotros no somos al modo de fábrica arquitectónica a la que se pueden añadir piedras desde fuera, sino árboles que sacan de su propia savia cada nuevo nudo de su tallo, cada capa superior de su follaje. Y yo me mentía a mí mismo, interrumpía mi crecimiento en el único sentido en que realmente podía crecer y ser feliz, siempre que me felicitaba de que me quisiera y admirara un ser tan bueno, tan inteligente, tan solicitado como Saint–Loup, siempre que adaptaba mi inteligencia no a mis propias impresiones tenebrosas, que era mi deber aclarar, sino a las palabras de mi amigo, porque repitiéndomelas –haciendo que me las repitiera ese otro yo que vive en nosotros y en el que descargamos con tanto gusto el peso de pensar– me esforzaba por encontrar una belleza muy distinta de la que perseguía yo silenciosamente cuando estaba solo, pero que daría más mérito a Roberto, a mí mismo y a mi vida. En la vida que con tal amigo vivía yo me veía delicadamente resguardado de la soledad, con noble deseo de sacrificarme por él, es decir, incapaz de realizarme a mí mismo. Pero, por el contrario, junto a aquellas muchachas, si bien el placer que yo gozaba era egoísta, por lo menos no se basaba en esa mentira que tiene la pretensión de hacernos creer que no estamos irremediablemente solos, mentira que nos impide reconocer que cuándo estamos hablando con otros no somos nosotros los que hablamos, sino que entonces somos hechura de los extraños y no hechura de nuestro yo, tan diferente de ellos. Las palabras que nos decíamos las muchachas y yo no tenían interés, eran muy escasas, y yo las aislaba por mi parte con grandes silencios. Cosa que no era obstáculo para que tuviera tanto deleite en oírlas como en mirarlas, en des–. cubrir en la voz de cada una un cuadro de vivo color. Escuchaba encantado sus gorjeos. El amor sirve de ayuda para discernir y diferenciar. En un bosque el aficionado a pájaros distingue en seguida la manera de piar característica de cada pájaro, y que el vulgo confunde. Y el aficionado a muchachas sabe que las voces humanas son aún más variadas. Cada una tiene más notas que el más rico instrumento. Y las agrupa en combinaciones tan inagotables como la infinita variedad de las personalidades. Cuando hablaba con alguna de mis amigas veía yo que el cuadro original y único de su individualidad era ingeniosamente dibujado y tiránicamente impuesto, tanto por las inflexiones de la voz como por las del rostro, y que había, pues, dos espectáculos que traducían cada uno en su plano, la misma singular realidad. Indudablemente, las líneas de la voz, como las del rostro, no se habían fijado aún definitivamente; la voz se mudaría, la cara habría de cambiar. Lo mismo que los niños tienen una glándula cuya secreción les sirve de ayuda para digerir la leche de la madre, glándula que desaparece en las personas mayores, así estas chicas tenían en su gorjeo notas que ya no tienen las mujeres. Y tocaban ese variadísimo instrumento con sus labios, muy aplicadas, entusiasmadas, como esos angelitos de Bellini que son también atributo exclusivo de la juventud. Más adelante esas muchachas perderían el acento de entusiasta convicción que tanto encanto prestaba a las más sencillas cosas: Albertina, que con un tono de autoridad soltaba chistes escuchados admirativamente por las pequeñas, hasta que un reír loco se apoderaba de ellas con la violencia irresistible de un estornudo; `Andrea, que hablaba de sus trabajos escolares, aun más infantiles que sus juegos, con gravedad esencialmente pueril; y sus palabras denotaban como esas estrofas de los tiempos antiguos, cuando la poesía, poco diferenciada todavía de la música, se declamaba en notas diferentes. A pesar de todo, la voz de estas muchachas acusaba ya claramente la manera que cada cual tenía de ver la vida, tan individual, que sería demasiado generalizar el decir de ellas “ésta lo echa todo a broma”, “aquélla va de afirmación en afirmación”, “esa otra se queda en la duda expectativa”. Nuestras facciones no son más que gestos convertidos por el hábito en definitivos. La naturaleza, lo mismo que la catástrofe de Pompeya o una metamorfosis de ninfa, nos ha inmovilizado en un ademán habitual. Y así, nuestra entonación de voz contiene nuestra filosofía de la vida, aquello que la persona se dice de las cosas a cada instante. Indudablemente, esos rasgos no eran sólo de esas muchachas, sino de sus padres. El individuo está metido en algo más general que él. Según eso, los padres dan algo más que ese gesto habitual que constituye las facciones y la voz: dan determinadas maneras de hablar, frases consagradas, que, tan inconscientes como una entonación y casi tan profundas, indican asimismo un modo de ver la vida. Claro que con las muchachas ocurre que sus padres no les transmiten algunas de estas expresiones hasta una determinada edad; por lo general, cuando ya son mujeres. Las guardan en reserva. Así, por ejemplo, cuando se hablaba de los cuadros de un amigo de Elstir, Andrea, que llevaba aún trenza, no podía utilizar la misma expresión que su madre y su hermana casada: “Dicen que el hombre es encantador”. Pero ya llegaría, cuando llegase el permiso para ir al Palais Royal. Y desde que había hecho la primera comunión, Albertina decía, como una amiga de su tia: “Eso me parecería atroz”. Le habían legado también la costumbre de repetir lo que le decían, para que pareciese que se interesaba y que quería formar juicio de las cosas. Si decían de un pintor que sus cuadros eran bonitos o que tenía una linda casa, Albertina exclamaba: “¡Ah!,;.conque sus cuadros son bonitos? ¿,Conque tiene una linda casa?” Y más general aún que la herencia familiar era la sabrosa materia, impuesta por la provincia original, de la que ellas sacaban sil voz y que mordían a veces con sus entonaciones. Cuando Andrea punteaba secamente una nota grave, no podía evitar que las cuerdas perigordinas de su instrumento vocal dieran un sonido cantarino muy en armonía con la pureza meridional de sus facciones; y en Rosamunda la calidad de su cara y de su voz del Norte respondían continuamente a los jugueteos de su propietaria con el acento peculiar de su provincia. Y yo notaba como un hermoso diálogo entre esa provincia y el temperamento de la muchacha, que dictaba las inflexiones. Diálogo nada discorde. Nadie habría sido capaz de separar a la muchacha de su país natal. Ella sigue siendo él. Además, esa reacción de los materiales locales sobre el genio que los utiliza, y al que presta nueva lozanía, no contribuye a que la obra sea menos individual, y ya se trate de la labor de un arquitecto, de un ebanista o de un músico, sigue reflejando minuciosamente los sutilísimos rasgos de la personalidad del artista, aunque éste tenga que trabajar en la piedra molar de Senlis o en la piedra arenisca de Estrasburgo, aunque respete los nudos peculiares del fresno o aunque haya tenido en cuenta, al escribir los límites y recursos, la sonoridad y posibilidades de la flauta y del alto.
Je m′en rendais compte et pourtant nous causions si peu. Tandis qu′avec Mme de Villeparisis ou Saint-Loup, j′eusse démontré par mes paroles beaucoup plus de plaisir que je n′en eusse ressenti, car je les quittais avec fatigue, au contraire couché entre ces jeunes filles, la plénitude de ce que j′éprouvais l′emportait infiniment sur la pauvreté, la rareté de nos propos et débordait de mon immobilité et de mon silence, en flots de bonheur dont le clapotis venait mourir au pied de ces jeunes roses. Yo sentía todo esto; pero, sin embargo, hablábamos muy poco. Mientras que con la señora de Villeparisis o con Roberto habría yo mostrado en mis palabras más alegría de la realmente sentida, porque cuando me separaba de ellos iba cansado, en cambio aquí, echado en medio de esas muchachas, la plenitud de mi sentimiento superaba con mucho la pobreza y escasez de nuestra palabra y se desbordaba de entre los límites de mi inmovilidad y mi silencio en oleadas de felicidad, que iban a morir acariciadoras al pie de aquellas rosas tempranas.
Pour un convalescent qui se repose tout le jour dans un jardin fleuriste ou dans un verger, une odeur de fleurs et de fruits n′imprègne pas plus profondément les mille riens dont se compose son farniente que pour moi cette couleur, cet arôme que mes regards allaient chercher sur ces jeunes filles et dont la douceur finissait par s′incorporer à moi. Ainsi les raisins se sucrent-ils au soleil. Et par leur lente continuité, ces jeux si simples avaient aussi amené en moi, comme chez ceux qui ne font autre chose que rester, étendus au bord de la mer, à respirer le sel, à se hâler, une détente, un sourire béat, un éblouissement vague qui avait gagné jusqu′à mes yeux. Para un convaleciente que se está todo el día descansando en un jardín o un huerto, el olor de flores y frutos no impregna tan profundamente las mil pequeñeces que componen su diario ocio como me empapaba a mí el alma aquel color y aquel aroma que mis miradas iban a buscar en esas muchachas, y cuya suavidad acababa por incorporarse a mi ser. De análogo modo van las uvas azucarándose poco a poco al sol. Y aquellos juegos tan sencillos, por virtud de su lenta continuidad, determinaron en mí, como en esas personas que no hacen más que estar echadas a la orilla del mar, respirando la sal marina y tostándose, un gran descanso, una sonrisa de beatitud, un deslumbramiento que me ganó la vista.
Parfois une gentille attention de telle ou telle éveillait en moi d′amples vibrations qui éloignaient pour un temps le désir des autres. Ainsi un jour Albertine avait dit: «Qu′est-ce qui a un crayon?» Andrée l′avait fourni. Rosemonde le papier. Albertine leur avait dit: «Mes petites bonnes femmes, je vous défends de regarder ce que j′écris.» Après s′être appliquée à bien tracer chaque lettre, le papier appuyé à ses genoux, elle me l′avait passé en me disant: «Faites attention qu′on ne voie pas.» Alors je l′avais déplié et j′avais lu ces mots qu′elle m′avait écrits: «Je vous aime bien.» De cuando en cuando, una amable atención de alguna chica despertaba en mí amplias vibraciones, que por un instante alejaban de mi ánimo el deseo de las demás muchachas. Un día Albertina dijo: “¿Quién tiene un lápiz′” Andrea dió el lápiz, Rosamunda el papel, y Albertina entonces: “Mirad, niñitas, cuidadito con querer ver lo que voy poniendo aquí”. Y después de aplicarse mucho a hacer la letra clara, escribiendo encima de su rodilla, me dió el papel, diciéndome: “Que no lo vean éstas”. Lo desdoblé; había escrito: “Lo quiero a usted mucho”.
«Mais au lieu d′écrire des bêtises, cria-t-elle en se tournant d′un air impétueux et grave vers Andrée et Rosemonde, il faut que je vous montre la lettre que Gisèle m′a écrite ce matin. Je suis folle, je l′ai dans ma poche et dire que cela peut nous être si utile!» Gisèle avait cru devoir adresser à son amie afin qu′elle la communiquât aux autres, la composition qu′elle avait faite pour son certificat d′études. Les craintes d′Albertine sur la difficulté des sujets proposés avaient encore été dépassées par les deux entre lesquels Gisèle avait eu à opter. L′un était: «Sophocle écrit des Enfers à Racine pour le consoler de l′insuccès d′ Athalie»; l′autre: «Vous supposerez qu′après la première représentation d′Esther, Mme de Sévigné écrit à Mme de La Fayette pour lui dire combien elle a regretté son absence.» Or, Gisèle par un excès de zèle qui avait dû toucher les examinateurs, avait choisi le premier, le plus difficile de ces deux sujets et l′avait traité si remarquablement qu′elle avait eu quatorze et avait été félicitée par le jury. Elle aurait obtenu la mention «très bien» si elle n′avait «séché» dans son examen d′espagnol. La composition dont Gisèle avait envoyé la copie à Albertine nous fut immédiatement lue par celle-ci, car devant elle-même passer le même examen, elle désirait beaucoup avoir l′avis d′Andrée, beaucoup plus forte qu′elles toutes et qui pouvait lui donner de bons tuyaux. «Elle en a eu une veine, dit Albertine. C′est justement un sujet que lui avait fait piocher ici sa maîtresse de français.» La lettre de Sophocle à Racine rédigée par Gisèle, commençait ainsi: «Mon cher ami, excusez-moi de vous écrire sans avoir l′honneur d′être personnellement connu de vous, mais votre nouvelle tragédie d′Athalie ne montre-t-elle pas que vous avez parfaitement étudié mes modestes ouvrages? Vous n′avez pas mis de vers que dans la bouche des protagonistes, ou personnages principaux du drame, mais vous en avez écrit, et de charmants, permettez-moi de vous le dire sans cajolerie, pour les churs qui ne faisaient pas trop mal à ce qu′on dit dans la tragédie grecque, mais qui sont en France une véritable nouveauté. De plus, votre talent, si délié, si fignolé, si charmeur, si fin, si délicat a atteint à une énergie dont je vous félicite. Athalie, Joad, voilà des personnages que votre rival, Corneille, n′eût pas su mieux charpenter. Les caractères sont virils, l′intrigue est simple et forte. Voilà une tragédie dont l′amour n′est pas le ressort et je vous en fais mes compliments les plus sincères. Les préceptes les plus fameux ne sont pas toujours les plus vrais. Je vous citerai comme exemple: «De cette passion la sensible peinture est pour aller au cur la route la plus sûre.» Vous avez montré que le sentiment religieux dont débordent vos churs n′est pas moins capable d′attendrir. Le grand public a pu être dérouté, mais les vrais connaisseurs vous rendent justice. J′ai tenu à vous envoyer toutes mes congratulations auxquelles je joins, mon cher confrère, l′expression de mes sentiments les plus distingués.» Les yeux d′Albertine n′avaient cessé d′étinceler pendant qu′elle faisait cette lecture: “Pero en vez de estar escribiendo tonterías –exclamó de pronto, muy impetuosa y grave, volviéndose hacia Andrea y Rosamunda–, más vale que os enseñe la carta de Giselia que he recibido esta mañana. Estoy tonta; la tenía en el bolsillo, y es para una cosa que nos puede ser muy útil.” Giselia creyó conveniente mandar a su amiga, para que ella se lo enseñara a las otras, el ejercicio de composición literaria que había hecho en el examen. Albertina tenía miedo a los temas que solían dar; pero aquellos dos que le tocaron a Giselia para escoger eran aún más difíciles El primero decía: “Sófocles escribe desde los Infiernos a Racine para consolarlo del fracaso de Athalie; y el segundo: “Supóngase que después del estreno de Esther, madama de Sevigné escribe a madama de Lafayette diciéndole cuánto sintió que no estuviese presente”. Giselia, por cumplir mejor, cosa que debió de llegar al alma de los profesores, escogió primero el que era más difícil, y tan bien lo desarrollé, que la calificaron con catorce puntos y el tribunal la felicitó. Y hubiese tenido la nota de “muy bien” a no ser porque en el ejercicio de español estuvo “pez”. Albertina nos leyó inmediatamente la copia del ejercicio que le había dado Giselia, porque, como ella tenía que examinarse también, quería ver lo que opinaba Andrea, que sabía más que ninguna y podía dar buenos consejos. “¡Hay que ver la suerte que ha tenido! –dijo Albertina–. Es un tema que le había hecho empollarse aquí su profesora de gramática.” La carta de Sófocles a Racine redactada por Giselia comenzaba de esta manera: “Mi querido amigo: Perdóneme que le escriba sin haber tenido el gusto de conocerlo personalmente; pero su nueva tragedia Athalie me de muestra que ha estudiado usted perfectamente mis modestas obras. No ha puesto usted versos en labios de los protagonistas o personajes principales del drama, pero sí los ha escrito usted, y realmente deliciosos, se lo digo sin ninguna lisonja, para los coros que según dicen hacían muy bien en la tragedia griega, pero que en Francia son una verdadera novedad. Además, su talento de usted, tan suelto y esmerado, tan delicioso, delicado y fino, llega aquí a un brío por el que lo felicito. Athalie y Joad son dos personajes que no hubiese construido mejor su rival Corneille. Los caracteres son viriles; la intriga, sencilla y sólida. Es ésta la tragedia que no gira sobre el tema del amor, y por esta novedad le doy mi sincera enhorabuena. Los preceptos más famosos no siempre son los que mayor verdad encierran. Le citaré como ejemplo: Pintadnos el amor con todas sus pasiones, Con eso ganaréis todos los corazones. Y usted ha demostrado que el sentimiento religioso rebosante en los coros sabe conmover también. El público vulgar acaso esté desconcertado, pero los entendidos le hacen a usted justicia. Quiero, pues, darle mil enhorabuenas y a ellas añadir, mi querido compañero, mi muy sentido afecto”. Mientras estuvo leyendo, los ojos de Albertina echaban chispas.
«C′est à croire qu′elle a copié cela, s′écria-t-elle quand elle eut fini. Jamais je n′aurais cru Gisèle capable de pondre un devoir pareil. Et ces vers qu′elle cite. Où a-t-elle pu aller chiper ça?» L′admiration d′Albertine, changeant il est vrai d′objet, mais encore accrue ne cessa pas, ainsi que l′application la plus soutenue, de lui faire «sortir les yeux de la tête» tout le temps qu′Andrée, consultée comme la plus grande et comme plus calée, d′abord, parla du devoir de Gisèle avec une certaine ironie, puis, avec un air de légèreté qui dissimulait mal un sérieux véritable, refit à sa façon la même lettre. «Ce n′est pas mal, dit-elle à Albertine, mais si j′étais toi et qu′on me donne le même sujet, ce qui peut arriver, car on le donne très souvent, je ne ferais pas comme cela. Voilà comment je m′y prendrais. D′abord si j′avais été Gisèle je ne me serais pas laissée emballer et j′aurais commencé par écrire sur une feuille à part mon plan. En première ligne, la position de la question et l′exposition du sujet, puis les idées générales à faire entrer dans le développement. Enfin l′appréciation, le style, la conclusion. Comme cela, en s′inspirant d′un sommaire, on sait où on va. Dès l′exposition du sujet ou si tu aimes mieux, Titine, puisque c′est une lettre, dès l′entrée en matière, Gisèle a gaffé. Ecrivant à un homme du XVIIe siècle Sophocle ne devait pas écrire mon cher ami.» «Elle aurait dû, en effet, lui faire dire mon cher Racine, s′écria fougueusement Albertine. Ç‘aurait été bien mieux». «Non, répondit Andrée sur un ton un peu persifleur, elle aurait dû mettre: «Monsieur». De même pour finir elle aurait dû trouver quelque chose comme: «Souffrez, Monsieur (tout au plus, cher Monsieur) que je vous dise ici les sentiments d′estime avec lesquels j′ai l′honneur d′être votre serviteur.» D′autre part, Gisèle dit que les churs sont dans Athalie une nouveauté. Elle oublie Esther, et deux tragédies peu connues, mais qui ont été précisément analysées cette année par le Professeur, de sorte que rien qu′en les citant, comme c′est son dada, on est sûre d′être reçue. Ce sont: Les Juives, de Robert Garnier, et l′Aman, de Montchrestien.» Andrée cita ces deux titres, sans parvenir à cacher un sentiment de bienveillante supériorité qui s′exprima dans un sourire, assez gracieux, d′ailleurs. Albertine n′y tint plus: «Andrée, tu es renversante, s′écria-t-elle. Tu vas m′écrire ces deux titres-là. Crois-tu quelle chance si je passais là-dessus, même à l′oral, je les citerais aussitôt et je ferais un effet buf.» Mais dans la suite chaque fois qu′Albertine demanda à Andrée de lui redire les noms des deux pièces pour qu′elle les inscrivit, l′amie si savante prétendit les avoir oubliés et ne les lui rappela jamais. «Ensuite, reprit Andrée sur un ton d′imperceptible dédain à l′égard de camarades plus puériles, mais heureuse pourtant de se faire admirer et attachant à la manière dont elle aurait fait sa composition plus d′importance qu′elle ne voulait le laisser voir, Sophocle aux Enfers doit être bien informé. Il doit donc savoir que ce n′est pas devant le grand public, mais devant le Roi-Soleil et quelques courtisans privilégiés que fut représentée Athalie. Ce que Gisèle dit à ce propos de l′estime des connaisseurs n′est pas mal du tout, mais pourrait être complété. Sophocle devenu immortel peut très bien avoir le don de la prophétie et annoncer que selon Voltaire Athalie ne sera pas seulement «le chef-d′uvre de Racine, mais celui de l′esprit humain». Albertine buvait toutes ces paroles. Ses prunelles étaient en feu. Et c′est avec l′indignation la plus profonde qu′elle repoussa la proposition de Rosemonde de se mettre à jouer. «Enfin, dit Andrée du même ton détaché, désinvolte, un peu railleur et assez ardemment convaincu, si Gisèle avait posément noté d′abord les idées générales qu′elle avait à développer, elle aurait peut-être pensé à ce que j′aurais fait, moi, montrer la différence qu′il y a dans l′inspiration religieuse des churs de Sophocle et de ceux de Racine. J′aurais fait faire par Sophocle, la remarque que si les churs de Racine sont empreints de sentiments religieux comme ceux de la tragédie grecque, pourtant il ne s′agit pas des mêmes dieux. Celui de Joad n′a rien à voir avec celui de Sophocle. Et cela amène tout naturellement, après la fin du développement, la conclusion: «Qu′importe que les croyances soient différentes.» Sophocle se ferait un scrupule d′insister là-dessus. Il craindrait de blesser les convictions de Racine et glissant à ce propos quelques mots sur ses maîtres de Port-Royal, il préfère féliciter son émule de l′élévation de son génie poétique.» “¡Es cosa de creer que lo ha copiado de alguna parte! Nunca me figuré a Giselia capaz de escribir un ejercicio así. Y esos versos que cita, ¿de dónde los habrá sacado?” La admiración de Albertina cambió de objeto; pero aun creció, muy aplicada y hecha toda ojos, cuando Andrea, consultada por ser la mayor y más “empollada”, habló primero del ejercicio de Giselia con cierta ironía y luego con ligereza que apenas si disimulaba su verdadera seriedad, para acabar rehaciendo a su modo la misma carta. “No está mal –dijo a Albertina–; pero yo en tu caso, si me tocara el mismo tema, cosa que puede ocurrir, porque lo dan mucho, no lo haría así. Mira cómo lo tomaría. En primer término, no me dejaría llevar por el entusiasmo, como ha hecho Giselia; escribiría en una cuartilla aparte mi plan. Primero, el planteamiento de la cuestión y la exposición del tema; luego, las ideas generales que han de entrar en su desarrollo; y por fin, la apreciación, el estilo y la conclusión. Así, como se inspira una en un resumen, ya sabe adónde va. Ya en cuanto comienza la exposición del tema, o, si prefieres decirlo así, Titina, puesto que se trata de una carta, en cuanto entra en materia, Giselia empieza a colarse. Al escribir a un hombre del siglo XVII, Sófocles no debía poner: “Mi querido amigo.” “Claro – exclamó Albertina, muy fogosa–; debió de haber puesto: “Mi querido Racine”. Habría estado mucho mejor.” “No –respondió Andrea en tono un poco burlón–, lo que debió de poner es: “Señor mío”. Y lo mismo para acabar la carta: debió de buscar una frase por el estilo de ésta: “Permitidme, señor (o, a lo sumo, señor mío), que me tenga por muy servidor vuestro”. Además, Giselia dice que los coros en Athalie son una novedad. Y se le olvida Esther y dos tragedias poco conocidas, pero que fueron analizadas este año por el catedrático: de modo que con sólo citarlas, como es su chifladura, la aprueban a una. Son Les juives, de Robert y Garnier, y L′Aman, de Montchrestien.” ‘Andrea, al citar esos dos títulos, no logró disimular enteramente una idea de benévola superioridad, que se expresó en una sonrisa, muy graciosa por cierto. Albertina no pudo contenerse. “Andrea, hija mía, eres aplastante. Escríbeme los títulos de esas dos obras. Figúrate tú qué suerte si me tocara eso; aunque fuera en el oral las citaba, y hacía un efecto bestial”. Pero luego, siempre que Albertina preguntó a Andrea los nombres de las dos tragedias, para apuntarlos, su sabia amiga decía que se le habían olvidado y nunca se acordaba. “Además –prosiguió Andrea, con tono de imperceptible desdén para aquellas compañeras tan infantiles, pero muy satisfecha por ganarse su admiración, y dando más importancia de lo que aparentaba a la explicación de cómo habría desarrollado el tema–; además, Sófocles en los Infiernos debe de estar bien enterado, y, por consiguiente, saber que Athalie no se representó en público, sino ante el Rey Sol y algunos cortesanos privilegiados. Lo que dice Giselia de la estima de los entendidos está bien, pero pudo haberlo completado. A Sófocles, en su calidad de inmortal, se le puede atribuir don profético, y así anunciaría que, a juicio de Voltaire, Athalie no sólo es la obra magistral de Racine, sino de todo el genero humano.” Albertina se bebía materialmente todas estas palabras. Los ojos le echaban fuego. Rechazó profundamente indignada la proposición que hizo Rosamunda de ponerse a jugar. “Y, por último –dijo Andrea, con el mismo tono indiferente desenvuelto y un poco burlón, pero muy convencida–, si Giselia hubiese apuntado primero las ideas generales que tenía que desarrollar, quizá se le habría ocurrido hacer lo que yo hubiera hecho en su caso: mostrar la diferencia que existe entre la inspiración religiosa de los coros de Sófocles y los de Racime. Y hubiera puesto en boca de Sófocles la observación de que aunque los coros de Racine están empapados de sentimiento religioso, como los de la tragedia griega, sin embargo, no se trata de los mismos dioses. El de Joad nada tiene que ver con el de Sófocles. Y, claro, de ahí viene, naturalmente, después del final del desarrollo, la conclusión. No importa que las creencias sean diferentes. Sófocles tendría reparo en insistir en eso. Temeroso de herir las convicciones de Racine, insinúa a este respecto algunas palabras de sus maestros de Port Royal y sé limita a felicitar a su émulo por lo elevado de su estro poético."
L′admiration et l′attention avaient donné si chaud à Albertine qu′elle suait à grosses gouttes. Andrée gardait le flegme souriant d′un dandy femelle. «Il ne serait pas mauvais non plus de citer quelques jugements des critiques célèbres», dit-elle, avant qu′on se remît à jouer. «Oui, répondit Albertine, on m′a dit cela. Les plus recommandables en général, n′est-ce pas, sont les jugements de Sainte-Beuve et de Merlet?» «Tu ne te trompes pas absolument, répliqua Andrée qui se refusa d′ailleurs à lui écrire les deux autres noms malgré les supplications d′Albertine, Merlet et Sainte Beuve ne font pas mal. Mais il faut surtout citer Deltour et Gascq-Desfossés». A Albertina, con la admiración y la atención sostenidas le entró tal calor, que estaba sudando a chorros. Andrea seguía con su flemática calma de dandy femenino: “Tampoco estaría mal citar algunos juicios de críticos famosos”, añadió antes de que empezáramos a jugar. “Sí, eso me han dicho –respondió Albertina– . En general, los más recomendables son Sainte–Beuve y Merlet, ¿verdad?” “Sí, no estás descaminada – replicó Andrea–. Merlet y Sainte–Beuve no caerían mal. Pero sobre todo hay que citar a Deltour y a Gascq Desfossés.” A pesar de las súplicas de Albertina, Andrea se negó a escribirle los nombres de estos dos críticos.
Pendant ce temps je songeais à la petite feuille de block-notes que m′avait passée Albertine: «Je vous aime bien», et une heure plus tard, tout en descendant les chemins qui ramenaient, un peu trop à pic à mon gré, vers Balbec, je me disais que c′était avec elle que j′aurais mon roman. A todo esto estaba pensando en la hojita del block–notes que me había pasado Albertina. “Lo quiero a usted mucho”; y una hora después, mientras bajábamos por los caminos, demasiado a pico para mi gusto, que llevaban a Balbec, me decía que con ella tendría yo mi novela.
L′état caractérisé par l′ensemble des signes auxquels nous reconnaissons d′habitude que nous sommes amoureux, tels les ordres que je donnais à l′hôtel de ne m′éveiller pour aucune visite, sauf si c′était celle d′une ou l′autre de ces jeunes filles, ces battements de cur en les attendant (quelle que fût celle qui dût venir), et ces jours-là ma rage si je n′avais pu trouver un coiffeur pour me raser et devais paraître enlaidi devant Albertine, Rosemonde ou Andrée, sans doute cet état, renaissant alternativement pour l′une ou l′autre, était aussi différent de ce que nous appelons amour que diffère de la vie humaine celle des zoophytes où l′existence, l′individualité si l′on peut dire, est répartie entre différents organismes. Mais l′histoire naturelle nous apprend qu′une telle organisation animale est observable et que notre propre vie, pour peu qu′elle soit déjà un peu avancée, n′est pas moins affirmative sur la réalité d′états insoupçonnés de nous autrefois et par lesquels nous devons passer, quitte à les abandonner ensuite. Tel pour moi cet état amoureux divisé simultanément entre plusieurs jeunes filles. Divisé ou plutôt indivisé, car le plus souvent ce qui m′était délicieux, différent du reste du monde, ce qui commençait à me devenir cher au point que l′espoir de le retrouver le lendemain était la meilleure joie de ma vie, c′était plutôt tout le groupe de ces jeunes filles, pris dans l′ensemble de ces après-midi sur la falaise, pendant ces heures éventées, sur cette bande d′herbe où étaient posées ces figures, si excitantes pour mon imagination, d′Albertine, de Rosemonde, d′Andrée; et cela, sans que j′eusse pu dire laquelle me rendait ces lieux si précieux, laquelle j′avais le plus envie d′aimer. Au commencement d′un amour comme à sa fin, nous ne sommes pas exclusivement attachés à l′objet de cet amour, mais plutôt le désir d′aimer dont il va procéder (et plus tard le souvenir qu′il laisse) erre voluptueusement dans une zone de charmes interchangeables — charmes parfois simplement de nature, de gourmandise, d′habitation — assez harmoniques entre eux pour qu′il ne se sente, auprès d′aucun, dépaysé. D′ailleurs comme, devant elles, je n′étais pas encore blasé par l′habitude, j′avais la faculté de les voir, autant dire d′éprouver un étonnement profond chaque fois que je me retrouvais en leur présence. Sans doute pour une part cet étonnement tient à ce que l′être nous présente alors une nouvelle face de lui-même; mais tant est grande la multiplicité de chacun, de la richesse des lignes de son visage et de son corps, lignes desquelles si peu se retrouvent aussitôt que nous ne sommes plus auprès de la personne, dans la simplicité arbitraire de notre souvenir. Comme la mémoire a choisi telle particularité qui nous a frappé, l′a isolée, l′a exagérée, faisant d′une femme qui nous a paru grande une étude où la longueur de sa taille est démesurée, ou d′une femme qui nous a semblé rose et blonde une pure «Harmonie en rose et or», au moment où de nouveau cette femme est près de nous, toutes les autres qualités oubliées qui font équilibre à celle-là nous assaillent, dans leur complexité confuse, diminuant, la hauteur noyant le rose, et substituant à ce que nous sommes venus exclusivement chercher d′autres particularités que nous nous rappelons avoir remarquées la première fois et dont nous ne comprenons pas que nous ayons pu si peu nous attendre à les revoir. Nous nous souvenons, nous allons au devant d′un paon et nous trouvons une pivoine. Et cet étonnement inévitable n′est pas le seul; car à côté de celui-là il y en a un autre né de la différence, non plus entre les stylisations du souvenir et la réalité, mais entre l′être que nous avons vu la dernière fois, et celui qui nous apparaît aujourd′hui sous un autre angle, nous montrant un nouvel aspect. Le visage humain est vraiment comme celui du Dieu d′une théogénie orientale, toute une grappe de visages juxtaposés dans des plans différents et qu′on ne voit pas à la fois. El estado caracterizado por el conjunto de signos en que solemos reconocer que estamos enamorados, por ejemplo, las órdenes dadas al criado para que no me despertara en ningún caso, salvo en el de la visita de alguna de aquellas muchachas; las palpitaciones de corazón que me entraban cuando las estaba esperando (cualquiera que fuese la que había de venir) y mi cólera si no había encontrado un barbero que me afeitara y tenía que presentarme así delante de Albertina, Rosamunda y Andrea; ese estado, digo, que iba renaciendo alternativamente por una u otra de las muchachas, difería tanto de lo que llamamos amor como difiere la vida humana de la de los zoófitos, en los que la existencia o la individualidad, si es lícito decirlo, está repartida entre distintos organismos. Pero la Historia Natural nos enseña que semejante estado existe, y nuestra propia vida, por poco entrada que esté ya, también nos afirma en la realidad de los estados que no sospechábamos antes y por los que tenemos que pasar, para dejarlos atrás en seguida. Y así era para mí aquel estado de amor dividido simultáneamente entre varias muchachas. Dividido o, mejor dicho, indiviso, porque por lo general mi mayor delicia, lo que me parecía más distinto del resto del mundo, y se me iba entrando en el corazón hasta el punto de que la esperanza de volverlo a ver al otro día se convirtió en la mayor alegría de mi vida, era el grupo de todas las muchachas, visto en el conjunto de aquellas tardes en los acantilados, mientras transcurría el oreado tiempo, en aquella franja de hierba donde fueron a colocarse las figuras, tan excitantes para mi imaginación, de Albertina, Rosamunda y Andrea; y por eso aquel lugar me era tan precioso sin poder decir por causa de cuál de ellas ni qué muchacha era la que más ganas tenía yo de querer. Al comienzo de unos amores, lo mismo que en su final, no nos sentimos exclusivamente apegados al objeto de ese amor, sino que el deseo de amar, de donde él nace (y más tarde, el recuerdo que deja), vaga voluptuosamente por una zona de delicias intercambiables –muchas veces meras delicias de naturaleza, de golosina, de habitación–, lo bastante armónicas entre sí para que el deseo no se sienta en ninguna de ellas como en tierra extraña. Además, como delante de las muchachas no sentía yo el hastío que determina la costumbre, cada vez que me encontraba en su presencia tenía la facultad de verlas, es decir, de sentir un profundo asombro. Indudablemente, ese asombro se debe en parte a que tal persona nos presenta un nuevo aspecto de sí misma; pero también consiste en que la multiplicidad de aspectos de cada ser es muy grande, así como la riqueza de líneas de su rostro y cuerpo, líneas que difícilmente encontramos cuando ya no estamos al lado de la persona misma; en la sencillez arbitraria de nuestro recuerdo. Como la memoria escoge una determinada particularidad que nos atrajo, la aisla, la exagera. convirtiendo a una mujer que nos pareció alta en estudio en que aparece con desmesurada estatura, o a otra que se nos figuró rosada y rubia en una pura “armonía en rosa y oro”; en el momento en que esa mujer vuelve a estar junto a nosotros todas las demás cualidades olvidadas que hacían contrapeso a aquélla nos asaltan en toda su complejidad confusa, rebajan la estatura, disuelven el color rosa y reemplazan aquello que vinimos a buscar exclusivamente por otros detalles que ahora recordarnos haber visto la primera vez, y no nos explicamos por qué no esperábamos verlos también ahora. Nuestro recuerdo nos guiaba; íbamos al encuentro de un pavón y dimos con tina peonia. Y ese inevitable asombro no es el único; porque hay otro al lado; que proviene no ya de la diferencia entre la realidad y las estilizaciones del recuerdo, sino de la diferencia entre el ser que vimos la ultima vez y este que se: nos aparece ahora con otra luz mostrandonos un nuevo aspecto El rostro humano es realmente como el de un dios de la teogonía oriental: todo racimo de caras Yuxtapuestas en distintos planos y que no se ven al mismo tiempo.
Mais pour une grande part, notre étonnement vient surtout de ce que l′être nous présente aussi une même face. Il nous faudrait un si grand effort pour recréer tout ce qui nous a été fourni par ce qui n′est pas nous — fût-ce le goût d′un fruit — qu′à peine l′impression reçue, nous descendons insensiblement la pente du souvenir et sans nous en rendre compte en très peu de temps nous sommes très loin de ce que nous avons senti. De sorte que chaque entrevue est une espèce de redressement qui nous ramène à ce que nous avions bien vu. Nous ne nous en souvenions déjà tant ce qu′on appelle se rappeler un être c′est en réalité l′oublier. Mais aussi longtemps que nous savons encore voir au moment où le trait oublié nous apparaît nous le reconnaissons, nous sommes obligés de rectifier la ligne déviée et ainsi la perpétuelle et féconde surprise qui rendait si salutaires et assouplissants pour moi ces rendez-vous quotidiens avec les belles jeunes filles du bord de la mer, était faite, tout autant que de découvertes, de réminiscence. En ajoutant à cela l′agitation éveillée par ce qu′elles étaient pour moi, qui n′était jamais tout à fait ce que j′avais cru et qui faisait que l′espérance de la prochaine réunion n′était plus semblable à la précédente espérance mais au souvenir encore vibrant du dernier entretien, on comprendra que chaque promenade donnait un violent coup de barre à mes pensées et non pas du tout dans le sens que dans la solitude de ma chambre j′avais pu tracer à tête reposée. Cette direction-là était oubliée, abolie, quand je rentrais vibrant comme une ruche des propos qui m′avaient troublé, et qui retentissaient longtemps en moi. Chaque être est détruit quand nous cessons de le voir; puis son apparition suivante est une création nouvelle, différente de celle qui l′a immédiatement précédée, sinon de toutes. Car le minimum de variété qui puisse régner dans ces créations est de deux. Nous souvenant d′un coup d′il énergique, d′un air hardi, c′est inévitablement la fois suivante par un profil quasi-languide, par une sorte de douceur rêveuse, choses négligées par nous dans le précédent souvenir, que nous serons à la prochaine rencontre, étonnés, c′est-à-dire presque uniquement frappés. Dans la confrontation de notre souvenir à la réalité nouvelle, c′est cela qui marquera notre déception ou notre surprise, nous apparaîtra comme la retouche de la réalité en nous avertissant que nous nous étions mal rappelés. A son tour l′aspect, la dernière fois négligé, du visage, et à cause de cela même le plus saisissant cette fois-ci, le plus réel, le plus rectificatif, deviendra matière à rêverie, à souvenirs. C′est un profil langoureux et rond, une expression douce, rêveuse que nous désirerons revoir. Et alors de nouveau la fois suivante, ce qu′il y a de volontaire dans les yeux perçants, dans le nez pointu, dans les lèvres serrées, viendra corriger l′écart entre notre désir et l′objet auquel il a cru correspondre. Bien entendu, cette fidélité aux impressions premières, et purement physiques, retrouvées à chaque fois auprès de mes amies, ne concernait pas que les traits de leur visage puisqu′on a vu que j′étais aussi sensible à leur voix, plus troublante peut-être (car elle n′offre pas seulement les mêmes surfaces singulières et sensuelles que lui, elle fait partie de l′abîme inaccessible qui donne le vertige des baisers sans espoir), leur voix pareille au son unique d′un petit instrument, où chacune se mettait tout entière et qui n′était qu′à elle. Tracée par une inflexion, telle ligne profonde d′une de ces voix m′étonnait quand je la reconnaissais après l′avoir oubliée. Si bien que les rectifications qu′à chaque rencontre nouvelle j′étais obligé de faire pour le retour à la parfaite justesse, étaient aussi bien d′un accordeur ou d′un maître de chant que d′un dessinateur. Pero en gran parte nuestro asombro se basa en que el ser nos presenta la misma cara. Nos sería menester un esfuerzo tan grande para volver a crear todo lo que nos fué ofrecido por algo que no somos nosotros –aunque sea el sabor de una fruta– que apenas recibimos la impresión bajamos insensiblemente por la cuesta del recuerdo, y sin darnos cuenta al poco rato estamos ya muy lejos de lo que sentimos. De modo que cada nueva entrevista es una especie de reafirmación que vuelve a llevarnos a lo que habíamos visto bien. Pero ya no nos acordábamos, porque eso que se llama recordar a un ser, en realidad es olvidarlo. Mientras que sepamos ver, en el momento en que se nos aparezca el rasgo olvidado lo reconocemos, tenemos que rectificar la descarriada línea, y de ahí que en la perpetua y fecunda sorpresa, por la que me eran tan saludables y suaves aquellos diarios encuentros con las muchachas –a la orilla del mar, entrasen por partes iguales los descubrimientos y las reminiscencias. Añádase a eso la agitación despertada por la idea de lo que ellas eran para mí, nunca idéntica a lo que me había creído, por lo cual la esperanza de la próxima reunión nunca se parecía a la esperanza precedente, sino al recuerdo, vibrante aún, de la última entrevista, y así se comprenderá cómo cada paseo imponía a iris pensamientos un violento cambio de ruta, y no en aquella dirección que yo me trazara en la soledad de mi cuarto con la cabeza muy descansada. Y esa dirección se quedaba olvidada, suprimida, cuando volvía yo vibrando como una colmena con todas las frases que me habían preocupado y que seguían resonando en mí. Todo ser se destruye cuando dejamos de verlo; su aparición siguiente es tina creación nueva distinta de la inmediata, anterior, y a veces distinta de todas las anteriores. Porque dos es el número mínimo de variedad que reina en esas creaciones. Si nos acordamos de un mirar enérgico y una facha atrevida, inevitablemente la vez próxima nos chocará, es decir, veremos casi exclusivamente un lánguido perfil y una soñadora dulzura, cosas que pasamos por alto en el recuerdo precedente. En la confrontación de nuestro recuerdo con la realidad nueva, esto es lo que habrá de marcar nuestra decepción o sorpresa, y se nos aparece como retoque de la realidad avisándonos de que nos habíamos acordado mal. Y a su vez este aspecto del rostro desdeñado la vez anterior, y cabalmente por ello más seductor ahora, más real y rectificativo, se convertirá en materia de sueños y recuerdos. Y lo que desearemos ver ahora será un perfil suave y lánguido, una expresión de dulce ensueño. Pero a la vez siguiente de nuevo vendrá aquel elemento voluntarioso del mirar penetrante, de la nariz puntiaguda y los apretados labios a corregir la desviación existente entre nuestro deseo y el objeto que creía corresponder. Claro que esa fidelidad a las impresiones primeras, y puramente físicas, que siempre volvía a encontrar junto a mis amigas, no se refería únicamente a sus facciones, puesto que ya se vió cuán sensible era yo a su voz, todavía más inquietante (porque la voz ni siquiera ofrece las superficies singulares y sensuales del rostro, sino que forma parte del inaccesible abismo que da el vértigo de los besos desesperanzados), aquella voz suya semejante al sonar único de un lindo instrumento en el que cada cual ponía toda su alma y que era exclusivamente suyo. A veces me asombraba yo al reconocer, tras pasajero olvido, la línea profunda de alguna de esas voces trazada por determinada inflexión. Tan es así, que las rectificaciones que tenía yo que hacer a cada nuevo encuentro, para volver a lo perfectamente justo, tan propias eran de un afinador o de un maestro de canto como de un dibujante.
Quant à l′harmonieuse cohésion où se neutralisaient depuis quelque temps, par la résistance que chacune apportait à l′expansion des autres, les diverses ondes sentimentales propagées en moi par ces jeunes filles, elle fut rompue en faveur d′Albertine, une après-midi que nous jouions au furet. C′était dans un petit bois sur la falaise. Placé entre deux jeunes filles étrangères à la petite bande et que celle-ci avait emmenées parce que nous devions être ce jour-là fort nombreux, je regardais avec envie le voisin d′Albertine, un jeune homme, en me disant que si j′avais eu sa place j′aurais pu toucher les mains de mon amie pendant ces minutes inespérées qui ne reviendraient peut-être pas, et eussent pu me conduire très loin. Déjà à lui seul et même sans les conséquences qu′il eût entraînées sans doute, le contact des mains d′Albertine m′eût été délicieux. Non que je n′eusse jamais vu de plus belles mains que les siennes. Même dans le groupe de ses amies, celles d′Andrée, maigres et bien plus fines, avaient comme une vie particulière, docile au commandement de la jeune fille, mais indépendante, et elles s′allongeaient souvent devant elle comme de nobles lévriers, avec des paresses, de longs rêves, de brusques étirements d′une phalange, à cause desquels Elstir avait fait plusieurs études de ces mains. Et dans l′une où on voyait Andrée les chauffer devant le feu, elles avaient sous l′éclairage la diaphanéité dorée de deux feuilles d′automne. Mais, plus grasses, les mains d′Albertine cédaient un instant, puis résistaient à la pression de la main qui les serrait, donnant une sensation toute particulière. La pression de la main d′Albertine avait une douceur sensuelle qui était comme en harmonie avec la coloration rose, légèrement mauve de sa peau. Cette pression semblait vous faire pénétrer dans la jeune fille, dans la profondeur de ses sens, comme la sonorité de son rire, indécent à la façon d′un roucoulement ou de certains cris. Elle était de ces femmes à qui c′est un si grand plaisir de serrer la main qu′on est reconnaissant à la civilisation d′avoir fait du shake-hand un acte permis entre jeunes gens et jeunes filles qui s′abordent. Si les habitudes arbitraires de la politesse avaient remplacé la poignée de mains par un autre geste, j′eusse tous les jours regardé les mains intangibles d′Albertine avec une curiosité de connaître leur contact aussi ardente qu′était celle de savoir la saveur de ses joues. Mais dans le plaisir de tenir longtemps ses mains entre les miennes, si j′avais été son voisin au furet, je n′envisageais pas que ce plaisir même; que d′aveux, de déclarations tus jusqu′ici par timidité, j′aurais pu confier à certaines pressions de mains; de son côté comme il lui eût été facile en répondant par d′autres pressions de me montrer qu′elle acceptait; quelle complicité, quel commencement de volupté! Mon amour pouvait faire plus de progrès en quelques minutes passées ainsi à côté d′elle qu′il n′avait fait depuis que je la connaissais. Sentant qu′elles dureraient peu, étaient bientôt à leur fin, car on ne continuerait sans doute pas longtemps ce petit jeu, et qu′une fois qu′il serait fini, ce serait trop tard, je ne tenais pas en place. Je me laissai exprès prendre la bague et une fois au milieu, quand elle passa je fis semblant de ne pas m′en apercevoir et la suivais des yeux attendant le moment où elle arriverait dans les mains du voisin d′Albertine, laquelle riant de toutes ses forces, et dans l′animation et la joie du jeu, était toute rose. «Nous sommes justement dans le bois joli», me dit Andrée en me désignant les arbres qui nous entouraient avec un sourire du regard qui n′était que pour moi et semblait passer par-dessus les joueurs comme si nous deux étions seuls assez intelligents pour nous dédoubler et faire à propos du jeu une remarque d′un caractère poétique. Elle poussa même la délicatesse d′esprit jusqu′à chanter sans en avoir envie: «Il a passé par ici le furet du Bois, Mesdames, il a passé par ici le furet du Bois joli» comme les personnes qui ne peuvent aller à Trianon sans y donner une fête Louis XVI ou qui trouvent piquant de faire chanter un air dans le cadre pour lequel il fut écrit. J′eusse sans doute été au contraire attristé de ne pas trouver du charme à cette réalisation, si j′avais eu le loisir d′y penser. Mais mon esprit était bien ailleurs. Joueurs et joueuses commençaient à s′étonner de ma stupidité et que je ne prisse pas la bague. Je regardais Albertine si belle, si indifférente, si gaie, qui, sans le prévoir, allait devenir ma voisine quand enfin j′arrêterais la bague dans les mains qu′il faudrait, grâce à un manège qu′elle ne soupçonnait pas et dont sans cela elle se fût irritée. Dans la fièvre du jeu, les longs cheveux d′Albertine s′étaient à demi défaits et, en mèches bouclées, tombaient sur ses joues dont ils faisaient encore mieux ressortir par leur brune sécheresse, la rose carnation. «Vous avez les tresses de Laura Dianti, d′Eléonore de Guyenne, et de sa descendante si aimée de Châteaubriand. Vous devriez porter toujours les cheveux un peu tombants», lui dis-je à l′oreille pour me rapprocher d′elle. Tout d′un coup la bague passa au voisin d′Albertine. Aussitôt je m′élançai, lui ouvris brutalement les mains, saisis la bague, il fut obligé d′aller à ma place au milieu du cercle et je pris la sienne à côté d′Albertine. Peu de minutes auparavant, j′enviais ce jeune homme quand je voyais que ses mains en glissant sur la ficelle rencontrer à tout moment celles d′Albertine. Maintenant que mon tour était venu, trop timide pour rechercher, trop ému pour goûter ce contact, je ne sentais plus rien que le battement rapide et douloureux de mon cur. A un moment, Albertine pencha vers moi d′un air d′intelligence sa figure pleine et rose, faisant semblant d′avoir la bague, afin de tromper le furet et de l′empêcher de regarder du côté où celle-ci était en train de passer. Je compris tout de suite que c′était à cette ruse que s′appliquaient les sous-entendus du regard d′Albertine, mais je fus troublé en voyant ainsi passer dans ses yeux l′image purement simulée pour les besoins du jeu, d′un secret, d′une entente qui n′existaient pas entre elle et moi, mais qui dès lors me semblèrent possibles et m′eussent été divinement doux. Comme cette pensée m′exaltait, je sentis une légère pression de la main d′Albertine contre la mienne, et son doigt caressant qui se glissait sous mon doigt, et je vis qu′elle m′adressait en même temps un clin d′il qu′elle cherchait à rendre imperceptible. D′un seul coup, une foule d′espoirs jusque-là invisibles à moi-même cristallisèrent: «Elle profite du jeu pour me faire sentir qu′elle m′aime bien», pensai-je au comble d′une joie d′où je retombai aussitôt quand j′entendis Albertine me dire avec rage: «Mais prenez-là donc, voilà une heure que je vous la passe.» Etourdi de chagrin, je lâchai la ficelle, le furet aperçut la bague, se jeta sur elle, je dus me remettre au milieu, désespéré, regardant la ronde effrénée qui continuait autour de moi, interpellé par les moqueries de toutes les joueuses, obligé, pour y répondre, de rire quand j′en avais si peu envie, tandis qu′Albertine ne cessait de dire: «On ne joue pas quand on ne veut pas faire attention et pour faire perdre les autres. On ne l′invitera plus les jours où on jouera, Andrée, ou bien moi je ne viendrai pas.» Andrée, supérieure au jeu et qui chantait son «Bois joli» que par esprit d′imitation, reprenait sans conviction Rosemonde, voulut faire diversion aux reproches d′Albertine en me disant: «Nous sommes à deux pas de ces Creuniers que vous vouliez tant voir. Tenez, je vais vous mener jusque-là par un joli petit chemin pendant que ces folles font les enfants de huit ans.» Comme Andrée était extrêmement gentille avec moi, en route je lui dis d′Albertine tout ce qui me semblait propre à me faire aimer de celle-ci. Elle me répondit qu′elle aussi l′aimait beaucoup, la trouvait charmante, pourtant mes compliments à l′adresse de son amie n′avaient pas l′air de lui faire plaisir. Tout d′un coup dans le petit chemin creux, je m′arrêtai touché au cur par un doux souvenir d′enfance, je venais de reconnaître aux feuilles découpées et brillantes qui s′avançaient sur le seuil, un buisson d′aubépines défleuries, hélas, depuis la fin du printemps. Autour de moi flottait une atmosphère d′anciens mois de Marie, d′après-midi du dimanche, de croyances, d′erreurs oubliées. J′aurais voulu la saisir. Je m′arrêtai une seconde et Andrée, avec une divination charmante, me laissa causer un instant avec les feuilles de l′arbuste. Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l′aubépine pareilles à des gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses. «Ces demoiselles sont parties depuis déjà longtemps», me disaient les feuilles. Et peut-être pensaient-elles que pour le grand ami d′elles que je prétendais être, je ne semblais guère renseigné sur leurs habitudes. Un grand ami, mais qui ne les avais pas revues depuis tant d′années malgré ses promesses. Et pourtant comme Gilberte avait été mon premier amour pour une jeune fille, elles avaient été mon premier amour pour une fleur. «Oui, je sais, elles s′en vont vers la mi-juin, répondis-je, mais cela me fait plaisir de voir l′endroit qu′elles habitaient ici. Elles sont venues me voir à Combray dans ma chambre, amenées par ma mère quand j′étais malade. Et nous nous retrouvions le samedi soir au mois de Marie. Elles peuvent y aller ici?» «Oh! naturellement! Du reste on tient beaucoup à avoir ces demoiselles à l′église de Saint-Denis du Désert, qui est la paroisse la plus voisine.» «Alors maintenant pour les voir?» «Oh! pas avant le mois de mai de l′année prochaine.» «Mais je peux être sûr qu′elles seront là?» «Régulièrement tous les ans.» «Seulement je ne sais pas si je retrouverai bien la place.» «Que si! ces demoiselles sont si gaies, elles ne s′interrompent de rire que pour chanter des cantiques, de sorte qu′il n′y a pas d′erreur possible et que du bout du sentier vous reconnaîtrez leur parfum.» La armoniosa cohesión en la que iban a neutralizarse hacía algún tiempo, por la resistencia que cada una oponía a la expansión de las demás; las diversas ondas sentimentales que en mí propagaban aquellas muchachas, se vió rota en favor de Albertina una tarde que estábamos jugando al juego del hurón y el anillo. Era en un bosquecillo situado junto al acantilado. Colocado entre dos muchachas que no eran de mi cuadrilla das habían llevado mis amigas porque aquella tarde teníamos que ser muchos), miraba yo con envidia al muchacho que estaba al lado de Albertina; pensando que si yo estuviera en su puesto podría quizá tocar las manos de mi amiga en aquellos minutos inesperados que acaso no habían de volver nunca y que tan lejos podían llevarme. Ya el solo contacto de las manos de Albertina, sin pensar en las consecuencias que pudiera traer, me parecía cosa deliciosa. Y no es porque no hubiese yo visto nunca manos más bonitas que las suyas. Sin salir del grupo de sus amigas, las manos de Andrea, delgadas y mucho más finas, tenían una especie de vida particular dócil al mandato de la muchacha, pero independiente, y a veces se estiraban aquellas manos delante de Andrea como magníficos lebreles, con actitudes de pereza o de profundos ensueños, con bruscos alargamientos de falange, todo lo cual había movido a Elstir a hacer varios estudios de esas manos. En uno de ellos se veía a Andrea con las manos puestas al calor del fuego, y parecían con aquella luz tan diáfanamente doradas como dos hojas de otoño. Pero las manos de Albertina eran más gruesas, y por un momento cedían a la presión de la mano que las estrechaba, pero luego sabían resistir, dando una sensación muy particular. La presión de la mano de Albertina tenía una suavidad sensual muy en armonía con la coloración rosada, levemente malva, de su tez. Con esa presión parecía que se entraba uno en la muchacha, en la profundidad de sus sentidos, lo mismo que la sonoridad de su risa, indecente como un arrullo de paloma o ciertos gritos. Era una de esas mujeres a las que gusta tanto estrechar la mano que está uno reconocido a la civilización por haber hecho del shake hand un acto corriente entre muchachos y muchachas que se encuentran. Si las arbitrarias costumbres de la cortesía hubieran sustituído esta forma de saludo por otra, habría yo mirado todos los días las manos intangibles de Albertina con curiosidad tan ardiente por conocer su contacto como la que sentía por enterarme de a qué sabían sus mejillas. Pero en el placer de tener sus manos entre las mías un rato si hubiese sido yo su vecino de juego, veía yo algo más que ese placer mismo; ¡qué de confidencias, cuántas declaraciones calladas hasta aquí por timidez no hubiera yo podido con,fiar a ciertos apretones de mano; qué fácil le hubiese sido a ella contestar del mismo modo mostrándome que aceptaba! ¡Qué complicidad, qué comienzo de voluptuosidades! Mi amor podía hacer más progresos en unos minutos pasados a su lado que en todo el tiempo que la conocía. Y no podía estar de nervioso, porque veía que esos momentos acabarían ya pronto, dejaríamos de jugar al anillo, y entonces ya sería tarde. Me dejé coger el anillo adrede, y en medio del círculo hacía como que no veía pasar la sortija y la iba siguiendo atentamente con la vista, en espera de que llegara a manos del vecino de Albertina, la cual, riéndose a todo trapo, y con la animación y alegría del juego, estaba de color de rosa. “Precisamente nos hallamos en el Bosque bonito”, me dijo Andrea señalando a los árboles que nos rodeaban, con una sonrisa del mirar que no era más que para mí y que parecía pasar por encima de los jugadores, como si nosotros dos fuésemos los únicos bastante inteligentes para desdoblarnos y poder decir a propósito del juego una cosa de carácter poético. Y llevó su delicadeza de espíritu hasta el punto de cantar, sin tener ganas, aquello de “Por aquí pasó, damitas, el hurón del Bosque bonito, por aquí pasó el hurón”, como esas personas que no pueden ir al Trianón sin dar una fiesta Luis XVI o que se divierten en hacer cantar una canción en el ambiente mismo para el que fué escrita. Y sin duda habríame yo entristecido al no encontrar encanto alguno en esa identificación propuesta por Andrea, caso de haber tenido la cabeza para pensar en eso. Pero mi pensamiento andaba por otras cosas. Todos los jugadores empezaban ya a asombrarse de mi estupidez, al ver que no cogía la sortija. Miré a Albertina, tan guapa, tan indiferente, tan contenta; a Albertina, que sin preverlo iba a ser mi vecina de juego cuando cogiera yo el anillo en las manos que era menester, gracias a una combinación que ella no sospechaba y que la hubiese enfadado mucho. Con la fiebre del juego el peinado de Albertina estaba medio deshecho y le caían por la cara unos mechones rizosos, cine con su obscura sequedad aun hacían resaltar mejor la rosada piel. “Tiene usted las trenzas como Laura Dianti, como Leonor de Guyena y como aquella descendiente suya que tanto quiso Chateaubriand. Debía usted llevar siempre el pelo un poco caído”, le dije yo al oído para poder acercarme a ella. De pronto la sortija pasó al vecino de Albertina Me lancé sobre él, le abrí brutalmente las manos y tuvo que ir a ponerse en medio del círculo, mientras que yo ocupé su lugar junto a Albertina. Unos minutos antes envidiaba yo a aquel muchacho al ver que sus manos, corriendo por la cinta, se encontraban a cada momento con las de Albertina. Pero ahora que me había tocado a mí su puesto, yo, harto tímido para buscar ese contacto, harto emocionado para poder saborearlo, no sentí más que el golpeteo rápido y doloroso de mi corazón. Hubo un momento en que Albertina inclinó hacía mí su cara llena y rosada, con expresión de complicidad, haciendo como que tenía la sortija para engañar al hurón y que no mirara hacia el sitio por donde estaba pasando–el anillo. Comprendí en seguida que las miradas de inteligencia que Albertina me dirigía eran argucia del juego, pero me emocionó mucho el ver pasar por sus ojos la imagen, puramente simulada por la necesidad del juego, de un secreto, de un acuerdo que no existía entre nosotros, pero que desde entonces me pareció posible y cosa divinamente grata. Cuando me exaltaba yo con esa idea sentí una ligera presión de la mano de Albertina en la mía y vi que me lanzaba una ojeada procurando que nadie lo advirtiera. De repente, todo un tropel de esperanzas, hasta entonces invisibles para mí, se cristalizaron “Se aprovecha del juego para decirme que me quiere mucho”, pensé yo, en el colmo de la alegría; pero caí inmediatamente de mi altura al oír que Albertina me decía, rabiosa: “Pero cójala usted; hace una hora que se la estoy dando”., La pena me atontó, solté la cinta, y el que hacía de hurón vió la sortija y se lanzó sobre ella; yo tuve que volverme al centro del círculo, desesperado, a mirar cómo seguía el juego en desenfrenada ronda a mi alrededor, blanco de las burlas de todas las muchachas y puesto en el trance, para contestarles, de reírme yo también, cuando tan pocas ganas tenía, mientras que Albertina no paraba de decir “Cuando uno no se fija, no se juega para hacer perder a los demás. Los días que se juegue a esto no se lo invita, Andrea, o no vengo yo”. Andrea estaba muy por encima del juego, cantando su canción del “Bosque bonito”, que por espíritu de imitación y sin convicción alguna continuaba Rosamunda; y con ánimo de desviar las censuras de Albertina me dijo: “Estamos a dos pasos de esos Creuniers que tantas ganas tiene usted de ver. Lo voy a llevar allá por una sendita preciosa mientras que estas locas hacen las niñas de ocho años”. Como Andrea era muy buena conmigo, por el camino le fui diciendo de Albertina todo lo que me parecía más adecuado para que ésta me correspondiera. Andrea me contestó que ella también la quería mucho, que era encantadora; pero, sin embargo, mis elogios de su amiga parece que no le hicieron mucha gracia. De pronto, al ir por el caminito, en hondonada, me paré, herido en el corazón por un recuerdo de mi niñez: acababa de reconocer en las hojitas recortadas y brillantes que asomaban por un lado una mata de espino blanco, sin flores ¡ay! desde la pasada primavera. En torno flotaba una atmósfera de añejos meses de María, de tardes dominicales, de creencias y errores dados al olvido. Quería apoderarmé de esa atmósfera. Me paré un segundo, y Andrea, por encantadora adivinación, me dejó hablar un instante con las hojas del arbusto. Yo les pregunté por las flores, por aquellas flores de espino blanco que parecen alegres muchachillas atolondradas, coquetas y piadosas. “Ya hace mucho que se fueron esas señoritas”, me decían las hojas. Y quizá pensaban que yo, para ser tan amigo de ellas como aseguraba, no parecía muy bien enterado de sus costumbres. Gran amigo, sí, pero que no las había vuelto a ver hacía años, a pesar de sus promesas. Y sin embargo, así como Gilberta fué mi primer amor de muchacho, ellas fueron mi amor primero por una flor. “Sí, ya sé que se van allá a mediados de junio –respondí–;pero me gusta ver el sitio en donde vivían aquí. Fueron a verme a mi cuarto, en Combray, una vez que estuve yo malo; las guiaba mi madre. Y luego nos veíamos los sábados por la tarde en el mes de María. ¿Y las de aquí, van también?" “Pues claro. Hay mucho interés porque esas señoritas vayan a la iglesia de Saint–Denis du Désert, que es la parroquia más cercana”. “¿Entonces, para verlas...?” “Hasta mayo del año que viene, no.” “¿Pero puedo estar seguro de que vendrán?” “Todos los años vienen.” “Lo que no sé es si sabré dar con este sitio.” “Sí, ya lo creo; esas señoritas son tan alegres que no dejan de reír más que para cantar cánticos: de manera que no tiene pérdida, desde la entrada del sendero ya notará usted su olor."
Je rejoignis Andrée, recommençai à lui faire des éloges d′Albertine. Il me semblait impossible qu′elle ne les lui répétât pas étant donnée l′insistance que j′y mis. Et pourtant je n′ai jamais appris qu′Albertine les eût sus. Andrée avait pourtant bien plus qu′elle l′intelligence des choses du cur, le raffinement dans la gentillesse; trouver le regard, le mot, l′action, qui pouvaient le plus ingénieusement faire plaisir, taire une réflexion qui risquait de peiner, faire le sacrifice (et en ayant l′air que ce ne fût pas un sacrifice), d′une heure de jeu, voire d′une matinée, d′une garden-party, pour rester auprès d′un ami ou d′une amie triste et lui montrer ainsi qu′elle préférait sa simple société à des plaisirs frivoles, telles étaient ses délicatesses coutumières. Mais quand on la connaissait un peu plus on aurait dit qu′il en était d′elle comme de ces héroî°µes poltrons qui ne veulent pas avoir peur, et de qui la bravoure est particulièrement méritoire; on aurait dit qu′au fond de sa nature, il n′y avait rien de cette bonté qu′elle manifestait à tout moment par distinction morale, par sensibilité, par noble volonté de se montrer bonne amie. A écouter les charmantes choses qu′elle me disait d′une affection possible entre Albertine et moi, il semblait qu′elle eût dû travailler de toutes ses forces à la réaliser. Or, par hasard peut-être, du moindre des riens dont elle avait la disposition et qui eussent pu m′unir à Albertine, elle ne fit jamais usage, et je ne jurerais pas que mon effort pour être aimé d′Albertine, n′ait, sinon provoqué de la part de son amie des manèges secrets destinés à le contrarier, mais éveillé en elle une colère bien cachée d′ailleurs, et contre laquelle par délicatesse elle luttait peut-être elle-même. De mille raffinements de bonté qu′avait Andrée, Albertine eût été incapable, et cependant je n′étais pas certain de la bonté profonde de la première comme je le fus plus tard de celle de la seconde. Se montrant toujours tendrement indulgente à l′exubérante frivolité d′Albertine, Andrée avait avec elle des paroles, des sourires qui étaient d′une amie, bien plus elle agissait en amie. Je l′ai vue, jour par jour, pour faire profiter de son luxe, pour rendre heureuse cette amie pauvre, prendre, sans y avoir aucun intérêt, plus de peine qu′un courtisan qui veut capter la faveur du souverain. Elle était charmante de douceur, de mots tristes et délicieux, quand on plaignait devant elle la pauvreté d′Albertine et se donnait mille fois plus de peine pour elle qu′elle n′eût été pour une amie riche. Mais si quelqu′un avançait qu′Albertine n′était peut-être pas aussi pauvre qu′on disait, un nuage à peine discernable voilait le front et les yeux d′Andrée; elle semblait de mauvaise humeur. Et si on allait jusqu′à dire qu′après tout elle serait peut-être moins difficile à marier qu′on pensait, elle vous contredisait avec force et répétait presque rageusement: «Hélas si, elle sera immariable! Je le sais bien, cela me fait assez de peine!» Même, en ce qui me concernait, elle était la seule de ces jeunes filles qui jamais ne m′eût répété quelque chose de peu agréable qu′on avait pu dire de moi; bien plus si c′était moi-même qui le racontais, elle faisait semblant de ne pas le croire ou en donnait une explication qui rendît le propos inoffensif; c′est l′ensemble de ces qualités qui s′appelle le tact. Il est l′apanage des gens qui, si nous allons sur le terrain, nous félicitent et ajoutent qu′il n′y avait pas lieu de le faire, pour augmenter encore à nos yeux le courage dont nous avons fait preuve, sans y avoir été contraint. Ils sont l′opposé des gens qui dans la même circonstance disent: «Cela a dû bien vous ennuyer de vous battre, mais d′un autre côté vous ne pouviez pas avaler un tel affront, vous ne pouviez faire autrement.» Mais comme en tout il y a du pour et du contre, si le plaisir ou du moins l′indifférence de nos amis à nous répéter quelque chose d′offensant qu′on a dit sur nous, prouve qu′ils ne se mettent guère dans notre peau au moment où ils nous parlent, et y enfoncent l′épingle et le couteau comme dans de la baudruche, l′art de nous cacher toujours ce qui peut nous être désagréable dans ce qu′ils ont entendu dire de nos actions, ou de l′opinion qu′elles leur ont a eux-mêmes inspirée, peut prouver chez l′autre catégorie d′amis, chez les amis pleins de tact, une forte dose de dissimulation. Elle est sans inconvénient si, en effet, ils ne peuvent penser du mal et si celui qu′on dit les fait seulement souffrir comme il nous ferait souffrir nous-mêmes. Je pensais que tel était le cas pour Andrée sans en être cependant absolument sûr. Volví con Andrea y seguí haciéndole elogios de Albertina. Yo estaba seguro de que se los repetiría a la interesada, dada la insistencia que yo ponía en ellos. Y, sin embargo, nunca se lo dijo, que yo sepa. Aunque Andrea era mucho más inteligente que Albertina para las cosas de sentimiento y más refinada en su bondad, tenía siempre alguna la palabra o la acción que más delicadeza: encontrar la mirada, ingeniosamente podían agradar, callarse una observación que pudiese ser penosa, sacrificar (sin que pareciera sacrificio) una hora de juego, o hasta una reunión o una, Barden– panty, por quedarse con un amigo o amiga preocupados; demostrándoles así que prefería su compañía a los placeres frívolos. Pero cuando se la conocía más pensaba uno de ella que era como esos heroicos cobardes que no quieren tener miedo y cuya bravura es de especial mérito; porque parecía que en el fondo de su carácter no había nada de la bondad que manifestaba a cada instante por distinción moral, por sensibilidad, por noble voluntad de ser buena amiga. Al oír las cosas encantadoras que me decía respecto a unas posibles relaciones entre Albertina y yo, cualquiera diría que iba a trabajar con todas sus fuerzas porque fuesen una realidad. Cuando la verdad es, quizá por casualidad que nunca puso de su parte ni lo más mínimo de lo que ella podía para unirse a Albertina, y no me atrevería yo a jurar que mi esfuerzo para lograr el amor de Albertina no haya tenido por efecto, ya que no el provocar maniobras secretas de Andrea para contrariar mis designios, por lo menos el despertar en ella una cólera muy bien oculta, eso sí, y contra la cual acaso ella luchaba por delicadeza. Albertina hubiese sido incapaz de los mil refinamientos de bondad que tenía Andrea, y, sin embargo, no estaba yo tan seguro de la bondad de la segunda como lo estuve luego de la bondad de Albertina. Se mostraba siempre Andrea cariñosamente indulgente con la exuberante frivolidad de Albertina; tenía para ésta palabras y sonrisas muy de amiga, y, lo que es más, se portaba con ella como una amiga. Yo la he visto día por día darse más trabajo porque su amiga pobre se aprovechara de su lujo y por hacerla feliz, sin tener el menor interés en ello que el que se da un cortesano para captarse el favor real. Cuando delante de ella compadecían a Albertina por su pobreza, Andrea se ponía encantadoramente cariñosa, se le ocurrían palabras tristes y deliciosas, y por su amiga pobre se tomaba muchas más molestias que por una rica. Pero si alguien sugería que Albertina no era tan pobre como decían, una nube apenas díscernible velaba la frente y el mirar de Andrea, que parecía ponerse de mal humor. Y si se llegaba a decir que a pesar de todo no le sería tan difícil encontrar marido, Andrea contradecía tal afirmación calurosamente y repetía, casi con rabia: “No; es imposible que se case. Lo sé muy bien, y bastante pena que me da”. En lo que a mí se refería, ella era la única de las muchachas que no viniera a contarme alguna cosa desagradable que hubiesen dicho de mí; y si era yo el que lo contaba, hacía como que no lo creía o daba una ,explicación de la cosa que le quitaba su carácter ofensivo; el conjunto de estas cualidades es lo que se llama tacto. Y suele ser patrimonio de esas personas que cuando nos batimos nos dan la enhorabuena y añaden que no había motivo rara haber ido al terreno, con objeto de ensalzar más aún el valor de que hemos dado pruebas sin necesidad. Son todo lo contrario de esas gentes que en la misma circunstancia nos dicen: “Ha debido de molestarle a usted mucho eso de batirse; pero, claro, no iba usted a tragarse el insulto: no había otro remedio”. Pero como todo tiene su pro y su contra, si el placer, o por lo menos la indiferencia de nuestros amigos en contarnos una cosa ofensiva que alguien dijo de nosotros demuestra que no se ponen en nuestro lugar en ese momento y que hunden el alfiler o el cuchillo como en una badana, el arte de ocultarnos siempre lo que puede sernos desagradable de las palabras ajenas o de la opinión que ellos formaron según esas palabras puede indicar en la otra clase de amigos, en los amigos llenos de tacto, una fuerte dosis de disimulo. Pero no hay inconveniente alguno en ello, si, en efecto, no piensan mal y si ese dicho los hiere como nos heriría a nosotros mismos. Yo creí que esto es lo que pasaba con Andrea, aunque sin estar absolutamente seguro.
Nous étions sortis du petit bois et avions suivi un lacis de chemins assez peu fréquentés où Andrée se retrouvait fort bien. «Tenez, me dit-elle tout à coup, voici vos fameux Creuniers, et encore vous avez de la chance, juste par le temps, dans la lumière où Elstir les a peints.» Mais j′étais encore trop triste d′être tombé pendant le jeu du furet d′un tel faîte d′espérances. Aussi ne fût-ce pas avec le plaisir que j′aurais sans doute éprouvé que je pus distinguer tout d′un coup à mes pieds, tapies entre les roches où elles se protégeaient contre la chaleur, les Déesses marines qu′Elstir avait guettées et surprises, sous un sombre glacis aussi beau qu′eût été celui d′un Léonard, les merveilleuses Ombres abritées et furtives, agiles et silencieuses, prêtes au premier remous de lumière à se glisser sous la pierre, à se cacher dans un trou et promptes, la menace du rayon passée, à revenir auprès de la roche ou de l′algue, sous le soleil émietteur des falaises, et de l′Océan décoloré dont elles semblent veiller l′assoupissement, gardiennes immobiles et légères, laissant paraître à fleur d′eau leur corps gluant et le regard attentif de leurs yeux foncés. Habíamos salido del bosquecillo y anduvimos por tina red ele caminitos solitarios que Andrea conocía muy bien. “Ahí tiene usted –me dijo de pronto– esos famosos Creuniers; y tiene usted suerte: precisamente con el tiempo y la luz misma que en el cuadro de Elstir.” Pero aun estaba yo harto triste por haber caído durante el juego del anillo de aquella cumbre de esperanzas. Y no tuve todo el placer que yo me esperaba al distinguir de pronto, allí a iris pies, acurrucadas entre las rocas donde iban a resguardarse contra el calor, a aquellas diosas marinas que Elstir supo acechar y sorprender, bajo un barniz sombrío tan bello como el de un Leonardo de Vine¡, las Sombras abrigadas y Turtivas, ágiles y silenciosas, prontas a meterse debajo de una piedra o en un tronco en cuanto se moviera una oleada de luz y a volver en cuanto pasara la amenaza de aquel rayo junto a la roca o el alga, bajo el sol, que desmigajaba los acántilados, y el descolorido océano, de cuyo dormitar parecían ellas guardianas inmóviles y ligeras que asomaban a flor ele agua su cuerpo pegajoso y el mirar atento de sus ojos obscuros.
Nous allâmes retrouver les autres jeunes filles pour rentrer. Je savais maintenant que j′aimais Albertine; mais hélas! je ne me souciais pas de le lui apprendre. C′est que, depuis le temps des jeux aux Champs-Élysées, ma conception de l′amour était devenue différente si les êtres auxquels s′attachaient successivement mon amour demeuraient presque identiques. D′une part l′aveu, la déclaration de ma tendresse à celle que j′aimais ne me semblait plus une des scènes capitales et nécessaires de l′amour; ni celui-ci, une réalité extérieure mais seulement un plaisir subjectif. Et ce plaisir je sentais qu′Albertine ferait d′autant plus ce qu′il fallait pour l′entretenir qu′elle ignorerait que je l′éprouvais. Fuimos en busca de las demás muchachas para emprender la vuelta. Yo ya sabía que estaba enamorado de Albertina; pero, desgraciadamente, no me preocupaba el decírselo a ella. Y es que desde mis tiempos de juego en los Campos Elíseos mi concepción del amor había cambiado mucho, aunque los seres a quienes se consagró mi amor sucesivamente eran casi idénticos. Por una parte, la confesión, la declaración de mi cariño a la mujer amada no me parecía ya una de las escenas capitales y necesarias del amor, ni éste una realidad exterior, sino tan sólo un placer subjetivo. Y me daba yo cuenta de que Albertina echaría más leña al fuego de ese placer cuanto menos enterada estuviese de su existencia.
Pendant tout ce retour, l′image d′Albertine noyée dans la lumière qui émanait des autres jeunes filles ne fut pas seule à exister pour moi. Mais comme la lune qui n′est qu′un petit nuage blanc d′une forme plus caractérisée et plus fixe pendant le jour, prend toute sa puissance dès que celui-ci s′est éteint, ainsi quand je fus rentré à l′hôtel ce fut la seule image d′Albertine qui s′éleva de mon cur et se mit à briller. Ma chambre me semblait tout d′un coup nouvelle. Certes, il y avait bien longtemps qu′elle n′était plus la chambre ennemie du premier soir. Nous modifions inlassablement notre demeure autour de nous; et, au fur et à mesure que l′habitude nous dispense de sentir, nous supprimons les éléments nocifs de couleur, de dimension et d′odeur qui objectivaient notre malaise. Ce n′était plus davantage la chambre, assez puissante encore sur ma sensibilité, non certes pour me faire souffrir, mais pour me donner de la joie, la cuve des beaux jours, semblable à une piscine à mi-hauteur de laquelle ils faisaient miroiter un azur mouillé de lumière, que recouvrait un moment, impalpable et blanche comme une émanation de la chaleur, une voile reflétée et fuyante; ni la chambre purement esthétique des soirs picturaux; c′était la chambre où j′étais depuis tant de jours que je ne la voyais plus. Or voici que je venais de recommencer à ouvrir les yeux sur elle, mais cette fois-ci de ce point de vue égoî²´e qui est celui de l′amour. Je songeais que la belle glace oblique, les élégantes bibliothèques vitrées donneraient à Albertine si elle venait me voir une bonne idée de moi. A la place d′un lieu de transition où je passais un instant avant de m′évader vers la plage ou vers Rivebelle, ma chambre me redevenait réelle et chère, se renouvelait car j′en regardais et en appréciais chaque meuble avec les yeux d′Albertine. Durante la vuelta, la imagen de Albertina, bañada en la luz que emanaba de las otras muchachas, no fué la única que para mí había. Pero al igual de la luna, que de día no es más que una nubecilla blanca de forma más caracterizada y fija que las demás, y que recobra toda su potencia en cuanto la luz diurna se extingue, así cuando volví al hotel la imagen única de Albertina surgió de mi corazón y empezó a brillar. Ahora de pronto mi cuarto me parecía completamente nuevo. Claro que ya hacía mucho tiempo que no era el cuarto enemigo de la primera noche. El hombre va modificando incansablemente la morada que habita, y a medida que la costumbre nos dispensa de sentir suprimimos los elementos nocivos de color, dimensión y olor que objetivaban nuestro malestar. Ya no era aquel cuarto, con bastante imperio aún sobre mi sensibilidad, aunque no para hacerme sufrir, sino para darme alegría, la tina donde iban a bañarse los días claros, haciendo rebrillar aquella especie de piscina hasta la mitad de su altura con un azul empapado de luz, cubierto por momentos por una vela refleja y fugitiva, impalpable y blanca cual emanación del calor; ni el cuarto, puramente estético, de las tardes pictóricas era el cuarto donde había pasado yo tantos días que ahora ya no lo veía. Pero aquella tarde de nuevo volví a fijarme en él, mas desde ese punto de vista egoísta propio del amor. Pensaba yo que el gran espejo y las elegantes librerías harían a Albertina muy buena impresión si alguna vez venía a verme. Y en vez de un lugar de transición, donde pasaba yo un momento antes de escapar a la playa o a Rivebelle, mi cuarto tornaba a ser real y grato y se renovaba porque miraba y apreciaba yo cada uno de sus muebles con los ojos de Albertina.
Quelques jours après la partie de furet, comme nous étant laissés entraîner trop loin dans une promenade nous avions été fort heureux de trouver à Maineville deux petits «tonneaux» à deux places qui nous permettraient de revenir pour l′heure du dîner, la vivacité déjà grande de mon amour pour Albertine eut pour effet que ce fut successivement à Rosemonde et à Andrée que je proposai de monter avec moi, et pas une fois à Albertine, ensuite que tout invitant de préférence Andrée ou Rosemonde, j′amenai tout le monde, par des considérations secondaires d′heure, de chemin et de manteaux, à décider comme contre mon gré que le plus pratique était que je prisse avec moi Albertine à la compagnie de laquelle je feignis de me résigner tant bien que mal. Malheureusement l′amour tendant à l′assimilation complète d′un être, comme aucun n′est comestible par la seule conversation, Albertine eut beau être aussi gentille que possible pendant ce retour, quand je l′eus déposée chez elle, elle me laissa heureux, mais plus affamé d′elle encore que je n′étais au départ et ne comptant les moments que nous venions de passer ensemble que comme un prélude sans grande importance par lui-même, à ceux qui suivraient. Il avait pourtant ce premier charme qu′on ne retrouve pas. Je n′avais encore rien demandé à Albertine. Elle pouvait imaginer ce que je désirais, mais n′en étant pas sûre, supposer que je ne tendais qu′à des relations sans but précis auxquelles mon amie devait trouver ce vague délicieux, riche de surprises attendues, qui est le romanesque. Unos días después de aquella tarde de juego salimos de paseo y anduvimos más de la cuenta; así, que nos alegramos mucho de encontrar en Maineville dos cochecitos de dos asientos de los llamados tonneaux, gracias a los cuales podríamos estar de vuelta en Balbec a la hora de cenar; yo, impulsado por la gran vivacidad– que ya había tomado mi amor a Albertina, propuse que viniera conmigo en un coche a Andrea, primero, y a Rosamunda, después; a Albertina no le dije nada; pero tras de haber invitado preferentemente a Andrea y a Rosamunda convencí a todo el mundo, cual si fuese en contra de mi deseo y por consideraciones secundarias de hora, de camino y de abrigos, de que lo más práctico era que viniese conmigo Albertina, y puse cara de resignado por ir en su compañía. Desgraciadamente, el amor tiende a la asimilación completa de un ser, y como nadie es comestible por la mera conversación, aunque Albertina estuvo sumamente amable durante la vuelta, cuando la dejé en su casa me quedé yo con más hambre aún de ella que al salir y no conté los momentos que habíamos pasado juntos más que como un preludio, sin gran importancia intrínseca, de los que vendrían despues Y sin embargo, tenía ese encanto primigenio que no se vuelve a encontrar nunca. Todavía no había pedido nada a Albertina. Podía imaginarse lo que yo deseaba; pero como no esta segura supondría que yo no aspiraba sino a relaciones sin ninguna validad precisa, en las que mi amiga vería esa deliciosa ceguedad, tan rica en esperadas sorpresas, que se llama lo novelesco.
Dans la semaine qui suivit je ne cherchai guère à voir Albertine. Je faisais semblant de préférer Andrée. L′amour commence, on voudrait rester pour celle qu′on aime l′inconnu qu′elle peut aimer, mais on a besoin d′elle, on a besoin de toucher moins son corps que son attention, son cur. On glisse dans une lettre une méchanceté qui forcera l′indifférente à vous demander une gentillesse, et l′amour, suivant une technique infaillible, resserre pour nous d′un mouvement alterné l′engrenage dans lequel on ne peut plus ni ne pas aimer, ni être aimé. Je donnais à Andrée les heures où les autres allaient à quelque matinée que je savais qu′Andrée me sacrifierait, par plaisir, et qu′elle m′eût sacrifiées même avec ennui, par élégance morale, pour ne pas donner aux autres ni à elle-même l′idée qu′elle attachait du prix à un plaisir relativement mondain. Je m′arrangeais ainsi à l′avoir chaque soir toute à moi, pensant non pas rendre Albertine jalouse, mais accroître à ses yeux mon prestige ou du moins ne pas le perdre en apprenant à Albertine que c′était elle et non Andrée que j′aimais. Je ne le disais pas non plus à Andrée de peur qu′elle le lui répétât. Quand je parlais d′Albertine avec Andrée, j′affectais une froideur dont Andrée fut peut-être moins dupe que moi de sa crédulité apparente. Elle faisait semblant de croire à mon indifférence pour Albertine, de désirer l′union la plus complète possible entre Albertine et moi. Il est probable qu′au contraire elle ne croyait pas à la première ni ne souhaitait la seconde. Pendant que je lui disais me soucier assez peu de son amie, je ne pensais qu′à une chose, tâcher d′entrer en relations avec Mme Bontemps qui était pour quelques jours près de Balbec et chez qui Albertine devait bientôt aller passer trois jours. Naturellement, je ne laissais pas voir ce désir à Andrée et quand je lui parlais de la famille d′Albertine, c′était de l′air le plus inattentif. Les réponses explicites d′Andrée ne paraissaient pas mettre en doute ma sincérité. Pourquoi donc lui échappa-t-il un de ces jours-là de me dire: «J′ai justement vu la tante à Albertine.» Certes elle ne m′avait pas dit: «J′ai bien démêlé sous vos paroles jetées comme par hasard, que vous ne pensiez qu′à vous lier avec la tante d′Albertine.» Mais c′est bien à la présence, dans l′esprit d′Andrée, d′une telle idée qu′elle trouvait plus poli de me cacher, que semblait se rattacher le mot «justement». Il était de la famille de certains regards, de certains gestes, qui bien que n′ayant pas une forme logique, rationnelle, directement élaborée pour l′intelligence de celui qui écoute, lui parviennent cependant avec leur signification véritable, de même que la parole humaine, changée en électricité dans le téléphone, se refait parole pour être entendue. Afin d′effacer de l′esprit d′Andrée l′idée que je m′intéressais à Mme Bontemps, je ne parlai plus d′elle avec distraction seulement, mais avec bienveillance, je dis avoir rencontré autrefois cette espèce de folle et que j′espérais bien que cela ne m′arriverait plus. Or je cherchais au contraire de toute façon à la rencontrer. A la semana siguiente no busqué apenas a Albertina. Hice como que prefería a Andrea. Empieza el amor, y querría uno seguir siendo para la amada ese ser desconocido del que ella se puede enamorar, pero al mismo tiempo se la necesita, se siente la necesidad de llegar no tanto a su cuerpo como a su atención, a su corazón. Insinúa uno en una carta una pequeña maldad que obligue a la indiferente a pedirnos algún favor, y el amor, con arreglo a una técnica infalible, va apretando para nosotros, con movimiento alterno, ese engranaje que nos coge de tal manera que ya no podemos dejar de amar ni ser amados. Consagraba yo a Andrea las horas en que las otras iban a alguna reunión a la que Andrea renunciaba con gusto por mí, pero a la que habría renunciado también sin ninguna gana por elegancia moral, para que no se creyeran las otras, ni ella misma, que concedía valor a un placer relativamente mundano. Y me arreglé para quedarme todas las tardes con ella, no con ánimo de inspirar celos a Albertina, sino de ganar aún más en opinión suya, q al menos no perder como habría ocurrido si le hubiese dicho que yo la quería a ella y no a Andrea. Tampoco decía la verdad a Andrea por miedo a que se lo contara a su amiga. Cuando hablaba yo a Andrea de Albertina afectaba gran frialdad; pero quizá se dejó ella engañar menos por mi indiferencia fingida que yo por su credulidad aparente. Hacía ella como si se creyera que Albertina me era indiferente y deseara que llegase a haber entre nosotros una perfecta unión. Cuando, por el contrario, lo probable era que ni creía en una cosa ni deseaba la otra. Y mientras que le estaba yo diciendo que su amiga me preocupaba muy poco, tenía mi pensamiento puesto en la manera de entrar en relación con la señora de Bontemps, que estaba pasando una corta temporada cerca de Balbec y se llevaría a Albertina a estar con ella tres olías. Claro que yo no dejé transparentar mi deseo a Andrea, y le hablaba de la familia de Albertina sin dar a la cosa ninguna importancia. Las respuestas explícitas de Andrea parecía que no ponían mi sinceridad en tela de juicio. Pero, sin embargo, un día se le escapó esta frase: “Precisamente hoy he visto a la tía de Albertina”. Claro es que no me había dicho: “He estado muy bien por detrás de sus palabras de usted, lanzadas como al azar, que no piensa usted más que en hacer amistad con la tía de Albertina”. Pero aquella palabra precisamente parecía responder a la presencia en el ánimo de Andrea de una idea semejante, que consideraba más delicado ocultarme. Pertenecía esa palabra a la misma familia que algunas miradas y ademanes que aunque no tengan tina forma lógica y racional, directamente elaborada para el que escucha, llegan a sus oídos con su verdadera significación, lo mismo que la palabra humana, transformada en electricidad en el teléfono, vuelve a hacerse palabra para que la oigan. Con objeto de borrar del ánimo de Andrea la idea de que me preocupaba la señora dé Bontemps, ahora hablé de ella no sólo con indiferencia, sino malévolamente: dije que esta una ocasión me habían presentado a esa mujer tan loca, pero que tenía la esperanza de no tropezarme más con ella. Y– lo que buscaba por todos los medios era todo lo contrario.
Je tâchai d′obtenir d′Elstir, mais sans dire à personne que je l′en avais sollicité, qu′il lui parlât de moi et me réunît avec elle. Il me promit de me la faire connaître, s′étonnant toutefois que je le souhaitasse car il la jugeait une femme méprisable, intrigante et aussi inintéressante qu′intéressée. Pensant que si je voyais Mme Bontemps Andrée le saurait tôt ou tard, je crus qu′il valait mieux l′avertir. «Les choses qu′on cherche le plus à fuir sont celles qu′on arrive à ne pouvoir éviter, lui-dis-je. Rien au monde ne peut m′ennuyer autant que de retrouver Mme Bontemps, et pourtant je n′y échapperai pas, Elstir doit m′inviter avec elle.» «Je n′en ai jamais douté un seul instant», s′écria Andrée d′un ton amer, pendant que son regard grandi et altéré par le mécontentement se rattachait à je ne sais quoi d′invisible. Ces paroles d′Andrée ne constituaient pas l′exposé le plus ordonné d′une pensée qui peut se résumer ainsi: «Je sais bien que vous aimez Albertine et que vous faites des pieds et des mains pour vous rapprocher de sa famille.» Mais elles étaient les débris informes et reconstituables de cette pensée que j′avais fait exploser, en la heurtant malgré Andrée. De même que le «justement», ces paroles n′avaient de signification qu′au second degré, c′est dire qu′elles étaient celles qui (et non pas les affirmations directes) nous inspirent de l′estime ou de la méfiance à l′égard de quelqu′un, nous brouillent avec lui. Pedí a Elstir, pero rogándole que no se lo dijera a nadie, que le hablara de mí y que hiciera por que nos viésemos. Me prometió presentármela, aunque muy extrañado de mi deseo, porque él la tenía por una mujer despreciable, intrigante y sin más interés que el de ser horriblemente interesada. Se me ocurrió que si veía a la señora de Bontemps, Andrea se enteraría más o menos pronto, y juzgué preferible advertírselo. “Las cosas de que más va uno huyendo son las más difíciles de evitar –dije–. No hay nada que me moleste tanto en este mundo como hablar con la señora de Bontemps y, sin embargo, no podré escapar porque Elstir me ha dicho que va a invitarme el mismo día que a ella." “No me extraña absolutamente nada”, dijo Andrea con tono amargo, mientras que su mirar, dilatado y descompuesto por el descontento, se posaba en no sé qué cosa invisible. Estas palabras de Andrea no eran precisamente la expresión más ordenada de un pensamiento que hubiera podido resumirse así: “Sé muy bien que está usted enamorado de Albertina y que revuelve Roma con Santiago por acercarse a su familia Pero eran los restos informes y reconstituíbles de ese pensamiento que hice estallar yo, contra la voluntad de Andrea. Lo mismo que el precisamente, esas palabras no tenían sentido más que en segundo grado, es decir, eran de esas que nos inspiran (más cine las afirmaciones directas) estima o desconfianza por una persona y nos hacen incomodarnos con ella.
Puisque Andrée ne m′avait pas cru quand je lui disais que la famille d′Albertine m′était indifférente, c′est qu′elle pensait que j′aimais Albertine. Et probablement n′en était-elle pas heureuse. Puesto que Andrea no me había creído cuando le decía yo que la familia de Albertina me era indiferente, es que pensaba que estaba enamorado de Albertina. Y probablemente eso no la hacía muy feliz.
Elle était généralement en tiers dans mes rendez-vous avec son amie. Cependant il y avait des jours où je devais voir Albertine seule, jours que j′attendais dans la fièvre, qui passaient sans rien m′apporter de décisif, sans avoir été ce jour capital dont je confiais immédiatement le rôle au jour suivant, qui ne le tiendrait pas davantage; ainsi s′écroulaient l′un après l′autre, comme des vagues, ces sommets aussitôt remplacés par d′autres. Por lo general, ella solía estar presente en mis entrevistas con su amiga. Pero había días en que veía yo a Albertina sola, días que esperaba yo todo febril, y qué pasaban sin traerme nada decisivo, sin haber sido ese día capital, cuyo papel confiaba yo inmediatamente al siguiente día, que tampoco lo iba a cumplir; y así iban desmoronándose sucesivamente, al modo de las olas, aquellos pináculos, sustituídos inmediatamente por otros iguales.
Environ un mois après le jour où nous avions joué au furet, on me dit qu′Albertine devait partir le lendemain matin pour aller passer quarante-huit heures chez Mme Bontemps et obligée de prendre le train de bonne heure viendrait coucher la veille au Grand-Hôtel, d′où avec l′omnibus elle pourrait, sans déranger les amies chez qui elle habitait, prendre le premier train. J′en parlai à Andrée. «Je ne le crois pas du tout, me répondit Andrée d′un air mécontent. D′ailleurs cela ne vous avancerait à rien, car je suis bien certaine qu′Albertine ne voudra pas vous voir, si elle vient seule à l′hôtel. Ce ne serait pas protocolaire, ajouta-t-elle en usant d′un adjectif qu′elle aimait beaucoup, depuis peu, dans le sens de «ce qui se fait». Je vous dis cela parce que je connais les idées d′Albertine. Moi, qu′est-ce que vous voulez que cela me fasse que vous la voyiez ou non. Cela m′est bien égal.» Hacía poco más o menos un mes de aquella tarde del juego cuando me dijeron que Albertina se iría al otro día por la mañana a pasar cuarenta y ocho horas con su tía; y como tenía que tomar un tren que salía muy temprano, para no dar molestias en casa de las amigas con quienes vivía iba a dormir aquella noche al Gran Hotel. Se lo dije a Andrea: “No lo creo –me respondió con tono de descontento–. `Además, eso no le serviría a usted de nada, porque estoy segura de que Albertina no consentirá en verlo a usted si va ella sola al hotel. No sería protocolar –añadió, empleando un adjetivo que le gustaba mucho, desde poco tiempo atrás, en el sentido de “no corriente”–. Le digo eso porque sé cómo piensa Albertina. A mí no se me da nada que usted la vea o no. Me es completamente igual”.
Nous fûmes rejoints par Octave qui ne fit pas de difficulté pour dire à Andrée le nombre de points qu′il avait faits la veille au golf, puis par Albertine qui se promenait en manuvrant son diabolo comme une religieuse son chapelet. Grâce à ce jeu elle pouvait rester des heures seule sans s′ennuyer. Aussitôt qu′elle nous eut rejoints m′apparut la pointe mutine de son nez, que j′avais omise en pensant à elle ces derniers jours; sous ses cheveux noirs, la verticalité de son front s′opposa, et ce n′était pas la première fois, à l′image indécise que j′en avais gardée, tandis que par sa blancheur il mordait fortement dans mes regards; sortant de la poussière du souvenir, Albertine se reconstruisait devant moi. Le golf donne l′habitude des plaisirs solitaires. Celui que procure le diabolo l′est assurément. Pourtant après nous avoir rejoints, Albertine continua à y jouer, tout en causant avec nous, comme une dame à qui des amies sont venues faire une visite ne s′arrête pas pour cela de travailler à son crochet. «Il paraît que Mme de Villeparisis, dit-elle à Octave, a fait une réclamation auprès de votre père (et j′entendis derrière ce mot une de ces notes qui étaient propres à Albertine; chaque fois que je constatais que je les avais oubliées, je me rappelais en même temps avoir entr′aperçu déjà derrière elles la mine décidée et française d′Albertine. J′aurais pu être aveugle et connaître aussi bien certaines de ses qualités alertes et un peu provinciales dans ces notes-là que dans la pointe de son nez. Les unes et l′autre se valaient et auraient pu se suppléer et sa voix était comme celle que réalisera dit-on le photo-téléphone de l′avenir, dans le son se découpait nettement l′image visuelle. «Elle n′a du reste pas écrit seulement à votre père, mais en même temps au maire de Balbec pour qu′on ne joue plus au diabolo sur la digue, on lui a envoyé une balle dans la figure.» «Oui, j′ai entendu parler de cette réclamation. C′est ridicule. Il n′y a pas déjà tant de distractions ici.» Andrée ne se mêla pas à la conversation, elle ne connaissait pas, non plus d′ailleurs qu′Albertine ni Octave, Mme de Villeparisis. «Je ne sais pas pourquoi cette dame a fait toute une histoire, dit pourtant Andrée, la vieille Mme de Cambremer a reçu une balle aussi et elle ne s′est pas plainte.» «Je vais vous expliquer la différence, répondit gravement Octave en frottant une allumette, c′est qu′à mon avis, Mme de Cambremer est une femme du monde et Mme de Villeparisis est une arriviste. Est-ce que vous irez au golf cet après-midi?» et il nous quitta, ainsi qu′Andrée. Je restai seul avec Albertine. «Voyez-vous, me dit-elle, j′arrange maintenant mes cheveux comme vous les aimez, regardez ma mèche. Tout le monde se moque de cela et personne ne sait pour qui je le fais. Ma tante va se moquer de moi aussi. Je ne lui dirai pas non plus la raison.» Je voyais de côté les joues d′Albertine qui souvent paraissaient pâles, mais ainsi, étaient arrosées d′un sang clair qui les illuminait, leur donnait ce brillant qu′ont certaines matinées d′hiver où les pierres partiellement ensoleillées semblent être du granit rose et dégagent de la joie. Celle que me donnait en ce moment la vue des joues d′Albertine était aussi vive, mais conduisait à un autre désir qui n′était pas celui de la promenade mais du baiser. Je lui demandai si les projets qu′on lui prêtait étaient vrais: «Oui, me dit-elle, je passe cette nuit-là à votre hôtel et même comme je suis un peu enrhumée, je me coucherai avant le dîner. Vous pourrez venir assister à mon dîner à côté de mon lit et après nous jouerons à ce que vous voudrez. J′aurais été contente que vous veniez à la gare demain matin, mais j′ai peur que cela ne paraisse drôle, je ne dis pas à Andrée, qui est intelligente, mais aux autres qui y seront; ça ferait des histoires si on le répétait à ma tante; mais nous pourrions passer cette soirée ensemble. Cela, ma tante n′en saura rien. Je vais dire au revoir à Andrée. Alors à tout à l′heure. Venez tôt pour que nous ayons de bonnes heures à nous», ajouta-t-elle en souriant. A ces mots, je remontai plus loin qu′aux temps où j′aimais Gilberte à ceux où l′amour me semblait une entité non pas seulement extérieure mais réalisable. Tandis que la Gilberte que je voyais aux Champs-Élysées était une autre que celle que je retrouvais en moi dès que j′étais seul, tout d′un coup dans l′Albertine réelle, celle que je voyais tous les jours, que je croyais pleine de préjugés bourgeois et si franche avec sa tante, venait de s′incarner l′Albertine imaginaire, celle par qui, quand je ne la connaissais pas encore je m′étais cru furtivement regardé sur la digue, celle qui avait eu l′air de rentrer à contre-cur pendant qu′elle me voyait m′éloigner. En este momento se nos acercó Octavio, que no tuvo ningún inconveniente en contarnos cuántos tantos había hecho en el golf el día antes, y en seguida Albertina, que iba paseándose y jugando al diavolo al mismo tiempo, como esas monjas que andan y rezan su rosario a la par. Gracias a ese juego, Albertina podía estar sola horas enteras sin aburrirse. Yo en seguida me fijé en el gracioso remate de su nariz, rasgo que había omitido estos días pasados cuando pensaba en la muchacha; al amparo de su negro pelo, la verticalidad de sil frente se opuso, y no por vez primera, a la imagen indecisa que yo tenía de ella, mientras que su blancura hacía fuerte presa en mis miradas; Albertina surgía del polvo de los recuerdos e iba reconstruyéndose en mi presencia. El golf acostumbra a los entretenimientos solitarios. Y el del diavolo es seguramente uno de éstos. Sin embargo, Albertina, después de haberse incorporado a nosotros, siguió jugando, al mismo tiempo que nos hablaba, como una dama que recibe la visita de tinas amigas y no por eso deja su labor de crochet. “Parece –dijo a Octavio– que la señora de Villeparisis ha dirigido una reclamación a su padre de usted (y yo oí por detrás de esa palabra una de aquellas notas peculiares de Albertina; cada vez que me daba yo cuenta de que las había olvidado, al propio tiempo recordaba que entre esas notas se veía la cara decidida y francesa de Albertina. Aun siendo yo ciego por aquellas notas, hubiese reconocido algunas de las cualidades de viveza, un poco provincianas, tan bien como las revelaba el remate de su nariz. Las dos cosas eran equivalentes y hubieran podido suplirse mutuamente; y su voz, corno esa que realizará, según dicen, el fototeléfono del porvenir, recortaba limpiamente en el sonido la imagen visual). No sólo ha escrito a su padre de usted, ha escrito además al alcalde de Balbec para que no deje jugar al diavolo en el paseo, porque le han dado un golpe en la cara.” “Sí, he oído algo de esa reclamación. Es ridículo. ¡Con las pocas distracciones que hay aquí!” `Andrea no se mezclaba en la conversación; ninguna de las muchachas, ni tampoco Octavio, conocían a la señora de Villeparisis. “Yo no sé por qué ha armado todo ese lío esa señora –dijo por fin Andrea–, porque a la señora de C Cambremer la vieja, le dieron también con un diavolo en la cara y no se quejó.” “Pues yo les explicaré a ustedes la diferencia –– respondió gravemente Octavio, al tiempo que encendía una cerilla–: eso es porque, según me parece a mí, la de Cambremer es una dama del gran mundo y la otra una arribista.” En seguiida preguntó a Albertina si iría al golf aquella tarde, y se marchó; Andrea se fue también. Me quedé solo con Albertina. “¿Ha visto usted que ahora me peino como a usted le gusta? ¿Se ha fijado usted en el mechón de pelo? Todo el mundo se ríe y nadie sabe por qué lo hago. Mi tía también se reirá de mí, pero yo no le digo por qué lo llevo así.” Estaba yo viendo de lado las mejillas de Albertina, que a veces parecían pálidas, pero estaban regadas por una sangre clara que las iluminaba y les prestaba ese brillo propio de algunas mañanas invernales, en que las piedras, soleadas parcialmente, parecen granito rosa y están exhalando alegría. La que me inspiraba en este instante las mejillas de Albertina era también muy viva, pero llevaba a otro deseo que no el de pasear, al deseo del beso. Le pregunté si eran ciertos los proyectos que se le atribuían. . “Sí –me dijo–, pasaré esta noche en su hotel de usted, y como estoy un poco constipada me acostaré antes de la comida. Puede usted ir a verme cenar sentado junto a la cama, y después jugaremos a lo que usted quiera. Me hubiera gustado que viniera usted a la estación mañana, pero temo que parezca raro, no a Andrea, que es bastante inteligente, pero sí a las otras, que estarán allí; y luego, si se lo contaran a mi tía habría alguna historia; pero podemos pasar un rato juntos esta noche. Y de eso no se va a enterar mi tía. Voy a decir adiós a Andrea. Conque hasta luego. Vaya usted temprano para que tengamos mucho tiempo”, añadió sonriendo. Al oír estas palabras me remonté yo aún más allá de los tiempos en que quería a Gilberta, .a aquellos en que el amor me parecía una entidad no sólo exterior, sino realizable. Mientras que la Gilberta que yo veía en los Campos Elíseos era distinta de la que encontraba en mi alma en cuanto estaba solo, ahora, de pronto, en la Albertina real, en la que veía todos los días, en la que yo me figuraba tan llena de prejuicios burgueses y tan franca con su tía, acababa de encarnarse la Albertina imaginaria, aquella que me imaginé yo que me miró furtivamente en el paseo del dique cuando aún no nos habían presentado, aquella que la tarde en que me, la encontré yendo con mi abuela parecía tener muy poca gana de volver a su casa y miraba cómo me iba yo alejando.
J′allai dîner avec ma grand-mère, je sentais en moi un secret qu′elle ne connaissait pas. De même, pour Albertine, demain ses amies seraient avec elle, sans savoir ce qu′il y avait de nouveau entre nous, et quand elle embrasserait sa nièce sur le front, Mme Bontemps ignorerait que j′étais entre elles deux, dans cet arrangement de cheveux qui avait pour but, caché à tous, de me plaire, à moi, à moi qui avais jusque-là tant envié Mme Bontemps parce qu′apparentée aux mêmes personnes que sa nièce, elle avait les mêmes deuils à porter, les mêmes visites de famille à faire; or, je me trouvais être pour Albertine plus que n′était sa tante elle-même. Auprès de sa tante, c′est à moi qu′elle penserait. Qu′allait-il se passer tout à l′heure, je ne le savais pas trop. En tous cas le Grand-Hôtel, la soirée, ne me semblaient plus vides; ils contenaient mon bonheur. Je sonnai le lift pour monter à la chambre qu′Albertine avait prise, du côté de la vallée. Les moindres mouvements comme m′asseoir sur la banquette de l′ascenseur, m′étaient doux, parce qu′ils étaient en relation immédiate avec mon cur, je ne voyais dans les cordes à l′aide desquelles l′appareil s′élevait, dans les quelques marches qui me restaient à monter, que les rouages, que les degrés matérialisés de ma joie. Je n′avais plus que deux ou trois pas à faire dans le couloir avant d′arriver à cette chambre où était renfermée la substance précieuse de ce corps rose, — cette chambre qui même s′il devait s′y dérouler des actes délicieux, garderait cette permanence, cet air d′être, pour un passant non informé, semblable à toutes les autres, qui font des choses les témoins obstinément muets, les scrupuleux confidents, les inviolables dépositaires du plaisir. Ces quelques pas du palier à la chambre d′Albertine, ces quelques pas que personne ne pouvait plus arrêter, je les fis avec délices, avec prudence, comme plongé dans un élément nouveau, comme si en avançant j′avais lentement déplacé du bonheur, et en même temps avec un sentiment inconnu de toute puissance, et d′entrer enfin dans un héritage qui m′eût de tout temps appartenu. Puis tout d′un coup je pensai que j′avais tort d′avoir des doutes, elle m′avait dit de venir quand elle serait couchée. C′était clair, je trépignais de joie, je renversai à demi Françoise qui était sur mon chemin, je courais, les yeux étincelants, vers la chambre de mon amie. Je trouvai Albertine dans son lit. Dégageant son cou, sa chemise blanche changeait les proportions de son visage, qui congestionné par le lit, ou le rhume, ou le dîner, semblait plus rose; je pensai aux couleurs que j′avais eues quelques heures auparavant à côté de moi, sur la digue, et desquelles j′allais enfin savoir le goût; sa joue était traversée du haut en bas par une de ses longues tresses noires et bouclées que pour me plaire elle avait défaites entièrement. Elle me regardait en souriant. A côté d′elle, dans la fenêtre, la vallée était éclairée par le clair de lune. La vue du cou nu d′Albertine, de ces joues trop roses, m′avait jeté dans une telle ivresse, c′est-à-dire avait pour moi la réalité du monde non plus dans la nature, mais dans le torrent des sensations que j′avais peine à contenir, que cette vue avait rompu l′équilibre entre la vie immense, indestructible qui roulait dans mon être et la vie de l′univers, si chétive en comparaison. La mer, que j′apercevais à côté de la vallée dans la fenêtre, les seins bombés des premières falaises de Maineville, le ciel où la lune n′était pas encore montée au zénith, tout cela semblait plus léger à porter que des plumes pour les globes de mes prunelles qu′entre mes paupières je sentais dilatés, résistants, prêts à soulever bien d′autres fardeaux, toutes les montagnes du monde, sur leur surface délicate. Leur orbe ne se trouvait plus suffisamment rempli par la sphère même de l′horizon. Et tout ce que la nature eût pu m′apporter de vie m′eût semblé bien mince, les souffles de la mer m′eussent paru bien courts pour l′immense aspiration qui soulevait ma poitrine. La mort eût du me frapper en ce moment que cela m′eût paru indifférent ou plutôt impossible, car la vie n′était pas hors de moi, elle était en moi; j′aurais souri de pitié si un philosophe eût émis l′idée qu′un jour même éloigné, j′aurais à mourir, que les forces éternelles de la nature me survivraient, les forces de cette nature sous les pieds divins de qui je n′étais qu′un grain de poussière; qu′après moi il y aurait encore ces falaises arrondies et bombées, cette mer, ce clair de lune, ce ciel! Comment cela eût-il été possible, comment le monde eût-il pu durer plus que moi, puisque je n′étais pas perdu en lui, puisque c′était lui qui était enclos en moi, en moi qu′il était bien loin de remplir, en moi, où, en sentant la place d′y entasser tant d′autres trésors, je jetais dédaigneusement dans un coin ciel, mer et falaises. «Finissez ou je sonne», s′écria Albertine voyant que je me jetais sur elle pour l′embrasser. Mais je me disais que ce n′était pas pour ne rien faire qu′une jeune fille fait venir un jeune homme en cachette, en s′arrangeant pour que sa tante ne le sache pas, que d′ailleurs l′audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions; dans l′état d′exaltation où j′étais, le visage rond d′Albertine, éclairé d′un feu intérieur comme par une veilleuse, prenait pour moi un tel relief qu′imitant la rotation d′une sphère ardente, il me semblait tourner telles ces figures de Michel Ange qu′emporte un immobile et vertigineux tourbillon. J′allais savoir l′odeur, le goût, qu′avait ce fruit rose inconnu. J′entendis un son précipité, prolongé et criard. Albertine avait sonné de toutes ses forces. Fuí a cenar con mi abuela, y tenía la sensación de llevar en mí un secreto que ella no conocía: Y lo mismo le pasaría a AIbertina; al otro día sus amigas estarían con ella, tan ignorantes de lo que había de nuevo entre nosotros, y su tía la señora de Bontemps, cuando fuera a besarla, no se enteraría de que yo me encontraba allí, entre las dos, en ese peinado nuevo que tenía como objeto, a todos oculto, agradarme a mí; a mí, que hasta entonces había tenido tanta envidia a la señora de Bontemps porque estaba emparentada con las mismas personas que su sobrina, porque tenía los mismos lutos y las mismas visitas que ella, y ahora resultaba que yo significaba para Albertina más que su propia tía. Mientras estuviese con ella, Albertina pensaría en mí. Lo que iba a pasar dentro de un rato es cosa que no sabía yo muy bien. En todo caso, el Gran Hotel y la noche no estaban ya vacíos: contenían toda mi felicidad. Pedí el ascensor para subir al cuarto que había tomado Albertina, y que daba al valle. Los movimientos más insignificantes, corno el sentarme en la banqueta del ascensor, me parecían deliciosos, porque estaban en relación inmediata con mi corazón; y en los cables que hacían ascender el aparato y en los escalones que me quedaban por subir no veía yo otra cosa que la materialización de mi alegría en rodajes y escalera. Me faltaba sólo dar dos o tres pasos por el corredor para llegar a aquella habitación donde se encerraba la substancia preciosa de ese rosado cuerpo, esa habitación que, aun cuando en ella ocurrieran cosas deliciosas, conservaría esa estabilidad, ese aire de ser, para un pasajero ignorante, igual a todas las demás; estabilidad por la cual son las cosas testigos tercamente mudos, confidentes escrupulosos e inviolables depositarios del placer. Di aquellos pasos que había entre el descansillo y la habitación de Albertina, aquellos pasos que ya nadie podría parar, con deleite, con prudencia, cual si anduviese por un elemento nuevo, cual si al ir′avanzando desplazase yo capas aéreas de felicidad, y al propio tiempo con un sentimiento nuevo de poder omnímodo, de entrar por fin en posesión de una herencia que siempre fue mía. Luego, de pronto, se me ocurrió que no debía tercer dudas: me había dicho que fuera cuando ya estuviese acostada. Estaba muy claro; pataleé de gozo, di un encontronazo a Francisca, que se me puso delante, y corrí con los ojos echando chispas al cuarto de mi amiga. Estaba en la carea. La blanca camisa le dejaba el cuello más libre y cambiaba las proporciones de su cara, que, congestionada por la postura, por el constipado o por la cena, parecía aún más rosada; me acordé yo de los colores que tuve unas horas antes cerca de mí, en el paseo; por fin ya, iba a averiguar a qué sabían; para gustarme más se había solado las trenzas negras y rizosas, y una de ellas le cruzaba la mejilla de arriba abajo. Me miraba sonriendo. A su lado, en la ventana, estaba el valle, iluminado por la luna. Aquel cuello desnudo de Albertina, aquellas sus rosadas mejillas me causaron tal embriaguez, es decir, pusieron para mí la realidad del mundo no ya en la Naturaleza, sino en el torrente de sensaciones con tanto trabajo contenido, que aquello rompió el equilibrio entre la vida inmensa, indestructible, que circulaba por mi ser y la vida del Universo, tan pobre en comparación. El mar, que se veía por la ventana, junto al valle; los arqueados cabezos de los primeros acantilados de Maineville y el cielo con su luna, no llegada aún al cenit, me parecían cosas más ligeras de llevar que una pluma para los globos de mis pupilas, que, dilatadas entre los párpados, se sentían resistentes y aptas para llevar sobre su delicada superficie enormes pesos, todas las montañas del mundo. Su orbe no se llenaba lo bastante ni siquiera con toda la esfera del horizonte. Y toda la vida que hubiera podido traerme la Naturaleza, todos los soplos del mar, habríanme parecido cosa ligera y breve para la inmensa aspiración que me llenaba el pecho. Me incliné hacia Albertina– para besarla. Poco se me habría dado, o mejor dicho, hubiérame parecido imposible que la muerte viniera a herirme en ese momento, porque la vida no estaba fuera de mí, sino dentro, y me habría inspirado una sonrisa de conmiseración el filósofo que hubiese venido a decirme que un día, por lejano que fuera, tenía que morir y que me sobrevivirían las fuerzas eternas de la Naturaleza, las fuerzas de esa Naturaleza bajo cuyos pies divinos estaba yo como un grano de polvo, y que después de mi muerte seguirían existiendo el mar, las redondas rocas, el ,claro de la luna, el cielo. ¿Cómo iba a ser posible eso, cómo podía el mundo durar más que yo si yo no estaba perdido en él, puesto que él era el encerrado dentro de mi ser, sin lograr llenarlo, ni con mucho; en mi ser, donde sentía yo que había espacio para tantos tesoros, que echaba desdeñosamente a un rincón cielo, mar y rocas? “Deténgase o llamo”, exclamó Albertina, viendo que me lanzaba sobre ella para besarla. Pero yo me dije que cuando una muchacha manda a un mozalbete que vaya a su cuarto en secreto y se las arregla para que su tía no se entere, será para algo, y además que la audacia sale bien a los que saben aprovecharse de la ocasión; en el estado de exaltación en que yo estaba, la redonda cara de Albertina, iluminada, como por una lamparilla, por un fuego interno, cobraba para mi tal relieve, que, imitando la rotación de una ardiente esfera, me parecía que daba vueltas como esas figuras de Miguel Angel arrastradas por inmóvil y vertiginoso torbellino Por fin iba a conocer el olor y el sabor de aquel misterioso fruto rosado. Oí un ruido precipitado, chillón y prolongado Albertina había tirado de la campanilla con todas su fuerzas.
J′avais cru que l′amour que j′avais pour Albertine n′était pas fondé sur l′espoir de la possession physique. Pourtant quand il m′eut paru résulter de l′expérience de ce soir-là que cette possession était impossible et qu′après n′avoir pas douté le premier jour, sur la plage, qu′Albertine ne fût dévergondée, puis être passé par des suppositions intermédiaires, il me sembla acquis d′une manière définitive qu′elle était absolument vertueuse; quand à son retour de chez sa tante, huit jours plus tard, elle me dit avec froideur: «Je vous pardonne, je regrette même de vous avoir fait de la peine mais ne recommencez jamais», au contraire de ce qui s′était produit quand Bloch m′avait dit qu′on pouvait avoir toutes les femmes et comme si au lieu d′une jeune fille réelle, j′avais connu une poupée de cire, il arriva, que peu à peu se détacha d′elle mon désir de pénétrer dans sa vie, de la suivre dans les pays où elle avait passé son enfance, d′être initié par elle à une vie de sport; ma curiosité intellectuelle de ce qu′elle pensait sur tel ou tel sujet ne survécut pas à la croyance que je pourrais l′embrasser. Mes rêves l′abandonnèrent dès qu′ils cessèrent d′être alimentés par l′espoir d′une possession dont je les avais crus indépendants. Dès lors ils se retrouvèrent libres, de se reporter — selon le charme que je lui avais trouvé un certain jour surtout selon la possibilité et les chances que j′entrevoyais d′être aimé par elle — sur telle ou telle des amies d′Albertine et d′abord sur Andrée. Pourtant si Albertine n′avait pas existé, peut-être n′aurais-je pas eu le plaisir que je commençai à prendre de plus en plus les jours qui suivirent, à la gentillesse que me témoignait Andrée. Albertine ne raconta à personne l′échec que j′avais essuyé auprès d′elle. Elle était une de ces jolies filles qui, dès leur extrême jeunesse, pour leur beauté, mais surtout pour un agrément, un charme qui restent assez mystérieux, et qui ont leur source peut-être dans des réserves de vitalité où de moins favorisés par la nature, viennent se désaltérer, toujours — dans leur famille, au milieu de leurs amies, dans le monde, ont plu davantage que de plus belles, de plus riches, elle était de ces êtres à qui, avant l′âge de l′amour et bien plus encore quand il est venu, on demande plus qu′eux ne demandent, et même qu′ils ne peuvent donner. Dès son enfance Albertine avait toujours eu en admiration devant elle quatre ou cinq petites camarades, parmi lesquelles se trouvait Andrée qui lui était si supérieure et le savait (et peut-être cette attraction qu′Albertine exerçait bien involontairement avait-elle été à l′origine, avait-elle servi à la fondation de la petite bande). Cette attraction s′exerçait même assez loin dans des milieux relativement plus brillants, où s′il y avait une pavane à danser on demandait Albertine plutôt qu′une jeune fille mieux née. La conséquence était que, n′ayant pas un sou de dot, vivant assez mal, d′ailleurs, à la charge de M. Bontemps qu′on disait véreux et qui souhaitait se débarrasser d′elle, elle était pourtant invitée non seulement à dîner, mais à demeure, chez des personnes qui aux yeux de Saint-Loup n′eussent eu aucune élégance, mais qui pour la mère de Rosemonde ou pour la mère d′Andrée, femmes très riches mais qui ne connaissaient pas ces personnes, représentaient quelque chose d′énorme. Ainsi Albertine passait tous les ans quelques semaines dans la famille d′un régent de la Banque de France, président du Conseil d′administration d′une grande Compagnie de Chemins de fer. La femme de ce financier recevait des personnages importants et n′avait jamais dit son «jour» à la mère d′Andrée, laquelle trouvait cette dame impolie, mais n′en était pas moins prodigieusement intéressée par tout ce qui se passait chez elle. Aussi exhortait-elle tous les ans Andrée à inviter Albertine, dans leur villa, parce que, disait-elle, c′était une bonne uvre d′offrir un séjour à la mer à une fille qui n′avait pas elle-même les moyens de voyager et dont la tante ne s′occupait guère; la mère d′Andrée n′était probablement pas mue par l′espoir que le régent de la Banque et sa femme apprenant qu′Albertine était choyée par elle et sa fille, concevraient d′elles deux une bonne opinion; à plus forte raison n′espérait-elle pas qu′Albertine pourtant si bonne et adroite, saurait la faire inviter, ou tout au moins faire inviter Andrée aux garden-partys du financier. Mais chaque soir à dîner, tout en prenant un air dédaigneux et indifférent, elle était enchantée d′entendre Albertine lui raconter ce qui s′était passé au château pendant qu′elle y était, les gens qui y avaient été reçus et qu′elle connaissait presque tous de vue ou de nom. Même la pensée qu′elle ne les connaissait que de cette façon, c′est-à-dire ne les connaissait pas (elle appelait cela connaître les gens «de tout temps»), donnait à la mère d′Andrée une pointe de mélancolie tandis qu′elle posait à Albertine des questions sur eux d′un air hautain et distrait, du bout des lèvres et eût pu la laisser incertaine et inquiète sur l′importance de sa propre situation si elle ne s′était rassurée elle-même et replacée dans la «réalité de la vie» en disant au maître d′hôtel: «Vous direz au chef que ses petits pois ne sont pas assez fondants.» Elle retrouvait alors sa sérénité. Et elle était bien décidée à ce qu′Andrée n′épousât qu′un homme d′excellente famille naturellement, mais assez riche pour qu′elle pût elle aussi avoir un chef et deux cochers. C′était cela le positif, la vérité effective d′une situation. Mais qu′Albertine eût dîné au château du régent de la Banque avec telle ou telle dame, que cette dame l′eût même invitée pour l′hiver suivant, cela n′en donnait pas moins à la jeune fille, pour la mère d′Andrée une sorte de considération particulière qui s′alliait très bien à la pitié et même au mépris excités par son infortune, mépris augmenté par le fait que M. Bontemps eût trahi son drapeau et se fût — même vaguement panamiste, disait-on — rallié au gouvernement. Ce qui n′empêchait pas, d′ailleurs, la mère d′Andrée, par amour de la vérité de foudroyer de son dédain les gens qui avaient l′air de croire qu′Albertine était d′une basse extraction. «Comment, c′est tout ce qu′il y a de mieux, ce sont des Simonet, avec un seul n.» Certes, à cause du milieu où tout cela évoluait, où l′argent joue un tel rôle, et où l′élégance vous fait inviter mais non épouser, aucun mariage «potable» ne semblait pouvoir être pour Albertine, conséquence utile de la considération si distinguée dont elle jouissait et qu′on n′eût pas trouvée compensatrice de sa pauvreté. Mais même à eux seuls, et n′apportant pas l′espoir d′une conséquence matrimoniale, ces «succès» excitaient l′envie de certaines mères méchantes, furieuses de voir Albertine être reçue comme «l′enfant de la maison» par la femme du régent de la Banque, même par la mère d′Andrée, qu′elles connaissaient à peine. Aussi disaient-elles à des amis communs d′elles et de ces deux dames, que celles-ci seraient indignées si elles savaient la vérité, c′est-à-dire qu′Albertine racontait chez l′une (et «vice versa») tout ce que l′intimité où on l′admettait imprudemment lui permettait de découvrir chez l′autre, mille petits secrets qu′il eût été infiniment désagréables à l′intéressée de voir dévoilés. Ces femmes envieuses disaient cela pour que cela fût répété et pour brouiller Albertine avec ses protectrices. Mais ces commissions comme il arrive souvent n′avaient aucun succès. On sentait trop la méchanceté qui les dictait et cela ne faisait que faire mépriser un peu plus celles qui en avaient pris l′initiative. La mère d′Andrée était trop fixée sur le compte d′Albertine pour changer d′opinion à son égard. Elle la considérait comme une «malheureuse» mais d′une nature excellente et qui ne savait qu′inventer pour faire plaisir. Me había yo creído que el amor que sentía por Albertina no se fundaba en el deseo de la posesión física. Sin embargo, cuando me pareció que de la experiencia de aquella noche resultaba que tal posesión era imposible; cuando llegué, después de no haber dudado el primer día que la vi en la playa de la ligereza de Albertina, y tras de pasar por suposiciones intermedias, a la convicción definitiva de que era absolutamente decente; cuando al cabo de ocho días, al regresar de casa de su tía, me dijo fríamente: “Lo perdono a usted, siento haberlo hecho sufrir, pero ¡mucho cuidado con volver a las andadas!”, me ocurrió lo contrario de aquello que sentí cuando Bloch me reveló que podía uno poseer a todas las mujeres; y como si Albertina en vez de una muchacha de verdad fuese una muñeca de cera, sucedió que poco a poco se fué apartando de ella aquel deseo mío de penetrar en su vida, de seguirla por las tierras en donde pasó su infancia, de que me iniciara en la vida de sport; y mi curiosidad intelectual sobre lo que opinara Albertina de tal o cual cosa no pudo sobrevivir a la creencia de que podía darle un beso. Mis ensueños la abandonaron en cuanto dejó de atizarlos la esperanza de una posesión con la que yo– creí que no tenían nada que ver. Y ya se quedaron en libertad para ir a posarse ––según los encantos que les iba descubriendo, y, sobre todo, según la posibilidad y probabilidades de ser amado que yo entreveía– en alguna amiga de Albertina, y primeramente en Andrea. Y, sin embargo, si no hubiera sido por Albertina no habría yo sentido tanto placer por las atenciones que conmigo tenía Andrea. Albertina no contó a nadie mi fracaso del hotel. Era una de esas lindas muchachas que desde muy jovencitas, por su belleza, y sobre todo por una gracia y un encanto medio misteriosos, y que acaso manan de las reservas de vitalidad donde van a apagar su sed los menos favorecidos por la Naturaleza, agradan siempre en la familia, entre sus amigas o en sociedad más que otras muchachas de mayor belleza o posición; uno de esos seres a quienes ya antes de que llegue la edad de amar, y sobre todo cuando ese momento llega, se les pide más de lo que ellas solicitan y acaso más de lo que pueden dar. Desde niña Albertina tuvo siempre cuatro o cinco compañeras que la admiraban, entre ellas Andrea, que era muy superior a ella y lo sabía (y acaso esa atracción que Albertina ejercía involuntariamente fué ¿rigen y fundamento de la bandada mocil). Esa atracción era sensible Basta en círculos relativamente más brillantes, y si había que bailar una pavana, se echaba mano de Albertina con preferencia a otra muchacha de más linaje. De aquí resultaba que Albertina, aunque no tenía un céntimo de dote y vivía mal y a costa del señor Bontemps (del que contaban que era hombre poco franco y no quería más que quitarse de encima a la muchacha), se veía invitada a comer y a pasar temporadas en casa de una gente que para un Saint–Loup no serían nada elegantes, pero que para la madre de Rosamunda o de Andrea, señoras muy ricas, pero con pocos conocimientos, representaban una gran cosa. Así, Albertina pasaba siempre unos días al año con la familia de un consejero del Banco de Francia, presidente del Consejo de administración de una gran compañía ferroviaria. La mujer de este financiero se trataba con gente gorda, y nunca invitó a su “día” a la madre de Andrea, la cual consideraba por eso a dicha señora muy mal educada; pero, sin embargo, le gustaba mucho enterarse de lo que pasaba en su casa. De modo que animaba todos los años a su hija para que invitara a Albertina a ir con ellas al mar, porque decía que era una obra de caridad ofrecer casa a una muchacha que no tiene medios de viajar y a la ,que no hace ningún caso su familia; pero, probablemente, a la madre de Andrea la impulsaba únicamente la esperanza de que el consejero del Banco y su esposa, al enterarse de cómo mimaban ella y su hija a Albertina, formaran de ellas una buena opinión; y aun con más motivo esperaba que Albertina, tan lista y tan buena, sabría arreglárselas pala que las invitaran, o al menos para que invitaran a Andrea, a las Barden party del financiero. Y todas las noches, mientras cenaban, con gesto desdeñoso e indiferente, para disimular, se encantaba al oír contar a Albertina lo que había pasado en el castillo mientras ella estuvo allí, y la gente que iba a las reuniones, porque a casi todos los conocía de vista o de oídas. Hasta esa idea de que no las conocía sino de esa manera, es decir, sin conocerlas (aunque ella llamaba a eso conocerlas “desde hacia mucho”), inspiraba a la madre de Andrea un puntillo de melancolía mientras que preguntaba a Albertina cosas de aquella gente con aire altivo y distraído y con la boca chica; lo cual la habría dejado bastante preocupada e indecisa respecto a la importancia de su propia posición, a no ser porque entonces ella misma se tranquilizaba y se ponía en “la realidad de la vida” diciendo al maestresala: “Diga usted al cocinero que estos guisantes están duros”. Entonces volvía a serenarse. Y estaba muy decidida a que Andrea no se casara sino con un muchacho de excelente familia, naturalmente, pero también de fortuna, con objeto de que su hija tuviese asimismo cocinero y dos cocheros. Esto era lo positivo, la verdad efectiva de una posición social. Pero, sin embargo, eso de que Albertina hubiese cenado en el castillo del consejero del Banco,, con tal o cual señora, que la había invitado para el invierno próximo, para la madre de Andrea revestía a Albertina de una consideración particular que casaba muy bien con la compasión y hasta el desprecio que le inspiraba su desgracia; desprecio acrecido por el hecho de que el señor Bontemps hizo traición a su bandera y se marchó con el Gobierno (hasta decían que era un poco panamista). A pesar de lo cual, la madre de Andrea lanzaba los rayos de su desdén contra las personas que se imaginaban que Albertina era de baja extracción. “¡Cómo, si es una familia excelente, de los Simonet con una n sola!” Claro que, dado el ambiente en que evolucionaba todo aquello, donde el dinero juega tanto papel y donde se logran por la elegancia invitaciones, sí, pero no maridó, no se preveía para Albertina ninguna boda “potable”, consecuencia útil de la consideración que disfrutaba, pero que no sería compensación suficiente de su pobreza. Pero esos éxitos, ya por sí solos y sin esperanza de acarrear ninguna consecuencia matrimonial, excitaban la envidia de algunas madres al ver a Albertina recibida como “niña de la casa” por la señora del consejero o por la madre de Andrea, a la que apenas conocían. Y contaban a los amigos de esas dos señoras que éstas se indignarían si llegaran a averiguar la, verdad, y es que Albertina iba diciendo en una casa todo lo que por aquella imprudente intimidad que le concedían podía averiguar, y viceversa, mil menudos secretos que a las interesadas no les gustaría nada ver descubiertos. Decían eso las mamás envidiosas, para que se corriera, con objeto de enemistar a Albertina con sus protectoras. Pero esos chismes no tenían éxito alguno, como suele ocurrir. Se veía muy claro la malevolencia que los inspiraba y sólo servían para despreciar un poco más a sus inventoras. La madre de Andrea estaba muy segura de lo que era Albertina para cambiar de opinión fácilmente. La tenía por una “pobre muchacha” de excelente índole y que no sabia qué inventar para hacerse grata.
Si cette sorte de vogue qu′avait obtenue Albertine ne paraissait devoir comporter aucun résultat pratique, elle avait imprimé à l′amie d′Andrée le caractère distinctif des êtres qui toujours recherchés, n′ont jamais besoin de s′offrir (caractère qui se retrouve aussi pour des raisons analogues, à une autre extrémité de la société chez des femmes d′une grande élégance), et qui est de ne pas faire montre des succès qu′ils ont, de les cacher plutôt. Elle ne disait jamais à quelqu′un: «Il a envie de me voir», parlait de tous avec une grande bienveillance, et comme si ce fût elle qui eût couru après, recherché les autres. Si on parlait d′un jeune homme qui quelques minutes auparavant venait de lui faire en tête-à-tête les plus sanglants reproches parce qu′elle lui avait refusé un rendez-vous, bien loin de s′en vanter publiquement, ou de lui en vouloir à lui, elle faisait son éloge: «C′est un si gentil garçon.» Elle était même tellement ennuyée de plaire, parce que cela l′obligeait à faire de la peine, tandis que, par nature, elle aimait à faire plaisir. Elle aimait même à faire plaisir au point d′en être arrivée à pratiquer un mensonge spécial à certaines personnes utilitaires, à certains hommes arrivés. Existant d′ailleurs à l′état embryonnaire chez un nombre énorme de personnes, ce genre d′insincérité consiste à ne pas savoir se contenter pour un seul acte, de faire, grâce à lui, plaisir à une seule personne. Par exemple, si la tante d′Albertine désirait que sa nièce l′accompagnât à une matinée peu amusante, Albertine en s′y rendant aurait pu trouver suffisant d′en tirer le profit moral d′avoir fait plaisir à sa tante. Mais accueillie gentiment par les maîtres de maison, elle aimait mieux leur dire qu′elle désirait depuis si longtemps les voir qu′elle avait choisi cette occasion et sollicité la permission de sa tante. Cela ne suffisait pas encore: à cette matinée se trouvait une des amies d′Albertine qui avait un gros chagrin. Albertine lui disait: «Je n′ai pas voulu te laisser seule, j′ai pensé que ça te ferait du bien de m′avoir près de toi. Si tu veux que nous laissions la matinée, que nous allions ailleurs, je ferai ce que tu voudras, je désire avant tout te voir moins triste» (ce qui était vrai aussi du reste). Parfois il arrivait pourtant que le but fictif détruisait le but réel. Ainsi Albertine ayant un service à demander pour une de ses amies allait pour cela voir une certaine dame. Mais arrivée chez cette dame bonne et sympathique, la jeune fille obéissant à son insu au principe de l′utilisation multiple d′une seule action, trouvait plus affectueux d′avoir l′air d′être venue seulement à cause du plaisir qu′elle avait senti, qu′elle éprouverait à revoir cette dame. Celle-ci était infiniment touchée qu′Albertine eût accompli un long trajet par pure amitié. En voyant la dame presque émue, Albertine l′aimait encore davantage. Seulement il arrivait ceci: elle éprouvait si vivement le plaisir d′amitié pour lequel elle avait prétendu mensongèrement être venue, qu′elle craignait de faire douter la dame de sentiments en réalité sincères, si elle lui demandait le service pour l′amie. La dame croirait qu′Albertine était venue pour cela, ce qui était vrai, mais elle conclurait qu′Albertine n′avait pas de plaisir désintéressé à la voir, ce qui était faux. De sorte qu′Albertine repartait sans avoir demandé le service, comme les hommes qui ont été si bons avec une femme dans l′espoir d′obtenir ses faveurs, qu′ils ne font pas leur déclaration pour garder à cette bonté un caractère de noblesse. Dans d′autres cas on ne peut pas dire que le véritable but fût sacrifié au but accessoire et imaginé après coup, mais le premier était tellement opposé au second, que si la personne qu′Albertine attendrissait en lui déclarant l′un avait appris l′autre, son plaisir se serait aussitôt changé en la peine la plus profonde. La suite du récit fera beaucoup plus loin, mieux comprendre ce genre de contradiction. Disons par un exemple emprunté à un ordre de faits tout différents qu′elles sont très fréquentes dans les situations les plus diverses que présente la vie. Un mari a installé sa maîtresse dans la ville où il est en garnison. Sa femme restée à Paris, et à demi au courant de la vérité se désole, écrit à son mari des lettres de jalousie. Or, la maîtresse est obligée de venir passer un jour à Paris. Le mari ne peut résister à ses prières de l′accompagner et obtient une permission de vingt-quatre heures. Mais comme il est bon et souffre de faire de la peine à sa femme, il arrive chez celle-ci, lui dit en versant quelques larmes sincères, qu′affolé par ses lettres il a trouvé le moyen de s′échapper pour venir la consoler et l′embrasser. Il a trouvé ainsi le moyen de donner par un seul voyage une preuve d′amour à la fois à sa maîtresse et à sa femme. Mais si cette dernière apprenait pour quelle raison il est venu à Paris, sa joie se changerait sans doute en douleur, à moins que voir l′ingrat ne la rendit malgré tout plus heureuse qu′il ne la fait souffrir par ses mensonges. Parmi les hommes qui m′ont paru pratiquer avec le plus de suite le système des fins multiples se trouve M. de Norpois. Il acceptait quelquefois de s′entremettre entre deux amis brouillés, et cela faisait qu′on l′appelait le plus obligeant des hommes. Mais il ne lui suffisait pas d′avoir l′air de rendre service à celui qui était venu le solliciter, il présentait à l′autre la démarche qu′il faisait auprès de lui, comme entreprise non à la requête du premier, mais dans l′intérêt du second, ce qu′il persuadait facilement à un interlocuteur suggestionné d′avance par l′idée qu′il avait devant lui «le plus serviable des hommes». De cette façon, jouant sur les deux tableaux, faisant ce qu′on appelle en termes de coulisse de la contre-partie, il ne laissait jamais courir aucun risque à son influence, et les services qu′il rendait ne constituaient pas une aliénation, mais une fructification d′une partie de son crédit. D′autre part, chaque service, semblant doublement rendu, augmentait d′autant plus sa réputation d′ami serviable, et encore d′ami serviable avec efficacité, qui ne donne pas des coups d′épée dans l′eau, dont toutes les démarches portent, ce que démontrait la reconnaissance des deux intéressés. Cette duplicité dans l′obligeance était, et avec des démentis comme en toute créature humaine, une partie importante du caractère de M. de Norpois. Et souvent au ministère, il se servit de mon père, lequel était assez na en lui faisant croire qu′il le servait. Si esa especie de moda que logró conquistar Albertina no acarreaba al parecer ningún resultado práctico, sin embargo imprimió a la amiga de Andrea el carácter distintivo de los seres que por ser muy solicitados no tienen necesidad de ofrecerse (carácter que se suele encontrar asimismo, y por análogas razones, en el otro extremo de la sociedad, en mujeres de extraordinaria elegancia), y que consiste en no hacer ostentación de sus éxitos, sino más bien en ocultarlos. Nunca decía a nadie: “Tienen gana de verme”; hablaba de todo el mundo con benevolencia suma, como si fuera ella la que corría en busca de los demás. Si recaía la conversación en un muchacho que unos momentos antes le había dado quejas muy amargas porque no quiso ella darle una cita, Albertina, muy lejos de jactarse de eso o de guardar rencor, elogiaba al joven y decía que era un muchacho muy bueno. Y hasta llegó a molestarla el agradar tanto, porque así tenía que disgustar a mucha gente, cuando ella lo que quería es contentar a todos. Tan es así, que llegó a practicar una mentira especial propia de ciertas personas utilitarias, pie hombres encumbrados. Ese género de insinceridad, que existe en estado embrionario en gran copia de gente, consiste en no saber contentarse en dar gusto por un solo acto a una sola persona. Por ejemplo, si la tía de Albertina quería que su sobrina la acompañara a una reunión aburrida, Albertina, al acceder, podía considerar que ya bastaba con el provecho moral de complacer a su tía. Pero al verse acogida amablemente por los dueños de la casa, prefería decirles que hacía mucho tiempo que deseaba verlos y que escogió esta ocasión, solicitando el permiso de su tía. Y aun con eso no le parecía suficiente; estaba en esa casa una amiga de Albertina que pasaba por una pena muy grande. Albertina le decía “No he querido dejarte sola, se me ocurrió que quizá te gustaría tenerme a tu lado. Si quieres que nos vayamos de aquí a donde tú quieras, me tienes a tu disposición; lo que yo quiero es que se te pase la pena”. Lo cual era verdad. Y a veces sucedía que el objetivo falso destruía el verdadero objetivo. Una vez Albertina tuvo que ir a ver a una señora para pedirle un favor en nombre de una amiga. Pero llegó a casa de esa señora, que era muy buena y simpática, y la muchacha, obedeciendo sin saberlo al principio de la utilización múltiple de una sola acción, creyó que sería más cariñoso aparentar que había ido exclusivamente por el gusto de ver a esa señora. La cual agradecía entonces infinitamente a Albertina que hubiese hecho tanto camino por pura amistad. Albertina, al ver a la dama tan emocionada de gratitud, la quería aún más. Pero ocurría una cosa: tan de veras sentía ese placer de amistad, que fingió ser el motivo de la visita, que ahora tenía miedo de que la señora dudara de la sinceridad suya, realmente sincera, si le pedía el favor para su amiga. Entonces la dama se figuraría que Albertina había ido sólo a eso, cosa que era cierta, pero deduciría que Albertina no tenía gusto en verla, cosa que era falsa. De modo que Albertina se marchaba sin haber pedido el favor, como esos hombres que después de haberse portado muy bien con una mujer, esperando lograr así sus favores, no se declaran, con objeto de que su bondad siga pareciendo efecto de pura nobleza. Había otros casos en los que no se podía decir que la finalidad verdadera fuese sacrificada a la otra finalidad accesoria e imaginada ulteriormente; pero aquella primera era tan opuesta a la segunda, que si la persona a quien lograba enternecer Albertina con la una se hubiese llegado a enterar de la otra, su placer habríase trocado inmediatamente en dolorosísima pena. Por lo que habrá de seguir el,, este relato se comprenderá mejor ese género de contradicciones Téngase en cuenta que son muy usuales en situaciones muy diferentes que ofrece la vida. Un hombre casado instala a su querida en la ciudad donde está él de guarnición. Su mujer, que vive en París, se entera a medias de la cosa, se desespera y escribe a su marido cartas muy celosas. Un día, la querida tiene que ir a pasar veinticuatro horas en París; su amigo no.–puede resistir;(, a sus súplicas, pide una licencia de un día y la acompaña. Pero; como es bueno y no quiere causar pena a su mujer, se presenta en su casa y le dice, vertiendo lágrimas muy sinceras, que, loco de dolor por sus cartas, pudo escapar para ir a consolarla y darle un abrazo. De ese modo logra con un solo viaje dar una prueba de amor a su mujer y otra a su querida. Pero si su esposa se entera del motivo que lo ha traído a París, toda su alegría se trotaría en pena, a no ser que la alegría de ver al ingrato no pesara más que el dolor de saber que mentía. Uno de los hombres a quienes he visto practicar con más persistencia el sistema de los fines múltiples es el señor de Norpois. Aceptaba muchas veces el papel de mediador entre los dos amigos reñidos y por eso lo llamaban persona extraordinariamente servicial. Pero no le bastaba con hacer el favor a aquel que había venido a pedírselo, sino que presentaba a los ojos del otro aquel paso que daba como cosa hecha, no a petición del primer amigo, sino por interés del segundo; y lo convencía fácilmente porque su interlocutor ya estaba sugestionado previamente por la idea de que tenía delante al hombre “más servicial del mundo”. De esa manera, jugando con los dos tableros, haciendo lo que se llama en términos de escenario “la parte contraria”, su influencia no corría nunca ningún riesgo, y los favores que hacía, eran fructificación de una parte de su crédito y nunca alienación del mismo. Y además, cada favor, como parecía doble, acrecía su reputación de hombre servicial y, lo que es más, de hombre servicial con eficacia, que no da palos de ciego, que siempre tiene éxito, cosa que se demostraba con la gratitud de ambos interesados. Esta duplicidad o doblez en los favores era, con las excepciones consiguientes a toda criatura humana, parte muy importante del carácter del señor de Norpois. Y muchas veces en el ministerio supo servirse de mi padre, que era muy simplón, haciéndole creer que lo servía a él.
Plaisant plus qu′elle ne voulait et n′ayant pas besoin de claironner ses succès, Albertine garda le silence sur la scène qu′elle avait eue avec moi auprès de son lit, et qu′une laide aurait voulu faire connaître à l′univers. D′ailleurs son attitude dans cette scène, je ne parvenais pas à me l′expliquer. Pour ce qui concerne l′hypothèse d′une vertu absolue (hypothèse à laquelle j′avais d′abord attribué la violence avec laquelle Albertine avait refusé de se laisser embrasser et prendre par moi et qui n′était du reste nullement indispensable à ma conception de la bonté, de l′honnêteté foncière de mon amie) je ne laissai pas de la remanier à plusieurs reprises. Cette hypothèse était tellement le contraire de celle que j′avais bâtie le premier jour où j′avais vu Albertine. Puis tant d′actes différents, tous de gentillesse pour moi (une gentillesse caressante, parfois inquiète, alarmée, jalouse de ma prédilection pour Andrée) baignaient de tous côtés le geste de rudesse par lequel, pour m′échapper, elle avait tiré sur la sonnette. Pourquoi donc m′avait-elle demandé de venir passer la soirée près de son lit? Pourquoi parlait-elle tout le temps le langage de la tendresse? Sur quoi repose le désir de voir un ami, de craindre qu′il vous préfère votre amie, de chercher à lui faire plaisir, de lui dire romanesquement que les autres ne sauront pas qu′il a passé la soirée auprès de vous, si vous lui refusez un plaisir aussi simple et si ce n′est pas un plaisir pour vous. Je ne pouvais croire tout de même que la vertu d′Albertine allât jusque-là et j′en arrivais à me demander s′il n′y avait pas eu à sa violence une raison de coquetterie, par exemple une odeur désagréable qu′elle aurait cru avoir sur elle et par laquelle elle eût craint de me déplaire, ou de pusillanimité, si par exemple elle croyait dans son ignorance des réalités de l′amour que mon état de faiblesse nerveuse pouvait avoir quelque chose de contagieux par le baiser. Como Albertina gustaba más de lo que ella quería y no necesitaba pregonar sus triunfos, no dijo una palabra de la escena que tuvo conmigo junto a la cama, escena que una muchacha fea hubiese dado a los cuatro vientos. Por cierto que no llegaba yo a explicarme su actitud en la dicha escena. Di muchas vueltas a la primera hipótesis, es decir, a la hipótesis de la virtud absoluta de Albertina; a ella atribuí al principio la violencia que opuso mi amiga a dejarse besar y abrazar por mí, violencia que, por lo demás, no era indispensable para mi concepción de la bondad y honradez básicas de Albertina. Dicha hipótesis era precisamente la contraria de la que construí yo el primer día que vi a Albertina. Además, había muchas y variadas acciones, todas amables para mí (una amabilidad acariciadora, preocupada a veces, alarmada y celosa de mi predilección por Andrea), rodeando por todas partes aquel ademán de rudeza con que tiró de la campanilla para escapar a mis designios. Entonces, ¿para qué me había invitado a ir a pasar parte de la noche en su cuarto? ¿Por qué hablaba siempre con palabras de cariño? ¿Y en qué se funda el deseo de ver a un amigo, el temor a que prefiera a otra muchacha, el querer darle gusto, y eso de decirle románticamente que nadie se enterará de que pasaron aquel rato juntos, si luego se le niega un placer tan sencillo y que al parecer no es para ella tal placer? Yo no podía darme por convencido de que la virtud de Albertina llegaba a ese extremo, y me pregunté si su violencia no obedecería a un motivo de coquetería; por ejemplo, un olor desagradable que se figuraba ella tener en aquel momento y que pudiera chocarme, o de pusilanimidad, esto es, si acaso ella se imaginó, dada su ignorancia de las realidades del amor, que mi estado de debilidad nerviosa podía contagiarse por el beso.
Elle fut certainement désolée de n′avoir pu me faire plaisir et me donna un petit crayon d′or, par cette vertueuse perversité des gens qui, attendris par votre gentillesse et ne souscrivant pas à vous accorder ce qu′elle réclame, veulent cependant faire en votre faveur autre chose: le critique dont l′article flatterait le romancier l′invite à la place à dîner, la duchesse n′emmène pas le snob avec elle au théâtre, mais lui envoie sa loge pour un soir où elle ne l′occupera pas. Tant ceux qui font le moins et pourraient ne rien faire sont poussés par le scrupule à faire quelque chose. Je dis à Albertine qu′en me donnant ce crayon, elle me faisait un grand plaisir, moins grand pourtant que celui que j′aurais eu si le soir où elle était venue coucher à l′hôtel elle m′avait permis de l′embrasser. «Cela m′aurait rendu si heureux, qu′est-ce que cela pouvait vous faire, je suis étonné que vous me l′ayez refusé.» «Ce qui m′étonne, me répondit-elle, c′est que vous trouviez cela étonnant. Je me demande quelles jeunes filles vous avez pu connaître pour que ma conduite vous ait surpris.» «Je suis désolé de vous avoir fâchée, mais, même maintenant je ne peux pas vous dire que je trouve que j′ai eu tort. Mon avis est que ce sont des choses qui n′ont aucune importance, et je ne comprends pas qu′une jeune fille qui peut si facilement faire plaisir, n′y consente pas. Entendons-nous, ajoutai-je pour donner une demi-satisfaction à ses idées morales en me rappelant comment elle et ses amies avaient flétri l′amie de l′actrice Léa, je ne veux pas dire qu′une jeune fille puisse tout faire et qu′il n′y ait rien d′immoral. Ainsi, tenez, ces relations dont vous parliez l′autre jour à propos d′une petite qui habite Balbec et qui existeraient entre elle et une actrice, je trouve cela ignoble, tellement ignoble que je pense que ce sont des ennemis de la jeune fille qui auront inventé cela et que ce n′est pas vrai. Cela me semble improbable, impossible. Mais se laisser embrasser et même plus par un ami, puisque vous dites que je suis votre ami . . . «Vous l′êtes, mais j′en ai eu d′autres avant vous, j′ai connu des jeunes gens qui, je vous assure, avaient pour moi tout autant d′amitié. Hé bien, il n′y en a pas un qui aurait osé une chose pareille. Ils savaient la paire de calottes qu′ils auraient reçue. D′ailleurs ils n′y songeaient même pas, on se serrait la main bien franchement, bien amicalement, en bons camarades, jamais on n′aurait parlé de s′embrasser, et on n′en était pas moins amis pour cela. Allez, si vous tenez à mon amitié, vous pouvez être content, car il faut que je vous aime joliment pour vous pardonner. Mais je suis sûre que vous vous fichez bien de moi. Avouez que c′est Andrée qui vous plaît. Au fond, vous avez raison, elle est beaucoup plus gentille que moi, et elle, elle est ravissante! Ah! les hommes!» Malgré ma déception récente, ces paroles si franches, en me donnant une grande estime pour Albertine, me causaient une impression très douce. Et peut-être cette impression eut-elle plus tard pour moi de grandes et fâcheuses conséquences, car ce fut par elle que commença à se former ce sentiment presque familial, ce noyau moral qui devait toujours subsister au milieu de mon amour pour Albertine. Un tel sentiment peut être la cause des plus grandes peines. Car pour souffrir vraiment par une femme, il faut avoir cru complètement en elle. Pour le moment, cet embryon d′estime morale, d′amitié, restait au milieu de mon âme comme une pierre d′attente. Il n′eût rien pu, à lui seul, contre mon bonheur s′il fût demeuré ainsi sans s′accroître, dans une inertie qu′il devait garder l′année suivante et à plus forte raison pendant ces dernières semaines de mon premier séjour à Balbec. Il était en moi comme un de ces hôtes qu′il serait malgré tout plus prudent qu′on expulsât, mais qu′on laisse à leur place sans les inquiéter, tant les rendent provisoirement inoffensifs leur faiblesse et leur isolement au milieu d′une âme étrangère. Indudablemente, Albertina sintió muchísimo no haber podido complacerme, y me regaló un lapicero de oro, con esa virtuosa perversidad de las personas que, muy sensibles a nuestras atenciones, no nos conceden lo que con ellas pedimos, pero en cambio quieren hacer otra cosa en favor nuestro; así el crítico que con un artículo halagaría tanto al novelista lo invita a cenar y no escribe nada, y la duquesa que no lleva al teatro con ella .a .su amigo el snob, pero le manda su palco una noche que se queda en casa. Dije a Albertina que con su regalo me daba gran alegría, pero no tan grande como la que me hubiese dado permitiendo que la, besara la, noche del hotel. “¡Si usted viera lo feliz que me hubiera hecho! Además, ¿a usted qué más le daba? No me explico por qué me lo negó usted.” “Lo que yo no comprendo es cómo no se lo explica usted – me respondió ella–. N o sé con qué muchachas se habrá tratado usted para que eso le extrañe.” “Yo siento infinito que usted se haya incomodado; pero la verdad es que aun ahora no puedo decirle a usted que hice mal en aquello. A mi parecer, son cosas sin ninguna importancia, y no comprendo que una muchacha que puede dar un gusto con tan poca cosa no lo haga. Entendámonos –añadí, para dar una semisatisfacción a sus ideas morales, porque me acordé de lo mucho que censuraban ella y sus amigas a la actriz Lea–: no quiero decir que a una muchacha le está permitido todo y que no hay nada inmoral, no. Por ejemplo, esas relaciones de que hablaban ustedes el otro día, entre una muchachita que vive en Balbec y una actriz, me parecen una cosa innoble; tan innoble, que yo creo que son invenciones de los enemigos de la chica, y que no es verdad. Eso es improbable o imposible. Pero dejarse besar, y aunque sea algo más, por un amigo..., puesto que usted dice que yo soy su amigo...” “Sí que lo es usted–, pero antes tuve otros, y conocí a muchachos que me tenían tanta amistad como usted. ¡Pues ni uno se hubiera atrevido a semejante cosa! Ya sabían que se llevarían un buen par de galletas. Y ni siquiera pensaban en eso; nos dábamos la mano francamente, amistosamente, como buenos amigos; a nadie se le ocurría hablar de besos, y no por eso nos queríamos menos. No, lo que es usted, si tiene interés en nuestra amistad, ya puede estar contento, porque después de lo que me ha hecho usted, ya hace falta que lo quiera mucho para perdonarlo. Aunque estoy segura de que usted se está r gaseando de mí. Confiese que la que le gusta es Andrea. En el fondo tiene usted razón; es más amable que yo, y deliciosa. ¡Lo que son los hombres!” A pesar de mi reciente decepción, estas palabras tan francas me inspiraron gran estima a Albertina y me causaron gratísima impresión. Y quizá esa impresión tuvo para mí más adelante grandes y enojosas consecuencias; porque con ella comenzó a formarse ese sentimiento casi familiar, ese núcleo moral llamado a subsistir siempre en medio de mi amor a. Albertina. Semejante sentimiento puede acarrear grandísimas penas. Porque para sufrir verdaderamente por una mujer es preciso haber tenido fe completa en ella. Por el momento, ese embrión de estima moral, de amistad, se quedó en medio de mi alma como una adaraja. Él por sí solo no habría, podido mermar mi felicidad si se hubiera quedado así, sin crecer, en aquella inercia en que se mantuvo las primeras semanas de mi estancia en Balbec y el año siguiente. Vivía dentro de mí como uno de esos huéspedes que debía uno expulsar por razón de prudencia, pero al que, sin embargo, se deja estar en su sitio, sin molestarlo, porque por el momento su aislamiento y su endeblez, allí en medio de un alma extraña, lo hacen inofensivo.
Mes rêves se retrouvaient libres maintenant de se reporter sur telle ou telle des amies d′Albertine et d′abord sur Andrée dont les gentillesses m′eussent peut-être moins touché si je n′avais été certain qu′elles seraient connues d′Albertine. Certes la préférence que depuis longtemps j′avais feinte pour Andrée m′avait fourni, — en habitudes de causeries, de déclarations de tendresses — comme la matière d′un amour tout prêt pour elle auquel il n′avait jusqu′ici manqué qu′un sentiment sincère qui s′y ajoutât et que maintenant mon cur redevenu libre aurait pu fournir. Mais pour que j′aimasse vraiment Andrée, elle était trop intellectuelle, trop nerveuse, trop maladive, trop semblable à moi. Si Albertine me semblait maintenant vide, Andrée était remplie de quelque chose que je connaissais trop. J′avais cru le premier jour voir sur la plage une maîtresse de coureur, enivrée de l′amour des sports, et Andrée me disait que si elle s′était mise à en faire, c′était sur l′ordre de son médecin pour soigner sa neurasthénie et ses troubles de nutrition, mais que ses meilleures heures étaient celles où elle traduisait un roman de George Eliott. Ma déception, suite d′une erreur initiale sur ce qu′était Andrée, n′eut, en fait, aucune importance pour moi. Mais l′erreur était du genre de celles qui, si elles permettent à l′amour de naître, et ne sont reconnues pour des erreurs que lorsqu′il n′est plus modifiable, deviennent une cause de souffrances. Ces erreurs — qui peuvent être différentes de celle que je commis pour Andrée et même inverses — tiennent souvent, dans le cas d′Andrée en particulier, à ce qu′on prend suffisamment l′aspect, les façons de ce qu′on n′est pas mais qu′on voudrait être, pour faire illusion au premier abord. A l′apparence extérieure, l′affectation, l′imitation, le désir d′être admiré, soit des bons, soit des méchants, ajoutent les faux semblants des paroles, des gestes. Il y a des cynismes, des cruautés qui ne résistent pas plus à l′épreuve que certaines bontés, certaines générosités. De même qu′on découvre souvent un avare vaniteux dans un homme connu pour ses charités, sa forfanterie de vice nous fait supposer une Messaline dans une honnête fille pleine de préjugés. J′avais cru trouver en Andrée une créature saine et primitive, alors qu′elle n′était qu′un être cherchant la santé, comme étaient peut-être beaucoup de ceux en qui elle avait cru la trouver et qui n′en avaient pas plus la réalité qu′un gros arthritique à figure rouge et en veste de flanelle blanche n′est forcément un Hercule. Or, il est telles circonstances où il n′est pas indifférent pour le bonheur que la personne qu′on a aimée pour ce qu′elle paraissait avoir de sain, ne fût en réalité qu′une de ces malades qui ne reçoivent leur santé que d′autres, comme les planètes empruntent leur lumière, comme certains corps ne font que laisser passer l′électricité. Ahora mis sueños quedaron en libertad para posarse en las amigas de Albertina, y primero en Andrea, cuyas atenciones acaso no me habrían conmovido tanto si no supiera yo que llegarían a noticia de Albertina. La preferencia que hacía tiempo venía yo fingiendo por Andrea me procuró –en costumbre de hablar declaraciones y ternezas– algo como la materia de un amor ya todo preparado para ella, y al que no le faltó hasta aquí más que el sentimiento sincero que ahora, con el corazón ya libre, podía venir. Pero Andrea era en extremo intelectual y nerviosa, enfermiza, y demasiado parecida a mí para que pudiese yo enamorarme de ella. Si Albertina ahora me parecía vacía en cambio Andrea estaba llena de una cosa que me era harto conocida. El primer día que las vi se me figuró Andrea la amiga de un corredor ciclista, loca por los deportes, y ahora me dijo ella que si jugaba a algo era por mandato del médico, para curarse la neurastenia y sus trastornos de nutrición; pero que los mejores ratos que pasaba eran los consagrados a traducir una novela de Jorge Eliot. Mi decepción, consecuencia de un error inicial respecto a lo que era Andrea, no tuvo en realidad influencia alguna sobre mi ánimo. Pero era de esa clase de errores que en caso de excitar el nacimiento de un amor, y no notar la equivocación sino cuando ese amor ya no es modificable, se convierten en causa de sufrimiento. Esos errores ––que pueden ser diferentes y aun inversos del que yo cometí con Andrea– estriban muchas veces, y en particular en el caso de esta muchacha, en e! hecho de que adopta uno el aspecto y los modales de lo que no se es y se quisiera ser, para hacer efecto a primera vista. A la apariencia exterior vienen a añadirse, por la afectación, el impulso imitativo y el deseo de ser admirado por los buenos o los malos, palabras y ademanes fingidos. Y hay cinismos y crueldades que puestos a prueba no ofrecen mayor resistencia que ciertas bondades y desprendimientos. Lo mismo que muchas veces se nos revela un avaro vanidoso en ese hombre conocido por su caridad, su alarde de vicios nos hace ver una Mesalina donde no hay sino una honrada muchacha henchida de prejuicios. Creí yo encontrar en Andrea una criatura sana y primitiva, cuando era en realidad un ser que iba buscando la salud, cosa que quizá pasaba también a muchas personas en quienes ella creía encontrar lo que le faltaba, sin que en realidad lo tuvieran, como no tiene ciertamente las fuerzas de Hércules ese hombre gordo y artrítico de cara roja y traje de franela blanca. Y hay circunstancias en que no es indiferente para la felicidad que la persona que nos enamoró por lo sana que parecía sea en realidad una de esas enfermas que sólo tienen salud por recibirla de otros, como ocurre con la luz a los planetas o como ciertos cuerpos que se limitan a dejar pasar la electricidad.
N′importe, Andrée, comme Rosemonde et Gisèle, même plus qu′elles, était tout de même une amie d′Albertine, partageant sa vie, imitant ses façons au point que le premier jour je ne les avais pas distinguées d′abord l′une de l′autre. Entre ces jeunes filles, tiges de roses dont le principal charme était de se détacher sur la mer, régnait la même indivision qu′au temps où je ne les connaissais pas et où l′apparition de n′importe laquelle me causait tant d′émotion en m′annonçant que la petite bande n′était pas loin. Maintenant encore la vue de l′une me donnait un plaisir où entrait dans une proportion que je n′aurais pas su dire? de voir les autres la suivre plus tard, et même si elles ne venaient pas ce jour-là de parler d′elles et de savoir qu′il leur serait dit que j′étais allé sur la plage. Pero con todo eso, Andrea, igual que Rosamunda y Giselia, aun más que ellas, era amiga de Albertina, compartía su vida e imitaba sus modales hasta el punto que el primer día que las vi, primero no pude distinguir unas de otras. Entre aquellas muchachas, cuya gracia principal consistía en ser tallos de rosa que se destacaban sobre el mar, reinaba la misma indivisión que en los tiempos en que no las conocía, cuando la aparición de cualquiera de ellas me causaba honda emoción al anunciarme que no estaba lejos la cuadrilla completa. Y ahora, al ver a una de las muchachas sentía yo una alegría en la que entraba, en proporción inestimable, la idea de ver en seguida a las demás, y aun cuando aquel día no vinieran, podía hablar de ellas y estar seguro de que les contarían que yo había ido a la playa.
Ce n′était plus simplement l′attrait des premiers jours, c′était une véritable velléité d′aimer qui hésitait entre toutes, tant chacune était naturellement le résultat de l′autre. Ma plus grande tristesse n′aurait pas été d′être abandonné par celle de ces jeunes filles que je préférais, mais j′aurais aussitôt préféré parce que j′aurais fixé sur elle la somme de tristesse et de rêve qui flottait indistinctement entre toutes, celle qui m′eût abandonné. Encore dans ce cas est-ce toutes ses amies, aux yeux desquelles j′eusse bientôt perdu tout prestige, que j′eusse, en celle-là, inconsciemment regrettées, leur ayant avoué cette sorte d′amour collectif qu′ont l′homme politique ou l′acteur pour le public dont ils ne se consolent pas d′être délaissés après en avoir eu toutes les faveurs. Même celles que je n′avais pu obtenir d′Albertine je les espérais tout d′un coup de telle qui m′avait quitté le soir en me disant un mot, en me jetant un regard ambigus, grâce auxquels c′était vers celle-là que, pour une journée, se tournait mon désir. Ya no era la simple atracción de los primeros días sino una verdadera veleidad amorosa que vacilaba entre todas las muchachas, por lo exactamente que una de ellas podía reemplazar a otra. Mi mayor tristeza no hubiera sido verme abandonado por la muchacha que yo prefería, sino que inmediatamente habría preferido, por concentrar en ella toda la tristeza y el ensueño que flotaban indistintamente entre todas, a aquella que me abandonaba. Y en el caso de haber perdido todo mi prestigio en opinión de todas las amigas, inconscientemente las hubiese echado de menos a todas en la persona de aquélla, después de haberles confesado esa especie de amor colectivo, propio del politico o del actor a un público cuyos factores, que gozaron un día no se consuelan nunca de haber perdido. Y aquellas concesiones que no pude lograr de Albertina las esperaba de pronto de tal o cual otra muchacha que se separó de mí una noche con una frase o una mirada ambigua, gracias a la cual se convertía por un día en imán de mi deseo.
Il errait entre elles d′autant plus voluptueusement que sur ces visages mobiles, une fixation relative des traits était suffisamment commencée, pour qu′on en pût distinguer, dût-elle changer encore, la malléable et flottante effigie. Aux différences qu′il y avait entre eux, étaient bien loin de correspondre sans doute des différences égales dans la longueur et la largeur des traits lesquels eussent, de l′une à l′autre de ces jeunes filles, et si dissemblables qu′elles parussent, eussent peut-être été presque superposables. Mais notre connaissance des visages n′est pas mathématique. D′abord, elle ne commence pas par mesurer les parties, elle a pour point de départ une expression, un ensemble. Chez Andrée par exemple la finesse des yeux doux semblait rejoindre le nez étroit, aussi mince qu′une simple courbe qui aurait été tracée pour que pût se poursuivre sur une seule ligne l′intention de délicatesse divisée antérieurement dans le double sourire des regards jumeaux. Une ligne aussi fine était creusée dans ses cheveux, souple et profonde comme celle dont le vent sillonne le sable. Et là elle devait être héréditaire, les cheveux tout blancs de la mère d′Andrée étaient fouettés de la même manière, formant ici un renflement, là une dépression comme la neige qui se soulève ou s′abîme selon les inégalités du terrain. Certes, comparé à la fine délinéation de celui d′Andrée, le nez de Rosemonde semblait offrir de larges surfaces comme une haute tour assise sur une base puissante. Que l′expression suffise à faire croire à d′énormes différences entre ce que sépare un infiniment petit — qu′un infiniment petit puisse à lui seul créer une expression absolument particulière, une individualité, — ce n′était pas que l′infiniment petit de la ligne, et l′originalité de l′expression, qui faisaient apparaître ces visages comme irréductibles les uns aux autres. Entre ceux de mes amies la coloration mettait une séparation plus profonde encore, non pas tant par la beauté variée des tons qu′elle leur fournissait, si opposés que je prenais devant Rosemonde — inondée d′un rose soufré sur lequel réagissaient encore la lumière verdâtre des yeux, — et devant Andrée — dont les joues blanches recevaient tant d′austère distinction de ses cheveux noirs, — le même genre de plaisir que si j′avais regardé tour à tour un géranium au bord de la mer ensoleillée et un camélia dans la nuit; mais surtout parce que les différences infiniment petites des lignes se trouvaient démesurément grandies, les rapports des surfaces entièrement changés par cet élément nouveau de la couleur lequel tout aussi bien que le dispensateur des teintes est un grand régénérateur ou tout au moins modificateur des dimensions. De sorte que des visages peut-être construits de façon peu dissemblable selon, qu′ils étaient éclairés par les feux d′une rousse chevelure, d′un teint rose, par la lumière blanche d′une mate pâleur, s′étiraient ou s′élargissaient, devenaient une autre chose comme ces accessoires des ballets russes, consistant parfois, s′ils sont vus en plein jour, en une simple rondelle de papier et que le génie d′un Bakst, selon l′éclairage incarnadin ou lunaire où il plonge le décor, fait s′y incruster durement comme une turquoise à la façade d′un palais ou s′y épanouir avec mollesse, rose de bengale au milieu d′un jardin. Ainsi en prenant connaissance des visages, nous les mesurons bien, mais en peintres, non en arpenteurs. El cual vagaba entre ellas con voluptuosidad tanto mayor, cuanto que en aquellos móviles rostros ya se había iniciado una determinación de facciones suficiente para que pudiera distinguirse, a pesar de que luego hubiese de cambiar, su maleable y flotante efigie. Claro es que las diferencias que entre esos rostros existían no correspondían, ni mucho menos, a las diferencias en largo y en ancho de las facciones de aquellas muchachas, facciones que, aunque muy distintas al parecer, se hubieran podido superponer casi. Pero nosotros no conocemos los rostros humanos de un modo matemático. No empezamos por medir sus partes; nuestro conocimiento de una cara arranca de su conjunto, de la expresión. En Andrea, por ejemplo, la finura de los dulces ojos diríase que iba a unirse a la estrecha nariz, tan delgada como una simple curva que tuviese por objeto la prosecución en una sola linea de aquella intención de delicadeza anteriormente dividida en la doble sonrisa de las miradas gemelas. Una linea de pareja finura le corría por el pelo, línea ágil y profunda como esa que guía los surcos que abre el viento en la arena. Y debía ele ser hereditaria, porque el blanco pelo de la madre de Andrea estaba ondulado así, formando ora una depresión, ora una prominencia, al igual de la nieve, que se alza o desciende ceñida a las desigualdades del terreno. Comparada con el fino dibujo de la de Andrea, la nariz de Rosamunda presentaba al parecer grandes superficies, como una alta torre asentada sobre fuerte base. Aunque la expresión baste para hacer creer que existen diferencias enormes entre aquellas cosas separadas únicamente por algo infinitamente pequeño, y aunque lo infinitamente pequeño pueda por sí solo determinar una expresión absolutamente particular, una individualidad, ello es que ni lo infinitamente pequeño de la línea ni la originalidad de expresión era la única causa de que los rostros de mis amigas apareciesen irreductibles unos a otros. Entre ellos la coloración abría una separación mucho más honda; no sólo por la variada belleza de tonos que les daba (tonos tan opuestos que yo al ver a Rosamunda –bañada de un rojo azafranado en el que reaccionaba la luz verdosa de los ojos–, o a Andrea – mejillas blancas sombreadas de austera distinción por el negro cabello– sentía análogo placer que si hubiese mirado un geranio junto al soleado mar o una camelia sumida en la noche), sino especialmente porque las diferencias infinitamente pequeñas de las líneas se agrandaban desmesuradamente, así como se cambiaban del todo las relaciones de proporción entre las superficies, gracias a aquel elemento nuevo del color, que es al propio tiempo que magnánimo dispensador de tonos gran regenerador, o modificador al menos, de las dimensiones. De suerte que los rostros, construidos quizá de modo muy poco diferente, según los alumbrara el fuego de un pelo rojizo o una tez rosada, o bien la luz blanca de una palidez mate, estiraban ose ensanchaban, convertíanse en otra cosa, como esos accesorios de los bailes rusos que vistos a la luz del día no suelen ser más que una rodaja de papel, y que luego, gracias al genio de un Baks, y con arreglo a la iluminación encarnada o lunar que da a la decoración, se incrustan duramente cual una turquesa en la fachada de un palacio o se abren voluptuosamente, rosa de bengala, en medio de un jardín. Y por eso nosotros, al enterarnos de cómo son las caras humanas, las medimos, sí, pero como pintores y no como el agrimensor.
Il en était d′Albertine comme de ses amies. Certains jours, mince, le teint gris, l′air maussade, une transparence violette descendant obliquement au fond de ses yeux comme il arrive quelquefois pour la mer, elle semblait éprouver une tristesse d′exilée. D′autres jours, sa figure plus lisse engluait les désirs à sa surface vernie et les empêchait d′aller au delà; à moins que je ne la visse tout à coup de côté, car ses joues mates comme une blanche cire à la surface étaient roses par transparence, ce qui donnait tellement envie de les embrasser, d′atteindre ce teint différent qui se dérobait. D′autres fois le bonheur baignait ces joues d′une clarté si mobile que la peau devenue fluide et vague laissait passer comme des regards sous-jacents qui la faisaient paraître d′une autre couleur, mais non d′une autre matière que les yeux; quelquefois, sans y penser, quand on regardait sa figure ponctuée de petits points bruns et où flottaient seulement deux taches plus bleues, c′était comme on eût fait d′un uf de chardonneret, souvent comme d′une agate opaline travaillée et polie à deux places seulement, où, au milieu de la pierre brune, luisaient comme les ailes transparentes d′un papillon d′azur, les yeux où la chair devient miroir et nous donne l′illusion de nous laisser plus qu′en les autres parties du corps, approcher de l′âme. Mais le plus souvent aussi elle était plus colorée, et alors plus animée; quelquefois seul était rose dans sa figure blanche, le bout de son nez, fin comme celui d′une petite chatte sournoise avec qui l′on aurait eu envie de jouer; quelquefois ses joues étaient si lisses que le regard glissait comme sur celui d′une miniature sur leur émail rose que faisait encore paraître plus délicat, plus intérieur, le couvercle entr′ouvert et superposé de ses cheveux noirs; il arrivait que le teint de ses joues atteignît le rose violacé du cyclamen, et parfois même quand elle était congestionnée ou fiévreuse, et donnant alors l′idée d′une complexion maladive qui rabaissait mon désir à quelque chose de plus sensuel et faisait exprimer à son regard quelque chose de plus pervers et de plus malsain, la sombre pourpre de certaines roses, d′un rouge presque noir; et chacune de ces Albertine était différente comme est différente chacune des apparitions de la danseuse dont sont transmutées les couleurs, la forme, le caractère, selon les jeux innombrablement variés d′un projecteur lumineux. C′est peut-être parce qu′étaient si divers les êtres que je contemplais en elle à cette époque que plus tard je pris l′habitude de devenir moi-même un personnage autre selon celle des Albertine à laquelle je pensais: un jaloux, un indifférent, un voluptueux, un mélancolique, un furieux, recréés, non seulement au hasard du souvenir qui renaissait, mais selon la force de la croyance interposée pour un même souvenir, par la façon différente dont je l′appréciais. Car c′est toujours à cela qu′il fallait revenir, à ces croyances qui la plupart du temps remplissent notre âme à notre insu, mais qui ont pourtant plus d′importance pour notre bonheur que tel être que nous voyons, car c′est à travers elles que nous le voyons, ce sont elles qui assignent sa grandeur passagère à l′être regardé. Pour être exact, je devrais donner un nom différent à chacun des moi qui dans la suite pensa à Albertine; je devrais plus encore donner un nom différent à chacune de ces Albertine qui apparaissaient par moi, jamais la même, comme — appelées simplement par moi pour plus de commodité la mer — ces mers qui se succédaient et devant lesquelles, autre nymphe, elle se détachait. Mais surtout de la même manière mais bien plus utilement qu′on dit, dans un récit, le temps qu′il faisait tel jour, je devrais donner toujours son nom à la croyance qui tel jour où je voyais Albertine régnait sur mon âme, en faisant l′atmosphère, l′aspect des êtres, comme celui des mers, dépendant de ces nuées à peine visibles qui changent la couleur de chaque chose, par leur concentration, leur mobilité, leur dissémination, leur fuite — comme celle qu′Elstir avait déchirée un soir en ne me présentant pas aux jeunes filles avec qui il s′était arrêté et dont les images m′étaient soudain apparues plus belles, quand elles s′éloignaient — nuée qui s′était reformée quelques jours plus tard quand je les avais connues, voilant leur éclat, s′interposant souvent entre elles et mes yeux, opaque et douce, pareille à la Leucothea de Virgile. Con Albertina ocurría lo mismo que con sus amigas. Algunos días se presentaba delgada, con cara grisácea y aspecto áspero, y una transparencia violeta descendía oblicuamente allá por el fondo de sus ojos, como suele verse en el mar; `Albertina parecía estar dominada por una nostálgica tristeza. Otras veces su tez, lisa y brillante, cazaba los deseos como con liga y allí se quedaban pegados a su superficie, sin poder ir más allá, a no ser que de pronto la viera yo de lado, porque entonces sus mejillas de blanco mate, como de cera, en la superficie, vistas por transparencia eran de color de rosa, y entraban ganas de besarla, de captar ese color diferente que iba a, desaparecer Otras veces, la felicidad le bañaba las mejillas con claridad tan móvil, que la piel, flúida y vaga, dejaba pasar como una especie de miradas subyacentes, por lo cual parecía de color distinto, sí, pero de la misma materia que los ojos; había ocasiones en que al ver su cara moteada de puntitos obscuros, y en la qué flotaban dos manchones azules, se le venía a uno a las mientes la imagen de un huevo de jilguero, una ágata opalina trabajada y pulimentada tan sólo en dos sitios, en los que lucían, destacándose sobre la piedra obscura, como las transparentes alas de una mariposa azul, los ojos; los ojos, donde la carne se ha convertido en espejo y nos da la ilusión de que por allí nos acercamos al alma más que por las restantes partes del cuerpo. Pero por lo general estaba animada y tenía buen color; a ratos, la única. nota rosa en la blanca cara era la punta de la nariz, tan fina como la de una gatita lista, con la que entran ganas de jugar; a veces tenía las mejillas tan tersas, que la mirada resbalaba, como por la de una miniatura, por su rosado esmalte, aún más delicado y más íntimo gracias a aquella tapa que le ponían, entreabiertos y superpuestos, sus negros cabellos; también ocurría que su tez llegara al rosa violáceo del ciclamen y en otras ocasiones, cuando estaba congestionada o febril, tomaba el púrpura sombrío de algunas rosas, de un rojo casi negro, sugiriendo entonces la idea de un temperamento enfermizo, que rebajaba mi deseo a cosa más sensual y prestaba a su mirar cierto matiz malsano y perverso; y cada una de estas Albertinas era distinta de la otra; tan distintas como son las apariciones de la bailarina cuyos colores, forma y carácter se transmutan con arreglo a los variados juegos de un proyector luminoso. Quizá por ser tan diversos los seres que entonces contemplaba, me acostumbré más adelante a convertirme yo mismo en distintos personajes, según en cuál de las Albertinas estuviese pensando; un hombre celoso, indiferente, voluptuoso, melancólico, exasperado, que se creaban no sólo merced al capricho del recuerdo que iba renaciendo, sino con arreglo a la fuerza de la creencia interpuesta por un mismo recuerdo, por el modo distinto _ como yo lo apreciaba. Porque siempre había que volver a eso, a esas creencias que la mayor parte del tiempo nos llenan el alma sin que nosotros lo sepamos, pero que, sin embargo, tienen mayor importancia para la felicidad que los seres que vemos, puesto que los vemos a través de ellas, y ellas son la que asignan su pasajera grandeza a la persona que consideramos. Para ser completamente exacto debía yo dar un nombre distinto a cada una de las personalidades con que pensé en Albertina; y aun con más motivo debía llamar de diferente manera a cada Albertina que se me aparecía, y que nunca era la misma, igual que esos mares sucesivos, a los que yo llamaba, por razón de comodidad, el mar, simplemente, y que servían de fondo a la nueva ninfa, que era Albertina. Pero sobre todo, y a imitación de las relaciones, pero aún con mayor utilidad, cuando nos dicen el tiempo que hacía tal día, debiera yo llamar siempre por su debido nombre a la creencia que reinaba en mi alma cada día que veía a Albertina, creencia que formaba la atmósfera, el aspecto de los seres, lo mismo que depende el de los mares de esas nubes apenas visibles que cambian el color de todo por su concentración, su movilidad, su diseminación o su fuga; una nube de esas desgarró Elstir la tarde que se paró con las muchachas, sin presentarme, de suerte que sus figuras me parecieron más bellas cuando iban alejándose y otra nube de esas volvió a formarse cuando las conocí, velando su resplandor, interponiéndose entre ellas y mis ojos, opaca y suave como la Leucotea de Virgilio.
Sans doute leurs visages à toutes avait bien changé pour moi de sens depuis que la façon dont il fallait les lire m′avait été dans une certaine mesure indiquée par leurs propos, propos auxquels je pouvais attribuer une valeur d′autant plus grande que par mes questions je les provoquais à mon gré, les faisais varier comme un expérimentateur qui demande à des contre-épreuves la vérification de ce qu′il a supposé. Et c′est en somme une façon comme une autre de résoudre le problème de l′existence, qu′approcher suffisamment les choses et les personnes qui nous ont paru de loin belles et mystérieuses, pour nous rendre compte qu′elles sont sans mystère et sans beauté; c′est une des hygiènes entre lesquelles on peut opter, une hygiène qui n′est peut-être pas très recommandable, mais elle nous donne un certain calme pour passer la vie, et aussi comme elle permet de ne rien regretter, en nous persuadant que nous avons atteint le meilleur, et que le meilleur n′était pas grand-chose — pour nous résigner à la mort. Indudablemente, para n mi la faz de todas las muchachas cambió mucho de significación desde que sus palabras me dieron en cierto modo la clave liara leerla; y con más facilidad aún, porque esas palabras las provocaba yo a mi gusto con mis preguntas y las hacía variar como un experimentador que por medio de contrapruebas verifica sus suposiciones. Y en fin de cuentas, esto de acercarse a las cosas y personas que desde lejos nos parecieron bellas y misteriosas, lo bastante para darnos cuenta de que no tienen ni misterio ni belleza, es un modo como otro cualquiera de resolver el problema de la vida; es uno de los métodos higiénicos que podemos elegir, no muy recomendable, pero nos da cierta tranquilidad para ir pasando la vida y también para resignarnos a la muerte, porque como nos convence de que ya hemos llegado a lo mejor y de que lo mejor no era una gran cosa, viene a enseñarnos a no echar nada de menos.
J′avais remplacé au fond du cerveau de ces jeunes filles le mépris de la chasteté, le souvenir de quotidiennes passades par d′honnêtes principes capables peut-être de fléchir mais ayant jusqu′ici préservé de tout écart celles qui les avaient reçus de leur milieu bourgeois. Or quand on s′est trompé dès le début, même pour les petites choses, quand une erreur de supposition ou de souvenirs, vous fait chercher l′auteur d′un potin malveillant ou l′endroit où on a égaré un objet dans une fausse direction, il peut arriver qu′on ne découvre son erreur que pour lui substituer non pas la vérité, mais une autre erreur. Je tirais en ce qui concernait leur manière de vivre et la conduite à tenir avec elles, toutes les conséquences du mot innocence que j′avais lu, en causant familièrement avec elles, sur leur visage. Mais peut-être l′avais-je lu étourdiment dans le lapsus d′un déchiffrage trop rapide, et n′y était-il pas plus écrit que le nom de Jules Ferry sur le programme de la matinée où j′avais entendu pour la première fois la Berma, ce qui ne m′avait pas empêché de soutenir à M. de Norpois, — que Jules Ferry, sans doute possible, écrivait des levers de rideau. Ahora había llegado yo a poner en el cerebro de aquellas muchachas, en lugar del desprecio por la castidad y los amoríos diarios que me figuré al principio, unas ideas muy honradas, que acaso no fuesen inflexibles, pero que hasta lo presente habían guardado de todo extravío a las muchachas que heredaron esos principios de su ambiente burgués. Pues bien: ocurre, cuando se equivoca uno desde el primer momento, aunque sea en cosas menudas, cuando un error de hipótesis o memoria nos hace buscar al autor de un chisme malintencionado, o un objeto perdido, por una pista mala, que fácilmente no se descubre el error sino para poner en su lugar no la verdad, sino un error nuevo. Yo, en lo que se refiere a su manera de vivir y al modo de portarme con ellas, saqué todas las consecuencias posibles de la palabra inocencia, que había leído en sus rostros al charlar familiarmente con ellas. Pero quizá la había leído atolondradamente, por descifrar demasiado dé prisa, y no estaba escrita allí, como tampoco estaba el nombre de Jules Ferry en el programa de aquella función de teatro en que vi yo a la Berma por vez primera, a pesar de lo cual sostuve ante el señor de Norpois que Jules Ferry escribía piezas cortas sin ningún género de duda.
Pour n′importe laquelle de mes amies de la petite bande, comment le dernier visage que je lui avais vu, n′eût-il pas été le seul que je me rappelasse, puisque, de nos souvenirs relatifs à une personne, l′intelligence élimine tout ce qui ne concourt pas à l′utilité immédiate de nos relations quotidiennes (même et surtout si ces relations sont imprégnées d′amour, lequel toujours insatisfait, vit dans le moment qui va venir). Elle laisse filer la chaîne des jours passés, n′en garde fortement que le dernier bout souvent d′un tout autre métal que les chaînons disparus dans la nuit et dans le voyage que nous faisons à travers la vie, ne tient pour réel que le pays où nous sommes présentement. Mais toutes les impressions, déjà si lointaines, ne pouvaient pas trouver contre leur déformation journalière, un recours dans ma mémoire; pendant les longues heures que je passais à causer, à goûter, à jouer avec ces jeunes filles, je ne me souvenais même pas qu′elles étaient les mêmes vierges impitoyables et sensuelles que j′avais vues comme dans une fresque, défiler devant la mer. Y de cualquiera de mis amigas de la cuadrilla mocil no recordaba yo sino la última cara con que se me apareció; y no puede ser de otra manera, porque de todos nuestros recuerdos relativos a una persona la inteligencia va eliminando todo lo que no concurra a la utilidad inmediata de nuestras diarias relaciones (sobre todo en el caso de que dichas relaciones estén impregnadas con un poco de amor, porque el amor, siempre insatisfecho, vive en el momento por venir). Deja escaparse la cadena de los días pasados; sólo se queda, fuertemente sujeto en la mano, con el último cabo de ella, que a veces suele ser de distinto metal que aquellos otros eslabones perdidos ya en la noche, y no tiene por país real sino aquel en que al presente nos hallamos. Pero todas las primeras impresiones, ya tan remotas, no hallaban en mi memoria recurso alguno contra su diaria deformación; y durante las muchas horas que me pasaba hablando, jugando o de merienda con estas muchachas, ya ni siquiera me acordaba de que eran las mismas vírgenes implacables y sensuales que vi desfilar, con el mar por fondo, como en un fresco.
Les géographes, les archéologues nous conduisent bien dans l′île de Calypso, exhument bien le palais de Mimos. Seulement Calypso n′est plus qu′une femme; Mimos qu′un roi sans rien de divin. Même les qualités et les défauts que l′histoire nous enseigne alors avoir été l′apanage de ces personnes fort réelles, diffèrent souvent beaucoup de ceux que nous avions prêtés aux êtres fabuleux qui portaient le même nom. Ainsi s′était dissipée toute la gracieuse mythologie océanique que j′avais composée les premiers jours. Mais il n′est pas tout à fait indifférent qu′il nous arrive au moins quelquefois de passer notre temps dans la familiarité de ce que nous avons cru inaccessible et que nous avons désiré. Dans le commerce des personnes que nous avons d′abord trouvées désagréables, persiste toujours même au milieu du plaisir factice qu′on peut finir par goûter auprès d′elles, le goût frelaté des défauts qu′elles ont réussi à dissimuler. Mais dans des relations comme celles que j′avais avec Albertine et ses amies, le plaisir vrai qui est à leur origine, laisse ce parfum qu′aucun artifice ne parvient pas à donner aux fruits forcés, aux raisins qui n′ont pas mûri au soleil. Les créatures surnaturelles qu′elles avaient été un instant pour moi mettaient encore, même à mon insu, quelque merveilleux, dans les rapports les plus banals que j′avais avec elles, ou plutôt préservaient ces rapports d′avoir jamais rien de banal. Mon désir avait cherché avec tant d′avidité la signification des yeux qui maintenant me connaissaient et me souriaient, mais qui, le premier jour, avaient croisé mes regards comme des rayons d′un autre univers, il avait distribué si largement et si minutieusement la couleur et le parfum sur les surfaces carnées de ces jeunes filles qui, étendues sur la falaise me tendaient simplement des sandwichs ou jouaient aux devinettes, que, souvent dans l′après-midi pendant que j′étais allongé comme ces peintres qui cherchent la grandeur de l′antique dans la vie moderne, donnent à une femme qui se coupe un ongle de pied la noblesse du «Tireur d′épine» ou qui comme Rubens, font des déesses avec des femmes de leur connaissance pour composer une scène mythologique, ces beaux corps bruns et blonds, de types si opposés, répandus autour de moi dans l′herbe, je les regardais sans les vider peut-être de tout le médiocre contenu dont l′existence journalière les avait remplis et portant sans me rappeler expressément leur céleste origine, comme si pareil à Hercule ou à Télémaque, j′avais été en train de jouer au milieu des nymphes. Geógrafos y arqueólogos nos llevan, sí, a la isla de Calipso y exhuman el palacio de Minos. Pero Calipso ya no es más que una mujer y Minos un simple rey sin nada divino. Hasta las buenas y las malas cualidades que la Historia nos enseñó a considerar como atributo de aquellas personas que tuvieron realidad suelen diferir mucho de las excelencias y defectos que nosotros supusimos a los seres fabulosos portadores de aquellos nombres. Y así, se había, disipado toda la graciosa mitología oceánica que compuse los primeros días. Pero siempre sirve de algo el poder pasar algún tiempo en familiaridad con aquello que deseábamos y que se nos figuraba inaccesible. En el trato de las personas que nos resultaron desagradables en el primer momento persiste siempre, aun en medio del ficticio placer que acaba por sentirse en su compañía, el saborcillo disimulado de los defectos que lograron esconderse. Pero en relaciones como las mías con Albertina y sus amigas, el placer cierto que hubo en su origen deja ese perfume que con ningún artificio puede darse a los frutos forzados, a las uvas que no maduraron al sol. Aquellas criaturas sobrenaturales, que para mí eso fueron las muchachas algún tiempo, infundían aún, sin darme yo cuenta, un no sé qué de maravilloso en los aspectos más vulgares de nuestro trato, o, mejor dicho, guardaban a ese trato de ser nunca vulgar. Mi deseo había buscado ávidamente la significación de los ojos que ahora me conocían y me sonreían, pero que el primer día se cruzaron con mis miradas lanzando rayos de un mundo distinto; había distribuido amplia y minuciosamente color y perfume en las carnosas superficies de aquellas muchachas que, tendidas en la hierba, me ofrecían con toda sencillez un bocadillo o jugaban conmigo a los acertijos; y por eso muchas de aquellas tardes. cuando, tendido yo en el suelo, hacía lo que esos pintores que buscan la grandeza de lo clásico en la vida moderna y dan a una mujer que se corta la uña de un pie la misma nobleza que tiene “El niño sacándose una espina”, o como Rubens hacen diosas con conocidas suyas para componer un cuadro mitológico, miraba yo todos aquellos lindos cuerpos de morenas y rubias esparcidos por la hierba sin vaciarlos de todo el mediocre contenido con que las llenó la experiencia diaria, y, sin embargo, sin recordar expresamente su celeste origen, chal si, semejante a Hércules o a Telémaco, estuviese yo jugando rodeado de ninfas.
Puis les concerts finirent, le mauvais temps arriva, mes amies quittèrent Balbec, non pas toutes ensemble, comme les hirondelles, mais dans la même semaine. Albertine s′en alla la première, brusquement, sans qu′aucune de ses amies eût pu comprendre, ni alors, ni plus tard, pourquoi elle était rentrée tout à coup à Paris, où ni travaux, ni distractions ne la rappelaient. «Elle n′a dit ni quoi ni qu′est-ce et puis elle est partie», grommelait Françoise qui aurait d′ailleurs voulu que nous en fissions autant. Elle nous trouvait indiscrets vis-à-vis des employés, pourtant déjà bien réduits en nombre, mais retenus par les rares clients qui restaient, vis-à-vis du directeur qui «mangeait de l′argent». Il est vrai que depuis longtemps l′hôtel qui n′allait pas tarder à fermer avait vu partir presque tout le monde; jamais il n′avait été aussi agréable. Ce n′était pas l′avis du directeur; tout le long des salons où l′on gelait et à la porte desquels ne veillait plus aucun groom, il arpentait les corridors, vêtu d′une redingote neuve, si soigné par le coiffeur que sa figure fade avait l′air de consister en un mélange où pour une partie de chair il y en aurait eu trois de cosmétique changeant sans cesse de cravates (ces élégances coûtent moins cher que d′assurer le chauffage et de garder le personnel, et tel qui ne peut plus envoyer dix mille francs à une uvre de bienfaisance, fait encore sans peine le généreux en donnant cent sous de pourboire au télégraphiste qui lui apporte une dépêche). Il avait l′air d′inspecter le néant, de vouloir donner grâce à sa bonne tenue personnelle un air provisoire à la misère que l′on sentait dans cet hôtel où la saison n′avait pas été bonne, et paraissait comme le fantôme d′un souverain qui revient hanter les ruines de ce qui fut jadis son palais. Il fut surtout mécontent quand le chemin de fer d′intérêt local qui n′avait plus assez de voyageurs, cessa de fonctionner pour jusqu′au printemps suivant. «Ce qui manque ici, disait le directeur, ce sont le moyens de commotion.» Malgré le déficit qu′il enregistrait, il faisait pour les années suivantes des projets grandioses. Et comme il était tout de même capable de retenir exactement de belles expressions quand elles s′appliquaient à l′industrie hôtelière et avaient pour effet de la magnifier: «Je n′étais pas suffisamment secondé quoique à la salle à manger j′avais une bonne équipe, disait-il; mais les chasseurs laissaient un peu à désirer; vous verrez l′année prochaine quelle phalange je saurai réunir.» En attendant, l′interruption des services du B.C.B. l′obligeait à envoyer chercher les lettres et quelquefois conduire les voyageurs dans une carriole. Je demandais souvent à monter à côté du cocher et cela me fit faire des promenades par tous les temps, comme dans l′hiver que j′avais passé à Combray. Luego se acabaron los conciertos, vino el mal tiempo; mis amigas se marcharon de Balbec, no todas de un vuelo, como las golondrinas, pero sí la misma semana. Albertina fué la primera en irse, bruscamente y sin que ninguna de sus amigas pudiera comprender ni entonces ni más adelante, la causa de su súbita vuelta a París, donde no la llamaban ni deberes ni distracciones. “No ha dicho ni jota y se ha marchado”, gruñía Francisca, cayo deseo hubiera sido que nosotros hiciésemos lo mismo Me parecía que nosotros estábamos cometiendo una indiscreción con los criados ya muy reducidos en número, retenidos allí por los huéspedes que quedaban, y con el director, que perdía dinero. Verdad era que el hotel estaba ya casi vacío y se cerraría muy pronto; pero nunca fué tan agradable la estancia. Claro que el director no era de la misma opinión; se paseaba por los pasillos, a lo largo de los salones helados, que ya no tenían groom a la puerta, con su levita nueva y tan arreglado por el peluquero que su cara parecía consistir en un compuesto en el que entraban tres partes de cosméticos por una de carne y cambiaba sin cesar de corbatas (estos lujos cuestan menos que tener encendida la calefacción y seguir con los mismos criados que antes, y son cosa semejante al rasgo de esa persona que no puede regalar diez mil francos a una empresa de beneficencia, pero aun se las echa de generoso fácilmente dando un duro de propina al chico que le lleva un telegrama). Diríase que iba inspeccionando el vacío, que quería dar, gracias a su personal aseo, un carácter de cosa provisional a la miseria de este hotel, que aquel año no anduvo muy prósperamente; parecía el espectro de un rey .que vuelve a visitar esas ruinas que antaño fueron su palacio. Su descontento subió de punto cuando el tren local, que ya no tenía viajeros, dejó de funcionar hasta el año siguiente. “Lo que falta aquí son medios de conmoción”, decía el director. A pesar del déficit de aquel año, hacía para el próximo proyectos grandiosos. Y como era capaz de retener exactamente en su memoria expresiones bonitas cuando se aplicaban a la industria hostelera con ánimo de magnificarla, añadía: “No he estado muy bien secundado; en el comedor tenía un buen equipo, pero los botones dejaban mucho que desear; ya verá usted el afeo próximo con qué falange, me hago””. Ahora la interrupción del servicio del tren lo obligaba a mandar un cochecillo por la correspondencia, y a veces con viajeros. Yo solía subir en el pescante, junto al cochero, y así me daba paseos, aunque el tiempo fuese malo, corno el invierno que pasé en Balbec.
Parfois pourtant la pluie trop cinglante nous retenait, ma grand′mère et moi, le casino étant fermé, dans des pièces presque complètement vides comme à fond de cale d′un bateau quand le vent souffle, et où chaque jour, comme au cours d′une traversée, une nouvelle personne d′entre celles près de qui nous avions passé trois mois sans les connaître, le premier président de Rennes, la bâtonnier de Caen, une dame américaine et ses filles, venaient à nous, entamaient la conversation, inventaient quelque manière de trouver les heures moins longues, révélaient un talent, nous enseignaient un jeu, nous invitaient à prendre le thé, ou à faire de la musique, à nous réunir à une certaine heure, à combiner ensemble de ces distractions qui possèdent le vrai secret de nous faire donner du plaisir, lequel est de n′y pas prétendre, mais seulement de nous aider à passer le temps de notre ennui, enfin nouaient avec nous sur la fin de notre séjour des amitiés que le lendemain leurs départs successifs venaient interrompre. Je fis même la connaissance du jeune homme riche, d′un de ses deux amis nobles et de l′actrice qui était revenue pour quelques jours; mais la petite société ne se composait plus que de trois personnes, l′autre ami était rentré à Paris. Ils me demandèrent de venir dîner avec eux dans leur restaurant. Je crois qu′ils furent assez contents que je n′acceptasse pas. Mais ils avaient fait l′invitation le plus aimablement possible, et bien qu′elle vînt en réalité du jeune homme riche puisque les autres personnes n′étaient que ses hôtes, comme l′ami qui l′accompagnait, le marquis Maurice de Vaudémont, était de très grande maison, instinctivement l′actrice en me demandant si je ne voudrais pas venir, me dit pour me flatter: A veces la lluvia era muy fuerte; como el Casino ya estaba cerrado, mi abuela y yo nos quedábamos en unos salones casi vacíos, como en la cala de un vapor cuando hace viento; y todos los días,, cual ocurre en un viaje por mar, alguna persona de aquellas que estuvieron viviendo tres meses con nosotros sin que las conociéramos, el presidente de la Audiencia de Rennes, el decano de Caen, una señora norteamericana con sus hijas, se nos acercaban, entraban en conversación e inventaban alguna manera de que las horas no fuesen tan largas; para ello nos revelaban alguna habilidad suya, nos enseñaban juegos, nos invitaban a tomar té o a hacer música, nos citaban a determinada hora, combinando todas esas distracciones que poseen el verdadero secreto de darnos gusto porque no aspiran a ello y se limitan a ayudarnos a pasar el tiempo menos aburrido, y hacían con nosotros, ya al final de la temporada, amistades que se verían interrumpidas al día siguiente con la marcha dé algún amigo reciente. Llegué a conocer hasta al joven ricacho, a uno de sus amigos aristócratas, y a la actriz, que habían vuelto por untas días; pero ahora el grupo no se componía más que de tres personas, porque el otro amigo se había ido a París. Me invitaron a ir a cenar con ellos a su restaurante. Creo que se alegraron de que no aceptara. Pero hicieron la invitación muy amablemente, y aunque en realidad el que invitaba era el joven ricacho, puesto que los otros eran huéspedes suyos, como quiera que el amigo que los acompañaba, el marqués Mauricio de Vaudemont, era de gran nobleza, la actriz, instintivamente, al preguntarme si iría, me dijo, para halagarme:
— Cela fera tant de plaisir à Maurice. –Mauricio se alegraría mucho.
Et quand dans le hall je les rencontrai tous trois, ce fut M. de Vaudémont, le jeune homme riche s′effaçant, qui me dit: Y cuando me encontré a los tres en el hall, el joven rico no dijo nada y fué Vaudemont el que me preguntó:
— Vous ne nous ferez pas le plaisir de dîner avec nous? –¿Qué, no nos da usted el gusto de venir a cenar con nosotros?
En somme j′avais bien peu profité de Balbec, ce qui ne me donnait que davantage le désir d′y revenir. Il me semblait que j′y étais resté trop peu de temps. Ce n′était pas l′avis de mes amis qui m′écrivaient pour me demander si je comptais y vivre définitivement. Et de voir que c′était le nom de Balbec qu′ils étaient obligés de mettre sur l′enveloppe, comme ma fenêtre donnait, au lieu que ce fût sur une campagne ou sur une rue, sur les champs de la mer, que j′entendais pendant la nuit sa rumeur, à laquelle j′avais, avant de m′endormir, confié, comme une barque, mon sommeil, j′avais l′illusion que cette promiscuité avec les flots devait matériellement, à mon insu, faire pénétrer en moi la notion de leur charme à la façon de ces leçons qu′on apprend en dormant. En resumidas cuentas, me había aprovechado muy poco de Balbec, por lo cual aun tenía más ganas de volver. Me parecía que estuve poco tiempo. No pensaban lo mismo mis amigos, que me escribían preguntándome si me iba a quedar allí toda la vida. Y al ver que seguían poniendo en el sobre el nombre de Balbec y que mi cuarto daba no a calle ni campiña, sino a los campos del mar, cuyo rumor –un rumor al que confiaba yo mi sueño, como una barca oía durante toda la noche, tenía yo la ilusión de que esa promiscuidad con las olas no tenía más remedio que infundirme, sin que yo me diera cuenta, la noción de su encanto, como esas lecciones que se aprenden durmiendo.
Le directeur m′offrait pour l′année prochaine de meilleures chambres, mais j′étais attaché maintenant à la mienne où j′entrais sans plus jamais sentir l′odeur du vetiver, et dont ma pensée, qui s′y élevait jadis si difficilement, avait fini par prendre si exactement les dimensions que je fus obligé de lui faire subir un traitement inverse quand je dus coucher à Paris dans mon ancienne chambre, laquelle était basse de plafond. El director me ofrecía para el otro año habitaciones mejores, pero yo tenía apego a la mía; ahora entraba en ella sin sentir nunca el olor a petiveria, y mi pensamiento, que con tanta dificultad se elevaba antes por aquellas paredes, llegó a conocer tan exactamente sus dimensiones, que tuve que obligarlo a un tratamiento inverso cuando me acosté en París en mi alcoba de siempre, que era baja de techo.
Il avait fallu quitter Balbec en effet, le froid et l′humidité étant devenus trop pénétrants pour rester plus longtemps dans cet hôtel dépourvu de cheminées et de calorifère. J′oubliai d′ailleurs presque immédiatement ces dernières semaines. Ce que je revis presque invariablement quand je pensai à Balbec, ce furent les moments où chaque matin, pendant la belle saison, comme je devais l′après-midi sortir avec Albertine et ses amies, ma grand′mère sur l′ordre du médecin me força à rester couché dans l′obscurité. Le directeur donnait des ordres pour qu′on ne fît pas de bruit à mon étage et veillait lui-même à ce qu′ils fussent obéis. A cause de la trop grande lumière, je gardais fermés le plus longtemps possible les grands rideaux violets qui m′avaient témoigné tant d′hostilité le premier soir. Mais comme malgré les épingles avec lesquelles, pour que le jour ne passât pas, Françoise les attachait chaque soir, et qu′elle seule savait défaire, malgré les couvertures, le dessus de table en cretonne rouge, les étoffes prises ici ou là qu′elle y ajustait, elle n′arrivait pas à les faire joindre exactement, l′obscurité n′était pas complète et ils laissaient se répandre sur le tapis comme un écarlate effeuillement d′anémones parmi lesquelles je ne pouvais m′empêcher de venir un instant poser mes pieds nus. Et sur le mur qui faisait face à la fenêtre, et qui se trouvait partiellement éclairé, un cylindre d′or que rien ne soutenait était verticalement posé et se déplaçait lentement comme la colonne lumineuse qui précédait les Hébreux dans le désert. Je me recouchais; obligé de goûter, sans bouger, par l′imagination seulement, et tous à la fois, les plaisirs du jeu, du bain, de la marche, que la matinée conseillait, la joie faisait battre bruyamment mon cur comme une machine en pleine action, mais immobile et qui ne peut décharger sa vitesse sur la place en tournant sur elle-même. Porque al fin tuvimos que marcharnos de Balbec; hacía ya demasiado frío y humedad para poder resistir en aquel hotel sin chimeneas ni calefacción. Aquellas últimas semanas las olvidé casi en seguida. Lo que veía invariablemente cuando pensaba en Balbec eran aquellos momentos de la mañana que mi abuela me hacía pasar echado, a obscuras, por orden del médico, porque aquella tarde tenía que salir con Albertina y sus amigas. El director daba órdenes para que en mi piso no hiciesen ruido, y él mismo cuidaba de que fueran obedecidas. Como la luz era muy fuerte, yo dejaba cerrados todo el tiempo posible los cortinones violetas que tanta hostilidad me demostraron la primera noche. Pero a pesar de los alfileres con que Francisca los sujetaba por la noche, y que ella sola sabía quitar, y a pesar de las mantas, del tapete y de otras telas que cogía para cerrar las aberturas, no lo lograba por completo, y resultaba que la obscuridad no era total; parecía que en la alfombra habían estado deshojando anémonas, y yo no podía por menos de ir un instante a bañar mis pies desnudos en aquellos ilusorios pétalos escarlata. En la pared frontera a la ventana, parcialmente iluminada, había un cilindro de oro, sin base alguna, colocado verticalmente y que iba cambiando de sitio despacio, cómo la columna luminosa que precedía a los hebreos por el desierto. Volvía a acostarme y me veía en el trance de saborear, sin moverme, sólo con la imaginación, y todos a la vez, los placeres del juego, del bailo y del paseo que la tarde aconsejaba; el corazón me palpitaba ruidosamente de alegría corno máquina en plena acción, pero inmóvil, y que para descargar su velocidad no puede hacer más que dar vueltas sobre sí misiva.
Je savais que mes amies étaient sur la digue mais je ne les voyais pas, tandis qu′elles passaient devant les chaînons inégaux de la mer, tout au fond de laquelle et perchée au milieu de ses cîmes bleuâtres comme une bourgade italienne, se distinguait parfois dans une éclaircie la petite ville de Rivebelle, minutieusement détaillée par le soleil. Je ne voyais pas mes amies, mais (tandis qu′arrivaient jusqu′à mon belvédère l′appel des marchands de journaux, «des journalistes», comme les nommait Francoise, les appels des baigneurs et des enfants qui jouaient, ponctuant à la façon des cris des oiseaux de mer le bruit du flot qui doucement se brisait), je devinais leur présence, j′entendais leur rire enveloppé comme celui des néréides dans le doux déferlement qui montait jusqu′à mes oreilles. «Nous avons regardé, me disait le soir Albertine, pour voir si vous descendriez. Mais vos volets sont restés fermés, même à l′heure du concert.» A dix heures, en effet, il éclatait sous mes fenêtres. Entre les intervalles des instruments, si la mer était pleine, reprenait, coulé et continu, le glissement de l′eau d′une vague qui semblait envelopper les traits du violon dans ses volutes de cristal et faire jaillir son écume au-dessus des échos intermittents d′une musique sous-marine. Je m′impatientais qu′on ne fût pas encore venu me donner mes affaires pour que je puisse m′habiller. Midi sonnait, enfin arrivait Françoise. Et pendant des mois de suite, dans ce Balbec que j′avais tant désiré parce que je ne l′imaginais que battu par la tempête et perdu dans les brumes, le beau temps avait été si éclatant et si fixe que quand elle venait ouvrir la fenêtre j′avais pu toujours sans être trompé, m′attendre à trouver le même pan de soleil plié à l′angle du mur extérieur, et d′une couleur immuable qui était moins émouvante comme un signe de l′été qu′elle n′était morne comme celle d′un émail inerte et factice. Et tandis que Françoise ôtait les épingles des impostes, détachait les étoffes, tirait les rideaux, le jour d′été qu′elle découvrait semblait aussi mort, aussi immémorial qu′une somptueuse et millénaire momie que votre vieille servante n′eût fait que précautionneusement désemmailloter de tous ses linges, avant de la faire apparaître, embaumée dans sa robe d′or. Yo sabía que mis amigas estaban en el paseo; pero no las veía pasar por delante de los desiguales eslabones del mar, el cual tenía al fondo, encaramado en sus azuladas cimas, como un poblado italiano, el pueblecillo de Rivebelle, que en un claro se distinguía perfectamente detallado por el sol. No veía a mis amigas; pero (mientras que llegaban hasta mi mirador los gritos de los vendedores de periódicos –los periodistas como decía Francisca–, las voces de los bañistas y de los niños, que puntuaban cauro piar de pájaros marinos, y el ruido de las olas, que se rompían suavemente) adivinaba su presencia y oía su risa, envuelta, como la de las Nereidas, en el dulce son de las ondas en la arena, que subía hasta mis oídos. “Hemos mirado –me decía Albertina por la tarde– a ver si bajaba usted. Pero las maderas del balcón estaban cerradas hasta la hora del concierto.” Ocie en efecto estallaba a las diez al pie de mi cuarto. Entre los intervalos de los instrumentos musicales, cuando la mar estaba muy llena, se oía, continuo y ligado, el resbalar del agua de una ola que envolvía los trazos del violín en sus volutas de cristal y parecía lanzar su espuma por encima de los ecos intermitentes de tina música submarina. Yo me impacientaba porque no me habían traído aún las cosas para empezar a vestirme. Daban las doce, y Francisca aparecía. Y durante varios meses seguidos, en ese Balbec que tanto codicié, porque me lo imaginaba batido por las tempestades y perdido entre brumas, hizo un tiempo tan seguro y tan brillante. que cuando venía a descorrer las cortinas nunca me vi defraudado en mi esperanza de encontrar ese mismo lienzo de sol pegado al rincón de la pared de afuera y de un inmutable color, que impresionaba, más aún que por ser signo del estío, por su colorido melancólico, cual el de un esmalte inerte y ficticio. Y mientras que Francisca iba quitando los alfileres de las impostas, arrancaba telas y descorría cortinas, el día de verano que descubría ella parecía tan muerto, tan inmemorial como una momia suntuosa y milenaria que nuestra vieja criada despojaba cuidadosamente de toda su lencería antes de mostrarla embalsamada en su túnica de oro. TD>